Je ne possède aucun des personnages de la série.
Il ne fait pas bon de se remettre à regarder de vieilles séries qui passent à la télé, surtout quand elles font parties des coups de cœur de votre jeunesse... Et surtout si elle parle de relation fraternelle et paternelle fortes...
Un recueil sur le passé militaire de Stringfellow, que ce soit à la guerre du Viet-Nam ou après, pas d'ordre chronologique
Alors en regardant attentivement la série on comprend que Stringfellow a fait trois séjours au Vietnam entre 1968-1970 pour rejoindre Saint-John qui est porté disparu en 1969, en 1971-1972 comme il le mentionne lui même dans la saison 3 et en 1973-1975 puisqu'il est sur place au moment de la chute de Saïgon, sortant à peine de l'hôpital, comme il le dit à Nhy Huong.
Du coup ce texte concerne son dernier départ, celui de 1975, quand il rentre définitivement chez lui.
Il a été écrit dans le cadre de l'Event "Premier et Dernier Mot" du groupe "Papotage, Ecriture, Lecture et Bonne Humeur". Je devais commencer le texte par le mot "Départ" et le terminé par "Brise ou Brisé". Bon et vu mon revival de ce moment...
En espérant que cela vous plaise
Bonne lecture
PS : Au fait j'ai commencé à faire du tri et à remettre de l'ordre dans mes publications en faisant une sorte de table des matières dans mon profil alors n'hésitez pas à y faire un tour ;)
LES SOUFFLES D'UN ECHO
Le jour du départ
Ce départ aurait dû être une fête, après sept ans d'enfer, entrecoupé par deux courts séjours chez lui pour se remette et se reposer il allait enfin pourvoir rentrer de manière définitive… Saigon était tombée. La guerre était presque finie, plus jamais il ne ressentirait la peur, la terreur, la douleur comme il l'avait ressenti ici… Mais il rentrait seul… Saint-John avait disparu à la fin de l'année 69… et malgré ses recherches, malgré les risques qu'il avait prit délibérément pour le retrouver, il avait échoué… personne ne savait ce qu'il était advenu de son frère… de son grand frère qu'il avait dû laisser derrière lui pour sauver une dizaine d'inconnus. Saint-John avait comprit, c'était lui qui lui avait hurlé de décoller et il l'avait écouté, lui promettant de revenir… mais à son retour, il n'y avait plus rien ni personne à sauver… Il se rappelait avoir erré dans les rizières, avoir tout tenté pour le retrouver, mais il n'y avait rien… et les Viêt-Congs ne se vantaient pas des prisonniers qu'ils retenaient… Six ans… Cela faisait six ans maintenant tout ça, mais Stringfellow ne voulait pas perdre espoir. Tout le monde pouvait bien lui répéter, qu'il était sans doute mort, il ne lâcherait pas… il n'abandonnerait pas… Il voulait qu'on lui prouve sa mort, qu'on lui montre son corps… Sa famille ne pouvait pas toute disparaître sans qu'on lui accorde le droit de se recueillir… On n'avait jamais retrouvé les corps de ses parents… Est-ce qu'il devait ne jamais retrouver celui de son frère ? … Pas de cérémonies, pas de tombes, pas de lieux pour pleurer… Juste la douleur… et l'abandon…
Un long frisson remonta le long de son échine et il poussa sur ses jambes pour se lever du lit. Sa blessure à la poitrine lui faisait mal, elle était loin d'être guérie. Son médecin voulait même le garder deux semaines de plus, mais il avait refusé. Il tenait à peu près sur ses jambes, alors il voulait rentrer. Il avait besoin de rentrer… Il avait besoin de revoir Dominic… son meilleur ami, son mentor… son père adoptif, le seul qui pourrait comprendre combien il se sentait mal, perdu et épuisé. Il n'avait pas été heureux qu'il reparte pour ce troisième séjour, mais il ne l'avait pas retenu. Il savait bien pourquoi il repartait… mais il avait échoué… Il rentrait seul… encore une fois… la dernière fois… la fois de trop…
OoooO
L'air était frais sur le tarmac. Il faisait encore nuit, et il flottait dans l'air ces odeurs uniques qu'il n'oublierait jamais… Ce n'était pas désagréable, c'était l'odeur de la forêt, des arbres, mais lui… pour le reste de sa vie ils les associeraient à la souffrance, à la mort et à la désolation. Un nouveau frisson le prit, plus violent, car amplifié par ses souvenirs et cela réveilla la douleur dans sa poitrine. Stringfellow porta la main à sa blessure et lutta pour ne pas s'écrouler. S'il tournait de l'œil avant le décollage, ils ne le feraient pas partir et ça, il en était hors de questions. Il voulait rentrer… Il en avait besoin.
Il lui fallut de longues secondes pour se stabiliser sur ses jambes et il sursauta quand une main se posa sur son dos. Surprit, il rouvrit les yeux, croisant le regard de son commandant.
- Vous êtes sûr que vous allez bien capitaine Hawke ?
- Oui, mon commandant… Juste hâte de rentrer chez moi.
Le gradé l'observa. La pâleur de sa peau, ses tremblements, il l'aurait plutôt vu dans un lit, mais il le connaissait ce gamin, alors il lui pressa l'épaule et murmura.
- Vous y serez dans quelques heures. Vous pourrez vous reposer.
Stringfellow lui sourit, reconnaissant de ne pas le retenir plus ici, et se dirigea vers l'avion militaire d'un pas lent, mais décidé. Il escalada le pont et s'immobilisa pour jeter un dernier regard derrière lui. Le vent chaud caressa sa peau et il se demanda si Sant-John le sentait lui aussi avant de finir de monter.
La guerre était finie, mais la douleur était toujours là. Il rentrait seul… Mentalement, il promit à son frère ne jamais l'abandonner, de revenir pour le ramener lui-même s'il le fallait, de ne jamais cesser de le chercher et de le faire rentrer un jour à la maison.
Stringfellow n'était pas seul dans cet avion de rapatriement. Il y avait bien une vingtaine de soldats de tous corps avec lui. Il en salua certains et se posa son sac. Puis doucement, il se laissa tomber assis sur la banquette et cala la tête à l'arrière contre le fuselage. Les moteurs vrombirent et il sentit l'appareil rouler sur la piste… C'était fini, il rentrait… mais il ne serait plus jamais le même… Sept ans c'était long, trop long, toutes ses horreurs qu'il voyait en fermant les yeux… Il lui faudrait du temps pour ne plus être un homme déchiré par tout ce qu'il avait vécu, un homme vivant, mais à jamais brisé.