Titre : Alpha potentiel
Résumé : pour avoir lâchement désobéis à Voldemort, Draco va recevoir une punition qui va définitivement changer sa vie… en bien, comme en mal, d'ailleurs. HPDM
Spoiler : Tome 7 (avec une torsion).
Pairing : DM/HP… Classé M+ !
Date du commencement du chapitre : Euh… du 02/10/2014 à ce jour. Mon dieu, j'ai tellement honte !
Note d'auteur : Lisez là, s'il vous plait… Je sais que vous voulez lire ce chapitre en premier, mais lisez là, même si vous devez revenir dessus par la suite. Merci.
Ainsi, en premier, je vous présente mes plus plates excuses pour cette attente. Je n'ai pas réellement de bonnes raisons. La vie, simplement. J'ai été licenciée de mon précédent travail (de l'enfer), j'en ai trouvé un autre (qui est chouette) et qui me prend beaucoup d'énergie. Les rares moments où je pouvais écrire se sont fondu dans ma récente passion pour Supernatural dont la multitude de fictions m'ont abreuvées d'histoire cadrant plus avec ma mentalité d'adulte que Harry Potter, très enfantin.
Ainsi, AP a été plus difficile à réintégrer dans mon esprit car il reste fort « enfant » malgré ses lemons corsés, dû à l'âge de nos héros. Je ne vous ai cependant jamais oublié, ni abandonné.
Quant aux fans de MF, qu'ils se rassurent : cette histoire a un caractère plus « adulte » qui rend son écriture très aisée. Je dois toutefois tout relire (et oui) afin de m'y immerger entièrement et surtout, renoter certains détails, afin de ne pas commettre d'impair. Ensuite, je reprendrai son écriture.
Crédule que je suis, je pensais finir la fic en deux chapitres, ça en fera trois. Ce chapitre, un dernier (que je vais commencer tout de suite après la publication de ce dernier) et un épilogue. Encore désolée pour cette attente. Je ne fais aucune promesse quant à l'arrivée de la suite, je ne me fais pas assez confiance pour ça ! Mais je ne vous oublie pas !
Pardon pour cette attente. J'espère que le chapitre vous plaira !
oOo
Chapitre 33 : Séquestration
Un mois.
Le pire était l'ennui. Inévitable, puissant, envahissant. L'ennui rongeait tout. Dans une cellule pourvue de seulement un lit, une chaise et un minuscule cabinet de toilette, il n'y avait rien à faire, en particulier quand lesdits murs étaient imprégnés d'argent. Cela l'obligeait à rester au centre de la pièce un maximum de temps et donc limitait ses déplacements déjà peu possibles vu la restriction de la place. Il y avait bien le journal et les pamphlets habillement dissimulés à l'intérieur, mais très vite, Harry les connaissait par cœur.
Il n'y avait aucun moyen de savoir depuis combien de temps il était enfermé. Aucun repaire temporel, si ce n'est les trois repas par jour et le roulement des gardiens, mais rien ne lui prouvait que cela n'était pas subtilement prolongé. Il tentait de s'orienter grâce à la gazette et aux nombres de repas, et il était affligé de constater que cela ne faisait qu'environ 1 mois et 2 semaines qu'il était enfermé. Une petite voix négative persiflait alors: "Plus que 10 mois et 2 semaines". Cette petite voix négative amplifiait sa rage d'être enfermé et sa douleur d'être séparé de Draco et il tentait de l'ignorer, de la faire taire, mais cela devenait de plus en plus difficile au fur et à mesure que son emprisonnement perdurait.
Il avait eu la visite d'Alrick après une semaine d'incarcération, contrairement aux deux jours promis. Ce recul dans l'horaire prévu par le calice lui avait déjà signifié qu'il ne sortirait pas après trois mois, comme l'avait annoncé l'avocat. Il avait un air sombre alors que lui et un représentant officiel de l'accusation s'étaient présentés pour prendre son témoignage. Chacun y était allé de sa kyrielle de question et Harry avait répondu en toute honnêteté. Il n'avait pas eu l'impression de mentir une seule fois en tout cas, mais après le départ d'Alrick à tête reposée, il se rendit compte que le mythomane professionnel avait si bien orienté ses questions que, sans toutefois paraître en être totalement fan, Harry n'avait fait que complimenter Lucius Malfoy.
Nul doute après cette démonstration de manipulation qu'Alrick parviendrait à ses fins, mais quand… Harry l'ignorait et son impatience n'en était pas ravie.
La première pleine lune en solitaire avait été une torture. Harry comprenait maintenant l'importance cruciale d'avoir un alpha pour l'aider à passer ce cap et il nourrissait envers Remus un certain respect. Comment l'homme avait-il pu souffrir ainsi chaque mois depuis son enfance, cela dépassait l'entendement. Harry savait par avance qu'il n'aurait pas tenu: il aurait juré allégeance au premier alpha de passage pour cesser cette torture indescriptible. La transformation en elle-même avait été atroce, bien plus pénible qu'à l'habitude, mais surtout l'entente générale qu'il avait avec son loup avait semblé s'effacer. Quand la créature avait compris qu'elle était séquestrée dans une pièce aux murs d'argent, loin de se calmer, elle avait simplement disjoncté: elle avait tenté de griffer les murs, avait mordu les barreaux devant la porte, couru en cercle à s'en épuiser… Quand Harry s'était réveillé le lendemain, ses pieds et ses mains étaient en sang, sa bouche et ses dents douloureuses d'un acharnement totalement inutile.
Il avait reçu quelques soins, heureusement, de la part d'un médicomage acariâtre et à peine concerné. Si ses plaies étaient maintenant refermées, cela s'était fait lentement, bien plus que nécessaire. Harry s'était suffisamment blessé par le passé que pour savoir reconnaître un soin efficace d'une pratique médicale bâclée. Il était certes prisonnier, certes un loup-garou, mais il avait au moins espéré que son dernier service rendu à la communauté sorcière eut été important. L'impression de n'être finalement qu'un moyen pour une fin lui fut insufflée avec puissance et il commença à se demander si cette incarcération n'était pas plutôt un moyen détourné de se débarrasser de lui, le temps que les politiciens rassemblent les quelques miettes de pouvoir qu'ils pouvaient glaner dans cette reconstruction ministérielle surgissant après la guerre.
Lui qui n'avait de toute façon aucun désir ni envie de se lancer dans un combat politique! Lui qui n'avait eu qu'une idée: rentrer au village et ne plus en bouger… Sa rancœur envers Hermione avait atteint des sommets après la première semaine. Au fur et à mesure, toutefois, il s'était calmé. Bien sûr, il ne serait pas resté si Hermione n'avait pas insisté et ce gâchis n'aurait jamais eu lieu… Mais Harry savait aussi qu'il aurait pu dire non. Il aurait pu refuser de répondre aux demandes de son amie, elle ne l'avait ni menacé, ni obligé. Il l'avait fait, pour la contenter, mais aussi en partie parce qu'il savait qu'elle avait raison. Un monde sorcier dispersé, en ruine, était dangereux, tant pour les sorciers que pour les créatures magiques. Il aspirait à une paix durable et même si son côté lycanthrope ne demandait qu'à rentrer à la maison avec son alpha, la partie humaine avait conscience de l'importance de ces premières semaines. De mauvaise foi, il avait accusé Hermione de ce sacrifice alors même qu'une partie de lui était d'accord pour le faire. Il n'en était toutefois pas arriver à un stade de sa réflexion suffisant que pour lui pardonner. Après tout, si elle n'avait rien demandé, sa partie lycanthrope aurait gagné et il serait resté au village, en sécurité, pour de très nombreuses années! Et il n'aurait pas été séparé de Draco…
Le manque de l'alpha était insidieux, discret, mais il s'installait malgré tout. Harry n'avait pas encore l'impression de devenir fou – l'ennui se chargeait de sa santé mentale – mais il devait admettre qu'il n'allait pas bien. Le plus étonnant était que cela se manifestait physiquement. C'était une raideur des membres d'abord, puis une douleur musculaire et articulaire ensuite. C'était parfois juste des tiraillements, comme s'il essayait de sortir de sa propre peau et parfois fulgurant, comme si quelqu'un lui lançait un doloris. En général, après un rêve réaliste (comme il les avait appelé), il allait mieux. La douleur redevenait une simple raideur l'espace de plusieurs heures, parfois même jours. Puis, s'il ne rêvait pas de Draco, elle revenait avec plus de force encore.
Paradoxalement, dormir alors qu'il souffrait était difficile et il lui fallait parfois plusieurs jours d'insomnie avant de finalement plonger dans un sommeil bienvenue, tant à cause du soulagement de la douleur que de la fatigue pesante qu'il ressentait. Afin de s'endormir plus vite, il tentait de s'épuiser par des activités physiques intenses, mais la petitesse de la pièce et les murs en argent le limitaient grandement dans ses déplacements. Il sautait sur place, faisait parfois des séries d'exercices comme des abdominaux ou des flexions. Mais son préféré restait de fermer les yeux et de courir sur place. Si son imagination travaillait suffisamment bien, il pouvait se visualiser dehors, dans la forêt et non dans une petite cellule, en attente de sa délivrance.
Il se savait fort mentalement. En toute modestie, il estimait pouvoir tenir l'année, malgré la douleur physique provoquée par l'absence de son alpha. Il avait bien survécu à l'incursion de Voldemort dans son esprit… Sûrement, la douleur ne pouvait pas être aussi forte que ça?
Toutefois, parfois, lorsqu'il était étendu sur son petit matelas, perclus de douleur et désespérant de s'endormir, une petite voix lui chuchotait : ça ne fait qu'un mois…
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Deux mois
Sa majorité approchait. Il serait bientôt un alpha officiellement et Draco s'en réjouissait autant qu'il le craignait. Dans un mois, il pourrait reprendre définitivement les rênes du village et cesser de partager la meute avec Joshua. Car il s'agissait de cela. Joshua était l'alpha de jour et Draco celui de nuit. N'importe qui pouvait à tout moment déclarer qu'il préférait garder le vieil alpha comme chef et la crainte qu'une telle chose soit soufflée dans l'air rendait Draco instable. D'accord, encore plus instable qu'il ne l'était déjà. Le loup en lui était nerveux. Bien qu'il n'ait aucune souffrance physique (contrairement à Harry, il pouvait la percevoir parfois), son caractère en avait pris un coup, si bien que certains des habitants – les plus peureux – préféraient s'adresser au vieil alpha plutôt qu'à lui, de crainte de se voir répondre vertement. Draco comprenait leur peur, était désolé de réagir agressivement, mais chaque fois qu'il sentait une pointe de douleur venant du lien, il grinçait des dents et avait parfois tellement envie de partir tenter une libération de force d'Harry qu'il devait littéralement s'enfermer ou frapper dans quelque chose.
Joshua le comprenait et alors qu'une part de Draco le voyait comme un rival, une autre part de lui savait que sans son mentor, il serait déjà parti depuis longtemps chercher son compagnon. A la place, le vieil alpha lui avait donné une tâche particulière et difficile, qui pouvait se faire de nuit et qui l'occupait assez que pour évacuer la rage qu'il ressentait : construite une maison pour Harry et lui.
C'était apparemment une tradition dont il n'avait pas été informé : quand un nouvel alpha était élu, il se devait de brûler la maison de l'alpha précédent, détruisant ainsi son odeur, et reconstruire au même endroit une autre maison. Le bûcher de la maison de Greybackavait été précédé d'une grande cérémonie où un ultime hommage lui avait été décerné. Ensuite, tout le village avait aidé à se débarrasser des décombres et de la cendre. Draco avait ressenti l'unité de sa meute lors de l'action et il l'avait savourée, permettant au bien-être d'effacer un instant son chagrin.
Chyreer était le plus compatissant de tous envers lui. Il savait ce que cela faisait de ne pas avoir son compagnon et tentait de rendre sa douleur plus supportable. Il l'accompagnait partout, vivant lui aussi de nuit. Dès lors qu'un sentiment de bonheur envahissait Draco via le lien, il s'esquivait, laissant les deux compagnons seuls. Draco se demandait vaguement de quoi il avait l'air alors, parlant tout seul sur un terrain calciné où il s'évertuait à construire une maison pour lui et son compagnon. Il arrêtait tout travail lorsqu'il ressentait la présence d'Harry, s'asseyait par terre ou déambulait de long en large, lui racontant les progrès réalisés par le village, lui déclarant son amour, l'encourageant à ne pas perdre espoir.
L'espoir, Draco en avait, bien que ténu. Alrick était venu lui annoncer qu'il comptait bien prendre l'affaire d'Harry, dès lors que Lucius serait libre et il se vantait d'y parvenir rapidement. Draco ne comprenait pas comment le calice pouvait être si sûr de lui, mais il connaissait le talent de l'homme pour le mensonge. Lui-même tombait dans le panneau à chaque parole de l'avocat, mais cela ne le rassurait pas pour autant. Ne mentait-il pas, en scandant haut et fort que Lucius Malfoy serait dehors dans les trois mois?
A côté du procès de Lucius Malfoy, d'autres avaient lieu et notamment celui de Severus Rogue. Si l'ancien espion avait tout d'abord refusé de se rendre au ministère, craignant lui aussi une incarcération, une lettre officielle lui avait été envoyée, promettant que son passage au tribunal et devant le Magenmagot n'était qu'une formalité afin de valider son innocence. L'espion avait hésité avant d'accepter finalement de répondre positivement. Mais le ministère n'avait pas menti. Ça n'avait vraiment été qu'une formalité pendant laquelle on le déclara non coupable de crime contre le monde sorcier. Bien sûr, on tenta de soulever les crimes qu'il avait dû commettre pour son rôle, mais encore une fois, le seul crime réel qui lui était imputé était la mort de Dumbledore et ce dernier avait déclaré par écrit, dans un témoignage magiquement certifié, que Severus Rogue l'avait tué à sa demande expresse (vu qu'il était de toute façon agonisant) et afin de mieux stabiliser sa position d'espion.
D'autres n'avaient pas cette chance. Draco vit passer plusieurs noms connus dans la Gazette, des noms de mangemorts amis de son père mais aussi de Serpentard qu'il avait bien connus à Poudlard. Certains l'attristèrent un peu, comme Crabbe et Goyle, mais d'autres le laissèrent totalement indifférent. Ils avaient choisi leur camp. Toutefois, Draco se rendait compte de la chance qu'il avait. S'il n'avait pas été envoyé au village, s'il n'était pas devenu le compagnon d'Harry, son nom aurait peut-être figuré dans la Gazette. Il pouvait toujours y apparaître cela dit, s'il ne restait pas strictement cantonné au village qu'il ne quittait de toute façon que pour changer de pays.
En effet, à l'aide de plusieurs alphas principaux des Etats-Unis, du Canada, d'Asie et même d'Afrique, Draco recherchait à en savoir plus sur le lien et sur leur capacité "spéciale". Il contactait certains alphas via courrier (il se devait de rester au village au maximum, au cas où un alpha étranger viendrait réclamer sa propre meute fragilisée par son jeune âge) principalement et s'il partait, ce n'était jamais plus de quelques heures.
Jack, Pierce et les autres faisaient leur propre recherche, mais ils avaient leur propre meute à gérer et n'étaient pas à disposition de Draco. Ce dernier le comprenait bien, mais chaque fois qu'il sentait la douleur d'Harry via leur lien, il souhaitait qu'il y ait un moyen de lui envoyer un peu plus de réconfort, quelque chose qui apaiserait la douleur. Jusqu'à présent, aucun couple lycanthrope n'avait encore répondu positivement quant à la possibilité de rapprocher les âmes de deux liés avec plus d'efficacité qu'une simple sensation. La capacité d'Harry de rêver de lui était d'ailleurs totalement unique.
Ce fut Gabriel, qui discutait avec lui une nuit, tranquillement assis sur une chaise en plastique pendant que Draco continuait de creuser les fondations de leur future maison, qui lui donna une idée.
"Ça ressemble plus à une sorte de talent divinatoire qu'au lien, lui dit-il, pensif. Peut-être que tu devrais aussi contacter des devins…
-Si c'est lié à la divination, je ne risque pas de pouvoir l'aider, souffla Draco, ennuyé. Je n'ai aucun talent dans ce domaine!
-L'aider, non, lui répondit Gabriel. Mais vous êtes lié. Vous partagez un lien d'âme qui les relie… Peut-être qu'avec le talent d'Harry et votre lien, vous pourriez parvenir à établir un pont plus solide? Il pourrait apprendre à travers toi à être plus… Efficace?"
Draco s'arrêta de creuser un instant, pensif. Il se souvenait encore de cette fois où Harry avait réussi à le toucher, lors de ses gardes imposées. Il tourna la tête vers Gabriel qui le fixait, attentif à la soudaine tension de ses épaules.
"Je ne connais personne ayant des talents particuliers qui pourraient me répondre, avoua Draco.
-Peut-être les alphas en connaissent-ils? Ou ton aïeul?
-Je refuse de recontacter Devis", trancha Draco, en se remettant à creuser.
Gabriel leva les yeux au ciel à sa réponse. Même si Alrick avait accepté de traiter le cas d'Harry, Draco n'en faisait pas moins la tête à son vampire d'arrière-grand-père.
"Je n'ai pas vraiment envie d'écrire encore une dizaine de lettres qui restent de toute façon la plupart du temps sans réponse, avoua Draco, soudain las. Le temps qu'elles arrivent, qu'ils cherchent et me répondent, Harry sera probablement dehors!"
Il jeta sa pelle dans un mouvement de rage incontrôlé. Gabriel grimaça. Il était vrai que les autres alphas étaient peu aidants actuellement. Au fond, ce n'était pas leur problème et s'ils compatissaient et tentaient d'aider, ils n'y mettaient certainement autant de cœur que s'ils avaient été directement concernés.
"Il faudrait se déplacer, répondit Gabriel. Les voir en face…
-Ça ne règle pas grand-chose, répondit Draco. Ils hochent la tête, promettent de se renseigner et je dois ensuite repartir aussi vite… Et tu sais que je ne peux pas m'éloigner indéfiniment du village!
-Alors ne t'en éloigne pas, répondit le plus jeune, haussant les épaules. J'irais, si tu veux.
-Toi? S'étonna Draco. Tu ne sais pas transplaner!
-Alors je demanderai à un de tes amis sorciers de m'accompagner, répondit simplement Gabriel. C'est pour leur ami sauveur, après tout. Je suis sûr que l'un d'eux serait d'accord."
Draco resta silencieux. L'un d'eux? Sans doute tous… mais ils ne pouvaient pas trop se disperser, la campagne pour la réforme des droits des lycanthropes et surtout, la libération d'Harry, était trop importante que pour être arrêtée. Hermione la gérait d'une main de maître et malheureusement, elle était celle qu'il aurait bien volontiers envoyée avec Gabriel. Elle avait le tact et la diplomatie nécessaire pour ce genre de mission… Weasley était quelqu'un de bien, même Draco pouvait l'admettre, mais il était maladroit… Insulter un alpha étranger était une très mauvaise idée, surtout à l'heure actuelle.
"Une préférence? Demanda Draco, malgré tout.
-Seamus, répondit Gabriel, comme si c'était évident. Je m'entends bien avec et il ne fait pas partie du trio d'or, son départ passera plus inaperçu, nous aurons donc moins de risque d'être suivi ou cherché…"
Draco fronça les sourcils. Seamus Finnigan? Il ne l'aurait même pas envisagé… Toutefois, la logique de Gabriel se tenait.
"Très bien, dit-il, reprenant sa pelle et recommençant à creuser. Contacte-le et vois s'il est d'accord. Demande-lui de venir avec Granger… Elle aura peut-être des idées sur qui contacter…"
Gabriel soupira.
"Tu recommences à l'appeler Granger…"
Draco ne répondit pas. Sa colère envers la jeune femme avait décru, mais il avait cessé de l'appeler Hermione depuis l'arrestation d'Harry. Le loup en lui cherchait un responsable et comme il ne pouvait pas vraiment s'attaquer aux hommes du ministère, il lui était plus facile de s'en prendre à elle. Hermione n'avait pas bronché ni même protesté. Elle avait semblé comprendre, tout comme Ron. Au moins, Draco ne l'avait pas attaquée et il avait cessé de la fusiller du regard après le premier mois.
"Je leur en parlerai demain, lui dit Gabriel en se levant de sa chaise, s'étendant. Ils doivent venir pour les articles."
Draco se retint de lever les yeux au ciel. Autre raison pour laquelle il détestait dormir le jour, il ratait le plus gros de la campagne et ne pouvait donner son avis qu'à retardement, quand tout avait été décidé… Il avait droit à un compte rendu, mais ce n'était pas la même chose. Il avait ce besoin maladif de s'assurer que rien ne laissait présumer d'un village en Angleterre et qu'aucun indice ne soit donné quant à sa position. Bien qu'il devait l'avouer, il ne savait pas lui-même où le village était situé…
"Si tu pouvais te contenter de demander à Granger et les autres de rester jusqu'à mon réveil, qu'on en discute tous ensembles, cette fois… ça me concerne tout de même directement, non?"
Gabriel acquiesça. Il était fidèle à Draco et lui obéissait depuis déjà si longtemps que peu importe son horaire décalé ou sa mauvaise humeur, il ne le fuyait pas et ne le contredisait pas. Ou pas sur les points importants.
"Je le ferai, promit-il. Je vais aller dormir, d'ailleurs. Ça ira tout seul?"
Draco leva les yeux au ciel.
"Très bien papa, merci!"
Gabriel secoua la tête et partit. Draco cessa de pelleter la terre quelques minutes, levant le visage vers le ciel étoilé où la lune s'arrondissait de jour en jour. Ils seraient bientôt à une autre lune trois-quarts où Draco passait son temps à pleurer. A une autre pleine lune où son loup hurlait à la mort après son compagnon torturé par sa propre folie solitaire… Débordant soudainement de rage, Draco se remit à pelleter. C'était tout ce qu'il pouvait faire, malheureusement.
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Trois mois
Avait-il crié assez fort? Ou le fait de demander à un des Aurors sympathisants d'envoyer la lettre de menace avait-il été suffisant? Dans tous les cas, Harry eu le plaisir de voir arriver Alrick dans sa cellule un matin. Les Aurors partirent très vite, laissant l'avocat et "son" client seuls.
"Que me vaut ce chantage odieux? Demanda Alrick.
-J'avais besoin de vous voir.
-Moi en particulier ou quelqu'un simplement?
-Vous, car d'après Albert, seul mon avocat peut répondre à mes demandes de ravitaillement en vêtements et occupation.
-Albert?
-Un auror, répondit Harry, hargneux. Comment va le procès de Lucius?
-Dans le sens que je veux, répondit simplement Alrick. Tu m'as dérangé pour des vêtements et des distractions?
-On échange? Demanda Harry, se retenant presque de se lever pour aller frapper le calice. Je suis enfermé ici depuis deux mois pleins, j'entame le troisième et je deviens fou d'inactivité! Et le but n'est pas que je devienne fou avant que vous vous décidiez à m'aider à sortir d'ici, le but est que je sois sain d'esprit! Si vous voulez mon avis, tous les lycanthropes se sont suicidés d'ennui, ils ne sont pas morts par tristesse ou manque de leur compagnon.
-Et que faudrait-il à sa majesté pour l'occuper?"
Harry grogna, menaçant. Deux mois de solitude et d'ennui avaient sérieusement rongé sa patience et sa tolérance. Alrick sembla comprendre que l'homme devant lui, s'il était humain, avait nettement moins de conscience et il se redressa, levant la main dans un signe de paix.
"Que veux-tu? Répéta-t-il, plus patient.
-De la lecture, répondit Harry. Et des vêtements propres. Les sorts de nettoyage ne sont pas la même chose qu'un vrai lavage et apparemment, les tenues de prisonniers ne sont réservées qu'aux personnes allant à Azkaban…
-Tu n'es techniquement pas en détention, répondit Alrick. Tu ne peux juste pas partir d'ici.
-J'appelle ça la prison, répliqua Harry. J'aimerai un jeu de carte ou d'échec aussi… Je peux jouer seul, mais il me faut de quoi jouer! Des crayons de couleur, du papier et des pastels.
-Des pastels? Répondit Alrick.
-J'ai envie de faire de la décoration d'intérieur, ironisa Harry. Je suppose qu'on dira non à de la peinture et je n'ai jamais été doué avec un pinceau à l'école élémentaire, mais je sais manier un crayon et des pastels… Et ne lésinez pas sur le stock de papier!"
Alrick soupira mais hocha la tête. Il prit le temps d'observer un instant son futur client, s'attardant sur ses traits tirés et le tremblement léger de son corps. Harry se tenait droit, avait une posture agressive, mais il semblait avoir rapetissé. Sa peau était pâle et il avait maigri. L'exposition à l'argent avait commencé à le rendre physiquement malade et le manque devenait suffisamment imposant que pour rendre la douleur permanente, même avec les rêves. Le calice soupira mais se leva, lissant sa robe avec précaution.
"Je ferai de mon mieux, dit l'avocat. Tout sera bien entendu passer au crible, mais je tenterai de t'amener suffisamment de vêtement pour pouvoir tenir un autre mois, ainsi que des occupations. De la nourriture?
-Je suis bien nourris, répondit Harry, semblant se relaxer soudainement. Mais si tu peux, oui, je veux bien des sucreries… Je ne pense pas que ça puisse me faire de mal. Privilégie le chocolat."
Alrick hocha la tête et se détourna du lycanthrope encore assis.
"La prochaine fois que tu me menaces de mentir au sujet de Lucius et de son innocence, tu pourras te trouver un autre avocat."
Puis il sortit sans attendre de réponse.
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Draco était en train de s'assurer que la charpente de la maison était bien solide lorsqu'Alrick s'approcha de lui. Le travail manuel avait donné au corps de Draco plus d'envergure, ça et l'approche de son premier anniversaire en tant que lycanthrope. Premier anniversaire et surtout, majorité. Encore une vingtaine de jours et Draco serait officiellement l'alpha du village. Joshua n'aurait d'autre choix que de se reculer à nouveau et Chyreer garderait sa place de second jusqu'à ce qu'Harry soit libéré. Draco attendait ce moment avec impatience. Plus son anniversaire approchait et plus il devenait nerveux à l'idée de laisser autant de contrôle à un autre alpha. Joshua le savait et s'assurait toujours de montrer à Draco le respect qui lui serait dû lorsqu'il serait majeur. Il ne le prenait pas de haut, ne lui donnait pas d'ordre mais des conseils. Ses efforts aidaient grandement Draco à se calmer en sa présence, sans quoi, il l'aurait déjà attaqué sans remords.
"Tiens… Mon grand-père par alliance, se moqua Draco, regardant Alrick de haut. Mon père est libre, ça y est?
-Presque, répondit Alrick. Je ne viens pas pour ton père, je viens pour ton compagnon."
Draco fronça les sourcils. Il descendit souplement du perchoir sur lequel il était assis et atterrit sans mal devant le calice. Le contraste était frappant entre Harry, malade et perclus de douleur, et Draco, en pleine santé, se développant lentement vers l'âge alpha.
"Tu l'as vu… Comment… Enfin, est-ce qu'il tient bon?
-Autant qu'il peut, répondit Alrick, mais il s'ennuie. Il m'a contacté pour que je le ravitaille en vêtement, occupations et bonbons. C'est là que tu interviens.
-J'ai ses vêtements chez moi, je peux te faire un sac tout de suite."
Draco se dirigeait déjà vers la maison que les Gryffondor et lui avaient occupé, mais Alrick l'arrêta.
"Je ne viendrai tout chercher que dans une semaine, lui répondit Alrick. J'aurai besoin que tu profites de ce temps pour imprégner les vêtements de ton odeur.
-Les impré…"
Draco cessa aussitôt sa question et un sourire moqueur apparut sur ses lèvres. C'était brillant! Le lien passait par beaucoup de capteurs différents et s'il y en avait qui était utilisé particulièrement, c'était bien l'odorat!
"J'aurais dû y penser, ragea Draco. J'aurai du te contacter pour que tu en fasses la demande, mais je pensais qu'il aurait des vêtements de prisonnier, pas qu'il pouvait porter ses propres affaires!
-Il n'est techniquement pas un prisonnier, lui dit Alrick, un léger sourire moqueur aux lèvres. Je sais, je sais… ça y ressemble pourtant fortement… Bref, je reviens dans une semaine chercher les vêtements, des livres et, si tu sais ce qu'il préfère, des bonbons au chocolat.
-Chocolat? s'étonna Draco. Ah, oui, brillant… Au lait, en grande quantité… Je ferai le nécessaire!"
Alrick hocha la tête puis fit demi-tour et repartit. Draco s'étendit en le regardant s'éloigner. Si vraiment, Lucius était bientôt dehors, alors il y avait de l'espoir pour qu'Harry le soit aussi. Il ne voyait pas trop comment, car d'après Granger, aucun lycanthrope n'avait jamais eu droit à un procès pour libération… Mais aucun lycanthrope n'avait sauvé le monde sorcier. Aucun lycanthrope n'avait jamais eu d'avocat non plus. Et aucun lycanthrope n'avait mené petit à petit à un véritable soulèvement de la population.
Les feuillets de propagande portaient leur fruit. Le peuple sorcier était certes réfractaires à donner des droits aux lycanthropes, ils s'opposaient farouchement à ce qu'ils aient accès à l'école de sorcellerie ou à certains métiers (tels que professeur d'école ou autre fonction leur donnant la possibilité d'accéder à d'inoffensifs enfants), mais les sorciers ne voyaient pas en quoi leur laisser le droit de se rassembler et d'avoir un alpha responsable les dirigeants serait une mauvaise idée. Bien sûr, cet argument était suivi par un autre demandant à ce que l'alpha soit validé par le ministère, ce qui faisait grogner Draco de rage (il ne serait très certainement pas validé, peu importe que son innocence soit prouvée par les révélations écrites et le tableau de Dumbledore). Comme si des humains pouvaient décider de qui était leur chef?
Les sorciers acceptaient aussi qu'ils construisent une communauté, mais elle devait être dans un endroit approuvé, avec des gardes pour s'assurer qu'ils n'en sortaient pas. En gros, ils optaient pour une réserve lycanthrope, un peu comme il en existait pour les dragons. Aucun loup-garou n'était d'accord avec ça, bien entendu, mais le fait même qu'on envisage une telle perspective était déjà une évolution. Restait maintenant à pousser dans le sens qui les intéressait: des alphas reconnus, autorisés à vivre en meute pour contrôler leur folie, à profiter de leur vie, à avoir des métiers (avec une semaine de congé non rémunéré si nécessaire trois jours avant la pleine lune et trois jours après), bref, à avoir une vie normale. Mais le chemin était encore long pour cela.
L'aide de certains politiciens était toutefois la bienvenue et l'ancien ordre du Phénix n'était plus seul à militer à présent. Aucun de ces politiciens n'avait été autorisé au village, Draco s'y opposait formellement, mais Chyreer avait pu en rencontrer quelques-uns de ces hommes et femmes et les réunions les aidaient à comprendre que cette fois, les lycanthropes ne se contenteraient pas d'un morceau. Ils voulaient tout.
Plus encore que les lycanthropes, d'autres espèces s'étaient immiscée dans la bataille pour une révision de leur droit. Les centaures demandaient à ce que leur terrain soit plus respecté et protégé, les vampires réclamaient l'élaboration d'une banque de donation sanguine volontaire pour les aider à faire face, les vampires avec calice souhaitaient être reconnus non dangereux… Les sirènes demandaient à ce que l'écologie soit mieux respectée, que ce soit d'un point de vue sorcier ou humain…
La reconstruction du ministère se voyait compliquée par autant de demandes, mais Kingsley Schaklebolt avait finalement été élu définitivement ministre, bien qu'il n'eut pas été sûr de ce choix de carrière. L'ordre avait bien conscience qu'il fallait profiter de cette vague pour essayer d'harmoniser un minimum les différents peuples et l'ancien auror n'avait eu d'autre choix que de valider son poste jusqu'alors provisoire.
Le fait d'avoir un allié si haut placé était une aubaine, bien que le procès futur d'Harry, si procès il y avait, ne serait pas jugé par Kingsley, mais par le Magenmagot… Magenmagot où il manquait énormément de membres, le quart étant en prison suite à leurs activités mangemorts. Sur les trois quarts restant, deux ou presque étaient affiliés à Voldemort, sans qu'il n'y ait de preuve formelle contre eux. Certains volontairement, d'autres non. Et le dernier quart était les peureux qui étaient restés neutres et trop insignifiants que pour être embrigadés… Rien de bien réjouissant, mais en cette période de paix à venir, où les mages noirs allaient être persona non grata, il serait sans doute préférable de prendre le parti du sauveur du monde magique…
Tout ça, c'était l'éducation de Draco qui le lui avait soufflé un jour qu'il n'arrivait pas à dormir, couché dans son lit à fixer le plafond. Les insomnies devenaient plus fréquentes tant le lien lui transmettait de la souffrance et du désespoir. Harry n'allait pas bien, qu'importent les rêves qui devenaient plus fréquents… Il leur fallait une solution et vite, sinon Merlin savait ce qu'il se passerait au fur et à mesure des mois qui s'écoulaient…
Draco soupira et abandonna sans honte la construction de sa maison. Elle pouvait attendre. Pas sa nouvelle mission. Il retourna d'un pas lent jusqu'à l'ancienne maison des Gryffondor. Il s'était naturellement installé là-bas car elle était plus éloignée du village et il était ainsi moins dérangé par les bruits extérieurs durant la journée, lorsqu'il essayait de dormir. Il était aussi moins tenté de rejoindre les membres de sa meute qui vivaient leur vie sans lui, leur alpha en devenir.
Le village était très calme la nuit, beaucoup dormait et ceux qui ne le faisaient pas se déplaçaient sur la pointe des pieds pour ne déranger personne. Cette nuit-là, toutefois, Draco ne croisa personne alors qu'il avançait vers sa propre demeure. Il y entra, percuté par le silence et la solitude qui y régnait. Bien qu'il ne voulait pas revivre sous la peur que Voldemort inspirait, Draco se morfondait à sa façon sur le passé. Celui où en rentrant, il était accueilli par un Harry souriant, Hermione et Ron occupés à se chamailler ou à d'autres activités dont il ne s'était jamais préoccupé. A présent, personne n'était dans la maison bien trop grande pour lui tout seul.
Draco ne s'attarda pas dans le salon, ne fit même pas un crochet par la cuisine. Il avait l'appétit coupé la plupart du temps de toute façon et n'avait aucune envie de se forcer à manger. A la place, il entra dans sa chambre et soupira encore en voyant le lit vide. Un sentiment de tendresse l'envahit et il ferma les yeux un instant pour le savourer.
"Bonjour Harry, dit-il avec un léger sourire. Tu t'es endormi, enfin… Il est déjà deux heures, mais je vais rester éveillé aussi longtemps que possibles, je te le promets."
De la reconnaissance filtra et Draco sourit, secouant la tête.
"Pas besoin de me remercier, lui dit-il en se dirigeant vers le lit dont il enleva souplement la couette. Alrick est venu me faire part de ta demande, je vais m'occuper des vêtements. Tu devrais les avoir dans une semaine."
Tout en parlant, Draco se dirigea vers le placard contenant leurs vêtements. Il saisit plusieurs pantalons, t-shirts et pulls appartenant à Harry et entreprit méthodiquement de les étaler sur le lit. La curiosité et l'interrogation qu'il ressenti le fit sourire.
"Je vais dormir nu dessus, lui répondit Draco, comme si Harry lui avait posé la question oralement. Ainsi, ils auront mon odeur en eux. Quand tu les recevras, que tu les porteras, tu me porteras en même temps. J'espère que cela pourra t'aider."
De l'amour et de la reconnaissance encore, dans un torrent d'impatience. Draco se dévêtit, perçu du désir vite étouffé, se coucha et se recouvrit, lui et les vêtements, de la couette, entraînant de la déception. Le blond rit.
"Il fait trop froid pour rester simplement nu ici, j'ai besoin de ma bouillotte humaine pour ça… ou de faire certaines activités, mais notre précédente tentative me dit que je ne dois pas réessayer…"
La seule fois ou Draco avait tenté de se masturber sous les yeux d'Harry, ce dernier s'était réveillé à cause de l'excitation et n'avait pas réussi à se rendormir avant que Draco ne soit lui-même plongé dans le sommeil. Depuis, même s'ils avaient tous les deux appréciés l'expérience, ils avaient convenu de ne pas recommencer. Pas tant que Gabriel ne serait pas revenu avec des idées pour les aider à mieux contrôler le lien.
"Ah, que je pense à Gabriel, lui dit Draco, j'ai eu de ses nouvelles. Seamus et lui ont rencontré quelqu'un en Russie qui connaîtrait un lycanthrope doué en magie de l'esprit. Aux dernières nouvelles, ce loup parcourait les plaines de Sibérie, ils vont s'y rendre pour le rencontrer et espèrent avoir de bonnes nouvelles à nous transmettre, mais… Alrick dit qu'il aura bientôt libéré mon père et franchement, j'espère qu'il pourra te faire sortir avant qu'ils aient trouvé ce loup…"
Harry répondit à ses mots par un sentiment vacillant dangereusement plus vers la résolution que vers l'espoir.
"Je sais, c'est difficile à croire. Ce n'est que le troisième mois et tu souffres, je le sens. J'aimerai pouvoir te faire sortir. Attaquer le ministère et t'extraire de là. Bon sang, Ron aussi le voudrait. Il ne cesse d'échafaudé des plans en compagnie de Londubat et autres têtes brûlées de Gryffondor, mais Granger est toujours la voix de la raison. Ron dit que si tu avais été là, elle aurait tenté, mais comme tu n'es pas là pour l'empêcher de trop réfléchir, ils n'arrivent pas à la convaincre. Notre seule chance est Alrick. La campagne menée par Granger porte ses fruits mais ça prendra des années avant que des lois correctes ne soient établies. Je ne me fais pas d'illusion à ce sujet. D'ici là, on doit s'accrocher à lui. Tu dois t'accrocher, Harry."
Ce dernier répliqua par un semblant de détermination et Draco s'enroula autour des vêtements sur lesquels il était couché.
"Avec un peu de chance, cette petite manœuvre aidera, dit-il en désignant les pulls qu'il enlaçait. Je récupérais les vêtements que tu portes en tout cas et je te jure que je vais les inhaler avec tellement de force que l'odeur va probablement se loger dans mon nez pendant des semaines!"
De l'amusement avec de la tendresse et Draco soupira en s'en gorgeant, transmettant lui aussi autant d'amour qu'il le pouvait par le lien.
"Sur un registre un peu plus encourageant, Rosalia grossit à vue d'œil! Chyreer pense que ce sont des jumeaux! Tu imagines? Deux petits Greyback crapahutant au village? Tant qu'aucun d'eux n'est aussi chiant que leur père, ça devrait être amusant à voir. Chyreer s'est installé chez elle, bien qu'elle ait grogné encore et encore à son encontre. Je me demande, s'il n'était pas déjà lié, si ces deux-là n'auraient pas fait un couple parfait… Enfin, inutile d'y penser, c'est impossible. Oh, Ginny Collins a accouché! C'est une petite fille."
Draco ressentit la colère d'Harry à la mention du nom de son ex petite amie et il fronça vaguement les sourcils. Harry était toujours en colère quand Draco parlait d'elle et il aurait aimé comprendre pourquoi. Malheureusement, juste sonder la colère d'Harry ne pouvait pas répondre à ses interrogations.
"L'épouse de Remus aussi a accouché. C'est un petit garçon. Teddy Lupin. Remus t'a fait parrain. A première vue, il a tout pris de sa mère, rien de son père. Pas de nouveau petit lycanthrope donc de leur côté, à moins qu'ils n'aient un second enfant qui tienne de son père, qui sait? C'est le tout le malheur que je leur souhaite."
A nouveau, de l'amour et peut-être une pointe de regret. Draco fronça les sourcils à ce dernier sentiment, l'analysant rapidement puis comprenant aussitôt.
"Tu le rencontreras dès ta sortie, ne t'en fais pas. Tu le garderas même à l'occasion. Ne perd pas espoir, Harry. Tout le monde se bat pour toi. Je me bats pour toi. En dernier recours, je viendrai te chercher s'il le faut. N'abandonne pas. Ne nous abandonne pas."
Draco ferma un instant les yeux sur le chagrin qu'il ressentait personnellement et celui qu'Harry irradiait, emmêlés d'une bonne dose d'obstination qui parvint à le faire sourire.
"Oui. Tu es le plus têtu au monde. Applique-toi à le prouver encore une fois!"
L'amusement et la détermination l'envahirent en réponse.
oOo
Alrick avait à peine déposé la valise qu'Harry se jetait dessus presque frénétiquement. Il en sortit le premier pull qui trainait et le plaqua contre son nez, inspirant brutalement. Les aurors présents le regardèrent avec scepticisme et Harry s'empressa de dire avec allégresse:
"Des vêtements propres!"
Les aurors cessèrent aussitôt de le fixer et sortirent, le laissant seul avec Alrick qui s'était tranquillement assis en attendant qu'Harry cesse de renifler son pull.
"Tout a été testé, bien entendu, l'informa-t-il avec indifférence. Ce ne sont que des vêtements, des livres, un jeu d'échec, de carte et du chocolat alors rien n'a été confisqué. Satisfait?
-Très, répondit Harry, assis par terre. Ça fait du bien. Merci pour l'idée olfactive.
-Aucun problème, répondit le calice, magnanime. Sur un registre plus agréable, le procès de Lucius se clôture d'ici deux semaines. A la suite de quoi, j'entamerai une procédure légale pour porter plainte envers le ministère.
-Porter plainte? S'étonna Harry.
-Vous n'êtes techniquement pas arrêté, juste retenu dans des mesures protectives. Sauf que peu importe comment on nomme cela, vous êtes prisonnier. Ainsi, vous porterez plainte contre le ministère pour séquestration et abus de pouvoir. C'est le seul moyen pour porter votre cas devant le Magenmagot. Une fois que nous aurons obtenus une audience, je prouverai qu'il n'y a aucune raison de vous maintenir ainsi enfermé et vous serez libre.
-Vous le prouverez, répéta Harry. Comment? Ils ont des témoignages de ma relation avec Draco, de forte présomption qu'il est un alpha…
-Des présomptions, comme mentionné. Rien ne l'atteste. Il a été directif pendant un combat? Et alors? Il a été élevé par un homme qui le destinait à reprendre les rênes d'une fortune colossale et d'une lignée millénaire, bien sûr qu'il a de l'autorité! Il n'a pas vaincu Greyback, il a été tué par une autre sorcière.
-Ce sur quoi, ils exigeront que Draco se présente pour prouver qu'il n'est pas un alpha et voudront le garder un an… On sera revenu au point de départ!
-Non, car je répondrai que Monsieur Malfoy a de toute façon décidé de s'expatrier dès la mort de Lord Voldemort, comme vous en aviez l'intention vous aussi. Les lois envers les lycanthropes sont trop restrictives, vous vouliez un alpha pour vous soulager de vos transformations douloureuses et aviez déjà choisi d'aller vivre dans un pays plus compréhensif – je ne préciserai pas lequel, ça ne les regarde pas – et qu'il ne peut revenir actuellement compte tenu de sa position de second dans sa meute. Un second est trop important que pour s'absenter même une minute, après tout. S'ils persistent dans leur demande, j'ai déjà une autre carte à jouer, mais je préférai ne pas la sortir.
-Quelle carte?", demanda Harry, méfiant.
Alrick le contempla une minute, semblant débattre l'éventualité de lui révéler. Il finit par soupirer et sortit :
"Le témoin. Celui, ou plutôt celle, qui vous a dénoncé. Elle n'est pas fiable du fait de votre relation passée. Je compte simplement porter à la connaissance des juges qu'ils reposent leur incarcération sur base d'une jeune fille jalouse et rancunière. Pas sur de véritables preuves.
-Jalouse, rancunière et criminelle, répliqua Harry, un grognement sourd sortant du fond de sa gorge.
-Criminelle?", répondit Alrick, les yeux brillants d'intérêt.
Ce fut au tour d'Harry d'hésiter. Pouvait-il révéler à Alrick ce que Ginny avait fait sans que ce dernier ne s'empresse de la dénoncer par simplicité? Et s'il le faisait, quelle serait ensuite ses relations avec les Weasley? Avec Ron, en particulier, pour avoir fait mettre en prison leur sœur, une jeune maman?
"Vous ne devez vous servir de ça qu'en tout dernier, lui ordonna Harry.
-J'en avais déjà l'intention, lui répondit Alrick, impatient.
-Non, répondit Harry. D'abord la présomption, ensuite attaquer avec l'instabilité de leur témoin et en tout dernier son crime. Ne le mentionnez pas si vous pouvez vous en sortir avec un simple "elle est instable"!
-Mais qu'a-t-elle donc fait? Demanda Alrick. A-t-elle tué?
-Non, répondit Harry, prenant une longue inspiration avant de souffler: elle m'a lancé un doloris."
Alrick resta silencieux, l'air pensif et étrangement sournois.
"Voilà qui est intéressant, dit-il. Je pourrais aussi très bien aller trouver cette jeune femme et lui demander de se rétracter. Lui signaler que si sa famille apprend son acte premier, elle pourrait se retrouver seule, avec juste un nouveau-né, mais en plus en prison si je dévoilais cette petite information… Mhmm, vous m'avez donné matière à réflexion, le félicita-t-il.
-Qu'allez-vous faire? Demanda Harry, presque inquiet.
-Je l'ignore encore. Je vais y penser. J'ai encore un peu de temps avant la libération de Lucius pour décider et j'en ai encore plus avant que nous n'ayons notre première audience. Dans tous les cas, je vais porter plainte au ministère en votre nom, mais il se peut qu'ils fassent trainer les choses afin que vous soyez plus affaibli lors de vos cessions. Ne vous attendez pas à être reçu dans le mois à venir… Enfin, dans tous les cas, pourriez-vous me donner vos vêtements?
-Mes vêtements? S'étonna Harry, clairement choqué.
-L'odeur présente dessus intéresse votre compagnon. Il veut lui aussi vous flairer à son aise. J'ai donc promis de vous les prendre. On vous apportera une autre fournée de vêtements, de livres et de gourmandises dans un mois, alors faites trainer ceux que vous avez. Sur ce, une autre affaire requiert toute mon attention. Vêtements!"
Harry leva les yeux au ciel mais s'exécuta. Il fusilla Alrick du regard quand il constata que ce dernier se contentait de le regarder se déshabiller et le calice, bien qu'avec un air blasé, se détourna de lui le temps qu'il retire tous ses vêtements et en enfile de nouveau. Dès qu'il fut vêtu de la tête au pied, Harry poussa un soupir. C'était comme d'être enlacé par Draco. Comme si son compagnon était là et le serrait contre lui, sans toutefois avoir la sensation de ses bras autour de lui. Un sanglot lui échappa alors qu'il enroulait ses propres bras autour de lui. Alrick se leva pour ramasser les vêtements sales qu'il jeta rapidement dans un sac plastique aussitôt hermétiquement fermé.
"Je vous laisse ici, lui dit le calice, avec plus de douceur que d'habitude. N'oubliez pas: faites les tenir!"
Et sans attendre de réponse d'Harry, il sortit, sans doute chassé par les larmes silencieuses coulant sur les joues du lycanthrope. Harry ne s'en offensa même pas. A la place, il se recroquevilla dans son lit, sans regarder les livres ni les chocolats ou le matériel de dessin. Il enfouit son visage dans le col de son pull et savoura l'odeur qui y régnait. La douleur qu'il ressentait diminua drastiquement et Harry sanglota à nouveau face au bien ressenti. Le subterfuge n'allait pas durer, Harry le savait. Mais il était bien déterminé à profiter de chaque seconde de ce nouveau bien être!
oOo
Quatre mois
Lucius Malfoy était libre. C'était partout dans la gazette qui était presque intégralement consacrée à la famille sorcière. Le mangemort avait été acquitté pour tous ses crimes, sans que personne ne puisse rien y faire. Alrick était définitivement très doué, même si cela avait pris plus de temps qu'il ne l'avait prévu. Sa stratégie avait été payante et non seulement le patriarche Malfoy était libre, mais il n'avait en plus de cela eu droit à aucune punition, ne serait-ce que mineur. Sa baguette magique n'avait pas été saisie ou brisée, son manoir et sa fortune étaient préservés. Sa seule limite était qu'il ne pouvait plus faire de politique. Lucius Malfoy était prié d'être un rentier.
Narcissa Malfoy fut accusée de tous les maux. Manipulatrice, sournoise, Alrick avait été jusqu'à insinué qu'elle avait une relation amoureuse avec Lord Voldemort. Et si l'avocat de l'ancienne Black tenta bien de la disculper, Alrick avait toujours une nouvelle preuve, un nouveau souvenir, une nouvelle lettre tendancieuse écrite de la main de l'épouse de son client.
Alors que Lucius se voyait réintégrer, avec la garde entière et totale des jumeaux Malfoy à naître d'ici peu, Narcissa se vit condamnée à vie à Azkaban, sans que le blond n'ait même haussé un sourcil dans sa direction. Manifestement, plus de 20 ans de vie commune et de mariage n'étaient pas suffisant pour que Lucius Malfoy défende son épouse, surtout si ça lui permettait de s'en sortir avec une vague tape sur la main.
La gazette le dépeignait comme un homme tendre envers ses enfants (alors que Draco n'avait apporté à cela nul témoignage et que les jumeaux n'étaient pas encore nés) et désespéré de trouver une façon de les protéger. Asservi par un chantage odieux, il n'avait eu d'autre choix de céder son propre manoir familial – où, soit disant, il craignait de plus pouvoir vivre après y avoir été témoin de tant d'horreur – et de se prosterner face à un sorcier égocentrique et mégalomaniaque.
"Et n'en auriez-vous pas fait autant, pour vos enfants?", concluait le journaliste de la Gazette, arrachant probablement de grosses larmes à toutes les mères et pères affectueux du monde.
Harry contempla l'article avec une certaine lassitude. Que le monde sorcier était crédule! Qu'ils étaient influençables! Un jour conspué, le lendemain adoré… Il se demandait parfois pourquoi il s'était fatigué à les sauver…
Mais ce dénouement l'arrangeait, il n'allait pas mentir. Grâce à cette victoire, Alrick était maintenant libre de s'occuper de son propre cas et l'avocat était déjà venu l'avertir qu'il avait porté plainte en son nom pour séquestration abusive. Si ce n'était pas dans la gazette, c'était uniquement parce que Lucius en occupait déjà l'intégralité, sans quoi, Alrick aurait déjà été glisser l'information à l'oreille d'un journaliste.
Harry aurait du se réjouir de l'avancée des choses, du début de sa défense, enfin, mais depuis le début du quatrième mois, une certaine morosité et apathie s'étaient emparées de lui. Peu importe ce qu'il faisait, rien ne l'amusait ou ne le distrayait. Le jeu d'échec prenait la poussière. Les crayons de couleurs et autres pastelles, après avoir servi à décorer les murs – ça avait été une torture de s'en approcher, mais Harry avait adoré saccager la pièce comme un enfant de 4 ans – gisaient abandonnés dans un coin. La seule chose qui le maintenait encore était les vêtements imprégnés de l'odeur de son compagnon. Harry passait son temps couché la grande majorité du temps, le nez enfouit dans un t-shirt ou un pull, les yeux fermés. Il tentait d'imaginer qu'il n'était pas dans cette petite pièce étroite, torturer par de l'argent et par la solitude, mais dans la forêt à courir avec Draco à ses côtés, au village à parler avec les habitants, Draco derrière lui ou encore dans leur lit, unis l'un à l'autre, inextricablement liés et inséparables.
Il recréait l'histoire, s'imaginait n'être jamais parti du village ce matin là, n'avoir jamais été arrêté. Son imaginaire était parfois si puissant qu'il n'en sortait qu'en s'endormant, rejoignant Draco qui construisait une maison magnifique pour eux. Les murs et le toit était placé, ne restait que les fenêtres à mettre puis son amant commencerait l'intérieur qu'il promettait grandiose. Dans ce genre de cas, quand il se réveillait la journée, il s'imaginait à ses côtés, l'aidant, le conseillant, lui disant ce qu'il aimait, ce qu'il voulait, approuvant ou détestant les choix de son alpha qui, en bon alpha qu'il était, tantôt approuvait pour lui faire plaisir, tantôt le rabrouait avec sa verve habituelle.
Quand il parvenait à reprendre pied dans la réalité, bien souvent à cause de la faim, il plongeait dans une crise de larmes si intense que certains Aurors avaient fini par demander leur mutation, horrifié de sa dégradation psychologique et physique. Car si Harry n'allait pas bien mentalement, son aspect en subissait les conséquences. Il avait le teint cireux, son corps était devenu maigre alors qu'il n'avait jamais été bien gros par le passé. Ses yeux étaient le pire. Ils avaient pris un air vide, presque vitreux. Peu importe qui lui parlait, Harry ne semblait jamais vraiment les regarder. Il contemplait le vide, sursautait pendant une conversation en cours et semblait se rappeler que quelqu'un était là. Il avait conscience de son état, s'en désolait de se savoir ainsi après seulement trois mois complets et un mois entamé, mais que pouvait-il faire d'autre ? L'argent dans les murs pompait toute son énergie et il ne doutait pas que se projeter auprès de Draco en dormant en prenait tout autant. Les rêves s'espaçaient et Harry craignait que bientôt, il n'en soit plus capable.
Si au début, il rêvait de Draco tous les jours, c'était devenu rapidement tous les deux jours, puis tous les trois. Ensuite, ils avaient pris un caractère aléatoire, sautant de deux jours d'affilé à une fois par semaine pour ensuite revenir après trois jours. Harry avait cru au début que Draco avait repris un horaire de jour, mais les mots angoissés de Draco lorsqu'il le percevait après une longue absence lui avait fait comprendre que non. Son don semblait juste perturbé et, d'après Draco, ça devait être à cause de l'empoisonnement à l'argent qu'il subissait péniblement.
« C'est pour ça que tu es enfermé dans cette pièce, lui dit Draco une nuit, alors qu'il ponçait un escalier. Ça t'affaibli dans un premier temps mais plus tu restes en contacte avec cette merde et plus tu peines à retrouver ton énergie perdue, peu importe combien tu dors. Je vais demander à Alrick de te donner des potions énergisantes… Ah, mais ça risque de t'empêcher de dormir… J'aurai du demander à Gabriel qu'il tente de rencontrer des loups-garous exposés à l'argent à long terme pour savoir ce qu'ils préconisent… Ah, en parlant de lui ! »
Draco posa le marteau qu'il tenait en main, essuyant son front en sueur. Il était occupé à poser du parquet dans les pièces de l'étage. Harry n'avait pas osé s'éloigner pour découvrir la maison que Draco lui construisait, mais le peu qu'il en voyait à chaque fois le ravissait. La maison, mais aussi le torse nu de son amant, la sueur qui perlait sur sa peau et ses yeux brillants d'énergie.
« Harry, le sermonna Draco, sa peau rougissant légèrement à l'excitation transmise. Ne me distrait pas, s'il te plaît. »
Harry tenta de se calmer, envoyant une vague d'excuse.
« Non, je sais ce que s'est… Si je pouvais te voir, je ressentirai sûrement la même chose… Mais ne nous tentons pas. Donc, Gabriel… après ce que je pourrais appeler un tour du monde accéléré, il semblerait avoir trouvé un égyptien qualifié en rêve. Ils rentrent aussi vite que possible avec Seamus pour me le présenter. Nous attendrons une nuit où tu es présent pour qu'il tente de nous… dépatouiller tout ça. J'espère que ça pourra nous aider. Pas seulement à nous toucher, mais surtout à te permettre de rêver autant qu'avant. De cette façon, ça t'aidera peut-être ? »
Harry haussa les épaules, son scepticisme filtrant malgré tout.
« Ne perds pas espoir, lui demanda Draco, s'arrêtant de clouer le parquet crème sur le sol. Il faut saisir chaque opportunité. Je sais qu'Alrick nous promet de te libérer au plus vite, mais… Je ne veux prendre aucun risque. Toute solution offerte pourrait être la bonne. »
Draco ramassa ce qu'Harry pensait être une serviette et s'essuya le corps avec. En regardant bien, Harry remarqua avec amusement qu'il s'agissait d'un de ses t-shirts.
« On fait ce qu'on peut », se justifia Draco, percevant son amusement.
Harry approuva et s'approcha de son amant. Il regarda les muscles puissants se déplacer sous la peau pâle, regarda la carrure de plus en plus forte de Draco. La nouvelle pleine lune approchait et avec elle, la majorité de Draco. Une vague de regret l'envahit à l'idée de ne pas pouvoir observer l'homme, l'alpha qu'il allait devenir. A la place, il se tordrait de douleur sur le sol, se mutilerait de rage d'être enfermé… Quoi que les blessures semblaient diminuer avec le temps. Même le loup en lui n'avait plus l'énergie de se rebeller.
Harry repoussa fermement la mélancolie qui menaçait de l'envahir. En présence de Draco, il se refusait ce genre de sentiment. A la place, il se gorgeait de sa beauté et du bonheur qu'il ressentait à le contempler leur construire une future demeure. Une demeure qu'il espérait bien découvrir en vrai, un jour…
oOo
La transformation avait été aussi douloureuse que la première, sinon plus. Draco avait eu l'impression d'être écartelé vivant. Il avait senti la transformation de chaque membre, de chaque muscle alors que son corps se tordait, se déplaçait et changeait drastiquement d'orientation selon le membre concerné. Mais à la fin, quand il s'était redressé sur ses quatre pattes, il avait contemplé le monde autour de lui avec un nouveau regard. Celui d'un alpha fort, puissant et autoritaire. Celui d'un chef qui savait ce qu'il devait faire, ce qui comptait. Sa meute. Son compagnon. Son territoire. Rien d'autre n'importait.
Quand il s'élança à travers bois, il remarqua sa foulée plus forte, les bonds plus longs qu'il faisait. Ses pattes étaient plus toniques, ses muscles plus développés. Il avait même grandi. Fini les traces du louveteau, il était un adulte formé. Il était un alpha définitif. Quand il rencontra les premiers loups – tous des bêtas – aucun ne le menacèrent ou ne se dressèrent devant lui. Ils se couchèrent au sol avec respect, les oreilles penchées avec soumissions, la queue entre les jambes.
Une alpha, enceinte, eut le même geste. Peut-être pour protéger la portée qu'elle transportait ? Ou simplement pour gagner du temps ? Le loup ne s'en préoccupa pas. Une femelle enceinte n'était pas digne d'un combat.
Un bêta qui l'avait autrefois défié mit du temps à s'incliner. Un grognement de sa part et il abdiqua, se couchant sur le sol à son tour.
Enfin venait l'alpha provisoire. Il sentait la vieillesse et la solitude. Le désespoir. Il n'émit aucun son et ne montra aucune hésitation. Il se coucha au sol et si sa posture manquait de soumission, elle n'en était pas moins révélatrice : il le reconnaissait comme son alpha. Le loup blanc aurait souri s'il l'avait pu. A la place, il leva le museau au ciel et hurla de toutes ses forces. Très vite, sa meute se joignit à lui, hurlant à la lune, célébrant son arrivée. La nuit était parfaite, ou presque. Dans tous ces hurlements de fête, il en manquait un. Le plus précieux. Mais l'alpha espérait de tout son cœur : une nuit, son compagnon et lui hurleraient à nouveau à la lune.
oOo
Quand Harry parvint à rêver de Draco à nouveau, après s'être lui-même remis de la pleine lune, le cinquième mois d'incarcération approchait. Il n'avait eu aucune nouvelle d'Alrick mais son procès avait été discuté dans la gazette du sorcier. Les avis divergeaient quant à cette manœuvre, des témoins bien pensant trouvaient ça normal qu'il porte plainte alors que d'autres s'outrageaient de son culot d'oser attaquer une institution aussi réputée que le ministère. Mais aucune date n'avait encore été décidée et Harry ne s'en étonnait pas.
Cette nuit-là, quand il plongea dans le sommeil, son esprit fut aussitôt attiré par le village. Il n'eut pas à chercher bien loin pour trouver Draco et ses yeux s'écarquillèrent face à la transformation de son compagnon.
Bien sûr, ils avaient toujours su que Draco changerait quand il deviendrait légalement un adulte alpha et Harry avait toujours été curieux de ce qu'il adviendrait de son amant. En soit, il n'était pas si différents et pourtant, il semblait presque être une autre personne. Il avait pris un peu de taille, avoisinant probablement le mètre 90 voire plus. Ses cheveux tombaient toujours en cascade sur ses épaules, mais ils avaient perdu leur air sauvage. Sans être aussi lisses qu'ils l'étaient dans la jeune adolescence de Draco, ils avaient toutefois un caractère plus domptable. Le plus impressionnant était la carrure de son amant et les muscles que sa majorité avait apportés. Alors qu'il était déjà fort en tant que louveteau, cette fois, Harry n'avait aucun doute qu'avec un peu de bonne volonté, Draco serait capable de déraciner un arbre à main nue. Harry en ressentit aussitôt un profond désir, celui d'être entouré par ses bras forts, protégé et maintenu loin de ceux qui le séquestraient. Son sentiment fut aussitôt perçu par Draco qui sourit et tourna la tête, ignorant les interlocuteurs qu'Harry n'avait même pas remarqué.
"Ah, te voilà enfin!"
Même sa voix avait changé. Elle était devenue plus grave, presque comme un grognement et Harry eut envie de pleurer face au désir subit qu'il ressentit. Le sourire de Draco s'étendit.
"Tu apprécies mon apparence, apparemment, lui dit-il, séducteur. Que j'ai hâte de te la faire apprécier davantage…"
Ce n'était presque qu'un chuchotement, parfaitement perceptible pourtant, mais Harry sentit une faiblesse dans les jambes et il remercia Merlin de n'être qu'un esprit en ce moment. Il transmit pourtant une pointe d'agacement dans son excitation : Draco savait combien il lui était difficile d'avoir des rêves et s'il le poussait à se réveiller à cause du désir trop intense, il ne le lui pardonnerait pas. Son amant sembla comprendre, secoua la tête comme pour se ressaisir et sembla apaiser cette partie animale en lui qui le poussait à le séduire. A la place, il se tourna vers les autres personnes présentes et Harry tourna aussi son attention vers elles. Il sourit en voyant Gabriel. Son ami semblait avoir changé lui aussi, mais rien d'aussi extraordinaire que Draco. Sa peau était bronzée, ses cheveux avaient poussé un peu et il avait semblé prendre un peu de muscle. Rien d'étonnant après autant de semaines de voyage.
A ses côtés, Seamus aussi avait pris des couleurs et une légère barbe recouvrait ses joues.
"Harry est là? Demanda son ami Gryffondor.
-En esprit", répondit un autre homme avec un fort accent.
Harry le regarda aussitôt et eut un mouvement de recul en comprenant que l'homme le voyait. Il le regardait directement, un léger sourire aux lèvres. C'était un très bel homme. La peau brune, des cheveux noirs coupés courts et des yeux d'un bleu incroyable, presque glacés tant il contrastait avec la couleur de sa peau. Il devait s'agir de l'égyptien spécialiste en rêve déniché par Gabriel et Seamus, Harry n'eut aucun mal à le deviner.
"Vous me voyez? Demanda-t-il, se demandant si l'homme l'entendait aussi.
-En effet, répondit l'homme. Je suis enchanté de faire votre connaissance, Harry. Mon nom est Aze. Je sais… pas très égyptien comme nom.
-Vous l'entendez? S'étonna Draco, l'air soudainement ravi.
-Et je le vois, répondit l'homme, souriant légèrement. Je dois dire, je suis impressionné par votre talent, Harry. J'ai cru comprendre que votre don est inné, non acquis et… être capable de se projeter astralement hors de votre corps est assez prodigieux, surtout sans formation.
-Je ne le fais pas exprès, lui avoua Harry, heureux de parler avec quelqu'un pour une fois.
-Bien sûr que non, mais vous pourriez, avec un peu d'entraînement, lui assura Aze, souriant. Je crois savoir que vous êtes capables de vous projeter auprès de votre compagnon grâce au lien qui vous unis et que vous aviez cette même capacité avec un mage noir? "
Harry acquiesça, l'espoir revenant en force en lui. Draco sourit en le sentant.
"C'est assez particulier, avoua Aze. La plupart des gens capables de réaliser votre exploit le font grâce à la méditation, non en dormant. Toutefois, je pense que vous devriez être capable de le faire en état d'éveil, avec de la pratique. Bien sûr, j'ai conscience de combien la situation actuelle est précaire et que vous n'avez pas vraiment le temps de vous entraîner pour apprendre à vous projeter, mais je pense que vous auriez tout intérêt à vous y essayer. L'empoisonnement dû à l'argent vous ronge petit à petit, il suffit de voir votre aspect pour s'en rendre compte…
-Son aspect?", s'inquiétèrent en même temps Draco et Gabriel.
Harry secoua vivement la tête envers Aze, l'air presque désespéré.
"Ne leur dite pas, s'il vous plaît, dit-il précipitamment. Draco ne se tiendra jamais tranquille s'il apprend que je vais encore plus mal que ce qu'il peut ressentir par le lien!"
Aze le regarda un instant et sourit.
"Rien de trop préoccupant, répondit Aze à l'attention de Draco. Il a perdu un peu de poids et il manque clairement de soleil. Rien qui ne peut être facilement réparé à sa sortie."
Harry sourit, reconnaissant. Il vit aussitôt Draco froncer les sourcils.
"Vous ne dites pas tout, dit-il à l'homme, conscient du mensonge. Harry vous est reconnaissant pour votre mensonge."
Aze grimaça, regardant Harry d'un air presque ennuyé.
"Désolé, dit-il. J'ai tant l'habitude de lui transmettre mes sentiments que je n'ai pas retenu la reconnaissance.
-Ce n'est pas grave, lui répondit Aze. Mais ne me demandez pas de lui mentir si vous n'êtes pas capable d'appuyer mes dires.
-Comment va-t-il en vrai? S'enquit Draco, fixant le vide où se trouvait Harry.
-Il a perdu beaucoup de poids, répondit Aze. Et il est très pâles, presque translucide. Sans oublier les cernes qu'il a sous les yeux. L'argent a cet effet sur nous, surtout après autant de temps. Mais ne vous en faites pas. J'ai déjà vu des lycanthropes exposés à l'argent, ils avaient tous la même tête et ça se rétablit très vite."
Draco ne répondit pas, mais son air sombre ne mentait pas. Il n'avait pas encore tourné les talons pour aller attaquer le ministère, mais il ne se retenait de le faire que parce qu'il ne pouvait ignorer la responsabilité qu'il avait envers la meute et l'impact qu'aurait sa propre arrestation.
"Que puis-je faire pour rêver de Draco plus souvent? Le toucher, peut-être?", demanda Harry envers Aze.
Ce dernier tourna aussitôt la tête dans sa direction, lui souriant doucement.
"Comme je vous ai dit, la méditation pourrait vous y aider. Fermez les yeux en journée, videz votre esprit (Harry grimaça à la phrase détestée) et pensez à Draco. Pensez à ce que vous ressentez pour lui, à ce que le lien vous fait percevoir. Vous pourriez le voir en fermant les yeux, même s'il est endormi à ce moment-là. Ça commencera doucement, d'abord une simple vision puis, petit à petit, vous devriez être capable de vous y accrocher. Votre compagnon me dit que vous pouviez le toucher, une fois?"
Harry acquiesça vivement.
"Mais je me suis réveillé tout de suite après. Et je n'ai jamais pu recommencer.
-C'est normal, ce genre d'action demande beaucoup d'énergie et seul, sans aide, vous n'avez pas pu réitérer. Une projection astrale est censée être visible mais aussi tactile, poussée à l'extrême. Le toucher requiert un sentiment fort, que ce soit vos sentiments ou ceux de votre alpha ce jour-là, vous en avez eu suffisamment que pour pouvoir le toucher.
-J'étais enragé, se rappela Draco. J'ai voulu attaquer tant j'étais furieux, mais dès qu'Harry m'a touché… J'étais en paix.
-C'est votre rage qui lui a donné la force nécessaire à vous toucher. Seules les émotions vous en donneront la capacité. Par contre, la partie visibilité vient de votre propre force. Encore une fois, ça demandera de la pratique.
-Chouette, la méditation, grogna Harry. J'en ai toujours été incapable, avoua-t-il ensuite.
-Parce que vous étiez dans un monde plein de distraction et que vous aviez l'esprit occupé ou inquiété. Dans votre cellule actuelle, je pense que vous n'aurez rien d'autre à faire que de vous plonger en vous-même. J'aimerai toutefois vraiment vous rencontrer à votre sortie, afin que nous puissions davantage travailler votre don. Vous êtes naturellement doué, la preuve en est votre présence et le fait que nous soyons capable de parler. Je pense qu'avec mon aide, vous n'auriez aucun mal à vous projeter éveillé, à parler, voire à toucher d'autres personnes que votre amant.
-Dommage que vous ne puissiez pas venir directement dans ma cellule, marmonna Harry, l'air fatigué.
-Dommage que vous soyez enfermé, renchérit Aze, un léger sourire aux lèvres. Je suis moi aussi de votre espèce, Harry. Je ne voudrais pas être à votre place, pour tout l'or du monde.
-Quel statut? Demanda Harry. Avez-vous quelqu'un?
-Je suis un simple bêta, comme vous, lui dit-il, un léger sourire aux lèvres. Et non, je suis célibataire et je ne m'intéresse pas aux hommes. Si c'est ce qui vous inquiète…"
Harry rougit vaguement alors que Draco souriait d'un air amusé.
"Toutefois, je prends note que vous me considérez assez beau que pour être un rival. Merci du compliment."
Les mots étaient prononcés avec un peu de malice et les autres hommes présents rirent de la plaisanterie. Harry se contenta de lever les yeux au ciel, mais repris très vite son sérieux.
"Méditation, donc? Demanda-t-il.
-Et vous concentrez sur votre compagnon uniquement. Pensez à le rejoindre, à le voir. Essayez d'imaginer que vous vous envolez vers lui. N'hésitez pas à ajouter des détails au chemin imaginaire: visionnez les couloirs du ministère, le ciel bleu dans lequel vous vous élevez et volez, la forêt que vous traversez, détaillez les scrupuleusement, jusqu'à l'air floconneux des nuages et les feuilles, les fleurs, les rainures des arbres. Imaginez passer le pas de la porte où dort votre compagnon, imaginez monter les escaliers, entrer dans la chambre… Chaque détail vous aidera. Vous ne vous déplacerez peut-être pas du premier coup, mais à un moment, vous serez réellement dans cette chambre.
-Comment saurais-je que ce que je vois n'est pas mon imagination, mais la réalité? Demanda Harry.
-Parce que justement, ça ne cadrera pas avec ce que vous aurez imaginé. Peut-être verriez-vous votre amant dormir nu, peut-être l'imaginerez-vous dans un silence religieux alors qu'il y aura du bruit? Ça peut être un infime détail qui vous le prouve. Mais à un moment, vous saurez."
Harry hocha pensivement la tête, l'air pourtant perplexe.
"De la même façon qu'on sait lorsque l'on rêve et qu'on est éveillé, vous saurez que c'est la réalité. Faites-moi confiance. Même si vous n'y arrivez pas, sachez toutefois que de faire cette méditation devrait vous faciliter l'accès aux rêves projectifs que vous faites. Donc, vous y gagnerez, quoi qu'il arrive. Je vous conseille toutefois de le faire en étant couché, au cas où vous vous endormiriez pour de vrai."
Harry sourit face au conseil et approuva.
"Merci, dit-il. D'être venu. Ça n'a pas dû être évident d'abandonner votre maison et de suivre deux adolescents avec une demande farfelue.
-Je n'ai laissé derrière moi que ce qui peut être retrouvé plus tard. Ne vous en faites pas. Oh et j'y pense: même si vous dormez actuellement, vous projeter ainsi demande beaucoup d'énergie, énergie qui se raréfie avec votre exposition prolongée à l'argent. Si vous êtes incapable de rêver pendant quelques jours, ce n'est pas parce que vous en perdez la capacité, mais parce que vous avez besoin de vous reposer. Pas de panique donc."
Harry soupira de soulagement. Au moins une vraie bonne nouvelle dans ces informations!
« Je vous recommanderai en fait de procéder à une cure de sommeil, pour vous recharger une bonne fois, mais dans la situation actuelle, je comprends que ce n'est pas possible, lui dit Aze. L'argent est incidieux, il vous provoque autant de douleur que la séparation avec votre compagnon. Une simple séparation entre compagnon n'occasionne pas autant de douleur, j'en ai déjà rencontré qui ne s'étaient pas vu pendant près de six mois et ils ne ressentaient que la moitié de votre souffrance, voire même le quart. L'argent ici est le vrai ennemi. Votre ministère sait que cela vous affaibli, mais il vous torture en réalité. Si j'étais votre avocat, je n'hésiterai pas à mettre l'accent sur ce point car il devrait l'aider à vous libérer plus vite…
-Le ministère torture le sauveur, ricana Seamus. Ça devrait le faire pour notre prochain article. Vous accepteriez de nous aider à l'élaborer ?
-Article ? demanda Aze.
-On a créé un journal secondaire pour sensibiliser la population sorcière à notre cause, expliqua Gabriel, souriant. Chaque semaine, parfois même plusieurs fois, on publie des histoires de lycanthropes pour leur expliquer ce que nous sommes en réalité et pas les préjugés qu'ils ont de part leur éducation. On espère ainsi que nos droits seront revus et surtout que ça fera pression sur le ministère pour libérer Harry plus vite. »
Aze sourit avec amusement.
« Je vous aiderai, leur dit-il. Je ne suis pas aussi versé dans l'argent que dans les arts de l'esprit, mais j'ai déjà rencontré des lycanthropes torturés par l'argent. Beaucoup sont morts actuellement…
-Mort ? s'enquit aussitôt Draco, l'air paniqué.
-De vieillesse, je vous rassure, lui dit Aze. Je n'ai jamais rencontré de loups morts à cause d'un empoisonnement à l'argent, bien qu'il y ait eu des cas, mais ces cas ont été séquestrés pendant… un an ou plus.
-Plus ? demanda Harry, cette fois intéressé.
-Oui, ça dépend du lycanthrope et du taux d'exposition. Mais j'ai déjà entendu parler d'un lycan retenu captif pendant 3 ans. Il est finalement décédé parce qu'il avait cessé de s'alimenter…
-Mais si vous en avez entendu parler, pourquoi ne l'avez-vous pas aidé ? demande Seamus, horrifié.
-Ce lycanthrope a vécu en 1600, je n'étais pas né, expliqua Aze. Fut une époque ou j'étudiais particulièrement notre espèce. Tout comme Harry ici présents, j'ai toujours possédé un pouvoir de l'esprit et je me demandais si j'étais un cas unique et si non, si mon état de lycanthrope avait un effet sur mon talent. Il s'est avéré que non. Je ne suis toutefois pas lié. Je me rends compte maintenant que, peut-être, si je me liais, je serai influencé comme Harry semble l'être, vu que son esprit se projette vers les personnes auxquelles il est lié. C'est un sujet intéressant et je me réjouis de vous rencontrer en vrai, Harry, pour que nous puissions en parler.
-Sans offense, répondit Harry, je me réjouis de sortir, mais ce n'est pas pour vous parler… »
Aze se mit aussitôt à rire, à la grande stupéfaction des autres personnes présentes.
« Qu'a-t-il dit ? demanda Draco, souriant.
-Qu'il est impatient de sortir, mais pas pour me parler », explique Aze.
Le rire parcourut toutes les personnes présentes et Harry sourit en les entendant. Qu'il était bon de parler avec d'autres personnes. De s'exprimer autrement que part des sentiments. Il ne put toutefois s'empêcher de transmettre de la reconnaissance et de l'espoir à Draco qui sourit, regardant le vide où il imaginait son amant, grâce à Aze regardant dans cette direction. Harry haleta quand les yeux de Draco se plongèrent accidentellement dans les siens, ce qui n'arrivait jamais vraiment pendant les mois précédents.
« Saurais-je un jour me rendre visible ? demanda-t-il, sans lâcher Draco du regard.
-Vous pourriez, répondit Aze. Mais je le crains, pas dans votre état actuel. Cela demande énormément d'énergie d'avoir une projection perceptible réelle. Si vous deviez parvenir à toucher votre compagnon, je ne doute pas un instant que vous ne sauriez plus rêver de lui avant bien des semaines…
-Semaines ! s'horrifièrent Harry et Draco en même temps.
-Comme je vous l'ai dit, ce genre de magie est très énergivore. Votre épuisement du à l'argent rend votre pratique compliquée. Je sais que vous pouvez vous améliorer, mais il important que vous vous économisiez si vous voulez tenir sur le long terme. Sans quoi, vous pourriez cesser de rêver pendant un mois, minimum… »
Harry secoua la tête avec horreur. Il ne voulait pas que cela arrive ! Surtout pas !
« N'essaie pas de me toucher, ordonna Draco. Surtout pas, d'accord ? »
Par habitude, Harry hocha la tête tout en transmettant son acceptation de l'ordre transmit. Sans les rêves, Harry savait qu'il ne survivrait jamais durant l'année établie !
oOo
Cinq mois
Harry avait du mal à comprendre où il était. On était venu le chercher, on l'avait menotté et à présent, il titubait dans les couloirs du ministère, l'esprit hagard, le regard vide. Son déplacement laborieux semblait agacer ou inquiéter les Aurors qui le trainaient presque, manifestement impatients d'arriver là où ils devaient aller. Ses menottes étaient en argent et elles attaquaient sa chaire, le brûlaient, et il avait envie de pleurer de douleur plutôt que de se promener. Sa sortie aurait du lui apporter un peu de bien être, mais ses entraves empêchaient toute reprise d'énergie.
Harry avait passé le dernier mois à méditer pour essayer de rêver de Draco, même en étant éveillé. Malheureusement, ses efforts n'avaient pas encore payé. Il avait toutefois remarqué que ses rêves de projection semblaient moins épuisants et Aze l'avait expliqué par une concentration plus aisée et de fait, moins énergivore. Harry avait donc continué à rester coucher, rouler en boule dans ses vêtements sentant Draco. Certains Aurors affectés à sa surveillance en avaient semblé inquiets. Il était rare qu'Harry leur parle ou ne les regarde, il prenait à peine le temps de se lever pour manger avant d'aller se recroqueviller dans son nid de vêtements pour refermer les yeux.
Méditer était définitivement plus facile quand on ne le faisait pas pour un professeur vous détestant ou quand on n'avait pas la pression d'apprendre une magie pour ne pas mourir. C'était aussi plus facile quand on n'avait rien d'autre à faire que de se désespérer du temps interminable !
Harry fermait les yeux, se laissait porter et s'imaginait sortir, voler dans le ciel, rejoindre Draco, comme le lui avait conseillé Aze. Jusqu'à présent, ça n'avait jamais laissé place à une projection astrale, mais Harry avait l'espoir d'y parvenir.
Il était en pleine séance quand les Aurors étaient venus le chercher, si immerger dans sa tentative qu'il n'était sorti de son état de méditation que quand il avait été secoué et presque mis debout. Les Aurors avaient tous un air consterné sur le visage, mais Harry n'y porta pas d'attention : on le sortait de sa cage, c'était certainement en vue d'un procès, probablement pas pour le mettre dans une autre cage. Il n'avait eu que le temps de demander un gilet avant que les menottes ne lui soient posées et il tentait de trouver la force de marcher en inspirant l'odeur de Draco encore présente dans le tissu.
Les couloirs étaient longs et les employés du ministère qui les regardaient passer chuchotaient entre eux, le dévisageaient avec horreur et commentaient sa maigreur. Harry pouvait les entendre très distinctement, des « c'est inadmissible ! » « Comment ont-ils pu ? » se répétaient en boucle autour de lui. Il n'avait toutefois pas l'envie ni la force d'essayer de faire bonne figure. A la place, il se laissa guider jusqu'aux ascenseurs. Il y était seul avec les Aurors qui le lâchèrent et il s'effondra contre le fond, se retrouvant assis. Il avait à peine bougé depuis un mois, juste pour aller manger ou aux toilettes, et il le faisait en général à quatre pattes. Ses jambes avaient déjà perdu l'incroyable tonicité qu'il avait gagnée en elles avec sa transformation et les nombreux exercices qu'il avait fait pour s'occuper.
Les Aurors le regardèrent, se consultèrent du regard et hochèrent la tête.
« On a reçu l'ordre de ne pas te lancer de sort de lévitation par ton avocat, l'informèrent-ils. Mais si tu veux, on peut le faire quand on sort ?
-Non, merci », répondit Harry.
Sa voix était rauque, presque atone, et il vit le regard horrifié que se lancèrent les deux Aurors, mais ne s'en occupa pas davantage. Connaissant Alrick, sa faiblesse actuelle devait être de l'eau au moulin de sa stratégie pour le faire libérer, il n'avait pas l'intention de laisser ses détracteurs croire qu'il allait bien. Car il n'allait pas bien et le savait. Oh, il était probablement capable de tenir bien plus longtemps que les cinq mois passés là. Mais plus vite il en sortirait, mieux ce serait ! Et il n'osait imaginer son état physique s'il passait plus de temps dans cette cellule…
Les portes de l'ascenseur s'ouvrirent à nouveau et les Aurors durent l'aider à se lever. Ensuite, ils gardèrent un bras autour de sa taille pour l'aider à avancer jusqu'à ce qui devait sans doute être une salle de procès du Magenmagot. Dès qu'il passa les portes, il y eut des cris horrifiés, des exclamations outragées et des flashs d'appareils photos crépitant dans tous les coins. Alrick avait donc manœuvré pour un procès public… Harry pouvait presque sentir la révolte qu'exsudaient les personnes présentes dans la salle et cela lui donna un espoir tel qu'il eut du mal à ne pas se redresser. La carte de la faiblesse et de la maladie était celle qu'il devait jouer, il n'en avait aucun doute.
Le visage de D'Arconis était si furieux et dépité qu'Harry faillit rire. A la place, il décida de trébucher sur ses propres pieds, provoquant un tollé de rage de la foule et un appel à l'ordre désespéré du chef actuel du Magenmagot que Harry ne reconnaissait pas. Il eut toutefois la surprise de voir Lucius Malfoy siégé parmi les membres de l'institution et faillit lever les yeux au ciel : le ministère ne changeait définitivement pas !
Les Aurors le conduisirent non pas jusqu'au siège au centre de la salle, mais bien jusqu'à un fauteil confortable à côté du quel était posté un Alrick à l'air calme, presque indifférent. Mais Harry n'était pas idiot, il voyait dans ses yeux qu'il jubilait intérieurement de la faiblesse de son client.
Derrière ces chaises, séparés par une barrière magique, Harry vit Hermione, Ron, des membres de la famille Weasley (mais pas de Ginny, comme c'était étrange), Remus et même Gabriel qui lui fit un clin d'œil. Harry résista à l'envie de leur adresser un sourire. A la place, il tourna un regard égaré vers Alrick qui hocha la tête dans un signe de reconnaissance, presque de soutien.
« Silence ! réclama le chef du Magenmagot. Silence ou je fais évacuer la salle ! Auror, un sort de silence s'il vous plaît ? »
Les Aurors se tournèrent vers la barrière qui séparait la cours de la foule et aussitôt, les cris et les protestations s'éteignirent. Harry accueillit le silence avec un soupir : 5 mois seul l'avait rendu un peu allergique au bruit.
« Le procès a déjà commencé depuis une semaine, monsieur Potter, lui dit l'homme qui présidait le tribunal. Normalement, il n'y a pas de procès pour votre espèce, les lois sont établies depuis des siècles et vous êtes censé rester dans cette pièce un an. Toutefois, votre… avocat est habile et il a obtenu ce procès suite à une plainte en votre nom. Nous vous avons amené dans cette salle ce jour car nous avons partiellement statué concernant votre cas. Vous accusez le ministère de séquestration arbitraire et réclamez… la libération immédiate, le rétablissement de vos droits en tant qu'humain mais également une liberté totale en tant que lycanthrope. Les lois des créatures sont actuellement en vif débat dans notre communauté et sur ce dernier point, nous avons déjà statué que votre liberté ne serait accordée qu'en fonction des nouvelles lois votées lorsque les propositions seraient établies et validées par la communauté sorcière. Concernant vos droits en tant qu'humain, nous étions près à les rejeter car vous ne l'êtes manifestement plus, mais encore une fois, votre avocat si bien renseigné nous a signalé que vous n'étiez techniquement un loup qu'une fois par mois et que de fait, vous étiez humain plus de 80 % de votre temps de vie. Cela vous donne donc la récupération de vos droits à 80 %, de fait. »
Il laissa planer un instant de silence, puis repris :
« En ce qui concerne votre libération, nous devrions normalement vous la refuser, vous êtes un lycanthrope et la loi actuelle déclare qu'en tant que compagnon d'un alpha présumé, vous ne devriez pas pouvoir sortir de votre cellule avant un an et un jour. Néanmoins, encore une fois, votre avocat a pu établir que non seulement nous n'avions pas de preuve que Monsieur Malfoy était un alpha, mais en plus de cela que notre unique témoin n'était pas fiable de part la relation que vous aviez entretenue et étant donné une rancœur évidente due à votre rupture. Tout cela n'aurait pu être que médisance, mais notre témoin c'est elle-même… rétractée. »
Harry sentit son cœur battre violemment dans sa poitrine. Ginny avait reculé. Cela voulait donc dire qu'Alrick l'avait menacée. En tant que jeune mère, passer des années à Azkaban pour utilisation d'un sort impardonnable n'avait pas du lui plaire. Harry n'osa toutefois pas célébrer sa victoire : l'homme en robe rouge n'avait pas fini de parler.
« Malgré le changement de cœur de notre témoin, vous restez un lycanthrope avec un potentiel alpha comme compagnon et si Monsieur Malfoy avait accepté de se présenter pour nous prouver qu'il n'est qu'un simple bêta, nous vous aurions libéré depuis longtemps. Le refus de se présenter de votre compagnon induit qu'il y a mensonge quant à sa désignation déclarée. Toutefois, encore une fois, votre avocat nous a expliqué que Monsieur Malfoy refusait de remettre un pied en Angleterre - étant donné qu'il aurait normalement quitté le pays pour un autre – de crainte d'être incarcéré. Cela serait une certitude étant donné qu'il a fait entrer des criminels dans une école pleine d'enfants… Son refus d'obtempérer nous a toutefois poussés à postposer votre procès pendant un bon mois. »
Harry eut envie de lui demander d'en venir au fait. Quelle était la conclusion de tout cela ? Devait-il juste se résigner à retourner dans sa prison induite d'argent ?
« Votre avocat ici présent a toutefois rappelé qu'on ne pouvait retenir une personne sur une présomption et a appuyé ses dires en rappelant que la majorité des lycanthropes retenus en captivité dans une prison d'argent finissaient par décédés lentement dans d'atroces souffrances. Nous avions dès lors décidé de vous retenir dans une autre prison, dépourvue d'argent. La seule prison qui serait capable de vous retenir est Azkaban. »
Harry dut se retenir de gémir. Sûrement, c'était une plaisanterie ? Il n'allait quand même pas aller à Azkaban ? Harry jeta un regard horrifié à Alrick, mais ce dernier fixait le chef du Magenmagot, ne lui accordant pas un regard pour le rassurer.
« Azkaban est pour les criminels. C'est ce que votre avocat nous a répondu et nous avons tous convenu qu'étant donné vos actes héroïques, bien que parfois discutables, vous incarcérer là-bas aurait été… une injustice que le monde sorcier n'aurait pu pardonner. »
Harry grogna en réponse. Et l'enfermer dans une prison d'argent, par contre, c'était pardonnable ?
« Monsieur Potter, vous êtes présumé en relation avec un alpha, mais nous n'avons pas de preuve définitive. L'incarcération annuelle était une mesure poussant le compagnon à se révéler au ministère afin de prouver ou non l'existence de cet alpha. Au bout de 5 mois, aucun alpha n'est venu pour vous. Mais vous avez manifestement grandement souffert de votre incarcération. Votre avocat a apporté de nombreux témoignages, venant de plusieurs pays, attestant que l'empoisonnement dû à l'argent conduisait indubitablement le lycanthrope enfermé à la mort et que vous retenir un an signifiait vous condamner. La loi créée en 1865 ne prenait pas grand cas de l'existence et de la survie des lycanthropes qui est pourtant à la base de nos conversations actuelles, merci à vos amis pour cela. C'est suite aux révélations faites par votre avocat et à cette présomption que nous avons décidé de modifier cette loi. »
A nouveau, le silence, Harry retenait presque sa respiration, son corps tremblant sur place. Alrick posa la main sur son épaule, comme pour lui apporter de la force (ou était-ce du réconfort ?) pour les mots à venir.
« A présent, sans preuve tangible que le compagnon du lycanthrope est bel et bien un alpha, nous avons raccourci la peine de séquestration à six mois. »
Harry retint un gémissement. Six mois. Il n'en était qu'à cinq !
« Nous étions donc tous d'accord pour vous libérer le mois prochain, mais encore une fois, votre avocat n'était pas disposé à vous laisser sous notre garde. Il a riposté en attaquant le ministère pour mise en danger de la santé d'autrui, soulignant que votre incarcération actuelle vous avait déjà profondément affecté et qu'il n'était pas sûr que vous surviviez à un mois supplémentaire. C'est pourquoi vous êtes ici, Monsieur Potter. Nous voulions vous voir de nos propres yeux. »
Harry se força à croiser le regard de l'homme. Ce dernier gardait un sérieux impénétrable. Aucune étincelle de pitié ou de compréhension dans son regard, juste un détachement professionnel, presque clinique.
« A en juger par les dernières photographies prises de votre personne dans la presse, il est manifeste que votre emprisonnement a déjà lourdement pesé sur votre santé. L'ensemble du Magenmagot et moi-même allons maintenant débattre si oui ou non, vous devez rester séquestré le mois supplémentaire. Nous reviendrons vers vous quand nous aurons terminé. »
D'un mouvement de baguette, une autre barrière se leva, séparant Harry du reste des juges. Alrick resserra sa main sur son épaule.
« Vous êtes parfait ainsi, Harry, lui dit-il. Encore un peu de courage. »
Harry ne se donna pas la peine de hocher la tête. A la place, il ferma les yeux, feintant l'épuisement – ce qui n'était pas très dur, il se sentait vraiment fatigué. Les chaines lui brûlaient la peau et il n'avait qu'une envie, les arracher. Mais il ne doutait pas un instant qu'il n'en aurait pas la force. Il releva les yeux vers les membres du Magenmagot, les voyant débattre, chacun tentant de prendre la parole, certains faisant de grands gestes dans sa direction.
Le chef sembla les encourager à se calmer et puis Harry vit Lucius prendre la parole. Tous semblèrent l'écouter, certains lui parlèrent avec une expression agressive, mais Lucius garda son calme. A nouveau, ils reprirent la parole, parfois une seule personne, parfois plusieurs et le chef écouta. Il finit par tous les faire taire d'un simple geste. Il parla à son tour et lança manifestement un débat à main levée. Sur la trentaine de personnes présentes, une vingtaine leva la main. Le chef hocha la tête parla à une personne occupée à tout retranscrire. Un parchemin vola jusqu'à l'homme qui pris une plume – une plume de sang, Harry la reconnut – qu'il signa d'un geste ample. Ensuite, tous se rassirent et la barrière fut levée.
Le silence régnait pesamment. Harry n'eut pas la force de se retourner pour voir si oui ou non, les autres personnes présentes derrière la barrière s'étaient tues elles aussi. Il fixait le chef, le cœur battant si vite qu'il craignit un instant l'arrêt cardiaque.
« Une loi vient d'être modifiée, dit l'homme, serein. Et bien que le monde sorcier ne puisse que vous adresser une vive reconnaissance, monsieur Potter, le Magenmagot et le département de la justice magique se doivent de respecter la loi. Toutefois, vous avez libéré notre peuple d'un dangereux mangemort qui menaçait notre monde, notre secret et nos vies. En tant que telle, nous ne pouvons nous montrer plus ingrats que nous l'avons déjà fait. »
A nouveau ce silence. Une puissante nausée avait envahi Harry qui tremblait tellement que cela devait se voir, même du fond de la salle.
« Nous avons donc décidé, à la quasi unanimité, de vous garder pendant ces six mois qu'imposent cette loi modifiée. Toutefois, par respect pour vos actes, le dernier mois d'incarcération ne se fera pas dans votre prison précédente. Vous serez maintenu en captivité, ici, au ministère, pour un ultime mois, dans une prison dépourvue d'argent. Nous espérons qu'ainsi, privé de la source même du déclin de votre santé, vous pourrez vous rétablir pour poursuivre votre vie. C'est là notre décision finale. »
Un coup de marteau s'abattit sur le bureau devant le chef du Magenmagot, D'Arconis se mit à crier au favoritisme, la barrière de silence retenant le public fut levée et des dizaines d'autres cris retentirent, réclamant sa libération ou sa séquestration, Harry ne les entendit pas. A la place, il perdit connaissance.
A suivre…