Chapitre 1 :

Jumeaux opposés

« J'aimerais être libre. J'aimerais pouvoir voler et m'évader. Partir loin d'ici et vivre ma vie sans chaînes. Pouvoir choisir, juste pouvoir choisir. Mais on dirait que le destin en a voulu autrement parce que s'il n'y a pas de miracle dans l'heure qui vient, je ne poserais plus jamais les yeux sur ce monde. Je le sais. Je me sens déjà partir. C'est peut-être mieux ainsi. Au moins je n'aurais plus à souffrir et à subir. De toute façon ma vie est pourrie. Mais je veux quand même vivre. Je veux vivre. Je ne sais pas pourquoi, je ne sais pas comment. Mais je veux vivre et pourtant je serais peut-être mieux mort. »

« Je ne sais pas, je ne sais plus. Qu'est-ce que je veux ? Si je ne sais pas répondre c'est sûrement parce qu'on ne m'a jamais posé la question. J'ai mal, je n'arrive plus à réfléchir. J'ai du mal à trouver l'air dont j'ai besoin. J'ai peur, je suis terrorisé, terrifié. Ma magie crépite autour de moi. Elle est ma seule compagne. Elle m'a déjà sauvé la vie de nombreuses fois. Mais aujourd'hui, je sais qu'elle ne le pourra pas. Mon corps est trop abîmé, brisé. Elle ne me sauvera pas, elle ne le peut pas à cause de mes chaînes. Pourtant elle est là, autour de moi et elle semble me murmurer quelque chose. Elle me chuchote à l'oreille d'une voix inaudible. Elle m'encourage. Je dois tenir bon. Il y a autre chose pour moi ailleurs. Une autre vie. »

« Mais je ne peux m'échapper, je ne peux rien faire. Ma propre vie se fait aussi insaisissable que la fumée et elle s'évapore dans le vent, coulant avec le liquide vermeil qui refuse de rester dans mes veines. Il coule. Il s'enfuit. Je ne l'ai jamais fait mais pour une fois... Ce sera la première et peut-être aussi la dernière. C'est un espoir vain mais c'est le seul qu'il me reste, alors je vais essayer parce que je suis têtu et que malgré tout je ne veux pas que ça se termine ainsi. Si tout se fini ici ma vie aura été inutile, une pure perte de temps. Et sur la toile de mon histoire il n'y aurait que le mot souffrance. Non ! Il y a forcément autre chose en ce monde. C'est ce que ma magie me murmure et elle ne m'a jamais menti. Alors, s'il vous plaît, quelqu'un, à l'aide. À l'aide ! Je ne veux pas mourir... »

« Comment j'en suis arrivé là ? Je ne sais pas étant donné que ma vie ne m'a jamais appartenu. Ce n'est certainement pas moi qui ai tracé le chemin sur lequel je me trouve. Alors vous dire pourquoi il m'a mené où je suis ? Et bien j'en suis incapable. Mais je peux quand même vous raconter un peu. Je m'appelle Harry Potter. J'ai treize ans depuis un peu plus d'une semaine. Je suis né dans le village de Godric's Hollow en Angleterre, le 31 juillet. J'ai un jumeau, Abel Potter. Si je devais vous dire quel jour ma vie a commencé à déraper je vous dirais que la descente aux enfers a débuté dés mon premier jour en ce monde. »

« Abel est né le premier sans aucun problème ce qui ne fut pas mon cas. Ma naissance a presque tué ma mère. À cause de cela mes parents ont commencé à me détester alors que je n'avais que quelques heures. Moi et mon frère avons beau être jumeaux, on ne se ressemble pas vraiment. Oh bien sûr on ne peut pas rater que nous sommes de la même famille mais nous ne sommes pas identique. Il a les cheveux châtains clairs quand je les ai d'un brun presque noir. Sa peau est un peu plus foncée que la mienne et ses traits sont plus marqués. À treize ans, il est un peu plus grand que moi et sa carrure est plus imposante mais j'aurais sûrement eu la même allure si ma vie n'avait pas été ce qu'elle est. Niveau magie, nous ne sommes pas non plus les mêmes, loin de là. D'après ce que je sais, Abel serait bien plus puissant que moi et sa magie serait plus pure. La mienne est instable et brutale. On m'a dit que c'était une magie étrange, anormale et dangereuse. Et ça c'est encore une raison pour mes parents de me détester. Ils ont peur de moi je crois mais ils ne le diront jamais à voix haute. »

« Je ne me souviens pas de ma vie de bébé, évidemment. Mais les elfes de maison qui vivent dans le manoir de ma famille m'ont dit que dés les premières semaines après ma naissance, mes parents commençaient déjà à me délaisser au profit d'Abel. Et puis il y a eu ce jour lorsque nous avions un an. Ce jour où Voldemort nous a attaqué. Le plus grand mage noir qu'on ai vu depuis longtemps. Il voulait se débarrasser de nous pour plusieurs raisons : d'abord parce les Potter s'étaient opposés à lui et ensuite parce que moi et Abel étions sujet à une prophétie. »

« Cette prophétie disait :

Celui qui a le pouvoir de vaincre le Seigneur des Ténèbres approche,

Il sera né lorsque mourra le septième mois,

Le Seigneur des Ténèbres aura l'orgueil de le marquer comme son égal,

Mais il aura un pouvoir que le seigneur des ténèbres ignore,

Un faux frère il aura et celui-ci obstacle et danger sera,

Ses chaînes seront néanmoins brisées par ceux qui veillent,

Et la couronne il portera,

Le Seigneur des Ténèbres l'affrontera,

Et l'un d'eux devra mourir de la main de l'autre,

Car aucun d'eux ne peut vivre tant que l'autre survit,

Celui qui a le pouvoir de vaincre le Seigneur des Ténèbres approche,

Il sera né lorsque mourra le septième mois... »

« Trois enfants correspondaient à cette prévision : l'enfant des Londubat, mon frère et moi. Voldemort a envoyé ses mangemorts chez les Londubat mais il a décidé de venir lui même nous tuer. Je ne sais pas ce qu'il s'est passé ce soir là, je ne m'en souviens pas, j'étais bien trop jeune. Personne ne sait ce qu'il s'est passé. Le fait est que le Seigneur des Ténèbres est bien venu et a bien tenté de nous tuer mais il n'a pas réussi. Lorsqu'Albus Dumbledore, grand sorcier respecté, chef de l'Ordre du Phénix, directeur de Poudlard..., est arrivé, il a trouvé mes parents assommés et moi et Abel encore tranquillement dans nos berceaux. Mais pas la moindre trace du Lord. La seule chose qui attestait qu'il eut été présent dans la maison était l'état déplorable de celle-ci et l'immense quantité de magie noire qui flottait dans l'air. »

« Après cet épisode, Abel devint le Survivant. Dumbledore avait interprété la prophétie et en avait déduit ce résultat parce que Abel avait hérité d'une marque en forme de couronne dans la nuque. Moi aussi j'avais écopé d'une cicatrice, un éclair sur le front mais on attribua cela a un éclat de bois. Et puis la magie d'Abel était plus puissante et plus pure que la mienne alors c'était évident pour tout le monde. »

« Ma vie est devenue un enfer à partir de là. La prophétie disait qu'Abel aurait un faux frère qui serait un obstacle et un danger. Dumbledore dans sa grande générosité a pris les choses en mains pour mes parents qui avaient de plus en plus peur de moi. Des recherches furent faites et l'on découvrit que je ne possédais aucun des gènes de mes parents et que les miens étaient bizarres et possédaient des caractéristiques inconnues. Abel était devenu le survivant et je j'étais devenu le monstre. L'idée de me tuer passa dans les esprits mais finalement, on décida que je pouvais avoir d'autres utilités. En tant que monstre et danger pour le sauveur du monde sorcier je n'avais évidemment pas droit à une vie normale. Même les elfes de maison de la demeure étaient mieux traités que moi. »

« Des aurors amis de mon père vinrent habiter au manoir pour protéger le Survivant et moi je devins leur défouloir préféré. Pour les aurors comme pour mes parents. Dés qu'ils étaient contrariés s'était moi qui encaissait. Pendant des années j'ai grandi enfermé dans les cachots du manoir Potter, ne sortant que pour travailler avec les elfes de maison. J'ai été rabaissé, insulté, humilié, battu... Non content de la vie qu'on m'offrait déjà, on décida de me jeter de nombreux sortilèges dont j'ai perdu le compte, m'imposant ainsi d'innombrables règles destinées à soit disant protéger Abel. Et j'y ai perdu la moindre parcelle de liberté à laquelle je pouvais aspirer. »

« J'ai grandi dans la faim, la douleur et la peur. Peur chaque jour de voir la porte de ma prison s'ouvrir pour voir apparaître l'un de mes bourreaux. C'était quasi journalier et il n'y avait personne pour me protéger. La seule règle était que je reste en vie pour servir de bouclier. Mais à part ça on pouvait se servir de moi comme l'on voulait, pour n'importe quelle folie... Je me souviens que certaines des nombreuses fois où les habitants du manoir se défoulaient sur moi, ils me lançaient quelques sorts de soins mineurs une fois leur amusement excessif terminé, histoire que je reste en vie sans pour autant en faire plus. C'était inutile à leurs yeux. Je ne sais pas comment j'ai fait pour ne pas devenir fou pendant toutes ces années mais ce qui est sûr c'est que mon esprit est en miette. Je crois que c'est à ce résultat que mes parents et Dumbledore voulaient arriver. Ainsi, le danger pour Abel était amoindri et j'étais devenu une poupée de chiffon facile à manipuler, enchaîné par de nombreux sorts m'obligeant à la loyauté et à l'obéissance. »

« Le temps passa et finalement on arriva à mes onze ans. Je ne pensais pas que cela arriverait mais j'eu la surprise d'être envoyé à Poudlard. Mais encore une fois tout était millimétré. Les sorts que l'on m'avait apposé m'obligeant à une totale soumission envers mon frère qui ne se privait pas pour en profiter. On m'interdit l'amitié sous peine de violentes corrections auxquelles j'ai goûté plusieurs fois à cause d'entêtés qui voulaient absolument me connaître. Je ne peux pas leur en vouloir, ils ne pouvaient pas savoir et bizarrement leur intérêt me réchauffait le cœur. Mais j'étais obligé de les repousser plus ou moins froidement. Seul Abel devait être le centre d'attention. Moi j'étais son rempart, sa bonniche et son défouloir pour son orgueil sur-dimensionnée. »

« Mon regard accrochait parfois celui d'autres élèves, rarement. Et j'avais quelques fois l'impression que quelques uns voyaient que quelque chose n'allait pas. Mais ils n'y pouvaient rien. Au moins cela étaient les seuls à me laisser en paix, ils ont dû comprendre que c'est tout ce qu'ils pouvaient m'apporter. On m'interdit la connaissance, m'obligeant à garder des notes largement inférieures à celle d'Abel pour encore une fois flatter son égaux. Cette punition était à la hauteur d'une bonne séance de torture en règle. J'aime apprendre plus que tout, j'aime lire. La connaissance me permet de m'évader. Pourtant on ne me donnait que le strict minimum. J'avais interdiction d'aller à la bibliothèque, de me renseigner auprès de mes professeurs. Il ne fallait pas que j'ai connaissance de quelque chose qui puisse mettre en danger le Survivant. »

« Ma liberté est réduite à seulement trente ou quarante pour cent du château. Interdiction d'aller à l'extérieur et encore une fois j'étais assidûment surveillé à la fois par les sorts, le directeur et ma mère qui a un poste de professeur de défense contre les forces du mal. En plus de ça j'étais aussi devenu le défouloir préféré de tout le monde, et je ne pouvais me défendre. Ça m'était interdis. Il m'était également interdis de me rendre à l'infirmerie, mon état aurait été trop flagrant pour la gentille madame Pomfresh. Après tout, j'étais couvert de marques et extrêmement maigre. Une fois à Poudlard, j'aurais pu au moins manger correctement mais mon corps avait perdu tout intérêt pour la nourriture, la rejetant même violemment. Alors j'ai décidé de n'avaler que le strict nécessaire. »

« Je devais aussi me mettre à dos tout les professeurs ou du moins me faire oublier. Il n'aurait pas fallu que j'attire l'attention. Certains ont tenté de m'approcher mais j'ai tout fait pour les éloigner, la punition était trop douloureuse. Malgré tout, deux ou trois professeurs me surveillent encore de loin. Je sens leurs regards sur moi, mais ils restent loin et je les en remercie. Ça fait quand même du bien de voir qu'il y a des gens pour s'inquiéter. Ils ne peuvent me comprendre, je sens leur confusion à mon égard. Mais mes geôliers ont trop bien caché leur petit jeu. Alors pour tous, je suis un mauvais élève, renfermé et hargneux qui ne fait que suivre son frère en répondant au moindre de ses désirs. On m'a aussi privé de l'apprentissage du vol sur un balais. J'aurais tellement voulu apprendre a voler, sentir le vent et la liberté... »

« J'ai passé deux ans ainsi à Poudlard, entraîné dans les histoires dans lesquelles tombait mon frère. En première année, il a eu la pierre philosophale et en seconde année la chambre des secrets. Et à chaque fois j'ai dû me sacrifier et encaisser pour servir de bouclier à mon très cher jumeau qui bien que vantard et orgueilleux est un vrai trouillard. Et mes chaînes magiques m'obligeant à faire rempart. Aux yeux de tous, c'est Abel le héros de ces histoires mais derrière je suis celui qui a battu Quirell et le basilic. Mais ça, personne ne le sait. »

« Et maintenant c'est l'été et nous sommes de retour au manoir Potter. Ces dernières semaines ont été les pires de ma vie. Avec la chambre des secrets, on a découvert que j'étais un Fourchelang. Et là, inévitablement, mes parents et Dumbledore ont fait le rapprochement avec Voldemort. La haine et la peur à mon égard ont encore augmenté et il ne se passait plus un jour ou je ne finissais pas inconscient et en sang au fond des cachots. Depuis le début des vacances je suis trop souvent dans les limbes entre la vie et la mort. Et pourtant, je m'accroche. Je ne sais même pas pourquoi. Il n'y a rien ici pour moi. La mort serait sûrement une douce délivrance mais on ne veut me l'accorder. »

« Mais aujourd'hui, ce soir, je crois bien que c'est le dernier soir. Dans la journée, le manoir a été attaqué par les partisans du Lord noir. Évidemment, j'ai été jeté en première ligne avec la consigne de protéger mon cher frère pendant qu'il s'enfuyait. Les aurors de mon père étaient autour de moi mais aucun ne se serait embêté à m'aider, ils n'en n'ont rien à faire. Et moi je ne tenais pas sur mes jambes et ma vue était brouillée. J'étais incapable de faire quoi que ce soit malgré la veille baguette que l'on avait collé dans ma main. J'ai écopé de nombreuses blessures, encore, mais j'ai survécus. Je ne sais pas comment. Il aurait peut-être mieux valu que je me prenne un Avada Kedavra. »

« Une fois la bataille finie et repoussée, le Survivant sauvé et bien à l'abri sans aucune égratignure, on a fait le décompte des dégâts. Aucun morts et le manoir bien abîmé. Mon père et deux de ses amis sont entrés dans une colère noire et j'ai subi malgré mon corps déjà en mille morceaux. Soit disant Abel avait été blessé et c'était ma faute mais je savais que ce n'était pas vrai. Au pire, mon frère aurait quelques courbatures, rien de plus. Le manoir des Potter avait été découvert et les barrières avaient été brisées et pour cela aussi, il semblerait que je devais payer. Ne me demandez pas la logique là dedans. »

« Et maintenant, ils m'ont jeté dans les cachots et je me sens partir. J'entends les pleurs des elfes de maisons autour de moi. Malgré toutes les punitions qu'on a pu leur infliger, ils continuent de venir me voir dès qu'ils le peuvent même si c'est très rare. Et là j'entends leur peine. Ils ne savent pas quoi faire et ils savent bien que je ne passerais pas l'heure sans aide. Mais ils n'y peuvent rien. Je suis quand même content qu'ils soient là. Au moins je ne serais pas seul dans le noir. Je ne sais pas pourquoi mais ça fait quelques minutes que je ne peux empêcher mon esprit d'appeler à l'aide. Une aide qui ne viendra pas à moins d'un miracle. Je n'ai jamais crié au secoure mais là je n'en peux plus et je ne peux m'arrêter malgré l'inconscience qui arrive. Mes paupières se ferment sans mon accord. Je vais enfin pouvoir échapper à tout cela... »

À suivre...

Audragon