Chapitre 1 – La tête dure

La plupart des sorciers l'ignorent, mais le boulot d'un auror est parfois beaucoup moins épique qu'on ne se l'imagine. Les mages noirs ne courent pas les rues - au grand soulagement de la communauté sorcière - et on passe beaucoup plus de temps à faire des enquêtes de routine, des planques ennuyeuses et interminables, ou à rédiger des rapports longs comme un jour sans Quidditch, plutôt qu'à affronter un sinistre sorcier dans un duel de sorts, dont l'issue sera forcément fatale à l'un des deux protagonistes.

Les aurors font des enquêtes de voisinage, interrogent des tas de témoins, s'infligent la lecture de registres d'état-civil, et parfois, perdent leur plume préférée au milieu du fatras de leurs notes d'enquête. Heureusement pour les recrues s'étant engagées par amour du danger, de temps en temps, un réseau de contrebande de substances interdites tombe, ou un sorcier un peu trop porté sur les sortilèges impardonnables se fait remarquer. Ce genre de situation provoque immanquablement l'intervention du Bureau des Aurors, qui procède à des investigations, plus ou moins musclées en sorts selon le niveau de résistance des interpellés.

Après avoir combattu un troll des montagnes, été poursuivi par des acromantules, mâchouillé par un basilic, menacé par une dragonne en colère, torturé par une maniaque de l'ordre public, et tout simplement, menacé de mort pendant chaque jour de sa vie pendant sept ans ; Harry Potter avait tendance à considérer qu'il avait bien mérité son statut de survivant, et qu'il pouvait affronter à peu près n'importe quelle situation en s'en sortant sans trop de dommages. C'est un défaut assez commun chez les héros de guerre : sous prétexte qu'ils ont survécu, ils s'imaginent que rien ne peut les atteindre.

Ce matin là, le Bureau des Aurors bouillonnait d'effervescence nerveuse : les équipes se préparaient à intervenir dans un bâtiment soupçonné d'abriter des activités de magie noire. Ces membres s'interpellaient, échangeaient les dernières informations sur l'assaut imminent, certains prenaient le soin de s'échauffer pour éviter une faiblesse sur le terrain. Personne n'avait envie de voir la Gazette du Sorcier titrer « Bureau des Aurors : une intervention échoue en raison d'une crampe à la main ». Le jour où l'auror Fiertalon avait trébuché en marchant sur ses lacets défaits lors de l'interpellation d'un mangemort en fuite, le directeur de la Gazette avait offert le champagne à ses employés pour fêter le succès de cette édition.

Harry rassembla l'équipe de onze personnes qu'il avait choisie pour intervenir. Sept d'entre eux participeraient à l'assaut proprement dit, tandis que les quatre autres resteraient en arrière dans une zone dégagée, afin de surveiller et convoyer jusqu'au ministère les personnes qui seraient arrêtées. Une équipe supplémentaire de huit personnes devait rester au ministère, prête à intervenir en renfort en cas de besoin. Les trois meilleurs duellistes de la brigade ouvriraient le feu, mais Harry accompagnait l'équipe d'intervention pour diriger les investigations sur place.

Tout se déroula comme prévu. Profitant du manque de luminosité dû au jour qui se levait tout juste, les aurors encerclèrent silencieusement le bâtiment tout en invoquant un puissant sortilège d'anti-transplanage. D'un signe de la tête, Harry commanda à ses agents d'entrer en action, et trois d'entre eux firent sauter la porte principale avant de bondir dans le bâtiment en arrosant de sorts tous les coins.

Leurs collègues les suivirent rapidement, pénétrant par les différentes portes et fenêtres, afin d'encercler les criminels présumés. Ceux-ci étaient de moins en moins des criminels présumés, mais plutôt des criminels avérés, puisqu'ils utilisaient des sortilèges moyennement sympathiques pour se défendre face à l'offensive des aurors. Tout en lançant des sortilèges de défense pour couvrir ses coéquipiers, Harry surveillait du coin de l'œil la progression de ses équipes. La plupart des criminels étaient déjà hors d'état de nuire, magiquement attachés ou assommés. Deux sorciers résistaient encore, mais ils étaient acculés au fond d'une pièce, et ne pourraient pas se défendre très longtemps. Tout se passait bien, donc.

Jusqu'au moment où un éclair jaunâtre fusa et un objet lourd heurta la tête de Harry. La pièce bascula et un tourbillon sombre s'ouvrit sous ses pieds.

- Depuis le temps, quand même, je pensais qu'il avait la tête dure...

- Il a toujours été assez résistant aux blessures jusqu'ici, mais c'est vrai que c'est la première fois qu'il est atteint à la tête...

- Oui, c'est vrai qu'une cicatrice laissée par un mage noir, ce n'est pas rien...

Harry était engourdi dans un demi-sommeil, suffisamment éveillé pour entendre les murmures autour de lui, mais pas assez pour se soucier du sens de la conversation. Il perçut à demi la fin de celle-ci – "Ron, Georges, vous êtes vraiment débiles..." - et le bruit d'une porte qu'on ouvre, avant de sentir la douce chaleur d'une main se poser sur la sienne.

Il comata encore quelques instants, avant d'ouvrir des yeux englués de sommeil sur le visage de son épouse, pâle mais souriant.

- Bonjour mon coeur, alors, comment te sens-tu?

Harry émit un borborygme signifiant peu ou prou qu'il était vivant, à défaut de se sentir en pleine forme, et Ginny l'embrassa rapidement sur le front avant d'ouvrir la porte de la chambre pour prévenir les médicomages que son époux s'était réveillé.

Harry perçut vaguement une silhouette verte qui l'importuna avec tout un tas d'incantations et de tapotements de baguettes sur son crane pour s'assurer de son état de santé. Le médicomage fit boire une potion à son patient, et le laissa aux bons soins de son épouse. Harry était à présent beaucoup plus réveillé, et devinait qu'une blessure à la tête était la raison de sa présence à Sainte-Mangouste, un large bandage couvrant l'arrière de son crâne. En réponse au regard interrogateur de son mari, Ginny lui relata les événements.

- D'après ce que m'as raconté ton adjoint, c'est un chaudron qui t'a percuté le crâne, propulsé par un sort perdu. Tous tes aurors vont bien, et de ce que je sais, l'attaque a porté ses fruits et l'enquête suit son cours.

- Oh, alors je peux profiter d'un peu de repos et d'un baiser de ma femme pendant que ma brigade se démène pour arrêter les méchants, fit Harry en souriant.

Ginny se pencha vers lui en souriant pour l'embrasser.

- Au fait, Ron et Georges sont passés te voir, tout à l'heure. Ils ont parlé de t'acheter un casque, alors attends toi à recevoir un cadeau...

- Rassure moi, la Gazette n'est pas au courant de mon accident ?

- Si, fit Ginny en gloussant alors qu'Harry se décomposait, mais ton adjoint a fait publier un communiqué qui fait juste état d'une blessure légère lors d'une intervention réalisée au péril de ta vie, ajoutât-elle avec un clin d'oeil.

Harry s'était réveillé dans l'après-midi, et il dût rester à Sainte-Mangouste en observation pour la nuit. Il put rentrer dès le lendemain, et fut accueilli à la maison par ses enfants, qui étaient ravis de revoir leur père, mais surtout parce qu'ils avaient été autorisés à manquer l'école pour l'occasion. Il parla à son adjoint Stan par cheminée, qui lui confirma que tout roulait, et qu'il pouvait profiter de sa journée de repos. Il lui transmit également les bons vœux de rétablissement de tout le bureau des Aurors, et fit une blague à propos du fait que son directeur avait la tête dure.

Dans la soirée, une bonne partie de la famille Weasley passa rendre visite à Harry, pour s'assurer que le Survivant avait bien survécu une fois de plus. Sans surprise, Georges lui fit présent d'un casque de moto rutilant, entouré d'un grand ruban rouge.

- C'est quand même terrible que tu ai été blessé, Harry chéri, fit Molly d'un ton inquiet. Je croyais que tu n'allais presque plus sur le terrain, depuis que tu es devenu directeur du Bureau des Aurors ?

- Ça reste moins dangereux que de tester les nouveaux produits de Georges, fit remarquer Ron, en désignant les bois de cerfs qui ornaient son crane. Ceux là sont apparus il y a trois jours quand j'ai expérimenté une poudre de transformation, et je n'arrive toujours pas à m'en débarrasser, soupira t-il. En plus j'ai mal au dos, Hermione me force à dormir sur le canapé !

- Tu lui en veux encore de quand il t'a donné une crème canari à la place de ton yaourt, hein ? Demanda Georges à Hermione.

- Non, c'est juste qu'il prend beaucoup trop de place dans le lit...

- Quand même, Harry ! Tu as survécu à Voldemort, tout ça pour manquer de finir tué par un chaudron !

- Merci Ron... Je suis sur que ça plairait beaucoup à Rita Skeeter, elle pourrait écrire un article là-dessus...

- Elle l'a déjà fait, lui apprit Hermione. Enfin, elle l'a mentionné dans sa chronique de ce matin.

- Formidable, fit Harry d'un ton blasé. Je suis sur que se sera épinglé sur mon tableau d'information demain, au bureau.

- Mais je croyais que le Bureau des Aurors avait publié un communiqué à ce sujet ? S'étonna Ginny.

- Depuis quand un communiqué officiel arrête Rita Skeeter ? Lui rétorqua Ron.

Avant qu'ils se couchent ce soir là, Ginny examina la blessure de son mari. Il était sortit de Sainte-Mangouste sans bandage, mais il aurait préféré le garder : on lui avait rasé une large zone de cheveux à l'arrière de la tête pour soigner la blessure plus efficacement. Ginny grimaça en voyant le large hématone qui tournait déjà au violet-jaune.

- C'est vrai que c'est plutôt impressionnant, fit-elle observer. Je comprends mieux pourquoi les médicomages étaient si agités... Heureusement que tu as la tête dure !

- Ils pensaient que c'était sérieux à ce point ? S'étonna Harry.

- Oui, mais ils ont été très rassurés quand tu t'es réveillé, et moi aussi, fit son épouse en l'embrassant sur le sommet du crâne. C'était un banal accident, mais ça peut vite être grave. Je me suis d'ailleurs demandé si on ne devait pas prendre des dispositions, dans ce sens...

- On a déjà fait nos testaments en prévision de la naissance de James, fit remarquer Harry. Et de toute façon même sans testament, il n'y a pas trop de surprise : si l'un d'entre nous décède, tous les biens reviennent à l'autre, et si on meurt tous les deux, tout va aux enfants.

- Oui, et s'ils sont mineurs, la famille s'occupera d'eux, mais si on part alors qu'ils sont à peine majeurs ? Le temps que la succession se fasse, comment se débrouilleront-ils ? Et puis même sans parler du pire, est-ce qu'il ne faudrait pas tout simplement leur mettre de l'argent de côté pour débuter dans la vie ? C'est vrai qu'on est très loin d'être dans le besoin, mais autant prendre des dispositions dès maintenant.

Harry considéra l'idée un instant.

- Pourquoi pas. Après tout, j'ai encore de l'argent de Sirius, ça pourrait être des sommes de départ pour les enfants. Et pour Teddy, bien sur. Je prendrais rendez-vous à Gringotts dès demain, ajoutât-il en baillant.

-o-

Des yeux jaunes brillaient dans l'ombre d'une armoire. La vaste pièce était paisible, le pépiement des oiseaux parvenait depuis la grande baie vitrée ouverte. Les meubles, les bibelots, rien ne semblait bouger, à part peut être une collection de photographies sur une commode. Sur le papier glacé, divers personnages étaient représentés et curieusement, ils bougeaient.

La principale protagoniste de cette série de photographies était une jeune fille, dont on pouvait suivre l'évolution sur plusieurs années. Elle apparaissait d'abord sous la forme d'un bébé avec un touffe de cheveux bruns, qui louchait en regardant l'objectif. Un peu plus loin, c'était une petite-fille )qui tentait avec énergie de se défaire de l'étreinte affectueuse d'une femme blonde. Dans un cadre mit en avant par rapport aux autres, la petite-fille avait grandit de dix ans, et elle montrait fièrement un trophée doré. La femme blonde apparaissait régulièrement sur les clichés, parfois accompagnée d'un homme aux yeux perçants, comme ce qui semblait être une photographie de mariage. On le retrouvait également aux côtés de la jeune fille brune, posant près d'un cheval irréel : il avait de grandes ailes qui se mouvaient lentement sur la photographie.

Les yeux jaunes ne prêtaient pas attention à ces étranges photographies. Ils fixaient sans ciller la grande cheminée en pierre claire. Les minutes s'écoulaient et les pupilles restaient immobiles, ces yeux pouvaient-ils voir quelque chose d'invisible pour les humains ? Tapi dans l'ombre, la créature à qui appartenait ces étranges yeux retenait un ronronnement de satisfaction. Son plan était parfait. Elle le mûrissait depuis plusieurs jours, et avait soigneusement choisi son moment pour s'assurer de son succès. Elle guettait sa proie depuis plusieurs minutes déjà, mais elle attendrait encore. Elle saurait être patiente...

Brusquement, une gerbe de flammes vertes apparut dans l'âtre, et la jeune fille des photographies émergea de la cheminée, en époussetant la suie tombée sur sa robe bleue.

- Maman ? Maman, tu es là ?

D'un saut puissant, la créature aux yeux jaunes jaillit de l'ombre pour bondir sur sa proie, ne lui donnant aucune chance de fuite. La créature percuta les genoux de la jeune fille, bondissant pour tenter de l'atteindre en grognant.

- Ooooh, mais voilà Vivian ! Qui c'est mon boursouf d'amour ?

Elle prit la créature dans ses bras, le boursouf ronronnant d'aise d'avoir retrouvé sa maîtresse. Il entreprit de lui démontrer l'ampleur de son affection en lui léchant amicalement le visage, pendant que la jeune fille riait et râlait à la fois. Elle lui grattouilla le menton – ou ce qu'il semblait être son menton, les boursoufs ayant la particularité de ressembler à des boules de fourrure parfaitement sphériques – et il ronronna de plus fort. Finalement, la jeune fille sortit par la baie vitrée, et dans une remarquable détente du bras, elle propulsa le boursouf à travers le jardin verdoyant. Ravi, Vivian le boursouf apprécia la sensation de vitesse, et il ronronnait comme le moteur d'une vieille voiture alors qu'il poursuivait son vol en passant devant une femme qui venait d'entrer dans le jardin.

L'adolescente restée sur la terrasse lui adressa un signe de la main, et la nouvelle venue la rejoignit pour l'embrasser affectueusement sur la joue.

- Tu es rentrée Procya chérie. Comment c'est passée ta semaine ?

- Plutôt bien, commentât Procya en s'installant sur l'une des chaises en bois qui meublait la terrasse. J'ai enfin pu présenter mon exposé d'Arithmancie. Le professeur Jarvet m'a dit que c'était d'un bon niveau pour les BUSES, et que ça équivalait à un Effort Exceptionnel. Et toi ?

- C'était assez calme, c'est la semaine d'examen pour la plupart de mes étudiants... A part jeudi, où j'ai un peu paniqué : j'ai perdu les sujets d'examens des étudiants de 2e cycle. J'ai du improviser quelque chose, et j'ai retrouvé un vieux QCM sur les acromantules que j'avais donné à des étudiants il y a plus de cinq ans. Cela dit, ils ont un peu râlé : ils pensaient être interrogés sur les dragons.

- Et quel est le rapport entre les dragons et les acromantules... ?

- Aucun, mais j'ai vu une araignée dans mon bureau pendant que je cherchais mon sujet d'examen, alors je me suis souvenue de ce QCM.

Procya restât silencieuse devant cette démonstration de logique typique de sa mère. Épione Roisnel était une personne plutôt brillante, mais aussi éminemment distraite. Elle avait beau être une chercheuse renommée en magicozoologie, il ne se passait pas une semaine sans qu'elle perde ses clés ou qu'elle se rende au travail en pantoufles.

- Où est Philippus ? Demanda Procya. Il est presque 19h, il travaille encore ?

- Oui, il s'occupe d'un poulain un peu récalcitrant. D'ailleurs, je pense qu'il te demandera un coup de main ce week-end, pour l'entraîner un peu.

- Ah, le voilà justement ! Salut Phil ! Fit la jeune fille en lui adressant de grands signes de la main.

Un homme trapu aux yeux perçants, celui de la photographie de mariage, venait d'apparaître au fond du jardin, après avoir franchi la petite barrière en bois vermoulue coincée entre deux haies. Il semblait fulminer, et ne répondit pas aux signes enthousiastes de Procya.

- Tu sembles d'une humeur radieuse...

- Ce fichu poulain m'a épuisé ! Fit le concerné en se laissant lui aussi tomber sur une chaise. Une vraie tête de troll, impossible de le faire obéir ! Il est puissant, mais je ne pourrais rien en faire si je n'arrive pas à l'éduquer un minimum...

- Je suis sure que tu finiras par comprendre ce poulain, après tout, il te ressemble...

- Parce qu'il a beaucoup de force ? Demanda Philippus d'un ton méfiant, pressentant qu'elle allait se moquer de lui.

- Non, parce qu'il est têtu !

- Alors dans ce cas, il te ressemble autant qu'à moi. Et d'ailleurs, à propos d'entêtement, as-tu enfin réussi à convaincre ton professeur d'herbologie que les travaux pratiques n'étaient pas vraiment utiles dans sa matière ?

- Perdre une bataille ne signifie pas perdre la guerre, professa la jeune fille d'un air hautain.

- Eh bien, ça dépend du nombre de batailles que tu as perdues...

Devinant à juste titre qu'elle risquait de perdre cette bataille, Procya jugea plus prudent d'orienter la conversation sur le menu de leur dîner. L'adolescente devait passer tout le week-end auprès de sa mère et de son beau-père. Élève à l'académie de Beauxbatons, Procya rentrait tous les week-end chez elle, séjournant la semaine en pensionnat. Elle appréciait cette vie à l'école, entourée de ses amis, avec ces soirées qui prenaient souvent des airs de colonie de vacances quand ils se retrouvaient à plusieurs pour faire leurs devoirs, et que les conversations dérivaient sur n'importe quoi d'autre que les cartes d'astronomie ou les propriétés du sang de dragon.

Mais elle aimait aussi beaucoup retrouver sa maison le week-end. Elle savourait le fait de ne pas avoir à partager sa chambre, et de pouvoir dormir avec son boursouf. Elle pouvait aussi profiter d'un calme bienvenu après une semaine en compagnie d'individus en pleine crise d'adolescence et de professeurs parfois un peu irascibles. Elle se contentait de la compagnie des deux adultes, et de celle des chevaux que Phillipus élevait.

Non loin de leur maison familiale, se dressait un ancien corps de ferme en pierre grise. Il était composé d'une longue rangée d'écuries, d'une maisonnette avec une cheminée, et d'un hangar. C'est dans ces bâtiments et dans le pré à proximité que Phillipus élevait des Gronians, des chevaux ailés particulièrement rapides. Le samedi matin, Procya se réveilla tôt et déjeuna rapidement, avant de filer en direction de la ferme. Le poulain têtu qu'ils évoquaient la veille était né il y a trois mois, et il commençait tout juste son apprentissage en tant que cheval de compétition.

Dans les écuries, Procya trouva le poulain Quirinius auprès de sa mère. Il hennit doucement à son approche, la reconnaissant, et la laissa lui caresser le museau. D'après Phillipus, Quirinius était très puissant, mais trop rétif aux ordres. Il adorait se balader dans les airs, mais refusait qu'on lui dicte un itinéraire.

- Salut toi ! Il paraît que tu fais du grabuge ! Je vais voir si on peut sortir tous les deux, tout à l'heure.

Enthousiaste, le poulain déploya ses ailes en sautillant. Procya lui fit une dernière caresse et se dirigea vers le fond des écuries pour saluer les autres chevaux. La porte grinça et Phillipus fit son apparition, faisant léviter plusieurs bottes de foin.

- Tiens, tu es déjà là Cicy !

- Oui, je voulais voir Quirinius.

- Je suppose que tu veux essayer de le faire sortir aujourd'hui ? Devina Phillipus en déposant son fardeau dans un coin. Pourquoi pas, mais prend Valga avec toi, acceptât-il en désignant la mère du poulain. Elle est la seule à réussir à le faire obéir, et je n'ai pas envie qu'il t'emporte trop loin.

Ravie, Procya ouvrit la porte du box des deux chevaux, qui s'ébrouaient déjà à l'idée de faire un tour dehors. Ils trottèrent dans la cour de la ferme, jouant à se pourchasser, avant que Quirinius ne revienne docilement vers Procya. Phillipus lui apportât un petit escabeau et elle monta sur le dos du poulain, calant ses genoux derrière ses ailes. Elle enroula ses mains dans sa crinière argentée, et le cheval entreprit de trotter un peu pour prendre de l'élan, accélérant progressivement. Et puis dans une grande détente de ses longues jambes, il s'éleva dans les airs. Procya sentit l'air d'engouffrer dans ses cheveux et le vent lui piqua les yeux. Elle regretta de ne pas avoir emmené ses lunettes de protection et rapprocha son visage du cou du cheval pour se protéger un peu. Le poulain était ravi de voler et de pouvoir déployer ses longues ailes.

Il montait de plus en plus haut, et Procya voyait le sol s'éloigner. Ils étaient assez haut pour que les écuries fassent maintenant la taille de son petit doigt. Elle distinguait les prés verts en dessous de ses pieds, parcourus de petits chemins et parsemés de quelques rares bâtiments. Procya entendit un hennissement et vit Valga planer près d'eux. Quirinius cessa de s'élever plus haut et suivit docilement sa mère, qui vira vers la côte. Les prés se terminaient abruptement sur des rochers déchiquetés où les embruns venaient s'écraser. La mer étincelait sous les pieds de Procya et elle inspira à pleins poumons l'air salé.

Les deux chevaux jouaient avec les courants d'air, planant puis fonçant en piqué vers les flots. Quirinius vira sur le côté, frôlant les flots du bout de son aile. Valga hennit à nouveau pour rappeler son poulain et ils revinrent vers les près. Ils firent quelques cercles autour de la ferme, avant de plonger vers la cour. Quand le poulain eu atterrit et replié ses ailes, Procya sauta à terre avec un sourire radieux.

- Pas mal, pas mal... Fit Phillipus qui les avait observer voler. Tu es sûre que tu ne veux pas de faire compétition cette année ? Il n'est pas encore trop tard pour t'inscrire à la course de Coutances.

Procya secoua la tête en jetant un sort à ses cheveux emmêlés par le vol.

- Je n'aurais pas le temps. J'ai mes BUSES en juin, c'est trop de travail, je ne pourrais pas passer tous mes week-end à m'entraîner.

- Je vais continuer à faire voler Quirinius avec sa mère, fit Phillipus en flattant l'encolure du poulain. Ça lui fait du bien, pas vrai mon vieux ?

Procya reprit le chemin de sa maison et en entrant dans le salon, elle trouva sa mère en train de fouiller toutes les étagères, soulevant les piles de magazines ou le plaid sur le canapé.

- Oh Procya, ma chérie, tu n'aurais pas vu mes lunettes ? Je n'arrive plus à mettre la main dessus...

L'adolescente fixa sa mère un instant. Ses cheveux se relevaient en de nombreux épis à l'arrière de sa tête et elle fronçait les sourcils de contrariété, derrière ses lunettes posées de travers sur son nez.

- Maman, tu les as devant les yeux...

- Tiens, tu as raison, remarqua Épione en les redressant. Merci !

- Est-ce que tu as du temps libre, cet après-midi ? J'ai préparé mon discours pour le concours de rhétorique, mais j'ai besoin de le tester sur quelqu'un.

- Bien sur ma chérie, acceptât sa mère. Quel sujet as-tu choisi pour la finale ? Demandât-elle en nettoyant distraitement les verres de ses lunettes avec l'ourlet de sa robe.

- J'ai choisi « les fées sont-elles des lumières » ?

- Intéressant. Quel est ton argument principal ?

- Tu verras cet après-midi, fit sa fille, avant de quitter la pièce.


Bonjour à tous !

Voici une fanfiction dont l'idée m'a trotté dans la tête pendant un moment... Je vous en dirais plus sur le concept au prochain chapitre ! J'en profite pour remercier les personnes qui m'ont accompagnées dans l'écriture de cette histoire et qui se reconnaîtront, pour ces interminables discussions sur la population de Beauxbatons, les effectifs du Ministère de la Magie ou le cours du gallion... Ça a fait partie de cette aventure !

Petite précision : j'ai emprunté l'adjoint d'Harry (et le concept d'adjoint !) à Alixe, auteure - entre autres - de la quadrologie qui raconte les aventures d'Harry après la chute du Voldemort ! Je vous recommande fortement de lire ses fanfictions ;)

Cette fanfiction est d'ors et déjà complètement rédigée, et je publierais un chapitre tous les mardi et vendredi (il y en aura environ un dizaine).

Bonne lecture à tous! Et j'ai hâte de lire vos avis ;)