Promesses tenues

Générique

Auteur : Robin4, sous le titre original de Promises Remembered

Inspiration JKR, mais très UA quand même !

Traduction : Petite Plume

Relecture et mise en ligne… Fénice

Sponsors officiels :Touffue et Alana qui commencent à comprendre (cours de rattrapage cette semaine), Chinader, Ange-noire, Lunenoire qui trouve ça triste, Siri l'aventurieur, Shima-Chan, Lokness, Queen Anarchy, Bostaf et Me.

Merci à tous – surtout aux neuf qui ont reviewé sans alerte!


Chapitre quarante-trois : Et ne pas céder

"Je dois te parler."

La dureté de la voix tira brusquement James de sa rêverie ; il contemplait le sous-main rouge cerise de son bureau flambant neuf en essayant de décider comment il allait tout ranger – il ne s'écoulait pas une minute sans que quelqu'un ne rentre dans son bureau et n'interrompe cette activité pourtant nécessaire. Dumbledore, James commençait à le réaliser, avait beaucoup de choses dont il ne comprenait pas l'utilité. Après tout, pourquoi Dumbledore avait-il eu besoin d'une postiche ?

Sur le pas de la porte de son bureau fraîchement reconstruit (différemment du premier) se tenait Severus Rogue.

"Qu'est-ce que tu fais ici ?" ne put s'empêcher de demander James. Alors il jeta un coup d'oeil sur l'horloge géante, ancienne et moldue qu'il avait. Et celle-là, pourquoi Dumbledore l'avait-il gardée ici ?

"Comme je l'ai dit, je doit te parler." Rogue entra - James n'avait pas encore de porte - et s'assit sur la chaise libre sans y être invité. "C'est important, pour l'Ordre et le Ministère." Il hésita. "Et les Aurors."

James eut soudainement l'impression que la température dans son bureau avait chuté significativement – c'était d'ailleurs tout à fait possible car le ministère de la Magie était seulement aux trois quarts installé, et James n'était pas tout à fait sûr qu'ils aient déjà installé les sorts de température. "Pourquoi tu n'as pas parlé cette nuit ?"

"Ce n'était pas le moment."

"Je vois." Rogue n'eut pas besoin d'expliquer pourquoi - James le savait déjà, et se détestait pour d'être presque presque d'accord avec lui. "Pourquoi ici ? Pourquoi prends-tu le risque de venir au ministère de la Magie ?"

Rogue eut un petit rire. "Il sait que je suis là."

"Quoi ?"

"Tout comme j'étais au courant pour l'attaque du manoir Jedusor," répondit Rogue sans le moindre signe de regret. "Comme je savais qu'ils échoueraient."

"Et tu ne nous as rien dit ?" demanda furieusement James.

"Bien sûr que non." Il sortit soudain sa baguette et l'agita par-dessus son épaule. "Silencio. Si je vous disais tout ce que je sais, à qui va ma fidélité deviendrait évident, et je serais inutile à l'Ordre. Comme au Seigneur des ténèbres."

James ravala la cruelle réponse qu'il méritait parce qu'il savait que Rogue avait raison. James pouvait le détester autant qu'il le voulait, mais Rogue avait raison et il devait lui faire confiance. Si Rogue avait voulu les trahir, ils auraient perdu la guerre depuis des années. Si Rogue voulait nous trahir, nous serions tout morts. James soupira tranquillement.

"Pourquoi voulais-tu me voir ?"

"Maugrey est mort," dit Rogue sans préambule. "La baguette et l'oeil magique ont été placés là pour que les Aurors les trouvent, pour les attirer au manoir Jedusor. Maugrey a toujours été mort."

Pendant un long moment, James le fixa. Tout ça pour rien ? "Qui criait, alors ?"

"Des Moldus. Des victimes prises au hasard." Rogue haussa les épaules. "Ils ont été capturés dans ce but et massacrés. Rodolphus a été très heureux de partager ce secret avec moi quand je l'ai interrogé."

Et Sirius l'avait su. "Nous devons agir," avait-il dit tranquillement quand le cercle intérieur s'était réuni. "Nous devons le faire, ou risquer de perdre tout ce pour quoi nous combattons... j'espère seulement que j'ai tort. Sinon... " James déglutit. Comment avait-il su ? Pouvait-il avoir su ? Rogue parut voir que James était incapable de répondre.

"Il n'y a aucun doute ; Maugrey est mort depuis 1988."

James ravala sa révulsion, sa crainte, et sa colère. "Sirius doit le savoir. Les Aurors aussi."

"Je te laisse ce soin," répondit le mangemort. "Je n'ai aucune envie de parler à ton... ami." Il cracha le dernier mot comme si c'était une malédiction, et James se raidit.

"Après cette nuit, je ne le blâmerais pas de te jeter un sort," répondit le ministre, faisant renifler Rogue.

"Tu crois que j'ai peur de lui, James ?"

"Non." S'il y avait une chose que personne ne pouvait nier au sujet de Rogue, c'était son courage. Un courage incroyable de faire ce qu'il faisait - et d'affronter ce qu'il avait affronté – depuis douze ans.

"Tu as tort," répondit-il tranquillement. "J'ai peur de lui. J'ai peur de ce qu'il deviendra."

"Tu n'es -"

"Tu le vois. Ne le nie pas." Les yeux de Rogue étaient sombres, mais remplis de quelque chose. Était-ce de la colère ? Il gronda, "j'ai déjà vu ça avant."

James commença. "Quoi ?"

"Demande-lui quelles potions je lui ai données. Demande-lui ce qu'il s'est infligé – par choix selon lui. Et dis-moi alors que cet homme, ce monstre, est ton ami."

Lily attendait dans son bureau quand Dung revint, il avait accompagné les élèves à Pré au Lard. Au moment où elle le vit, elle regretta son geste – pourtant il la salua aimablement; le professeur de métamorphose semblait épuisé. Il y avait des rides sur son visage pâle qu'elle n'avait jamais vues, et il semblait avoir perdu du poids au cours des derniers jours. En bref, il commençait à ressembler à un Severus Rogue débordé, bien que ses cheveux ne soient pas aussi gras. Heureusement.

"Je suis désolé de t'avoir fait attendre, Lily," dit tranquillement Fletcher. "Comme d'habitude, les jumeaux Weasley préparaient quelque chose, et j'ai fini par les punir et leur refuser la visite à Pré au Lard."

Il grimaça. "Malheureusement, ce qui m'inquiète, c'est qu'ils n'ont pas eu l'air particulièrement déçus." Un sourire passa sur son visage. "J'espère que je ne suis pas leur victime."

"Je suis sûre que non." Lily rit nerveusement malgré elle. Peu de choses l'amusaient maintenant, mais les bêtises de son fils et de ses chers amis étaient toujours drôles à entendre. Lily n'avait pas été turbulente à l'école, mais son mariage avec James lui avait appris à apprécier ce genre d'humour. En outre, elle pensait savoir qui était cible, à moins qu'ils ne soient assez fous pour essayer de jouer un tour à Remus. Je pense que je payerais pour voir les résultats si c'est ça !

"Bien," dit-il d'un ton bourru. Le sourire avait disparu. "Pourquoi tu voulais me voir ?"

"Pour parler. Je sais que nous avons parlé de ton état il y a quelques jours, mais je voulais savoir ce que nous pouvons faire."

"Pouvez-vous faire quoi que ce soit ?" demanda Dung d'une voix dure.

Lily hocha positivement la tête. "Je crois que oui. La bibliothèque à Square Grimmaurd a une collection intéressante de vieux livres de sorts, et j'ai trouvé le sort de vision à distance dans plusieurs d'entre eux. Il n'y a pas de contre-sort, mais il y a des informations sur la création du sort. Partant de là, nous pourrons trouver un remède."

"En combien de temps ?" Dung avala sa salive, essayant de cacher son inquiétude, mais sans y arriver.

"Quelques mois," répondit Lily avec un sourire. "Peut-être moins. Molly Weasley est très douée avec les sorts."

"Je ne pense pas que nous avons tout ce temps," chuchota-t-il.

Lily fronça les sourcils. « ça ne sera pas facile en attendant, Dung, mais tu peux prendre des vacances si tu as peur d'être une menace pour tes élèves, et -"

"Non, ce n'est pas ça." Il secoua la tête. "Enfin, pas uniquement, quoi qu'il en soit. Mais... nous avons besoin d'un cercle intérieur, Lily, et il ne peut pas se reformer maintenant. Je pense que Remus suspectait Sirius avant, mais c'est moi. Ca doit être moi. Fumseck le sait."

"Tu es sûr ?" demanda-t-elle.

"Oui."

"Alors nous ferons avec," le rassura-t-elle. "Nous l'avons fait jusqu'ici. Nous avons besoin seulement de quelques mois – peut-être même seulement trente jours. Et alors le cercle pourra être reformé."

"Je ne sais pas si nous avons tout ce temps," répondit catégoriquement Dung.

Lily se pencha et lui prit la main. "Nous l'avons. Tu verras." Elle se leva, lâchant sa main. "Je reviendrai la semaine prochaine pour te dire où nous en sommes."

"Bien." Il fixa le vide. "Je te verrai la semaine prochaine alors."

Matin. Aube. Lever de soleil. C'était censé être des moments heureux, des signes de beauté et d'espoir. De nouveaux départs. La fin de l'obscurité.

Sirius renifla. "Bien."

Peut-être que dormir lui aurait fait du bien, mais malgré ses efforts, le sommeil n'était pas venu. Sirius était resté éveillé dans l'obscurité, regardant fixement le plafond et réfléchissant. Se souvenant. Se souvenant.

"Tu m'impressionnes, parfois, Sirius. Je l'admets." Les doigts froids touchèrent son front. "Mais pourquoi perdre tes forces en me combattant? Tu préférerais vraiment mourir ici, oublié et seul ?"

"Oui." Parler le brûlait. Il avalait du sang. Il s'en moquait.

"Je t'offre le monde... Est ce vraiment moins attrayant qu'une vie de douleur ?"

"Dix ans", souffla douloureusement Sirius. "Dix ans... que je dis non."

"Dix ans, et moi je maintiens mon offre," le contra tranquillement Voldemort. Les doigts suivirent le contour de la mâchoire de Sirius, le faisant reculer devant la douleur.

Sa vision se brouilla et il distingua sa baguette qui se levait. Sirius eut à peine le temps de se préparer. "Endoloris !"

Son monde ne fut plus qu'agonie, des feux d'artifice explosaient devant ses yeux. Pourtant, les derniers mots du Seigneur des ténèbres résonnaient dans la tête de Sirius malgré ses hurlements. Doux, et tentants - mais pas assez, même avec toute cette douleur.

"Souviens-toi de ça."

Frissonnant, Sirius s'assit. Il avait le souffle court ; il se souvenait si bien de la douleur qu'il avait l'impression d'être revenu à Azkaban. Mais, ces derniers jours y avaient énormément ressemblé. chaque instant, il vivait un enfer, souvenir après souvenir. Lentement, il contrôla sa respiration et fit glisser ses jambes sur le côté du lit. Il remit les couvertures en place d'une chiquenaude de sa main .

Il grelottait malgré la chaleur de la pièce. Il faisait très chaud – il s'en était assuré avant d'essayer de dormir, espérant que la chaleur l'aiderait. Mais non, et Sirius avait presque cessé s'en inquiéter. Il y avait trop à faire pour s'intéresser à son confort personnel. Il s'habilla distraitement, remarquant à peine quelle robe il enfilait et s'arrêtant seulement pour prendre sa baguette sur la table de chevet et la glissa dans une poche.

Tranquillement, il sortit de ses quartiers par les grandes portes de la villa principale et se dirigea encore vers le laboratoire six. Maintenant que les Aurors savaient ce qu'il faisait, il n'avait plus aucun visiteur, et Sirius en était heureux. Même Tonks et Bill restaient à l'écart, ce qui l'étonnait légèrement - Sirius s'était attendu à ce que ces deux curieux soient les premiers à surmonter leurs craintes pour le chercher. Crainte. Il n'avait jamais voulu être craint, mais il avait le sentiment que les Aurors le craignaient maintenant, même lorsqu'ils disaient le soutenir.

"Tu n'aurais pas dû partir la nuit dernière," dit tranquillement Bill Weasley alors que Sirius tournait au coin de la villa principale. Apparemment, il avait eu tort. Bill n'avait pas assez peur pour fuir. Pas encore.

Sirius s'arrêta. "Et s'il n'y avait plus rien à dire."

"Il n'y avait plus rien ?"

Dis-lui qu'il est à moi. Les mots envahirent son esprit si soudainement que Sirius sentit ses yeux se porter au loin. Il se tendit, sentant les ténèbres, le froid, la douleur, l'envahir - Dis à Fletcher qu'il est à moi. Bill le regardait fixement, mais Sirius ne pouvait pas prêter même la plus légère attention à l'autre Auror. L'obscurité le suffoquait, et c'était différent. Quelque chose était partie de Sirius pour rencontrer Voldemort, et l'avait atteint.

Les ténèbres poignardaient son âme, et Sirius frissonna. Il ignorait si la douleur venait de Voldemort ou de lui-même, mais elle le poussa à agir. Se concentrant, l'Auror fit quelque chose qu'il n'avait avant jamais fait. Pendant l'attaque d'Avalon, Sirius l'avait repoussé, mais maintenant il attaquait. Utilisant toute sa force, Sirius renvoya la douleur à Voldemort, forçant le Seigneur des ténèbres à ravaler l'obscurité. Pendant une seconde, il sentit la douleur le long de leur lien, et le monde devint noir - seulement pour s'éclaircir un instant plus tard. Sirius se tenait toujours entre la villa principale et la bibliothèque. Bill le regardait toujours fixement.

"Tu vas bien ?" s'inquiéta le plus jeune.

Sirius déglutit, essayant de cacher le fait que la vitesse avec laquelle il avait réussi à repousser Voldemort – le fait qu'il ait tout simplement réussi – l'effrayait. "Je vais bien."

"C'était quoi ?"

"Un souvenir," mentit-il, secouant la tête comme pour s'éclaircir l'esprit. Que voulait dire Voldemort ? Voulait-il vraiment le savoir ? Cent fois, le seigneur des ténèbres avait répété ces mêmes mots à Sirius, avait affirmé qu'il lui appartenait, il l'avait certainement aussi dit à Dung dans le passé. Est-ce que cette fois était différente ?

"Tu mens," répondit tranquillement Bill. Il avait l'air blessé.

"Oui."

Y avait-il quelque chose à ajouter ? Non, il n'y avait rien. Toujours rien.

Encore une fois, Sirius prit la fuite.

"Prêts ?" demanda George, les autres acquiescèrent.

"On a été meilleurs," souffla Hermione, levant sa baguette.

"Ca va marcher, Hermione," la rassura Fred. "Tu as fait les recherches."

"La ferme," grogna-t-elle, les jumeaux gloussèrent jusqu'à ce que Ginny envoie un coup de coude dans l'estomac de George.

"Hé ! Qu'est-ce qui te prend ?"

"Tu es un sale gosse," répondit-elle gaiement. "Maintenant laisse-la travailler."

Fred renifla. "Tu n'es pas drôle, Gin."

"Je suis très drôle," répondit-elle. "Sauf quand vous jouez votre putain -"

"Ginny!" haleta Ron, choqué.

Les Misfits reniflèrent alors qu'elle jetait un regard innocent à son frère. Même Hermione baissa sa baguette pour jeter un coup d'oeil par-dessus son épaule – l'expression de Ginny était merveilleuse. "Oh, ne prend pas cet air étonné. Ce n'est pas comme si ton vocabulaire ne faisait jamais hurler maman."

"Mais c'est différent!"

"Ron, j'ai appris ces mots de toi."

Hermione renifla alors que Ron rougissait. Fred et George exultaient. Ron essaya encore. "Je -"

"Vous allez arrêter de vous disputer tous les deux, on va finir par se faire prendre ?" intervint soudain Harry.

"Bonne idée," siffla Hermione, se tournant vers la porte et essayant de se souvenir du bon sort d'ouverture qu'elle avait trouvé dans des serrures, des clefs : comment en venir à bout ? qui était très probablement le seul livre utile du professeur Vindictus Viridian. Hermione sourit pour elle-même puis tapota très soigneusement sa baguette contre la serrure. Droite. Gauche. Vers le haut. Vers le haut. Gauche. Vers le haut. Vers le bas. En diagonale...

"Qui viendrait nous attraper, quoi qu'il en soit ?" demanda Ron derrière elle. "Tout le monde est à Pré au Lard ou entrain d'étudier, et personne ne sait où est le professeur Rogue..."

"Tu es si sûr que tout le monde est à Pré au Lard, Ron ?" demanda une voix.

Ron cracha, les jumeaux jurèrent, Ginny sursauta, et Harry se tourna si vite qu'il bouscula le bras de Hermione, poussant sa baguette dans le trou de la serrure et déclenchant sans le faire exprès le sort d'ouverture. Avec un clic, la porte s'entrouvrit.

"Qu'est-ce que tu fiches ici, Percy ?" demanda George.

"Tu ne devrais pas être à Pré au Lard ?" renchérit Fred avec colère. "Ou avec ta chère Pénélope ?"

Hermione regarda par-dessus son épaule juste à temps pour voir Percy bomber le torse d'un air important : "Je suis un préfet. Je n'ai pas à te rendre de compte. En fait, c'est vous six qui allez vous expliquer. Au nom de Merlin, à quoi pensez-vous en essayant d'entrer dans les quartiers personnels du professeur Rogue ?"

"En réussissant," murmura Ron, mais Percy l'ignora.

"De quoi tu te mêles ? Tu veux avoir les mêmes ennuis que nous ?" demanda Fred.

"Non, il ne se mêlerait jamais à des gens aussi peu fréquentables que des farceurs", corrigea George. "Hein Perce?"

"Ne m'appelle pas comme ça," cracha son frère.

"D'accord, Perce."

"Aucun problème."

"Taisez-vous tous les deux " gronda finalement Percy, perdant son sang froid. Hermione rit nerveusement sans pouvoir se contenir. C'était une chose de respecter les règles, mais Percy était vraiment trop à cheval dessus. Même s'il avait raison parfois.

"Non."

"Probablement pas."

"Jamais," renchérit Ron.

"Tu n'as toujours pas compris ?" demanda gaiement Ginny.

Harry ne fit que renifler.

"Je vous ordonne de vous éloigner des quartiers du professeur Rogue immédiatement !" bêla Percy. Les Misfits rirent.

"Tu nous ordonnes ?" répéta Ron. "OH, non."

"J'ai peur," siffla George. "Ca va, petit frère ?"

"Je suis mort de peur," répondit Ron.

Fred renifla. "Je tremble."

"Je suis horrifié," renchérit Harry.

"Je pense que je vais partir maintenant. Sangloter un peu sur mon oreiller," ajouta Ginny.

"Je pense que je vais finir la blague et partir." Hermione sourit à Percy. "D'accord ? J'ai du travail."

Percy cracha, et les autres n'eurent pas la chance de savoir ce qu'il allait dire. Une rafale soudaine d'air froid ouvrit en grand la porte des quartiers du professeur Rogue et les bougies magiques s'animèrent. Il y avait quelque chose à terre, à seulement quelques pas de la porte.

"Que..." commença George avant de s'interrompre.

Hermione eut froid. "Oh, non", chuchota-t-elle, sentant que les autres se pressaient autour d'elle. Mais elle voyait le mieux, et il n'y avait aucun doute possible sur ce que c'était.

"Ce... ce sont des robes de mangemort..." parvint à begayer Percy.

Ron siffla. "Papa avait raison..."

"Je le savais," chuchota Hermione, plus pour elle-même que pour les autres. "Je savais qu'il n'y avait pas que Quirrell."

"Nous devons faire quelque chose." Soudain, la voix de Percy était ferme. "Nous ne pouvons pas lui permettre de duper professeur Lupin plus longtemps."

"Hum... Il ne dupe personne," dit Harry, à la surprise des autres. "Le professeur Lupin le sait. Ce n'est pas ce que vous croyez."

"Tu veux dire ?" demanda Hermione avant de pouvoir se contrôler. Elle était amie avec Harry depuis presque un an et demi, maintenant, et elle savait quand il leur cachait quelque chose. Et c'était sûrement le cas.

"Bien, heu, je -"

"On s'en fout," l'interrompit fermement Percy. "Nous devons prévenir quelqu'un maintenant."

"Mais -" Harry n'eut pas le temps de continuer, Percy avait déjà tourné les talons et s'éloignait. "Attend ! Tu ne comprends pas !"

Percy continua de marcher, et Ginny jura. Hermione fit face à Harry. "Tu as dit que le professeur Lupin sait ? Rogue est de notre côté ?"

"Oui !"

"Alors on ferait mieux de l'arrêter avant qu'il ne fasse quelque chose que nous regretterons tous," s'exclama sombrement George.

"Oh oui," acquiesça Ron juste comme Hermione disait :

"Allons-y."

Ensemble, les Misfits poursuivirent Percy, oubliant complètement leurs balles rebondissantes.

"Qu'en penses-tu, Lucius ?" Cette question était toujours déloyale quand elle était posée par le Seigneur des ténèbres, mais heureusement, il s'y attendait depuis que Rogue avait remis la prophétie à leur maître.

"Je pense que ça change tout, Monseigneur," répondit-il promptement.

"Vraiment ?"

"Oui, Monseigneur. Combiné avec ce que nous savons de la prophétie de 1981, ça indique que nous avons peut-être mal interprété celle de l'oracle de Delphes." Naturellement, le Seigneur des ténèbres le savait déjà, mais il aimait entendre les gens penser. Enfin, certaines personnes, en tout cas, pensa Lucius. Ceux qui en sont dignes. J'ai vraiment du mal à l'imaginer avoir cette conversation avec Rodolphus.

"Tu crois que je poursuis le mauvais ennemi ?" demanda la voix, dangereuse.

"Je -" Il fallait avancer prudemment. Très prudemment. "Je crois que Black doit mourir, Monseigneur."

Voldemort rit. "Quelle diplomatie !" Son sourire froid était effrayant, même pour Lucius, qui avait été l'un des premiers mangemorts. Puis l'expression se durcit. "Trouve le garçon, Lucius. Trouve-le et apporte-le moi."

"Lequel, Monseigneur ?"

"Potter."

Dung soupira et regarda la feuille vierge, sortant sa tête de ses mains. Il devait écrire - mais quoi ? Comment ? À qui ? Les mots ne venaient pas, mais il avait peu de temps. Le monde avait peu de temps.

Sa tête était douloureuse. Tout l'était, y compris ce vide dans son âme qui était là depuis qu'il s'était rendu compte qu'il devait être sous l'emprise du sort de vision à distance. Ses souvenirs étaient fragmentés, au mieux - il ne se souvenait pas du sort, mais de la douleur, se souvenait avoir combattu quelque chose qui ne pouvait pas être défait. Plus encore, il se souvenait avoir perdu... et il savait, qu'ainsi, il avait trahi tout ce qu'il avait de plus cher. Ils avaient fait tellement pour l'aider, pour le sauver des griffes de Voldemort.

Mais lui avait presque autant de sang sur ses mains. L'opération Brise-glace – il était étonné que Bill puisse encore regarder l'homme qui l'avait condamné à Azkaban - et l'attaque du manoir Jedusor n'étaient que les deux échecs les plus cuisants. Il y avait eu tellement de morts parce que Dung n'avait pas assez combattu. Sirius avait réussi à défaire le sort, Dung le savait. Mais Dung Fletcher avait échoué. Il avait échoué et était devenu l'outil de Voldemort.

"Voldemort", chuchota-t-il au bord des larmes. Combien de temps lui avait-il fallu pour pouvoir à nouveau prononcer ce nom ? Trop longtemps. Il aurait du être plus fort.

être plus fort.

Lentement, il prit sa plume et commença à écrire. Peut-être, s'il s'inquiétait assez, les mots viendraient simplement. Ses larmes coulaient, marquant la page de points humides.

Cher Remus...

"Nous devons parler, Sirius", dit tranquillement James, observant le visage de son ami par la cheminée.

"Pas maintenant." La réponse fut immédiate.

"Alors quand ?" demanda James d'une voix plus sèche qu'il ne l'aurait voulu mais incapable de se retenir. Il était inquiet pour son ami.

"Je ne sais pas." Sirius détourna le regard.

James soupira et essaya de garder son sang froid. "Sirius... Rogue m'a dit des choses, des choses qui m'inquiètent. Qui nous inquiètent."

"ça ne m'étonne pas", répondit l'autre, l'air catégorique.

"Qu'est-ce qui se passe, Sirius ?" le pressa James. "Qu'est-ce que tu as fait ? Rogue dit que tu es un monstre."

Sirius renifla. "A nouveau, rien d'étonnant." Sa voix était froide comme la mort, et James le sentit.

"Dis-moi pourquoi !"

"Tu crois que je suis un monstre, James ?" Soudain, Sirius tourna ses yeux bleu glacier vers James. Les fantômes étaient toujours là, le vide aussi... mais il y avait une froideur dans les yeux de Sirius que James n'avait jamais vue avant.

Quelque chose brûlait sous la glace.

"Tu es mon ami," répondit-il immédiatement, essayant désespérément de ne pas soutenir son regard glacial, mais incapable de faire autrement, James frémit, mais l'expression de Sirius ne changea pas.

"Je l'espérais."

"Naturellement, tu l'es !" James avala. "Nous sommes des frères, tu te souviens ? Tous les quatre, quoi qu'il arrive. Et nous sommes là pour toi, Sirius, pour toujours. On doit juste - "

"Alors faites-moi confiance." Sirius détourna le regard après qu'une lueur rouge soit passée dans ses yeux. "Juste cette fois."

"Sirius -"

Quelque chose de rouge.

Sirius mit fin à l'appel.

"Honnêtement je ne crois pas que -"

"Qu'est-ce qui ce passe ici ?" demanda Remus en voyant les six Misfits affronter Percy Weasley, un combat inégal. Naturellement, ils ne se jetaient pas de sorts ou de coups, mais la discussion était bien trop véhémente pour ne pas être qualifiée de dispute. Même Percy criait, bien qu'il se soit tu au moment où Remus avait approché. Pas Harry.

"Tu écoutes des fois ! Je t'ai déjà dit plus que je n'aurais dû, et si tu veux jouer les héros, tu vas tout foutre en l'air ! Tu ne sais rien - "

"Ca suffit, Harry," le coupa Remus, et il fut heureux de voir le fils de James rougir. En regardant les autres, il nota que Hermione Granger avait l'air embarrassée. "Maintenant, qu'est-ce qui se passe ici ?"

"Rien d'important, monsieur le directeur," essaya George Weasley. "Une discussion de famille."

"Vraiment ?" Remus arqua un sourcil, Hermione regarda Harry. Discussion de famille, mon oeil, pensa-t-il, essayant de ne pas rire. Évidemment, Percy avait surpris les Misfits entrain de jouer un tour, et essayait probablement de les en dissuader. Ce n'était pas la première fois qu'une telle chose arrivait, mais là c'était plus fort.

"Quelque chose dans ce goût-là, quoi qu'il en soit," répondit maladroitement Fred.

Remus réprima un sourire et se tourna vers le plus âgé. Il était étonné de ne voir aucune trace de sourire sur le visage du préfet. "Percy ?"

"Professeur Lupin, c'est vrai que -"

"Remus !"

Il se retourna d'instinct, Rogue ne l'appelait jamais par son prénom devant des élèves, et même rarement devant d'autres professeurs. Mais le directeur adjoint se dirigeait vers eux, il était pâle et effrayé ? Non, mais il tremblait et avait les yeux pleins d'horreur.

Remus se précipita à sa rencontre. "Que s'est-il passé ?"

Rogue s'arrêta, pâle comme un linge et les yeux exorbités. Pendant un moment, Remus pensa qu'il était incapable de parler, mais Rogue fouilla dans sa poche et en retira un morceau de papier plié. Les mains de Severus tremblèrent alors qu'il lui tendit le papier.

"C'est Dung," chuchota Severus, la voix brisée. "Il est mort."

"Quoi ?" chuchota Remus, entendant à peine sa propre voix. Il pensa entendre les paroles de Severus résonner dans le couloir. Ses genoux étaient faibles, et un poids soudain serra sa poitrine, il avait du mal à respirer. "Tu es...?"

"Poison. Belladone." La voix de Severus était encore rauque. "J'ai trouvé la fiole."

Remus regarda la lettre – ça devait être une lettre – dans sa main parce qu'il ne pouvait rien faire d'autre. Les larmes piquèrent ses yeux, mais il les ravala résolument. Il y avait un temps pour des larmes, et ce n'était pas maintenant. Pas juste avant d'avoir des réponses.

Avant qu'il ne puisse demander, quelqu'un d'autre parla.

"Vous l'avez tué, n'est-ce pas ?" demanda froidement Percy Weasley. Remus se retourna alors que les six autres enfants haletaient.

"Percy, non !" Hermione essaya de saisir son bras, mais l'autre s'écarta.

"Vous l'avez empoisonné, et vous êtes un mangemort," cracha le préfet.

Remus ouvrit la bouche pour répondre, mais aucun mot ne sortit. Soudain, il se sentit vide et eut envie de pleurer.

"Taisez-vous, gamin stupide. Vous n'avez pas la moindre idée de ce qui s'est passé," cracha furieusement Severus, et Remus crut voir de la douleur briller dans ses yeux. Une douleur que Remus savait que son adjoint ne montrerait jamais. Elle existait pourtant, et tous deux savaient que Severus n'en parlerait jamais – surtout pas ici.

"Je ne sais pas ?" s'écria furieusement Percy. "Je sais reconnaître un meurtrier quand j'en vois un!"

La baguette de Rogue se leva à une vitesse incroyable mais Remus retint sa main tout aussi rapidement.

"Severus, non !"

Pendant un moment, la fureur brilla dans les yeux de Rogue, et Remus pensa que son adjoint allait lui jeter un sort. Mais sa colère se dégonfla rapidement, noyée sous la douleur, et Rogue fit volte face. Il s'éloigna sans un mot, laissant Remus avec les sept enfants confus.

Il se retourna vers eux lentement, mais accéléra quand Percy demanda : "Vous allez le laisser partir, monsieur le directeur ? Le laisser libre ?"

Remus mit sa colère et sa douleur de côté. "Percy..." Il prit une profonde inspiration. "Le professeur Rogue n'a pas tué le professeur Fletcher" - sa voix se brisa - "et il n'est pas ce que vous pensez qu'il est."

"Nous avons vu les robes," répondit obstinément Percy, ignorant Fred qui lui écrasait le pied.

"Le professeur Rogue se bat comme il peut," répondit lentement Remus. "Mais il est de notre côté."

Il croisa les bras, conscient de la lettre qu'il avait encore à lire. "Maintenant, je dois vous demander de ne pas répéter ça : ni à vos amis, ni à votre petite amie, ou à vos parents. Trop de vies sont en jeu, y compris celle du professeur Rogue. Vous comprenez ?"

Percy le fusilla du regard.

"Percy, je vous jetterais un sort de mémoire si j'y suis forcé. Je regretterais considérablement de devoir le faire, mais il y a des choses que nous ne pouvons pas risquer, " continua-t-il tranquillement. "Vous comprenez ?"

Percy fronça un peu plus les sourcils, et un long moment passa avant qu'il ne grogne : "Je comprends. Et je ne dirai rien."

Il était malheureux, mais Remus le crut. Les Weasley étaient des enfants honnêtes, malgré leur espièglerie. C'était une bonne famille. "Merci," dit doucement le directeur.

"Qui a tué le professeur Fletcher ?" chuchota Hermione avant qu'il n'ait le temps de leur demander de partir. La lettre pesait dans ses mains.

"Personne." Remus ferma brièvement les yeux puis les rouvrit. "Il s'est suicidé. "

Ce n'est qu'après le départ des enfants et dans la sécurité de son bureau, que Remus ouvrit la lettre. Elle n'était pas scellée, juste pliée avec soin – peut-être par Rogue, mais plus probablement par Dung. Fletcher avait été comme ça. Organisé et précis.

Remus avala malgré la boule qui se formait dans sa gorge. Pourquoi ça a fini comme ça, Dung ? Voulait-il demander, mais maintenant il était trop tard. Pourquoi ne pouvais-tu pas nous donner une chance ?

Mais c'était fini maintenant. Plus de lendemains. Plus de seconde chance.

Remus déglutit et commença à lire.

Cher Remus,

D'abord je dois dire que je suis désolé. Je suis désolé que de ne pas avoir été celui dont tu avais besoin, et je suis désolé de ne pas avoir vu ça plus tôt. Peut-être suis-je lâche d'avoir choisi cette méthode, mais je ne vois aucune autre issue.

Ne me pleure pas. Si je peux encore te demander un chose, c'est celle-là – non pas parce que je te sous-estime, mais parce que c'est mon choix. Pendant ces trois dernières années, j'ai été un traître à mon insu, et je vous ai trahis, toi, l'Ordre, et tout ce que j'avais passé ma vie à défendre. Ce n'était pas mon choix. J'étais juste un outil. Rien de plus, rien de moins. Un outil au service du Seigneur des ténèbres.

J'ai entendu dire que "un outil est juste un outil à moins qu'il ne fasse le travail par lui-même." Hé bien, Remus, j'ai fait ce travail. Je l'ai même mené à son terme, et vous pourrez maintenant former un nouveau cercle. Je ne pense pas que Fumseck s'y opposera maintenant.

Souviens-toi que c'est mon choix. Ma mort. Je refuse de vivre le reste de ma vie comme la moitié de ce que je voudrais être, sachant que je pourrais vous trahir juste en étant là. Même si vous trouvez un contre sort demain, je crois que j'ai fait le bon choix. Au moins, il ne se servira plus jamais de moi.

Ton ami,

Mondingus A. Fletcher

Fin de l'épisode. La suite, c'est Promesses remembered (un truc comme Promesses rappelées)... Je vous l'ai déjà dit, cette suite me laisse sur ma fin et pour l'instant, vraiment, j'ai aucune envie de m'y laisser...

Si quelqu'un veut se lancer...