Titre : Papa
Rating : T
Pairing : Slash, Yaoi, Mentor fic
Disclaimer : Pour votre plus grande déception (j'en suis sûre), je ne suis pas JKR.
Statut : Terminée
Résumé :
Quand, à la fin de sa cinquième année, Harry apprend qu'un grand secret le concerne, il voit sa vie changer radicalement. Loin de ceux qui l'ont élevé et de ses amis, l'adolescent doit se créer une nouvelle histoire, s'adapter à une nouvelle vie et pourquoi pas, se découvrir une nouvelle famille.
Bêta : AudeSnape (Et Pauu-Aya du coup ! xD)
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Chapitre 1
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Harry regardait par la vitre du Poudlard Express, observant le paysage défiler sous ses yeux. Il essayait d'ignorer la gêne évidente de Ron et Hermione assis près de lui, et les passages réguliers des divers élèves de l'école qui scrutaient le compartiment à la moindre occasion, dans le seul but de le voir.
Depuis le dix huit juin, depuis la bataille au département des mystères, depuis sa victoire sur Voldemort, c'était ainsi. Deux semaines de questions, d'espionnage et de louanges.
Harry était à bout.
Le jour de la bataille au Ministère, Harry avait été pris d'une panique sans nom lorsqu'il avait vu le sort de Bellatrix se diriger vers son parrain. Avec une onde de choc impressionnante, il avait fait voltiger Sirius à travers la pièce. Le sort de mort avait donc percuté l'arcade qui avait explosé en million de morceaux de pierre. Le voile de fumée, léger et aérien, était alors monté doucement, porté par le vent. A ce moment-là, des milliers de voix murmurées s'étaient faites entendre, de plus en plus fortes. Si fortes qu'Harry avait dû se boucher les oreilles.
Les âmes avaient alors commencé à sortir du voile. Harry n'avait pu les compter tellement elles avaient été nombreuses, il n'avait pu que constater les traînées blanches qu'elles laissaient derrière elles alors qu'elles glissaient furieusement dans les airs, cherchant quelque chose. Puis elles avaient trouvés. Alors que certaines commençaient déjà à disparaître, plusieurs étaient parties par les portes et les fenêtres disparaissant de la vue d'Harry, et d'autres s'étaient approchées de Lord Voldemort et de lui-même.
En quelques secondes, l'homme serpent et lui s'étaient écroulés, se tordant de douleur sur le sol.
Le spectacle avait été horrible, si bien que Neville n'avait pu contenir ses nausées, et qu'Hermione s'était blottie dans l'étreinte de Ron. La douleur d'Harry avait été brève et s'était dissipée très vite, le laissant hagard, sa cicatrice saignant abondamment. Il était resté le plus proche de Voldemort, à quelques pas de là, regardant le spectacle avec une curiosité morbide.
Les âmes chuchotaient méchamment, vociféraient avec hargne alors qu'elles attaquaient l'esprit de l'homme qui, d'après elles, était responsable de leur malheur.
Bien plus tard, Harry avait compris que Voldemort avait fait des expériences avec tout un tas d'artefacts, y compris le voile. Il avait arraché les âmes de tellement de personnes, que celles-ci, coincées entre le monde des morts et celui des vivants, s'étaient vengées d'une bien triste façon avant d'enfin, reposer en paix.
Le silence était enfin revenu après plusieurs minutes lorsque la dernière âme avait disparu avec un râle de soulagement, emportant celle de Voldemort avec elle.
Personne n'avait esquissé le moindre mouvement, fixant avec horreur le corps serpentin et sans vie de l'homme qui avait causé la mort et la destruction dans bien des familles. Puis, les bruits de transplanage avaient résonné dans la pièce. Les Mangemorts les plus avisés n'avaient pas attendu bien longtemps pour s'enfuir et avaient profité de la distraction. Certains étaient restés, comme Bellatrix qui s'était effondrée en sanglot sur le corps encore tiède de son ancien Maître.
Albus Dumbledore était ensuite apparu, prêt à se battre, mais s'était vite ravisé en voyant le chaos qui régnait dans la pièce et le corps sans vie à ses pieds. Aussitôt, il avait saisi Harry qui fixait toujours son ennemi avec fascination, et l'avait sécurisé derrière lui.
La suite n'était qu'un vaste flou pour le Gryffondor. Il savait que des dizaines de personnes étaient arrivées après cela, qu'elles avaient mis de l'essence de dictame sur sa cicatrice qui avait enfin guéri correctement, ne laissant presque aucune trace mais surtout, aucune douleur. Il avait ensuite été conduit dans le bureau de Dumbledore, où il avait été interrogé par des gens. Il se souvenait avoir vu Ron et Hermione, prostrés dans un coin et s'embrasser comme si leur vie en dépendait. Il se souvenait avoir ressenti une solitude immense, malgré le fait qu'il avait été entouré de tant de monde.
Sirius avait dû fuir avec Remus à l'arrivée des Aurors. Ginny et Neville avaient été transférés à Sainte-Mangouste, l'un pour choc, l'autre pour une blessure, et Luna s'était volatilisée.
Alors, Harry était resté sur sa chaise étonnement grande, regardant le monde bouger sans lui, se sentant plus seul que jamais.
Par la suite, il avait été reçu par l'infirmière pour un bilan psychologique. Il n'avait pas vraiment de souvenirs de ce qu'il avait raconté, mais il avait dû donner les bonnes réponses, car il était ressorti au bout de deux heures avec une potion calmante.
Puis, le brouillard s'était épaissi et il avait passé les deux dernières semaines à errer, à recevoir des félicitations, des encouragements, des demandes de fiançailles et des menaces de mort. Il était passé à travers tout cela avec un calme surprenant. Ron et Hermione s'étaient inquiétés pour lui, il le savait, mais il n'avait pas eu le courage de s'en soucier.
Il ne savait pas vraiment de quelle façon les journaux avaient eu vent du déroulement précis des événements, mais la population sorcière était persuadée qu'il était une sorte de dieu qui les avait tous sauvés.
C'était la raison pour laquelle plusieurs élèves passaient et repassaient devant leur compartiment, dans l'espoir de le voir, de lui dire quelques mots. Certains, les plus courageux, osaient entrer pour lui demander un autographe, lui proposer une chocogrenouille. Il n'avait aucun besoin de les repousser, ses deux meilleurs amis étaient tels des chiens de garde et aboyaient sur chacun d'eux.
« Harry ? » demanda Hermione, sortant le jeune homme de ses pensées.
« Oui ? » répondit celui-ci en tournant la tête vers elle, avec un sourire doux et automatique.
« Tu nous écriras pendant les vacances ? »
« Bien sûr, ce n'est pas parce que je suis chez les Dursley que je ne pourrai pas donner de mes nouvelles, » dit-il gentiment.
Hermione lança un regard à Ron, clairement sceptique, avant de revenir à Harry, l'inquiétude brillant au fond de ses yeux. Il ne la laissa pas reprendre, sachant parfaitement ce qu'elle allait dire.
« Ne t'inquiète pas, je vais bien. Je le savais de toute manière. Les plus dangereux Mangemorts sont encore en fuite et je ne serais en sécurité que si je passe au moins un mois avec ma tante. Je ne comprends pas la logique du directeur mais je l'accepte. Et puis… ce n'est qu'un mois. J'espère passer l'autre chez Sirius ou chez les Weasley. »
« Je veux mon pote ! » répondit Ron avec un sourire. « Maman est déjà en train de prévoir les repas pour le moment où tu viendras chez nous. »
Harry sourit simplement et fixa à nouveau son regard sur le paysage.
« Tu veux que mes parents te déposent chez ta tante ? » demanda Hermione. « Ca ne les dérangera pas tu sais. Il y aura bien assez de place dans la voiture. »
« C'est gentil 'Mione, » répondit Harry. « Mais Remus m'y emmène. »
« Pourquoi ? » demanda-t-elle.
« Parce que lui et Sirius ont quelque chose à me dire, » dit Harry en haussant les épaules.
« Et tu es sûr qu'ils vont te ramener chez les Dursley ? »
« Que veux-tu qu'ils fassent ? Qu'ils me kidnappent ? Tu sais qu'avec Peter toujours en liberté, le Ministère ne pourra croire Sirius innocent, même si j'appuie son témoignage. Je serais bien plus en danger avec un fugitif et un loup-garou qu'avec les Dursley. Et crois-moi, Sirius l'a bien compris cette fois. Je crois que le sort de Bellatrix qui a failli le percuter lui a remis les pendules à l'heure. »
« Moui… » répondit Hermione sceptique.
« Je crois que nous arrivons, » déclara Ron en se levant de son siège pour attraper la valise de sa petite-amie et la descendre du porte bagage.
Harry soupira imperceptiblement et se leva à son tour. Il avait géré la conversation et espérait pouvoir gérer également celle qui allait venir. Il ne savait absolument pas pourquoi Remus et Sirius voulaient lui parler, mais il avait la désagréable sensation qu'il n'allait pas aimer ce qui allait se dire dans quelques instants.
Attrapant sa valise, il la hissa avec difficulté hors de son rangement et sortit du compartiment sans un regard pour ses deux amis, sachant qu'ils le suivraient de toute façon.
Dans les couloirs du wagon, les gens se poussaient sur son passage, chuchotaient et rougissaient. C'était dorénavant son quotidien et il se rendit compte avec un froncement de sourcils qu'il avait hâte d'arriver chez les Dursley pour que tout redevienne comme avant. Il voulait être traité comme un être insignifiant, il voulait être personne, il voulait que les images terrifiantes qu'il revoyait sans cesse lorsqu'il fermait les paupières disparaissent enfin. Peut-être qu'une fois dans sa petite chambre, dans le petit monde Moldu, là où la préoccupation principale serait de savoir qui avait les plus beaux rosiers, tout s'effacerait.
Sortant du train, il fut accueilli par de multiples flashs qui l'éblouirent quelques secondes. Bien vite, les journalistes furent repoussés par des Aurors et il fut enlacé par Remus, tandis qu'un chien se cognait fortement à ses jambes en guise de bonjour.
« Je suis content de te voir Harry, » murmura Remus.
« Moi aussi, » marmonna celui-ci.
« Viens, nous avons réservé une table dans un salon de thé Moldu. Nous serons tranquille. Plusieurs membres de l'Ordre s'occupent des protections. Bill et Maudrey sont parmi eux, ils ne laisseront rien passer. »
Harry acquiesça et se laissa guider vers l'extérieur, faisant un petit signe de main à ses amis. Il ne s'occupa pas de ses bagages qui avaient été récupérés par Remus et rapetissés pour être glissés dans sa poche. Hedwige était restée à l'école et devait le rejoindre plus tard. Ils ne marchèrent que quelques mètres, suivis du chien qui jappait de bonheur et sautait, les faisant parfois trébucher.
« Sniffle… Arrête, » grogna Remus alors qu'ils passaient devant Kingsley avec un salut poli.
Cela ne fit qu'augmenter l'énergie de Sirius qui se mit à japper plus fort. Harry ne put retenir le sourire sur ses lèvres à l'attitude indigne de son parrain et entra dans la petite boutique. Remus le dirigea vers une petite table ronde, éloignée des autres et commanda d'un geste deux tasses, une théière et une gamelle pour Sirius qui s'assit aux pieds d'Harry, la tête penchée.
« Alors ? » demanda le jeune homme fébrile. « Pourquoi cette réunion ? Avec les membres de l'Ordre à côté et votre air sérieux, j'ai l'impression que je suis atteint d'une maladie grave ou un truc du genre. »
« Ne t'inquiète pas à ce point, » sourit Remus. « C'est juste… Quelque chose de difficile à dire… Et certainement à entendre. »
Harry déglutit de façon audible et regarda avec insistance Remus qui continuait de sourire doucement en attendant leur commande. Lorsque celle-ci fut apportée, il lança plusieurs sorts pour s'assurer que personne ne puisse entendre et qu'il n'y ait pas d'intrus dans le périmètre.
« Bon… » commença le loup-garou. « Il y a quelque chose que Sirius et moi savons mais que le reste du monde ignore. C'est au sujet de tes parents. »
Aussitôt, Harry se redressa sur son siège et écouta attentivement. Toutes les histoires au sujet de ses parents étaient bonnes à prendre. Remus s'humidifia les lèvres et sembla hésiter quelques instants avant de reprendre.
« En réalité, c'était un secret que tes parents avaient confié à Sirius uniquement. Il est ton parrain et devait savoir. Mais comme tu peux l'imaginer, la seule façon pour lui de sortir en public pour te voir est sous cette forme, dans laquelle il ne peut pas vraiment se faire comprendre. »
Harry regarda son parrain, toujours assis à ses pieds, qui le fixait avec la tête penchée et ses grandes oreilles dressées. Le loup-garou sourit et observa Harry, expliquant d'une voix la plus douce possible :
« Il m'a donc révélé ce secret à contrecoeur pour que je te l'explique. J'espère que tu ne lui en voudras pas. »
« Bien sûr que non, » répondit Harry avec un sourire rassurant pour l'animagus.
Remus hésita à nouveau, passant une main lasse sur son visage.
« Comment dire une telle chose, » bougonna-t-il. « Bien. Vois-tu, James avait quelques petits problèmes. Dès leur sortie de Poudlard, quelque chose a poussé tes parents à avoir un enfant. Ils voulaient l'avoir jeune, pour… être encore dans le coup quand le petit irait à Poudlard, comme disait James. Il ne voulait pas être un vieil homme quand il viendrait chercher ses enfants au train. Lily pour sa part… sentait que les choses devaient se passer de cette façon. Elle savait qu'elle était destinée à avoir un enfant très vite. »
Harry sourit, les larmes aux coins des yeux. C'était la première fois qu'on lui parlait de ses parents d'une telle façon. Remus but une gorgée de son thé, reposa sa tasse et fixa la table, reprenant la parole :
« Malheureusement… Les choses ne se sont pas passées comme elles étaient prévues… Bellatrix Lestrange était une folle furieuse, comme tu le sais déjà. Ce que tu ne sais probablement pas, c'est qu'elle était aussi excellente en charmes. Elle en inventait beaucoup, tous plus terrifiants les uns que les autres. L'un de ses chefs d'oeuvre était un sort qui rendait les hommes infertiles… » murmura Remus.
Sirius gémit, les oreilles maintenant couchées sur la tête. Il se leva pour pelotonner son museau contre le ventre d'Harry qui passa distraitement sa main dans sa fourrure, agare.
« Pourquoi faire une telle chose ? » demanda le garçon.
« Eh bien… C'était certainement amusant pour elle… De voir des couples en difficulté… Se déchirer pour des problèmes de descendance… »
« Mes parents… » commença Harry, hésitant.
« Non ! » contra Remus. « Tes parents ne se sont pas déchirés mais… Il est vrai que ton père a été l'un de ceux qui ont reçu ce sortilège. »
Harry haleta, sa main quittant l'animagus pour se poser devant sa bouche.
« Ton père était infertile, » continua Remus. « Il était dévasté et Lily a essayé de trouver un remède pendant quelques mois, mais ils se sont faits à l'idée que James ne serait jamais biologiquement le père de leurs enfants. Il n'en restait pas moins un père. »
« Mais je… » balbutia Harry, sans pouvoir véritablement exprimer ses pensées.
« Lily n'avait que dix-neuf ans lorsqu'ils se sont rendus dans un service spécialisé méconnu à Sainte-Mangouste, » expliqua Remus avec un sourire désolé.
Le monde sembla s'écrouler autour d'Harry. James n'était pas son père biologique ? Comment était-ce possible ? Comment expliquer leur ressemblance ? Tout le monde lui avait toujours dit qu'il ressemblait à James. Peut-être même trop…
« Tu portes une sorte de Glamour sur toi, » expliqua Remus, comprenant le font de sa pensée. « C'est une obligation du Ministère concernant les enfants procréés de cette façon. Dès la naissance, ils reçoivent un sortilège qui masque leur magie, pour ressembler à celle de leur père adoptif. Avec ceci, le physique de l'enfant change aussi. Cela a pour but que le bébé et le père puissent partager un lien fort et qu'il n'y ait pas de rejet, d'un côté ou de l'autre. C'est aussi une façon pour que le donneur n'ait aucun moyen de retrouver l'enfant et de s'imposer dans sa vie, ou de demander une compensation aux parents. »
« Je vois… » souffla Harry, toujours sous le choc. « Alors… Je ne suis pas le fils de James Potter. »
« Pas biologiquement, » répondit Remus avec douceur. « Mais crois-moi, il a changé tes couches, t'a bercé pendant des heures et t'a aimé de tout son coeur, » dit-il, tendant la main pour prendre celle d'Harry qui n'eut aucune réaction.
« Et donc ? » demanda celui-ci, le regard vide, fixé sur le mur en face de lui.
« Donc ? » répéta Remus, confus.
« Il doit y avoir autre chose pour que vous m'annonciez une telle chose maintenant, » souffla Harry. « Vu l'effectif de l'Ordre autour de nous, cette réunion n'a pas dû être facile à organiser. Alors, pourquoi ? »
Sirius à ses pieds se mit à gémir doucement.
« Tu es très perspicace, Harry, » sourit Remus.
Il retira sa main pour prendre une gorgée de son thé et Harry pensa un instant que c'était peut-être du dégoût. Oh, juste quelques secondes, il avait imaginé que peut-être, Remus trouvait cela dérangeant qu'il ne soit pas le fils de James. Mais cette idée était évidemment grotesque. N'est-ce pas ?
« Effectivement, si Sirius a voulu t'en parler maintenant, c'est parce que tu vas bientôt avoir seize ans, » expliqua Remus, plongeant Harry dans l'incompréhension. « Pour les enfants comme toi, a l'âge de seize ans, le sortilège posé à la naissance disparaît. »
Harry haleta bruyamment et Remus lui lança un sourire encourageant, alors que Sirius le poussait de sa truffe.
« Pas d'inquiétude, » déclara le loup-garou. « Ce système a été mis en place car l'enfant n'est pas encore majeur, donc ne peut pas faire quoi que ce soit sans l'autorisation de ses parents. Il est pourtant assez mûr pour comprendre ce qu'il se passe et prendre ses décisions. S'il veut retrouver son père biologique par exemple. »
« Donc dans quelques semaines, je vais ressembler à mon vrai moi ? » demanda Harry.
« C'est ça, » acquiesça Remus. « Le jour exact de ton anniversaire, le sortilège tombera. Tu auras un nouveau physique. Du moins, tout ce qui te faisait ressembler à James s'estompera pour laisser apparaître les traits de ton père biologique. »
« B… Bien… » bafouilla Harry.
« Bien ? » demanda Remus, les sourcils froncés.
« Que voulez-vous que je dise d'autre ? » grogna Harry avec hargne. « Encore une fois, on me met au courant de quelque chose qui va forcément arriver, une chose que je ne peux pas contrôler et qui va changer ma vie de façon flagrante. »
Il avait les poings serrés et sentait que les larmes qu'il contenait depuis de nombreuses minutes étaient sur le point de couler. Sirius gémissait sans discontinuer maintenant, essayant sans aucun doute de le calmer, de lui faire comprendre qu'il était peiné lui aussi. Peu importe. Harry avait juste envie d'aller chez les Dursley, de s'enfermer dans sa misérable petite chambre et de n'en sortir que par stricte nécessité.
« Harry… » souffla Remus. « Ne le prends pas comme ça s'il te plaît. Je sais que cette nouvelle est difficile à entendre et crois-moi, elle a été dure à dire, mais- »
« Mais rien professeur, » le coupa brusquement Harry. « C'est dur. C'est tout. Et je pense avoir besoin d'un peu de temps pour réfléchir à tout ça. »
« Je comprends… » murmura le loup-garou avec peine. « Je vais te ramener chez tes proches alors… »
Harry ne fit pas remarquer que les Dursley n'étaient pas ses proches. Lui était juste une enclume à leur pied. Et ils étaient juste une protection contre le monde magique. Il acquiesça simplement et se redressa, ignorant le chien qui tentait de le distraire.
Alors qu'il allait se diriger vers la porte, il interrompit tout mouvement et regarda Remus.
« Lorsque le sortilège tombera… L'homme qui est mon père biologique pourra me retrouver ? »
Le loup-garou sourit doucement, le regardant de manière rassurante.
« Il n'y a aucune raison qu'il le fasse. Les donneurs ne sont pas prévenus et ne peuvent pas savoir si leur semence a donné une grossesse. Une fois que le sort s'est estompé et que la véritable signature de l'enfant est enfin visible, il est susceptible d'être retrouvé à l'aide d'un rituel. Cependant, sans savoir si enfant il y a, ni à quel moment ce sort disparaîtera, cela paraît compliqué. Pour un père potentiel, cela pourrait être demain, dans dix ans ou même jamais. Ce n'est pas le genre de test que l'on fait tous les week-end. De plus, je ne suis pas certain que ce genre d'homme se préoccupe sincèrement de sa progéniture, » le rassura Remus.
Il n'imagina pas que ces derniers mots, au lieu d'être rassurant, étaient pour Harry comme un coup de poing dans le cœur. Non seulement son père n'était pas son véritable père, mais en plus, son père biologique ne se souciait certainement pas de lui, ni même de savoir s'il avait une descendance.
Comme un Inferius, Harry suivit Remus en dehors du salon de thé, ignorant son parrain qui sautait autour de lui pour avoir son attention. Il ne jeta pas un regard aux membres de l'Ordre et se contenta d'entrer dans un taxi hélé par son ancien professeur.
Le chauffeur regarda le chien d'un oeil mauvais, mais celui-ci n'y prit pas garde et se contenta de se vautrer sur la banquette, la tête sur les genoux de Harry et les pattes arrières sur ceux de Remus. Il gémit, mandant des caresses, mais encore une fois, fut ignoré.
« Tout va bien Harry ? » demanda le loup-garou, lançant des coups d'oeil inquiets au jeune homme après avoir donné sa destination au chauffeur.
« Hum… » répondit simplement celui-ci, regardant par la fenêtre.
« Tu sais, James- » commença Remus.
« Je sais, » le coupa Harry. « Il m'aimait. »
Tournant la tête, il regarda le loup-garou avec tristesse et murmura :
« Je me demande simplement ce qui pousse les hommes de ma vie à m'abandonner… »
« Harry… » souffla Remus. « Qu'est-ce que tu veux dire par là ? »
« Je veux dire que mon géniteur m'a tout simplement donné, que mon père adoptif est mort, que mon parrain a préféré courir après un traître plutôt que prendre soin de moi et que vous, professeur, avez disparu de ma vie pendant treize ans. Je me demande simplement si c'est ce que Voldemort a ressenti toute une partie de sa vie… Un abandon pur et simple. »
« Harry, ce n'est pas- » commença à nouveau Remus.
« J'aimerais que vous me laissiez réfléchir à tout ça, » le coupa encore le jeune homme. « J'ai besoin d'être seul parce que je l'ai décidé, pas parce que quelqu'un m'a encore laissé tomber. »
« Très bien… » répondit Remus. « Mais sache que cela n'a rien à voir avec toi. Ce sont les circonstances et un manque flagrant de jugement pour ma part. Nous te laisserons du temps, mais nous serons là quand tu en auras besoin. Toujours. »
Harry acquiesça distraitement et braqua à nouveau son regard sur le paysage qui défilait.
Lorsqu'ils arrivèrent à Privet Drive, ils n'avaient pas dit un mot de plus. Ils descendirent du taxi et Remus paya, tout en lançant un léger sort de confusion au chauffeur pour qu'il ne se rappelle plus précisément de leur conversation, ni même de leur présence.
Harry sentit son estomac se tordre légèrement lorsqu'il regarda la petite maison si semblable aux autres. Il se demanda comment se passeraient ses vacances. Les Dursley seraient-ils plus gentils avec lui ?
Il fut surpris de voir Remus et Sirius, toujours sous forme de chien, avancer avec lui dans l'allée. Il allait leur demander de partir, mais avant qu'il ne puisse le faire, le loup-garou toqua à la porte.
Celle-ci s'ouvrit sur l'oncle Vernon, dont le visage prit rapidement une teinte vermillon.
« Garçon ! Com- » commença-t-il à vociférer.
Il n'eut cependant pas le temps de continuer, car Remus, avec une force surprenante, poussa la porte au maximum pour entrer dans la maison, suivi de Sniffle et de Harry.
« Qu'est-ce que vous croyez pou- » reprit Vernon, interrompu par le loup-garou d'une voix polie et joyeuse.
« Monsieur Dursley je présume ! Le portrait qu'Harry m'a dépeint était bien au dessus de la réalité. Et Madame Dursley je suppose, » dit-il en regardant vers la porte de la cuisine par laquelle Petunia regardait.
Celle-ci haleta et laissa tomber le verre qu'elle était en train d'essuyer.
« Et voici certainement Dudley, » déclara joyeusement Remus en voyant l'adolescent devant la télévision, mangeant salement des chips. « Et bien, si tout le monde est là, c'est pour moi l'occasion de me présenter. Je suis Remus Lupin, loup-garou. Mais je pense que vous en avez déjà entendu parler, la fureur de destruction de ces créatures sont légendaires, même dans le monde Moldu. »
Il fit un grand sourire, montrant des canines clairement tranchantes et brillantes de salive. Harry savait qu'il était impossible pour un loup-garou de commander une transformation, même partielle. Ce petit effet devait donc être le fruit d'un sortilège dans le but de terrifier les Dursley.
« Oh ! Je manque à tous mes devoirs, » ajouta Remus. « J'aimerais vous présenter un vieil ami. »
Sur ses mots, le grand chien noir commença à se transformer, sous l'air terrifié des Dursley et celui étonné de Harry qui se demandait ce que pouvaient bien fabriquer les Maraudeurs.
« Bonjour, » dit Sirius d'une voix rauque, un sourire cruel plaqué sur le visage.
« Le… » bégaya Petunia. « Le meurtrier… »
Même Dudley avait arrêté de regarder la télé et observait la scène les yeux écarquillés. Vernon fixait les deux hommes avec horreur.
Sirius était dans un état lamentable, semblable à celui qu'il avait lors de sa fuite. Harry était à nouveau persuadé que c'était une mise en scène.
« Je n'ai donc pas besoin de vous présenter Sirius Black ? » demanda Remus les sourcils froncés d'une confusion feinte. « Il s'agit du parrain de Harry. Et il est très fâché par la façon dont vous avez traité son filleul toutes ces années. Malgré qu'Harry n'ait rien dit, les signes ne trompent pas. »
Vernon ne put que lâcher une sorte de gazouillement avant de courir, aussi vite qu'il le pouvait, jusqu'au téléphone. Il n'eut pourtant pas le temps d'y arriver. A quelques centimètres seulement de celui-ci, un énorme chien noir grognait, montrant les crocs.
« Ce n'est pas la peine d'appeler la police. Ils ne pourront rien. Le monde magique soutien Sirius et tous vos politiciens sont sous notre contrôle, » déclara doucement Remus.
Tout cela était faux évidemment, mais les Dursley ne pouvaient pas le savoir. Le loup-garou reprit.
« Alors, voilà ce qu'il va se passer. Nous allons laisser Harry ici, uniquement parce que la présence de la soeur de Lily le protégera des hommes qui lui veulent du mal. Il restera un mois, peut-être deux, et nous reviendrons le chercher. Je ne vous demande pas de l'aimer, car d'après moi des personnes comme vous ne sont capables que de convoitise. Je vous demande simplement de le laisser tranquille. Pas de corvée, il mangera quand il voudra et ne recevra aucune insulte de votre part. »
Le ton de Remus était devenu plus menaçant maintenant. Sirius avait retrouvé son apparence humaine diabolique et fixait Pétunia avec les yeux plissés. Le loup-garou continua :
« Si tout se passe comme prévu, c'est la dernière fois qu'il vous sera confié. Des sorts ont été posés sur cette maison. Si le moindre mal lui est fait, que ce soit moral ou physique, nous le saurons. Est-ce compris ? »
« C… Compris… » bafouilla Vernon.
« Bien ! »
Remus lui tourna le dos sans peur et s'approcha d'Harry. Il fouilla dans sa poche et sortit sa malle qu'il remit à taille normale.
« Tout ira bien ? » murmura-t-il au jeune homme.
Celui-ci acquiesça simplement, des remerciements dans les yeux. L'intervention des Maraudeurs l'avait rassuré sur le déroulement de son été.
« Bien, nous devons partir. Paddy est à découvert depuis trop longtemps, » déclara doucement Remus.
Il serra Harry dans ses bras et Sirius vint faire de même. Les deux hommes furent blessés par la distance que le jeune homme mit assez vite entre eux, mais ne dirent rien. Avec un dernier sourire compatissant, ils quittèrent la maison, sans savoir que lorsqu'ils y reviendraient, les choses seraient bien différentes.
Bonjour, me revoici pour une nouvelle histoire de 21 chapitres !
Un grand merci à AudeSnape qui a corrigé cette histoire et Pauu-Aya qui l'a lu pendant l'écriture pour me rassurer sur la direction à suivre.
J'espère que ça vous plaira !
A lundi prochain pour la suite.
Epsi