Bonjour à tous

Je débute ce recueil grâce aux nuits du Fof, mais d'autres suivront probablement, de manière néanmoins extrêmement aléatoire.

Cet os est écrit pour un jeu du FoF, il fallait le rédiger sur le thème "Apotropaïque" en une heure. Pour plus de précisions vous pouvez m'envoyer un mp.

Pour ceux qui (comme moi, ne connaissais pas le mot apotropaïque, voilà l'aide de Wikipédia : "L'adjectif apotropaïque est appliqué à ce qui conjure le mauvais sort, vise à détourner les influences maléfiques. Un talisman, par exemple, en ce qu'il est censé prémunir contre le malheur la personne qui le porte, est un objet auquel on prête des vertus apotropaïques.

On parle également d'attitude apotropaïque : prudente (ne pas ouvrir le champagne trop tôt), superstitieuse (ne pas marcher sous une échelle)."

Bonne lecture, j'espère que ça vous plaira !

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De la prudence, des fontaines et des épées rouillées

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Pavel était sans aucun doute quelqu'un de prudent : quand il prenait une décision il en avait mesuré les conséquences et anticipé une douzaine de complications possibles. Il était pragmatique également, les pieds toujours sur la terre qu'il contrôlait si bien. Thelos en avait étonné en le découvrant, comment à 18 ans pouvait-il rester si sérieux, si logique en toutes circonstances ?

Bien sûr, beaucoup de choses dépendaient de ses choix : le sort du monde entier, la survie d'un village perdu dans le Nord et dont il avait appris à aimer les habitants, la vie de ses parents… Et à aucun moment il ne se laissait distraire de son objectif. Allumer les phares. Rien ne devait mettre en danger cet accomplissement.

Oui vraiment, Pavel était réfléchi, réaliste. Toujours. C'était en grande partie ce qui avait plu à Piers. Il est vrai que le mystique de l'eau avait été étonné de la sagesse et de l'humour de Thélos, comme un oncle un peu ronchon. Il avait été surpris du courage et de la délicatesse de Cylia et touché par la fougue et la fragilité de Lina, ses deux petites sœurs, si fortes et si vulnérables. Oui ce groupe l'avait ému et il avait vite compris qu'ils changeraient sa vie.

Mais s'il les avait accompagnés jusqu'au bout du monde, acceptant sans aucune hésitation de les aider dans leur quête, c'était qu'il faisait entièrement confiance à Pavel. Il lui obéissait aveuglément, bien qu'il soit bien plus âgé, parce que le jeune homme avait la tête sur les épaules et était parfait pour diriger cette quête. Il lui donnait l'impression d'être une montagne que le vent des tempêtes ne pourrait jamais renverser, ni même éroder.

Les deux garçons s'entendaient à merveille, ils ne réfléchissaient pas exactement de la même manière, n'avaient pas le même vécu, mais ils se comprenaient. Deux frères en sorte. Leurs désaccords n'étaient jamais bien longs.

Et puis, ils étaient arrivés à Lémuria et Piers n'était plus vraiment sûr de reconnaître le mystique de la Terre.

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Il exagérait peut-être, ce n'était pas grand-chose… mais tout de même. Le cri de Lina l'interrompit dans ses ruminations.

« Géniaaaaaaaaaal ! C'est trop bien ! Paaaaavel, regarde j'ai gagné une épée rouillée, elle est trop belle. »

Elle rejoignit les deux mystiques en courant et fourra le vieux bout de métal dans les mains de son frère, avant de lui demander de nouvelles pièces pour elle et Cylia. Piers s'attendait au moins à ce qu'une fois le dos de sa sœur tourné, le jeune homme se débarrasse du bout de ferraille mais au contraire, il le rangea soigneusement dans son sac.

« Pavel sérieusement, une vieille épée rouillée ? Tu vas alourdir ton sac pour rien. Qu'est-ce que tu veux en faire : tuer les monstres que nous rencontrons à coup de tétanos ?

- Je la laisserais dans le bateau après. Et puis qui sait, le forgeron pourra peut-être en faire quelque chose de bien. De toute façon, Lina ne serait pas contente si je la jetais. Regarde comme elle s'amuse.

- Justement, tu sais bien que je suis très heureux que Cylia et Lina se détendent un peu, mais gaspiller nos pièces comme ça dans une fontaine ? C'est complètement ridicule. Si tu veux qu'elles s'amusent, je peux leur apprendre un jeu de dés. »

Cylia arriva à ce moment, épargnant à Pavel la tâche de répondre à cette proposition de jeu. Il repensa soudainement à quelque chose.

« Piers tu as raison. Cylia on va économiser nos pièces, mais j'ai une idée d'autres choses que vous pourriez lancer. »

Il sortit d'une poche de son sac un grande quantité de sortes de pièces dorées.

« Ce sont des portes bonheur, des commerçants m'en ont donné et j'en ai trouvé d'autres sur le chemin. Je les ai gardés en me disant qu'on leur trouverait bien une utilité. Peut-être que la fontaine les acceptera. Qui sait les gains pourraient même être mieux puisqu'ils portent bonheur. »

Piers haussa les yeux au ciel en retenant un énorme soupir. Des porte-bonheurs, il ne manquait plus que ça. Depuis quand Pavel croyait-il à ces idioties ? Pourquoi pas des poupées vaudous de Karstine et Agatio tant qu'on y était. Cette fois c'était sûr, le mystique avait un problème. Où était passé le jeune homme ultra-réaliste ? Est-ce que tous ces tourbillons pour arriver à Lémuria lui avait trop remué le cerveau ?

Il allait s'inquiéter auprès de son ami de son état mental, peut-être même lui lancer un sort de guérison à son insu, lorsque le hurlement de joie de Lina le fit sursauter. Il était même sûr qu'on l'avait entendue jusqu'au palais.

« Paaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaveeeeeeeeeeeeel, Pieeeeeeeeeeeeeeers ! Une invocation, j'ai eu une invocation ! Ce porte-bonheur est vraiment trop géniaaaaaaaaaaaaaal ! »

Piers éclata d'un rire frais et se tourna vers son compagnon de voyage.

« Bon je te dois des excuses on dirait, peut-être que jouer dans cette fontaine n'est pas si stupide que ça. Tu as eu une bonne idée en gardant ces porte-bonheurs. »

Le mystique lui répondit uniquement par un grand sourire, qui se fit plus tendre lorsqu'il posa son regard sur les deux jeunes filles qui sautillaient d'excitation devant la fontaine.

Il ne le dit pas à Piers.

Il s'en moquait bien de cette invocation. Elles auraient pu continuer à les ruiner pour lui apporter des armes rouillées, même si elles avaient gagné une chaussette trouée il aurait été aussi satisfait, tant qu'elles étaient heureuses et à ses côtés. Elles étaient ses vrais porte-bonheurs.