Salut tout le monde! Je reviens vers vous avec le premier OS d'une série de huit pour la Saint Seiya Week (que vous pouvez suivre sur Twitter et sur Tumblr)! :D Alors je sais, je suis un jour à l'avance, mais je ne suis pas chez moi demain, premier jour officiel de la Sts Week, donc je triche un peu et je vous offre mon texte plus tôt. J'espère que vous me pardonnerez ce petit écart :') Premier thème : l'enfance et la nostalgie, avec Sasha comme personnage central :) J'espère que ça vous plaira!
Sur ce, enjoy!
La nuit était tombée sur le Sanctuaire, une nuit chaude et lourde, régulée uniquement par un vent tiède qui apportait bien peu de fraicheur mais que tous remerciaient malgré tout. Certains dormaient, d'autres n'y parvenaient pas, mais tous restaient cachés à l'intérieur des baraquements et des temples, fenêtres ouvertes, pour fuir la chaleur moite de l'été.
Seule une silhouette se faufilait hors de sa chambre et glissait sur le marbre sur la pointe des pieds. Une silhouette vêtue de blanc et dont les courtes mèches mauves caressaient le front. Elle se faufila dans le couloir en retenant son souffle, ouvrit difficilement une lourde porte, et quand elle parvint enfin au balcon de marbre, un coup de vent fouetta son visage, comme une récompense qu'elle accepta avec bonheur en fermant les yeux et en poussant un soupir.
Mais le vent n'apaisa que son inconfort physique. Son coeur, lui, restait serré aussi fort que sa gorge était nouée. Sasha leva les yeux et détailla les étoiles qui parsemaient le ciel qui se couvrait de nuages lourds, à la recherche d'un signe ou simplement d'un peu de lumière pour la guider. Mais rien ne semblait pouvoir calmer sa douleur et sa peine, si bien que sa vue se brouilla quand ses yeux se remplirent de larmes et qu'un soupir tremblant s'échappa de ses lèvres.
Elle s'accouda à la rambarde de marbre et lutta pour refouler ses larmes, concentrant son regard sur le bracelet de fleurs autour de son poignet, comme pour y puiser de la force, la force de tenir le coup, la force de survivre sans eux. Le noeud dans sa gorge se fit plus grand, l'empêcha presque de respirer, et elle dut fermer les yeux de nouveau, refuser de laisser s'échapper les larmes qui ne demandaient qu'à glisser sur ses joues.
-Grand frère… (Parvint-elle à souffler en refoulant de lourds sanglots) Tenma…
Elle était arrivée au Sanctuaire depuis quelques jours déjà (à vrai dire, elle avait perdu le compte, déboussolée par la peine et le chagrin), et pourtant, elle ne parvenait pas à accepter le fait qu'elle doive vivre seule ici, sans son frère à ses côtés pour la rassurer, sans Tenma pour les protéger et la faire sourire. Elle était seule, malheureuse, entourée d'adultes qui l'appelaient Athéna ou Déesse, d'adultes qui lui parlaient de son rôle, de ses pouvoirs, de ses responsabilités, de Guerre Sainte,… Et elle avait l'impression d'étouffer, que le chagrin et une nostalgie trop forte l'empêchaient de respirer.
Sisyphe était d'une gentillesse extrême, et elle sentait qu'une certaine culpabilité assombrissait parfois son regard quand il posait les yeux sur elle. Sage, celui qui détenait le titre de Grand Pope, était également un homme bon et généreux, et elle sentait qu'il faisait son possible pour éviter de la brusquer. Mais tout était trop soudain, trop angoissant, et elle se sentait si seule. Sasha avait bien vu qu'Asmita, un autre de ses « Chevaliers », ne parvenait pas à comprendre un choix qu'elle n'avait pas l'impression d'avoir fait.
Elle ne se souvenait pas avoir choisi de se réincarner, ne se souvenait pas d'avoir accepté de vivre sans cesse avec la souffrance des mortels dans son coeur,… C'étaient là les choix d'une autre, d'une entité qui la dépassait et qu'elle ne parvenait pas à accepter. Elle entendait parfois la voix de cette femme qui avait dû choisir pour elle. Elle l'entendait lui murmurer des paroles rassurantes, lui faire don de quelques souvenirs et images du passé, mais Sasha ne parvenait pas à s'ouvrir complètement à cette nouveauté.
Elle ne voulait pas de tout ça, elle voulait juste rentrer chez elle, à l'orphelinat. Elle voulait retrouver les enfants, retrouver son cher frère et son meilleur ami, les deux lumières de sa vie.
La petite fille inspira profondément et souffla, se secouant mentalement: elle devait rester forte, s'accrocher du mieux qu'elle pouvait. Parce que, comme elle l'avait expliqué à Asmita, si affronter toutes les souffrances du monde lui permettait de tenir sa promesse et de revoir Alone et Tenma, alors elle était prête à leur faire face. Elle était prête à souffrir toute sa vie si cela signifiait de pouvoir les enlacer une nouvelle fois.
Elle était déterminée, décidée, mais elle étouffait. Et elle avait besoin d'air, d'un peu de distance pour pouvoir réfléchir calmement, tranquillement, et pour pouvoir laisser la voix en elle la guider dans ce rôle qu'elle devait assumer malgré elle. Elle avait besoin d'être seule, loin des servantes qui semblaient la suivre à la trace, loin du Pope et de ses leçons d'Histoire, loin de Sisyphe et de son regard douloureux,… Elle devait fuir et se donner une chance… Mais une chance de quoi?
Sasha se mordit la lèvre: elle ne pouvait pas abandonner ces guerriers qui se préparaient à lutter pour elle, ne pouvait pas leur tourner le dos alors qu'ils l'attendaient depuis si longtemps. Et en même temps… En même temps, elle ne pouvait pas être la Déesse qu'ils voulaient qu'elle soit. Elle n'avait rien d'une divinité guerrière, d'une combattante qui les mènerait vers la victoire.
Elle n'était qu'une enfant.
Une enfant qui ne demandait qu'à revoir ceux qu'elle aimait.
De nouveau, la voix rassurante de la femme enfla dans son coeur, lui souffla que le moment viendrait où tout serait plus clair, qu'elle comprendrait bientôt que sa place était ici,… Mais Sasha ferma la porte de son esprit, celle de son coeur, et elle se laissa glisser sous le sol, assommée par le poids des responsabilités et par celui de la douleur qui ne cessait de croitre.
Penser à autre chose, chasser l'angoisse qui faisait battre son coeur si vite, chercher des souvenirs apaisants… Un léger sourire ému étira ses lèvres quand elle visualisa un champ de fleurs colorées, une rivière d'eau bleue presque transparente, un trépied dans l'herbe verte et une toile sur laquelle glissait un pinceau. Elle voyait son frère, son regard si pur concentré sur son ouvrage, elle avait l'impression que sa tête reposait sur les genoux d'Alone et qu'elle se laissait bercer par le son de l'eau qui coule et des oiseaux qui chantent. Elle parvenait à sentir le poids retenu de Tenma qui somnolait dans son dos, appuyé sur le tronc d'arbre mais aussi contre elle. Elle l'entendait se redresser et pester de s'être endormi, elle voyait le sourire d'Alone, elle laissait échapper un éclat de rire et les serrait contre elle,…
Une goutte de pluie tomba sur son front et la fit sursauter, faisant voler en éclat ce souvenir si tendre et heureux, la ramenant violemment dans le monde sans Tenma et son frère, au coeur d'un endroit où elle ne trouvait pas la place qu'on lui désignait. Et ce fut cette goutte qui la décida, la même première goutte qui libéra le Sanctuaire de la chaleur moite, la première goutte qui précéda le premier éclair, la première goutte qui se mêla à ses larmes.
Elle devait partir.
Elle devait quitter le Sanctuaire le temps de se retrouver, de réfléchir, et de se libérer de ce poids horrible qui écrasait sa poitrine et l'étouffait. Elle ne pouvait pas le faire en restant ici: elle devait partir.
$s$s$s$
Le souffle court, Sasha dégagea sa robe d'un buisson de ronces qui semblait vouloir la retenir ici et l'empêcher de partir. Elle avait réussi à se faufiler hors du treizième temple, mais elle devait admettre qu'elle peinait à trouver son chemin. C'était comme si le Sanctuaire même l'empêchait de disparaitre, tentait de lui faire comprendre qu'elle ne pouvait pas partir d'ici seule. Mais ce n'était pas comme si elle connaissait quelqu'un qui accepterait de l'aider: elle était seule, et si elle voulait fuir… Elle allait devoir le faire seule.
À ce moment, un bruit de voix qui se rapprochent la poussa à s'accroupir dans les buissons, les mains plaquées sur ses lèvres et sur son nez pour empêcher tout son de lui échapper: est-ce que le Pope avait déjà compris qu'elle avait pris la poudre d'escampette? Avait-il déjà chargé des soldats ou autres de la retrouver et de la ramener au treizième temple? Le coeur battant si fort qu'elle était sûr que le Sanctuaire tout entier pouvait l'entendre, elle se redressa légèrement, cherchant du regard ceux qui devaient la chercher et qui voulaient-…
-Ho! J'aurais donc touché un « point sensible »?
-Arrête un peu avec tes bêtises! Imagine si quelqu'un t'entendait?
Deux hommes vêtus d'or venaient d'apparaître dans son champ de vision, l'un aux longs cheveux verts lisses et l'autre aux boucles marines sombres qui tombaient en cascade dans son dos. Et ils ne semblaient pas l'avoir vue, pas plus qu'ils ne semblaient chercher quelqu'un. Non, au contraire, ils marchaient d'un pas tranquille, un pas complice malgré la joute verbale qu'ils semblaient mener, avec un naturel si touchant que le coeur de Sasha se serra dans sa poitrine et qu'elle se pencha en avant malgré elle, détaillant le visage rieur du plus grand des deux:
-Bah ça va! On n'a pas besoin de leur accord! Et puis… (Le jeune homme aux cheveux marines se pencha légèrement en avant et esquissa un large sourire, faisant soudain pointer un ongle rouge au bout de son index droit) J'ai pensé à un truc pour pimenter les choses la prochaine fois!
Son compagnon aux cheveux verts leva les yeux au ciel avec tant de désespoir qu'elle ne put s'empêcher de sourire:
-Je préfère ne pas imaginer!
-T'es sûûûr?
-Mais puisque je te dis que je ne veux pas savoir! Arrête de t'obstiner, bon sang!
Le premier éclata de rire, un rire si sincère et franc qu'il apaisa le coeur douloureux de la petite fille. Ce visage lumineux fit naître une vague de bonheur et de soulagement pur dans son coeur, une vague qui déferla dans son âme et qui donna enfin de la couleur au monde jusqu'ici si gris. Et quand le second réagit d'une manière faussement irritée, avec le même sourire dans les yeux que son frère quand il réprimandait Tenma, Sasha sourit à son tour, les yeux brillants et le soulagement enflant dans son coeur.
Observer ces deux hommes vêtus d'or, c'était comme être de retour en Italie et rire alors qu'Alone et Tenma se chamaillaient gentiment. Ils avaient les mêmes sourires, les mêmes lueurs dans les yeux, les mêmes regards complices,… Et pendant une longue seconde, le chagrin disparut du coeur de Sasha, remplacé par l'espoir et le soulagement pur.
Il existait donc des gens qui ressemblaient à ceux qu'elle aimait le plus au monde, ici même au Sanctuaire. Des gens qui riaient, se taquinaient, vivaient sans manifester la même inquiétude que Sisyphe ou la rigueur froide d'Asmita (deux hommes qu'elle appréciait malgré tout pour leur honnêteté et pour leur gentillesse). Des gens qui lui donnaient l'impression que tout allait bien se passer.
La voix dans son coeur sembla l'encourager d'un sourire tranquille, et quand ils disparurent de sa vue, elle manqua de se relever et de courir à leur suite, mais elle s'en empêcha: elle ne pouvait pas les mettre dans l'embarras… Et puis, ils restaient des Chevaliers d'Or: si elle se dévoilait maintenant, leur devoir leur dicterait de la ramener auprès du Pope. Or, elle n'était pas encore prête à faire face à Sage, ne se sentait pas encore capable d'affronter de nouveau l'ambiance étouffante de ses appartements, le poids des bijoux, le froid d'un Sceptre trop lourd et d'un trône trop haut.
Alors, Sasha se laissa de nouveau glisser sur le sol, s'adossa à une colonne effondrée parmi les buissons, et elle ferma les yeux, attendant simplement le bon moment.
Elle rêva de l'orphelinat, rêva des enfants plus jeunes, rêva du champ de fleurs,… Elle rêva de ces bracelets de fleurs qu'elle avait fabriqués pour que Tenma, Alone et elle soient toujours réunis. Elle rêva de l'amour et de la tendresse qu'elle avait mis dans ces bracelets et dans les pétales roses qui semblaient ne jamais vouloir flétrir. Elle rêva de son meilleur ami et de son rire éclatant. Elle rêva de son frère et de son visage si doux. Elle rêva de l'Italie, et elle rêva de l'enfance révolue qu'elle ne parvenait pas à abandonner. Elle rêva d'une main tendue, d'un choix qu'elle n'avait pas, d'un trajet noyé dans les larmes et rythmé par le regard désolé de son guide.
Sasha rouvrit les yeux, le coeur de nouveau serré malgré les souvenirs si tendres qui l'avaient visitée dans son sommeil, et elle dut lutter pour chasser ce chagrin qui revenait à toute vitesse vers elle. Pendant un moment, elle se demanda ce qui l'avait réveillée, puis, un bruit de pas la fit tressaillir et elle se redressa aussi discrètement que possible. Et quand elle reconnut le nouveau venu, elle sentit que son coeur se mettait à battre plus vite.
Ce n'était plus un hasard, ce n'était plus une coïncidence.
Le destin avait remis ce jeune homme aux cheveux bleus sur sa route, comme pour l'encourager à franchir le pas. À se saisir de cette cape qui se rapprochait et semblait lui tendre la main.
Alors, sans peur aucune, guidée uniquement par la foi et par la ressemblance entre l'attitude de cet homme et celle de son cher Tenma, Sasha se pencha en avant et agrippa la cape, la serrant de toutes ses forces dans son poing si frêle.
Elle crut qu'il continuerait simplement d'avancer, que jamais il ne sentirait cette légère résistance dans son dos. Et pourtant, le jeune homme s'arrêta. Il s'arrêta et tourna légèrement la tête, les sourcils froncés dans une mimique intriguée, une pomme calée entre les dents:
-Hein?
Il croisa son regard, et pendant un moment, Sasha ne sur pas quoi faire. Elle observa simplement le regard bleu de cet inconnu, de celui qui était l'un de ses guerriers, et pendant une folle seconde, elle crut qu'elle avait fait une erreur et qu'il allait simplement la ramener au Pope par la peau du dos. Puis, il croqua dans sa pomme et grommela sur un ton tellement irrité qu'elle ne réagit pas tout de suite:
-Hé, petite, veux-tu bien lâcher ma cape, dis? Oh!
Sasha ne put s'empêcher de tiquer, et l'espoir l'envahit de nouveau: « petite »… Pas « Athéna », pas « Déesse », pas « Madame »,… Juste… « petite ». La gorge nouée, elle agrippa la cape un peu plus fort: il ne savait pas qui elle était. Il ne savait pas, et, pour la première fois depuis des jours, quelqu'un la traitait comme l'enfant qu'elle était.
L'homme poussa un grognement agacé et, d'un mouvement brusque, il parvint à dégager sa cape, avant de grommeler:
-Allez, sors de là.
Elle escalada maladroitement la colonne et retomba sur le sol, le coeur battant, priant pour qu'il ne la reconnaisse pas, pour qu'il continue de la traiter normalement. Il s'agenouilla, les sourcils légèrement froncés mais un semblant de sourire sur les lèvres comme il époussetait les cheveux mauves de la petite fille:
-Alors, d'où viens-tu, cocotte? Vu ton look vestimentaire, tu ne m'as pas l'air d'être une apprentie Chevalier, je me trompe?
Sasha hésita, le sang soudain glacé dans ses veines comme elle réalisait avec horreur qu'elle ne pourrait pas lui mentir. Elle serait incapable de dire à cet homme si semblable à Tenma. Elle ne pourrait pas lui cacher son identité, elle ne pourrait pas trouver une parade s'il lui demandait une nouvelle fois qui elle était. Mais elle refusait de se présenter comme la nouvelle incarnation de leur Déesse: si elle voulait fuir et s'éloigner du Sanctuaire, elle devrait cacher son identité. Mais comment faire? Comment faire pour s'échapper sans mentir à celui qui pouvait la sauver?
Le Chevalier détourna la tête et fit claquer sa langue contre son palais, les sourcils froncés:
-Tss, ça va être comique. Me réponds pas surtout!
Elle aurait voulu lui répondre, mais elle ne savait pas quoi dire. Les mots s'étranglaient dans sa gorge, l'air ne parvenait plus à ses poumons. Elle commençait à se rendre compte qu'elle ne parviendrait peut-être pas à fuir, qu'elle était condamnée à rester ici,…
-Pff… Je peux pas permettre qu'il y ait des enfants qui rodent autour du Sanctuaire alors qu'il n'y a pas encore de barrière… Je ferais mieux de prévenir le Grand Pope.
Sasha sentit son coeur tomber dans ses talons et elle entrouvrit les lèvres sur une exclamation d'horreur muette, mais l'homme s'était relevé et passait une main embarrassée dans sa nuque en se détournant:
-T'ain, c'est toujours sur moi que ça tombe! Allez, viens par ici, je vais t'amener au Pope pour qu'il me dise où tu habites et pour que je te ramène chez-…
-Non! Je t'en prie, ne fais pas ça!
Elle n'avait pas pu s'empêcher de hausser le ton, presque de crier tant la peur panique lui serrait le coeur. Elle avait la chance d'avoir agrippé la cape de quelqu'un qui ne la connaissait pas, elle ne pouvait pas le laisser la ramener auprès du Pope, à la case départ. L'homme aux yeux clairs se retourna à demi, les sourcils froncés et un air suspicieux sur le visage:
-Ha? Et pourquoi donc? Puisque tu as su venir ici toute seule, tu devrais pouvoir rentrer chez toi par tes propres moyens. Et si tu as si peur du Pope que ça, tu ferais mieux de partir immédiatement. (Il haussa les épaules et le ton, si bien qu'elle manqua de reculer d'un pas) Ou alors dis-moi au moins d'où tu sors que je puisse te raccompagner, mais je t'en prie, parle!
Elle n'arrivait pas à répondre, perdait complètement ses moyens face au discours inquisiteur de cet homme aux yeux clairs. Sasha balbutia et baissa la tête, incapable de soutenir son regard, les épaules tremblantes:
-C'est que… (Elle se tordit les mains, et elle souffla, les lèvres tremblantes sous le coup de l'angoisse) Je n'ai nulle part où aller… En fait… Je dois commencer à vivre ici, au Sanctuaire et… Mais… Mais je… En fait, je…
Je veux revoir mon frère et Tenma. Je veux m'en aller, j'ai besoin d'aide, j'ai besoin que quelqu'un me sauve,… J'ai besoin que tu m'aides…
Une perle de sueur glissa dans sa nuque et elle se tut comme elle réalisait que c'était peine perdue, qu'elle avait été naïve et sotte d'avoir cru qu'un Chevalier d'Or pourrait l'aider à quitter le Sanctuaire pendant un moment. Des larmes voilèrent sa vue et l'espoir qu'elle avait nourri en le voyant pour la première fois mourut en silence. Elle allait rester coincée ici, et jamais elle n'aurait plus d'occasion semblable.
L'homme tiqua, mais elle ne le vit pas, pas plus qu'elle ne vit la veine pulser sur son front ou qu'elle ne l'entendit grommeler:
-Ouh putain, qu'est-ce qu'elle m'énerve!
Sasha sentit une main lui agripper la taille et, en un instant, ses pieds quittaient le sol et elle se retrouva à mi chemin entre la terre et le ciel. Mais elle n'eut pas le temps d'avoir peur: à peine avait elle poussé un glapissement effrayé et surpris qu'elle se retrouva coincée comme un vulgaire sac à patates sur l'épaulière d'or de l'homme qui s'exclama immédiatement, l'air soudain franchement énervé:
-Ha ça suffit hein! Tu commences vraiment à me casser les pieds, gamine! Tu veux partir loin d'ici, c'est ça? Vu que tu te plais pas ici mais que t'as nulle part où aller, t'aimerais que je t'emmène ailleurs?
-Heu…
-Rah mais décide-toi, bon sang!
-Je suis désolée!
Soudain, le ton de l'homme se fit plus posé, comme s'il avait réalisé qu'il l'avait peut-être un peu trop secouée. Ou bien, au contraire, peut-être estimait-il qu'elle était maintenant capable de lui parler avec plus de franchise. Et quand une lueur amicale éclaira le regard de Chevalier, Sasha sentit son coeur manquer un battement puis repartir à toute vitesse: c'était cette lueur, c'était la même qui brillait dans les yeux de Tenma.
-Bon sois honnête, miss: t'as envie d'aller quelque part en particulier?
-Hu?
Elle n'avait pas de plan aussi précis: elle voulait juste s'éloigner, respirer, prendre le temps de réfléchir et de vivre encore quelques minutes comme l'enfant qu'elle était vraiment. Elle crut que l'homme prendrait la mouche, mais ce fut tout le contraire. Il sourit franchement, un sourire si déterminé et si lumineux qu'elle se sentit de nouveau apaisée et rassurée comme elle ne l'avait plus été depuis que Sisyphe lui avait tendu la main. C'était le sourire d'un jeune homme qui voulait encore s'amuser, qui refusait le poids des responsabilité, le sourire de quelqu'un qui veillerait sur elle:
-Je vais te faire visiter d'autres cieux, gamines: on va faire disparaitre cette tristesse qui assombrit tes yeux!
Une émotion sans nom saisit Sasha à la gorge, un mélange de bonheur pur et de soulagement qu'elle masqua en offrant à son sauveur un sourire sincère qui se refléta dans ses yeux verts:
-Merci mille fois.
-Y'a pas de mal, miss.
Il ne réalisait certainement pas qu'il venait de lui sauver la vie, qu'il ui avait ouvert la porte d'un nouveau monde, l'avait laissée entrer dans cette bulle d'oxygène au coeur de la tempête d'angoisse qui lui serrait le coeur depuis son arrivée. Il ne le réalisait pas, mais Sasha lui en était reconnaissante, si reconnaissante qu'elle alla jusqu'à timidement nouer ses bras autour de la nuque du Chevalier:
-Merci.
-T'en fais pas, je te dis. Au fait, moi c'est Kardia. Kardia du Scrpion. Et toi?
-Sasha…
-Ok, Sasha, ravi de te rencontrer.
La petite fille sourit, un sourire enfin libéré de la douleur de la séparation et guidée par l'espoir d'un avenir meilleur. Un sourire si pur que Kardia tiqua légèrement sans parvenir à mettre le doigt sur ce sentiment étrange qui naissait dans son coeur quand cette enfant souriait.
-Moi aussi, Kardia.
Peut-être qu'avec lui à ses côtés, elle parviendrait à accepter son rôle. Et peut-être que grâce à lui et à leurs aventures, elle serait capable de continuer d'avancer, guidée par l'envie de revoir Tenma et Alone et par celle de protéger la Terre.
Il n'y avait pas de doute: elle avait agrippé la bonne cape.
Et voilà pour ce premier chapitre! :D J'espère qu'il vous a plu! :D
J'avoue, de base je pensais faire un chapitre axé uniquement sur Sasha, mais au fur et à mesure des lignes, je me suis rendue compte que, pour terminer sur une note positive, mes pas me menaient immanquablement vers nos chers Kardia et Dégel (je crois que je n'arrive pas à les laisser partir) :') Du coup voilà, j'espère que vous avez aimé!
On se retrouve lundi pour la suite de cette merveilleuse Saint Seiya Week! :D Merci d'avoir lu ce chapitre et à très vite! :D