Camarades !

Ce texte a été écrit lors des Nuits du FOF avec pour thème Fatigue. Encore une fois je me suis lancée dans mon ship favori, le MadWhale.

Bonne lecture !


La fatigue et lui ça ne fait pas bon ménage. Elle lui joue des tours, pèse sur son humeur et ses actions, ces capacités. Quand il est fatigué, la moindre contrariété est capable de le rendre de mauvaise humeur, de lui faire réaliser des étourderie comme de mettre du sel dans son café et surtout la fatigue a le don de l'énerver. Il a horreur de ça, il a besoin de bouger, de se sentir vivant, de se sentir utile.

Mais ce soir la fatigue a gagné et il s'en serait bien passé.

C'est à peine si il a le courage et la force d'enlever son manteau. Il resterait bien planté là, dans l'entrée, à se laisser tomber sur le sol et dormir de tout son saoul, même si ça ne serait pas très confortable, il faut l'admettre, mais il est tellement à bout qu'il pourrait dormir sur n'importe quelle surface.

Il se donne pourtant mentalement l'ordre de se débarrasser de ses affaires avant de se diriger vers la cuisine pour se laver les mains, premièrement, et ensuite se servir un grand verre d'eau. Il n'arrive toujours pas à comprendre comment son corps arrive encore à bouger, il a l'impression d'être fait de plomb.

Il a beau adorer son travail, il sera toujours dévoué corps et âme à la médecine et la science, il doit avouer qu'en ce moment il plaquerait bien tout pour passer quelques vacances. Au soleil, sous la neige, à la montagne… n'importe où, mais dans un endroit tranquille, loin de l'agitation, à ne rien faire d'autre que s'occuper de lui. Et en compagnie de Jefferson et Grace bien sûr. Il ne peut imaginer partir quelque part sans eux.

C'est drôle, quand il pense, il y a quelques mois encore, il n'aurait jamais imaginé une vie comme celle là, il n'aurait jamais imaginé se retrouver père, parce c'est ce qu'il pour Grace, amoureux, fiancé, encore plus inimaginable, pour lui comme pour personne en ville et pourtant c'est vrai, la bague qu'il porte au doigt en est la preuve, tout comme la photo de Grace qu'il garde précautionneusement dans son portefeuille.

Il n'avait jamais imaginé avoir la chance de trouver l'amour et une famille, il se pensait maudit à jamais, condamné à vivre seul mais le destin en a décidé autrement.

Son regard se pose sur le simple anneau doré qui le lie avec Jefferson, il sourit, avant de soupirer et de se masser la nuque en grimaçant. Si ça continuait, c'est lui qui allait avoir besoin d'un médecin. Pour une fois que ce n'était pas lui qu'on sollicitait en cas d'urgences ou de blessures dues à une quelconque attaque magique d'un énième magicien voulant prendre le contrôle de la ville.

« Oh, tu es rentré ! Enfin ! »

Il sursaute, il n'a pas entendu Jefferson entrer dans la cuisine. Il lui offre un sourire et ouvre ses bras pour qu'il puisse se jeter dedans. Son étreinte est beaucoup plus réconfortante et efficace que n'importe quel médicament. Il vient nicher sa tête dans le cou de Jefferson tandis que celui-ci dépose ses lèvres contre sa joue et ils restent ainsi pendant quelques minutes, à juste profiter d'eux-mêmes.

Jefferson finit par se détacher de lui et lui attrape la main et le tire doucement vers lui en souriant.

« Aller, viens, suis-moi, j'ai préparé quelque chose pour toi. »

Sa curiosité est piquée, mais c'est seulement le sourire de Jefferson qui lui donne la force d'avancer et rien d'autre, de monter les escaliers et de le suivre jusqu'à la salle de bain.

Là il découvre que Jefferson y a fait couler un bain, il sent des effluves de sels et de ce qui lui semble être de la lavande, il a allumé quelques bougies, mis un disque de musique jazz qu'il apprécie énormément et même préparé un plateau avec deux verres et une bouteille de vin.

« Grace est chez Violet ce soir. Dépêche toi ou l'eau va refroidir. »

Pour toute réponse, Victor le gratifie d'un baiser avant de l'imiter et d'ôter ses vêtements et de se glisser dans l'eau avec bonheur.

Jefferson se glisse derrière lui et pendant un moment ils ne se parlent pas, se contentent juste d'apprécier les effets relaxants de l'eau chaude et des sels de bain, de la musique et du vin. Ils n'ont pas besoin de se parler, juste d'apprécier le fait d'être ensemble, de partager un moment d'intimité entre eux, rien de plus.

Alors qu'il se sent plus détendu, Victor se penche légérement en arrière, pour caler son dos sur Jefferson en souriant.

« Merci. Tu n'imagines pas à quel point ça me fait du bien.

- De rien. Je sais que tu travailles dur en ce moment, je voulais t'offrir de quoi te détendre un peu. D'ailleurs redresse toi, tu es tout tendu, je vais arranger ça. »

Victor obéit et soupire de bonheur quand il sent les mains de son fiancé sur ses épaules le masser doucement. C'est tellement libérateur, il a l'impression que tout le poids des responsabilités de la journée qui pesaient sur lui s'envolent. Il ferme les yeux, savoure ce moment, sourit de nouveau. Il se sent toujours aussi fatigué cela dit, mais c'est beaucoup plus supportable maintenant. Tout est toujours beaucoup plus supportable à ses côtés, il est son pilier qui lui permet de ne pas sombrer. De temps à autre Jefferson en profite pour l'embrasser sur les épaules ou dans la nuque, il frissonne, songe que jamais personne n'a réussi à le faire se sentir aussi bien, aussi vivant, qu'il est vraiment chanceux de l'avoir rencontré et de bientôt pouvoir montrer à tout le monde à quel point il l'aime, même si il sait très bien qu'il n'a pas besoin d'en faire des tonnes, il veut juste officialiser leur union, montrer à toute la ville qu'il l'aime à la folie, prouver aux autres qu'il n'a plus peur d'eux, qu'il ne les craints plus et surtout à quoi l'amour ressemble, à quoi ressemble le véritable amour.

Il se retourne pour attraper la main gauche de Jefferson, qui surprit, suspend ses gestes.

« Je t'ai fait mal ? »

Il y a une lueur d'inquiétude dans son regard qui disparaît vite en le voyant sourire.

« Non. Je suis juste heureux. Merci. Je t'aime. »

Je t'aime. Des mots qu'il ne pensait pas prononcer un jour, mais qui sortent naturellement de sa bouche quand il le voit, qu'il a envie de crier au monde entier. Il a parfois l'impression d'être un adolescent connaissant ses premiers émois, il se sent parfois ridicule à rougir et se sentir embarrassé de toutes les petites attentions qu'il peut lui offrir, mais peu importe, il l'aime et c'est tout ce qui compte.

« Je t'aime aussi. »

Il n'a pas besoin d'en douter. Comment douter devant ce regard, ce sourire et cette surprise, comment douter un seul instant qu'il ne l'aime pas ?

La fatigue peut lui faire oublier beaucoup de choses, elle peut l'amener à ranger sa cravate dans le frigo ou s'endormir dans la voiture, le rendre de mauvaise humeur, avoir envie de se montrer exécrable avec tout le monde et de tout laisser tomber, mais jamais, oh grand jamais la fatigue ne pourra lui faire oublier à quel point il l'aime, à quel point il aime sa vie auprès de lui, auprès de Grace, la fatigue ne pourra jamais le faire douter ou l'empêcher de venir le prendre dans ses bras pour le remercier de l'aimer en retour, d'être là tout simplement.


En espérant que cela vous a plus, je suis dans le même état de fatigue que Victor ces derniers temps, j'espère que ça ne s'est pas trop ressentit dans mon texte ! A bientôt !