Je ne possède aucun des personnages du film.

L'affrontement avait été long et éprouvant pour tout le monde. Le siège de Nasaf par les légions de Daroush avait mis le corps et l'esprit à rude épreuve, ceux de Garsiv et Dastan s'échauffèrent en quelques instants [Os Cadeau pour PetiteDaisy]

Ce texte a été écrit pour l'anniversaire de PetiteDaisy ;) (j'ai changé un peu de fandom mais j'espère qu'il te plaira) et joyeux anniversaire !

En espérant que cela vous plaise aussi !

Bonne lecture

PS : Au fait j'ai commencé à faire du tri et à remettre de l'ordre dans mes publications en faisant une sorte de table des matières dans mon profil alors n'hésitez pas à y faire un tour ;)

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AU SOIR DE LA BATAILLE

L'affrontement avait été long et éprouvant pour tout le monde. Le siège de Nasaf par les légions de Daroush avait mis le corps et l'esprit à rude épreuve. Il avait duré trente cinq jours, trente cinq jours pendant lequel le Roi Sharaman avait tout fait pour défendre sa cité. Par deux fois les légions ennemies avaient bien failli les submerger, mais le pire avait été évité. Une fois grâce à Garsiv, une fois grâce à Dastan. Dastan qui avait fini par décider ses hommes à l'accompagner à l'extérieur. L'audace du jeune prince avait encore frappé, il était peu probable que celui que l'on assiège soit celui qui porte l'attaque. Pourtant, en attaquant le camp des légions ennemies, ses hommes les avaient déstabilisés et la cavalerie de Garsiv, peu content de ne pas avoir été mis au courant de l'idée de son frère par celui-ci, avait porté un coup décisif. Un coup renforcé par l'assaut du reste de l'armée menée par Tus. Les Perses, en agissant apparemment en dépit du bon sens venaient de remporter une victoire décisive. L'ennemi avait été vaincu et il avait fuis... Fuis sans que son chef n'ait eu le temps d'en faire autant... Un chef qui n'échappa pas à Tus qui ramena sa tête en trophée à son père. Le Roi avait souri. Ils avaient parfois du mal à s'entendre sur le plan à adopter, mais ses fils venaient de sauver le Royaume.

Toutefois, ces trente cinq jours de tension avaient soumis le corps et l'esprit à de violentes tensions et ces tensions s'étaient diffusées au cœur de la ville assiégée comme parmi les princes et pendant que Tus rendait compte de leur victoire totale à leur père, Dastan et Garsiv, comme trop souvent en arrivèrent à se disputer.

- Tu n'es qu'un irresponsable à la tête d'une bande de mercenaires sans cervelle ! Gronda Garsiv.

- Il fallait faire quelque chose pour faire bouger leur position et...

- Tu avais tes ordres, mais comme d'habitude tu n'en fais qu'à ta tête !

- Garsiv ! Tu as vu les effets de ce siège ? Les gens allaient finir par mourir de faim et...

- Nous sommes en guerre Dastan ! Il faut des règles ! Le peuple le comprend ! Nos soldats sont plus importants ! J'ai dû sacrifier mes hommes pour te tirer de là.

- Le peuple... Bien sûr, tu ne peux pas comprendre. Tu n'as jamais eu faim. Tu ne sais pas ce que ça fait de se sentir mourir de cette façon !

- Ne pars pas sur ce terrain, tu...

- Tes hommes comme les miens savent qu'ils sont des guerriers et qu'ils peuvent donc mourir au combat. Demande-leur donc si cela ne fait rien de voir leur famille mourir de faim.

- Tu mélanges tout !

- Et toi tu ne comprends rien !

Un long silence s'établit entre les deux frères, un silence lourd, pesant, qui fut brisé par Tus qui arriva en souriant.

- Allons, ne me dites pas que vous vous êtes encore querellés !

- Ce n'est pas une querelle, c'est une divergence d'opinion, souffla Dastan en se mettant à tourner sur lui-même comme un lion en cage.

- Eh bien peut-être que la suite vous permettra de débattre plus calmement. Nous avons pillés leur camp. Il y a assez de nourriture pour en distribuer au peuple et fêter ça. Ce soir, nous avons enfin le droit de nous vider l'esprit et de nous remplir l'estomac.

Le regard sombre de Dastan alla d'un de ses frères à l'autre et il souffla sur un ton sec tout en faisant demi-tour.

- Je n'ai pas faim.

Tus l'observa disparaître en fronçant les sourcils.

- Qu'est-ce que j'ai manqué ?

- Rien ! Il a besoin de se calmer, marmonna Garsiv et moi je ne dirais pas non à un verre !

OoooO

D'un pas plus lent, la main sur la poitrine, Dastan entra dans sa chambre. L'adrénaline de la bataille et la colère de la dispute avec Garsiv étaient en train de le quitter. Il ne restait plus que la douleur, une douleur qu'il tentait de maîtriser, mais qui devenait de plus en plus présente. Le jeune prince savait qu'il n'était pas gravement blessé, mais combattre c'était prendre des coups et il devait bien reconnaître qu'il en avait prit des sérieux.

D'ailleurs son épaule gauche commençait à lui faire horriblement mal. Il s'était tenu droit pendant toute la fin de la bataille, pendant sa dispute avec Garsiv, mais là, il fallait qu'il s'en occupe. Quelques anciennes mauvaises chutes lui avaient laissées une faiblesse à ce niveau. Elle se déboîtait trop facilement et c'était le cas, là tout de suite. Dastan posa ses armes dans un coin et se redressa. Il prit une inspiration et se donna un violent coup d'épaule dans l'angle du mur. Ses os craquèrent pendant qu'ils se remirent en place et il ne put retenir un cri de douleur. Les larmes lui montèrent aux yeux et il tituba, mais parvint à tenir sur ses jambes. Il haleta de longues minutes, puis la douleur diminua. Délicatement, il manipula son épaule. Elle semblait tenir le coup. Il lui fallait du repos et il aurait sans doute un bleu énorme, mais ce n'était pas si mal.

De plus, ce n'était pas la seule partie de son corps qui lui hurlait qu'il avait besoin de repos. Il perçut bien que la fête était en train de se préparer dans le palais. Il savait qu'il y avait sa place. Quoi qu'en dise Garsiv, c'était bien lui, avec son infiltration audacieuse dans le camp de l'ennemi qui avait amorcé sa débâcle, mais il n'avait pas la tête à ça. Les douleurs, la fatigue, le poids de la dispute qu'il n'avait pas voulu... Pas tout de suite en tous cas. Il se rapprocha de son lit et se laissa tomber dessus tout habillé. Il aurait peut-être dû retirer ses vêtements plein de sang et de poussière, son plastron, tout ça, mais il voulait juste dormir et il ferma les yeux.

OoooO

La fête avait été hésitante et puis, après plus d'un mois de privation, tous s'étaient laissé aller. Assis prêt de leur père, en compagnie de ses épouses et de ses enfants, Tus riait. Il semblait heureux et cela amusa Garsiv qui porta la coupe à ses lèvres. Il but une gorgée et tourna une nouvelle fois la tête en direction de la porte. Il semblait guetter quelqu'un, quelqu'un qui ne venait pas et il laissa échapper un soupir.

Sa colère était retombée et il regrettait les mots malheureux échangés avec Dastan. Il avait fallu qu'il se calme pour qu'il comprenne que son frère parlait de lui. Est-ce qu'il avait vraiment failli mourir de faim, seul et abandonné dans les ruelles de la ville quand il était enfant ? Probablement... C'était bien pour cela qu'il avait été touché par ce qui se passait et qu'il avait voulu agir.

Garsiv devait bien reconnaître que sans son initiative, ils n'auraient pas pu remporter la victoire. Il avait amorcé la bataille, mais il avait failli se faire tuer... encore une fois... Garsiv avait été maladroit... Il n'avait pas dit les bons mots parce qu'elle venait de là a colère... de sa peur. S'il n'avait pas compris la manœuvre, s'il n'avait pas chevauché avec ses cavaliers pour le rejoindre, Dastan serait mort... A agir seul, il risquait sa vie... et Garsiv n'aurait pas supporté de ramener un corps sans vie.

C'était ça qu'il aurait dû lui dire : "J'ai eu tellement peur d'arriver trop tard pour te sauver, pourquoi tu ne m'as rien dis ?"

Au lieu de cela, il avait dit des idioties et Dastan ne viendrait pas au repas. Il le connaissait son petit frère, il avait sa fierté. Lui aussi d'ailleurs, mais si l'un des deux ne faisait pas le premier pas... Garsiv soupira et posa sa coupe, s'attirant un regard en coin de son frère aîné.

- Qu'est-ce que tu fais ?

- Je vais chercher un chameau têtu ! Répliqua Garsiv avant de quitter la pièce.

D'un pas rapide, il remonta les couloirs, pensant à ce qu'il allait dire en se retrouvant face au regard noir rempli de reproches de son frère. Il soupira et se planta devant la porte de sa chambre. Il donna deux ou trois coups sur le bois, mais ne reçut aucune réponse. Il avait l'air de bouder sérieusement !

- Dastan ! Allez ! Je voudrais te parler !

Toujours pas de réponses... Bon, il allait devoir passer aux grands moyens. Il prit donc une inspiration et poussa la porte de la chambre.

- Dastan, dit-il en rentrant, je crois qu'il faut qu'on parle, nous ne nous sommes pas compris et...

Garsiv s'immobilisa brutalement. Dastan ne lui répondait pas parce qu'il était étendu sur son lit, inerte et la peur lui serra subitement les entrailles. Garsiv ferma la porte et courut au lit de son cadet.

- Dastan ?

Il semblait dormir, mais sa peau était blanche, bien trop blanche. Doucement, il glissa sa main sur son front et recueillit un grognement.

- On ne peut pas dormir dans ce palais ?

Un léger sourire se dessina sur le visage du deuxième fils du roi Sharaman. Il n'était pas blessé, mais il semblait totalement exténué, ce qui n'était pas forcément mieux. D'ailleurs, il avait grogné sans même ouvrir un œil, d'une voix pâteuse et endormie. Garsiv passa la main dans ses cheveux et les lissa à l'arrière. Il le sentit frémir de douleur lorsque ses doigts effleurèrent une coupure dans son cuir chevelu. Il fronça les sourcils et se pencha, observant la coupure sans gravité. Son frère avait la tête dure !

En revanche, sous son plastron et ses spalières, il remarqua un hématome de belle taille au niveau de son épaule gauche. Garsiv fronça les sourcils. Un bleu de cette taille nécessitait l'utilisation d'un onguent, hors il était clair qu'il n'avait rien fait. Il avait à peine retiré ses armes. Garsiv soupira et fit glisser ses doigts sur les lanières de cuir. Habilement il lui retira sa spalière et découvrit son épaule entièrement bleue. C'était spectaculaire et il la palpa doucement, ne sentant rien de casser. Globalement, ce n'était pas grave, mais douloureux. Il posa sa main sur l'hématome brûlant. Il avait aussi besoin d'eau pour rafraîchir son muscle malmené. Il devait avoir mal pendant qu'ils se disputaient, pourquoi il n'avait rien remarqué ? C'était son rôle de frère non ?

Il retira sa main de son épaule et défit son plastron. Dastan grogna faiblement sans vraiment se réveiller et Garsiv sursauta. Sa poitrine était encore plus marquée que son épaule. Il posa la main sur son torse et la fit glisser sur ses côtes. Son frère siffla de douleur et entrouvrit les yeux.

- Tu me fais mal…

- Tu as au moins trois côtes de casser. Tu as besoin d'un guérisseur et…

- Laisse-moi dormir.

- D'accord, laisse-moi m'en occuper.

Garsiv se leva et se rapprocha des étagères de son cadet. Il se mit à fouiller et secoua la tête en découvrant le nombre de pot d'onguents de toute sorte. Il avait traité son frère d'irresponsable, mais ce n'était pas vrai. En revanche, il était vrai qu'il prenait tous les risques pour limiter le nombre de pertes humaines parmi leurs guerriers. Il respectait la vie. Il en connaissait la valeur, mais la sienne était toujours bonne à mettre dans la balance pour sauver celle des autres. Combien de fois il s'était occupé de lui seul, sans leur demander leur aide ? Se demanda-t-il en tournant la tête en direction du lit où Dastan était toujours étendu. Il soupira. Aujourd'hui, il était juste trop épuisé pour le faire en tous cas. Garsiv prit les onguents les plus efficaces et se rapprocha du lit de son petit frère.

Il les posa à côté de lui et ouvrit un pot pour masser son épaule. Dastan gémit et son aîné murmura.

- Laisse-moi faire. Tu l'avais déboîté ?

Dastan ouvrit un peu les yeux et murmura dans un souffle.

- Une mauvaise chute en voulant échapper aux gardes quand j'étais gosse. Les coups violents la démette, mais j'arrive toujours à la remettre en place.

Garsiv frémit. Cela faisait deux fois qu'il parlait de ses années d'enfant des rues aujourd'hui, deux fois qu'il lui rappelait que sa vie avait été une lutte.

- Faut que tu fasses attention, si un jour elle finit par se briser, tu…

- Il me restera l'autre, répondit en souriant Dastan.

Il faisait de l'humour noir, c'était qu'il allait bien. Garsiv finit de s'occuper de son épaule et le fit basculer doucement sur le dos. Dastan lui fit les gros yeux, mais Garsiv le prit de court.

- Pas de protestation. Tu sais très bien que des côtes cassées ça peut être sérieux. Je vais te faire un bandage pour les tenir en place.

- Tu sais que tu n'ais pas obligé, répondit Dastan d'une voix endormie. C'est la fête en bas et…

- Je suis désolé, le coupa Garsiv de manière un peu brutale tout en appliquant un onguent apaisant sur ses côtes blessées.

Un éclair d'incompréhension passa dans le regard bleu de son cadet.

- Désolé ?

- J'ai eu peur Dastan. Si j'avais su ce que tu préparais, j'aurais anticipé un vrai soutien. Tu n'avais qu'une poignée d'hommes, qu'est-ce qui ce serait passé si j'étais arrivé trop tard… Si tu avais eu plus grave que trois côtes de casser.

- Attends, tu t'inquiètes pour moi ?

- Qu'est-ce que tu crois ?

Dastan esquissa un sourire et s'apprêtait à se moquer de lui lorsque Garsiv pressa un peu plus fort ses côtes. Cela lui arracha un glapissement de douleur et il adressa un coup d'œil furieux à son frère, mais ce dernier le fit pivoter doucement pour lui faire un pansement.

Une fois que se fut fait, il le laissa se pelotonner sur le côté, comprenant bien qu'il tentait de ne pas lui montrer qu'il avait mal et tapota son bras.

- Essaie de dormir un peu.

Dastan esquissa un sourire.

- Je dormais avant que tu me réveilles, marmonna-t-il en fermant les yeux.

Son corps frémit. Oui, il avait mal. Il ne voulait pas le montrer, mais il avait réellement mal, ce qui était normal. Alors, Garsiv posa les pots d'onguents sur le sol et se laissa basculer sur le bord du lit de son frère.

- Qu'est-ce que tu fais ?

- Tu as mal alors je reste là.

- Garsiv…

- Chut… Ne dis rien. Je retournerais à la fête quand tu te seras endormi.

- Ça ne sera pas long alors, chuchota Dastan en appuyant sa tête contre l'épaule de son frère.

- Ça dépend, répondit Garsiv en faisant passer son bras sous le cou de celui-ci.

Dastan esquissa un sourire et enfouit sa tête sur son épaule tout en frémissant.

- Je ne voulais pas non plus te dire ça, tu sais, je…

- Chut… le coupa Garsiv en caressant doucement ses cheveux. On va dire que nous étions encore sous le coup de l'adrénaline. Promets-moi juste de ne pas te lancer dans de telles actions sans le dire. Je peux être là pour assurer tes arrières tu sais, et ça ne fait pas de toi un faible ou un guerrier moins méritant, petit frère, d'être un peu plus organisé et prudent.

Garsiv attendait une réponse, mais elle ne vint pas. Intrigué, il baissa les yeux et se rendit compte qu'il dormait. Il sourit et continua à lui caresser la joue. Il voulait attendre qu'il s'endorme avant de retourner à la fête, mais finalement, il était mieux ici que là-bas et il ne tarda pas à s'endormir à son tour.

Les deux frères dormaient toujours paisiblement dans les bras l'un d'un l'autre lorsque Tus, un peu éméché, décida de les chercher. Un sourire se dessina sur son visage.

- Bon finalement, ils n'ont pas eu besoin de la fête pour se réconcilier...

Sans bruit, il tira donc la porte et les laissa dormir.