Bonjour à tous !

Ce texte est... Un cadeau de Noël. Ne rigolez pas, c'est très sérieux :p Le Secret Santa du Forum Francophone consiste à offrir un OS de Noël à quelqu'un et, suite à un imprévu indépendant de la volonté des organisatrices, j'ai dû remplacer un auteur au pied levé pour permettre à Black666 d'avoir un cadeau - en retard, mais un cadeau quand même.

Blacky, voici donc ton cadeau, il m'a donné un peu de fil à retordre mais j'espère très sincèrement qu'il te plaira quand même. Je te souhaite une bonne lecture, et toutes mes excuses que tu aies dû l'attendre aussi longtemps.

ENJOY !


(Première année)

Sirius hasarda prudemment un regard autour de lui. Les baldaquins rouge et or autour des lits l'empêchaient de se persuader qu'il avait juste mal entendu la décision du Choixpeau. Gryffondor. Pourquoi avait-il annoncé cette maison, à la surprise générale ? Il n'avait qu'à moitié compris ce qu'il lui avait murmuré, pendant qu'il l'avait sur la tête. Je devrais t'envoyer à Serpentard comme toute ta famille, mais j'ai le pressentiment que ce n'est pas cette maison qui fera ressortir ton véritable potentiel. Cette décision, ce mot, Gryffondor, était tombé comme un couperet, comme une sentence irrévocable. Et maintenant il était là, assis sur ce lit rouge et or, à se demander où est-ce qu'il avait merdé lors de sa répartition, ce qu'il faisait là – et comment ses parents allaient le prendre.

- Tu as l'air d'un condamné à mort qui s'avance vers le voile, nota une voix devant lui. Tu n'es pas heureux d'être ici ?

Il releva la tête vers celui qui venait de parler. Des cheveux noirs, des yeux noisette, un visage vaguement familier sans qu'il ne parvienne à resituer pourquoi ou quand il avait bien pu le rencontrer par le passé. Sa question le prit au dépourvu. Était-il censé être heureux d'être à Poudlard ? Heureux d'être à Gryffondor ? Le garçon sembla remarquer que sa remarque l'avait encore plus perturbé – et que ce n'était pas l'objectif qu'il recherchait. Il esquissa un sourire et tendit sa main.

- Je m'appelle James. James Potter. Ta tête me dit quelque chose, on s'est pas déjà croisés ?

Potter. Oui, maintenant il savait d'où lui venait cette sensation familière. Il serra sa main en répondant :

- Sirius Black. Nos familles étaient ensemble à une réception donnée par les Bulstrode, ça fait quelques années maintenant. On devait avoir cinq ou six ans.

Un doute le saisit pendant qu'il cernait le visage de James et il reprit :

- Attends voir… C'était pas toi, le gosse qui avait volé la baguette de sa mère et propulsé un saladier entier de jus de citrouille sur mon père ?

- Ah c'était ton père ? Je me souvenais de l'engueulade que j'avais prise par mes parents mais jamais de qui avait reçu le saladier… Cela dit, ça explique peut-être pourquoi nos familles ne se sont plus jamais revues après…

Sirius avait esquissé un sourire face à la remarque et l'insouciance de James, mais il le fit disparaître aussitôt. De mieux en mieux pour faire passer la pilule de sa répartition à ses parents.

- Pourquoi tu tires cette tête d'enterrement ?

- Je… Les Black sont censés aller à Serpentard. Mes parents ne vont pas apprécier ma répartition ici. Et… Ne le prends pas mal, mais je doute que le fait d'être avec toi plaide en ma faveur auprès de mon père.

- Ce n'est que ça ! s'étonna James. Relax, on va bien trouver d'autres arguments ! Au pire, on ne lui parlera pas de moi, seulement des autres du dortoir !

James se retourna vers le garçon à côté du lit de Sirius qui avait suivi timidement leur conversation sans oser intervenir. Le regard de James sembla le convaincre qu'il pouvait les rejoindre et il esquissa un sourire rassuré en se levant.

- Peter Pettigrow, se présenta-t-il. Mes parents sont des moldus, on n'avait jamais entendu parler de cette école, de magie ou de… De tout ça, avant que le professeur McGonagall ne vienne nous voir. Du coup il n'y a aucune chance que nos familles se connaissent, je suppose ?

- Aucune, en effet, sourit tristement Sirius.

Peter ne sembla pas comprendre pourquoi sa présentation n'avait pas rassuré Sirius et pourquoi parler de lui n'aiderait pas à arranger la situation, mais James le rassura :

- Enchanté, Peter. Et toi, demanda-t-il en s'adressant au dernier garçon pâle resté assis sur son lit, tu es ?

- Remus Lupin, répondit-il timidement.

Sirius tiqua légèrement et releva la tête vers lui.

- Lupin… De la famille de Lyall Lupin, celui qui s'est mis à dos toute la famille Greyback et par transition toute la famille Malefoy ?

Remus sembla devenir encore plus pâle à l'idée que Sirius en sache autant et il répondit imperceptiblement :

- C'est mon père.

Remus semblait terrorisé à l'idée de rajouter quoi que ce soit d'autre sur le sujet et James, sentant un silence gêné tomber sur le dortoir, conclut avec un sourire :

- Eh bien voilà ! Tu sais quoi écrire à ton père, du coup ! Si tu veux, je te l'écris, ta lettre. Un truc du genre… Chers parents. Je suis bien arrivé à Poudlard, j'ai été réparti à Gryffondor. Je me suis déjà fait plein de nouveaux amis, notamment le fils de l'ennemi numéro 1 de vos partenaires d'affaires, un né-moldu, et le sale gosse qui avait fait prendre une douche de jus de citrouille à Père il y a quelques années. Soyez sûrs qu'à nous quatre, on formera une chouette équipe. Bien à vous, votre fils. Tu verras, présenté comme ça, le nom de ta maison devrait passer crème !

Sirius dévisagea James quelques secondes en digérant sa proposition. Il avait esquissé un sourire en l'entendant dicter sa lettre et, l'espace d'une seconde, l'image de son père en train de lire cette lettre lui traversa l'esprit. Un léger rauque sortit instinctivement de sa gorge. La tête de son père se clarifia dans son esprit et un deuxième rauque plus fort, ressemblant étrangement à un aboiement de chien, s'échappa à nouveau. Les rauques s'enchaînèrent pendant qu'il était secoué de rire, incapable de se calmer ni d'enlever de son esprit cette image de plus en plus nette et hilarante, et il réalisa que son rire sonnait aussi bizarrement tout simplement parce que c'était la première fois de sa vie qu'il riait autant. Et même si cette sensation était bizarre et inconnue, il l'aimait beaucoup trop pour avoir envie de faire le moindre effort pour se contrôler et savoura pendant une longue minute ces spasmes et cette vision et ce bruit que sa gorge finissait par réussir à maîtriser pour en faire un véritable rire – qui se rapprochait tout de même du rauque d'un aboiement de chien. Face à lui, James souriait et, même s'il paraissait avoir compris pourquoi le rire de Sirius sonnait aussi bizarrement, il semblait avant tout savourer le fait de le voir rire autant, d'avoir réussi à le rassurer et le faire se sentir à l'aise. Sirius releva la tête, croisa le regard noisette rieur du garçon en face de lui et, soudainement, il eut sa réponse à la question que James lui avait posée un peu plus tôt : Il n'y avait en effet aucune raison qu'il ne soit pas heureux ici.


(Deuxième année)

- Toc toc toc.

Sirius leva les yeux vers la fenêtre de sa salle commune, où un hibou attendait avec un paquet accroché à la patte. Il sauta du canapé sur lequel il était étalé pour aller lui ouvrir. Le paquet semblait pour lui – ce qui n'était pas surprenant, il était le seul élève de la maison à être resté à Poudlard pour les vacances de Noël. Il le déballa pour découvrir un miroir accompagné d'une lettre :

Salut Sirius,

Même si mes parents m'ont obligé à rentrer avec eux pour fêter Noël avec toute une partie de ma famille complètement inconnue, je n'ai pas renoncé à l'idée que c'était avec toi, à la base, que je voulais passer ce Noël. J'ai possiblement dû demander un coup de main à droite et à gauche, mais le résultat est là : Ceci est un miroir à double-sens. J'en ai un identique. Tu n'as qu'à prononcer mon nom devant le miroir pour que le mien chauffe et dès que je l'aurai également pris, on pourra se voir et discuter. N'hésite pas à m'appeler dès que tu le reçois, j'ai plein de choses à te dire. Comme ça, peu importe où nos parents nous obligeront à être, on sera assurés de ne jamais être complètement séparés.

Passe un joyeux Noël et à tout de suite par le miroir !

James

Il contempla quelques secondes le miroir ainsi que la lettre. Il avait beau côtoyer James depuis plus d'un an, il y avait toujours quelque chose qui le laissait dubitatif dans leur amitié. Lui-même adorait James, mais comment James pouvait-il l'adorer à ce point ? Qu'avait-il en lui, que James voyait alors que lui-même savait qu'il n'y avait rien, qui donnait à son ami autant envie de tout faire pour lui, d'être toujours là pour lui et de toujours trouver les mots et les gestes qui le faisaient se sentir bien ? Plus les jours avaient passé depuis leur rentrée et plus il avait réalisé à quel point la prédiction de James était vraie : Il avait tout pour être heureux ici. Il était plus heureux qu'il ne l'avait jamais été et il vivait les meilleures années de sa vie. L'angoisse que ce ne soit qu'éphémère était toujours là, bien sûr. Est-ce que le simple fait de prendre conscience de notre bonheur actuel ne signifie pas que l'on est sur une pente descendante et que l'on perdra bientôt tout ce qui nous rend heureux ? Il avait envie de penser que oui, que ce bonheur prendrait fin beaucoup plus vite qu'il ne le pensait. Mais pourquoi ? Il n'y avait aucune raison que son amitié avec James, Remus et Peter prenne fin, aucune raison qu'ils soient séparés avant la fin de leur septième année. Aucune raison que cette période où chaque seconde le rendait heureux ne dure pas encore un bon moment. Il soupira et secoua la tête. Peu importe combien de temps cela durerait. Autant en profiter au maximum à cet instant. Il plaça le miroir devant lui et murmura :

- James Potter.


(Troisième année)

- Waouh ! C'est ça, Pré-au-lard ? demanda Peter avec les yeux écarquillés. C'est super classe !

- C'est vrai que je ne m'attendais pas du tout à ça, par rapport à ce qu'on en voit la nuit quand le train arrive, admit Remus. Vous voulez aller dans un endroit en particulier ?

- J'ai entendu dire qu'il y avait un super magasin de farces et attrapes ! approuva James. On va voir de quoi il retourne ?

- Sinon à côté, il y a un magasin de fournitures scolaires… fit remarquer Remus.

- Va pour les farces et attrapes ! confirma Sirius.

Remus soupira imperceptiblement mais sembla se résigner à les suivre sans rien ajouter d'autre. Deux heures plus tard, ils finissaient de faire le tour de l'ensemble des boutiques et atteignaient le bout du village, devant la barrière empêchant l'accès à la cabane hurlante. Ils avaient entendu dans le bar de Madame Rosmerta la rumeur selon laquelle elle était hantée par des fantômes particulièrement bruyants, et Remus avait semblé rassuré par l'idée que personne ne soupçonnait ce qu'il en était vraiment. Sirius s'appuya contre la barrière en détaillant la campagne et les montagnes derrière la cabane.

- Tu viens Sirius ? … Sir' ? insista James devant son silence.

James se retourna vers lui et Sirius demanda :

- Qu'est-ce qui se passerait si on ne revenait pas ? Si on passait cette barrière, qu'on s'enfuyait de Poudlard et qu'on ne revenait jamais ?

- Il se passerait que je te stupéfixerai pour te ramener à Poudlard par la peau du cou, répondit immédiatement Remus. Qu'est-ce qui te fait dire ça ?

- Je sais pas… Ça ne vous gonfle pas, la routine des cours, des semaines d'études et des vacances pour nous préparer à un avenir qui risque de ne pas exister avec la montée de Voldemort ? Qu'est-ce qui nous retient ? Pourquoi on ne s'en irait pas maintenant ?

Remus hésita quelques secondes. Lui-même avait sa réponse à sa question : Ce qui le retenait, c'était sa famille, c'était son envie d'apprendre et de savourer le bonheur d'être Poudlard après s'être persuadé que sa condition de loup-garou l'empêcherait de venir, sa lutte permanente pour devenir autre chose que l'un des milliers de loup-garou vagabonds qui se cachent du monde des sorciers vingt-huit jours par mois. Mais comment le répondre à Sirius ? Comment lui dire que sa propre famille le retenait alors que celle de Sirius l'incitait au contraire à s'enfuir, comment lui expliquer qu'ils avaient besoin de ces connaissances alors que Sirius n'avait besoin que de quelques manuels pour tout maîtriser seul ? Comment lui expliquer que c'était à Poudlard qu'était son avenir, alors qu'il aurait légitimement toutes les raisons de penser l'inverse ?

James s'était rapproché de Sirius, s'installant à côté de lui contre la barrière.

- Ce qui nous retient, c'est qu'on a besoin de continuer à grandir et étudier en sécurité pour avoir une chance de survivre dehors. Si on s'en allait maintenant on ne tiendrait pas deux semaines… On a besoin d'être ensemble et sans métamorphose humaine, on ne pourra pas rester avec Remus. Laisse-nous le temps de devenir autre chose qu'une bande de petits cons de 13 ans qui se sont mis dans la tête de devenir des animagus. Et quand on sera une bande de petits cons de 17 ans qui ont réussi à devenir des animagus, ce jour-là promis, on s'en ira.

Sa conclusion arracha un léger rire à Sirius. Peu importe à quel point il aimait Peter et Remus, dans ses moments de doute, c'était toujours James qui arrivait à trouver les mots pour le rassurer, c'était James qui lui rappelait pourquoi la voie de la raison était la meilleure. C'était James qui le persuadait qu'il était en train de vivre les plus belles années de sa vie, et qu'il n'y avait qu'avec lui, avec eux, que cela avait une chance de continuer encore un peu.


(Quatrième année)

- Attendez un peu que je vous attrape, vils marauds ! rugit Rusard.

James et Sirius montèrent en courant l'escalier du hall, poursuivis par le concierge et survolés par Peeves qui commentait la scène à l'aide d'une louche en métal qu'il tenait à la façon d'un micro :

- Et Blacky et Potty prennent de l'avance et tentent de semer Rusy qui n'a pas dit son dernier mot, on le voit d'ailleurs prendre un raccourci pour essayer de les rattraper à l'arrivée, ah là là quelle course messieurs-dames, jamais on n'avait vu le concierge de cette école courir aussi vite depuis l'invasion de cafards de 1923 ! Rusy sort de la tapisserie et se place devant nos deux coureurs qui… Ouiii, ils l'esquivent, Black saute par-dessus son balai tendu en embuscade pendant que Potter passe habilement à côté de lui, et ils reprennent leur course ! Ils attaquent vaillamment la montée de l'escalier du deuxième étage, ne sont pas freinés par la teigne qui sert de chat au concierge et continuent leur ascension… Ah mais que vois-je ? Ils semblent montrer des signes de fatigue et d'essoufflement pendant que Rusard gagne du terrain, ah ça non mesdames et messieurs ça ne se passera pas comme ça, foi de Peeves !

Peeves descendit à la hauteur de James et Sirius :

- Par ici les marauds ! Il y a une planque qu'il ne connaît pas !

Ils le suivirent instinctivement en donnant toutes les forces qu'il leur restait pour prendre suffisamment de distance sur Rusard, et atteignirent un couloir en cul-de-sac.

- La statue de la sorcière borgne, un coup de baguette sur sa tête et vous plongez à l'intérieur !

Sirius s'exécuta instinctivement et la statue se referma sur eux quelques secondes avant que Rusard ne déboule dans le couloir. L'endroit où ils avaient atterri était complètement obscur mais aucun d'eux deux ne s'en préoccupa. Ils tendirent l'oreille :

- PEEVES ! Où sont-ils ?

- Aucune idée, monsieur. Je vous jure pourtant que j'ai tout fait pour les retenir et les inciter à se rendre sans faire d'histoires mais…

James et Sirius ne comprirent qu'à moitié le flot de jurons entrecoupé de bruits métalliques, probablement produits par la louche de Peeves récupérée par le concierge et qu'il essayait de jeter en direction de l'esprit frappeur. Les bruits s'éloignèrent et s'estompèrent, et Sirius relâcha sa respiration sans retenir un léger rire de soulagement. A ses côtés, il entendit également James lâcher un rire qui lui confirma qu'ils avaient réussi : Ils avaient complètement englué d'ectoplasme tout le couloir entre la salle commune des Serpentards et le hall et ils avaient échappé à Rusard. La vision du couloir rempli de substance verte fluo revint dans la tête de Sirius qui lâcha un nouvel éclat de rire, immédiatement suivi par James. Leur fou rire devint contagieux et, dans l'obscurité, Sirius sentit son front s'appuyer contre l'épaule de James pendant qu'il luttait pour rester debout en étant secoué de rire dans cet espace sombre et trop étroit. James le soutenait légèrement en peinant lui-même à se calmer, et, l'espace d'une seconde, Sirius songea que James avait réussi son pari. Qu'il lui avait promis de lui faire oublier l'été qu'il avait passé chez ses parents, de lui faire oublier que les cicatrices qui zébraient son dos le brûlaient encore, et qu'il lui ferait se souvenir à la place de qui il était, de comment il se comportait quand il était véritablement heureux et à l'abri de toute menace de punition corporelle, et de pourquoi il vivait malgré tout les plus belles années de sa vie. James avait réussi. Bientôt, ils parviendraient à se ressaisir et reprendre leur souffle, à allumer leurs baguettes et à explorer ce passage secret indiqué par Peeves avant d'en faire profiter Remus et Peter. Mais pour l'instant, ils s'en fichaient. Pour l'instant, il n'y avait que ce fou rire et leur proximité et son front appuyé sur l'épaule de James et James, dont il sentait la respiration chaude contre son cou, qui le soutenait en luttant lui-même pour tenir debout. Le tout accompagné de la certitude qu'il resterait éternellement aussi heureux qu'en cet instant, tant qu'il resterait auprès de James.


(Cinquième année)

- Je m'ennuie, dit Sirius. J'aimerais bien que ce soit la pleine lune.

- Espère toujours, grommela Remus derrière son livre.

- Tiens, voilà de quoi t'amuser un peu, Patmol. Regarde qui est là…

- Parfait… Servilus.

Rogue se relevait et rangeait le questionnaire des BUSE dans son sac. Sirius et James se levèrent à son tour et James lança d'une voix forte :

- Ça va Servilus ?

Rogue lâcha son sac par réflexe et sa baguette était à moitié levée lorsque James cria :

- Expelliarmus !

La baguette magique de Rogue fit un bond de quatre mètres dans les airs et retomba derrière lui avec un bruit mat. Sirius éclata de rire en pointant sa propre baguette.

- Impedimenta !

Autour d'eux, un cercle d'élèves s'étaient levés et regardaient.

- Alors, comment s'est passé ton examen, Servilo ? demanda James.

- Chaque fois que je le regardais, son nez touchait le parchemin. Il va y avoir de grosses taches de gras sur toute sa copie, ils ne pourront pas en lire un mot.

Un éclat de rire général résonna autour d'eux et Sirius se surprit à fermer les yeux une fraction de seconde pour le savourer tout en riant lui-même. L'intervention de Lily lui fit retrouver son sérieux quelques instants, l'attaque de Rogue contre James l'effraya trois secondes – le temps de s'assurer qu'il ne l'avait pas atteint gravement, mais finalement, Lily s'en alla, James suspendit Rogue dans les airs et les éclats de rire autour d'eux reprirent de plus belle. Et même si James ne semblait pas prêter d'importance à la coupure sur sa joue, même s'il savourait les hurlements de rire autour de lui pendant qu'il enlevait le caleçon de Rogue, Sirius ne pouvait pas s'empêcher de ressentir une pointe de culpabilité. Parce qu'il savait très bien pourquoi James faisait tout ça. Pourquoi, au-delà de la volonté de s'amuser en se défoulant sur Rogue, il faisait tout cela parce qu'il lui avait dit « Je m'ennuie » et que James avait entendu « Je ne vais pas tarder à angoisser quant à l'été qui m'attend chez mes parents s'il n'y a pas rapidement quelque chose pour me distraire ». Alors James lui avait donné autre chose auquel penser, une dernière raison de rire et de se sentir bien et donc, d'oublier tout ce qui se passera par la suite. Parce que c'était James, parce que c'était le mec qui avait été choqué le soir de leur rentrée de voir qu'il ne pensait pas être heureux à Poudlard et qu'il avait juré depuis de tout faire pour lui prouver, à chaque seconde, que l'inverse était possible et que ces sept années seraient définitivement les plus belles de sa vie.


(Sixième année)

- Ça fait un moment que James est parti, non ? nota Peter.

Sirius jeta un œil à l'horloge de la salle commune et acquiesça. Il était juste redescendu dans le parc voir si c'était là-bas qu'il avait oublié un de ses livres de cours, mais cela faisait maintenant une demi-heure. Fronçant les sourcils, il attrapa la carte du maraudeur dans son sac.

- Je jure solennellement que mes intentions sont mauvaises.

La carte se dessina sous ses yeux et il repéra rapidement le point marqué « James Potter » dans le parc. Au milieu d'une dizaine d'autres points qui l'encerclaient dos au lac. Severus Rogue, Rodolphus et Rabastan Lestrange, Avery, Nott, Zabini… Il ne prit même pas le temps de tous les parcourir. Étouffant un juron, il jeta la carte dans son sac avant de partir en courant vers la sortie de la salle, ignorant les interrogations de Remus et Peter. Il dévala les escaliers jusqu'au parc et, même s'il eut l'impression de ne prendre que quelques secondes pour atteindre l'endroit où il avait vu James avec les Serpentards, il n'y avait déjà plus personne quand il arriva. Sentant sa respiration s'accélérer en même temps que son inquiétude, il s'obligea à réfléchir calmement. James n'aurait pas pu se défaire seul de toute une bande. Mais il pouvait leur résister et s'ils avaient voulu l'emmener quelque part ailleurs de force – probablement dans leur salle commune ou les cachots – ils n'auraient pas pu le faire suffisamment rapidement pour qu'il ne les croise pas dans le hall. Le plus probable était que les Serpentards soient partis après s'être déchaînés sur lui. Et s'il était resté ici seul, blessé, humilié, où aurait-il pu aller ? La réponse était évidente. Il rejoignit en quelques foulées le saule cogneur, bloqua le nœud à l'aide d'une branche et se faufila dans le passage secret en dessous. Il ne mit que quelques minutes à remonter dans la cabane hurlante. James était allongé sur le lit de la plus grande pièce. Sa robe était largement déchirée à plusieurs endroits et son visage et ses bras portaient des grandes coupures dont certaines saignaient légèrement. Un hématome violacé s'était dessiné autour de son nez visiblement cassé et il tremblait légèrement mais sans discontinuer.

- Bon sang… Ça va Cornedrue ?

Il s'assit à côté de lui et James acquiesça d'un léger signe de tête. Sirius posa une main sur son épaule et constata que sa peau était glacée et ses cheveux encore légèrement mouillés. Il n'eut pas de mal à imaginer les Serpentards le propulser dans le lac et, d'un coup de baguette, il fit apparaître une couverture sur laquelle il jeta un sortilège chauffant. Il l'étendit sur James dont les tremblements se calmèrent progressivement.

- Ne bouge pas, souffla doucement Sirius. Episkey.

James grimaça de douleur quand son nez reprit sa forme habituelle dans un craquement mais parut légèrement soulagé aussitôt après. Sirius jeta un œil sur les coupures qui zébraient son corps, visibles à travers les déchirures de sa robe. Aucune ne paraissait grave ou profonde.

- Tu as d'autres blessures ? s'inquiéta-t-il.

- Non, souffla James. C'était surtout mon nez qui me faisait mal…

- Tu veux que j'aille te chercher des potions anti-douleur ?

- Ça va aller. Je… Tu veux bien rester avec moi ?

- Bien sûr.

Sirius contourna le lit pour monter dessus et s'allonger à côté de James. Il posa précautionneusement une main sur son épaule et ce simple contact sembla achever de le rassurer et de le détendre. Parce qu'il le connaissait et que Sirius savait qu'en ce moment, il n'avait besoin ni d'un interrogatoire sur ce qu'il s'était passé, ni des réprimandes de Mme Pomfresh, ni de l'inquiétude de Remus et Peter. Qu'il n'avait besoin que de sa présence qui lui avait beaucoup trop manquée lorsqu'il était seul face aux Serpentards, que de lui, et même si Sirius connaissait suffisamment bien James pour être persuadé de ça, ce sentiment restait tout de même étrange. Considérer quelqu'un comme son meilleur ami est une chose, réaliser que l'on est soi-même le meilleur ami de quelqu'un, que l'on est celui qu'il veut à ses côtés à cet instant précis, en est une autre complètement différente et beaucoup plus inconnue. Et même si cela lui brisait le cœur de voir James dans cet état, même s'il s'en voulait de ne pas avoir surveillé la carte du maraudeur plus tôt pour intervenir et le défendre à temps, à cet instant précis, il n'aurait voulu être nulle part ailleurs qu'à côté de James pour le soutenir, le réconforter et l'aider à sourire à nouveau autant que James lui-même l'avait fait pour lui un nombre incalculable de fois.


(Septième année)

James, Sirius et Lily posèrent leurs capes sur les chaises autour de la table des Trois Balais, mais James resta debout.

- Vous voulez boire quoi ?

- Tu ne veux pas que j'y aille ? s'étonna Sirius.

- Non, ne t'inquiète pas. Dis-moi.

Ils commandèrent chacun une biéraubeurre et James s'éloigna vers le bar pendant que Sirius et Lily s'asseyaient.

- Tu ne m'en veux pas de te priver des balades à Pré-au-lard seul avec ton meilleur ami ? s'étonna Lily.

Sirius éclata d'un rire surpris et amusé.

- Pourquoi je t'en voudrais ? J'ai déjà James pour moi tout seul pendant toutes les vacances. Et puis… Tu n'es pas la personne de Poudlard la plus difficile à supporter. Ça change agréablement de vous voir ensemble sans que tu ne lui hurles dessus ! ajouta-t-il avec un sourire.

Lily rigola légèrement et haussa les épaules :

- Ça change agréablement de le voir autrement que comme le crétin arrogant qu'il était ces dernières années, nota-t-elle. Tu as une idée de ce qui a pu le faire changer autant ?

- On a tous grandi, dernièrement. Le fait qu'on se retrouvera dans le monde extérieur d'ici quelques mois, ça a de quoi te mettre un peu de plomb dans la cervelle…

James revint avec les trois pintes de biéraubeurre qu'il posa devant eux. Ils trinquèrent rapidement mais Sirius ne put s'empêcher de continuer à réfléchir à la question de Lily. Il était indéniable que James et lui avaient mûri ces derniers temps. Était-ce juste parce qu'ils grandissaient, à cause de l'imminence de leur sortie dans un monde où Voldemort faisait régner la terreur, à cause de la raclée que James avait prise en fin d'année dernière par les Serpentards ? Probablement un mélange de tout ça. Quand James avait commencé à sortir avec Lily, il s'était effectivement demandé à quel point tout allait basculer, à quel point il allait perdre son meilleur ami, à quel point les plus belles années de sa vie étaient doucement en train de toucher à leur fin. Il réalisait à quel point il s'était planté sur toute la ligne. Il s'était attaché à Lily et au couple qu'ils formaient autant qu'il était attaché à James, il appréciait tout autant de passer du temps avec eux deux, et savourait le fait de voir James plus heureux qu'il ne l'avait jamais été. La perspective de leur sortie de Poudlard ajoutait bien sûr une ombre au tableau, et peut-être que dans quelques mois, effectivement, ces années de pur bonheur prendront fin de façon beaucoup trop brutale. Tant pis. Si vraiment il abordait dès maintenant une pente descendante et qu'il ne lui restait plus beaucoup de temps à vivre un tel bonheur, alors autant en profiter au maximum tant qu'il le pouvait.


(Dernière année)

Sirius frappa trois fois à la porte et entra directement dans la maison.

- I'iuuuus ! cria une voix avant qu'un boulet de canon ne le frappe en plein ventre.

Ses bras s'étaient refermés instinctivement sur Harry qui lui avait foncé dessus avec son balai-jouet et il reprit difficilement sa respiration tout en soulevant l'enfant dans ses bras.

- Salut mon bonhomme ! Comment tu vas ?

Harry gazouilla une suite de syllabes incompréhensibles avec un enthousiasme débordant et Sirius le cala plus confortablement dans ses bras pendant que James arrivait également dans le hall.

- Je t'avais prévenu que ton cadeau était une arme de destruction massive, sourit-il.

- Il faut bien qu'il se dépense, ce petit bonhomme ! Comment ça va, toi ?

- Ça peut aller.

Sirius n'en avait pas besoin de plus pour comprendre la réponse de James. Il savait qu'il s'en voulait de se cacher quand d'autres membres de l'Ordre du Phénix passaient leur vie à se battre sur le terrain, qu'il étouffait enfermé dans cette maison surprotégée et que cet enfermement était d'autant plus insupportable qu'il ignorait complètement combien de mois ou d'années cela allait encore durer. Sirius s'efforçait de passer le maximum de son temps libre avec eux, avec lui surtout. C'était lui qui supportait le moins cette situation et Lily lui avait déjà glissé que seules ses visites arrivaient à le rendre un peu moins maussade. James ramena des biéraubeurres pendant que Sirius s'installait sur le canapé avec Harry sur ses genoux.

- Des nouvelles de dehors ? s'inquiéta James.

- Pas grand-chose, non. C'est assez calme en ce moment. Peu importe ce que prépare Voldemort, au moins, ça nous laisse le temps de souffler et de nous réorganiser. Peut-être même de préparer une contre-attaque.

L'expression du visage de James se ferma légèrement.

- Je devrais en être. Si on a une opportunité de l'attaquer avec une réelle chance de mettre fin à tout ça, vous aurez besoin de tout le monde.

- On n'y est pas encore, Cornedrue, assura Sirius. Je vais en parler à Dumbledore. D'ici qu'on soit vraiment sur le pied de guerre, on a le temps de voir venir. C'est inutile que tu prennes le risque de sortir d'ici tant qu'on n'est pas prêts.

James acquiesça d'un léger hochement de tête et Sirius sourit :

- Ça ne durera plus longtemps, OK ? Quelques semaines. Quelques mois tout au plus. Moins d'un an, dans tous les cas.

- Tu le penses vraiment ? demanda James d'un ton sceptique.

- Je l'espère, et on a de bonnes raisons d'y croire. Note bien la date : Dans un an, soit très exactement le 30 octobre 1982, on aura mené cette attaque qui aura mis fin à Voldemort et on sera tous libres de reprendre nos vies comme bon nous semble !

James esquissa un sourire désabusé. L'enthousiasme de Sirius paraissait surréaliste et pourtant, il avait tout de même beaucoup trop envie d'y croire. Tant pis si leur quotidien s'était assombri de jour en jour après leur sortie de Poudlard, tant pis si la guerre qui faisait rage à l'extérieur semblait au mieux sans fin, au pire perdue d'avance. Ils avaient réussi à rester ensemble et à conserver cet enthousiasme et cette joie de vivre qui les avait caractérisés pendant toutes ces années à Poudlard. Et, si Sirius avait eu des doutes tout au long de ces années, cette fois, il ne s'inquiétait plus. Il avait trop souvent redouté que le bonheur qu'il ressentait tant qu'il restait aux côtés de James finisse par s'estomper ou disparaître, et, à chaque fois, l'avenir lui avait montré à quel point il s'était trompé. Cette fois-ci, il n'en doutait plus. Peu importe les zones d'ombres qui parcelleront leur quotidien, il n'y avait aucune raison que ces plus belles années, celles où ils sont heureux tant qu'ils sont ensemble, ne durent pas éternellement.


Blacky, j'espère que tu me pardonneras cette fin parce que le principal problème de l'histoire de James et Sirius est qu'elle ne peut pas franchement finir bien et... J'espère que ça t'a plu ? Si c'est pas le cas, n'hésite pas à venir me le dire et je t'écrirai autre chose pour me faire pardonner :)

Si d'autres personnes se sont également aventurées par ici, j'espère que ça vous a plu également !

N'oubliez pas que seules les reviews permettent de savoir ce que vous en avez pensé !