…
Je m'appelle Alisone Davies et je suis désolée par avance, pour l'histoire qui va suivre. J'ai bien essayé de ne pas l'écrire, mais les insomnies ont eu raison de moi. Je dois malheureusement vous prévenir avant de poursuivre votre lecture : Le récit suivant n'a rien de joyeux ou d'amusant. Ce n'est qu'une suite d'infortunes aventures que nos héros vont vivre sans fin.
J'aimerais pourtant vous écrire un bon début, un milieu intéressant et une fin agréable. Je ne suis pas ici pour changer l'histoire mais uniquement pour la narrer telle qu'elle s'est réellement passé.
Maintenant, si vous voulez arrêter votre lecture ici, ou en plein milieu de l'action pour vous imaginer une meilleure fin, je ne vous en empêcherais pas le moins du Monde. Après tout, j'ai tellement voulu faire ça moi-même.
Si, en revanche, vous désirez la vérité coûte que coûte, je vous souhaite bon courage et je vous retrouve dans quelques minutes. Heures. Jours. Mois. Années.
…
Pour Mick -
Je serais toujours dans ton cœur, dans ton esprit.
Et dans ta tombe.
…
PART 1/3 : Hotel Denouement.
Tout commença le plus normalement possible dans le Bunker des Winchester. Au moment-même de ces faits, Mick Davies n'était alors qu'un jeune apprenti chasseur et il apprenait avec les meilleurs : Sam et Dean.
Mary Winchester vivait elle aussi au Bunker, mais en cet instant précis, elle se trouvait en pleine mission secrète avec Mr Ketch, l'homme de main des Hommes de Lettres Britannique.
La veille au soir fut plutôt calme et les Winchester en profitèrent pour s'octroyer une pause bien méritée autour d'une bouteille de Whisky que Mick eut la joie de terminer sans problème.
Ainsi, le lendemain matin, Dean se réveilla avec un tambour dans le crâne. Bien sûr, il ne s'agissait pas d'un vrai tambour, je fais seulement référence au fait qu'un mal de tête horrible lui vrillé les tympans. Il se traîna lentement jusqu'à la cuisine du Bunker et il eut la surprise de déjà y trouver Sam, une tasse de café vide à côté de son ordinateur juste en face de lui.
- 'lut... murmura Dean en se dirigeant vers la cafetière.
Sam sourit.
- Tu devrais arrêter de faire des concours de descente avec Mick. Tu n'as aucune chance, ce gars est Anglais.
Dean grogna en se versant un liquide foncé dans un mug. Il remplit également un verre d'eau dans lequel il jeta avec désespoir une aspirine effervescente. Il prit ensuite ses deux tasses et s'assit en face de son frère, toujours autant concentré sur l'écran de son PC.
- Une nouvelle chasse ? questionna Dean pour penser à autre chose.
Sam plissa des yeux sans trop savoir s'il devait répondre « oui » ou « non ».
- Je ne sais pas si je dois te répondre « oui » ou « non ». J'ai seulement trouvé quelques morts étranges, éparpillées dans le pays. Je ne sais pas pourquoi, j'ai l'impression que c'est lié...
Dean essaya tant bien que mal de garder les yeux ouverts en faisant taire le pi-vert qui martelait son cerveau. Figurativement parlant, bien sûr.
- Vas-y, balance.
Sam prit une profonde inspiration et commença :
- OK, d'abord il y a ce Docteur en Herpétologie, Dr Montgomery Montgomery, qui est mort chez lui d'une morsure d'un serpent : le Mamba du Mal.
L'aîné des Winchester considéra son cadet en lâchant, toujours un peu dans le coaltar :
- Il y a tellement de choses étranges dans cette phrase que je ne vais même pas les relever...
Il but une gorgée de café en faisant une grimace. Sam sourit et continua sur sa lancée :
- Après ça, Josephine Anwhistle, une locale d'une petite ville, meurt dévoré par des sangsues géantes au milieu du Lac Lacrymose. Quelques jours plus tard, Georgina Orwell meurt brûlée vive dans un four dans l'entreprise « Lucky Smells Lumbermill ». Puis, une médium du Carnaval « Caligari », Madame Lulu, meurt consumé vivante par des lions devant son public. Et...
- Wow, wow, wow... coupa Dean en plaquant une main sur son front douloureux. Sérieusement, c'est quoi tout ça ?
- C'est justement ce que je me demande.
Au moment-même où Dean s'apprêtait à répliquer, Mick entra à son tour dans la cuisine, tout sourire.
- Bonjour à vous.
Il marcha directement vers la machine à café en demandant joyeusement :
- Bien dormi ?
L'aîné ronchonna et jalousa l'évidente non-gueule de bois de Mick.
- Mec, t'es pas Humain...
Sam sourit derechef pendant que son frère laissa tomber sa tête trop douloureuse sur la table en faisant trembler son verre d'eau intacte.
- J'étais en train de dire à Dean que j'ai peut-être trouvé une enquête. En réalité, je ne sais pas vraiment comment définir ce genre d'événements malheureux.
Mick se plaça derrière Sam et lut par-dessus son épaule les résultats de toutes ses recherches.
- C'est trop aléatoire pour être authentique. Tu as une idée du prochain lieu ?
- Yep. « Hotel Denouement » à quelques heures de route d'ici.
Mick acquiesça.
- Parfait. Je vais appeler pour réserver et nous pouvons partir aujourd'hui.
Sam jeta un regard vers son frère pour attendre son aval. Mais Dean avait toujours la tête reposée contre la table.
- Dean ?
Pour toute réponse, l'aîné se mit à grogner. Sam et Mick prirent ça pour un « oui ».
…
Je suis sûr que vous êtes tous et toutes familiers avec les road trip à bord de l'Impala. Les frères à l'avant, Mick à l'arrière, et les armes dans le coffre. Quelques arrêts pour mettre de l'essence et acheter cette nourriture insipide que l'aîné raffole. Sans parler des éternelles même cassettes audio et des discussions sérieuses entre les Winchester.
Les débuts d'enquêtes comme nous les connaissons tous et toutes. Si ce n'est que, cette fois-ci, ils naviguaient un peu dans le brouillard, question monstre. Toute la palette surnaturelle y passa :
Démons ? Changeling ? Fantômes ? Rugaru ? Wendigo ? Daeva ? Sorcière ? Ghoul ? Jinn ? Vampire ? … Jefferson Starships ?!
Mais rien ne collait parfaitement au mode opératoire. Et pour cause...
Si vous avez lu mon résumé en début de chapitre, vous avez sûrement compris qu'un monstre n'était en aucun cas à l'origine de ces meurtres. Bien sûr, j'aimerais pouvoir me trouver à bord de la Chevrolet à cet instant pour dire à nos chasseurs qui est le véritable vilain de l'histoire. Malheureusement, ce n'est pas ainsi que cela se passe. Non, je suis tranquillement installé chez moi devant ma machine à écrire avec ma tasse de thé, pendant que je narre cette triste nouvelle.
Oui, bien sûr, notre trio va comprendre à un moment donné que le monstre est Humain.
Mais il sera trop tard.
…
Maintenant, chers lecteurs, chères lectrices, je vous demande d'imaginer un château hanté. Vous voyez ? Bien. L'angoisse qui vous prend au ventre lorsque vous dépassez l'énorme portail noir. La peur de mourir à chaque pas sur le chemin tortueux qui mène devant le porche. Vous essayez de ne pas regarder à droite ou à gauche pour ne pas découvrir des ombres, des zombies ou des fantômes à côté de ces arbres aux branches nouées qui donnent un côté Tim Burton sous la pleine lune. Vous sentez cette panique qui vous gagne en toquant sur cette lourde porte rouge sang avec une sonnette en forme de tête de mort ?
Bien.
Parce que ce n'était pas du tout ce que Dean et Sam ressentirent en garant l'Impala devant la jolie petite mare de l'hôtel. Ils ne paniquèrent pas plus lorsqu'ils marchèrent vers l'immense entrée couleur pastelle.
En revanche, ce fut exactement cette même frayeur profonde qui vrilla l'estomac de Mick. Sans savoir pourquoi, il sentit quelque chose de très étrange à propos de cet hôtel.
- Je ne sais pas pourquoi, mais je sens quelque chose de très étrange à propos de cet hôtel... avoua Mick en passant le porche.
Dean leva les yeux au ciel tandis que Sam sourit.
- Le seul fait étrange, c'est que Dean et moi n'avons jamais mis les pieds dans un palace aussi somptueux pour une enquête.
- Et que c'est la première fois que j'entends mon frère dire le mot « somptueux »... railla Dean en souriant à son tour.
…
Bien sûr, si j'étais présente à ce moment-là, j'aurai pu consoler Mick en lui disant qu'il avait raison de craindre ce magnifique endroit. Et pas uniquement parce que l'énorme horloge du hall sonnait toutes les heures en faisant le même bruit atroce :
« Wrong. Wrong. Wrong. »
Pas même parce que la bibliothèque secrète de l'hôtel se trouvait précisément sous la mare que les chasseurs venaient de passer.
Pas même parce que l'hôtel en question n'était pas organisé comme tous les autres. L'hôtel Denouement contient neuf étages organisés comme une librairie : chaque client est assimilé à un étage qui est dédié à son domaine d'activité.
Par exemple, si ma thérapeute devait dormir dans cet hôtel, elle aurait une chambre au premier étage : consacré à la philosophie et à la psychologie.
Non, la seule et unique raison pour laquelle les Winchester et Mick devaient craindre cet hôtel, c'est seulement parce que le Compte Olaf s'y trouvait en ce moment-même.
Mais comment auraient-ils pu le savoir ?
…
L'hôtel était magnifique. Oh oui, splendide ! Une merveille ! Une œuvre d'art ! Un palace !
Un palace de marbre, avec un hall gigantesque au mur duquel était fixé une horloge monumentale qui recouvrait les neuf étages en hauteur. Des canapés, bars, chaises, et autres services improbables se situaient dans ce même hall. Ainsi que la réception. Où les trois chasseurs se rendirent en essayant de fixer les yeux sur autre chose que l'immensité du lieu.
- Bonjour, je suis Frank Denouement, un des managers de l'hôtel. À quel nom est votre réservation ?
Mick mit quelques secondes à revenir sur la terre ferme. Son esprit venait de s'envoler au loin dans cet imposant espace. « S'envoler », figurativement parlant, bien sûr.
- « Davies », réservation au nom de Davies.
Le groom chercha parmi les centaines et centaines de vieilles clefs accrochées au mur derrière lui, jusqu'à ce qu'il trouve celle des chasseurs.
- Ah ! Voilà ! Nous avons eu beaucoup de mal à trouver une chambre pour vous, messieurs. Votre métier n'est pas facile à classer.
- Pardon ? questionna Sam.
Mick murmura aux Winchester le plus discrètement possible :
- Il m'a demandé notre job à la réservation. J'ai dit que nous étions des journalistes.
Dean grogna. Le manager donna la clef à Mick tout en souriant étrangement.
- Chambre 168, troisième étage.
Sam tiqua.
- Ça... Ça n'a pas de sens...
Mais le gérant garda son sourire en montrant du doigt quelque chose.
- Vous pouvez prendre l'ascenseur. Je vous souhaite un bon séjour !
Puis, il disparut.
Les chasseurs se dirigèrent vers l'énorme ascenseur de métal, qui se trouvait sous l'horloge géante. Ils fermèrent les grilles devant eux et appuyèrent sur le bouton pour monter vers leur suite.
Dans le silence le plus total.
…
Les Winchester et Mick ne furent pas mécontents de trouver une chambre spacieuse et impressionnante. Ils posèrent leurs valises, à moitié remplis d'armes et de livres, dans un coin et Dean s'empressa de vider le mini bar pour servir trois verres de Whisky. Mick enleva son long manteau couleur parchemin ainsi que sa veste de costume tandis que Sam ouvrit son sac pour y sortir son ordinateur et commencer les recherches.
La route fut longue et les trois chasseurs profitèrent d'un bon moment de paix.
Leur dernier.
…
Oh, mes chers lecteurs, chères lectrices, comme je vous plains en ce moment-même. Vous qui ne connaissez pas la suite et qui espérez une fin heureuse ou une bonne vieille chasse à la Winchester. J'aimerais tellement vous mentir et vous dire que tout va bien se passer. Mais, encore une fois, je ne suis pas là pour changer l'histoire, ni pour la vivre. Seulement l'écrire.
Sachez cependant que l'hôtel Denouement est une vraie merveille.
Enfin... Était. L'hôtel Denouement était une vraie merveille...
…
Cela faisait tout juste une heure que les chasseurs profitèrent de leur pause lorsque quelqu'un toqua à la porte. Ils se scrutèrent à tour de rôle avec un regard interrogateur, demandant mentalement : « Qui a demandé le room service ? »
Personne.
Mais ce fut Mick qui se dirigea vers le battant et l'ouvrit d'un coup sec pour découvrir un groom étrange de l'autre côté. L'uniforme de l'hôtel était un ridicule costume vert foncé ressemblant à celui des marins avec un haut chapeau impossible à porter comme celui de la garde royale Britannique. Et Mick le savait bien, puisqu'il était Anglais !
Le groom esquissa un curieux sourire et parla avec un accent Italien forcé :
- Buongiorno, yé m'appelle Signore Falo, yé souis votre groom.
Mick plissa des yeux et les Winchester le rejoignit devant la porte. Sam analysa l'étrange homme : sous son haut chapeau se devinait des cheveux gris ébouriffés. Ses dents étaient sales et jaunes. Et le plus improbable était sans nul doute son mono-sourcil. Seul Dean baissa les yeux pour remarquer que le pantalon de l'homme était bien trop court. Ses chevilles à nues laissèrent deviner un tatouage. Sur sa cheville gauche, très exactement. Un tatouage ressemblant à une sorte d'œil biscornu.
Le cœur de Mick rata un battement, sans trop savoir pourquoi. Il tenta néanmoins de rester le plus poli possible. Son côté Britannique, sûrement.
- Hum, je suis désolé, Monsieur Falo, mais nous n'avons pas demander de room service.
Le sourire du groom s'effaça d'un coup pour afficher un air sadique à faire froid dans le dos. Le mystérieux homme laissa tomber son faux accent Italien et lâcha avec un Anglais Américain parfait :
- Je sais que tu n'as pas demandé de room service, orphan.
Mick tiqua.
- Pardon ?
Sam et Dean n'eurent même pas le temps d'attraper leurs armes, car l'étranger sortit de dernière son dos un harpon. Un fusil-harpon, en réalité. Comme un harpon, avec une flèche au bout, mais une crosse pour le tenir comme un revolver. Il avança d'un pas pour entrer complètement dans la chambre en gardant son sourire angoissant et en mettant les trois hommes en joue.
La porte de la suite 168 claqua derrière lui.
…
Oui, je vais vous laisser ici pour ce premier chapitre. Pour vous mettre dans l'ambiance.
Ou vous permettre de partir en courant. Ce qui serait plus logique.
Mais, peut-être l'avez-vous compris, l'étranger qui vient d'entrer dans la chambre des chasseurs, et accessoirement dans leurs vies, est bien le Comte Olaf. Qui, parce que vous ne le savez sûrement pas, a une grande passion pour les déguisements et les faux noms. Surtout les faux noms en anagrammes. Clairement, il n'y a pas beaucoup de façon de créer une fausse identité avec les lettres de « Olaf » mais... J'ai bien réussi pour le titre de mon histoire, non ?
…
À suivre...
Un grand merci à Litany Riddle pour avoir lu mes trois chapitres en avant-première !