Voici un petit texte sur l'histoire de Poudlard, et plus particulièrement sur la dispute qui a opposé Gryffondor et Serpentard...
En espérant que vous aimerez, je vous souhaite une bonne lecture !
Lili
L'école de Magie de Poudlard était un endroit hors normes.
Chaque année, les nouveaux élèves qui arrivaient découvraient le vieux château depuis le lac, sur les barques conduites par Hagrid. Et chaque année, le gardien des lieux pouvait voir l'émerveillement sur le visage de chaque enfant.
Le château se dévoilait, immense et majestueux, illuminé, brillant de mille feux. Ils approchaient lentement, minuscules embarcations, leur laissant le temps de se rendre compte de la grandeur de leur école.
C'était volontaire bien évidemment. Le but était d'impressionner les gosses et de leur faire aimer l'endroit où ils passeraient les sept prochaines années de leurs vies.
Puis, les enfants étaient accueillis, et conduits à la Grande Salle pour être répartis. Lorsqu'ils arrivaient les élèves les plus âgés étaient déjà installés, et chaque maison applaudissait les nouveaux arrivants au fur et à mesure des décisions du choixpeau.
Au fil des années, chaque élève découvrait les secrets du château millénaire. Des recoins dissimulés, des passages secrets. De jolies histoires, ou de tristes drames.
Cependant, depuis la fondation de l'école, personne n'avait jamais découvert autant de secrets que Harry Potter.
Le château avait une sorte de conscience magique. Ce n'était pas une créature pensante à proprement parler, mais la magie qu'il avait accumulée au fil des siècles lui permettait de faire bouger les escaliers selon son bon vouloir, de se protéger plus ou moins en créant des boucliers.
C'était totalement instinctif, et bien peu se doutaient que l'école avait cette capacité. Même le directeur n'imaginait pas à quel point les pierres chargées de magie étaient puissantes et conscientes.
L'école avait aussi la possibilité de reconnaître vaguement les élèves, en les différenciant par leurs maisons. Quelques uns - les choixpeauflou par exemple - se démarquaient du lot. Ceux là étaient les préférés de Poudlard, et il leur offrait bien souvent de petits avantages. Les escaliers avaient tendance à les conduire là où ils le souhaitaient ou ils découvraient de nouveaux couloirs.
Au fil des siècles, il y avait eu des élèves remarquables. Des élèves puissants. Poudlard se souvenait de Merlin, le premier de ces êtres différents.
Dans l'histoire récente, il y avait Albus Dumbledore et Tom Jédusor. La Magie de Poudlard reconnaissait ses enfants, mais n'avait aucune notion du bien ou du mal. Après tout, lumière et ténèbres étaient des conceptions totalement humaines, hors de la compréhension de la magie elle-même.
Il y avait ensuite eu Severus Rogue. Un élève doué, puissant, mais terriblement triste et solitaire. Le château lui avait offert un foyer, et les pierres avaient presque vibré de contentement quand l'adolescent maussade était revenu enseigner.
Enfin, il y avait eu Harry Potter. Gryffondor et Serpentard, puissant et perdu. Le petit garçon de onze ans avait trouvé un foyer en arrivant dans cette école hors norme.
Harry avait été celui qui avait découvert le plus de secrets de l'école. Il avait trouvé les souterrains que Dumbledore avait utilisé pour dissimuler la pierre philosophale. Il avait ouvert la chambre des secrets, et il s'était battu contre le basilic qui hantait depuis longtemps les entrailles de l'école.
Il avait localisé les passages secrets, et les avait empruntés bien plus souvent que n'importe qui d'autre. Il avait passé énormément de temps dans la salle sur demande également.
Poudlard avait souvent senti les émotions de Harry déborder. La tristesse, la colère - souvent. La résignation. Quelque fois, la joie, lorsqu'il était avec ses amis. Le jeune garçon restait à l'école toute l'année, ne partant que pour les vacances d'été, et il profitait de son temps libre pour explorer le château encore et encore.
Lorsque Poudlard fut attaquée, Harry Potter était là, prêt à défendre les murs séculaires. Il découvrit un secret de plus, en interrogeant la dame grise, fille de Rowena Serdaigle elle-même.
Après la bataille, lorsque le calme revint, Poudlard ferma ses portes la première fois de son histoire, le temps que les professeurs nettoient et réparent les dégâts. Le sang avait coulé, et certaines pierres s'étaient teintées de rouge, comme pour laisser une trace des évènements.
Lorsque Harry Potter revint avant la rentrée, pour dire au-revoir à son école probablement et saluer ses anciens professeurs, pour venir faire la paix avec ses souvenirs peut-être, les vieilles pierres ronronnèrent presque de joie en sentant son arrivée.
Le jeune homme resta un long moment dans le bureau de la nouvelle Directrice, salua quelques uns de ses anciens professeurs, et prit son repas dans la Grande Salle en leur compagnie.
Puis, l'adolescent erra dans les couloirs comme pour retrouver les échos du passé.
Il descendit dans la chambre des secrets, laissant sa main traîner sur les murs, heureux malgré lui de se retrouver dans un endroit familier.
Il monta jusqu'au septième étage, restant un long moment face à la tapisserie de Barnabas le Follet. Pour la première fois depuis qu'il était arrivé à Poudlard, il ne fit pas les trois allées et venues réglementaires pour faire apparaître la salle. Le souvenir du feudeymon était encore trop frais dans son esprit, et le jeune homme craignait ce qu'il pourrait découvrir s'il se trouvait face à la salle.
Il ignorait ce qui serait le pire : trouver les décombres carbonisés de ce qui avait été la pièce magique ou tomber sur une pièce immaculée, intacte.
Ce fut peut être la douleur du jeune homme, lorsqu'il pensait au feudeymon qui fit réagir les anciennes pierres. Ou juste sa présence familière, si différente des autres élèves. C'était peut être que le moment était venu.
Après mille années d'existence, il était temps que Poudlard révèle enfin ses secrets.
Sous les yeux surpris de Harry Potter, une forme éthérée sortit des murs, à l'endroit de ce qui avait été la salle sur demande. Les yeux écarquillés, il détailla ce fantôme qu'il n'avait jamais vu encore, et dont il n'avait jamais entendu parler.
C'était une jeune femme, à l'air triste. Elle était vêtue d'une longue robe sombre, ressemblant légèrement à celle de la dame grise. Ses cheveux étaient noués en un chignon épais et de son vivant elle avait dû avoir les cheveux châtain. Elle avait des traits harmonieux, sans pour autant avoir une beauté renversante. De l'avis de Harry, c'était probablement une jolie jeune femme de son vivant. Le genre de fille a être mignonne plutôt que belle.
Face à ce fantôme inconnu, Harry fronça les sourcils et la salua. Même lorsqu'il avait rencontré tous les fantômes à l'anniversaire de Sir Nicholas, il ne se souvenait pas de cette femme.
- Bonjour.
L'apparition pencha légèrement la tête et un petit sourire égaya ses traits.
- Bonjour Harry Potter.
Le jeune homme ne fut pas surpris d'être nommé. Ce n'était pas la première fois qu'il faisait face à une créature qui savait qui il était, et il y avait bien longtemps qu'il ne s'étonnait plus. Il n'aimait pas cette célébrité, mais il faisait avec.
Il soupira et posa la question qui lui brûlait les lèvres.
- Je… Je ne vous connais pas, et pourtant je pensais avoir rencontré tous les fantômes de Poudlard. Vous vivez ici depuis longtemps ?
La jeune femme gloussa, visiblement amusée. Elle fit une petite révérence.
- On m'appelle Maggie, Harry Potter. Et je suis ici depuis la création de cet endroit. Je suis née à côté, et j'y ai passé ma vie.
- Oh…
Harry rougit légèrement, un peu gêné. Quelque chose dans ce fantôme le perturbait, et il n'arrivait pas à déterminer ce que c'était. Elle était différente sans qu'il ne puisse déterminer en quoi.
- Je suis désolé, Maggie, mais…
Le fantôme gloussa à nouveau, coupant Harry. Elle flotta autour de lui, le détaillant avec attention, alors que le jeune homme gêné essayait de la suivre des yeux. Finalement, elle se posta une fois de plus face à lui, et elle s'approcha au plus près avant de murmurer.
- Il est temps pour vous de découvrir le plus grand secret de Poudlard, Harry Potter. Il semblerait que vous en êtes digne…
L'adolescent - presque un homme maintenant - ouvrit la bouche et la referma, avant de s'empourprer. Il marmonna, trop bas pour que ses paroles puissent être comprises, avant de soupirer et de redresser la tête, prêt à faire face à une nouvelle étrangeté dans sa vie.
- D'accord. Que dois-je faire ?
La jeune femme - autrefois Maggie - gloussa de nouveau, et sembla amusée. Cependant, un éclair de tendresse passa sur son visage, pour ce gosse qui avait trop vite grandi, et qui avait du affronter beaucoup de choses dans sa courte vie. Elle lui tendit la main.
- Rien, je vais juste te raconter mon histoire. Suis-moi Harry Potter.
Avec un soupir, le garçon avança en direction de la jeune femme, sans pour autant chercher à saisir la main tendue. Il savait parfaitement que traverser un fantôme était une sensation parfaitement désagréable, alors s'il pouvait l'éviter, ce serait avec plaisir.
Lorsque le fantôme s'éloigna dans le couloir, il la suivit, un peu excité à l'idée de percer un secret de Poudlard. Il se lamentait peut être d'être celui qui attirait systématiquement les problèmes et les choses étranges, mais il ne pouvait pas nier qu'il aimait le frisson de l'aventure. Chaque fois qu'il avait eu à plonger dans l'inconnu, il l'avait fait avec plaisir, parce qu'il avait l'impression d'être fait pour ça. Le danger l'excitait, même s'il tenait à la vie. Il aimait l'adrénaline qui parcourait ses veines à chaque fois qu'il se lançait dans quelque chose de nouveau.
C'était pour ça également qu'il aimait tant le Quidditch. Le sport en lui-même n'était pas le meilleur. Le meilleur était d'être sur son balai, lancé à pleine vitesse, et de prendre des risques inconsidérés pour attraper la petite balle brillante. Frôler la mort, puis sentir son cœur s'emballer alors que ses doigts se refermaient sur le vif d'or. Il ne se sentait totalement vivant que pendant ces moments-là, même s'il devait essuyer les reproches de ses proches pour avoir pris autant de risques.
Ils entrèrent dans un couloir que Harry n'avait jamais vu. Il n'était pas vraiment étonné de découvrir un nouvel endroit du château, il était habitué depuis le temps à ce genre de phénomènes.
L'endroit était sombre et poussiéreux, visiblement abandonné depuis longtemps. Des siècles.
Il y avait des tableaux sur les murs, mais ils ne ressemblaient en rien à ceux qui décoraient le reste du château. Surtout parce qu'ils étaient inanimés. Dans cette partie du château, il n'étaient que des peintures mortes, silencieuses.
Harry hésita un instant, puis attira l'attention de la jeune femme.
- Euh… Maggie ? Quel est cet endroit ?
La jeune femme s'avança jusqu'à un portrait, et s'immobilisa avec un sourire triste. Harry avança pour y jeter un coup d'œil et reconnut les traits de Maggie.
- Pourquoi votre portrait est… immobile ? Vous n'avez pas de tableau sorcier ?
Face à son portrait, Maggie commença à raconter.
- J'ai assisté à la construction de Poudlard. A la pose de la première pierre. J'étais juste… une fille de paysan, et j'étais fascinée par ce qui se passait ici. C'était avant les grandes chasses aux sorcières, la magie… Et bien je suppose qu'elle faisait naturellement partie de notre vie.
- Je… Je ne comprends pas.
- Je n'étais pas une sorcière Harry Potter. J'étais ce que vous nommez maintenant une moldue. Quand le château a été construit, ceux que vous appelez les fondateurs ont fait venir des domestiques. A l'époque, les elfes de maison étaient rares… Je devais probablement être la première à me présenter, excitée à l'idée de vivre entre ces pierres pleines de magie.
Maggie se tut un instant, et Harry attendit, conscient qu'il allait probablement découvrir quelque chose d'extraordinaire. Apprendre que des moldus avaient foulé le sol de Poudlard était déjà une révélation de taille, alors Merlin seul savait ce que Maggie avait vu entre ces murs !
- La vie à Poudlard était agréable. A l'époque, il y avait peu d'élèves, et peu de professeurs. Nous autres, domestiques, nous préparions les repas, et nous faisions en sorte que le château reste propre. Nous vivions dans cette aile, à l'écart des sorciers. Cependant, nous n'étions pas mal traités, loin de là !
Harry hésita mais intervint, parlant doucement, comme pour ne pas effrayer le fantôme devant lui.
- Et tous… Tous les domestiques moldus avaient un tableau les représentant ?
Maggie eut un rire un peu amer, et le fantôme se détourna de son portrait.
- Non. Non, j'ai été l'exception. Nous avions pour consigne de ne pas nous faire remarquer. Nous devions être aussi invisibles que possible, comme tous les bons domestiques des grandes maisons. Au début, c'était assez facile, Poudlard est si grand… Mais j'étais curieuse, trop curieuse, et avide de savoir. Alors au lieu de rester avec mes semblables dans cette aile, la nuit, je vagabondais dans les couloirs, émerveillée par ce monde qui m'était inaccessible.
Maggie avança un peu plus dans le couloir obscure, sa silhouette se fondant dans les ombres, et Harry sortit sa baguette pour lancer un lumos. Il se précipita à sa suite, inquiet à l'idée de la perdre de vue, souhaitant ardemment en savoir plus.
La jeune femme était de nouveau arrêtée, fixant le mur, à l'endroit où une trace plus claire indiquait qu'à une époque un tableau avait occupé cette place.
- Une nuit, j'ai rencontré un homme. Il était très grand - bien plus grands que tous les hommes que j'avais vu jusqu'à maintenant et il avait les cheveux noirs et les yeux clairs. Même si je n'avais pas le droit de lui parler, j'ai été fascinée. Il… Il dégageait une telle puissance qu'on ne pouvait pas se tromper, j'ai deviné immédiatement qu'il était un sorcier.
Maggie s'interrompit, rêveuse, un léger sourire aux lèvres. Puis elle reprit.
- C'est lui qui m'a parlé en premier. Jamais aucun homme ne m'avait porté de l'attention, et lui… il m'a parlé comme si j'étais son égale. Il m'a demandé si je me plaisais à Poudlard, et… Je crois que je me suis laissé déborder par mon enthousiasme.
Harry se pencha un peu, avide d'en savoir plus. Il n'aurait jamais pu deviner qu'un jour des moldus aient vécu dans le château, en parfaite harmonie avec les sorciers. Poudlard avait bien évidemment été construite avant le Code International du Secret Magique, signé en 1689. Cependant, aucun sorcier actuel ne pouvait imaginer une vie où sorciers et moldus vivaient ensemble en harmonie…
Maggie reprit son histoire, ignorant Harry.
- Toutes les nuits, j'allais le rejoindre, et nous passions des heures à parler. Il me faisait découvrir son monde, peu à peu.
Le fantôme gloussa et tourna le dos à la tache claire sur le mur, une expression de souffrance sur son visage. Si elle avait été humaine - vivante - Harry l'aurait probablement enlacée pour la consoler, parce que sa peine lui serrait le cœur.
- Et puis, je suppose que c'était la suite logique. Je suis tombée éperdument amoureuse de mon sorcier. Il me fascinait, réellement. Je n'étais qu'une domestique moldue, sans pouvoirs et j'avais découvert tout un monde en arrivant ici…
Maggie renifla en secouant la tête.
- A cet endroit, il y avait un portrait de moi… et de lui. J'ai vécu un rêve éveillé. Nous passions tout notre temps libre ensemble, jusqu'au jour où il m'a avoué être un fondateur. Salazar Serpentard en personne… De domestique, je suis devenue son assistante, puisqu'il n'y avait pas besoin de magie pour préparer ses ingrédients pour les potions. Face aux étudiants, il était si… Sévère et froid. Et avec moi, il m'entourait d'attentions.
Harry était figé yeux écarquillés. Maggie lui jeta un coup d'œil amusé puis continua.
- Oui je sais parfaitement ce que l'histoire a retenu de lui. Salazar était un homme secret et exigent. Mais… il était loin d'être le monstre que certains décrivent. Il…
- Il ne détestait pas les moldus ?
Maggie eut un rire doux.
- Non. Salazar ne se préoccupait pas vraiment de… l'origine des sorcier au début.
- Qu'est-ce qui a changé alors ?
Maggie détourna la tête, et haussa les épaules.
- Peu à peu, il était évident pour moi que je passerai ma vie aux côtés de Salazar. Il… Il ne disait rien, mais il m'incluait dans sa vie, jusqu'à m'inviter à partager ses appartements. Pas en tant que domestique, mais en tant qu'égale. Que sa compagne. C'est à ce moment que j'ai rencontré les autres fondateurs.
Harry se pencha, attentif.
- Ils étaient tous les quatre amis, malgré leurs caractères opposés. Salazar secret et sérieux, Helga maternelle et douce, Rowena toujours plongée dans ses livres et ses expériences, et Godric. Bruyant et exaspérant. Lorsque je les ai rencontré, j'ai immédiatement été acceptée, comme si… c'était naturel pour eux. J'étais la compagne de Salazar et c'était suffisant à leurs yeux…
Maggie avança un peu plus loin dans le couloir, et toucha une porte. Avec un peu d'hésitation, Harry l'ouvrit et entra, éclairant les lieux.
- C'était ma chambre. Avant Salazar.
La pièce était petite mais agréable, meublée d'un lit et d'une armoire. Rien de plus.
- C'est aussi à cet endroit que je suis morte.
Harry sursauta et se tourna vers le fantôme de Maggie. Elle s'était placée au dessus du lit, en positions assise, donnant l'illusion qu'elle était réellement installée sur le meuble.
- J'étais naïve. Un peu stupide peut être. Et j'étais fascinée par la magie. Alors quand Godric m'a proposé de me montrer des sortilèges, je n'ai pas réfléchi. Il était l'ami de Salazar et j'avais confiance… Je le rejoignais quand Salazar était occupé à donner des cours. Je ne pouvais pas prévoir que Godric tomberait lui aussi amoureux de moi, et qu'il me voudrait… Et c'est là que tout a changé.
Maggie resta silencieuse un moment, regardant autour d'elle avant de reprendre.
- Au début, Salazar ne disait rien. Mais il est devenu jaloux. Et… Godric le savait. Il pensait que… Et bien que j'allais le quitter peut être. Le jour où tout a basculé, Godric me montrait un sortilège et il m'a enlacée pour m'embrasser. J'ai été surprise et je n'ai pas cherché à me dégager immédiatement, mais c'est à cet instant que Salazar est entré. Il m'a… regardé avec un tel dégoût… Le soir même, il n'y avait plus un seul moldu dans le château hormis moi, et ses appartements m'étaient fermés. Je… J'allais à la Grande Salle lorsque je l'ai entendu dire que seuls les sorciers sang-purs étaient digne d'être éduqués, puisque les moldus ne pouvaient que trahir. Que c'était dans leur sang. J'ai compris bien sûr, il pensait que je l'avais sciemment trompé. Godric a voulu me défendre et il n'a fait qu'empirer les choses.
Le fantôme se redressa soudain et repartit, Harry la suivant sans un mot. Il ne pouvait qu'être ému de la vie de cette jeune fille, tant d'années auparavant.
- J'ai réintégré ma petite chambre, seule. Je n'avais plus d'amis avec moi, juste un long couloir désert, et le portrait que Salazar avait fait faire de nous deux avait été réduit en cendres. La semaine suivante a été terrible. Le château résonnait en permanence des disputes entre Gryffondor et Serpentard. Ils se déchiraient, et le sujet en était toujours le même : les moldus. Je passais mon temps enfermée dans ma petite chambre, et je refusais à Godric de venir me voir. Il essayait bien sûr, il disait qu'il me rendrait heureuse, qu'il me donnerait ce que Salazar m'avait ôté. Mais j'aimais Salazar, de tout mon cœur. Je ne voulais pas ce que Godric m'offrait, je voulais juste retrouver ma vie d'avant, les discussions avec Salazar, l'aider de nouveau à brasser ses potions. Je désespérais de n'être qu'une moldue, puisque désormais il les détestait…
Maggie se tut de nouveau et son silence dura si longtemps que Harry intervint, d'une voix peu assurée.
- Et ensuite ? Que s'est-il passé ?
- Salazar est parti. Il a quitté l'école, furieux.
- Et vous Maggie ?
- Je suis restée dans ma chambre. Je me suis enfermée, et je me suis laissé mourir. J'ai accueilli la mort avec joie, le cœur brisé d'avoir perdu Salazar. Désespérée qu'il pense que je l'avais trahi, je suis restée sous forme de fantôme. La plupart du temps, je suis ici, dans cette aile inaccessible aux élèves.
Harry eut un sourire triste, ému par cette histoire qui le bouleversait.
- Alors pourquoi me raconter tout ça ?
- Parce que Poudlard te connaît Harry Potter, et sait que tu es quelqu'un d'honorable. Tu as marqué l'école de ta présence. Tu… Tu es autant Gryffondor que Serpentard, et tu es quelqu'un de bien. Et je suis lasse d'errer sans personne à qui parler.
Harry leva sa baguette un peu plus haut et augmenta la puissance de son lumos. Le couloir s'éclaira un peu plus, et le jeune homme pouvait presque imaginer la vie qu'il y avait eu à cet endroit. Pour l'époque la vie avait dû sembler luxueuse à ces moldus venus pour vendre leurs services. Ils étaient au chaud, en sécurité, et particulièrement bien logés par rapport ce qui existait au moyen-âge. Le travail ne semblait pas si dur, d'après ce que Maggie en disait.
Il hésita un bref instant.
- Pourquoi l'histoire a donné tort à Serpentard ? Il n'était pas coupable !
- Parce qu'il est celui qui est parti… Les absents ont toujours tort, n'est-ce-pas ? Salazar est parti et personne n'a plus eu de nouvelles après ça. L'histoire a juste retenu qu'il voulait évincer le sang moldu de Poudlard, sans chercher à en connaître la véritable raison…
Harry hocha la tête, en songeant à tout ce que l'histoire avait oublié… Que Voldemort avait été un enfant malheureux, qu'il aurait suffi d'un peu d'amour pour tuer le monstre en lui. Que Severus Rogue avait été un homme courageux avant d'être un mangemort. Que son père avait été un idiot avant d'être le père de famille courageux qui était décrit. Que lui-même était un enfant avant d'être un héros.
- Oui. L'histoire oublie souvent les détails importants.
Voyant Harry plongé dans ses pensées, Maggie tournoya autour de lui quelques instants. Puis elle prit la parole.
- Quelque chose te tracasse, Harry Potter ?
L'adolescent leva ses yeux verts en direction du fantôme et hocha la tête en soupirant.
- Pourquoi ne pas avoir rétabli la vérité ? En tant que fantôme vous pouviez apparaître aux élèves et leur dire ce qui s'était réellement produit !
Maggie eut un rire triste.
- Oui. J'aurais peut être dû. Mais les chasses aux sorcières ont commencé, et qui aurait pris la défense des moldus alors qu'ils brûlait tout ce qui ressemblait à un sorcier ? Même moi j'ai détesté mes semblables de se conduire aussi stupidement, alors que peu avant nous vivions en bonne entente !
- Mais plus tard ?
- Qui m'aurait écouté ? La légende était ancrée profondément dans les esprits, les livres d'histoire l'avaient écrit, et… je n'étais qu'un fantôme de moldue.
Harry se passa une main sur le visage un peu perdu.
- Qu'attendez vous de moi Maggie ?
Le fantôme gloussa avant de s'élever légèrement devant Harry, puis elle glissa en direction de son portrait, et se perdit dans sa contemplation.
- Je t'ai transmis mon histoire, parce que j'avais besoin de la raconter une dernière fois.
- Une dernière fois ?
Maggie sourit et tendit la main vers son portrait.
- Pourrais-tu le garder en souvenir de moi ? Je suis fatiguée d'errer Harry Potter. Tous ces siècles de solitude, à me languir de Salazar. Il est temps pour moi d'essayer de le rejoindre, où qu'il soit.
Voyant qu'Harry semblait choqué, Maggie passa une main à proximité de la joue du garçon, provoquant une sensation désagréable de froid pour Harry. Cependant il ne bougea pas, accueillant le geste de tendresse avec émotion.
- Les fantômes peuvent quitter le monde Harry Potter. Il suffit de le vouloir.
- Mais… vous allez disparaître ?
- Oui. Espère pour moi que je puisse retrouver le sorcier qui a pris mon cœur.
Harry, les yeux écarquillé, observa le fantôme de la jeune femme. Après un sourire amical et plein de douceur, elle s'éleva légèrement dans les airs. Sa silhouette brilla vivement puis elle disparut peut à peu. Il ne resta qu'une vague persistance lumineuse sur sa rétine.
L'adolescent se posta devant le tableau de Maggie, et il le contempla longuement. Puis, il leva sa baguette et lança un sort pour le réduire. Il le glissa dans sa poche, se jurant de ne jamais oublier cette drôle de jeune femme, qui avait vécu au Moyen âge, qui avait vu naître Poudlard, et qui avait traversé le temps sans jamais cesser d'aimer son sorcier.
Qui aurait cru que la plus célèbre légende de Poudlard puisse être due à une sombre histoire de jalousie ? Serpentard avait été accusé de vouloir privilégier les sang-pur, alors qu'il souffrait juste persuadé que sa compagne moldue l'avait trahi avec son ami.
La haine Gryffondor - Serpentard n'était due qu'à la réaction d'un homme blessé. Gryffondor avait convoité la compagne de Serpentard et il avait brisé plusieurs vies.
Les années avaient élevé les fondateurs au niveau des dieux presque. Ils étaient décrits comme des sorciers puissants, représentant les valeurs de leurs maisons. Cependant, ils avaient été des humains. Ils avaient peut être fait de grandes choses, ça n'empêchait pas qu'ils avaient eu leurs faiblesses.
A leur époque, ils avait vécu, s'étaient disputé. Ils avaient aimé, et avaient souffert.
Harry ferma les yeux et soupira.
- Je vous souhaite de vous retrouver Maggie. Et d'être heureux.
Puis avec un sourire triste, il tourna le dos au couloir qu'il venait de découvrir et quitta les lieux.