Bien des gens se focalisent sur la communauté et sa route, sur les batailles de Fort-le-Cor et des champs du Pelennor. Bien peu s'intéressent aux évènement annexes, et même Tolkien n'a donné que peu d'informations sur ce qu'il se passa durant la guerre de l'Anneau, en-dehors du trajet de Frodon et Aragorn.

Mais il a dit aussi qu'un de ses rêves serait que son monde, la Terre du Milieu, continue à vivre après sa mort, par le biais de ses admirateurs; c'est en partie ce qu'il se passe à travers les fictions que bien des gens écrivent et qui se situent dans cet univers bien particulier.

La présente fiction n'a aucun but lucratif. J'ai juste éprouvé l'envie, en suivant celle de Tolkien, de participer à la création de la Terre du Milieu. Les personnages présents, saufs quelques exceptions, appartiennent tous à JRR Tolkien, ainsi que les lieus décrits. Les évènements racontés sont basés en grande partie sur les annales du Retour du Roi.

Sur ce, je vous souhaite une bonne lecture, j'espère que vous apprécierez.

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Arà Entulessë

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Chapitre premier : Imladris

Fondcombe, dernière demeure simple des elfes à l'ouest des Monts Brumeux, havre de paix destiné à accueillir les voyageurs égarés et fatigués de leurs errances. Bâtie par le seigneur elfe Elrond durant le Second Âge, jamais depuis ses murs n'avaient été violés par les serviteurs des ténèbres. Souvent elle fut assiégée, jamais elle ne fut conquise. Et pourtant en ces heures sombres, le pouvoir de Sauron s'étend, son emprise va s'élargissant, et aucun refuge n'est plus à l'abri de sa fureur. Le seigneur des ténèbres a retrouvé la trace de son Anneau, et il compte bien faire payer son exil à ceux qui se vantent d'en être responsables. La menace s'étend, et un conseil a été convoqué, une communauté forgée, pour guider l'Anneau et son porteur jusqu'à la crevasse du Destin, seule capable de fondre et de détruire définitivement cette menace. Un mage. Un rôdeur. Un archer. Un nain. Un guerrier. Et quatre hobbits, race qui jusqu'ici était restée éloignée des problèmes de la Terre du Milieu. Les neufs compagnons étaient rassemblés devant les portes de la demeure, parés à partir. La même détermination se lisait dans leurs yeux; la même peur aussi. Peur de la mort pour certains. Peur de la vie pour d'autres. Et pour tous, peur de l'échec et de ses conséquences.

L'elfe accoudé à un des balcons de l'aile centrale voyait tout cela. Sa vie s'était tant étendue qu'il avait appris à lire dans le regard de n'importe qui, ou peu s'en fallait. Seuls quelques Hauts Elfes, tels Elrond ou Galadriel, avaient su jusqu'ici résister à son « test », comme il se plaisait à l'appeler. Pour lui, les yeux étaient le reflet de l'âme. L'elfe était grand et musclé. Il portait une armure élégamment décorée, plus réservée à l'apparat qu'au combat lui-même. L'argent de sa cuirasse s'accordait à la perfection avec ses longs cheveux de la même couleur, relâchés sur ses épaules et encadrant un visage quasiment parfait, comme celui de tous les elfes. Une petite cicatrice soulignait son œil gauche, souvenir ardent d'un des duels dont il était le plus fier. On le nommait Tueur de Balrog, Capitaine de la Fleur d'Or, ou encore le Cavalier d'Argent : Glorfindel, seigneur de Gondolin, revenu de Valinor pour servir Elrond à Imladris.

A côté de lui, un nain. S'appuyant sur un grand marteau de guerre, il regardait d'un regard à la fois fier et triste son fils, qui avait insisté pour se joindre au groupe et accompagner l'Anneau en Mordor. Son premier grand voyage, et peut-être son dernier. Lui-même avait participé à une quête désespérée étant jeune, où bien de ses compagnons étaient morts, que ce soit sous la flamme du dragon ou sous le fer des gobelins. A cette époque, il ne craignait ni la mort ni la douleur. A présent, la seule chose qui lui fasse peur était de perdre son fils avant que son propre temps ne soit venu. Grand pour un nain, bien qu'il ne dépasse pas le mètre cinquante, une barbe blanche soigneusement tressée et reposant sur une cotte de maille en mithril : tel était Gloïn, ami et compagnon de Thorïn Ecu-de-Chêne, un des treize nains repartit à la conquête de l'Erebor.

Les deux personnages étaient venus à Fondcombe dans le but d'assister au conseil : Gloïn avait quitté les excavations du Mont Solitaire sur l'ordre de Daïn, et Glorfindel avait abandonné la traque qu'il menait contre les trolls des cavernes des Monts Brumeux sur un message du seigneur de Fondcombe. Ils s'étaient déjà rencontré auparavant, et même s'ils ne s'appréciaient guère, ils avaient su mettre leurs différents de côté pour réfléchir à un moyen de contrer la menace qui pesait sur leur monde. Tous deux espéraient qu'ils n'auraient pas à en faire plus.

- Votre fils reviendra vivant, Gloïn fils de Groïn, dit Glorfindel dans le but de réconforter le nain dont le désarroi se lisait amplement sur son visage ridé. Il est sans aucun doute le plus solide de toute cette communauté, et si lui ne survit pas, je ne vois pas qui le pourrait.

- Justement, grogna Gloïn, il est possible qu'aucun ne revienne et que Sauron triomphe. Dans ce cas, je n'aurais plus qu'à charger ses armées dans le but de trouver une mort noble pouvant me valoir le passage au paradis nain pour y rejoindre mon fils.

- La mort n'est pas chose si terrible, comme le commun des mortels ne semble le penser. Elle n'est que douceur et soulagement.

- Alors vous n'aviez qu'à y rester, et vous m'auriez laissé la paix.

Piqué au vif, l'elfe allait répliquer quand un nouveau venu fit son apparition aux portes du refuge. C'était un grand elfe brun, dont le visage ne lui était pas inconnu, mais qu'il n'avait pas vu depuis si longtemps qu'il ne pouvait y mettre un nom. Après quelques phrases échangées avec Elrond, l'étranger salua la compagnie et ils partirent ensemble dans les contrées sauvages des contreforts des Monts Brumeux.

- Par ma barbe, il y a un elfe de plus dans ce groupe, où je ne suis qu'un imbécile ! s'exclama Gloïn. Il faut que je voie le seigneur Elrond. La communauté devait comporter neuf membres, neuf marcheurs face aux neuf cavaliers ! Pas dix !

La nain souleva son lourd marteau et le posa sur son épaule avant de tourner les talons et de quitter le balcon pour descendre dans la cour. Lui aussi intrigué par cette énigme, Glorfindel le suivit après un dernier regard sur la communauté qui s'éloignait à vue d'œil. Ils arrivèrent rapidement en bas du bâtiment, et eurent juste à sortir pour se retrouver face aux deux fils du seigneur des lieux, Elladan et Elrohir. Semblables en tout, que ce soit apparence, caractère ou habitudes, ils étaient la terreur des orques qui se risquaient encore à l'ouest des montagnes. Leur mère avait été enlevée et torturée par ces créatures, et depuis le sens même de la vie des jumeaux consistait à pourchasser et abattre tous les gobelins qu'ils croisaient. Avec un synchronisme parfait, ils s'inclinèrent devant Glorfindel puis Gloïn. Les fils d'Elrond étaient deux des seuls elfes à traiter les nains en égal.

- Vous tombez bien, vous deux, commença Gloïn. La communauté n'était-elle pas censée être fixée à neuf compagnons ? Il y en a dix qui sont partis d'ici, à ce qu'il me semble !

- Un ami venu de loin s'est effectivement joint au groupe, confirma Elladan.

- Cela ne peut être que bénéfique pour tous, rajouta Elrohir.

- Pour la communauté peut-être, sourit Glorfindel, mais ça n'arrange pas le caractère du nain ici présent…

- Gardez vos commentaires, elfe, réplique le concerné. Quant à vous, dit-il en se tournant vers les jumeaux, j'exige une explication un peu plus détaillée que ça !

- Calmez-vous, maître nain.

Elrond arriva derrière ses fils. Vêtu d'une riche tunique rouge brodée de fils d'or, il apparaissait réellement comme un véritable seigneur elfe dans toute sa grâce et sa puissance.

- Les Valars eux-mêmes nous ont apporté l'aide dont nous avions désespérément besoin, expliqua-t-il. Un guerrier des temps anciens, chasseur et pisteur hors pair.

- Je me fiche de savoir qui est cet elfe ! Mais s'il se joint au groupe, pourquoi pas y rajouter un nain ? Ou un homme ? Il y avait auparavant une certaine équité entre les races de la communauté, à part pour les hobbits, ce que je peux comprendre. Mais un elfe ! Un elfe !

- Il y avait deux hommes déjà, précisa Glorfindel.

- Ne me prenez pas pour un idiot. Nous savons très bien tous les deux qu'Aragorn n'est pas de la race « standard » que j'énonce en disant « humain ».

- Assez ! tonna Elrond. Si c'était la volonté des Valars d'intégrer un second elfe, nous nous devons tous de respecter cette décision ! Me suis-je bien fait comprendre, seigneur Gloïn ?

Le nain se raidit mais parvint à garder une certaine contenance devant ces remontrances.

- Parfaitement, seigneur Elrond. Mais je n'apprécie toujours pas ce changement dans l'arrangement fait au conseil.

Apparemment, il n'était pas le seul de cet avis, car le reste de la délégation gondorienne vint elle aussi quérir des explications. Guidés par le capitaine Berethor, garde de la tour blanche, les hommes étaient tous armés de pied en cap, prêts à partir dès qu'ils en auraient l'occasion afin de faire leur rapport à l'intendant Denethor. Mais avant cela, ils tenaient à connaître les raisons d'un brusque rajout à la communauté.

- Le seigneur Mablung a toute ma confiance, leur dit Elrond que ces incessantes critiques commençaient à agacer. Et si vous n'agréez pas cette décision, ce n'est pas devant moi qu'il vous faudra aller pour vous plaindre.

- Ne le prenez pas mal, seigneur Elrond, s'excusa Berethor, mais mes compagnons et moi étions curieux de connaître la raison d'un tel changement, voilà tout. Nous venons également vous présenter nos adieux, car nous repartons chez nous sur l'heure. Nous n'avons déjà que trop tarder et nous ne voudrions pas abuser plus longtemps de votre hospitalité.

- Ma porte vous restera toujours ouverte, messieurs.

- Et je vous en remercie. Glorfindel, Gloïn, salua l'homme, puissions-nous nous revoir dans des conditions moins graves et fêter notre victoire sur le seigneur noir.

- C'est tout ce que nous pouvons souhaiter, répondit Glorfindel.

L'humain hocha la tête et fit demi-tour, suivi de ses compagnons. Sans perdre de temps, ils grimpèrent en selle et lancèrent leurs montures au galop, soulevant un nuage de poussière en passant les portes d'Imladris.

- Et maintenant, messieurs, je crois qu'il est temps d'aller déjeuner, déclara Elrond.

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Une atmosphère lourde régnait sur le refuge, malgré le sentiment de sécurité qu'il dégageait. Le départ de la communauté annonçait celui de toutes les délégations convoquées au conseil, à la suite de la gondorienne. Même si tous les messagers désiraient rentrer chez eux, quitter le havre de paix qu'ils venaient de trouver leur pesait sur le cœur. Mais un évènement imprévu vint déranger toutes les prévisions de départ.

Glorfindel se promenait dans la vallée d'Imladris, profitant de sa présence en ces lieux pour admirer les arbres gigantesques qui poussaient presque aussi haut qu'en Lothlorien. Mais contrairement à la forêt d'or essentiellement constituée de feuillus dont faisaient partie les fameux mallorns, la vallée était remplie de conifères qui rappelaient la proximité des montagnes. Alors que l'elfe se promenait tranquillement entre les troncs, passant sa main sur certains d'entre eux pour en ressentir l'énergie végétale, un bruit de cavalcade se fit entendre derrière lui. Il se retourna juste à temps pour esquiver un cheval lancé à pleine vitesse en direction de Fondcombe, mais qui s'arrêta quand il aperçut l'elfe. Celui-ci remarqua alors les deux flèches noires plantées dans le torse du cavalier, affaissé sur le dos de sa monture. Glorfindel se précipita pour rattraper l'homme, qui menaçait de tomber de sa selle, et l'allonger précautionneusement sur le sol. Il reconnut un des suivants de Berethor. Le blessé ouvrit les yeux, et fixa son sauveur d'un air douloureux, certain de ne plus en avoir pour longtemps.

- Des gobelins sur… la route, tenta-t-il d'expliquer. Une embuscade… Tous morts. Votre cité va… être assiégée, il y a une grande armée. Retournez à Fondcombe… défendez-vous ! Il ne faut pas… que vous tombiez.

- Tenez bon. Le seigneur Elrond pourra vous soigner.

L'homme hocha la tête, incapable de parler. L'elfe le remit en selle et monta derrière lui, avant de lancer son cheval vers Imladris, encore inconsciente du danger qui la menaçait, elle et ses habitants.

Il arriva bientôt devant les portes de la cité, encore grandes ouvertes, Fondcombe n'ayant jamais subi d'attaque depuis la fin du Second Âge. Les quelques elfes présents à l'entrée furent étonnés de le voir passer en coup de vent, Glorfindel étant réputé pour sa modération et son calme à toute épreuve. Il ne stoppa sa monture qu'une fois arrivé devant la bâtisse principale, où l'attendaient Gloïn, Elrond et ses fils, curieux de savoir ce qui causait une aussi grande agitation. L'elfe d'argent mit rapidement pied à terre et descendit précautionneusement son compagnon.

- Qu'est-ce qui vous ramène si tôt, elfe ? demanda Gloïn en l'aidant à s'occuper du blessé. Que se passe-t-il ?

- Les gobelins sont descendus des montagnes ! Ils arrivent par le sud !

Elrond poussa un grand soupir, tandis que les autres se tendaient sous la nouvelle. Comment les gobelins avaient-ils acquis une telle audace ?

- Je sentais que ce jour arrivait, commença le seigneur d'Imladris. Fondcombe est depuis longtemps à l'abri des serviteurs des Ténèbres, et cela doit durer !

- Des gobelins ? grommela le nain. Je vais me charger de ces immondes créatures !

- Ils sont trop nombreux, même pour vous, souffla le blessé encore à terre.

- Elladan, Elrohir, sonnez le rassemblement ! ordonna Elrond. Que tous les hommes valides se rassemblent aux portes. Nous devons stopper ces gobelins avant qu'ils n'entrent dans la cité !

Les jumeaux acquiescèrent, et se précipitèrent à l'intérieur de la maisonnée afin de rameuter le plus de monde possible. Deux autres elfes vinrent emmener l'homme et le soigner, malgré son insistance pour qu'on le laisse se battre, et Glorfindel se dirigea vers le chemin de ronde encadrant la porte afin de superviser l'avancée de l'ennemi. Mais alors même qu'il allait atteindre les marches menant au mur, une trompe se fit entendre non pas au sud, mais à l'ouest. Et quelques instants plus tard, une multitude de gobelins jaillissaient de l'étroit passage reliant la cité à la vallée, et qui était censé être une issue de secours en cas de prise de la ville.

Maudissant intérieurement son manque de prudence, Glorfindel fit demi-tour et se précipita vers le lieu de l'attaque, où combattaient seulement quelques elfes épars, pris par surprise par leurs ennemis en surnombre. Dégainant Ecetelpë, la lame d'argent, il fonça dans le tas sans prendre le temps d'évaluer le nombre exact ou l'adresse de ses adversaires, et se fraya un chemin sanglant jusqu'à un petit abri où résistaient un petit nombre de guerriers elfes.

S'arrêtant quelques instants pour souffler, il aperçut Ardamir, un de ses amis les plus proches, reconnaissable à son bandeau noir lui couvrant l'œil gauche. Il vivait autrefois en Lothlorien, mais lors de la destruction de Dol Guldur il y avait une cinquantaine d'années, une flèche orque lui avait ôté une partie de la vue. Depuis, sa perception du relief et des distances était altérée, et il avait préféré venir se reposer à Fondcombe en attendant de partir pour les terres immortelles. C'était un elfe sévère, au regard de glace et aux cheveux de jais, qui ne souriait qu'en de rares occasions, et seulement s'il était avec des gens qu'il appréciait. Il était largement connu pour ne pas mâcher ses mots, et pour avoir délibérément ignoré Elrond lors de leur rencontre. Mais malgré tout cela, Glorfindel lui accordait une confiance absolue.

- Tu comptes attendre tranquillement à me regarder alors que l'on est assailli ? grogna Ardamir en jetant un coup d'œil à l'elfe d'argent.

- Excuse-moi, j'avais la tête ailleurs, sourit Glorfindel en reprenant le combat.

- C'est bien le moment, maugréa son ami.

Un cri de guerre bourru se fit entendre à leur gauche, auquel répondit un ensemble de voix bien plus mélodieuses. Gloïn chargea, son grand marteau à la main, suivit par le reste des elfes de la maisonnée, tous armés de pied en cap : eux avaient eu le temps d'être prévenus par les jumeaux. Le combat reprit, mais cette fois les gobelins étaient largement désavantagés, même s'ils étaient toujours en surnombre, car les elfes se battaient beaucoup mieux et leurs armes étaient bien plus dévastatrices. En quelques minutes, le combat fut fini, laissant une quantité impressionnante de cadavres gobelins, et seulement deux morts chez les elfes.

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Mais à peine eurent-ils reprit leur souffle qu'une deuxième trompette sonna, annonçant une seconde charge. Sauf que cette fois, un comité d'accueil attendait patiemment les assaillants. Les gobelins étaient encore plus nombreux que précédemment, mais remit de leur surprise les elfes furent encore une fois supérieurs, du moins au début. Glorfindel trancha le cou d'un orque et du même mouvement tailla en deux un autre assaillant qui combattait à côté de la première victime.

Et alors que le nombre d'ennemis diminuait à vue d'œil, un rocher vint s'écraser à quelques mètres de l'elfe d'argent, qui se jeta à terre pour esquiver les éclats de roche. Il releva la tête et resta pétrifié en voyant le lanceur : il ne s'agissait pas d'une catapulte ou d'une baliste, mais d'un géant à la peau recouverte d'écailles rousses, et qui se baissait déjà pour ramasser un autre projectile. Mais alors que le monstre levait son arme improvisée au-dessus de sa tête, deux flèches sifflèrent simultanément et se plantèrent dans son épaule. La blessure était minime, mais suffisante pour que son bras perde un peu de sa force et lâche le roc qu'il tenait bien haut. Le rocher s'écrasa sur sa nuque, la brisant sur le coup, et la créature s'écroula au milieu des gobelins, qui prirent peur et s'enfuirent.

La horde revint néanmoins rapidement vers la cité, et pour cause : un groupe de cavaliers les poursuivait. Pris en tenaille, le reste des assaillants fut rapidement détruit. Une jeune femme elfe se détacha alors du reste des chevaliers pour s'avancer vers Elrond, qui achevait un gobelin en lui plantant son sabre dans le ventre.

- Je suis revenue avec les lanciers, père.

- Arwen ! J'ai bien cru que tu étais tombée sur les gobelins et qu'ils t'avaient tuée !

- Nous les avons croisés, mais le gros de leurs troupes était déjà parti. Nous avons détruit leur camp à l'ouest d'ici, mais ils en installent un second sur l'autre rive.

- Il faut les chasser d'ici, déclara Glorfindel, avant qu'ils ne reviennent avec plus de troupes ! Ces chemins ne seront sûrs qu'une fois toutes leurs installations détruites, et leurs tunnels écroulés.

Elrond hocha la tête, et la plupart des elfes se dirigèrent vers l'entrée principale, et quelques-uns restaient pour surveiller la passe, au cas où des individus isolés se seraient cachés pour éviter le massacre. Tandis qu'ils marchaient vers le camp gobelin, Glorfindel se rapprocha des jumeaux.

- Joli tir, tous les deux. Car je suppose que c'est vous qui avez fait taire ce monstre ?

- Effectivement, se rengorgea Elladan. Avoue que tu n'aurais pas fait mieux !

- Nous avons été parfait sur ce coup-là, rajouta Elrohir en tapant sur l'épaule de l'elfe d'argent. Mais on ne peut pas t'en vouloir. Qui sait dans quel état nous serons à ton âge ?

- Ai-je bien entendu ? gronda l'elfe.

- Voyons, Glorfindel, tu n'es plus tout jeune, il est normal que tu saches plus tirer correctement, philosopha Elrohir.

- Mais ce n'est pas grave, on est là pour relever le niveau, continua son frère.

- Attendez qu'un en ait fini de ces gobelins, vous deux, et vous allez voir de quel bois se chauffe le vieillard que je suis !

Ils rirent tous les trois et reprirent leur chemin. La porte se rouvrit pour laisser passer les guerriers, et aussitôt d'autres gobelins sortirent des fourrés pour se précipiter à l'entrée. Ils ne l'atteignirent même pas, stoppés par une volée de flèches décochées du chemin de ronde. Mais une fois tous les elfes sortis, l'étendue des troupes gobelines se révéla au grand jour. Tel des fourmis avides de nouvelles terres, ils s'étendaient sur toute la vallée, camouflés sous les arbres où cachés dans les branches.

Ce fut un combat acharné qui commença alors. Tandis que les archers elfes s'occupaient de réduire au silence les gobelins perchés en haut des troncs, les fantassins et les cavaliers chargèrent entre les arbres pour éliminer les ennemis terrestres. Un autre géant combattait au milieu des orques, mais les jumeaux l'éliminèrent comme le premier, attendant qu'il ramasse un rocher pour le lui faire tomber sur le crâne. Voyant que la victoire leur échappait, car ils comptaient vraisemblablement sur les géants pour faire la différence, les gobelins commencèrent à refluer en désordre, et les elfes les poursuivirent jusqu'au gué de Bruinen, où ils les acculèrent à la rivière et les exterminèrent jusqu'au dernier.

Mais alors que Glorfindel abattait son dernier adversaire, un cavalier vêtu de noir apparut de l'autre côté de la rive. Ce n'était pas un nazgûl, car il ne diffusait pas la même aura de noirceur, mais son visage voilé ne laissant apparaitre qu'une bouche desséchée ne laissait aucun doute quant au camp auquel il appartenait.

- Ce n'est que partie remise, maudits elfes. Sauron ne permettra pas que votre pitoyable refuge survive à son ascension !

Puis le cavalier tourna bride et disparut sur la route.