Je ne possède aucun des personnages de la série.

Il ne fait pas bon de se remettre à regarder de vieilles séries qui passent à la télé, surtout quand elles font parties des coups de cœur de votre jeunesse... Et surtout si elle parle de relation fraternelle et paternelle fortes...

Un recueil sur le passé militaire de Stringfellow, que ce soit à la guerre du Viet-Nam ou après, pas d'ordre chronologique

Alors en regardant attentivement la série on comprend que Stringfellow a fait trois séjours au Vietnam entre 1968-1970 pour rejoindre Saint-John qui est porté disparu en 1969, en 1971-1972 comme il le mentionne lui même dans la saison 3 et en 1973-1975 puisqu'il est sur place au moment de la chute de Saïgon, sortant à peine de l'hôpital, comme il le dit à Nhy Huong.

Le Commandant de Stringfellow lui a laissé un téléphone de campagne pour qu'il puisse appeler chez lui... (Jenny avait envie de lire leur conversation, eh bien voilà)

En espérant que cela vous plaise

Bonne lecture

PS : Au fait j'ai commencé à faire du tri et à remettre de l'ordre dans mes publications en faisant une sorte de table des matières dans mon profil alors n'hésitez pas à y faire un tour ;)


LES SOUFFLES D'UN ECHO

Un coup de téléphone

Les doigts de Stringfellow tremblaient un peu. Il avait mal et sa tête bourdonnait, mais son commandant lui accordait un privilège rare. Il n'avait aucune idée de l'heure en Californie, car sa chambre n'avait pas d'horloge. Il voyait juste qu'il faisait jour dehors, donc ce devait être sans doute la nuit là-bas… Est-ce que Dominic ne serait pas gêné par son coup de téléphone ?… Le jeune homme savait bien qu'il lui avait dit de l'appeler quand il voulait, mais il continuait à hésiter… Une douleur sourde le fit glapir quand il tenta de se redresser et son carnet tomba sur le sol… Son carnet…

Un frisson le fit légèrement trembler et il décrocha le combiné. Il s'était vu mourir dans cette rizière… Il avait senti qu'il avait tellement de choses à lui dire… Il voulait juste entendre le son de sa voix.

Il lui fallut attendre que la communication soit relayée par le central, mais lorsque la sonnerie retentit, il sentit son cœur accélérer et si jamais il ne répondait pas ?

.

Dominic s'était laissé tomber sur la couchette dans le bureau de Santini Air. Cela faisait deux jours qu'il ne parvenait pas à dormir, deux jours qu'il avait cette fichue boule au ventre qu'il ne s'expliquait pas, mais qui le terrorisait… Enfin, cette boule qu'il s'expliquait à moitié… Il avait des amis, des clients dont les gosses étaient au front et ils n'arrêtaient pas de lui dire que les nouvelles qu'ils recevaient d'eux étaient terribles… Dominic aurait bien aimé partager même leur peur, mais Stringfellow donnait si peu de nouvelles…Chacune de ses lettres étaient précieuses, même si elles étaient courtes, elles lui disaient qu'il était toujours en vie… Là-bas… dans cette maudite jungle. Ses coups de téléphone s'étaient espacés aussi… et Dominic s'inquiétait continuellement. Il se rappelait du jour où il l'avait appelé pour lui dire qu'il avait perdu son frère. Son cœur s'était déchiré tout autant que le sien. Maintenant ce qu'il redoutait c'était un autre coup de téléphone… mais qui ne viendrait pas de l'un de ses gamins… qui viendrait d'un gradé quelconque chargé de lui annoncer d'une voix laconique qu'il les avait perdu tous les deux.

Alors, un frisson le parcourut et il sursauta lorsque le téléphone se mit à sonner. Encore prit par ses pensées sombres, il frémit et sentit les larmes lui monter aux yeux.

- Non, pas ça…

Il ne voulait pas avoir raison… Il ne voulait pas que cette boule au ventre soit prémonitoire… Aucun client n'appelait à quatre heures du matin. Il se rapprocha, tendit la main vers le combiné, puis se figea quelques secondes. Il ne voulait pas répondre, mais il se devait de le faire. Là-bas, à des milliers de kilomètres, il y avait son gamin qui luttait pour sa survie, bien plus que pour la grandeur d'un pays, embourbé dans une guerre qu'il n'aurait jamais dû mener.

Alors, il décrocha et murmura dans un souffle en tentant de maîtriser les larmes qui lui montaient aux yeux.

- Allo ?

- Dom…

La voix était faible, fatiguée, mais elle lui fit jaillir des larmes de soulagement comme jamais il n'en avait versé.

- String, mon tout petit.

A l'autre bout du fil, le jeune homme frissonna aussi de sentir autant d'affection en seulement quelques mots. Il ferma les yeux pour se contrôler et répondit.

- Je te demande pardon, Dom.

- Mon petit, pourquoi ?

- Je… Je devrais essayer de t'appeler plus souvent et…

- Chut String. Calme-toi.

Dominic le connaissait tellement qu'il avait l'impression de le sentir trembler.

- Comment tu vas mon grand ?

- Je… Je vais bien, maintenant je vais bien.

- Maintenant ?

Stringfellow frémit, il ne savait pas s'il avait vraiment envie de lui parler de l'opération, mais il n'avait plus vraiment le choix.

- J'ai été blessé il y a deux jours, mais je vais bien et… je voulais te le dire.

Dominic frémit. Deux jours, comme cette fichue boule au ventre.

- Tu es sûr ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

- Ils ont abattu mon hélicoptère alors que j'allais chercher des gars. Mon rotor central à lâcher et j'ai essayé d'amortir comme j'ai pu. Il paraît que j'ai évité le pire, mais au sol, c'était l'enfer.

Le jeune homme se tut, perdu dans ses atroces souvenirs et Dominic ne le brusqua pas. Il le laissa reprendre son souffle, attendit quelques longues secondes et lui murmura.

- Mais tu t'en ais sorti fils.

« Fils »… Stringfellow sourit comme à chaque fois qu'il utilisait ce mot-là… mais il fit aussi remonter en lui tout ce qu'il avait ressenti dans cette embuscade.

- J'ai cru que j'allais mourir.

Dominic frémit en sentant que c'était la vérité. Il connaissait ce sentiment, il avait vécu la même chose en Europe et en Corée. Cette peur quand vous comprenez que c'est la fin… Il détestait l'idée que son petit l'ait ressenti lui aussi.

- Tu es vivant String, c'est tout ce qui compte, tu es vivant, ne pense pas à ça.

- Si Dominic, au contraire…

- String…

- Tu sais, quand je me suis vu mourir, je me suis rendu compte qu'il y avait plein de choses que je t'avais jamais dites et…

Sa voix tremblait de plus en plus et Dominic comprit qu'il était en train de pleurer.

- Tant de choses que je voulais pourtant te dire.

- Mon grand, tu sais, je comprends, mais je crois que j'en sais plus que tu ne crois. Je t'aime gamin.

- Je t'aime, souffla Stringfellow en larmes et merci…

- Merci ?

- Pour tout ce que tu as fait pour moi et que tu continues à faire sans t'en rendre compte, pour avoir toujours été là, pour m'avoir supporté, parce que je sais que j'ai un caractère pas facile et..

- T'en fais pas, je l'aime bien ton caractère, je suis pire que toi, répondit Dominic pour l'aider à calmer ses larmes.

Il sentit un léger rire en réponse et le laissa continuer. Stringfellow prit une longue inspiration et se lança, murmurant la phrase la plus importante qu'il avait sur le cœur.

- Dom, je te ne te l'ai jamais dit, et je ne sais pas si je reviendrai de ce trou, mais je veux que tu l'entendes…

- String…

Il sentait qu'il était sérieux, bouleversé et cela le touchait.

- Non, je t'en prie. J'ai tellement cru que je ne pourrais jamais te dire ça, alors maintenant que je trouve la force de te le dire, laisse-moi finir, s'il te plaît. Dom, merci de m'avoir ouvert ton cœur, tes bras et d'avoir été mon père. Merci de m'avoir apprit tout ce je sais et d'avoir fait de moi l'homme que je suis. Je t'aime tu sais… Je voudrais te serrer dans mes bras.

A l'autre bout du fil, profondément touché par les mots de son gosse, lui qui d'habitude arrivait si mal à exprimer ce qu'il ressentait, Dominic s'était mis à pleurer lui aussi. Ces mots étaient remplis d'affection, mais jamais il n'aurait osé lui dire s'il n'avait pas vu la mort de trop prêt et cela finissait de le bouleverser.

- Je t'aime mon petit. Moi aussi je voudrais te serrer dans mes bras, mais tu sais, tu n'as pas à me remercier pour ça. Ton père était comme mon frère. Quand il est mort avec Helen, je n'ai pas hésité tu sais, je ne pouvais pas vous abandonner. Je vous aimais déjà toi et ton frère… Vous avez été le plus beau cadeau que la vie m'a fait… Alors, je ne sais pas ce que tu vis String, même si j'en ai une idée, mais garde espoir, je t'en prie. Il faut que tu rentres. Je t'aime fils. Ne reste pas là-bas toi aussi… Il y a toujours ce Bell que tu dois essayer. Je suis sur qu'il te plaira cet hélico, murmura Dominic de plus en plus terrassé par ses larmes. Rentre mon petit.

Dominic pleurait, mais il perçut aussi un sanglot. Il n'était pas le seul à le faire et Stringfellow lui murmura d'une voix à peine audible.

- Je le voudrais tellement tu sais, mais je ne peux pas te le promettre… Je ferais tout pour essayer en tous cas.

Les deux hommes se turent de longues secondes, pleurant en silence, chacun rêvant de tenir l'autre dans ses bras. Puis Stringfellow redressa la tête, il observa le camp par la fenêtre de sa chambre et entendit des cris pendant qu'un hélicoptère ramenait des nouveaux blessés du front. Chaque jour avait son coût en vies humaines, c'était bien pour ça qu'il ne pouvait lui promettre de rentrer. Il ne savait pas de quoi serait fait le lendemain et puis, il n'allait pas abandonner Saint-John ici. Il finirait bien par retrouver sa trace et là il pourrait rentrer, pas avant. Il y eu des bruits dans le couloir et une certaine agitation sembla s'emparer de l'hôpital de campagne. Stringfellow ferma les yeux, prit une inspiration et maîtrisa ses larmes.

- Ne pleure plus s'il te plaît.

- Comment tu veux que je fasse ? Je suis tellement inquiet String, je pense à toi chaque jour, petit.

- Moi aussi tu sais, mais je ne veux pas te faire mal, je…

- String, jamais entendre ta voix me fera mal, je suis content que tu ailles bien. Elle est sérieuse ta blessure ?

- Ne t'en fais pas, je vais bien… Je… Je vais devoir te laisser.

- Non…

- Je suis désolé, mon commandant m'a prêté le téléphone de campagne et…

- Ça veut dire que tu ne peux pas tenir sur tes jambes.

- Pas aujourd'hui, mais je vais bien et je te promets de tout faire pour essayer de t'appeler plus souvent. Promis.

- D'accord, repose-toi fils, je serai toujours là.

- Je sais… Merci Dom.

- Je t'aime gamin.

- Moi aussi je t'aime, bonne nuit…

- Bonne nuit String.

Le jeune homme soupira et raccrocha tant qu'il en avait encore la volonté. Epuisé, il se laissa retomber sur ses oreillers et se tourna sur un côté pour se recroquevillé. Le visage enfoui dans ses draps, il laissa les dernières larmes agiter son corps fatigué. Il était heureux d'avoir eu l'occasion de lui dire ce qu'il avait sur le cœur, mais il se sentait si seul dans cet enfer….

A des milliers de kilomètres, Dominic aussi raccrocha. Il soupira et essuya maladroitement ses larmes avant de murmurer.

- Je vous en prie mon Dieu, si vous être bien Dieu de miséricorde, ramenez-moi mon fils…