37 | Le mauvais exemple
Sirius descendait l'escalier de sa maison ce matin-là avec le rebond que lui donnait la certitude qu'il allait rejoindre sa femme et sa fille pour le petit-déjeuner. Une petite fête, une habitude qu'il lui paraissait toujours après des semaines qui menaçaient de devenir des mois, un luxe absolu. Abigail ne serait sans doute pas là ; elle avait de plus en plus besoin de se reposer le matin - Aesthelia disait que c'était normal. Mais la présence d'Abigail ne constituait plus une limitation à la petite fête du matin.
Aucune de ces pensées ne l'avait préparé à trouver Aesthélia, les sourcils froncés, à écouter le plus âgé de leurs elfes, à l'exception de Kreattur, expliquer quelque chose. Kreattur d'ailleurs se tenait en retrait et se tordait les mains. Assise à table, Cruz avait l'air sidérée, elle aussi.
"Ah, Sirius", l'accueillit Aesthelia. "Je crois qu'il vaut mieux que tu écoutes."
"Maître Sirius", le salua l'elfe avec déférence.
'Je ne sais pas son nom', réalisa Sirius avec gêne. 'Il faut dire qu'ils sont nombreux', tenta-t-il de se disculper avant de se rappeler que Remus savait le nom de tous les elfes de Poudlard. 'Tu veux être différent ? Voilà un truc pour toi', se rabroua-t-il sévèrement.
"Bloom pense qu'un des tableaux de la galerie espionne pour le compte de Narcissa", commença Aesthélia sans doute parce qu'il ne disait rien.
"Bloom n'est pas sûr", précisa l'elfe.
"Bloom fait l'hypothèse qu'un tableau espionne pour les Malefoy", reformula Aesthelia avec un grand sérieux.
L'elfe opina gravement puis se figea dans une totale immobilité, attendant visiblement une réaction du "Maître de la maison". Ce dernier eut vaguement envie de s'enfuir de la pièce ; le café sentait très bon, il resta.
"Comment sais-tu cela ? Assieds-toi, Bloom", offrit Sirius. "Je prends un café, tu en veux ?
"Non merci, maître", refusa l'elfe. Les yeux un peu écarquillés, il regarda Sirius se servir en café avant de se décider à s'asseoir. Ses pieds se balançaient dans le vide, mais l'elfe avait posé ses deux mains sur ses cuisses, dans une pose relativement digne.
"Je t'écoute, Bloom", proposa Sirius.
Bloom regarda Aesthelia qui l'encouragea d'un signe de tête, mais ce fut Cruz qui ajouta : "Tu peux parler à Papa, Bloom. Il va t'écouter. Promis."
L'assurance de la fillette - 'qui connaissait le nom des elfes, elle', nota Sirius - sembla avoir raison des derniers doutes du jeune Bloom.
"Bloom n'est pas sûr, mais il connaît..."
"Fréquente - le mot correct est fréquente", commenta Kreaturr depuis l'encoignure de la porte. Sirius se rendit compte qu'il l'avait oublié ou qu'il n'avait pas voulu prendre en compte sa présence.
"Bloom connaît la gentille Nony - une jeune elfe qui travaille chez Maître Lucius Malefoy. Sa soeur travaille à Poudlard, et Bloom l'a rencontrée quand elle lui a rendu visite", expliqua l'elfe. "Bloom ne veut pas mettre en cause la réputation de Nony."
"Je comprends", promit Sirius. Comme Bloom n'avait pas tellement l'air convaincu de cette affirmation, il précisa : "Je te promets de faire attention à l'honneur de Nony et, si tu as besoin que nous intercédions auprès des Malefoy pour que tu puisses la fréquenter davantage, nous le ferons."
Quiconque aurait regardé les yeux de Bloom à cet instant aurait vu l'immensité de l'espoir que les paroles de Sirius venaient de susciter. 'S'il faut l'acheter, nous le ferons', se promit Sirius sans l'exprimer.
"Parfois, Bloom et Nony se rencontrent sur le chemin de Traverse", osa raconter l'elfe. Sirius opina en se refusant à sourire ou à commenter. "Nony... sait où travaille Bloom et..." L'elfe déglutit avant de se décider à finir : "Hier... elle a demandé si c'était vrai qu'une jeune maîtresse de la maison de maître Sirius Black était enceinte..."
Aesthélia eut un geste de la main qui devait sans doute vouloir souligner que c'était cela qu'elle voulait qu'elle entende.
"Nony... dit que Maîtresse Narcissa a d'abord pensé que c'était maîtresse Aesthélia, mais... maîtresse Narcissa a longuement parlé avec un tableau et, après, elle a dit qu'elle se demandait qui ça pouvait être... que le jeune maître dans le tableau ne pouvait pas être vivant... Maître Lucius a dit que Maître Sirius était peut-être plus malin qu'ils ne le pensaient tous et que Maître Sirius avait fait semblant de ne pas trouver... l'âme de maître Regulus", Bloom avait dû prendre une profonde inspiration avant de lâcher la dernière information.
'Quelle idée les elfes ont-ils de l'âme', se surprit à s'interroger Sirius, comme si son cerveau ne voulait pas rester concentré sur l'inquiétante narration de Bloom.
"Nony voulait savoir ce que je savais... Bloom a dit que Maîtresse Abigail était venue vivre dans la maison de Maître Sirius et qu'elle s'était mariée avec le jeune maître du tableau et qu'elle était maintenant enceinte... Bloom ne pouvait pas rien donner", plaida l'elfe d'un ton inquiet.
"Bloom, ce n'est pas un secret que nous t'avons demandé de garder. Nous savions que les choses allaient finir par se savoir", intervint Aesthelia.
'Et nous avons maintenant la confirmation par les Malefoy eux-mêmes qu'ils espéraient bien mettre la main sur le matériel génétique et magique de Reg', songea Sirius.
"Et Nony en a dit très long", remarqua-t-il à haute voix. Est-ce que ça pouvait être un piège ?
"Je pense que si ses maîtres savaient...", s'inquiéta ouvertement Bloom.
"Elle ne mesure pas combien ils seraient mécontents", confirma Sirius, rêveur. "Sait-elle quel tableau ?"
"Nony a dit le petit tableau dans le boudoir... Bloom ne sait pas... mais... Kreaturr... pense que c'est le tableau de Maîtresse Violetta..."
Sirius n'eut pas le temps de se représenter mentalement le portait mis en cause que le vieil elfe gémissait : "Kreaturr n'y est pour rien...Kreaturr est loyal au jeune maître Sirius maintenant... Kreaturr peut donner sa vie..."
"Qui te parle de ta vie", gronda Sirius profondément choqué. "Kreaturr, si tu veux me montrer ta loyauté, dis-moi plutôt quel tableau tu soupçonnes et pourquoi !"
L'elfe gémit et Cruz sauta de sa chaise et s'élança vers lui. Ils avaient à peu près la même taille.
"Kreaturr, Daddy n'est pas fâché", promit-elle. "Des fois, il parle fort parce qu'il est inquiet."
"Maître Sirius n'a pas confiance... Kreaturr ne mérite pas encore.." coassa le viel elfe.
"Si quelqu'un peut lui faire comprendre que c'est l'occasion", soupira Sirius, dépassé à la fois par l'interprétation de Cruz et la réaction de l'elfe.
Aesthélia ravala un sourire, et Bloom se tourna vers le vieil elfe et l'enfant, mais Cruz avait déjà pris Kreaturr par les épaules et le ramenait vers eux : "Viens raconter, Kreaturr. Personne n'est fâché contre toi, je te le promets. Daddy, il n'a pas fait de bêtise, il ne faut pas parler fort. Ça lui fait peur", elle rajouta en le regardant droit en face avec un aplomb sidérant mais qui, en même temps, le rendait fier.
Sirius repoussa quelques phrases définitives, coupantes et brutales qui avaient fait sa réputation avant même Poudlard. Il savait qu'il avait acquis cette verve au détriment des autres en partie en observant son père. Jamais Orion n'aurait accepté qu'un de ses enfants prennent la défense des elfes face à lui, ou intercède en quelques façons entre lui et ceux qu'il estimait ses subordonnés. S'il ne voulait pas être Orion, il fallait sans doute tirer quelques conclusions, comme la nécessité d'une forme de patience.
"Cruz dit la vérité, Kreaturr : je n'ai aucune raison d'être fâché", réussit-il à articuler.
"Si... Maître Sirius peut être fâché... Kreaturr aurait dû dire..."
Sirius regarda le plafond, invoquant Merlin et toute la sagesse magique - occidentale, orientale, septentrionale et australe - de lui donner la force de tenir ses propres engagements.
Bloom articula avec une autorité certaine : "Si Maître Sirius estime que Kreaturr a fauté, Maître Sirius le dira, et l'honneur de Kreaturr dictera les conséquences. Mais le devoir de Kreaturr maintenant est de dire ce qu'il sait !"
"Bloom est un bon elfe loyal", grimaça Kreaturr. Il se serra contre Cruz comme pour prendre courage avant de souffler : "Maîtresse Narcissa avait dit à Kreaturr, si Kreaturr avait quelque chose à dire, il pouvait utiliser le tableau de Maîtresse Violetta. Maîtresse Narcissa en a un autre. Kreaturr n'a jamais utilisé le tableau... mais Kreaturr aurait dû dire", l'elfe essaya de se dégager de l'étreinte de Cruz qui ne le laissa pas faire, sans doute par réflexe, et l'elfe n'osa pas utiliser trop de force ou sa magie contre sa jeune maîtresse.
"Très bien, il faut en avoir le coeur net. Je vais dans la galerie. Bloom, Cruz et Kreaturr vous ne bougez pas d'ici, c'est compris ?"
"Sim, Daddy", promit sa fille gravement.
"Tu veux que je t'accompagne, Sirius ?", s'enquit Aesthelia, d'un coup alarmée.
"Je veux que tu ailles auprès d'Abigail, que tu vérifies qu'elle va bien, que tu la mettes diplomatiquement au courant. Il ne peut pas ne pas y avoir de conséquences !"
"Kreaturr peut se brûler avec la porte du four", proposa l'elfe, réagissant sans doute au mot conséquence.
"Je ne veux pas en entendre parler. Tu ne bouges pas d'ici. Tu restes avec Cruz et Bloom. Bloom, tu empêches Kreaturr de faire n'importe quoi, par tous les moyens - tu as mon autorisation si nécessaire. Quand j'aurais une vue plus claire de la situation, on discutera tous les trois. Kreaturr, Bloom et moi", précisa-t-il pour Cruz.
"Et moi ?", questionna la fillette.
"Tu n'as qu'à... leur lire une histoire", proposa Sirius plus ou moins au hasard.
oo
Il avait monté l'escalier en sautant des marches, comme sa mère avait toujours détesté qu'il le fasse. Et rien que d'y penser, il aurait encore pu accélérer. Il allait dire le fond de sa pensée à ce ramassis de portraits qui complotaient dans son dos. Et son père n'avait pas intérêt à se mettre verbalement sur chemin s'il ne voulait pas finir en petit bois pour la cheminée !
Sa main se tendit vers la double porte de la galerie et l'anneau capta la lumière douce des appliques choisies par le décorateur frère de son avocate. L'anneau pulsa à son doigt, pas tant pour demander son attention que pour l'assurer de son soutien. Sirius frissonna et laissa tomber sa main à son côté, arrêté net dans son mouvement.
A quel moment se trompait-il encore ? L'elfe le poussait-il dans une sorte de sombre traquenard familial en dénonçant ce portrait ? Allait-il se ridiculiser devant ses ancêtres rassemblés avec des accusations sans fondement ? Ça paraissait peu probable, estima Sirius en essayant de reprendre le contrôle de sa respiration.
Est-ce qu'il devait d'abord vérifier que l'information de la grossesse de Abigail avait bien touché sa cousine Narcissa ? Si ce n'était pas le cas, le risque était trop grand, décida Sirius. Et un portrait félon siégeait dans la galerie, il devait le savoir et... quoi ? Le brûler ? Il se laissait mener par une colère épidermique, jugea-t-il froidement. Le genre de colère qui l'avait mené droit à Azkaban. Son coeur se serra à cette idée, mais il n'arriva pas à la juger fausse. Il devait se défier de sa trop rapide colère - ne répétait-il pas à Cruz sans cesse de réfléchir avant d'agir ?
Sirius regretta d'avoir demandé à Aesthélia d'aller s'occuper d'Abigail, de ne pas être là pour lui tenir la main et l'aider à faire le tri dans ses idées. Il ferma les yeux s'invitant au calme, invoquant Aesthelia, son rire, sa confiance en lui ; Remus, son calme, son rire, sa capacité à le remettre en cause sans le vexer ; Cruz ; Harry... Qu'est-ce qui clochait sans cette histoire ; qu'est-ce qu'il omettait de voir ?
L'idée lui vint quand il ne l'espérait plus. Si Kreaturr n'avait pas menti et que Narcissa tenait l'information d'un portrait de leur arrière grand-mère commune, Violetta Bulstrode Black, il restait une énorme question : comment le portrait confiné dans la Galerie pouvait être au courant ?
Sirius et Aesthélia avaient demandé à Abigail d'éviter les lieux et Sirius ne pensait pas que sa belle-soeur ait une quelconque envie d'affronter les Black dans leurs pires représentations. 'Comment ?', se répéta Sirius sur le pas de la porte. Aucun début de réponse ne vint à sa rescousse. Restait que la question était finalement encore plus importante que le possible manque de loyauté de Violetta, estima-t-il. Est-ce que les portraits sauraient ? D'un seul coup, la tâche de les faire parler parut intimidante à Sirius, même avec l'anneau.
Ce dernier semblait neutre depuis que Sirius s'était arrêté dans son mouvement. C'était peut être un bon signe - il fallait que ça soit un bon signe, pria Sirius. Il était sur la bonne voie, une voie divergente de la majorité des Black qui l'avait précédé. Restait à donner le change et à faire que ses ancêtres décident de lui venir en aide plutôt que de se moquer de lui. Restait à se servir des codes pour acheter leur coopération.
Avec une grande inspiration, Sirius se saisit d'une main de la chaise capitonnée qui avait été artistiquement placée près d'un petit secrétaire sur le palier - comme si quiconque allait s'installer là pour écrire un message, s'étonna vaguement Sirius. Il poussa ensuite la porte de la galerie et marcha sans s'arrêter jusqu'en son milieu.
"C'est Sirius", chuchotèrent les portraits sur son passage.
Ils se turent quand il déposa la chaise sur le plancher en marqueterie, brillant des soins des elfes, aussi brillant que dans son enfance. Ils ne dirent rien de plus quand il s'assit avec des gestes délibérément lents et croisa enfin les bras sur sa poitrine. Il sentait son coeur battre un peu fort mais sans doute ce détail échappait aux tableaux.
"Pourquoi ne dit-il rien ?", s'enquit une première voix. Personne ne lui répondit mais la question tourna dans la pièce, de tableaux en tableaux. Des voix allèrent jusqu'à interpeller Orion sur la santé mentale de son fils aîné. Sirius resta imperturbable.
"Il y a une raison à ta visite, Sirius ?", finit par s'enquérir la voix d'Orion avec un ennui très étudié.
"Je contemple mes ancêtres", répondit Sirius après avoir compté silencieusement jusqu'à trente-cinq. "Je regarde d'où je viens. Et je me demande si chaque génération a dû batailler autant que moi pour s'assurer de la coopération active de ses ancêtres..."
"Chaque génération ne comptait pas autant de traîtres à leur sang", jugea une voix masculine, mais pas celle d'Orion. La vie réservait d'infimes petites surprises comme celle-là.
"Pour moi, celui qui colporte des informations personnelles sur les membres vivants de cette maisonnée à l'extérieur trahit très certainement son sang", répliqua Sirius en détachant les syllabes.
Un nouveau silence lui répondit.
"De quoi parles-tu, fils ?", s'enquit finalement Orion. Il n'y avait pas cette fois de trace d'ennui, étudié ou non, dans sa voix.
Le 'fils' eut un effet sur Sirius malgré lui - un vieux réflexe qui lui aurait demandé de chercher à lui plaire. Il dut fermer les yeux et s'inviter au calme avant de répondre : "Il semble que certains détails de nos vies soient l'objet de conversation entre les elfes des grandes maisons quand ceux-ci se rencontrent..."
"Un elfe honorable ne trahit pas son maître !", jugea une voix féminine.
"Il semble que ce soient des maîtres qui colportent des choses sur ma famille auprès de leurs elfes."
"Ta femme est enceinte, Sirius ?", questionna alors une nouvelle voix de femme - un peu fêlée, un peu fragile. Il faut dire qu'elle appartenait à une femme peinte âgée, dans une robe de deuil, avec un bonnet de dentelles et de perles qui était sans doute le plus intéressant dans ce tableau.
"Je me demande pourquoi vous me posez cette question, Violetta, - et aucune réponse ne me semble très satisfaisante."
La vieille dame s'agita un peu dans son fauteuil capitonné, tendu de velour vert sombre.
"Il semble qu'il y ait une femme enceinte dans cette maison", finit-elle par annoncer provoquant de nouveaux chuchotements parmi les portraits de la galerie.
"Et d'où tenez vous cette information, chère Violetta ?", s'enquit Sirius en s'interdisant formellement de décroiser les bras. Son pouce n'avait jamais été plus près de l'anneau pour réaffirmer son autorité sur cette série de toiles enduites de pigments et tendues sur du bois parfois vermoulus. Est-ce qu'il n'aurait pas été plus simple, voire légitime, de tout brûler ? La tentation était là, mais Sirius voulait d'abord savoir.
"Il... il y a ce petit tableau... vraiment petit... et charmant dans son genre... Une étude d'une classe de danse... il y a tant de temps... Je suis sûre que personne ne danse plus comme cela aujourd'hui."
"Je me rappelle de ce tableau ! Il a longtemps été dans ma chambre", annonça Lucretia. "Et maman disait que vous étiez dessus, Violetta. Au deuxième rang", précisa-t-elle encore.
"Un autre tableau", releva lentement Sirius. "Où est-il ?"
"Dans le couloir du deuxième étage", indiqua l'aïeule avec son bonnet de dentelle perlé. Il y avait une certaine nostalgie dans son ton. "Le décorateur l'a trouvé délicieusement suranné, ses mots", précisa-t-elle.
"C'est lui qui rapporte des choses sur ma maisonnée à Narcissa ?", vérifia Sirius.
"C'est une version très jeune et naïve de moi", commença Violetta sur un ton nostalgique. "Elle aime bien Narcissa qui lui dit chaque jour qu'elle est très jolie - il est sûr qu'elle ne m'aurait pas aussi facilement. Je n'ai pas été une belle femme ; et je n'étais certainement pas une charmante petite fille, c'est bien la raison pour laquelle le maître de danse me plaçait toujours au deuxième rang... Reste que j'ai épousé Cygnus Black premier du nom et j'ai donné une descendance à cette maison", termina-t-elle en relevant le menton.
"Mais, qui est enceinte ?", questionna Irma Crabbe Black d'un ton impérieux - Ma si tendre grand-mère, songea Sirius en retenant la grimace qui le tenaillait.
"Une naissance légitime serait une raison de se réjouir", commenta étonnamment prudemment Orion. "Aurais-tu installé une maîtresse sous ton propre toit que tu doives cacher cette nouvelle à notre communauté ?", imagina-t-il ensuite.
Il n'y avait pas réellement de condamnation dans son ton - juste de la curiosité. Auriez-vous aimé avoir une maîtresse, Père ? Avez-vous eu une maîtresse que vous n'avez pas pu épouser et qui explique que vous ayez été si dur et sévère avec moi et Reg ? Quelque part, Sirius en doutait. Il le regretta presque.
"La naissance, qui aura lieu dans de nombreux mois, est tout à fait légitime. Rassurez-vous. Je ne suis pas le père de cet enfant ; ma femme, qui répond tout à fait à l'intégralité de mes besoins, Père, soyez rassuré, n'est pas enceinte". Sirius retint le "encore" qui lui était venu aux lèvres ; il faillit sourire parce qu'il constatait une fois de plus que l'idée faisait son chemin dans son esprit et qu'il n'était pas loin de le désirer. Il dut se secouer pour ne pas céder aux rêveries qui vinrent ensuite, d'une Aesthélia au ventre rebondi. "C'est Regulus qui va être père, grâce à sa femme, Abigail."
"Sa femme ? Regulus est mort ! On me l'a plusieurs fois assuré !", s'emporta tellement Orion qu'il en balbutia presque.
"Regulus est, en effet et malheureusement, décédé", reconnut lentement Sirius. "Vous avez vu son tableau réapparaitre dans la galerie et j'ai pu recevoir ses volontés. Elles étaient d'épouser la femme qu'il aurait voulu épouser de son vivant et de lui faire porter son enfant. Il avait pris des... précautions en ce sens avant sa disparition", ajouta-t-il.
Le silence absolu qui suivit fut coupé par le grincement de quelques lames de plancher. Se retournant vivement parce qu'il imaginait déjà Kreaturr ou Cruz - ou les deux ensemble ! - désobéir à ses ordres, Sirius vit sa femme et Abigail, figées toutes les deux sur le pas de la galerie. Il était des signes qu'il ne fallait pas manquer ; des mouvements qu'il ne fallait pas arrêter. Sirius se leva donc et tendit la main vers elles. Elles s'avancèrent avec une pointe de timidité mais quand même une assurance qui faisait plaisir à voir.
"Regulus est mort en héros, Père. Peut-être pas en héros à son sang comme, vous le souhaitiez tant, mais en héros pour toute la communauté magique britannique. Un héros méconnu mais qui méritait d'autant plus que ses volontés soient exaucées." Prenant la main de sa belle-soeur, Sirius continua : "Père, tous, je vous présente Abigail Black, épouse et héritière légitime de Regulus. Que leur descendance soit heureuse."
ooo
Je poste une nouvelle fois sans avoir la suite. N'hésitez pas à me donner votre avis, je suis sûre que vous allez avoir des idées inspirantes.