Un grand merci à EldaThren, dont l'aimable commentaire et le simple "A la prochaine" m'ont grandement encouragée à poursuivre cette histoire.


ELRTS


Dossier : 1492

Noms : Luna Lovegood, Hermione Granger

Objet : Immatriculation d'un moyen de transport magique

Description : Le T.A.R.D.I.S. est composé d'un unique parallélépipède en bois, capable d'un déplacement autonome et silencieux sur de courtes et moyennes distances.

Service du Département des Transports Magiques


Soigneusement sanglée dans son fauteuil, Ginny se demanda où le Tardis allait bien pouvoir atterrir cette fois-ci. N'en déplaise à Hermione, qui se désespérait de réussir à calibrer le navigateur – elle ne s'était toujours pas aperçue que Luna défaisait presque toujours ses minutieux réglages – l'incertitude sur la zone d'atterrissage faisait partie du plaisir de ces voyages.

La compagnie des autres ne gâchait rien, mais il était amusant de s'attendre innocemment à tout. Jusqu'à présent en effet, et d'après les aveux mêmes de Luna, le Vaisseau n'en faisait qu'à sa tête – ou son globe, ou son panneau de commandes, ou quelque endroit que ce soit qui puisse représenter le siège de sa sentience – et promenait ses soi-disant conducteurs à travers l'Angleterre, avant de parfois daigner les déposer où ils le désiraient vraiment.

Il s'agissait de leur deuxième tentative officielle pour rallier le Chemin de Traverse. Tous avaient mis des vêtements Moldus. Cela suffisait à dénoter la faiblesse de leurs espoirs de succès.

Peu importait, il était amusant d'être ensemble et de partir pour une aventure. Surtout qu'il fallait bien vérifier le bon état du Tardis après sa vilaine attaque de champignon.

Ginny attendit la dernière secousse avant de libérer sa ceinture de sécurité, et de se diriger vers la porte. Elle l'ouvrit avant que les autres n'aient eu le temps de la rejoindre.

Et elle se retrouva nez à naseaux avec un cheval.

Il avança la tête pour la renifler. À cet instant Ron et Harry arrivèrent derrière elle et l'empêchèrent de reculer. De longues secondes passèrent, où ils restèrent tous trois dans l'entrée du Tardis à regarder l'animal, et l'animal à les regarder. Un soupir retentit enfin derrière eux, et Hermione les poussa sur le côté pour saisir le licol et guider le cheval en arrière.

Ils purent enfin sortir du Vaisseau.

Ginny contourna précautionneusement le quadrupède et la tente blanche derrière laquelle il était attaché pour se diriger vers les bruits de voix qu'elle entendait. Son attention fut aussi attirée par un couple qui passait devant elle. La femme portait une riche robe de lourd velours qui lui tombait jusqu'aux pieds, et une coiffe qu'elle reconnut pour l'avoir déjà aperçue dans l'un des tableaux du grand escalier de Poudlard. Elle s'appuyait sur le bras d'un homme habillé avec tout autant d'extravagance : bas rouges, culotte bouffante et pourpoint jaune aux manches crevées.

Ginny regarda autour d'eux. Il y avait d'autres personnes vêtues à l'ancienne mode sorcière, mais aussi beaucoup d'individus en vêtements Moldus les plus modernes. La foule se mélangeait et elle vit un autre couple en vêtements quasi-sorciers prendre la pose pour une personne qui leur montrait un appareil photographique.

La tente qu'elle avait contournée abritait un étalage de bracelets et colliers aux formes étranges et aux pierres polies. En face, une autre tente présentait une petite montagne de pains frais et un chaudron en cuivre d'où s'échappait une odeur de vin épicé. À côté se trouvait un comptoir d'herbes, chandelles et savons qui n'aurait pas dépareillé dans l'Allée de Traverse. Des coups sonores attirèrent son attention un peu plus loin, où un homme en tablier de cuir était en train de recourber à grands coups de marteaux une barre de métal rougi.

Elle ne voyait aucune trace de magie nulle part, mais elle avait tout de même l'impression que des fragments de culture sorcière étaient parsemés dans le spectacle autour d'elle.

« Oh, c'est un festival Renaissance ! »

L'exclamation provenait d'Hermione et Ginny se retourna vers elle :

« Un quoi ? »

Les visages de Ron, Harry, Neville et Luna affichaient une même curiosité.

« Un festival Renaissance, répéta Hermione. C'est un festival où les gens s'habillent comme à l'époque de la Renaissance, et vendent des objets qui ont été fabriqués selon les techniques de l'époque. Ou à peu près. »

Ron osa poser la question :

« C'est quoi la Renaissance ?

— C'est une époque qui se situe après la fin du Moyen Âge, après les chasses aux sorcières, poursuivit Hermione en constatant son incompréhension.

— Ça ressemble à certaines choses de chez nous », fit remarquer Neville.

Luna s'était rapprochée des pierres proposées sur le stand le plus proche.

« C'est plutôt que les "gens de chez nous" ont conservé des objets et habitudes de cette époque, nuança Hermione. »

Une voix s'éleva derrière eux :

« Excusez-moi, c'est à vous le Tardis ? »

Ils se retournèrent. Une femme en robe longue et manches traînantes leur sourit. Harry parvint à faire abstraction de sa tenue pour s'inquiéter :

« Est-ce qu'il gêne ?

— Il faudra une place pour un autre cheval, expliqua-t-elle, poliment mais fermement. Et j'aurais peur qu'ils se frottent contre votre magnifique Tardis, ou s'adossent contre lui et le fassent tomber. »

Un nouveau sourire vint adoucir la remarque.

« Nous pouvons le déplacer, s'empressa d'assurer Ginny.

— Du moment que ce soit libre dans une petite demi-heure, vous avez encore du temps. »

La femme se retourna un instant pour regarder le Vaisseau puis reprit, l'air intriguée :

« Je dois dire que j'ai été assez surprise de voir votre Tardis, vous êtes-vous trompés de semaine ?

— Non, pas que nous sachions, tempéra Hermione. Pourquoi ?

— Oh, vous n'êtes pas au courant, mais cela vous intéressera sans doute. »

Elle contourna la tente et s'adressa au vendeur de pierres en tous genres :

« Stan, je sais que ton copain est un fan inconditionnel. Il te reste un tract pour la convention de la semaine prochaine ? »


« Je parie qu'il ne marche pas en vrai, ton tournevis sonique. »

Ce n'était pas le genre de remarque que Kevin Johnson avait envie d'entendre à sa propre fête d'anniversaire. Il commençait à regretter d'avoir invité Matthew. Il protesta :

« Hé si ! Regarde ! »

Kevin se concentra sur l'objet qu'il tenait en main, et s'efforça de retrouver la sensation qu'il avait déjà éprouvée à plusieurs reprises. L'extrémité s'éclaira.

« Tu vois bien qu'il marche ! s'exclama Jordan.

— Ouais, mais c'est tout ce qu'il peut faire. Alors c'est pas un vrai », insista Matthew.

Vexé, Kevin se concentra à nouveau et dirigea le tournevis vers une chaise vide.

« Laisse-le, protesta Jordan, c'est son tournevis.

— Mais il marche pas », coupa Matthew.

Kevin refusa de se laisser déconcentrer par les autres, et continua à rechercher cette sensation qui montait de son ventre. Soudain, la chaise se souleva d'une dizaine de centimètres.

« Oh, regarde ! »

Surpris par son propre succès, Kevin perdit sa concentration et la chaise retomba bruyamment. Il s'empressa néanmoins de claironner :

« Alors, tu vois bien qu'il marche, mon tournevis sonique !

— Prête-le moi, demanda Jordan, moi aussi je veux essayer ! »

Kevin lui tendit le tournevis tout en jetant un regard de satisfaction à Matthew, qui semblait désormais moins sceptique. Les autres garçons avaient suivi la conversation et paraissaient maintenant beaucoup plus intéressés par l'objet qu'il leur montrait.

Jordan se plaignit :

« Comment ça marche ? Il n'y a rien qui s'allume.

— Il faut que tu te concentres sur une boule tiède à l'intérieur de toi », tenta d'expliquer Kevin.

Jordan fronça les sourcils et avança la lèvre inférieure, mais rien ne se passa.

« C'est peut-être parce que toi tu n'es pas un vrai Seigneur du Temps ?

— Passe-le moi, moi aussi je veux essayer », intervint Matthew.

Leurs tentatives infructueuses furent interrompues par un appel au silence, alors que sa mère s'avançait dans le jardin, un gâteau couronné de bougies dans les mains. Son père entonna la chanson d'anniversaire et les invités le suivirent de bonne grâce. Sa mère lui présenta le gâteau savamment décoré. Soudain, une chouette plongea à travers les airs, lâcha une forme cylindrique au-dessus d'eux, et repartit aussitôt. Sa mère ne parvint pas à s'écarter à temps, et Kevin suivit avec désarroi la chute du rouleau de parchemin au milieu des bougies. Il le saisit par un côté et le jeta par terre, mais il était déjà trop tard. Les bougies s'étaient couchées sur la surface du gâteau et la cire liquéfiée s'était mélangée au chocolat de garniture. Un grognement de déception lui échappa pendant que sa mère posait le plat sur la table de jardin. Un de ses amis, curieux, ramassa le rouleau de parchemin. Son père le lui saisit des mains avec un sourire forcé :

« Ce doit être des félicitations de la part du voisin. C'est un excentrique qui a réussi à dresser des chouettes. »

L'explication sembla suffisante, et tous les enfants redirigèrent leur attention sur le gâteau abîmé.

« Ne vous inquiétez pas, il suffit de racler le dessus, et je pourrai rajouter d'autre chocolat pour ceux qui veulent. »

L'annonce de sa mère finit de distraire les invités de l'épisode aviaire qui venait de se dérouler, et la promesse d'un surplus de chocolat parvint à les rassurer sur l'état du gâteau.

Kevin distribuait les assiettes pleines à ses amis quand il entendit son père confier à sa mère, en agitant discrètement le rouleau de parchemin :

« Nous allons avoir des invités supplémentaires. Je vais m'occuper d'eux. »


« Et le père me dit : ʺIls ont neuf ans, il n'y a pas grand monde qui prend le temps de les écouter ou de les croire. Et l'expérience la plus traumatisante qu'ils viennent de vivre, c'est votre arrivée subite en peignoir violet.ʺ »

Arnold Bondupois ponctua la fin de son histoire en reposant bruyamment son verre sur la table. Allen Conway, qui l'avait patiemment écouté se plaindre de la dernière intervention de son équipe d'Oubliators, pendant leur pause commune à la cantine du Ministère, hocha sagement la tête.

« Ne sois pas si vexé, il devait simplement être un peu énervé que tu aies interrompu l'anniversaire de son fils. Après tout, tu me dis qu'ils avaient organisé toute une petite fête. »

Arnold soupira en se passant une main dans les cheveux :

« Du coup, nous avons fait ce que le collègue responsable de leur introduction au monde sorcier n'avait pas fait, et nous avons confisqué l'espèce de fausse baguette magique. Et en plus ils ont passé dix minutes à se plaindre qu'il s'agissait d'un objet Moldu ! »

Allen lui resservit un verre de Bièraubeurre. Arnold le remercia, et reprit après quelques gorgées :

« Le plus vexant, c'est qu'il n'avait pas tort. En fin de compte, aucun des enfants ne se souvenait du moindre acte de magie, et c'est notre arrivée que nous avons dû effacer de leurs mémoires.

— Ça arrive comme ça, parfois, sympathisa Allen. C'est d'ailleurs aussi pour ça que mon bureau existe : quelquefois ils attribuent des causes bizarres aux actes de magie les plus élémentaires. Ou des causes magiques à des événements extraordinaires. Ils se trompent, c'est tout. »

Ce fut au tour d'Arnold de hocher la tête. Il enchaîna plus calmement :

« Bon c'est aussi très vexant que le père ait comparé nos uniformes à des peignoirs violets. »

Allen haussa les épaules :

« Ce n'est pas la première fois que tu m'en parles. Je crois que tu m'as raconté presque la même chose il y a une dizaine de jours seulement. »

Arnold se passa à nouveau la main dans les cheveux :

« Non, ce n'est pas la première fois.

— Les Moldus ne comprennent tout simplement rien à la mode sorcière, compatit Allen.

— Ne le répète pas trop fort, lui glissa Arnold, mais c'est pourtant vrai qu'avec notre uniforme nous avons tendance à faire une entrée un peu trop remarquée. Je n'ai pourtant pas envie de changer de robe, c'est le signe que nous ne sommes pas n'importe quels sorciers, que nous sommes dépositaires de l'autorité du Ministère et de la sauvegarde du public.

— Il vous faudrait peut-être un autre genre d'uniforme, proposa Allen Conway, un qui ne soit pas exclusivement sorcier ? Qui soit également reconnaissable par les Moldus ?

— On ne va quand même pas se déguiser en policiers Moldus ! s'emporta Arnold.

— Non, il faudrait autre chose, quelque chose qui permettrait de passer inaperçu en cas de besoin, mais qui en même temps permette de vous identifier rapidement auprès des nés-Moldus. »

Tous deux se turent un moment. Allen Conway reprit lentement, l'air songeur :

« J'ai peut-être bien une idée, si tu veux essayer. Et en plus, ça a un rapport direct avec vos activités. Et personne ne pourrait rien trouver à y redire. »


« C'est donc une nouvelle sorte d'armoire à disparaître ? » demanda le fonctionnaire, qui parvint à renforcer le ton déjà dubitatif de sa question par un mouvement de moustache particulièrement significatif.

Depuis leur arrivée dans le Département des Transports Magiques avec le Tardis, son collègue plus jeune avait gardé la main devant sa bouche pour masquer poliment son sourire. Hermione ne doutait pas qu'il eut des origines Moldues : il avait reconnu le Tardis au premier regard, et sans doute dès la première lecture du dossier.

« Non, comme nous vous l'avons expliqué, reprit-elle une nouvelle fois. Il n'y a qu'un seul Tardis. Il est tout à fait autonome et capable de se déplacer par lui-même. »

La résistance se trouvait tout entière chez le fonctionnaire de gauche, le moustachu d'âge mûr, qui appartenait très certainement à une famille de Sang-Pur, et ne semblait absolument pas disposé à les voir bousculer son service d'enregistrement des Transports Magiques. Il s'était présenté sous le nom d'Aurelius Andrews.

« En tous cas, cela me semble infiniment plus raisonnable que le parapluie à bec de canard de la semaine dernière, et beaucoup plus sûr que les tapis magiques », tempéra son jeune collègue, Douglas Lawford.

Un clin d'oeil amusé en direction d'Hermione était venu souligner l'allusion à Mary Poppins.

« Je ne me souviens pas de parapluie, fit remarquer Mr. Andrews en tournant vers lui un sourcil incrédule.

— Vraiment ? J'aurais pourtant juré qu'on nous en avait proposé un. »

Le ton était magnifiquement posé.

« Ce serait une excellente idée à développer », interrompit Luna.

Le visage d'Aurelius Andrews se renfrogna encore plus. Il avait pris un air sceptique à la simple mention du nom de Lovegood, lors de la présentation initiale, et Hermione avait espéré que Luna ait le tact de la laisser parler.

« Pour en revenir à notre Tardis, souhaitez-vous en faire la visite, afin de vous assurer de la fiabilité parfaite de ses mécanismes ? proposa Hermione.

— Quels mécanismes ? Je croyais qu'il s'agissait d'une plante, n'est-ce pas ce que vous aviez dit au début ? pointa le fonctionnaire renfrogné en se penchant vers elles.

— Il s'agit plus exactement d'un croisement entre un corail temporel et une structure en noisetier », précisa obligeamment Luna.

Mr. Andrews frappa si fort des deux mains sur son bureau qu'il fit trembler jusqu'à sa chaise :

« Ce genre de pratique est interdit depuis 1965, clama-t-il, visiblement satisfait d'avoir trouvé une nouvelle excuse pour débouter leur demande.

— J'ai bien examiné la loi interdisant l'élevage expérimental écrite par Newt Scamander, défendit rapidement Hermione, je suis certaine qu'elle ne s'applique pas dans notre cas.

— Ce n'est pas à vous de décider de la loi ! »

Au-dessus de sa moustache, son visage commençait à s'empourprer.

« Je dois pourtant admettre qu'elle a raison, intervint son jeune collègue. Il ne s'agit pas d'élevage, puisque nous avons devant nous l'unique spécimen en existence, n'est-ce pas ?

— Mais dans ce cas, il doit relever du département de contrôle et de régulation des créatures magiques, insista Mr. Andrews.

— Pas forcément, insista Hermione. Le nombre de sortilèges utilisé en fait très clairement un artefact sorcier, et comme cela a été présenté dans notre dossier, un moyen de transport.

— Et d'ailleurs, par Merlin, où avez-vous été pêcher une idée pareille, Mrs Granger ? C'est une idée Moldue, non ? »

Il y avait beaucoup de méfiance dans ce mouvement de moustache, et une part certaine de xénophobie.

« Je dois reconnaître que le concept provient en effet de la culture Moldue, confirma Hermione avec toute la courtoisie dont elle était capable.

— Ce n'est pas une tare insurmontable, tempéra le jeune fonctionnaire. Ne leur doit-on pas l'inspiration de la radio ? »

Luna tenta de détendre l'atmosphère :

« Ne vous inquiétez pas, le Tardis est très gentil. »

Hermione constata avec inquiétude que le moustachu recommençait à rougir. L'accusation ne tarda pas :

« Comment ça, gentil ? Êtes-vous en train d'insinuer qu'il est doué de sentience ? »

Hermione lança un regard appuyé à Luna pour qu'elle se taise. Cette dernière continua en souriant :

« C'est en cours, il grandit bien. »

Mr. Andrews regarda un instant Luna par-dessus sa moustache. Puis il sembla renoncer à comprendre ce dernier commentaire et saisit le dossier qui était posé sur son bureau.

« Ce n'est pas clair du tout, tout ça. Mais vous avez dit que c'était une idée Moldue, alors il va d'abord falloir que votre dossier passe devant le service des détournements de l'artisanat Moldu. »

Il y écrivit sa décision d'une main satisfaite.


Dennis Crivey profitait d'être de retour chez ses parents pour surfer sur Internet. Il s'émerveillait à chaque fois des nouvelles fantastiques et bizarres qui pouvaient y circuler. Les recoins du réseau n'avaient rien à envier à ses livres de métamorphose ou de sorcellerie.

Il devait d'ailleurs s'avouer que son émerveillement pour le monde sorcier avait en partie disparu après l'occupation de Poudlard, et la mort de son frère Colin. Il y avait désormais trop de mauvais souvenirs, de déceptions et de désillusions par rapport à cette société qu'il avait d'abord découverte avec innocence.

Mais il refusait de renoncer à chercher l'extraordinaire. Explorer l'improbable et l'impossible, dans tout ce que les gens racontaient ou publiaient, c'était sa manière d'honorer la mémoire de son frère.

Il s'intéressait tout particulièrement à tout ce qui avait trait au surnaturel : quand les gens se lançaient sur des pistes fantastiques, à la limite entre magie et imaginaire. À la recherche de quelque chose d'autre de plus que le monde sorcier et le monde Moldu, quelque chose qui pourrait être encore caché. Après tout, le monde sorcier conservait bien son existence secrète depuis des siècles. Pourquoi n'y aurait-il pas encore autre chose ?

Et puis, il retrouvait ses amours d'enfance : la science-fiction, quand il s'imaginait voler à travers la galaxie en compagnie du Docteur.

Il était actuellement sur le site d'un certain GallifreyBill, qui mélangeait des articles sur de possibles événements surnaturels, et une exploration en détails de son univers préféré. Étrangement, il avait reconnu sur certaines des photos publiées les visages de deux de ses camarades de Poudlard, Luna Lovegood et Neville Londubat. Il y avait même une référence à l'article d'un journal régional. Dennis avait un peu de mal à comprendre ce qui se passait, mais cela semblait très intéressant.


Sur la barrière délimitant le jardin des Lovegood, les choses s'étaient envenimées.

Alcyon n'était pas d'accord avec les mesures qu'avaient décidé de prendre les trois ducs, contrairement à Diogène et Hedwige. Elle semblait moins préoccupée qu'eux par l'échec de leurs précédentes tentatives de pourparler, mais ce n'était guère étonnant : c'était une oiselle qui avait assez souvent la tête dans la lune, et malgré tout son dévouement à sa famille sorcière, elle avait été contaminée par leurs déplorables excentricités.

À cinq voix contre une, elle ne pouvait cependant s'opposer à leur décision.

Il était temps de procéder à une approche plus directe et plus physique.


Luna accueillit Ginny, Ron, Bill et Fleur à la porte de son jardin.

« Vous êtes venus voir le Tardis ? Il est par là, mais je ne sais pas s'il est très prudent de s'en approcher en ce moment. Les chouettes lui ont déclaré la guerre. »

Les quatre Weasley suivirent son doigt tendu et virent un hibou moyen-duc piquer sur le Vaisseau tout en lâchant une fiente particulièrement liquide. Les sortilèges de protection qu'ils avaient placés quelques semaines plus tôt firent leur effet, car le guano tomba au sol sans éclabousser la cabine, et vint rejoindre une rigole carrée badigeonnée de blanc qui encerclait le Tardis à exactement trois centimètres de ses bords. Le moyen-duc poursuivit son vol pour rejoindre cinq autres chouettes qui étaient perchées sur la barrière délimitant le jardin.

« Elles ont commencé il y a une demi-heure, précisa Luna, et elles ne semblent pas encore prêtes à s'arrêter.

— Luna, intervint Bill, ça ne te dérange pas si je jette un coup d'oeil à ta cabine ?

— Non, bien sûr. Je suis toujours ravie de lui faire rencontrer de nouvelles personnes. »

Bill s'approcha pendant que Fleur et les autres restaient prudemment en arrière. Les six chouettes qui étaient alignées sur la barrière tournèrent la tête vers lui, mais ne firent pas d'autre mouvement.

Il sortit sa baguette et commença une série de sortilèges de détection.

Au bout de quelques minutes d'affairement, il livra son premier diagnostic :

« C'est très étrange, sa signature magique n'est ni tout à fait vivante, ni tout à fait inanimée.

— Oh, pourtant il est bien vivant ! Mais peut-être que le corail temporel perturbe un peu les sorts. »

Bill se retint de demander ce que cela pouvait être. Il avait trop l'habitude des Lovegood pour espérer une réponse claire. Mais son intérêt professionnel était éveillé.

« Je me demande ce que seraient les conséquences sur les enchantements de détection et protection, poursuivit-il. Luna, si tu veux bien me laisser une dizaine de minutes pour ériger une barrière de restriction, je serais curieux de voir si ton Vaisseau parviendrait à la contourner. »

Luna acquiesça aisément. Ginny profita de cette pause pour aller chercher des rafraîchissements avec elle. Puis elles s'installèrent avec Ron et Fleur sur l'herbe.

Quand Bill leur donna le signal, Luna et Ginny rejoignirent le Tardis en enjambant précautionneusement la limite qu'il avait tracée sur le sol, ainsi que le filet de guano entourant le Vaisseau. Quelques secondes après qu'elles aient refermé la porte derrière elles, le globe surmontant la cabine de police s'illumina brièvement et le Tardis disparut pour réapparaître quelques mètres plus loin, hors des limites de la barrière de restriction.

Une des chouettes présentes s'envola et plongea aussitôt sur la cabine. La fiente tomba au moment où la porte s'ouvrait, et Ginny eut un cri de dégoût quand elle s'écrasa sur son bras. Bill fronça les sourcils.

« Aucune perturbation dans la matrice de la barrière de restriction. On ne peut même pas dire que la machine soit passée à travers, les runes n'ont rien détecté. »

Il se frotta le front avec la main gauche.

« Laissez-moi essayer avec une autre configuration.

— Laisse-moi aussi le temps de nettoyer ma manche, répondit Ginny. Au sortilège, à l'eau et au savon. »

Un peu plus d'une heure passa au soleil pendant que Bill érigeait des barrières de plus en plus complexes, et que Luna conduisait le Tardis d'un bout à l'autre du jardin sans aucune résistance, si ce n'est les attaques récurrentes des chouettes.

Il finit par s'avouer vaincu, n'ayant pas le matériel nécessaire pour continuer. Et il ne savait trop quoi penser des résultats qu'il avait obtenus, ni même s'il devait partager ses découvertes avec les propriétaires officiels du Tardis.

Il commençait en effet à se demander si ce Vaisseau ne pourrait pas contourner certaines des barrières protégeant Gringotts, ou tout du moins celles dont il avait connaissance. Il ne pouvait tester les effets des barrières protectrices érigées par les gobelins, n'appartenant pas lui-même à cette espèce, mais le fait que ce Tardis puisse échapper aux barrières humaines était extrêmement significatif.

Il se félicitait d'ailleurs de que chacun de ses utilisateurs actuels ait une fibre morale suffisamment robuste pour ne même pas imaginer de tenter l'expérience. À ceci près que le trio des Gryffondors avait déjà volé Gringotts pendant la guerre et s'en était échappé à dos de dragon. Devait-il vraiment les informer qu'ils avaient peut-être la possibilité de réitérer l'expérience, sans les mêmes dommages structuraux ? Cela ne semblait pas raisonnable. Et il semblait aussi plus sûr que les Gobelins n'apprennent pas l'existence d'une telle possibilité. Même si cela simplifierait considérablement l'exploration des tombeaux égyptiens.

Au moins commençait -il à comprendre comment le Tardis faisait perdre l'aiguille à l'horloge des Weasley, bien qu'il ne sache pas encore comment rectifier ce problème.


ELRTS


Qu'en avez-vous pensé ?N'hésitez pas à me le dire !

Qu'y a-t-il sur le tract qu'ils reçoivent au Festival Renaissance ? Quelle tenue va être suggérée aux Oubliators ? Que pensera le service de détournement de l'artisanat moldu du Tardis ? Quand s'arrêtera la lutte farouche entre les chouettes postales et le Tardis ? N'hésitez pas non plus à me faire part de vos hypothèses !