Camarades !
Je vous retrouve ici pour un modern UA! sur Game of Thrones, écrit pour les nuits du FOF avec pour thème Futile. Il m'a permis d'écrire sur un texte qui me trottait dans la tête depuis plus d'un an, sans avoir jamais pu parvenir à l'écrire.
Pour vous mettre dans le contexte du texte, j'ai décider de changer la maladie de Shireen, la greysacle, dont elle est affublée dans les livres et la série par un vitiligo. Pour ceux qui ne connaissent pas cette maladie, c'est une maladie auto-immune (quand l'organisme fabrique des anti-corps contre son propre corps) qui provoque une dépigmentation de la peau à certains endroits, soit des "tâches" blanches parsemées un peu partout sur le corps.
Je suis moi même atteinte de cette maladie depuis que j'ai environ dix ans (j'en ai vingt-six maintenant) et ce texte contient un peu de vécu personnel. Car si la maladie n'est pas douloureuse physiquement (je ne ressens pas de douleur, je dois juste faire un peu plus attention si je m'expose au soleil), elle est assez pénible à vivre au quotidien. Il m'a fallu presque douze ans avant d'accepter de sortir jambes nues et de fréquenter les plages et les piscines sans avoir l'impression que tous les regards étaient tournés vers moi. J'ai été très complexée pendant mon adolescence par cette maladie et même encore aujourd'hui ce n'est pas évident.
Je pense que ce texte est en quelque sorte un moyen d'exorciser tous mes complexes liés à cette maladie.
Sur ce j'arrête de vous embêter et bonne lecture !
Elle n'avait jamais aimé aller à la piscine. Elle n'aimait pas nager, elle n'aimait pas l'eau et surtout elle n'aimait pas devoir se mettre en maillot de bain et s'exposer devant tout le monde.
Chaque semaine Shireen Baratheon était soumise à une torture, celle de devoir aller nager avec tous les autres pendant le cours de sport et ce malgré ses supplications auprès de ses parents. Elle n'était pas une fille capricieuse, ne se plaignait que très rarement, était obéissante et calme. Elle avait espéré que cette bonne conduite jouerait en sa faveur mais ils avaient été inflexibles. Sa mère lui avait rétorqué qu'elle n'était plus un bébé et qu'elle faisait un caprice d'enfant gâté et son père lui avait simplement dit qu'elle devait apprendre à nager, que ça lui plaise ou non le cycle piscine était obligatoire à l'école.
Pour eux la maladie de leur fille n'était qu'un complexe comme un autre, comme on en a à l'adolescence. Mais pour Shireen c'était bien plus que ça, c'était comme un marque au fer rouge, c'était quelque chose qui ne changerait jamais, qui ne disparaîtrait jamais et qui faisait d'elle quelqu'un de différent, à son plus grand désespoir. C'était dur ça aussi, ce sentiment d'être incomprise.
Se faisant la plus petite possible, Shireen se dépêcha de se déshabiller le plus vite possible afin d'éviter d'être vue de toutes ses autres camarades et filer sous les douches avant de rejoindre le professeur devant les bassins. En quittant le vestiaire elle entendit quelques gloussements moqueurs.
Ravalent ses larmes, la jeune fille de treize ans fila sous le jet et enfila son bonnet de bain tout en jetant un regard désespéré à sa peau marquée par un vitiligo assez important. Cette fichue maladie lui gâchait la vie et faisait des cours de sport un véritable enfer sur terre.
Pourtant, il y a encore quelques années, sa maladie de peau ne la gênait pas plus que ça. Quand elle était petite elle se baladait en short et en robe dans les rues sans problème et quand son oncle Robert lui proposait de l'emmener à la plage avec ses cousins elle acceptait sans problème et se faisait un plaisir de barboter dans l'eau tout en arrosant sa cousine Myrcella.
Mais depuis son entré au collège le vitiligo la gênait de plus en plus. Il lui semblait que tous les regards se posaient vers elle et petit à petit elle avait cessé de porter des shorts et de venir à la plage, même lorsqu'il faisait chaud.
Quand elle se contemplait dans le miroir de sa chambre, elle se sentait honteuse de cette peau, de cette peau marquée de tâches blanches et ressentait parfois le furieuse envie de l'arracher pour en avoir une nouvelle, nette, sans maladie, une peau qui ne la faisait pas se sentir gênée ni qui lui attirait les moqueries des autres.
Quand elle avait voulu en parler avec sa mère, elle lui avait d'arrêter de se montrer futile et obnubilée par son apparence, qu'elle finirait par s'y faire et son père lui avait demandé d'ignorer les moqueries.
C'était bien plus facile à dire qu'à faire et Shireen n'avait pas le caractère de son père, elle n'avait pas cette capacité à ne pas prêter attention à ce que les autres pensaient d'elle ni de les remettre à leur place si besoin est.
Bientôt toute la classe se retrouva autour du professeur, qui, après avoir vérifié une liste sur son bloc-note, divisa les élèves par niveaux et dirigea les différents groupes vers des maîtres nageurs qui assistaient aux cours.
Shireen se retrouva dans un petit groupe pour nageurs moyens, avec un des maîtres-nageurs de la piscine, un nouveau remarqua-t-elle.
« Bonjour à tous, je m'appelle Theon et c'est moi qui m'occupe de vous aujourd'hui. Votre professeur m'a dit que vous arriviez à nager sans ceinture et que vous maîtrisez la brasse. Je vais vous apprendre le crawl aujourd'hui mais d'abord on va s'échauffer et faire quelques longueurs »
Il sourit puis leur adressa un clin d'œil.
Derrière elle, Shireen entendit deux filles glousser bêtement. C'est vrai qu'il était mignon mais ce n'était pas une raison pour rire bêtement et puis il n'y avait aucune chance pour qu'il s'intéresse à elles, elles étaient trop jeunes. Si Shireen se retint de lever les yeux au ciel, ce ne fut pas le cas d'Arya, une des seules filles qui ne se moquait pas d'elle. Il lui arrivait même de prendre sa défense mais elle passait le plus clair de son temps entourée de ses meilleurs amis, des garçons, Lommy, Hot-Pie (personne n'arrivait jamais à se souvenir du véritable nom du garçon) et Gendry, un garçon de troisième qui avait une multitude d'admiratrices, ne se mêlant que très rarement aux autres filles.
Après avoir fait quelques étirements, Theon leur demanda d'entrer un par un dans l'eau et d'effectuer quelques mouvement de crawl qui venait de leur montrer. Quand se fut au tour de Shireen, les deux filles qui avaient gloussé continuèrent mais cette fois ci c'était bien pour elle. Elle essaya de les ignorer avant de rentrer dans l'eau et nagea du mieux qu'elle put.
« Bien ! N'oublie pas de bien maintenir ta tête hors de l'eau. Allez, aux autres maintenant. »
Ce fut un soulagement quand le cours fut terminé et qu'ils purent regagner les vestiaires. Une serviette maladroitement enroulée autour d'elle, Shireen tentait de démêler ses cheveux, tirant sur les nœuds, pressée de pouvoir rentrer chez elle, le cour de sport étant le dernier de la journée, quand elle lâcha son peigne, sursautant.
Dans son dos, elle venait d'entendre un « meuh ! » qui lui était adressé, il n'y avait aucun doute là-dessus. Elle tenta de l'ignorer, se pencha pour ramasser son peigne mais la fille qui avait poussé le meuglement continua et fut suivit par d'autres, tel un concert. Elle resta le dos tourné à ses camarades, incapable de leur faire face et tentant de ravaler les larmes qui menaçaient de couler.
« Arrêtez ! »
Les « meuh ! » moqueurs s'arrêtèrent. Shireen reconnu la voix d'Arya et se tourna timidement pour observer la scène. Sa camarade semblait furieuse, comme si c'était elle qui avait été la cible des moqueries.
« Arrêtez de vous moquez d'elle ! Franchement vous êtes vraiment des idiotes ! Vous trouvez ça drôle ? »
Il y eu un moment de silence pendant lequel Arya fixa chacune des filles qui s'étaient moqué d'un œil noir, les défiant silencieusement de dire quelque chose. Elle semblait attendre quelque chose mais aucune des filles ne prit la parole. A la place les filles se dépêchèrent de se changer pour sortir le plus vite possible, n'ayant apparemment aucune envie d'avoir à en découdre avec la fille qui avait mis une raclée à Joffrey Baratheon, la teigne du collège. Et accessoirement le cousin de Shireen mais elle se serait bien passé de ce lien de parenté.
Quand le vestiaire fut vide, Shireen laissa couler ses larmes et se mit à sangloter, ne parvenant même pas à articuler un mot de remerciement. Arya sembla le comprendre et alla fouiller dans son sac pour lui tendre un mouchoir en papier. Quand elle pu enfin se calmer, Shireen réussi à la remercier .
« Mer… merci. C'était… gentil.
- C'est normal. Ces filles sont juste connes. De vrais pestes. Faut pas les écouter.
- Je sais mais je n'y arrive pas… je… c'est dur. Tu ne sais pas ce que ça fait quand tout le monde te regarde comme si tu avais la lèpre et que tu allais les contaminer. »
Arya ne répondit pas tout de suite. Effectivement elle ne pouvait pas comprendre mais ça ne voulait pas dire qu'elle ne pouvait pas prendre sa défense. Shireen était timide, elle non et son père et sa mère l'avait élevée dans le respect des autres et l'acceptation des différences. A ne jamais se moquer. Elle réfléchit quelques instants sur la manière dont elle pouvait bien remonter le moral de Shireen quand elle eu une idée. Elle attrapa son téléphone, pianota un message en vitesse puis se tourna vers sa camarade.
« Allez dépêche toi, on va aller manger une glace et puis on ira chez moi, Theon est d'accord pour nous accompagner. »
Shireen releva la tête, hésitante.
« Je ne sais pas… il faut que je prévienne mes parents avant et… attends, tu connais le maître-nageur ?
- Oui, c'est le petit-ami de mon frère, il est parfois idiot mais je l'aime bien. »
Shireen sourit. Elle oublia alors ses problèmes et se changea pour rejoindre Theon sur le parking de la piscine. Après avoir prévenu sa mère, elle suivit sa nouvelle amie et le jeune homme dans sa voiture, heureuse de savoir qu'elle pouvait compter sur quelqu'un pour la défendre.
Finalement, les cours de natation ne s'annonçaient pas aussi horribles qu'elle ne l'avait pensé.