Genres : Univers Alternatif ; Contes de fée ; Romance ; Angoisse

Couples : Alone/Shun ; Kagaho/Ikki (Je continue avec les couples atypiques)

Important : Shun est gender-fluid dans cette histoire. Se sentant homme, il est Shun. Se sentant femme, il devient Shaina.

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Bonjour à tous,

voici une nouvelle histoire mêlant contes de fée (Jorinde et Joringel ; Le vaillant petit tailleur), démons (Hadès et Alone) et les personnages de Saint Seiya.

C'est un grand exercice de style que je tente. J'espère que cette fanfiction vous plaira.

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Bonne lecture !


Au delà des apparences

Chapitre 1

Il était une fois un royaume qui vivait en harmonie. Cela n'avait pas toujours été le cas : cinq ans plus tôt, une guerre s'était produite, tuant nombre de soldats et d'innocents. Son père avait été l'un d'eux. Réquisitionné pour l'effort de guerre, il était mort en luttant avec son bataillon la veille de la signature d'un traité de paix.

Depuis, les habitants vivaient tous en harmonie et en paix. Chacun tentant de dépasser la tristesse causée par les pertes pour avancer. Pour Shun, cette paix n'avait pas été joyeuse. Sa famille avait une nouvelle fois été brisée car après son père, ce fut sa mère qui mourut de maladie l'hiver suivant. Il avait à peine onze ans lorsqu'il fut placé sous la garde de son frère aîné qui avait seize ans. Ikki, son frère, avait été son seul ancrage pour réussir à faire son deuil et son soutien pour s'affirmer auprès des autres villageois. Avec lui à ses côtés, il s'était senti invincible.

Sa mère avait été couturière et son père tailleur avant la guerre. Leur atelier-boutique commun avait été fermé depuis tellement longtemps que la poussière s'était accumulée aussi vite que les offres de rachat. L'échoppe étant, après tout, bien placée au centre du village. Ikki les avait toute promptement refusées pour garder ce lieu plein de souvenirs intacts. Il avait entrepris de travailler ponctuellement dans les fermes alentours pour financer leur frais de vie courante sans avoir à trop prendre sur leur héritage. Certains voisins les avaient aidés. Mû le boulanger leur offrait souvent les pains et les gâteaux sucrés. Aldéraban le fermier donnait du lait, des légumes et des fruits de saison en plus pour récompenser le travail rapide d'Ikki à la ferme. Même Shura, un ancien soldat, venait passer du temps avec eux pour leur apprendre la voie des armes. Les moqueries que Shun recevait parfois s'étaient rapidement arrêtées après qu'Ikki ait commencé à se balader avec une petite épée attachée à sa ceinture.

À quinze ans, Shun avait repris en main l'atelier-boutique. Il avait toujours aimé regarder sa mère travailler. Entre ses mains, un simple tissu devenait un magnifique ensemble qui ravissait les clientes. Pour lui, ces transformations vestimentaires été comme de la magie et c'était avec émerveillement qu'il avait toujours tenté d'aider sa mère à finir ses oeuvres. Devenir tailleur et couturier, lui avait semblé être le meilleur hommage qu'il pouvait rendre à ses parents tout en faisant quelque chose qu'il aimait. Il lui avait fallu plusieurs essais, entre la motivation et le désespoir, avant de réussir à finaliser proprement des vêtements. Le démarchage lui prenait aussi beaucoup de temps car ce n'était pas dans le village mais dans la ville la plus proche, Fyngverte, qu'il pouvait espérer rentabiliser ses heures de dur labeur. Pour ce faire connaitre, il avait dû batailler avec les anciens associés de ses parents pour qu'ils acceptent de vendre ses créations dans leur boutique en ville. Heureusement, les clients étaient plus que satisfaits des habits qu'il cousait. Ce fut certainement l'une des raisons pour lesquelles Ikki décida qu'il pouvait laisser son cadet vivre pour lui-même.

Ainsi à ses seize ans, Shun avait vu son frère partir pour devenir officiellement soldat. A défaut de le comprendre, il le soutenait dans son choix. A chacune de ses visites, Ikki lui racontait la difficulté d'officier dans l'armée quand on n'était pas un noble, un soldat de la dernière guerre ou simplement reconnu pour un quelconque exploit. Shun s'évertuait toujours à lui remonter le moral en lui parlant de choses dérisoires ou en plaisantant sur les demandes parfois loufoques de ses clients les plus aisé. Toujours en mission à droite ou à gauche pour "préserver la paix" il avait parfois l'impression qu'Ikki le fuyait. Cela faisait presque un an qu'il n'avait pas vu son frère.

Shun cligna de nouveau des yeux et relu la dernière lettre qu'il avait reçu de son aîné. C'était court, comme d'habitude. Ikki lui indiquait qu'il allait surveiller un bal mondain à Fyngverte et le suppliait presque de ne pas l'y rejoigne. Les sourcils de Shun se contractèrent en lisant le dernier point. Il avait vingt-deux ans et pourtant son frère agissait comme s'il était un enfant qui avait besoin d'être surveillé.

Il plia doucement la lettre et la plaça sur la table de chevet de la chambre qu'il avait loué en ville. Ce bal était un événement qu'il avait attendu depuis trop longtemps. Il avait créé trois robes et deux costumes avec redingote pour homme. Tous s'étaient vendu à prix fort. Alors pourquoi n'aurait-il pas le droit de profiter de l'événement ? Surtout quand ce dernier était ouvert à toutes les castes. Non, vraiment, il ne comprenait pas la demande d'Ikki.

— Quel frère gênant, soupira-t-il en regardant le plafond où des toiles d'araignées pendaient.

Se levant, il ferma les rideaux de sa chambre puis vérifia que la porte d'entrée était bien verrouillée. Une fois rassuré, il se retourna vers la baignoire qu'il avait fait remplir, se déshabilla puis s'immergea dans l'eau tiède. Poussant un soupir de contentement, il prit le temps de se relaxer pleinement et ne sortit de l'eau que parce qu'il voulait éviter que sa peau ne devienne toute fripée. Revigoré, Shun s'essuya avec attention avant de retourner dans la chambre. Avec confiance, il creusa dans sa valise pour en sortir la tenue qu'il avait préparée pour l'occasion et la déposa sur le lit.

C'était un haut croisé mettant en avant un léger effet décolleté et une jupe longue vaporeuse. Les deux parties avait une base commune de rose pastel mais le haut avait été agrémenté de dentelle argentée jusqu'aux bouts de ses manches longues. C'était une tenue assez simple, comparé à celle que d'autres lui avaient commandé, mais cela lui convenait parfaitement. C'était l'une de ses créations, conçue pour mettre en valeur sa physionomie en la rendant moins masculine. Ce n'était pas vraiment un secret qu'il aimait s'habiller avec de jolies robes et jupes. Tous les habitants du village qui l'avaient vu grandir le savaient. Enfant, quand il voyait les tenues chatoyantes que créait sa mère, il se plaisait à s'imaginait les porter comme lorsqu'il servait de modèle aux tenues de son père.

Timidement, il en fit part à sa mère lorsqu'il fut âgé de cinq ans et admit sa jalousie chaque fois qu'il voyait une jolie robe portée par une fille quand lui n'en avait pas le droit. Il s'attendait à ce qu'elle lui dise que ce n'était pas normal ou à ce qu'elle repousse ses paroles comme le faisait son père lorsqu'il lui demandait pourquoi il réalisait toujours des tailleurs classiques avec des tissus sobres.

Seulement sa mère l'avait simplement pris dans ses bras, lui affirmant qu'il n'avait pas à jalouser les autres, avant de l'emmener essayer la dernière robe qu'elle finalisait. Ce jour-là, Shun avait continuellement eu un large sourire sur son visage.

Bien qu'il se souvienne à peine de son père, Shun savait qu'il n'avait jamais désapprouvé sa lubie en le voyant se promener en robe. Au contraire, il se souvenait de l'avoir accompagner au marché pour acheter du fil et des tissus, habillé en fille et d'avoir été défendu lorsque les mauvaises langues l'avaient pris pour cible. En cela, Ikki ressemblait beaucoup à leur père. Parfois, il se demandait comment leur famille aurait évolué si la guerre n'avait pas eu lieu.

Brièvement commença une routine où il servait autant de modèle à sa mère qu'à son père. Lorsqu'il portait les tailleurs pour garçon, il se sentait fier et élégant. Lorsqu'il portait une robe, il se sentait jolie et délicat. A chaque tenue qu'il portait en guise de présentation aux clients, ses derniers semblaient convaincus par sa prestation et les commandes abondaient. A la ville voisine de Fyngverte, où sa mère vendait des habits à la noblesse, beaucoup croyaient même qu'il était une fille. Ainsi était née Shaina.

Ce n'était pas du simple travestissement. Non, il savait qu'il y avait plus car ce n'était pas son identité profonde qu'il tentait exprimer. Il était autant Shun qu'il était Shaina et il fluctuait en fonction des circonstances. Shaina avait une forte personnalité, aimait les belles choses et avait fait la fierté de son frère en montrant un goût pour les arbalètes. Shun avait un sens du détail, une concentration et une confiance en ses facultés qui le rendait aussi doux que mortel pour ceux qui pensait qu'Ikki était le plus dangereux. Même si son côté masculin, Shun, ressortait beaucoup plus que son côté féminin, Shaina, il pouvait passer d'une personnalité à l'autre en un instant. Ses traits qui semblent aussi féminins que masculins l'aidaient grandement à se sentir plus à l'aise. Pour certain, il était un garçon-manqué et pour d'autres, un garçon-efféminé.

Il se souvenait des regards étranges qu'il avait reçus au village. Contrairement aux habitants de la ville, ceux du village savaient qu'il était un garçon. La plupart d'entre eux ne pensaient pas qu'il était respectable de le laisser agir ainsi. Cependant, sa mère ne se souciait pas de l'avis des autres, tant qu'il était heureux, et son père avait plus été du genre à le laisser libre de vivre comme il le voulait jusqu'à ce qu'il devienne adulte. Dommage qu'il n'ait pas pu voir que son choix était d'être mixte.

Shun soupira tristement alors qu'il continuait de penser à ses parents et à leur absence. Cela avait été une période misérable pour lui. A peine les funérailles de sa mère avaient été faites que quelques badauds avaient repris leurs commérages sur lui, insinuant cette fois que c'était la honte de l'avoir pour fils qui avait emporté cette dernière. Malgré son jeune âge, Ikki les avait rapidement remis à leur place : la fièvre avait emporté de nombreuses victimes dans tout le royaume. Personne n'avait prévu que l'hivers aurait été aussi rude. Le pays se remettait à peine des batailles et tous les habitants s'étaient mobilisés pour éviter une famine en cultivant des aliments, pêchant et chassant à tour de bras. Ils avaient juste oublié une chose : vérifier leurs réserves d'herbes médicinales.

En plein froid, il y avait eu une pénurie de remède et d'herbes médicinales. Face à l'épidémie qui ravageait le village en brisant nombre de famille par le décès d'un proche, c'était un acte d'amour que leur mère avait accompli en donnant à ses deux enfants, qui avaient également attrapé ce mal, sa ration de remède.

Shun ferma les yeux pour empêcher ses larmes de tomber. Ses doigts agrippèrent fermement le pendentif de sa mère qu'il portait autour du cou, avant qu'il ne prenne une respiration profonde pour se calmer.

Se morfondre ne lui apporterait rien. Ses parents n'étaient peut-être plus présents, mais il savait que sa mère le réprimanderait si elle le voyait ainsi. Il y avait un temps pour pleurer et un temps pour transformer sa peine en force pour avancer. Avec cette pensée à l'esprit, Shun redressa ses épaules puis se mit à s'habiller. De son sac, il sortit des sous-vêtements de conception féminine. C'était l'une de ses créations secrètes : un soutien-gorge avec de faux inserts et un dessous bien ajusté pour ne pas serrer son entrejambe.

Il prit avec révérence le soutien qui donnait l'impression que sa poitrine n'était pas totalement plate. C'était petit. Discret mais suffisant. Luttant sur ses pieds, il enfila le dessous à dentelle qui descendait jusqu'à ses chevilles et qui cachait parfaitement sa virilité.

Doucement, il récupéra sa jupe et vérifia qu'elle n'avait aucun pli. Heureusement elle était toujours intacte. C'était une jupe taille haute qui donnait à ses hanches une apparence sinueuse. Il aurait aimé que ce ne soit que l'effet de sa création. Cependant, après maintes remarques flatteuses, jalouses ou dérangeantes, il était complétement conscient que son postérieur était assez galbé pour être légèrement visible lorsqu'il portait des habits près-du-corps.

Shun enfila ensuite le haut. Les motifs en dentelle argenté donnaient plus d'attrait à sa tenue et l'effet croisé du tissu près de sa fausse poitrine complimentait son buste. En touche finale, il avait créé un collier ras de cou avec la même dentelle que son haut pour masquer sa pomme d'Adam.

Heureux, il retourna vers la salle de bain pour se contempler à travers le large miroir qui s'y trouvait. Au travers, il voit une jeune fille semblant timide et plutôt jolie dont les habits conviennent parfaitement. Fier de lui, il sourit et fait un clin d'œil qui lui est renvoyé par son reflet. Son sourire devient effronté lorsqu'il laissa sa place à son alter ego et Shaina s'observa avec amusement. Elle était fin prête à aller au bal.

Le ciel était déjà sombre lorsqu'elle sortit de l'auberge. Heureusement les réverbère de Fyngverte offraient leurs minuscules lumières aux passants. La brise du soir la rafraichi, bref soulagement de la chaleur de l'été.

Plus elle avançait et plus des lanternes de taille et couleurs différentes éclairaient son chemin. Elle sourit sachant qu'elle se rapprochait de la fête et sautilla presque à l'idée de revoir Ikki. Aurait-il changé depuis la dernière fois ? Sera-t-il plus causant hors de leur village ? Dans tous les cas, elle pourrait enfin le voir agir comme un garde en le voyant travailler.

Accaparé par l'anticipation de leur rencontre, Shaina sursauta lorsqu'un mendiant se posta devant elle en lui coupant le chemin. Il était couvert de saletés, n'ayant de toute évidence pas pu prendre un bain depuis un moment. Son odeur la fit tressaillir. Elle recula de quelques pas et porta instinctivement sa main à sa cuisse avant de se rappeler qu'elle n'avait pas d'arme.

— Aidez-moi, plaida le pauvre homme en tombant à genoux devant elle.

En un instant, Shun remplaça Shaina. Il était très inquiet pour l'homme face à lui et s'agenouilla en prenant soin de ne pas laisser sa jupe toucher le sol.

— Pardonnez-moi pour ma grossièreté mais vous m'avez fait peur. Est-ce que vous allez bien ? demanda-t-il concerné.

— A manger, s'il-vous plaît, répondit l'homme d'une voix rauque.

Shun fouilla dans la bourse qui lui servait de sac et en sortit un paquet de biscuit. C'était les préféré d'Ikki mais cet homme en avait bien plus besoin que son frère. Il ignora l'odeur puante des vêtements sales et lui fit un sourire en lui tendant l'aliment.

— Merci. Merci, merci, répéta l'homme en dévorant les biscuits.

— Ce ne sera pas suffisant pour te remplir l'estomac mais cela te permettra d'aller jusqu'à une auberge.

L'homme le regarda sans comprendre.

— Avec ces pièces, tu pourras aller aux bains publics puis dans une taverne pour manger un repas convenable. Ils te laisseront entrer une fois que tu te seras nettoyé, ajouta Shun en plaçant plusieurs pièces dans la main du pauvre homme.

C'était le bénéfice qu'il avait fait en vendant une ceinture brodées le matin même. Ayant déjà payé sa chambre à l'auberge et ayant une autre bourse en sécurité dans son coffre, il pouvait bien se permettre de renoncer à ce bonus.

— Pourquoi me montrer votre bourse ? Je pourrais te voler tes biens.

— C'est le seul moyen que j'ai pour t'aider. Et il n'y reste plus rien de valeur, plaisanta Shun en lui montrant qu'il ne restait que des clés dans sa bourse.

L'homme s'éclaircit la gorge, étonné par tant de confiance.

— Désolé pour mes propos et merci pour votre aide. Comment pourrais-je entrer dans une auberge ? J'aurai pris un bain mais mes habits restent ceux d'un pouilleux. Ils me jetteront dehors.

Le sourire de Shun devint malicieux et il laissa Shaina reprendre le contrôle.

— Heureusement que je sais de sources sûres que l'on trouve des habits pas chers aux bains publics. Il vous suffira de demander à voir les vêtements perdus par les autres clients, dit-elle en l'aidant à se lever.

Le mendiant se penchait sur elle pour prendre appui, salissant les manches de sa robe chère.

— Je suis désolé.

— Ce n'est rien, le rassura Shaina.

Puis, elle partit sous les remerciements du mendiant et en profita pour sortir son mouchoir de poche afin de se nettoyer.

Une fois qu'elle ne fut plus en vue, le pauvre homme claqua des doigts et une flammèche apparue devant lui.

— Mère, une autre jeune femme a réussi le test de noblesse, confia-t-il avant d'éteindre la flamme.


A suivre !

Je voulais tenter d'écrire une histoire sur un personnage gender-fluid (Shuuunnn) afin de changer un peu. Que pensez-vous de ce début ?