BONJOUR A TOUSSSSSSSSSSSSSSSSS !

Et me voilà de retour après une loooongue absence !

Ma vie a été un peu crazy ces derniers temps mais je reviens à une certaine stabilité et notamment en écriture !

Me voici donc avec une nouvelle fic SQ : ca sent le foin, la cowgirl, les balades à chevaux et les ranch en bois ^^

Rien de mieux pour faire une belle fic romantique non ?

Je poste aujourd'hui, mais sachez que, comme d'habitude, je posterai TOUS LES DIMANCHES !

Evidemment, ce dimanche 16 ne compte pas hein, les publications seront régulières à partir du 23/02 !

En attendant... ENJOY !


1. Strass et paillettes.

La foule était en délire : des cris à tout va, la lumière des projecteurs allant d'un bout à l'autre de la scène, les confettis virevoltant au-dessus d'elle, s'écrasant parfois sur son visage, se collant grâce à la sueur. Elle était éreintée mais heureuse : elle faisait ce qu'elle aimait, elle vivait de sa passion. Peu pouvait en dire autant. Elle avait de la chance, elle le savait.

Elle tenait fermement son micro, la sueur avait tendance à le faire légèrement glisser de temps en temps. Elle poussa les dernières notes de sa ballade avant de faire un signe de main et son plus beau sourire à la foule, ses fans. Ce n'était pas son plus gros concert, ni même le plus prestigieux, mais ce genre de de petite salle n'enlevait rien à son charme.

Et lorsqu'elle sortit pour se rendre dans les coulisses, un sentiment de bien-être et de sérénité saupoudrait sa fatigue. En somme, elle était crevée mais heureuse.

« Encore un magnifique concert sœurette ! »

« Merci Lena. Je retourne à ma loge. »

« Je te suis. »

Une tignasse rousse, c'est toujours ce que Regina Mills voyait en sortant de scène. C'était comme un passage obligé, une tradition post-concert. Lena Mills était toujours là pour rassurer sa sœur, la complimenter ou même lui dire ses premières critiques.

Regina s'affala sur le sofa en cuir en soupira bruyamment « Je suis KO. »

« Encore une belle perf' ce soir. Tiens. »

Lena lui envoya une petite bouteille d'eau qu'elle rattrapa au vol « Merci. C'est quoi toutes ces fleurs ? »

« Tes fans qui en avaient plein les bras à l'entrée. »

Regina se leva et, après avoir bu une gorgée d'eau, se dirigea vers toutes les fleurs, embaumant la loge d'effluves fruitées « Elles sont magnifiques. » Son attention se porta sur un énorme bouquet de roses rouge écarlate avec une seule rose blanche en son centre. Elle huma l'odeur presque transcendante du bouquet avant de chercher une carte, qu'elle trouva sous forme d'un cœur rose pâle. Elle l'ouvrit en écarquilla soudain les yeux.

« Gina ? Un problème ? »

« C'est… C'est encore… Lui. »

Elle tendit la carte à sa sœur qui la prit et l'ouvrit « Tu as été parfaite ce soir, comme toujours. A bientôt. » lut-elle « Et merde… »

« Tu disais que c'était des fans avant le concert ? »

« Je… Oui, oui, ils ont tendu leurs bouquets et autres cadeaux… »

« Alors tu l'as vu ?! »

« Non, non je… J'en sais rien, y'en avait une vingtaine de personnes… J'ai pas fais gaffe… »

« … »

« Gina… J'te jure, y'avait tellement de monde… Je… J'imaginais pas qu'il aurait le culot de venir le donner en main propre. »

« … »

« Hey… Ecoute, ne touche plus à rien. Il… Il a peut-être laissé des empreintes sur la carte, quelque part. »

« Il a eu les couilles de venir sur place pour m'apporte un bouquet, tu crois vraiment qu'il aurait fais une telle connerie. »

« Je sais pas, il suffit d'une fois. »

Regina se massa les tempes « Ca fait trois semaines déjà… Et ça empire. Il n'avait jamais été aussi proche… »

« Il ne te touchera pas. Déjà parce que je ne te quitte pas une seule minute. C'est pas pour rien que j'ai emménagé chez toi. »

« Ca ne peut plus durer. »

« Ton appart est sous surveillance, j'ai engagé les meilleurs agents de sécu du pays. Tu as un mouchard dans ton sac, et c'est limite si on ne va pas t'en implanter un sous la peau. »

« Je sais mais… Malgré tout ça… Je sens qu'il se rapproche, inexorablement. Comme une tempête qu'on ne peut empêcher d'approcher. Elle te frappe à pleine puissance et tu ne peux que la subir. »

« Regina, tu es en sécurité avec moi. Tu as toute une équipe autour de toi qui n'est là que pour toi. »

« Je sais… »

« Ce… Connard pense que tu lui appartiens, que vous avez une relation particulière. Il a dit quoi déjà ce flic… Que c'était un psychopathe pervers ? Sérieusement, tu attends quoi pour réagir ? Qu'il se passe un drame ? »

« Que veux-tu que je fasse ? Que j'abandonne ma carrière ? Tout ce pour quoi je me suis battue ces dernières années ? J'ai travaillé dur pour être là où je suis aujourd'hui. Je ne vais pas tout lâché pour ce malade. »

« … » Lena souffla et retomba sur le sofa « Je le sens mal… »

« En attendant, débarrasse-moi de ce bouquet… Et mets les autres dans la voiture. »

Lena s'exécuta, laissant Gina à ses pensées. Seule, elle fixa les quelques bouquets, chocolats et peluches, donnés par les fans Elle n'aurait jamais imaginé générer tant de sentiments et d'émotions contradictoires. Elle avait subi les affres d'internet avec son lot de jalousies, de haine, mais aussi sa passion sans limite… Vraiment sans limite, à l'image de cet homme qui la harcelait depuis trois semaines maintenant. Tout était allé si vite…

Tout avait commencé par une simple rose rouge avec un mot étrange mais anodin aux yeux de Regina. Les choses devinrent plus sérieuses lorsqu'elle reçut chez elle, les premières lettres. D'abord de simples mots sans danger, sans conséquences, puis des tirades enflammées en passant par des paragraphes qui détaillaient des sentiments, déchainant les passions. Jusqu'à détailler des pans de la vie de Regina comme ce qu'elle déjeunait, son rituel de yoga du matin, ou encore la marque de son parfum… Des détails troublants qui alertèrent Regina et la poussèrent à en parler à sa sœur, sa confidente, son manager. Cette dernière avait pris cette menace au sérieux et avait averti la police. Elle avait engagé des gardes du corps, avait investi dans des alarmes et un système de sécurité high-tech. Elle avait même acheté une paire de Doberman pour rôder autour de la villa de sa sœur. Le dernier recours fut d'aller emménager chez elle et de dormir dans la chambre attenante.

Depuis, Regina essayait de vivre aussi bien qu'elle le pouvait entre la parano de sa sœur et l'angoisse de croiser son harceleur au coin de la rue ou un détour d'un concert. Les médias avaient présenté cet harceleur comme un maniaque psychopathe à tendance perverse, un « stalker » comme on les appelait, qui pensait avoir une relation privilégiée avec Regina : qui pensait que chaque chanson lui était destinée, que chaque regard à la caméra était un clin d'œil à son encontre, que chaque interview à la télé ou dans les magazines était parsemée d'indices pour lui.

Elle ne faisait plus de courses, ne sortait plus inutilement. Lena essayait de limiter les risques le plus possible, elle avait littéralement peur pour sa sœur.

S'il se contentait de larges bouquets de roses, tout irait bien. Mais Lena avait le sentiment que tout irait de pire en pire… Et elle avait raison.


Une semaine était passée depuis le concert et l'immense bouquet de roses. Pour Regina, les événements étaient déjà passés et finis. Mais Lena était en constante vigilance. Mais cette fois-ci, les choses avaient changé et elles le comprirent en ouvrant la porte de la demeure un soir après un repas avec sa maison de disque.

« Je te dis qu'il en pince pour toi ! »

« Tu dis n'importe quoi… »

« Arrête, tu as vu comment il te mangeait du regard… Le pauvre, s'il savait… »

« Il sait. »

« Quoi ?! T'es sérieuse ? Mais… Comment ? »

« Quand on te surprend à flirter avec la maquilleuse dans les loges… » sourit Regina.

« QUOI ? Mais…. Quand ? Non, attends : Regina Mills flirte avec une maquilleuse en loge ? Mais depuis quand ? »

« Ce n'était rien… Elle m'a légèrement allumé et j'ai dis… Pourquoi pas. »

« Pourquoi pas ? Je te connaissais plus prudente sur tes conquêtes… Tu sais, les magazines people tout ça, tout ça… »

« Elle n'était pas farouche… »

«Tu es incorrigible… Et je ne te connaissais pas si regardante sur la marchandise : tu es donc plus attirée par les femmes… Intéressant. »

« Je suis attirée par… Ce qui est visuellement intéressant. Et cette petite maquilleuse l'était, indubitablement. Mais nous n'avons rien fait : juste quelques caresses et des baisers chastes, rien de plus. »

« Oh dommage… »

« Je veux dire : qu'il n'y a pas eu le temps d'avoir autre chose parce que, justement, Jeff est arrivé. »

Lena explosa de rire alors, avant de tourner la clé dans la serrure et d'ouvrir la porte. Son rire se stoppa soudain quand elle vit le vestibule de l'entrée « Merde… »

« Lena ? »

« Ne rentre pas… »

« Qu'est-ce qu'il y a ? »

« On est rentré par effraction… »

« Quoi ? »

Pour preuve, Lena se poussa légèrement et Regina put voir ses meubles renversés, ses affaires au sol, la vaisselle brisée « Mon Dieu… »

« Sors de là, retourne à la voiture ! »

« Mais… Lena… »

« A LA VOITURE ! » hurla Lena plus de peur qu'autre chose « Tout de suite, s'il te plait. »

Regina ne contraria pas sa sœur et obtempéra. Elle retourna dans la berling de sa sœur et regarda au loin sa sœur qui semblait appeler, certainement la police. Son cœur battait à tout rompre : il était entré. Comment avait-il fait ? Les meilleures alarmes du pays, à la pointe de la technologie… Tout cela en vain ?

Elle sortit de ses pensées lorsque sa sœur vint toquer à la vitre « Hey, ça va ? »

Regina ouvrit la portière « C'est comment ? »

« C'est le bordel. »

« Tu crois que c'est lui ? »

« Qui d'autre. Les flics arrivent, ils constateront les dégâts. »

« J'espère qu'il n'a rien volé… »

« On va pas rentrer. On pourrait flinguer des indices cruciaux. »

Regina haussa un sourcil « Je ne te savais pas si fin limier… »

« Je suis fan de CSI. »

Regina pouffa de rire avant d'entendre les sirènes de la police se rapprocher. Et après l'investigation des enquêteurs, Regina et Lena furent invitées à dormir ailleurs, mais c'était sans compter l'avis bien tranché de Regina « Hors de question. »

« Regina, s'il te plait… »

« Ils ont tous fouillé. Il n'y a aucune trace de cet homme… Je veux constater par moi-même. »

« Regina… »

« C'est chez moi ici. Il est hors de question qu'il me fasse peur et me mette dehors. »

« … »

Sur ces mots, Regina entra chez elle mais en quelques secondes, ses certitudes et son aplomb s'envolèrent comme sable au vent. Parfois, certaines personnes se sentaient violer dans leur intimité suite à un cambriolage. Ce n'était pas ce que ressentait Regina. Non, ce qu'elle ressentait c'était de la colère, de l'impuissance et une vulnérabilité qu'elle ne pensait plus avoir depuis longtemps.

« Gina, ça va ? Tu es sûre que tu ne veux pas une chambre d'hôtel plutôt ? »

« Non. »

Et pourtant, Regina aurait dû accepter la proposition de sa sœur.

« Il ne semble rien manquer, non ? Les bijoux ? »

« Ils sont tous là… »

« Tu veux mon avis ? Ce genre de mec aurait plutôt tendance à renifler tes culottes qu'à se parer de diamants. »

« Tu es immonde. »

« Immonde peut-être mais tu sais que j'ai raison. C'est un pervers. Regarde plutôt s'il ne te manque pas des sous-vêtements. »

« … »

« Je me demande comment il a pu passer les barrières de sécu : entre les chiens, les gardes du corps, les vidéos et les alarmes… Je vais aller me faire rembourser… »

« Il est malin… »

« Il est flippant. »


Cette nuit-là fut agitée pour Regina. Lena avait insisté pour dormir avec elle. Elle le faisait parfois, et depuis qu'elles étaient petites. Lorsqu'elle ouvrit les yeux, elle savait que sa sœur était à coté d'elle. Et, effectivement, Lena n'avait pas bougé d'un cil, plongée dans un roman.

« Réveillée ? »

« Hm… »

« Tu n'as pas beaucoup dormi, ne mens pas, je le sais. »

Regina se redressa et soupira : oui, il était inutile de lui mentir, de toute manière ses cernes l'a trahissaient.

« J'ai faim. »

« J'attendais que tu te réveilles pour descendre faire à manger. »

« Tu comptes me suivre partout ? »

« Quand je le pourrais ? Oui. »

« … »

« En tant que grande sœur, je me dois de te protéger. »

« Si ce malade décide de me kidnapper ou me tuer, il y a peu de chance que tu puisses faire quelque chose. »

« Tu es tellement optimiste, je suis touchée. Allez, bouge-toi ! »

Lena sortit de la chambre, suivie de près par sa sœur. Dans la cuisine, Regina tentait de sortir du coma par un mug brulant de café, servi par Lena « Allez, ressaisis-toi ! Tu as une séance photos aujourd'hui. »

« Ah oui… »

« Regina ? »

« Hm ? »

Lena fixa sa sœur et soupira « Non rien. Je vais me préparer, dépêche-toi. »

Regina tapota sur son téléphone et répondit aux messages inquiets de son agent, Sidney Glass. Puis elle regarda ses mails, et vit, effectivement, la confirmation à sa venue pour un shooting photos prévu dans une heure. Elle grimaça alors et regarda par la fenêtre et vit les buildings, les boutiques. Elle soupira alors : cette vie, elle l'avait voulu, elle avait travaillé dur pour… C'était la première fois qu'elle était confrontée à un tel individu. Elle avait pourtant vu des histoires de harceleurs… Mais elle n'avait jamais imaginé que ce genre de chose lui arriverait.

Certains diraient que c'est le revers de la médaille, la notoriété, le succès. D'autres diraient que c'est simplement pour faire le buzz. Regina n'avait rien demandé, elle voulait juste faire ce qu'elle aimait : chanter. Elle avait commencé petite dans sa chambre, avec une brosse à cheveux pour micro. Puis dans sa salle de bain, devant son miroir. Les choses avaient pris un tournant plus sérieux lorsqu'elle se lança dans la chorale de l'école, puis avait passé le casting pour une comédie musicale du collège. Au lycée, elle avait participé à une sorte d'incroyable talent et avait gagné haut la main. La fac la ramena un peu sur terre : elle se préoccupa bien plus de ses études, ses parents avaient insisté : elle ferait tout ce qu'elle voudrait, tant qu'elle obtenait son diplôme. Et c'est ce qu'elle fit : elle obtint son diplôme d'enseignante et commença même à enseigner dans une école primaire. Evidemment, la plupart de sa pédagogie tourna autour du chant, de la musique, des sons…

Mais un jour, sa sœur l'inscrivit sans lui dire, à une émission populaire. Bien qu'anxieuse, elle accepta sans ambition, sans intention particulière. Elle chanta « Respect » d'Aretha Franklin en vivant son meilleur moment. A cet instant, peu lui importait qu'elle gagne ou pas… A cet instant, elle vivait un de ses rêves. Qui se concrétisa plusieurs semaines plus tard en gagnant l'émission, en décrochant un contrat avec une grande maison de disques et en sortant un disque qui entra directement dans le top10. Puis les choses s'enchainèrent et trois ans plus tard, Regina était toujours au top des charts américains. Sa sœur était devenue son manageur par défaut et son agent était devenu son ami. Sa célébrité amena son lot de tumultes aussi : une vie privé inexistante, des paparazzis à chaque coin de rue, des fans parfois agressifs et intrusifs.

« Regina ? »

« Hm ? »

« Vous êtes prête ? »

« Oui bien sûr, désolée. »

Regina se posa sur le sofa en cuir bordeaux, les projecteurs l'aveuglant presque et elle se contenta de suivre les instructions du photographe. Mais ses pensées étaient ailleurs. Elle ne le montrait peut-être pas mais cet intrus commençait sérieusement à lui gâcher la vie.

Au bout d'une heure de shooting, elle fut rejointe par sa sœur qui lui rappela que, le soir même, elles devaient se rendre à un gala de charité. Et si l'enthousiasme de Regina était peu visible sur son visage, s'il y a bien une cause qu'elle chérissait avant toute chose c'était celle des enfants.

« L'avantage c'est que tu es déjà coiffée et maquillée. Il ne te reste plus que la robe. »

« Nuh nuh, pas de robe. »

« Tu comptes y aller à poil ? Ca risque de faire désordre non ? »

« Non, idiote. Smocking. »

« Hm… Ca fait très gay tout ça. »

« Je ne suis clairement pas dans le mood de m'habiller en robe. »

« Ca pourrait exister ton stalker en plus… »

« Arrête avec ça. »

« Il pourrait être à la soirée… »

« Je sais. »

« Tu veux que j'ordonne un service d'ordre un peu plus conséquente ? »

« Si je le dis non, vas-tu m'écouter ? »

« Bien sûr que non. » sourit Lena.

« C'est bien ce que je pensais. » soupira Regina « Donc laisse-moi au moins m'habiller comme je le veux. »

« Bien chef. Au fait, tu es au courant que tu dois faire une perf lors de ce gala ?! »

« Combien, trois chansons c'est ça ? »

« Exact. Je t'ai fait une liste. »

« Compo perso ou reprises ? »

« Les deux. Deux compos, une reprise. »

Regina regarda la liste et haussa un sourcil « Une Whitney Houston, tu trouves ça drôle ? »

« Bah quoi, ça serait ironique non ? »

« Tu as un humour trop noir pour moi… »

« Au contraire, c'est super romantique : toi qui est harcelée et sauvée par un bodyguard beau et fort. Vous tombez amoureux MAIS c'est un amour improbable et impossible, toi la star et lui l'anonyme… »

« Arrête, tu es pathétique. »

« Oh s'il te plait. Y'a certainement un homme, ou une femme, ici dans ce bas-monde qui puisse satisfaire une femme comme toi. »

« Une femme comme moi ?! Ca veut dire ? »

« Une femme distinguée, classe mais aussi complètement folle quand il s'agit d'amour. »

« Depuis quand je suis folle en amour ? »

Lena la fixa et soupira « Ouais nan, tu as raison, tu es chiante à mourir en matière d'amour. »

« Merci. » répondit ironiquement la jolie brune.

« Non mais c'est vrai… Regarde les choses en face : ton parcours amoureux est chaotique. »

« On ne peut pas briller partout. » sourit Regina « Et je préfère largement m'occuper de ma carrière plutôt que de ma vie sentimentale. En tant que manager, tu devrais me soutenir dans cette démarche. »

« Mais en tant que sœur, j'aimerais que tu trouves quelqu'un, autre que des plans cul ou des flirts intempestifs juste pour les papiers glacés des choux gras. »

« C'est mon choix. »

Lena haussa les épaules et souffla avant de pousser sa sœur dans la grande salle de réception où trônait un immense éléphant doré « Tout dans le simplissime hein… » ironisa Regina.

« On connait tous comment est Gold : du tape-à-l'œil et du m'as-tu-vu… »

« Oui enfin, il collecte des fonds pour les enfants démunis d'Afrique… Et il balance un immense éléphant doré au milieu de personnes qui ne savent probablement pas où se trouve la Côte d'Ivoire. Et puis c'est terriblement stéréotypé un éléphant pour l'Afrique… Non mais sérieusement ?! »

« Laisse tomber. Fais ton job, c'est tout ce qu'on te demande. »

« Oui c'est ça le truc, Lena, je ne fais que ce qu'on me demande. »

« Allez, rabat-joie, en piste. »

Et c'est ce que fit Regina : elle fit ce qu'on attendit d'elle : elle sourit, serra des mains, fit des courbettes aux grands pontes qui lâcheraient volontiers des milliers de dollars pour se donner bonne conscience. Regina avait déjà fait quelques voyages pour être au contact des populations qu'elle soutenait en donnant une partie de ses cachets de concerts à des associations d'aide.

« Hey, t'es prête ? C'est à toi de briller sur scène. »

Regina inspira et monta sur l'estrade qui servait de scène. Elle entonna ses deux premiers tubes, les plus connus, ce qui entraina la foule dans des ondulations de bassins peu habituelles pour cette assistance guindées et coincées.

Puis vint Whitney Houston et son « Nothing » si intense. Si elle avait su que se serait sa dernière chanson, elle aurait tout donné, elle se serait investie à 1000% dans chaque note, chaque intonation. Il ne se passa qu'une petite minute depuis la première note, il ne se passa qu'un battement de cil, qu'un bref instant où elle ferma les yeux pour se délecter de la note qu'elle poussa, et soudain…

Des détonations…

Comme… Des dizaines de pétards ? Non, un bruit plus sourd, plus lent… Elle ouvrit les yeux et des étincelles jaillirent devant ses yeux, dans l'assistance. Elle se figea et ne comprit pas tout de suite. Des hommes, tout de noir vêtu, venaient de faire irruption, brandissant des armes. Regina était là, sur la scène, serrant son micro, quand soudain, elle se sentit tirer vers l'arrière. Elle tomba sur ses fesses avant de sentir deux mains l'attraper par les épaules. Quand elle tourna la tête, elle vit sa sœur, le visage tendu par la peur « Regina, planque-toi ! »

« C'est… C'est lui tu crois ? »

Lena jeta un œil vers la foule qui hurlait et s'agitait tandis que trois hommes cagoulés tentaient de casser l'immense éléphant qui servait de tirelire géante.

« Nan, je crois que se sont simplement des braqueurs qui en veulent à la cagnotte de la soirée… »

« C'est moi où les services de sécu de cette ville sont vraiment pourris ?! »

Lena lâcha un rire nerveux avant d'entrainer sa sœur derrière immense rideau de la scène « Cache toi ici, je reviens. »

« Où tu vas ? »

« Je reviens, pas de panique. Je vais chercher nos affaires. Hors de question qu'on prenne nos affaires. »

« Non ! On s'en fout de nos sacs ! LENA ! »

Mais la jolie rousse avait déjà disparu et Regina resta prostrée contre le mur, écoutant les cris des gens affolés, quelques coups de feu résonnant ici et là. Quand soudain le rideau se leva. Regina s'attendait à voir sa sœur apparaitre, mais au lieu de cela, une silhouette apparut, le visage caché par un masque blanc.

Elle ne poussa aucun son. Aucun cri ne sortit de sa bouche. Pas même quand l'homme s'approcha d'elle et lui prit le bras. Il la plaqua vivement contre lui, jusqu'à sentir son souffle sur sa joue « Laissez-moi… Pitié. »

L'homme pencha sa tête sur le côté, comme s'il essayait de comprendre avant de la tirer hors du rideau. A ce moment, Regina vit la panique envahir la salle : des gens criaient, d'autres couraient dans tous les sens, certains étaient en position fœtales par terre, priant pour que cela s'arrête.

Puis elle sentit la main de l'homme sur sa tête qui la força à se mettre à genoux. Il la poussa alors sous l'estrade. Elle ne comprit rien, elle était complètement déboussolée quand soudain, l'homme posa un index sur son masque, au niveau de sa bouche, comme pour lui dire de se taire. Elle resta figée, apeurée, acquiesçant silencieusement. Ce n'est qu'à ce moment qu'elle vit la rose rouge qu'il portait sur sa veste noire. Son cœur rata un battement : était-ce lui ? L'homme qui la harcelait ? Venait-il de la mettre à l'abri ?

Elle n'eut pas le temps de se poser plus de questions que l'homme disparut, la laissant seule sous la scène durant de longues minutes. Quand elle entendit sa sœur l'appeler, elle cria enfin quelque chose.

« LENA ! Je suis là ! »

La belle rousse apparut sous l'estrade « Qu'est-ce que tu fous là ? »

« Je… On m'a… Je me suis… »

« Ouais, t'as raisons, on est bien mieux là. Ils sont carrément fous, ils ont pété l'éléphant à coups de balles. Je crois qu'ils ont fini… »

Soudain les sirènes de la police retentirent. Les choses étaient loin d'être finies. Un affrontement allait commencer et les choses sérieuses deviendraient plus dangereuses. Quoi de pire que des hommes armés se retrouvant pris au piège comme des rats. Regina, Lena et les autres étaient devenus de potentiels otages. Elles devaient se faire discrètes.

Mais les choses prirent une tournure plus rapide, plus violente. Les policiers menèrent l'assaut et soudain, après des dizaines et des dizaines de coups de feu, le calme revint. Un calme morbide qui fit naitre des pleurs, des gémissements…

« C'est… C'est fini tu crois ? » lança Lena.

« Je… J'en sais rien. »

Lena souleva doucement le drap et vit des policiers envahirent la salle « C'est fini. Viens. »

Regina un instant avant de sortir et d'être reçues par une femme policier « Mesdames, ça va ? Vous n'avez rien ? »

« Bon Dieu, mais qu'est-ce qu'il s'est passé ? »

« Des braqueurs. Ils en voulaient évidemment à l'argent. Ils sont maitrisés maintenant. »

Regina nota qu'un des braqueurs était au sol, couvert de sang. Elle frissonna alors. Et soudain elle remarqua quelque chose qui l'interpela « Ils… Ils ont tous le visage couvert de cette façon ? »

Elle pointa du doigt le visage du braqueur, couvert d'un bandana noir qui lui cachait la face jusqu'aux yeux. Sur le bandana, un sourire macabre était dessiné, un sourire aux dents acérés.

« Oui, tous. Pourquoi ? »

Puis elle se remémora le visage et le masque blanc qui l'avait mis à l'abri. Elle trembla : se pourrait-il que cette âme charitable soit son harceleur ? Que, finalement, celui qu'elle pensait en vouloir à sa vie était son sauveur ?

« Gina, un problème ? »

« Non, non rien… »

Devait-elle en parler ? Devait-elle le dire à sa sœur ? A cette policière ? Qu'est-ce que cela changerait-il ?

« Je… J'aimerais rentrer… S'il te plait Lena, rentrons. »

« On peut ? » demanda la belle rousse. »

« On va prendre votre déposition, et vous serez libres. »

« Ils sont… Ils sont tous morts ? »

« Un seul. Un autre a été arrêté et le dernier et toujours en fuite, mais ce n'est qu'une question de temps. »

« Okay… Faisons… Faisons ça et rentrons. »

Lena serra sa sœur dans ses bras, mais cette dernière n'avait à l'esprit que ce masque blanc immaculé qui lui disait de se taire. Et si les choses avaient empiré au dehors, et s'il avait décidé, à ce moment précis, de passer aux choses sérieuses ? Si au lieu de la protéger en la cachant sous l'estrade, il l'avait kidnappé pour assouvir ses fantasmes ?

Mais qu'est-ce qui était plus flippant : que son harceleur la protège ? Ou qu'il veuille la tuer ? A vrai dire, il tenait tant à elle qui voulait la protéger, qu'il ne lui arrive rien… Mais pourquoi ? Pourquoi vouloir la garder en vie ? Peut-être pour qu'elle sois intacte… Intacte pour lui.

« Regina, ça va ? »

La belle brune sortit de ses pensées. Elles étaient revenues à l'appartement de la jolie brune et, bien qu'encore sous le choc, elles avaient décidé de réintégrer leur appartement. Regina avait repris sa vie et des jours étaient passés depuis l'incident à la soirée caritative.

« T'as pas l'air bien ? Regina ? Ecoute, je sais que ça fait quatre jours et… »

« Lena écoute… »

« Oh putain c'est pas vrai… »

« Quoi ? »

Lena jeta le courrier sur la table basse mais garda en main une carte « C'est pas vrai… »

« C'est quoi ? »

« Lena ouvrit la carte où était dessiné une rose recouverte de paillettes dorées. Elle la lut et s'apprêta à la déchirer mais se ravisa et fixa sa sœur au lieu de cela « Il s'est passé quoi à la soirée ? »

« De quoi tu parles ? »

Elle lui tendit la carte que Regina prit et la lut à son tour « Je… »

« Il te remercie de lui avoir fait confiance ?! Mais de quoi il parle ? »

« Je… C'est rien… »

« Regina, tu l'as vu ? Tu l'as vu ce soir-là ? »

« … »

Lena s'approcha d'elle et la prit par les épaules « Regina, parle-moi. C'est pour ça que tu n'es pas bien depuis ? »

« Je… Il… »

« Il t'a touché ? Il t'a fait quelque chose ? Tu as vu son visage ? »

« Non, non. Il… Il n'a rien fait. Il m'a juste… Mis à l'abri. » elle soupira comme si un énorme poids venait de quitter ses épaules « Il m'a mis sous l'estrade. »

« Tu as vu son visage ? »

« Non, il portait un masque blanc. Au début, j'ai cru… J'ai cru que c'était un des braqueurs mais… »

« … Mais ils portaient des bandanas noirs. Regina, tu aurais dû m'en parler, en parler aux flics. »

« … Ce n'était rien. Il n'a même pas été agressif. »

« Mais s'il l'avait été ! » s'énerva Lena « Je… J'étais pas là, c'était le chaos dans cette salle. Il aurait pu… Il aurait pu en profiter, t'entrainer sous cette foutue estrade et… Et qui sait ce qui aurait pu se passer. »

« Il n'était, il ne voulait… »

« Stop, Regina, stop. » lança Lena en levant sa main devant sa sœur « Je ne veux plus rien entendre. »

Les sœurs Mills ne se fâchaient pas souvent, d'ailleurs, elle ne le restait jamais longtemps. Mais là, il s'agissait de la sécurité de sa sœur. Et si Lena Mills savait que sa colère était à la hauteur de l'amour qu'elle portait à sa sœur, elle n'en était pas pour le moins inquiète.

Et Regina le savait. Ce n'était pas pour rien qu'elle était devenue son amanger, la protégeant à sa manière de ce monde de requins comme la jolie rousse aimait à le dire. Elles ne restaient jamais fâchées bien longtemps. Mais cette fois-ci, Lena s'en assurerait.


Regina avait reçu un message énigmatique de son agent l'invitant à se rendre à son bureau le lendemain. Bien évidemment, elle n'avait rien soupçonné et s'était rendue à l'agence sans aucune arrière-pensée. Mais quand elle poussa les doubles portes du bureau de Glass, elle se figea en voyant sa sœur assise à ses côtés.

Elle sourit en haussant un sourcil « Réunion au sommet ? Je n'avais pas compris ça. »

« Regina, nous nous inquiétions pour toi, pour ta sécurité, ta vie. Ces derniers jours ont été quelques peu agités. » Elle ouvrit la bouche pour répondre, mais Sidney leva la main pour la stopper « Je sais ce que tu vas dire, mais cela à trop duré. Et les choses s'aggravent de jour en jour. La police est prévenue, la sécurité est inefficace. Lena m'a dit pour la soirée de charité. »

Regina soupira et envoya un regard noir à sa sœur « Ne la regarde pas ainsi, elle a eu raison. Cela aurait pu être bien pire. S'il est rentré c'et que soit il faisait parti des invités, soit ils bossaient pour l'hôtel… Dans tous les cas, l'étau se resserre mais nous ne pouvons plus permettre de mettre ta vie en danger. J'ai donc pris une décision. »

« Une décision ? »

« Tu vas te retirer de la vie médiatique pour un temps. »

« Pardon ?! Mais… »

« Cela n'est pas négociable. »

« Tu ne peux pas faire ça. J'ai encore des concerts, des interviews, des émissions télé ! »

« J'ai déjà prévenu tout le monde, ils sont bien conscients du danger et acceptent de reporter les interviews. Quant aux concerts, ce n'est pas plus mal en sachant que, pour le dernier, il t'a encore recontacté via des roses… Tu frôles le danger à chaque sortie publique Regina, et même si tu es célèbre, cela n'empêche pas le danger, au contraire. »

« Me retirer de la vie médiatique ne retirera pas le danger ! »

« Non, mais il le préviendra. Et puis, tu as beaucoup travaillé ces derniers mois, tu mérites de te reposer. »

« Me reposer ? Mais c'est une blague ! »

* »Regina, calme-toi. » lança Lena

« Oh toi, tais-toi ! Tu fais tes coups en douce. »

« C'est pout ton bien Regina. Ecoute au moins ce qu'il a à te proposer ! »

« Me proposer ? Comment ça ? Me cacher durant des jours, des semaines, où ça ? Au fin fond du Maine ! »

« A vrai dire, nous parlerons plus du Vermont. »

Regina le fixa « Pardon ? »

« J'ai une amie qui vit dans le Vermont. Elle y a un ranch assez reculé. Ce serait un lieu idéal pour te mettre en retrait quelques temps. »

« Attends, je rêve. Tu… Ne me dis pas que tu as déjà tout prévu ?! »

« Je ne veux pas te mettre le couteau sous la gorge mais… Je ne te laisse pas vraiment le choix non plus. Si tu n'acceptes pas... »

« Quoi ? Tu comptes déchirer notre contrat. » lança Regina en rigolant. Mais elle perdit son sourire lorsqu'elle vit l'air grave de son agent « Attends, tu plaisantes j'espère ? »

« Pas vraiment. Ce que tu vois comme une contrainte n'est qu'une façon pour nous de prendre soin de toi. »

« … »

« Je sais que tu vas être en colère mais… Regina bon Dieu ! Un mec te harcèle, il t'approche de près… Tu devrais avoir peur. »

« Si j'ai peur, il a gagné. »

« Alors, laisse-nous avoir peur pour toi, et être prudents pour toi. Je t'en prie. Prends quelques jours pour toi, pour te reposer… Ca ne te fera définitivement pas de mal. »

« … »

Sidney se leva et contourna son bureau pour se poster devant Regina « Fais-moi confiance. Et tu reviendras lorsque tout sera fini, ou du moins quand tout sera apaisé. »

« Au vu de la réussite des flics sur l'enquête, je ne suis donc pas prête à revenir sur la scène ! »

« Nous aurons la conscience plus tranquille si nous savons que, de ton coté, tu ne crains rien. »

« Comment en être sûre ? Cet homme est partout, il sait tout. Qui te dit qu'il ne me suivra pas, où que tu veuilles m'emmener. »

« Parce que je serais le seul, avec Lena, à savoir où tu te trouves. Nous partirons en pleine nuit. »

Regina ria nerveusement « Sérieusement, on dirait une exfiltration d'un chef d'état. »

« On peut dire ça. »

Regina savait qu'elle était coincée, qu'elle n'avait plus le choix. Elle se laissa tomber sur le fauteuil et soupira « Le Vermont alors ? »

Glass sourit « Mon amie y a un ranch. Elle est déjà prévenue de ta venue mais ne connait pas toute la situation. »

« Tu lui as dit quoi ? »

« Je suis resté évasif : tu as besoin d'être au calme et peu visible. Je préfère que tu lui annonces toi-même. »

« Super… Ne me dis pas que c'est le genre texane avec santiag qui a de la poussière sur le nez et un chapeau de cowboy ?! »

Glass éclata de rire « Tu verras bien mais quelque chose me dit que ça collera entre vous. Elle a un tempérament bien trempé, comme toi. »

« Super, tout ce que j'aime : être à l'écart de tout et tout le monde avec une forte tête comme moi. Quand doit-on partir ? »

« Le plus tôt sera le mieux. »

Regina ferma brièvement les yeux : dans quelle galère l'avait mis son agent ? Etait-ce réellement dans son intérêt ou juste un coup monté pour lui faire perdre la boule un peu plus ? Lorsqu'elle revint chez elle avec sa sœur, la discussion tourna principalement autour des affaires à prendre pour cette retraire.

« Attends, on est en Juin… Dans le Vermont ça craint ou pas ? »

« Pas plus qu'à New-York je suppose… »

« Oki donc… De quoi te chauffer les fesses. C'est ranch, donc on imagine des trucs poussiéreux, voire de la boue… On privilégie les jeans et les boots… »

« Lena, tu es fatigante. Au mieux ça ne sera qu'une question de jours. »

« Compte plutôt en semaines à mon avis. Même si on va tout faire pour coincer ce salaud. »

« … »

« Hey, y'a certainement pire que le Vermont. Et puis un ranch, ça peut être sympa… »

« Tu dis ça mais tu n'y foutrais pas toi-même les pieds. »

« J'aurais aimé t'accompagner mais… »

« Ca ferait suspect, je sais. Sidney m'a dit qu'il m'avait déjà pris l'avion et un taxi pour m'y conduire. Je suis rassurée de savoir qu'il y a quelque même une ville à proximité. »

« Tu vois, tu ne seras pas non plus en marge de la civilisation. Et ça se trouve, ce ranch est génial ! »

« Tu es bien trop enthousiaste pour être franche. Avoue, tu sais déjà à quoi il ressemble ! »

« J'avoue. Et c'est loin d'être ce que tu penses. »

« Montre ! »

« Ah non, surprise ! »

« Tu parles d'une surprise… »

« Allez, finis ton sac, demain, départ aux aurores… »


Et comme l'avait promis Sidney, Regina était prête pour partir par le premier train de la journée. Il était à peine 6h du matin lorsque sa sœur lui fit une dernière accolade et l'embrassa en la suppliant de l'appeler dès qu'elle serait arrivée.

Heureusement pour Regina, il n'y avait personne dans son wagon et elle put se détendre un peu. L'idée même que son harceleur ait pu prendre le même train, la frôla mais elle chassa bien vite cette idée pour se concentrer sur sa retraite forcée. Elle vit le paysage défiler avant de s'assoupir durant une bonne heure. Elle ne se réveilla que lorsque le train ralentit en arrivant à la gare de Newport. Elle sortit son immense valise à roulettes et pria pour que le taxi soit bien à l'heure. Elle n'avait qu'une envie : dormir dans un lit !

Heureusement pour elle, le chauffeur l'attendait sur le quai avec une pancarte indiquant « Gina M. » La jolie brune sourit, l'anonymat était tout de même de mise, même dans le Vermont.

« C'est moi. »

« Bonjour miss Mills. Laissez-moi prendre votre valise. »

« Avec plaisir, je suis éreintée. Dites… Il y a beaucoup de route encore ? »

Le chauffeur vérifia l'adresse sur son GPS « Il y en a pour 2h. »

« Mon Dieu… »

« Je ne me vexerai pas si vous vous endormez en chemin vous savez. » sourit-il.

« Merci. »

Ils montèrent en voiture et prirent la route et, moins de 30 minutes plus tard, Regina s'assoupie lourdement. Elle ne se réveilla que lorsque le chauffeur lui secoua doucement l'épaule « Miss Mills ? Miss Mills, nous sommes arrivés. »

Elle ouvrit péniblement les yeux, le cou endolori par une position peu confortable. Elle s'étira et s'aperçut que le soleil était bien bas dans le ciel, offrant des tons bleutés au paysage, à peine visible et juste éclairé par des lampadaires sur le chemin.

Regina s'étira et ouvrit sa vitre, passant sa tête au dehors et aperçut une arche en bois, typiquement comme les ranchs texans, sur laquelle était inscrit en lettres dorés « Welcome to Storybrooke ».

« Storybrooke ? » s'étonna la jeune femme.

« Etonnant hein ? Certains ont de l'humour… » lança le chauffeur tandis qu'il roulait en direction d'une immense bâtisse que Regina distinguait à peine avec la pénombre.

Lorsque la voiture se gara juste devant l'entrée, le chauffeur se hâta d'en descendre et d'en faire le tour afin d'ouvrir la porte de la jeune femme. Elle en sortit et inspira : l'air était frais et… ne sentait pas l'iode caractéristique des villes de bord de mer, comme Santa Barbara, où elle logeait.

« De l'aide pour vos bagages ? »

« Non, ça ira merci. »

A ce moment, la porte s'ouvrit et une jeune femme apparut, tout sourire « Ahh vous voilà ! On se demandait quand vous arriveriez ! »

Regina ne sut quoi dire : fatiguée, déboussolée, elle n'avait qu'une envie, s'affaler dans un lit et dormir des jours et des jours.

« Venez ! » La jeune femme attrapa une des valises et tira une grimace « Vous avez mis quoi là-dedans ? Des pierres ? »

Regina s'abstint de tous commentaires désobligeants, visant à rabaisser les gens dormant en plein milieu de la nature, de la poussière et des animaux sauvages surement. Elle esquissa un timide sourire poli avant de prendre sa deuxième valise, tout aussi lourde, et suivie la jeune femme, non sans remercier le chauffeur avant.

Lorsqu'elle entra dans le ranch, elle fut surprise par la surface : du bois, de la pierre apparente, une immense cheminée au milieu du salon entourée par des canapé d'angles sur lesquels étaient posés des plaids et des coussins touffus. Un peu plus loin, une large table en bois entourée de bancs, tout aussi massifs. Au dessus, un lustre circulaire en bois où de fausses bougies trônaient. Un peu kitch pensa Regina, mais cela avait son charme. Quelques tableaux ici et là, des bibelots qui donnaient à l'ensemble quelque chose d'atypique mais aussi terriblement cliché.

« Alors… Bienvenue ! » lança la jeune femme d'un large sourire.

« Miss… Swan je suppose ? » demanda Regina en lui tendant la main.

« Moi ? Oh non, je m'appelle Ruby ! Je bosse avec Emma. » Elle lui attrapa la main et la serra avec vigueur « Enchantée. »

« Oh… Ok. »

« J'imagine que, de Los Angeles, vous avez eu peu d'occasions de squatter un ranch, et encore moins dans le Vermont. » railla-t-elle.

Le ton moqueur ne plut guère à Regina, mais elle se réserva, ne voulant pas froisser ses hôtes dès son arrivée.

« Je… En effet. Mais c'est très joli. »

« Oh vous n'avez pas encore vu l'extérieur. Ca vaut le coup d'œil. D'ailleurs, on pensait que vous arriveriez plus tôt. »

« Oui, désolée, mon vol a eu du retard… J'aurais dû vous prévenir. »

« Non, pas de soucis. Si vous avez faim, on a fait des pâtes ! »

« Oh je vous avouerais que je préférerai me poser. »

« Oh bien sûr ! Suivez-moi, je vais vous montrer vos appartements.

Regina suivit la jolie brune et put se rendre compte de l'immensité de la demeure sur deux étages.

« On a trois chambres et deux salles de bain ici. Le salon et salle à manger comme vous avez pu le voir, et une cuisine américaine. »

« C'est une belle demeure. »

« Oui, on en est assez fière ! » sourit Ruby « Voici vous chambre. »

« Mer… Merci. Je dépose mes valises et je redescends. »

« Prenez votre temps, Emma ne reviendra pas tôt. Elle prend soin d'une des juments. »

« Rien de grave ? »

« Elle va bientôt mettre bas. »

« Oh… »

« Emma est toujours en stress durant ce genre de période. Et Starlight est une de ses premières juments, ça compte. »

« Je… J'imagine, oui. »

« Allez, je vous laisse vous installer. »

« Merci. »

Et quand Regina entra dans sa chambre, elle fut surprise de trouver une pièce spacieuse, certainement lumineuse au vu de l'immense baie vitrée qui donnait sur le domaine. Un balcon assurait quelques moments agréables durant la journée à Regina. Un immense lit à baldaquin, tout en bois, trônait ainsi qu'une belle coiffeuse, une commode et une armoire qui seraient amplement suffisants pour abriter le contenu de ses deux immenses valises.

Une porte adjacente donnait sur une salle de bain modeste avec une douche à l'italienne en pierre, un lavabo et un immense miroir, et des toilettes. Elle n'était définitivement pas mal logée et imaginait que c'était un traitement de faveur de la part de miss Swan qui devait connaitre son identité.

Mais peu importait, pour l'instant, tout ce qu'elle réclamait était un lit ! Elle s'écrasa littéralement dessus dans un long soupir de satisfaction et fixa le plafond. Son téléphone vibra alors et elle lut le message qu'elle venait de recevoir de sa sœur :

« Alors comment fut le voyage ? »

Lasse de devoir écrire, Regina préféra composer son numéro et après une sonnerie, sa sœur décrocha « Alors ? »

« Ce fut… Ereintant. »

« Comment c'est là-bas ? »

« Je t'avouerais que j'en ai pas vu grand-chose. Il faisait quasiment nuit quand je suis arrivée. Je sais juste que le ranch s'appelle Storybrooke. »

« Storybrooke ? Comme c'est mignon. Et les maitres des lieux ? »

« Je n'en ai vu qu'une, enfin je crois. »

« Comment elle est ? »

« Certainement autant bourrée de clichés sur moi que moi sur elle. » ironisa Regina.

« Et l'autre ? »

« Pas encore vue. Elle est avec une jument qui va mettre bas, si j'ai bien compris. »

« Oh la vache… C'est pas banal ça. » gloussa Lena.

« C'est clair. »

« Et alors, c'est autant la zone qu'on imaginait ? Je veux dire… C'est le Vermont quoi. » gloussa Lena.

« Et bien… » Regina fit le tour visuel de sa chambre « Je suis agréablement surprise. C'est très spacieux et cosy. »

« Eh bah… Je compte sur toi pour faire des photos et, évidemment, de faire un récap' de tes journées passionnantes chaque soir. »

Regina sourit « Evidemment. »

« Bon, de notre côté, on te tient au courant pour l'avancement de l'enquête. En te sachant en sécurité ici, on sera plus serein et efficace. »

« Si tu le dis. »

« Je te promets de te sortir de là très vite, tiens le coup. »

« Ne t'inquiète pas, tout ira bien. »

« Je te laisse. Tu me dis tout hein ! »

« Promis. » sourit Regina « A bientôt. »

Puis elle raccrocha et soupira avant d'ouvrir son sac et de défaire ses valises pour les ranger dans les commandes et autre armoire. Puis elle descendit et alors qu'elle était en haut des escaliers, la porte de l'entrée claqua et elle distingua une voix féminine, certainement celle de miss Swan.

« Purée, Starlight en chie… »

« Hm ? Elle ne va pas bien ? » lança Ruby tandis qu'elle mettait la table.

« Ca pourrait être mieux… Je vais devoir appeler Jonas, merde ! » ragea la jeune femme. Puis elle vit la table, mise pour trois, et écarquilla les yeux « Merde ! Elle est arrivée ? »

« Qui ? »

« Devine qui ! Merde, j'avais carrément zappé que c'était aujourd'hui ! »

« T'inquiète, elle s'est pas offusquée. » sourit Ruby.

« Comment… Comment elle est ? »

« Comment ça ? Physiquement tu veux dire ? » gloussa la belle brune.

« Nooonn ! Elle fait pas trop… citadine ?! »

Regina haussa un sourcil, amusée, mais resta silencieuse et curieuse de ce que son hôtesse pouvait penser d'elle.

« Elle est cool, vraiment. En tout cas, elle en a l'air. »

« Super… Manquerait plus qu'elle soit la coincée, genre gosse de riche de Beverly Hills. »

« Elle est riche, certainement, coincée, je pense pas… Non vraiment, elle semble cool. »

« Ouais, attends de voir la tête qu'elle va tirer quand elle sentira le foin de bon matin. » ironisa Emma « Sans parler de son parfum haut de gamme qui va empester mon ranch… Elle va faire crever mes fleurs et faire fuir mes chevaux. »

Ruby éclata de rire tandis que Regina grimaça de déplaisir : elle se rendit compte que cette jeune femme avait autant d'à priori qu'elle, chacune sur l'univers de l'autre.

« Laisse-lui une chance. Et puis elle n'est là que temporairement non ? »

« Ouais, j'ai pas très bien compris ce que m'a dit Sidney mais en gros, elle a des problèmes et il aimerait qu'elle se mette un peu au vert… Comme si j'avais pas déjà assez à faire à les animaux et les enfants. Les strass et les paillettes versus la poussière et le foin… On va bien se marrer. »

Regina tiqua mais ne bougea pas, trop curieuse de connaitre l'avis bien tranché de sa logeuse. Elle tendit l'oreille alors et écouta de nouveau la conversation.

« J'espère que tu seras plus aimable et sociable quand elle descendra. Sérieusement, tu te donnes un rôle de garce de la campagne pour quelle raison ? T'as envie qu'elle confirme certainement ses préjugés envers les cowboys ? »

« Cowgirl en l'occurrence. » rectifia Emma « Et je me fous de savoir si elle a des préjugés sur nous. Elle serait bien mal placée d'en faire non ? Je veux dire : on l'accueille ici. »

« Tu te donnes un genre qui n'est pas le tien. Sérieusement, sois cool ok ? »

Emma lui sourit et soupira « Je déconne. Je l'accueillerai à bras ouverts. »

Sur ces paroles, Regina décida de couper court à sa curiosité et descendit les escaliers dans un bruit assez sonore pour que ses hôtes puissent l'entendre, et éviter ainsi toute situation malaisante.

Quand elle se tourna pour faire face aux deux jeunes femmes, et que son regard croisa celui d'une belle blonde, elle se figea un quart de seconde. Emma ne fut pas en reste car lorsqu'elle se tourna vers Regina, elle écarquilla les yeux et fut soudainement muette.

« Miss… Swan, je présume ? Regina. »

La belle brune tendit la main et Emma mit quelques secondes avant de lui rendre la pareille « Enchantée. Bienvenue à Storybrooke. »

« Merci de m'accueillir. Je sais que c'est une contrainte d'avoir une bouche de plus à nourrir, et j'essaierai de ne pas être une gêne pour vous. »

« Sidney m'a dit peu de choses sur les raisons pour lesquelles vous êtes ici. Je ne vais pas jouer ma curieuse mais… »

« … Je vous expliquerai tout, promis. »

« Bon ! En attendant : A table ! » lança Ruby, sentant la tension dans l'air.

Les trios jeunes femmes s'installèrent alors que Ruby venait d'amener une énorme salade césar faite maison.

« Alors… Miss Mills, pourquoi une femme qui vit à Los Angeles vient-elle se perdre en plein milieu du Vermont ?! »

« Emma… » grogna Ruby du manque de tact de son amie.

« Bah quoi ? »

Regina leva la main, signe que ça ne la dérangeait pas « Je… Je suis harcelée… Par un stalker vraiment, vraiment envahissant. Ma sœur et mon agent, Sidney donc, pensent que je serais en sécurité ici pendant qu'ils mènent l'enquête. » Et devant le regard interrogateur de ses deux interlocutrices, Regina rajouta « Quoi ? »

« Vous êtes… harcelée ? Genre par un ex trop envahissant ou… ? »

Regina les fixa, vaquant son regard de l'une à l'autre « Vous… Vous ne savez pas qui je suis ? »

« Qui vous êtes ? Genre… Regina Mills ? »

« Vous n'avez aucune idée de qui je suis… » conclut-elle.

« Et ? C'est grave ? » gloussa Emma.

« Non, absolument pas… Sans me vanter, je ne pensais pas que quelqu'un ne saurait pas qui je suis. »

Ruby et Emma échangèrent un regard « Euh… Désolée… »

« Non, non, ce n'est rien. Je… Je suis chanteuse. J'ai vendu pas mal de disques… »

« Oh… Ok. Ca explique tout. On écoute pas vraiment de musique ici. Enfin, on écoute les groupes locaux… »

« Oh, je vois… »

« Maiiiis on serait enchantées de découvrir ça, hein Emma ? »

« Oh ne vous forcez pas. » sourit Regina.

Emma la fixa et sourit faiblement « Je ne suis pas fermée… »

Elles échangèrent un regard et un faible sourire avant de continuer à manger. Et, à la fin du repas, tandis que Ruby débarrassait, Emma fit le tour du propriétaire « Vous avons quelques hectares de terre. Vous verrez ça demain. »

« Vous vivez de votre ranch ? »

« J'essaie, et ça marche plutôt bien. Et vous, la musique alors… Ca marche aussi ? »

Regina gloussa et dodelina légèrement de la tête « Ca marche plutôt bien… »

« A tel point que des stalkers vous suivent… La rançon de la gloire. »

« On peut dire ça. »

« Mais… Ce mec… Vous êtes sûre qu'il va pas se pointer ici ? Est-ce qu'on est en danger aussi ? »

« Non, nous avons pris nos dispositions. Et si je reste discrète durant mon séjour ici, il n'a aucune raison de savoir que je suis ici. »

« Donc, si je comprends bien, vous allez devoir rester cacher ici… Heureusement, il y a de quoi faire. »

« Ah oui ? »

« Vous verrez demain. Je suppose que vous êtes fatiguée. On va vous laisser vous reposer. »

« Merci. » Regina se leva de table et fit un léger signe de main « Bonne nuit. »

« Bonne nuit, à demain. »

Et lorsqu'elle croisa Ruby qui sortait de la cuisine, elle réitéra ses au revoir, puis monta dans sa chambre. Ruby rejoignit Emma dans le salon « Alors, t'en penses quoi ? »

« Qu'est-ce que tu veux que je te dise ? »

« Franchement ? Physiquement, je sais que c'est totalement ton genre : une belle brune plantureuse. »

« T'es pas en train de te décrire par hasard ? » ironisa Emma « Parce que tu sais que tu es totalement mon genre ? »

Ruby s'approcha d'elle et l'embrassa sur le front « Oh mais je sais. Mais t'as pas répondu à ma question… Alors ? »

« Arrête. C'est une grande chanteuse. » ironisa Emma « Une starlette et une cowgirl… On dirait un film romantique de troisième zone… »

« Hey, parfois c'est pas plus mal, les romances à deux balles. La vie c'est pas toujours un one shot parfait. On dérape, on se plante… Mais on apprend. »

« Depuis quand tu joues les moralisatrices hein ? »

« Ca fait combien de temps que tu t'es pas envoyée en l'air ?! »

« C'est quoi cette question ? Et qu'est-ce que ça peut te foutre ? »

« Ce que ça me fout ? Je pense à ton bien-être de femme avant tout. »

« Occupe-toi de tes miches… » ironisa Emma

« Ouais… En attendant, tu vas devoir baby-sitter une star… Pas mal comme agenda. »

Emma gloussa et se leva avant de s'étirer « Ouais… Pas mal… »


TBC

Alors, qu'en pensez-vous ?