La présente fiction n'a aucun but lucratif. Les personnages qui y sont présents ne m'appartiennent pas, et les lieux indiqués non plus; tout est la propriété du ô combien regretté JRR Tolkien.

La présente fiction est la suite de ma fiction Ensemble. Il n'est pas impératif de l'avoir lu; mais pour votre propre compréhension, je vous le conseille fortement.

Sur ce, je vous souhaite une bonne lecture.

'-'

Ombre et Poussière

'-'

« Force et Honneur ? Ne te leurre pas, nous qui vivons en ce monde, nous ne sommes qu'Ombres et Poussières… »

Gladiator

'-'

Chapitre 1 : Marche dans les ténèbres

'-'

La taverne était sombre et sale, comme tant d'autres dans cette ville souillée et corrompue qu'était Tanas. Située à l'extrême sud du continent, légèrement au nord de la forêt de Serenes, la cité autrefois réputée pour son marché d'esclaves de la meilleure qualité n'était plus qu'une ville morte, où tous les assassins et brigands du pays se rassemblaient pour régler leurs affaires et obtenir de nouveaux contrats, et le meilleur endroit pour ce faire restait l'Auberge du Héron.

L'établissement portait bien mal son nom. Le héron était un oiseau noble, aux plumes blanches, qui se plaisait à habiter au bord des étangs et qui vivait les pattes dans l'eau. Dans la taverne aussi, les pieds des clients baignaient, mais c'était dans la crasse et la sueur. Une vingtaine de truands étaient attablés un peu partout dans la grande salle, buvant bruyamment des chopes de la bière bon marché qui constituait la seule boisson disponible au comptoir. Les insultes fusaient, et les plaisanteries de mauvais goût étaient légion, mais le silence tomba soudain quand la porte de l'auberge s'ouvrit pour laisser entrer un personnage tel que la ville recevait rarement.

Le nouveau venu gardait son visage sous l'ombre de son capuchon, mais sa cape verte brodée ne laissait aucun doute sur les origines nobles de l'individu. Sans faire attention aux regards qui pesaient lourdement sur lui, il se dirigea vers la table située au fin fond de la salle. S'y trouvait déjà un homme étrange : les cheveux noirs grisonnants, le nez et la bouche masqués par une écharpe bordeaux, un manteau gris usé muni de nombreuses poches, et surtout la trace d'une hétérochromie qui le munissait d'un regard saisissant, mélange d'une pupille vermeille et d'une autre gris acier. Il fixait de ses yeux dépareillés l'étranger, qui tira une chaise de sa table et s'assit en face de lui. Aussitôt, toutes les conversations reprirent. Si le nouveau venu s'attablait avec un des brigands, c'était qu'il voulait régler une affaire dérangeante, sans doute pour des motifs politiques. C'était assez courant, ici. Certains affirmaient que toute la cour de l'Empire était passée par cette taverne.

- On dit que vous êtes le meilleur pisteur et assassin du continent, commença le noble en parlant très bas.

- Ça se pourrait, répondit son interlocuteur sur le même ton.

- Pas bavard, hein ? Tant mieux. J'ai besoin d'un agent discret, rapide et efficace.

- Je n'ai pas l'habitude de bosser pour des inconnus.

- Et je ne suis pas assez fou pour donner vous donner des renseignements sur moi, avec le nombre de personnes voulant ma mort actuellement. J'ai pas mal d'ennemis.

- Qui dois-je tuer ?

- Personne à ma connaissance, je n'ai pas tous les renseignements, mais c'est possible. J'ai surtout besoin que vous retrouviez un homme pour moi.

- Où?

- Eh bien, je ne sais pas, c'est pour ça que je vous demande ce service.

L'assassin rapprocha son visage de celui de son interlocuteur.

- Ne me prenez pas pour un imbécile ou un novice. Si vous savez que je suis le meilleur, vous devez savoir que mes prix sont les plus élevés. Si vous vouliez trouver n'importe qui n'importe où, vous ne feriez pas appel à moi.

- Non, non, bien sûr, répondit précipitamment le noble en se reculant un peu. En fait, j'ai besoin de vous parce qu'il n'est pas sur ce continent.

- Où est-il ?

- Au sud, par-delà Tol Morwen, en Terre du Milieu. On le surnomme la « Main Lourde », je n'en sais pas plus.

- Cinquante mille.

- Pardon ?

- Cinquante mille écus. C'est ce que ça vous coûtera si vous voulez m'engager. Payables d'avance, il est inutile de le préciser. Le prix contient mes propres frais durant la mission.

Le noble dégluti difficilement, mais fouilla un instant dans son manteau et en ressorti une bourse pleine à craquer.

- Je ne recompterais pas, messire, l'informa l'assassin. Mais si je me rends compte que vous avez essayé de me tromper, je n'aurai pas besoin de contrat pour vous retrouver et vous tuer.

- Bien entendu, bien entendu, répéta le noble qui suait désormais à grosses gouttes.

Il lui tendit une lettre cachetée.

- Le reste de vos instructions. Quand comptez-vous partir ?

- Pour quand vous faut-il vos renseignements ?

- Le plus tôt possible.

- Dans deux mois, ici. Au revoir, monseigneur.

L'assassin se leva et partit d'un pas rapide vers la porte, sans ajouter un mot de plus.

- A dans deux mois, messire Volke.

'-'

Nous pourrions passer par les Mines de la Moria. Mon cousin Balïn nous accueillerait royalement. Ces paroles trottaient dans la tête de l'elfe tandis qu'il se glissait furtivement dans l'ombre qui couvrait une grande partie de la salle. Il la nommait « l'antichambre », mais pour la plupart des gens, c'était simplement le hall d'entrée de la cité du Cavenain. Il s'arrêta devant la porte de pierre qui donnait sur le pont de Khazad-Dûm, attendant ses compagnons.

La chute de Sauron et la destruction de l'Anneau, plus d'un an auparavant, avaient profondément bouleversé l'équilibre du monde. Les gobelins, qui grouillaient anciennement dans toute la chaîne des Monts Brumeux, s'étaient reclus dans les profondeurs de l'ancienne cité naine de la Moria. Mais même ici, ils constituaient une menace potentielle pour les peuples libres, aussi une petit expédition avait été forgée pour éradiquer ces créatures et les chasser à jamais de ces lieus.

Le groupe était essentiellement constitué de nains, évidemment. Certains étaient déjà venus ici, et se rappelaient encore de l'ancienne beauté des antiques salles du Cavenain. D'autres étaient venus simplement pour parfaire leur réputation de guerriers, acquise durant les batailles de Celduin et de l'Erebor lors de la Guerre de l'Anneau. Les gobelins étant leurs ennemis héréditaires, d'autres nains étaient là par vengeance envers des membres de leur famille ou leurs amis qui étaient tombés notamment lors de la bataille du Nanduhirion. Ils étaient guidés par Gimli fils de Gloïn, qui avait aux yeux de son peuple acquis le statut de héros en accompagnant la communauté de l'Anneau.

Mais ils n'étaient pas les seuls à être venus. Les elfes de la Lorien et de la Vertbois-le-Grand, qui voyaient depuis des siècles les gobelins grouiller à leurs frontières, avaient envoyé quelques guerriers guidés par Legolas Vertefeuille pour soutenir les nains dans la reconquête de leur ancien royaume. Le roi Elessar, souverain du Gondor, avait également dépêché une petite troupe, menée par un de ses plus brillants capitaines, qui s'était souvent illustré lors de la lutte contre Sauron : Boromir fils de Denethor, qui avait cédé sa place d'intendant à son frère cadet Faramir qui était plus habile que lui dans la pratique de la politique.

Le Rohan, royaume des dresseurs de chevaux, n'avait pas souhaité rester en retrait et avait envoyé quelques soldats, pour la plupart vétérans de la Porte Noire, donc habitués au combat d'infanterie, menés par le capitaine Erkenbrand, l'ancien gardien du Gouffre de Helm. Et ils étaient accompagnés par un elfe.

L'elfe qui avait sans doute le plus souffert de la guerre. Il avait dû revenir de Valinor, où pourtant le sommeil éternel aurait dû lui être accordé, et il s'était battu pour un monde qui n'était pas le sien. Au début, il n'avait pas combattu pour ce monde il était venu pour se dresser contre Sauron, qu'il avait déjà eu à affronter en son temps. Mais peu à peu, il s'était mis à aimer ses compagnons, un plus particulièrement. Le seul à être parti, d'ailleurs…

- Vous rêvez, Mablung ?

Le concerné se retourna. C'était un elfe de grande taille, même pour sa race. Mais contrairement à la plupart des siens, ses traits semblaient taillés au couteau, impression renforcée par la cicatrice qui lui courait le long de la pommette gauche. Un bandeau bleu nuit retenait ses cheveux noirs qu'il ne coiffait jamais, préférant leur laisser « la liberté qui leur était due ». Il possédait de banals yeux bruns, mais leur éclat pouvait rapidement virer au noir quand il se mettait en colère, chose courante lorsqu'il combattait des orques. C'était un combattant acharné, et ses amis le respectaient pour cela mais ils l'aimaient également pour la perspicacité et la douceur qu'il savait manifester lorsqu'ils avaient besoin de lui.

- Un peu, admit-il. Je dois avouer qu'il me presse de dénicher nos premiers adversaires, Legolas. Aranruth commence à se rouiller un peu.

Legolas posa les yeux sur l'épée bâtarde qui pendait à la ceinture de son ami. C'était une très belle arme, qui ne supportait aucun fourreau : elle était si tranchante que même la protection de mithril que lui avait donné Gimli avait été coupée en deux par le fil de la lame. Celle-ci avait de nombreux reflets verts d'une étonnante variété, et qui changeaient en fonction de l'angle sous lequel on la voyait. Mais comme toutes les armes elfiques, elle virait au bleu quand des orques étaient proches.

- Des gobelins, je veux bien, mais j'espère qu'on ne retombera pas sur un Balrog, intervint une voix rocailleuse derrière eux.

Legolas et Gimli étaient d'inséparables amis depuis qu'ils avaient voyagé ensembles au sein de la communauté, mais ils étaient aussi différents que deux êtres pouvaient l'être. Le premier était grand et élancé, avec de longs cheveux blonds toujours impeccablement coiffés. Son physique faisait craquer toutes les femmes, et pas seulement celles de la Terre du Milieu. Il appréciait se balader en forêt et pouvait y passer des heures, car il avait été élevé dans les profondeurs de Vertbois-le-Grand, anciennement la Forêt Noire. Le second était petit, bien que de taille standard chez les nains. Ses cheveux bruns-roux en bataille s'accordaient avec sa longue barbe lui arrivant à la taille. S'il n'avait pas un physique parfait d'un point de vue humain ou elfique, toutes les naines rêvaient de partager sa vie. Il était né dans la haute montagne de l'Erebor, peu après que son père s'y soit réinstallé. Il aimait donc les roches et les minerais, qu'il admirait dès qu'il en avait l'occasion. De plus, si l'elfe favorisait le tir à l'arc et le combat à distance, le nain n'hésitait pas à foncer dans le tas quand c'était nécessaire… et même quand ça ne l'était pas.

- Pas de danger, le rassura un homme de grande taille en arrivant. Le cadavre de ce démon doit être en train de pourrir au sommet de Zirakzigil à l'heure qu'il est.

Boromir avait été corrompu par l'Anneau durant son périple dans la communauté, mais sauvé de justesse par ses compagnons, son esprit ne s'en était trouvé que renforcé. Il faisait une bonne tête de plus que tout le monde, et sa carrure dissuadait tout autant de lui chercher des noises. Mais sous ses dehors brutaux, c'était un homme attentionné et vigoureux, qui jamais n'avait faibli au combat. Il portait l'armure de plate du Gondor. Un grand bouclier rond était accroché dans son dos, et une épée de bonne facture pendait à son côté, proche d'un grand cor de guerre. C'était le cor du Gondor, brisé par les Ourouks-Haï à Amon Hen et réparé par le savoir-faire des nains après la guerre. Sa seule vue tétanisait les orques, et sa plainte les faisaient s'enfuir la queue entre les jambes.

- De toute manière, vous en avez déjà affronté un, à ce que je sais, rappela Erkenbrand. Vous comptez parmi les rares « tueurs de Balrog », à présent.

- Ça ne veut pas dire que je souhaite recommencer, s'esclaffa Gimli.

Le capitaine du Rohan était plutôt petit pour un homme adulte, ne dépassant pas le mètre soixante-dix. Mais c'était un cavalier accompli, et il se débrouillait également parfaitement à pied. Il frisait la cinquantaine, et ses cheveux tendaient désormais plus sur le gris que sur leur noir d'origine, mais il restait un homme robuste et compétent.

- Tout le monde est arrivé, Boromir ? s'informa Mablung.

L'homme hocha la tête et désigna d'un geste large la centaine d'hommes, d'elfes et de nains qui attendaient impatiemment dans le hall d'entrée.

- Nous n'attendons plus que votre ordre pour entrer, fit le Gondorien avec un sourire moqueur. Quels sont vos ordres ?

- Vous êtes hilarant, répliqua l'elfe en grinçant des dents. Ce n'est pas moi qui guide l'expédition : comme avec la communauté, je ne suis là que pour escorter.

- On ne va pas y passer la journée, grogna Gimli avant de se tourner vers la petite armée. Soldats ! Là-dedans, des milliers de gobelins patientent ! Ne les faisons pas attendre plus longtemps !

Les guerriers levèrent leurs armes en vociférant.

- Le passage entre la porte et le pont est étroit, et nous n'y rentrerons pas tous ! Aussi, le pont ayant été détruit, il nous faut d'abord créer un passage ! Les ingénieurs !

Quelques nains et elfes se faufilèrent entre leurs compagnons pour rejoindre les capitaines, ainsi qu'une dizaine d'hommes du Gondor. Ils étaient équipés de nombreuses cordes et poulies, et portaient de grandes planches de bois épaisses. Ils jetèrent un coup d'œil au pont en passant la porte, puis un des nains se retourna vers Gimli.

- Ça s'ra pas long. Si les oreilles pointues sont pas trop mauvaises, ont aura installé une passerelle convenable dans moins d'une heure.

- Les oreilles pointues doutent moins de leurs capacités que de celles des gnomes, fit une voix d'elfe de l'autre côté de la porte.

- On est pas là pour discuter de ça, intervint Boromir avant que ça ne dégénère.

Les disputes entre les elfes et les nains étaient chose fameuse en Gondor.

- Au travail ! ordonna Gimli. Plus vite ce sera terminé, plus vite on ira botter le cul des rats qui infestent nos mines !

- Vous avez perdu en politesse au cours de l'année écoulée, releva Mablung.

Les premiers jurons nains se firent entendre, accompagnées de réprimandes elfiques et de quelques cris gondoriens. Boromir jeta un œil, et le silence revint devant le pont, troublé seulement par des coups de marteau sur la roche.

- Et vous, qu'avez-vous fait ? demanda Legolas en se tournant vers son compagnon. On ne vous a guère vu en Lorien ou en Forêt Noire ces derniers temps.

- Ni en Gondor, rajouta Boromir.

- J'ai passé la plupart de mon temps à m'occuper de chevaux à Edoras, répondit Mablung en haussant les épaules. Racàno ayant succombé à ses blessures des champs du Pelennor, il me fallait une nouvelle monture, et je tenais à l'élever moi-même. J'ai maintenant un poulain de six mois, annonça-t-il fièrement.

- Je n'ai jamais compris comment on pouvait chevaucher un warg, dit Erkenbrand en secouant la tête. J'ai essayé, une fois. On ne m'y reprendra plus.

- Il y encore des loups sauvages en Rohan ? s'informa Boromir.

- Quelques-uns, mais si on ne s'approche pas de leur tanière, ils ne sont pas hostiles.

- Et si on s'en approche ?

- Vous avez intérêt à savoir vous battre, éluda le rohirrim en souriant.

Un elfe cria de l'autre côté. Aussitôt, les capitaines passèrent la tête pas l'entrebâillement de la porte, mais ce fut juste pour voir un nain venir leur expliquer en trainant un elfe qui se massait la main.

- Il s'est tapé dessus avec son propre marteau, cet imbécile.

Cela les rassura, mais l'elfe continuait de gémir, aussi un des guérisseurs les rejoignit et se pencha sur son cas.

- C'est drôle, je pensais plutôt que s'il y aurait un blessé il serait humain, lâcha Legolas.

Boromir et Erkenbrand lui jetèrent un regard noir, mais il fit semblant de ne pas les voir. Au bout de quelques minutes, l'elfe retourna parmi ses camarades, avec en prime un beau pansement autour de la main.

Ils patientèrent encore un bon moment avant qu'un nain ne vienne les chercher.

- C'est fini, dit-il tout fier.

Ils pénétrèrent dans la salle du pont. Une large passerelle de bois s'arc-boutait au-dessus de l'ancien passage. Elle était maintenue par de nombreuses cordes scellées au plafond grâce à des crochets vissés précautionneusement, et les ouvriers étaient déjà de l'autre côté.

- Bon, c'est pas du grand art, hein, rajouta le nain, mais c'est suffisamment solide pour que tout le monde puisse passer dessus.

- Vous êtes certain que ça supportera le poids d'un homme en armure ? vérifia Boromir.

Dans son armure de plate, il était directement concerné par la pseudo-résistance du pont.

- Ouaip mon gars, Oglïn est passé sans problème, donc vous pouvez y aller !

De l'autre côté, un nain qui devait bien peser dans les deux cents livres se plaignit qu'on ne le comprenait pas, qu'il était gros juste parce qu'il avait souvent faim.

- Pas de problème avec les gobelins ? demanda Gimli.

- On n'en a pas vu un seul, répondit l'ouvrier en fronçant les sourcils.

- La sortie étant condamnée, ils ont sans doute déserté le coin, conjectura Mablung.

- Sans doute. On y va ! fit Gimli en se retournant vers ses hommes.

- Damrod, Ashnard, vous restez à l'entrée, ordonna Boromir en désignant deux gondoriens. Au moindre signe suspect au-dehors, revenez faire un rapport. Je vous envoie la relève ce soir.

Les deux désignés se mirent au garde-à-vous et se placèrent chacun d'un côté de la porte menant à la vallée du Nanduhirion, qui devançait la forêt de la Lothlorien, à l'est des Monts Brumeux. Un par un, tous les soldats traversèrent le pont de fortune, et même s'ils y passèrent un temps monstrueux, le passage tint bon et tous arrivèrent sains et saufs de l'autre côté. Une fois cela fait, ils dressèrent un camp de fortune au bord du gouffre. Des barricades munies de pieux furent installées autour de l'entrée du pont, afin de permettre une retraite en toute sécurité si nécessaire. Les nains avaient tiré profit de l'enseignement de la quête de Balïn, qui s'était terminée par l'extermination de la quasi-totalité des compagnons, et la mort du « seigneur de la Moria ».

- Le passage direct vers Cavenain est en ruine, rapporta un éclaireur en arrivant en courant. Les escaliers se sont écroulés sur plusieurs dizaines de mètres. Et… Il y a des gobelins en haut. Ils ont essayé de nous tirer dessus, mais nous étions heureusement hors de portée.

- Le Balrog nous aura emmerdé jusqu'au bout, soupira Mablung.

- On va passer par les galeries latérales, décida Gimli. Elles devraient encore être en état, le Balrog étant trop gros pour passer par-là.

- Mais ça doit grouiller de gobelins, dit Boromir.

- On a pas trop le choix. Il faut d'abord y aller en éclaireur, une dizaine d'hommes suffiront. Mablung, Legolas, avec nous. J'ai confiance en vos yeux.

- C'est trop d'honneur que vous nous faîtes, maître nain, railla Legolas.

- On sera revenus dans… disons deux heures, continua Gimli en se tournant vers Boromir et Erkenbrand. Essayez de ne pas vous faire tuer pendant ce temps-là.

Le nain choisit trois nains, deux autres elfes et deux hommes pour partir avec eux, et se dirigea vers un étroit couloir qui partait à la droite du passage principal. Mablung le suivit, la main sur le pommeau d'Aranruth. Ils ne se feraient pas surprendre encore une fois par des roulements de tambour.

'-'

- Main Lourde ? Pour sûr que je connais, dit le paysan rohirrim en prenant appui sur sa fourche. Il est resté quelques temps à Edoras, à ce que j'en sais. Mais il parait qu'il est parti dans les mines de la Moria, pour chasser de l'orque. Un héros, ce type, rien de moins.

- Merci, voisin, répondit son interlocuteur.

Volke lui jeta une petite pièce, se retourna et repartit sur la route menant au Château d'Or de Meduseld. Les rumeurs populaires étaient le meilleur moyen de repérer une cible. Et un elfe ne passait pas inaperçu en Rohan. Encore moins s'il avait été accompagné d'un « ange ». L'assassin s'arrêta au bord du chemin et sortit la lettre contenue dans la bourse que lui avait remise son commanditaire, en plus des cinquante-mille écus dus. C'était des instructions très claires.

Nous avons combattu ensemble durant la guerre. Mais je pense que vous voudrez tout de même un payement, aussi mon agent a-t-il une bourse, suffisante je l'espère. Vous devez retrouver Mablung, dit la Main Lourde. A ma connaissance, il devrait se trouver en Rohan. Traquez-le. Trouvez-le. Et tuez-le.