NdA: Je suis troublée...

Ce chapitre était écrit depuis déjà un bon moment et je l'avais oublié. Lorsque j'ai découvert son existence, il y a quelques temps, je me suis empressée de le mettre dans mes documents et de le relire... Et vous savez quoi?

Je l'ai encore oublié. Ainsi, aujourd'hui, je suis venue sur mon compte, en me disant que j'allais me reprendre en mains, vu que toutes mes fic sont incroyablement en retard du côté update. (D'ailleurs, je m'en excuse, j'ai été incroyablement occupée en fin d'année scolaire, j'avais vraiment beaucoup de pression, car j'éprouvais des difficultés en maths, j'avais beaucoup de spectacles de danse, de devoirs et autres trucs qui prenaient tout mon temps. J'ai même dû demander des délais supplémentaire à Paradise of Readers car je n'arrivais tout simplement pas à trouver le temps pour traduire ') Bref, quelle ne fut ma surprise de trouver ce chapitre, que j'étais certaine d'avoir publié mais... qui ne l'était pas.

Je suis misérable.

Avant de vous laisser lire ce chapitre par contre, je tiens à dire que j'ai récemment (ouais, il y a quelques mois -) publié un chapitre de ma fic Défaillance Émotionnelle, et personne n'a reviewé. Aucune review. J'ai soudainement peur de ne plus avoir de lecteurs, de vous avoir tous perdus, avec le temps. Mais je suis toujours là, ne m'abandonnez pas! 0.0

Bref, si vous lisez ce chapitre, sachez que les reviews sont pour moi le meilleur salaire qui soit et qu'un simple petit commentaire ensoleille ma journée, et m'assure que vous êtes toujours là.

Suite à cela, je vous dis «Bonne Lecture!»


Chapitre 5: Rêves

Ce matin-là, Harry se réveilla en sursaut. Ses yeux s'ouvrirent brusquement et, s'il n'avait pas été seul, toute personne lui ayant tenu compagnie aurait pu voir une myriade de sentiments contradictoires se bousculer au travers de ses pupilles dilatées.

Mais personne ne se trouvait avec lui, ce matin-là. Et, en jetant un rapide coup d'oeil autour de lui, il sut qu'il ne se rendormirait pas. C'était toujours comme ça. Presque tous les matins. Il se réveillait bien avant que le cadran ne sonne, et il se voyait obligé de se lever, s'il ne voulait pas rester dans son lit, à tenter désespérément et inutilement de se rendormir, alors qu'il savait très bien qu'il n'y parviendrait pas. Comment pourrait-il, suite à ce rêve? Ce rêve qu'il faisait presque chaque nuit, dernièrement...

Il soupira, puis se redressa, se frottant les yeux du dos de la main. En fait, ce n'était pas exactement le même rêve à chaque fois. C'était juste... ressemblant. Ce n'était pas toujours la même scène, mais c'étaient toujours les mêmes visages, les mêmes personnes. Ces gens, il ne les connaissait pas. Pourtant, il était persuadé de les avoir déjà vus quelque part. Il avait réellement l'impression de les avoir déjà connus.

Et pourtant, sa mémoire ne lui fournissait aucun nom, ni aucune occasion où il aurait pu les avoir rencontrés. Les aurait-il croisés dans la rue? Peut-être les avait-il vus sans les voir?

Mais alors, pourquoi rêvait-il à eux?

Harry secoua la tête, comme pour repousser ces idées. Il se prenait réellement la tête pour rien. Ce n'étaient que de stupides rêves, non? Rien de particulièrement troublant. Vraiment pas de quoi se poser toutes ces questions.

Il repoussa donc ses quelques couvertures qu'il s'obstinait à garder, bien qu'il commençait à faire plutôt chaud, et s'extirpa du lit. Il était cinq heures, et ses cours débutaient à huit heures. Il avait donc encore beaucoup de temps devant lui. Il ne saurait pas quoi en faire. Regarder la télévision? Bof, il n'était pas un grand fan de cette boîte à images laveuse de cerveau. Écouter de la musique? Les voisins n'apprécieraient pas vraiment et puis il considérait la musique comme un bruit de fond, pour meubler le silence pendant qu'il faisait autre chose. En écouter n'était pas vraiment un passe-temps, pour lui. Peut-être pourrait-il lire? Encore une fois, bof. Il n'aimait pas vraiment lire. Ne pas aimer la lecture ou la télévision éliminait environ 50 pour cent des moyens de tuer le temps, dans la vie de tous les jours. Pas très pratique.

Il ne pourrait pas non plus appeler Samantha. Elle le tuerait s'il osait la réveiller à cinq heures du matin. Elle n'était vraiment pas du matin, celle-là...

Le jeune homme soupira. Mieux valait commencer par le commencement. Il se préparerait et, ensuite, il songerait à ce qu'il ferait avant de partir, vers 7h30. Il s'habilla donc en vitesse, sachant pourtant qu'il n'était pas pressé, et se peigna ensuite les cheveux, sachant pourtant que c'était inutile. Son père lui avait légué cette tignasse rebelle contre laquelle il avait depuis longtemps rendu les armes. Puis, il se dirigea vers la cuisine, où il se versa un bol de céréales qu'il alla manger sur le divan, dans le salon. Il reconsidéra d'ouvrir la télévision, mais y renonça. Quel genre d'émissions ennuyeuses pouvait bien être diffusé à cette heure? Il préférait le silence à un quelconque dessin animé pour enfants lobotomisés.

Il avala rapidement son déjeuner, incapable de simplement profiter de ses cheerios au miel et aux noix. C'était pourtant sa sorte favorite. D'ailleurs, il devrait aller en acheter, en revenant de l'école. Il ne lui en restait plus que pour un seul bol. Se connaissant, il en mangerait sûrement ce soir, avant d'aller au lit et, ainsi, il n'aurait rien pour déjeuner, le lendemain. Un arrêt au dépanneur du coin s'imposait donc. Quoique, l'épicerie serait peut-être encore mieux. On y trouvait parfois des boîtes de céréales format Jumbo, ce qui était assez génial pour un maniaque comme lui.

Soupirant de nouveau, toujours sans raison, il se leva et alla déposer son bol dans le lavabo. C'est alors que, sans prévenir, les images de son rêve lui revinrent en tête. Ça aussi, sans raison particulière.

Comme à chaque fois, il n'avait rien vu de précis ou de clair. Juste des images. La plupart étaient floues, voire imperceptibles. Pourtant, il revoyait très bien cette tignasse rousse, qu'il revoyait chaque nuit. Les rêves étaient différents, mais les visages, les mêmes. Il voyait un jeune homme roux, probablement de son âge, grand, plutôt musclé, et blême. Parfois, il se tournait vers Harry et lui souriait, lui faisant un bref signe de la main. D'autres fois, il se contentait de lui jeter un regard complice.

Et puis, il y avait cette jeune fille, rousse aussi. Des cheveux aux épaules, un peu plus foncés que ceux de celui qui devait être son frère. D'ailleurs, Harry voyait parfois toute une famille de rouquins, tous assis autour d'une table, à manger et discuter joyeusement, riant et s'amusant tous ensemble. Leurs visages étaient tous parsemés de taches de rousseurs et leur chevelure de feu bougeait au gré de leurs mouvements.

Et puis, il y avait cette brunette. Bien souvent, il la voyait de profil, alors qu'elle étudiait. Elle semblait toujours absorbée par ce qu'elle lisait. Puis, elle semblait remarquer sa présence, et alors elle lui adressait un bref sourire, avant de lui tirer la langue.

Toutes ces images... elles ressemblaient réellement à des souvenirs. Des souvenirs qui ne devaient pourtant pas lui appartenir. S'ils étaient les siens... ne devrait-il justement pas s'en rappeler? Tous ces gens ne lui disaient rien mais... quelque chose clochait... il n'aurait su dire pourquoi, ni comment. Il avait l'impression de visiter la mémoire d'une autre personne.

Mais qui était cette personne?

Harry soupira pour la enième fois de la matinée et, cette fois, avec raison. Il faisait une montagne avec un rien. Il était vraiment désespérant.


Il était aux alentours de 6h30 lorsqu'il mit les pieds dehors, la ganse de son sac sur l'épaule et un café en main. Il ne portait qu'une simple veste pour affronter la douce fraîcheur matinale du printemps. C'était bien suffisant.

Il descendit en quelques sauts les marches devant l'entrée avant d'atterrir sur le trottoir. Il prit une gorgée de son café aromatisé à la vanille et aux noisettes, puis commença à marcher en direction de l'école. Il faisait beau, ce matin. Il ne prendrait pas l'autobus. De toute façon, il avait beaucoup de temps devant lui. Normalement, il quittait son appartement une heure plus tard, mais il ne savait plus quoi faire de tout ce temps. Et puis, un peu d'air frais ne lui ferait pas de mal.

«Harry!»

Le jeune homme fronça les sourcils. Venait-il réellement d'entendre quelqu'un l'interpeller, au loin?

«Harry, attends!»

Il semblait bien, oui. Il s'arrêta, puis jeta un regard par-dessus son épaule. Il aperçut aussitôt une chevelure blonde un peu trop parfaite courir dans sa direction.

Non, ce n'était pas possible...

«Draco?»

Et pourtant, c'était bien lui qui, à bout de souffle, s'arrêta à ses côtés. Il fallut un certain temps avant que le moindre mot ne soit prononcé, Harry étant évidemment trop surpris et Draco, bien trop essoufflé. Ce fut finalement ce dernier qui, après avoir retrouvé son souffle, se décida à parler.

«Je passais par là quand je t'ai vu sortir de chez toi. J'ai essayé de te rattraper, mais ça n'a pas été facile. Je crois que je ne suis pas très en forme.»

Harry esquissa un sourire. Il passait par là? Vraiment? Il en doutait... mais ce n'était pas comme s'il savait où Draco vivait, alors peut-être habitait-il tout proche et c'était pourquoi ils se croisaient. Mais alors... pourquoi était-ce la première fois que cela arrivait?

Peut-être parce que le jeune homme blond partait toujours de chez lui vers 6h30 alors que Harry ne quittait que vers 7h30. Cela aurait été une explication plausible.

Pourtant, il restait sceptique.

«Tu passais par là?» demanda-t-il, d'un ton qui sous-entendait le contraire.

Draco leva les yeux au ciel, arborant ainsi un air non pas découragé, mais bien malicieux. Harry ne put empêcher un gloussement de traverser la barrière de ses lèvres. Le blondinet venait tout juste de volontairement se trahir.

«Tu m'attendais?» fut la question suivante.

«Un peu.»

Le jeune homme aux yeux verts n'en croyait pas ses oreilles. Il l'avait attendu? Qu'est-ce que cela signifiait?

«Et ça fait longtemps que tu es là?»

«Hum, plus ou moins.»

Harry sourit. Il était curieux de savoir le temps exact, mais ne posa pas d'autres question. Ils se contentèrent donc d'avancer côte à côte, se jetant parfois de furtifs regards du coin de l'oeil. Le brun ne put s'empêcher de repenser à cette rencontre qu'ils avaient eu, quelques jours plus tôt. Leur deuxième, à vrai dire, la première ayant été cette fois où ils étaient entré en collision dans les couloirs de l'école. Cette deuxième rencontre avait eut lieu le jour où Draco l'avait surpris en pleine prise de photos, dans le parc. Ils avaient ensuite été prendre un café ensemble et avaient appris à se connaître.

Étrangement, ça avait tout de suite cliqué, entre eux. Ils s'entendaient vraiment bien, pour deux personnes qui ne se connaissaient pas vraiment.

«Alors, Harry Potter, que fais-tu dans la vie?»

«Qu'est-ce que tu veux dire?»

«Bah, je ne sais pas. Qu'est-ce que tu aimes faire?»

«Ce que j'aime faire? Je ne sais pas trop...»

«Il doit bien y avoir quelque chose que tu aimes.»

«Eh bien, il y a la photographie, mais ce n'est pas une réponse très originale, non?»

Alors Draco avait ri. Puis Harry avait ri à son tour. Le blond semblait vraiment s'intéresser à ce qu'il aimait, et cela surprenait le brun. Généralement, ce genre de questions étaient posées par politesse. À tout le moins, c'était l'impression qui était donnée. Pourtant, lorsque Draco lui posait une question, il semblait vraiment vouloir connaître la réponse.

«Tu aimes la lecture?»

«Hum, pas vraiment, à vrai dire. Je lis un peu, de temps en temps, mais c'est plus par obligation.»

«Ah bon? Et qui t'y obliges?»

«Sincèrement? Personne. Je crois que je lis pour me prouver que je ne suis pas complètement inculte.»

Et il avait ri de nouveau. Comme si ce que Harry disait était réellement amusant. Jamais il ne s'était vraiment senti drôle. Sauf peut-être en présence de Samantha. Même avec Simon, il ne s'était jamais senti drôle.

Avec Draco, il ressentait l'envie de continuer de parler de lui-même, aussi égoïste que cela puisse paraître.

«Mon parrain Sirius adorait la lecture et il me disait souvent que les livres étaient l'une des plus belles inventions de l'homme, et aussi l'un des plus grands progrès. Aucun jeu vidéo, aucune télévision, ni même la moindre chaîne de son ne saurait surpasser ces oeuvres.»

«Il me semble être quelqu'un de très cultivé.»

«Il l'était. Il possédait une grande bibliothèque et je crois qu'il avait lu chaque livre qui s'y trouvait. Il ne cessait de se décourager de mon manque d'intérêt pour la lecture.»

«C'est à cause de lui que tu te sens obligé de lire?»

«Je crois, oui. Depuis qu'il est mort, je crois que c'est un peu ma façon de lui rendre hommage.»

Il y avait eu un bref silence, suite à cela. Harry s'évertuait à fixer la table, mais sentait le regard désolé de Draco posé sur lui. Il en était plutôt mal à l'aise, mais en même temps, rassuré. Il détestait généralement recevoir la compassion des autres à l'annonce de la mort de son parrain, mais c'était différent avec Draco. Ce dernier ne semblait pas le prendre en pitié, comme la plupart des gens. Lorsque le blond se décida à parler, ce ne fut donc pas pour offrir ses condoléances, et Harry ne put que lui en être reconnaissant.

«Tu sais, ton parrain n'a pas tort. La lecture est réellement quelque chose de merveilleux. Moi, personnellement, j'adore. Mais il y de nombreux autres moyens de s'exprimer que l'écriture, et chacun d'eux est aussi fantastique. La photographie en fait partie.»

À cette réplique, Harry avait sourit. Il n'avait jamais vraiment vu les choses de cette façon. Il était vrai que prendre des photos était sa façon de s'exprimer, mais jamais il n'aurait comparé cela à l'écriture.

Le jeune homme aux yeux verts réalisa bien vite qu'il adorait écouter Draco parler.

«Ma famille a toujours été très stricte. Riche, aussi. Je n'ai jamais manqué de rien, il serait très prétentieux de ma part de me plaindre de quoi que ce soit. Pourtant, je n'ai pas été particulièrement heureux durant mon enfance. Il y avait toutes ces règles et ces obligations. Je devais toujours être présent lors de ces cocktails ennuyeux, où je devais absolument bien me tenir et faire bonne impression, rencontrer un tas de gens importants dont je me foutais éperdument et sourire en permanence, tout en gardant une certaine contenance. Mon père était un important homme d'affaires, il avait donc une réputation impeccable à tenir.»

«Est-ce qu'il est toujours comme ça?»

«Je ne sais pas trop, je ne lui parle plus vraiment. Il est en prison, maintenant.»

«Je suis désolé.»

«Oh, ne le sois pas. Mon père a toujours été un véritable escroc. Toujours prêt à profiter de la misère des plus faibles. Je crois sincèrement qu'il mérite ce qui lui arrive.»

«Et ta mère?»

«Ma mère? Disons qu'elle n'a jamais été quelqu'un de mauvais, mais elle aimait vraiment mon père et était prête à tout pour lui. Même renier son propre fils. Maintenant que mon père n'est plus là, elle tente de reconstruire ce qu'elle a détruit, mais ce n'est pas vraiment facile. Je lui parle, de temps en temps. Je crois qu'elle ne voulait pas réellement me blesser comme elle l'a fait, bien que je ne sois pas prêt à lui pardonner entièrement.»

«Te renier? Pourquoi elle a fait ça?»

«Bof, disons que je n'avais pas les mêmes idéaux qu'eux. Ou plutôt que mon père. Ma mère l'a simplement suivi. Il allait de soi qu'elle pense comme lui.»

Il semblait vraiment avoir eu une existence difficile. Harry ignorait si ses propres problèmes sauraient égaler ceux de Draco. Probablement pas. Était-il possible de complexer pour cause de trop petits problèmes? Le photographe innoverait...

Pourtant, le blond ne parlait jamais bien longtemps de lui-même et en revenait toujours au jeune homme devant lui. Cette attitude déstabilisait ce dernier, qui ne se considérait certainement pas si intéressant.

«Tu as quelqu'un dans ta vie?»

«Moi?»

«Non désolé, je parlais à la chaise vide à ta droite. Je la trouve un peu triste.»

«Ha, ha. Très drôle.»

«Alors, tu vis avec quelqu'un?»

«Non, je vis seul. Et je n'ai personne dans ma vie pour l'instant. J'ai été pendant un certain temps avec quelqu'un, mais ça n'a pas marché.»

«Désolé.»

«Oh non, c'est mieux ainsi. C'était un véritable idiot.»

Sur le coup, Harry n'avait même pas réalisé qu'il avait parlé au masculin, lui qui tentait de rester neutre à ce sujet. Après tout, il ignorait si Draco était homophobe ou non. Pourtant, ce dernier ne sembla même pas remarquer ce détail.

«De mon côté, je n'ai jamais vraiment été avec quelqu'un. Ou plutôt, je n'ai jamais vraiment été amoureux. Je suis déjà sorti avec une fille, mais je ne l'aimais pas. C'était la fille d'un homme très influent et mon père voyait d'importants contrats venir d'une union entre elle et moi. Je n'ai pas vraiment protesté et j'ai été avec elle pendant un certain temps, mais je me suis lassé. J'en avais assez de prétendre. Évidemment, mon père n'a pas apprécié. Il n'en a pas trop fait de cas, mais il est resté froid, suite à cela.»

«Ça doit être horrible. Je ne m'imagine pas être avec quelqu'un que je n'aime pas.»

«Eh bien, je n'ai absolument pas l'intention de laisser cela se reproduire.»

Ils avaient parlé bien plus longtemps que Harry n'aurait cru cela possible. Ils avaient probablement abordé tous les sujet imaginables.

«Alors, tu prends souvent des photos dans le parc?»

«Oh, plus ou moins. Parfois dans le parc, parfois dans la rue, d'autres fois devant les magasins ou sur des terrasses de cafés. J'aime bien prendre les gens lorsqu'ils ne s'y attendent pas. S'ils le savaient, ça enlèverait toute la spontanéité et la photo n'aurait plus aucun sens. Elle n'aurait plus rien de vrai.»

Draco avait sourit, puis l'avait longuement observé. Harry s'était senti nerveux. Avait-il dit quelque chose qu'il ne fallait pas?

«C'est beau ce que tu dis. Tu sembles vraiment aimer ce que tu fais.»

«Oui, vraiment.»

Bref silence, avant que le brun ne poursuive.

«Mais toi, c'est le dessin?»

«Hum hum. Je crois que j'ai toujours été un artiste dans l'âme. Bien que moi, je ne peux pas vraiment prendre les gens par surprise. Il m'arrive de dessiner les gens sans qu'ils le sachent, mais il y a toujours le risque qu'ils s'en aillent avant la fin du dessin.»

«Et ça arrive souvent?»

«Un peu trop, oui. Si tu voyais le tas de dessins non terminés pour cause de modèles inconscients...»

Et, une fois de plus, ils avaient ri. Il n'y avait rien de particulièrement hilarant, mais ils avaient ri. Et cela avait fait du bien, de rire. De simplement rire, en compagnie de quelqu'un. Il s'agissait parfois de si peu...

«À quoi tu penses?»

Il fallut un certain temps au jeune photographe pour réaliser que cette question ne provenait pas de ses souvenirs, mais avait bel et bien été posée dans le présent, par un Draco qui marchait à ses côtés à 6h30 du matin.

«Ah? Euh, oh, rien de spécial.»

«Ah bon.»


À l'avant de la classe, Monsieur Johnson récitait son habituel monologue complètement ennuyeux, que personne ne daignait écouter. Harry faisait évidemment partie de tous ces autres élèves qui ne se donnaient pas la peine de porter attention à ce que le vieil homme leur enseignait. De toute façon, chaque fois que l'un d'entre eux avait le malheur d'être surpris en train de regarder leur professeur de façon en peu trop insistante, ce dernier ne manquait jamais de le réprimander en utilisant toutes sortes d'excuses plus ridicules les unes que les autres.

Cela semblait être la seule joie de ce pauvre vieil homme aigri: maltraiter ses élèves. C'était probablement pourquoi sa retraite ne semblait pas venir. Que deviendrait-il, sans jeunes adultes à peine sortis de l'adolescence à ridiculiser devant toute une classe d'autres jeunes adultes à peine sortis de l'adolescence? Il deviendrait probablement un vieil homme aigri sans jeunes adultes à peine sortis de l'adolescence à ridiculiser devant toute un classe d'autres jeunes adultes à peine sortis de l'adolescence.

Bref, le jeune adulte à peine sorti de l'adolescence nommé Harry Potter n'écoutait pas, tout comme ses camarades de classe, tous de jeunes adultes à peine sortis de l'adolescence.

Il préférait se laisser emporter par ses pensées, vers un monde qui lui appartenait et auquel personne d'autre n'avait accès. C'était un endroit secret où il avait toujours aimé se réfugier, étant jeune. Encore aujourd'hui, il y allait souvent. Là-bas, il était seul et tranquille, et pouvait songer à tout ce qu'il voulait, sans être déranger.

À tout le moins, c'était l'impression qu'il se donnait.

«Monsieur Potter, est-ce que je vous dérange?»

Harry fut parcouru de frissons de la tête aux pieds. Il détestait lorsque cette voix lui était adressée. Surtout lorsqu'une teinte de sarcasme pouvait être discernée au travers de ces paroles déjà désagréables.

Et c'était le cas à l'instant même.

«Hum?»

Ce fut tout ce que le jeune homme parvint à articuler. Pas très éloquent. Ce n'était certainement pas ce qui lui permettrait d'échapper aux griffes acérées de son professeur d'Histoire de l'art.

Comme de fait, il vit aussitôt les commissures des lèvres de M. Johnson s'étirer en un sourire sarcastique et... machiavélique? Quelque chose dans le genre. En tout cas, il sut aussitôt que c'était la fin.

«Alors, il semblerait que mon cours vous ennuie, Monsieur Potter.»

Cette façon qu'il avait de cracher son nom de famille ainsi... Harry eut aussitôt envie de lui sauter à la gorge et aussi sauver des générations et des générations de futurs élèves. Car il ne doutait pas une seconde que ce vieillard était là pour rester et pourrir l'existence d'encore beaucoup d'étudiants.

«Peut-être devrais-je vous laisser la parole, Monsieur Potter. Peut-être mon cours deviendrait-il intéressant? Hum? Qu'en pensez-vous, Monsieur Potter?»

Les idées de répartie qui vinrent à l'esprit de Harry à cet instant précis se comptaient par centaine. Mais il garda le silence. C'était plus sage, et plus prudent aussi. Bien qu'il savait que tous les autres le soutenaient, il ne valait rien contre cet être du mal.

Ce dernier lui jeta encore quelques répliques humiliantes, avant de finalement reprendre son cours. Cette fois, Harry écouta, sachant pertinemment que son professeur lui poserait plusieurs questions pour s'assurer qu'il avait bien retenu la leçon...


Lorsque Harry mit les pieds en dehors de la salle de classe, il était de mauvaise humeur. M. Johnson ne l'avait plus lâché du reste du cours et il était vraiment au bord de la crise de nerf. Il ne lui en fallait plus beaucoup pour éclater.

Ce fut donc ce moment précis que Simon choisit pour se montrer le bout du nez. Il avait toujours eu un de ces sens du timing, celui-là...

«Salut Harry.»

Si un regard avait pu arracher chaque cheveu un par un, pour ensuite en faire une poupée vaudou et torturer l'interlocuteur à mort avec une aiguille, Simon aurait été un chauve troué avant même de pouvoir dire: «Jesuisunchauvetroué.»

Malheureusement, dans la vraie vie, un regard n'était qu'un regard, et Simon n'était qu'un imbécile fini. Il ne remarqua donc pas les flammes dans les orbes vertes de son ex petit-ami.

Un imbécile fini et aveugle, quoi.

«J'ai essayé de t'appeler, mais tu ne répondais pas à mes messages.»

Un imbécile fini, aveugle et affreusement stupide.

«Je ne t'ai pas appelé parce que je n'en avais pas envie.» fit Harry, en serrant les dents.

Évidemment, cet imbécile fini, aveugle, affreusement stupide et collant fit semblant de ne pas avoir entendu la remarque. Il préféra plutôt se passer une main dans les cheveux, un geste qui se voulait probablement séduisant.

«J'ai deux billets pour une pièce de théâtre ce soir. Intéressé?»

«Non.»

«Tu ne veux pas savoir quel est le nom de la pièce?»

«Non.»

Un rire cristallin s'échappa des lèvres du jeune homme aux yeux noirs comme ses cheveux. Ça aussi, ça se voulait probablement séduisant et charmeur.

Mais, en réalité, c'était ridicule.

«C'est ce que j'ai toujours aimé, chez toi.» ajouta-t-il, d'une voix théoriquement suave. «Tu sais ce que tu veux.»

Cela devenait de plus en plus ridicule. Chaque jour, Harry envoyait Simon sur les roses en employant parfois un vocabulaire des plus... hum... imagés. Et pourtant, il revenait. Un vrai boomerang. Il oubliait toutes les méchancetés que le jeune homme aux yeux verts lui avait dites et il revenait à la charge, comme si la nuit avait suffit à le faire changer d'idée.

Harry ne pouvait que se demander pourquoi il avait perdu deux mois de son existence avec lui. Avec ça!

Le jeune homme soupira, se rappelant à quel point son ex avait été charmeur, au début. À quel point il ne se passait pas la main dans les cheveux à toutes les deux secondes, espérant ainsi paraître sexy. À quel point il parlait de choses intéressantes.

À quel point il était vrai. Tout simplement.

Il est surprenant de voir comme une personne peut changer en l'espace de si peu de temps. Comme si Simon avait commencé à craindre de le perdre et avait ainsi commencé à être insupportable et bien trop collant. C'était ce comportement qui l'avait mené à sa perte.

Et pourtant, il était encore plus énervant depuis leur rupture, qui remontait maintenant à près de trois semaines. Trois dures et pénibles semaines, à endurer cette limace lobotomisée.

«Alors? Tu m'accompagnes?»

«Non! Non, c'est non! Je ne t'accompagnerai pas! Pas maintenant, ni demain, ni jamais! Arrête de m'embêter!»

Harry était furieux. Il sentait sa peau rougir, et ce n'était pas de gêne. Il en avait assez... Il ne regretta donc pas ses paroles et savait qu'il ne les regretterait pas non plus en y repensant, plus tard ce soir-là. Si son ex pouvait le lâcher, il ne s'en sentirait que plus soulagé. Pourtant, connaissant Simon, il doutait que cela n'arrive.

Il observa le jeune homme qui lui faisait face, et vit aussitôt qu'il s'assombrissait. Tiens, il se fâchait? Il mit un certain temps à parler, comme s'il cherchait ce qu'il devait dire, dans les circonstances. Lorsqu'il se décida à briser le silence, il s'avança d'abord vers Harry, comme s'il s'apprêtait à lui confier un secret. Le jeune homme aux yeux verts hésita, mais ne recula pas. Quelque part, il devait être curieux.

«Écoute, Harry. Je ne comprends pas pourquoi ça s'est terminé de cette façon entre nous, alors que ça allait si bien. Mais il n'est pas trop tard. Je t'aime encore, et je sais que tu m'aimes.»

L'envie de reculer et de le frapper se présenta une fois de plus dans l'esprit du photographe. D'ailleurs, il passera le reste de ses jours à se demander pourquoi il ne broncha et continua d'écouter ce grand n'importe quoi.

«Je t'aime et je suis prêt à te pardonner. Je sais que tu as voulu faire ton indépendant, mais tu ne crois pas que tu as prouvé ton point, maintenant?»

Non, le frapper aurait été trop gentil. Lui arracher les yeux pour en faire des balles de golf aurait été préférable, et encore. Il se sentait généreux.

«On peut revenir ensemble, c'est ta chance. Tu vas accepter ce billet, et on va aller à cette pièce, comme on le faisait lorsqu'on était ensemble. Tout va redevenir comme avant.»

Un imbécile fini, aveugle, affreusement stupide, collant ET prétentieux. Harry tremblait de rage. Comment osait-il ainsi prétendre être le centre de ses désirs et sous-entendre que c'était lui, Harry Potter, qui se mourait de revenir avec lui? C'était horrible.

Mais encore là, le photographe aurait réussi à se contenir, à simplement reculer, lui jeter un regard meurtrier, peut-être aussi lui cracher une réplique cinglante et s'en aller, fièrement, sans avoir perdu son calme qu'il s'évertuait à garder.

Il aurait réussi... s'il n'avait pas senti la main de Simon se poser sur sa cuisse, alors que ses lèvres se déposaient sur la peau sensible de son cou. Alors là, quelque chose de totalement inattendu se produisit.

Harry aurait voulu lui mettre son poing dans la figure, faute de temps pour réfléchir à une vengeance plus originale. Il aurait voulu le frapper sans arrêt jusqu'à ce que quelqu'un n'ose venir l'arrêter. Il aurait voulu lui faire mal, pour que Simon comprenne enfin qu'il n'était qu'un psychopathe pathétique et ennuyant.

Il aurait voulu plein de choses, mais ce qui se produisit ne faisait absolument pas partie de ces choses. Lorsque son ex se sépara de lui, ce ne fut pas par compassion, mais bien par surprise. Car un trop fort bruit venait de retentir dans tout le couloir, et certainement dans une bonne partie de l'école. On entendit quelques cris d'étudiants, alors que les morceaux de verre atterrissaient lourdement sur le sol et que des éclats volaient un peu partout.

Tout le monde se recroquevillait, tentant de se protéger de tous ces éclats coupant qui allaient dans toutes les directions. Mais pas Harry. Ce dernier regardait autour de lui, voyait tous ces gens paniquer et ne bronchait pas. Il voyait Simon, qui tentait de s'éloigner du danger, ne se préoccupant évidemment pas de «l'élu de son coeur». Et c'était mieux ainsi.

Une fenêtre venait de voler en éclats, comme ça, sans raison. Et Harry ne pouvait que rester bouche bée devant la situation.

Car ce n'était pas la première fois que ce genre de choses se produisait.


NdA: Voilà, c'est la fin de ce chapitre. Ça fait si longtemps que je l'ai écrit, que j'ai l'impression de lire un chapitre écrit par quelqu'un d'autre! Je ne me savais pas si imagée! XD Le chauve troué, j'ai particulièrement aimé! XD

Bon, je suis pathétique... -

Si j'essaie de faire pitié un peu, vous me pardonnerez mon retard? Et vous me laisserez quelques reviews? -tente d'imiter les yeux du chat botté dans Shrek- Hum?

Bon... à la prochaine! (J'espère sincèrement parvenir à updater toutes mes fics cet été. Après tout, l'été dernier, j'étais une véritable machine à updates!)