Chapitre I PAYSAGE DE GUERRE

Le destin de l'univers s'était décidé en 3 heures et 7 minutes. La bataille avait commencé à 10h32. C'était l'heure affichée sur les écrans dans l'armure d'Iron man qu'utilisait le docteur Banner lorsque la barrière qui protégeait le pays avait été ouverte. À 13h39, ils avaient perdu et la moitié des êtres vivants était partie en fumée.

Hébétés, les combattants restants convergèrent, sans se concerter, vers le logement royal. Ils marchaient sans réfléchir, comme hypnotisés, les yeux dans le vague, la gorge nouée. Et quand les Avengers se retrouvèrent tous, ils ne purent voir que ceux qui n'étaient pas là.

Personne ne parlait. Le bruit de la jungle était devenu assourdissant. Chaque brindille qui craquait semblait faire un bruit fracassant. La nature suivait son cours, insensible au drame qui se jouait. Rien ne l'empêchait de continuer, sans se rendre compte que pour une fois, les humains semblaient figés.

Shuri, la princesse du Wakanda, observait du haut de sa tour son royaume à moitié détruit. Elle avait l'impression que son cerveau avait cessé de fonctionner. Elle ne pouvait rien faire d'autre que regarder par la fenêtre, incapable de bouger ni même de penser.

Lorsque la jeune fille avait repris conscience après avoir été assommée, elle s'était approchée de la baie vitrée pour voir la fin de la bataille. Elle avait échoué dans sa mission. La seule qu'on lui avait confiée. Mais que pouvait-elle faire contre ces monstres ? Elle n'était pas un super héros. Elle n'était rien. Une scientifique pas encore accomplie. Et maintenant, l'ennemi avait pris Vision. Tout reposait sur les combattants. Haletante, elle ne pouvait que regarder les combats en priant.

Pendant un moment, elle crut qu'ils gagnaient. L'arrivée de Thor et de ses alliés avait créé un tournant dans la bataille. Le dieu nordique écrasait d'un seul éclair un grand nombre d'extraterrestres, ce qui avait redonné espoir à la princesse. Les terriens avaient achevé la plupart des ennemis qui n'étaient plus assez nombreux pour s'en prendre à la pierre Vision. Elle se sentait rassurée. Mais elle ne pouvait pas voir ce qui se passait à l'ombre des arbres de la forêt. Elle ne vit pas Wanda tuer Vision, ni l'apparition d'un géant à la peau violette.

Subitement, un silence s'abattit sur le champ de bataille. Un silence angoissant, comme le calme avant la tempête. Le monde sembla soudain tourner au ralenti. Puis, la moitié des combattants encore vivants tombèrent en poussière. D'un coup, sans prévenir, alors que rien ne les destinait à disparaître. C'était comme si une illusion se dissipait. Ils s'effacèrent lentement, presque esthétiquement, leurs cendres dansant dans le vent. Ils n'avaient pas eu le temps de parler. Ils disparurent sans un mot, comme balayés par un mouvement de main, fameux tour d'un magicien mais sans trucage, voleur de vie, sans retour en arrière possible.

Ceux qui y avaient échappé restèrent figés. Ils observaient la disparition, les yeux écarquillés, la respiration bloquée, incapables de penser. Puis ils se mirent à paniquer, à courir partout à la recherche des disparus. Des noms résonnaient dans tous les coins de la plaine. Mais les voix finissaient par mourir, étranglées par le silence. Personne n'était capable de comprendre ce qui se passait. Shuri n'avait même pas peur de disparaître elle-même, elle ne pouvait pas concevoir que cela puisse arriver. En elle, il n'y avait que la sidération. Puis, finalement, elle comprit une chose : ils avaient perdu.

Maintenant, la princesse regardait le résultat des combats. La plaine devant le château avait été ravagée. Les dizaines de machines extraterrestres, qui avaient tué grand nombre de ses sujets, avaient laissé comme trace de leurs passages d'énormes sillons dans la terre, remodelant le paysage. Leurs immenses carcasses étaient allongées çà et là sur le champ de bataille. La fumée noire qui s'en dégageait permettait de s'assurer que ces monstres ne se relèveront pas.

La guerre change le paysage. Elle le rend horrible et le marque à jamais. Le Wakanda a une technologie très avancée qui permettrait de redonner facilement au pays son décor d'origine. Mais ce ne sera plus jamais pareil. Ce ne sera qu'un paysage factice, remodelé par la main de l'homme. Cela ne ferait que dissimuler ce qui c'était passé. Mais personne ne pourra jamais oublier. Shuri ne pourrait plus jamais regarder la plaine devant le château de la même manière. Même après les réparations, elle y verrait toujours une rivière de sang.

Du haut de sa tour, la jeune princesse pouvait sentir l'odeur de la mort, mélange de brûlé, de sang et de désespoir. Les cadavres, amis ou ennemis, se mélangeait sur le sol, égaux dans le royaume des ténèbres. Tant de vies gaspillées ! Shuri eut la nausée mais elle était incapable de se détourner de cette vision d'horreur. Horrible mais curieusement hypnotisante et sidérante. La jeune fille avait envie de continuer de regarder, d'observer, oublier le temps.

- Shuri !

La voix paniquée d'Okoye permit à la jeune fille de sortir de sa transe. Elle se retourna. La chef des armées avait l'air misérable. Elle était couverte de poussière, avait les larmes aux yeux. Elle serrait très fort sa lance dans sa main et semblait incapable de la lâcher. Comme si elle pouvait combattre ce qui arrivait, comme si sans son arme, elle devenait vulnérable, le danger étant encore à chaque tournant.

- Tu es là ?

Okoye semblait avoir besoin d'une confirmation vocale, comme si elle avait peur que la jeune fille ne soit qu'une illusion, ou qu'elle disparaisse à son tour. Shuri força sa voix tremblante à sortir.

Okoye ? Qu'est-ce qui se passe ?

Ils ont disparu ! Ils ont tous disparu ! Le roi… La reine mère...

La soldate trébuchait sur les mots, comme si elle ne pouvait pas les comprendre. Sa voix était faible mais audible car elle avait besoin de transmettre le message. Même si cela rendait l'événement plus réel. Shuri comprit très bien ce qu'elle insinuait mais tant que la chef des armées ne le disait pas clairement, elle pouvait encore espérer avoir mal compris.

Quoi ? demanda-t-elle d'une voix blanche. Que veux-tu dire ? Où sont mon frère et ma mère ?

Okoyé lui lança un regard désolé, les yeux brillants. Elle respira profondément avant de prononcer d'une voix claire les mots tant redoutés.

Partis. Disparus en poussière.

Shuri eut l'impression que de l'eau froide coulait dans ses veines. Elle glissa au sol, tremblante, la respiration accélérée. Tout son monde s'effondrait. Que faisait-elle encore là alors que toute sa famille avait disparu ? Depuis que son frère avait repris l'armure de Black Panther à la mort de son père, il y a un an de cela, elle avait peur qu'à son tour il tombe au combat. Mais cela, elle ne lui avouerait jamais. Et voilà maintenant que sa mère disparaît en même temps que son frère ! Elle n'avait plus de famille.

Pourquoi ?

Ce fut le seul mot qu'elle réussit à formuler. Elle savait qu'Okoye n'avait pas la réponse à sa question, que personne ne l'avait. À part peut-être le monstre qui avait fait disparaître tout le monde. Et encore. Un fou peut-il avoir une justification pour ses actes ?

Shuri ?

La voix d'Okoyé était douce, les larmes coulant enfin sur son visage devant la détresse de la jeune fille. Elle s'était approchée à petits pas. Elle avait besoin d'un ordre. C'était comme cela qu'elle avançait dans sa vie. Et là, elle avait échoué à l'ordre clair de son roi de veiller sur son pays. Il lui en fallait un nouveau. Quelque chose de simple pour pouvoir se remettre et recommencer. Et la seule personne qui avait maintenant le pouvoir de le faire était la petite princesse en larme devant elle. Elle était désolée que ce lourd fardeau lui revienne mais il leur fallait un chef autour duquel se rassembler. Elle savait que Shuri avait les épaules pour le faire. Et Okoyé allait faire tout ce qu'elle pourrait pour aider.

Elle s'agenouilla auprès de la jeune fille et lui posa une main sur l'épaule. La princesse releva lentement la tête et leur regard se croisèrent. Les corps tremblaient. Elles étaient encore choquées mais elles avaient un devoir envers le peuple.

Je suis désolée. Mais... Que va-t-on faire maintenant ?

Shuri n'avait pas envie de répondre. Elle n'avait pas envie de bouger. Elle voulait rester isolée et pleurer tout son soûl. Mais la phrase d'Okoyeavait au moins le mérite de lui rappeler qu'elle n'était pas seule. Maintenant, elle était l'unique représentante de la famille royale. C'était à elle de prendre des décisions. Et même si elle n'avait jamais vraiment souhaité avoir ce rôle, elle était à présent la guide de son peuple. Elle n'avait pas le temps de se lamenter. Elle devait reconstruire. Ça, elle devrait pouvoir le faire. Elle essuya ses joues et releva la tête, déterminée.

Très bien. Appelle les Avengers qui restent, qu'ils viennent ici. Demande également à M'Baku, s'il est encore là. Il faut que l'on s'organise.

Captain America, Black Widow, War Machine, Hulk, Thor. Voilà ce qui restait des Avengers. Plus un raton laveur qui parle. (Shuri nota dans sa tête de lui demander si elle pourrait l'étudier plus tard, lorsqu'ils en auront fini avec tout ça.) Voici les êtres considérés comme les plus puissants de la planète regroupés. Et ils avaient tous l'air désemparé. Ils étaient couverts de terre et de saleté. Leurs cheveux étaient décoiffés et on n'en distinguait plus la couleur. Les mèches blondes de Captain America et de Black Widow étaient grises. Grises de cendre, de poussière et de misère. La plupart d'entre eux étaient couverts d'égratignures qui saignaient, mais aucun n'avait de blessures graves. Le sang a toujours été le prix de la liberté. Pourtant aujourd'hui, le sang semblait ne pas assez couler.

La pièce dans laquelle ils se trouvaient semblait trop grande. Elle était conçue pour les situations de crise et avait la capacité d'accueillir les cinq chefs des tribus du Wakanda ainsi que toutes leurs suites. Mais à présent, les-dit chefs de guerres étaient tombés. Et les neuf personnes présentes ressemblaient à des enfants pris au piège dans un monde trop grand.

Le mur de gauche de cette pièce toute en longueur était couvert de grandes fenêtres qui donnaient sur la ville déserte. Le champ de bataille était de l'autre côté du château. Si cela n'avait pas été le cas, Shuri aurait demandé à fermer les volets et cacher le paysage. Elle ne voulait plus le voir. Mais là, chaque rayon de soleil qui traversait les fenêtres étaient la bienvenue pour la jeune fille, qui avait besoin de se rappeler que tout ne s'était pas écroulé, que le soleil était toujours là, qu'il y avait encore une ville et ses habitants à protéger.

Le mur d'en face était, lui, recouvert par des appareils électroniques sophistiqués dont aucun des Avengers de comprenaient le fonctionnement. De toute façon, pour l'instant, ils s'en fichaient. Ils étaient tous assis autour de la grande table qui trônait au centre de la pièce. Le regard de Shuri glissait lentement de l'un à l'autre, essayant de trouver de l'espoir en eux.

Steve était assis sur une chaise, la lèvre fendue, son menton posé sur ses mains. Natasha, debout derrière lui, appuyée contre le mur, les bras croisés et le visage vers le sol, avait une plaie béante sur son front qui laissait échapper un flot de sang. Mais, perdue dans ses pensées, elle n'y faisait pas attention. Le colonel James Rhodes s'était assis en face de Steve, le dos droit, tendu, sans bouger, une grosse bosse sur la tempe. Bruce quant à lui, était à côté de ce dernier, les bras croisés sur la table, la joue amochée. Enfin, Thor siégeait en bout de table, la tête dans ses mains. À ses pieds figurait Rocket, assis en tailleur, dos aux autres. Le spectacle faisait peine à voir. Tant physiquement que moralement, les Avengers semblaient brisés.

La princesse avait senti un soulagement la parcourir lorsqu'elle vit M'Baku entrer dans la pièce à la suite des Avengers. Elle savait que, malgré les désaccords entre leur tribu, elle pourrait compter sur lui pour l'aider. Puis, d'une phrase courte, il lui apprit qu'ils étaient les seuls. Tous les autres chefs de tribu avaient disparu. Et Shuri senti un lourd poids sur ses épaules.

Okoye et M'Baku étaient encore très choqués. Ils n'avaient pas l'habitude de ce genre de combat. Pourtant, ils avaient réussi à se hisser au niveau des Avengers. Et ils venaient de voir la moitié de leur peuple réduit en cendre. Ils avaient du mal à regarder le groupe dans les yeux. Ils encadraient leur princesse debout en bout de table, observant les héros. Tous attendaient que quelqu'un se décide à prendre la parole.

Steve se sentait incapable de bouger. Il se disait qu'il devrait peut-être parler, remotiver les troupes pour repartir au combat. Mais il ne savait pas quoi dire. Personne n'osait se regarder dans les yeux. Il manquait tellement d'entre eux ! Le Capitaine ne put s'empêcher de penser à Tony, toujours porté disparu, après qu'il eut poursuivi les adeptes de Thanos dans l'espace. Combien y avait-il de chance pour qu'il soit encore en vie ? Il était peut-être même la première victime de ce conflit. Et malgré les désaccords qu'il avait eus avec l'homme récemment, il sentit son cœur se pincer à cette idée.

Il ne se considérait pas comme le chef des Avengers. Ces derniers n'en avaient pas besoin. Leur instinct, construit sur leur expérience et la confiance entre eux, leur suffisait. Certes, il fallait bien rappeler de temps en temps Stark à l'ordre, mais généralement, le génie était capable de rester sérieux pendant les batailles. Alors de quel droit pouvait-il leur demander de repartir au combat ? Il savait que ses amis le suivraient parce qu'ils ne voudront pas le laisser seul. Mais comment pouvait-il consciemment leur demander de replonger dans cet enfer ? Et si ceux qui restaient disparaissaient aussi ? Et s'il se retrouvait seul ? Il ne pourrait pas le supporter. Si un seul de ses amis mourait au combat, ce serait de sa faute. Et pour la première fois de sa vie, Captain America se sentit désemparé.

Incapable d'attendre plus longtemps pour savoir ce qui était arrivé à sa famille, et désirant rompre le silence de plus en plus pesant, Shuri finit par poser la question, faisant sortir Steve de ses pensées :

Alors ? Que s'était-il passé ?

Comme personne ne semblait pouvoir lui parler, peinant à faire le simple geste qu'est ouvrir les lèvres pour formuler l'horrible vérité, Steve se força à éclaircir sa gorge pour répondre :

C'est Thanos. Il a réussi à récupérer toutes les pierres d'Infinité. Il a effacé la moitié des habitants de la galaxie en un instant.

Shuri en eut le souffle coupé. C'est l'univers entier qui venait de subir le claquement de doigt de Thanos. Sur chaque planète de la galaxie, des familles pleuraient les disparus. Et c'était un peu à cause d'elle.

Je suis désolée. Si j'avais travaillé plus vite, Thanos n'aurais jamais eu la dernière pierre.

Les Avengers n'oseraient pas répondre, se mordant les lèvres. S'ils avouaient ce qu'ils pensaient depuis le début, ils allaient craquer. Parce qu'ils ne pensaient pas que la princesse était coupable. C'était leur faute.

Non Shuri, ce n'est pas ta faute, répliqua le docteur Banner, inclinant tristement sa tête vers la princesse.

Cette jeune fille était trop jeune, trop jeune pour penser cela ! Il y avait déjà suffisamment de personnes qui se blâmaient, pour que ce qui était arrivé pèse sur les épaules d'une enfant. Qu'avaient-ils fait ? A quoi avaient ils pensé en confiant à Shuri un si grand rôle ? Où était passé les Avengers qui devaient veiller sur tout le monde ? Comment en étaient-ils arrivé pour laisser une jeune fille avec un tel sentiment de culpabilité ? Le docteur Banner serra les poings, priant pour ils puissent un jour se faire pardonner par la princesse. Mais la priorité était de la soulager.

Thanos avait déjà cinq pierres et était presque invincible. Même si on avait réussi à détruire la pierre de Vision, il aurait facilement remonté le temps pour la récupérer.

Donc notre défaite était inévitable ? Demanda vivement M'Baku.

Non. Pas si j'avais visé la tête, grogna Thor, sans bouger de sa position.

Thor, dit doucement Rocket.

Thor se contenta de grogner. Rocket se permis de s'appuyer contre la jambe du Dieu pour le réconforter. L'amitié entre ces deux-là était étrange mais semblait naturelle. Personne ne dit un mot pendant un moment, perdu dans les mauvais souvenirs, réfléchissant à ce qu'ils auraient pu faire pour gagner.

On n'aurait jamais gagné, marmonna M'Baku. Il avait déjà les pierres. Alors pourquoi ? Pourquoi nous avoir fait combattre ?

Quoi ? demanda Steve. Vous l'auriez laissé claquer des doigts sans lutter ?

J'aurais essayé d'éviter que mon armée se fasse décimer !

Même s'ils n'étaient pas morts au combat, beaucoup d'entre eux auraient fini par disparaître tôt ou tard !

Peut-être ! Mais ainsi j'aurais pu en sauver plus.

Vous auriez ignoré le reste de l'univers ? Vous auriez laissé passer votre chance de le sauver ?

Pour qui me prenez-vous Rogers ? demanda le chef africain en serrant les poings. Vous arrivez chez nous comme une fleur et vous nous demandez de sacrifier nos vies et notre pays dans un combat déjà perdu ? Avez-vous pensé aux survivants du Wakanda ? Que vont-ils faire maintenant dans ce pays à moitié détruit ? Parce que les avengers l'ont décidé, tout le monde doit être prêt à donner sa vie ? Nous, nous sommes des gens simples ! Nous n'étions pas prêts à nous battre contre des extraterrestres ! Vous n'auriez jamais dû venir !

Cette dernière phrase avait été hurlé. La tristesse de M'Baku ne se calmait pas et finit par déborder. Il ne parvenait plus à gérer la douleur que la situation provoquait. Finalement, il savait que c'était lui le responsable de la mort de ses hommes. Le chagrin ne faisait que grandir en lui, et se transformait petit à petit en colère. Contre lui tout d'abord, puis contre le monde entier : cette situation était injuste. La colère prit le pas sur la tristesse et c'est celle-ci qui s'exprima. Ses yeux flamboyants fixaient Captain America avec la rage du désespoir. Le héros baissa la tête, la gorge nouée. Natacha, comprit à quoi son ami pensait, posa sa main sur son épaule et tourna un regard triste vers le chef africain.

Personne n'est jamais prêt à se battre, dit-elle d'une voix tremblante. Mais nous étions obligés de venir ici. C'était un risque à prendre. Malheureusement cela s'est avéré être un désastre pour le pays. Nous sommes désolés.

Mais M'Baku ne pouvait pas entendre ces excuses. Pas maintenant. Il se retourna vers Shuri.

Je ne sais pas ce que vous comptez faire, princesse, mais moi, je n'obéirai plus à un ordre émanant de cet homme. Et il faut aussi que vous réfléchissiez à qui va gouverner votre royaume, et si possible quelqu'un qui ne le mènera pas à sa perte !

Quelqu'un comme toi en somme, répondit froidement Shuri en se retournant vers lui.

Peu importe, explosa M'Baku. Quelqu'un qui sera capable de reconstruire le pays et je ne pense pas que vous ayez les épaules pour, sachant que c'est la décision de votre frère d'aider les Avengers qui nous a mené à ce désastre !

Ne parlez pas de mon frère comme ça, répliqua vivement la jeune fille. Respectez sa mémoire !

Je parle comme je veux ! Je n'ai aucun ordre à recevoir de personne !

Et sur ses mots, il quitta la pièce à grands pas, laissant les autres désemparés, s'interrogeant sur leurs choix passés ou à venir. La princesse se sentit abandonnée. Comment pourrait-elle espérer avoir la confiance de son peuple après ce qui c'était passé ? M'baku était celui qui aurait pu le mieux lui donner des conseils. Et il l'avait laissé au milieu d'étrangers.

Rhodes soupira profondément. En tant que colonel dans l'armée, il pouvait comprendre les reproches d'M'Baku mais savait également qu'il n'y avait en réalité pas de vrai coupable. C'étaient les lois de la guerre. Cependant, en voyant la lèvre tremblante de Shuri, il se sentit obligé de la rassurer.

Personne n'est à blâmer princesse, ni vous, ni nous. Mais M'Baku est bouleversé ! Laissez-lui un peu de temps. Moi je sais que vous ferez une parfaite dirigeante.

Un murmure d'approbation parcourut la salle. Shuri regarda les gens devant elle, les larmes aux yeux. Elle aussi comprenait M'Baku. Sa colère était justifiée. Elle-même ne nierait pas qu'elle avait, pendant un moment, voulut rendre les Avengers responsables de tout ce qui c'était passé. Mais en cet instant, elle ne les voyait que comme ils étaient vraiment. Des gens ordinaires qui avaient perdu leur foyer. La seule chose à laquelle ils se raccrochaient était leur groupe. Et ils venaient d'échouer. Ils n'avaient plus rien. Elle ravala ses larmes et les remercia d'un mouvement de tête, en silence.

Sachez princesse, que nous ferons tout notre possible pour aider le Wakanda, enchaîna Bruce d'une voix ferme.

Très bien. La princesse soupira. Sachez Avengers, que je ne vous tiens en rien responsable de ce qu'il s'est passé. Vous êtes toujours les bienvenus chez moi. Celui qui a tué mes sujets, c'est ce Thanos et personne d'autre. Et je crois en vous pour lui botter le cul.

Les Avengers restèrent la tête basse. Shuri fit semblant de ne pas le remarquer. Elle comptait sur eux pour se reprendre.

Bon, dit-elle en s'asseyant. Nous devons commencer par organiser la survie de mon peuple puis celui de la Terre tout entière.

Vous pouvez compter sur nous, acquiescèrent les autres Avengers.

Princesse Shuri, fit soudainement Thor qui avait relevé la tête, puis-je abuser de votre hospitalité en vous demandant la permission d'utiliser votre technologie ? Je souhaite joindre mon peuple... enfin, ceux qui restent… pour leur demander de venir me rejoindre ici.

Bien sûr Thor, ils seront les bienvenus eux aussi, s'exclama la princesse, perturbée par le regard triste du Dieu. Vous trouverez tous les appareils nécessaires dans cette salle.

Je vous remercie. Ayant obtenu ce qu'il voulait, le Dieu laissa à nouveau tomber sa tête dans ses mains.

Shuri soupira. Reconstruire les choses physiques, les immeubles, les corps, les paysages, effacer les traces visibles de la bataille, cela allait être facile et ne durerait pas longtemps avec leur avancée technologique. Cependant, les traces invisibles, les blessures morales, les traumatismes… Qui sait dans combien de temps elles guériront ?

On a besoin de toute l'aide que l'on pourra trouver. Elle se retourna vers Okoye. As-tu réussi à joindre Nakia ?

Je suis désolée princesse, mais son appareil de communication sonnait dans le vide. Et on sait ce que cela veut dire.

Shuri sentit son cœur tomber. Elle dû se souvenir qu'elle n'était pas seule. Pas vraiment.

À suivre...