Bonjour à tous et à toutes ! Ce que vous vous apprêtez à lire devait à la base être une série de OS. Sauf que… je ne l'ai jamais fini. Prévisible. Donc, comme le gaspillage, ce n'est pas bien (et que je déteste écrire quelque chose pour au final ne rien en faire) j'ai décidé de réunir quelques scénettes pour en faire une compilation sous un unique OS.

Sinon, concernant cette histoire, elle est sous la forme d'une pièce de théâtre et reprends le concept que j'avais mis en place dans Les conseils très sérieux des Fondateurs (que vous n'avez pas besoin de lire pour comprendre cet OS) où, comme le titre l'indique, les Quatre Fondateurs se réunissent pour discuter sérieusement – ou pas.


Les règles de l'éthique

La Grande Salle de Poudlard est actuellement déserte, sauf pour ses quatre Fondateurs installés sur la table des professeurs et en grand débat.

Godric Gryffondor — Non, Salazar ! Pour la énième fois, ce n'est pas légal !

Salazar Serpentard — Mais qu'est-ce que vous y connaissez en loi, vous ? Puis depuis quand est-ce qu'on respecte les lois ? Vous vous croyez où ? Dans un pays civilisé ?

Helga Poufsouffle — Euh… Qu'est-ce qu'un pays, Salazar ? C'est un synonyme du mot royaume ?

Salazar Serpentard — Oh, je n'en sais rien. J'ai vu ça dans un vieux grimoire qui est censé prédire le futur.

Rowena Serdaigle — N'avions-nous pas établi des règles concernant le fait de se renseigner sur un futur lointain, Salazar ?

Salazar Serpentard — Hé bien… Peut-être, je ne m'en rappelle pas.

Godric Gryffondor — Ne perdez pas votre temps avec lui, ma dame. Ne voyez-vous pas que pour lui les règles et les lois sont aussi utiles que les baguettes magiques des sorciers ? S'il pouvait éradiquer toute la législation de notre bon royaume, il le ferait.

Salazar Serpentard — Je vous ai déjà expliqué que les baguettes magiques sont plus un fardeau qu'un avantage pour les sorciers. À moins que vous vouliez vous en servir pour poignarder quelqu'un, ça n'a aucun intérêt. Autant prendre un stylet ou utiliser un sortilège suffisamment puissant pour tuer d'un coup.

Godric Gryffondor — Quoi ? Vous tentez encore de créer des sortilèges macabres, Salazar ?

Salazar Serpentard — Ce ne sont pas des sortilèges macabres mais essentiels, Godric ! De plus, nous les sorciers ne sommes pas des sauvages. Nous n'allons pas nous salir les mains à tuer quelqu'un comme des bouchers, voyons ! La moindre des choses, c'est de faire le travail proprement.

Helga Poufsouffle — Hé bien, votre sens de l'éthique est très… singulier, Salazar.

Salazar Serpentard — Ne paraissez pas aussi dégoûtée, Helga. Vous préférez un sort qui tue d'un coup ou devoir poignarder quelqu'un plusieurs fois d'affiler ?

Helga Poufsouffle — Pitiez, arrêtez d'introduire ces visions d'horreur dans mon esprit.

Salazar Serpentard — Oh ça va, ne me dites pas que c'est le plus affreux que vous ayez jamais entendu dire ? Il y a pire avec la torture, les exécutions, les arrachages de langues, des décapitations, les…

Helga Poufsouffle — C'est bon, j'en ai assez.

Helga Poufsouffle se lève et quitte promptement la salle. Rowena Serdaigle et Godric Gryffondor soupirent.

Godric Gryffondor — Toutes mes félicitations, Salazar. Vous voyez ce que vous avez fait ? De toute manière, avec vous, c'est toujours la même chose…

Salazar Serpentard — Je ne suis point coupable des accusations que vous portez à mon égard, Godric. Ce n'est pas ma faute si Helga Poufsouffle a le cœur sensible.

Rowena Serdaigle — Mon cher, vous ne pouvez pas reprocher à notre amie d'être moins enclin à supporter les atrocités de notre époque que vous. De plus, je dois reconnaître que j'ai moi-même eu un sentiment de profond dégoût à l'énumération de toutes ces… horreurs.

Salazar Serpentard — Vous êtes tous beaucoup trop sensible, ma parole !

Godric Gryffondor — Ou peut-être est-ce vous qui êtes trop morbide, vous ne croyez pas ?

Salazar Serpentard — Vous allez vous y mettre, vous aussi ?

Godric Gryffondor — Pour votre gouverne, c'est vous qui avez commencé cette conversation macabre. Vous êtes le seul responsable de toute cette pagaille.

Salazar Serpentard — Ne vous moquez pas de moi, Godric ! C'est vous qui êtes à l'origine de tout cela, avec votre manie de vouloir me faire la morale concernant le respect des lois et autres bêtises farfelues !

Godric Gryffondor — Pour la énième fois, ce ne sont pas des bêtises, Salazar ! Vous en pouvez pas agir impunément sous prétexte que vous êtes un sorcier et qui plus est un Fondateur de Poudlard. Au contraire ! Des responsabilités accompagnent votre titre de Fondateur et vous devez montrer l'exemple, non pas salir le nom de notre école avec vos crimes.

Salazar Serpentard — Je voulais juste me débarrasser d'un imbécile de moldu. En quoi cela est-il un crime ?

Rowena Serdaigle — Mon cher… tuer quelqu'un, qu'il soit un sorcier ou un moldu, reste un crime.

Salazar Serpentard — Ah bon ? Depuis quand ? Je veux dire… si on tue un cochon ou une poule, ça passe mais si on assassine un moldu, c'est un crime ? C'est le monde qui tourne à l'envers, par la barbe de Merlin !

Godric Gryffondor — Il a une barbe, votre disciple ?

Salazar Serpentard — Oui, vous ne l'avez jamais remarqué ? Il a une barbe blanche, ce qui est très étrange vu son très jeune âge et me fait soupçonner qu'il a dû tenter de créer une potion dernièrement et que cela s'est fini sur un échec… Enfin, cela n'est pas le sujet de cette conversation ! Si tuer un moldu est un crime, qu'est-ce que l'avenir nous réserve ? Bientôt nous serons poursuivis par des paysans en colère pour avoir tuer une poule dans un village paumé, c'est cela ? Je vous jure…

Godric Gryffondor — Combien de poules avez-vous déjà tué exactement, Salazar ?

Salazar Serpentard — Cela ne vous regarde pas.

Godric Gryffondor — Vous savez quoi ? Vous avez raison : je préfère ne pas l'apprendre. Je ne m'en porterai pas plus mal d'ignorer toutes les maltraitances que vous infligez à des animaux innocents.

Salazar Serpentard — Ah ! Donc vous reconnaissez que les moldus ne sont que des animaux ?

Godric Gryffondor — Je parlais des poules.

Salazar Serpentard — Oh, c'est pareil.

Rowena Serdaigle — Je suis pratiquement certaine que ce n'est pas pareil, mon cher.

Godric Gryffondor — Déjà, comment sommes-nous arrivés à comparer des poules à des moldus ?

Salazar Serpentard — Encore une fois : ça, c'est vous qui en êtes le coupable. Avec votre envie de respecter les lois. Pff, qu'est-ce qu'il ne faut pas entendre ! J'ai passé des années à commettre des actes illégaux et vous voudriez que, soudainement, je cesse cela ? Vous êtes un comique, Godric. Ne vous a-t-on jamais dit que vous devriez être un bouffon ? Vous amuseriez beaucoup la galerie.

Godric Gryffondor — Je vais prétendre ne pas avoir entendu ce que vous venez de direr et tenter de garder mon calme.

Rowena Serdaigle — Sage décision, Godric.

Godric Gryffondor — Je vous remercie, ma dame. Vos mots me flattent et me touchent.

Salazar Serpentard — C'est surtout que vous n'avez pas le courage de m'affronter dans un duel pour votre honneur parce que vous savez pertinemment que cela ne se conclurait que par votre défaite.

Rowena Serdaigle — Mon cher, s'il-vous-plaît, ne…

Godric Gryffondor — Manquer de courage ? Vous m'accusez moi, Godric Gryffondor, de n'être qu'un pleutre ? Très bien ! Si c'est ce que vous voulez, vous l'aurez, ce duel pour mon honneur bafoué, Salazar ! Je vous attendrais ce soir après le souper, dans la cour intérieure du château.

Sur ce, Godric Gryffondor quitte la salle en grandes enjambées. Rowena Serdaigle soupire.

Rowena Serdaigle — Pourquoi ne suis-je pas surprise que cela se termine ainsi ?

Salazar Serpentard — Parce que Godric est bien trop prévisible, voyons. Loin de moi l'idée de vous fausser compagnie, ma chère, mais je dois me préparer pour mon duel. Nous verrons ensuite si Godric accorde tant d'importance à ses chères règles quand je serai en train de le vaincre. S'il tient tant que ça à se battre à la loyale, tant mieux pour lui. Pour ma part, je n'ai jamais fait le moindre serment à ce sujet.

Salazar Serpentard embrasse la main de Rowena Serdaigle puis sort à son tour.

Rowena Serdaigle — Mon intuition me dit que cela va mal se finir…


Helena et Gray

Deux jeunes élèves de Poudlard reconnaissables par leurs robes se trouvent dans la tour d'Astronomie et se tiennent tendrement les mains sous la lumière de la lune.

Helena Serdaigle — Devez-vous vraiment retourner chez vous cet hiver, ô mon bien aimé ?

Gray Gryffondor — Je le crains, ma douce. Mon plus grand souhait est de rester à vos côtés mais je me dois d'être auprès de ma mère cet hiver. Je lui manque terriblement et chaque lettre reçue d'elle rempli mon cœur de culpabilité à l'idée de ne pas la voir, elle qui attend avec impatience ma présence en décembre. Mais ne vous en faites pas ! Les jours passeront vite et le printemps reviendra sans que vous ne le remarquiez. Alors nous nous retrouverons, encore plus heureux qu'auparavant après cette longue absence.

Helena Serdaigle — Vous dites vrai, Gray. Il est fort probable que notre séparation ne serve qu'à renforcer notre affection et nous nous reverrons aux beaux jours, comme des fleurs qui éclosent sous la douce chaleur du soleil après un rude mais nécessaire hiver.

Gray Gryffondor — C'est cela ! De plus, nous…

Ils sont soudainement interrompus par un claquement de porte se faisant entendre, suivi d'un chahut d'élèves. Précipitamment, ils se séparent, comme pris en fragrant délit.

Gray Gryffondor — Nous reprendrons cette conversation plus tard, ma douce. Que votre journée soit belle.

. . .

Le lendemain, Rowena Serdaigle trouve Godric Gryffondor et Helga Poufsouffle. Elle les prend à part pour leur parler.

Rowena Serdaigle — Mes amis, je crois avoir à vous annoncer une nouvelle qui ne pourra pas vous laisser indifférents.

Godric Gryffondor — Qu'en est-il, ma dame ?

Rowena Serdaigle — Avant toute chose, sachez que ce n'est pas dans mon intention que de proférer des calomnies. Ce que je vais vous dire doit rester entre nous.

Godric Gryffondor et Helga Poufsouffle s'observent en silence.

Helga Poufsouffle — Nous serons muets comme des tombes ! Alors ? Qu'avez-vous de si important à nous annoncer, mon amie ?

Rowena Serdaigle — Je crois que ma chère Helena est prise d'affection pour votre fils, Godric.

Godric Gryffondor — Quoi ? Elle aime mon fils ? Vous parlez bien de Gray Gryffondor ? En êtes-vous sûre, ma dame ? Ce garçon semble si… inattentif à l'attention qu'on lui porte.

Rowena Serdaigle — Oui et de ce que j'ai cru comprendre, ses sentiments sont réciproques. Je les ai entendu hier soir, alors que je menais ma classe dans la tour d'Astronomie. Ils s'y étaient retrouvés.

Helga Poufsouffle — Oh je n'y crois pas ! Cela est merveilleux. Je me doutais bien qu'il y avait quelqu'un qui occupait les pensées de ma nièce.

Godric Gryffondor — Attendez, vous en aviez connaissance, Helga ?

Helga Poufsouffle — Pas exactement mais vous savez… L'amour se remarque. Je voyais bien les regards langoureux qu'ils s'échangent au souper mais je me devais de me taire. Leur relation ne me regarde pas, même si je suis heureuse pour eux.

Helga Poufsouffle s'interrompt, puis rit.

Helga Poufsouffle — Attendez que Salazar le sache ! Il sera fou de rage contre votre fils, Godric.

Godric Gryffondor — Ah bon ? Pourquoi donc ? Gray n'a rien fait qui puisse le faire sortir de ses gongs, à ce que je sache. Enfin, pas ces derniers temps…

Helga Poufsouffle — Peut-être, mais Helena est la prunelle de ses yeux. Il n'acceptera jamais que son enfant chérie soit l'amour de Gray Gryffondor. Ai-je raison, Rowena ?

Rowena Serdaigle — Je crains que oui, mon amie mais n'ayez crainte, j'en fais mon affaire. Mon cher Salazar est peut-être têtu, surtout quand il s'agit de garder sa fille innocente des vices de ce monde, mais Helena sait se faire entendre. Même si cela prendra du temps, il ne pourra qu'accepter le fait que sa fille devient une femme.

Godric Gryffondor — Peut-être mais en attendant mon fils ne passera pas de garçon à homme mais de garçon à cadavre si Salazar apprend ses sentiments pour Helena ! Que suis-je censé faire pour éviter de retrouver mon fils tué par un père surprotecteur fou ?

Helga Poufsouffle — Hé bien… peut-être devrions-nous préparer Salazar à la grande nouvelle ?

Godric Gryffondor — Oui bien sûr. Dans ce cas, nous vous laissons vous en charger, d'accord ? Ne vous en faites pas, une belle tombe sera construite pour vous.

Helga Poufsouffle — Je suis sérieuse, Godric. Nous devrions lui en parler, avant qu'il ne l'apprenne de la manière la plus déroutante qu'il soit et que, comme vous le dites, il déchaîne sa fureur contre votre malheureux fils. Vous ne voulez pas que Gray meure avant vous, n'est-ce pas ? Dans ce cas, il vaut mieux prévenir que guérir.

Godric Gryffondor soupire et regarde Rowena Serdaigle.

Godric Gryffondor — Qu'en dites-vous, ma dame ? Pensez-vous qu'il soit nécessaire de prendre ce risque ou maintenir Salazar dans l'ignorance ?

Rowena Serdaigle — L'ignorance est un fléau, mon ami.

Godric Gryffondor — Je crains que cela réponde à ma question. Soit ! Nous lui en parlerons mais ne venez pas dire après que je ne vous aurais pas prévenu. S'il ne nous maudit pas jusqu'à la fin de nos jours, avec de la chance, il ne nous croira pas.

Ils retrouvent Salazar Serpentard à la fin d'un cours de potion et attendent que les élèves quittent tous la salle pour lui parler.

Salazar Serpentard — Vous m'inquiétiez, à me regarder ainsi. Que se passe-t-il ? Vous pensez que j'ai demandé aux élèves de préparer du poison ?

Godric Gryffondor — Non, nous… attendez, vous avez vraiment fait ça ?

Salazar Serpentard — Bien sûr que non ! Pour qui me prenez-vous ? Si je voulais fabriquer du poison, je ne m'embarrasserais pas de néophytes pour ça. De plus, je vous en parlerai pas si nonchalamment non plus, étant donné que vous pourriez être une cible potentielle.

Godric Gryffondor — Euh… Je ne suis pas sûr de comment je dois prendre cet aveux.

Salazar Serpentard — Faites comme si je n'avais rien dit et contentez-vous de m'expliquer pourquoi vous vouliez me parler tous les trois.

Helga Poufsouffle — Avant toute chose, vous devez promettre de ne pas vous en prendre au fils de Godric.

Salazar Serpentard — Gray Gryffondor ? Pourquoi ? Qu'a-t-il encore fait ?

Helga Poufsouffle — Promettez-le.

Salazar Serpentard — Bon ! Je promet de ne pas m'en prendre à Gray Gryffondor – du moins pour l'instant… Êtes-vous satisfaite ?

Godric Gryffondor — Aurions-nous pu obtenir plus de vous dans cette promesse ?

Salazar Serpentard — Absolument pas. À quoi vous attendiez-vous ? Ma promesse éternelle de ne pas m'en prendre à votre fils, peut-être ? Vous me prenez pour quoi ? Un saint ? Votre rejeton n'aura jamais l'immunité contre mon courroux.

Godric Gryffondor — Dans ce cas, nous prétendrons que cela suffira. Nous voulions vous parler de… votre fille.

Salazar Serpentard — Ma fille ? Qu'est-ce que ma douce Helena a à voir là-dedans ?

Rowena Serdaigle — Mon tendre, tentez de garder votre calme je vous prie.

Salazar Serpentard — Pas avant de savoir pourquoi notre fille est mentionnée.

Rowena Serdaigle — Je vous assure que ce n'est rien de grave. Croyez-moi.

Salazar Serpentard se tait un instant.

Salazar Serpentard — Bien. Je vous fait confiance, ma chère. Parce que vous êtes bien la seule avec un peu de bon sens dans cette salle, avec moi.

Helga Poufsouffle — Devons-nous vraiment rester ici à vous écouter nous critiquer, moi et Godric ?

Salazar Serpentard — Pour votre gouverne, c'est vous qui teniez à me parler. Même si votre départ ne m'attristerait pas, loin de là.

Helga Poufsouffle — Pourquoi même ai-je voulu vous prévenir que votre fille a des sentiments pour le fils de Godric si c'est pour être ainsi traitée ?

Godric Gryffondor — Euh… Helga ?

Helga Poufsouffle — Quoi ? Oh, attendez… J'en ai trop dit n'est-ce pas ?

Godric Gryffondor — Je le crains.

Helga Poufsouffle — Oups… Salazar ? Vous allez bien ?

Salazar Serpentard reste figé, les yeux écarquillés.

Rowena Serdaigle — Mon cher ? Parlez-moi, que vous arrive-t-il ?

Godric Gryffondor — J'ai l'impression que ses yeux peuvent lancer des éclairs…

Helga Poufsouffle — Vous avez raison, Godric. C'est comme s'il tentait de séparer son esprit de son corps pour aller rechercher votre fils et l'envoyer six pieds sous terre.

Godric Gryffondor — Pas ça ! Il a promis de ne pas s'en prendre à mon fils ! Même si Salazar est fourbe, il ne rompra pas sa promesse.

Helga Poufsouffle — Espérons pour vous…

Godric Gryffondor — Vous savez quoi ? Je crois que je vais aller vérifier l'état de mon fils. Pourvu qu'il soit encore en un seul morceau…

Godric Gryffondor les quitte précipitamment, alors que Salazar Serpentard ne bouge toujours pas.

Helga Poufsouffle — Allons, Salazar ! Arrêtez donc de faire l'enfant et réagissez, par la barbe de Merlin ! À moins que vous vous prenez pour un comédien ?

Rowena Serdaigle — Je ne crois pas qu'il soit sage de prononcer de telles paroles en cet instant, mon amie.

Helga Poufsouffle — Oh, ne vous en faites pas pour moi. Je ne crains pas Salazar et ses plans démoniaques.

Salazar Serpentard — C'est ce qu'ils disent tous… avant de périr.

Helga Poufsouffle — Vous êtes de retour, vous ?

Salazar Serpentard la foudroie du regard.

Salazar Serpentard — Surveillez votre langue, sotte. Quand j'en aurai fini avec l'erreur de la nature de Godric, vous serez la prochaine sur la liste de mes vengeances.

Helga Poufsouffle — Erreur de la nature ? Est-ce ainsi que vous appelez celui qui pourrait être votre gendre ?

Salazar Serpentard — Vous… !

Helga Poufsouffle — Oh, je crois qu'on m'appelle. Je vous laisse !

Avant que Salazar Serpentard ne puisse lui envoyer un sortilège, Helga Poufsouffle quitte la salle en courant, un sourire narquois aux lèvres.

Salazar Serpentard — C'est ça, fuyez ! Mais qu'importe où vous vous rendez à Poudlard, je vous retrouverai ! Vous feriez mieux de vous méfier lorsque vous vous déplacerez de nuit dans les couloirs du château. Des dangers rôdent le soir et un malheur est vite arrivé…

Rowena Serdaigle — Mon cher, pourriez-vous cesser un instant de proférer des menaces contre notre amie ?

Salazar Serpentard — Vous avez raison, ma chère. Cela n'est qu'une perte de temps. J'ai mieux à faire en ce moment. Il me faut absolument me préparer à me débarrasser de Gray Gryffondor.

Rowena Serdaigle — Rappelez-moi la promesse que vous avez faite concernant une armistice contre ce pauvre garçon ?

Salazar Serpentard — Parce que vous avez vraiment cru un instant que j'étais sincère ? Enfin, ma chère, vous me connaissez mieux que ça ! Évidemment que ce n'était qu'une promesse en l'air. Il n'y a que Godric pour tenir ses promesses. Bon maintenant, si vous le permettez, je dois trouver un moyen de me débarrasser de ce freluquet. Tiens, elle n'était pas si mauvaise cette idée de potion empoisonnée…

Rowena Serdaigle — Vous êtes incorrigible, mon cher.

Salazar Serpentard — Cela aussi, c'est un fait connu à mon sujet.


L'apprenti de Salazar

C'est l'heure du souper à Poudlard. Les élèves des quatre maisons sont réunis dans la Grande Salle, sous les regards vigilants des Fondateurs. Godric Gryffondor et Helga Poufsouffle fixent attentivement la table des Serpentard.

Godric Gryffondor — Ah Salazar ! Je sens que votre apprenti préféré mijote encore quelque chose.

Helga Poufsouffle — N'est-ce pas un peu tard pour cela ? À moins qu'il n'ait pour intention d'agir dans la nuit. Cela ne serait pas surprend, même lorsque nous déconseillons à nos élèves de sortir de l'enceinte de Poudlard de nuit…

Rowena Serdaigle — Il serait peut-être de bonne augure d'instaurer quelques règles à ce sujet, qu'en dites-vous ?

Godric Gryffondor — Je ne serai pas contre ! Mais c'est plutôt à Salazar que vous devriez en parler, ma dame. Vous connaissez son amour pour le règlement. Je crois que son protégé tient de lui de ce côté là. Impossible pour lui de respecter les règles, surtout celles mises en place pour sa sécurité. Comme ne pas utiliser d'ingrédients dangereux pour ses potions.

Helga Poufsouffle — Ou de ne pas se rendre dans la Forêt Interdite en pleine nuit sous risque de rencontrer des centaures ou des loups-garous

Godric Gryffondor — Ou encore…

Salazar Serpentard — Ah mais taisez-vous, tous les deux et fichez la paix à mon apprenti !

Godric Gryffondor — Je ne comprends vraiment pas pourquoi cet élève est votre protégé, Salazar. Qu'il soit le mien ou celui de dame Rowena aurait du sens, mais vous ? Cela demeure un mystère à mes yeux. Ce garçon est certes intelligent et malin, mais très indiscipliné.

Salazar Serpentard — Je vous ai déjà expliqué en long, en large et en travers que Merlin est promis à un grand destin. Vous verrez, l'Histoire retiendra son nom !

Godric Gryffondor — Hé bien pour le moment, pardonnez-moi mais j'ai du mal à y croire. Vous êtes certain que Merlin ne s'est pas trompé de maison ?

Salazar Serpentard — Nullement. Ce garçon a de grandes ambitions, même s'il n'en a pas l'air. De plus, doutez-vous du Choixpeau, votre propre création ?

Godric Gryffondor — Euh… Faites comme si j'avais rien dit.

Salazar Serpentard — Ce n'est pas comme si ce que vous dites m'importe, de toute façon. Je vous demanderai quand même de cesser de douter de mes choix d'apprenti. Encore une fois, Merlin est destiné à la grandeur. Vous n'en avez pas conscience mais moi oui.

Helga Poufsouffle — Et comme toujours, ce sont vos élèves qui vont devenirs de puissants et reconnus sorciers parce qu'ils sont ambitieux et intelligents. Nous le savons – vous nous le répétez bien assez à longueur de journée. Dites-nous plutôt pourquoi vous pensez cela de Merlin. Qu'a-t-il de si… exceptionnel ?

Salazar Serpentard — À part son intelligence et son ingéniosité ? Pour le moment, rien. Mais cela viendra. Nous ne serons peut-être plus de ce monde quand cela arrivera mais ce n'est pas important.

Godric Gryffondor — Encore une fois, comment savez-vous cela ? Vous nous avez caché des dons de voyance ?

Salazar Serpentard — Non, mais on me l'a dit.

Helga Poufsouffle — Qui donc vous la dit ?

Salazar Serpentard — Une dame, d'une grande sagesse.

Godric Gryffondor — Rowena, est-ce vous ?

Salazar Serpentard — Non, ce n'était pas une dame aussi unique que Rowena.

Helga Poufsouffle — Alors qui ? Dites-nous !

Salazar Serpentard — Je ne connais pas son nom. Je me souviens juste de son apparence et du lieu de notre rencontre. C'était au bord d'un lac, un lac des plus mystérieux. Je vous assure, il y planait une… atmosphère étrange, comme si on pénétrait sur un territoire mystique, qu'il s'agisse d'un lieu où vivent fées ou elfes.

Godric Gryffondor — Les elfes ? Qu'ont-ils de si mystiques, les elfes ? Ce sont des êtres rabougris et sans véritable pouvoir magique.

Salazar Serpentard — Non, pas ce genre d'elfes ! Je ne parle pas de ces… crapauds ambulants aux peaux hideuses et yeux immondes qui ont autant de valeur que le sol sur lequel nous posons nos pieds, et encore…

Helga Poufsouffle — Ne parlez pas ainsi d'eux !

Salazar Serpentard — Calmez-vous, l'amie des animaux opprimés. Déjà que je ne peux plus rien dire sur les moldus, voilà que vous prenez la défense des elfes domestiques ? Ne cesserez-vous donc jamais de me cassez les pieds avec ça ?

Helga Poufsouffle — Ni les uns ni les autres ne sont des animaux. Vous le savez, n'est-ce pas ?

Salazar Serpentard — Hé bien, comparé aux elfes dont je parle, ils le sont ! Les elfes que je mentionne sont ceux dont parlent les légendes. Vous savez, ceux grands et agiles, dépourvus de magies mais qui excellent dans les arts. Quelle tragédie que leur disparition ! Pourquoi les meilleurs partent-ils les premiers et ne laissent que des détritus, des…

Godric Gryffondor — Oui, oui, ceci est une véritable tragédie, comme nous le savons bien. Revenez au lac, Salazar.

Salazar Serpentard — Le lac… il faudrait que j'y retourne pour en percer les mystères mais pour une étrange raison, je ne parviens plus à retrouver le chemin. Je me demande si la dame que j'ai croisé là-bas y est revenue…

Godric Gryffondor — Vous avez dit que c'est cette femme qui vous a révélé que Merlin accomplirait de grandes choses à l'avenir. Êtes-vous certain de cela ?

Helga Poufsouffle — Et surtout, vous la croyez vraiment ?

Salazar Serpentard — Qu'insinuez-vous, Helga ?

Helga Poufsouffle — Hé bien, vous connaissant, j'ai du mal à comprendre pourquoi vous croiriez la première femme que vous croisez près d'un lac et qui vous parle du futur. Sauf erreur de ma part, vous la prendriez plutôt pour une folle.

Godric Gryffondor — Ce ne serait effectivement pas la première fois…

Salazar Serpentard — Cette dame n'avait aucunement l'allure d'une folle !

Godric Gryffondor — Et pourquoi donc ?

Salazar Serpentard — Parce que je sais faire la différence entre une folle et une dame d'une grande sagesse.

Helga Poufsouffle — Et au-delà de vos talents personnels pour distinguer une folle d'une dame sage ? Avait-elle quelque chose de particulier ? Les cheveux, les yeux ?

Salazar Serpentard — Nullement. Ses cheveux étaient d'un brun des plus communs… à moins qu'ils étaient châtains ?… Non attendez, je crois qu'ils étaient blonds ou n'était-ce que le reflet du soleil qui donnait cette impression ? Pourtant il ne me semble pas qu'il y avait du soleil à notre rencontre…

Godric Gryffondor — Attendez, on vous aborde pour vous parler de la destinée exceptionnelle de votre apprenti et vous ne vous remémorez même pas la couleur de cheveux de votre interlocutrice ?

Salazar Serpentard — Mes excuses mais j'avais plus important à regarder. Voyez-vous, il est difficile d'oublier une robe d'un bleu aussi scintillant quand on en voit une. À moins que ce soient ses cheveux qui étaient bleus ?

Helga Poufsouffle — Des cheveux bleus ! Nous aurons décidément tout vu ! À ce rythme, vous nous direz que ses cheveux étaient des serpents et que ses yeux paralysaient d'un regard ?

Salazar Serpentard — Taisez-vous, sotte. Ce n'était pas une gorgone, loin de là. Avez-vous déjà vu une gorgone marcher au milieu d'un lac ?

Godric Gryffondor — Ah ! Vous avez oublier de mentionner cela, Salazar ! Elle marchait sur l'eau, votre mystérieuse dame aux cheveux bleus ?

Salazar Serpentard — Je vous dis que je ne me rappelle guère de la couleur de ses cheveux.

Godric Gryffondor — Il est vrai que cela est bien de cadet de nos soucis. Il est bien plus intriguant de savoir qu'elle marchait sur l'eau. Je n'ai jamais vu ni sorcière ni sorcier marcher sur l'eau, pas à ma connaissance du moins. Et vous, dame Rowena ?

Rowena Serdaigle — Il ne me semble pas qu'un tel sortilège existe, en effet.

Salazar Serpentard — Qu'un sortilège de la sorte existe ou non, j'assure que cette dame marchait sur l'eau du lac.

Godric Gryffondor — Et elle vous a dit que Merlin deviendrait un sorcier dont l'Histoire se souviendrait… Ne le prenez pas mal, Salazar mais… qu'avez-vous bu avant de vous rendre à ce lac ?

Salazar Serpentard — Je ne suis pas un ivrogne de votre espèce, Godric.

Helga Poufsouffle — Et s'il s'agissait d'une fée ? Nous n'en savons pas grand-chose concernant cette espèce. Peut-être que toutes les fées ne sont pas petites ?

Salazar Serpentard — Vous ai-je mentionné des ailes dans le dos de cette dame, Helga ? Non. Donc ce n'est pas une fée. Une fée ? Et puis quoi encore ? Vous allez prétendre que cette dame du lac est à demie Vélane ? Ridicule !

Helga Poufsouffle — Parce qu'une humaine marchant sur l'eau ne l'est pas, bien sûr…

Salazar Serpentard — Je vous dis que cela n'est pas pareil.

Godric Gryffondor — Si vous le dites… En tout cas, vous devriez retrouver le chemin de ce lac mystère, Salazar. Il me prend l'envie de le voir de mes propres yeux.

Helga Poufsouffle — De même pour moi ! Je veux voir cette dame du lac ! Ne serait-ce que pour savoir si ses cheveux sont vraiment bleus…

Salazar Serpentard — Je n'ai nullement l'intention de vous menez où que ce soit. Vous vous débrouillerez tous seuls pour retrouver la dame du lac. Je ne vous aiderai pas, surtout quand vous osez critiquer mon apprenti de la sorte.

Godric Gryffondor — En parlant de Merlin… Le voyez-vous à la table de votre maison, Salazar ?

Helga Poufsouffle — Je crois que Merlin a disparu… devrions-nous être inquiet à ce sujet ?

À ce moment, un bruit sourd semblable à une explosion se fait entendre dans le château.

Helga Poufsouffle — Cela répond à la question.

Godric Gryffondor — Peut-être n'auriez-vous pas dû croire une femme marchant sur l'eau au milieu d'un mystérieux lac, Salazar.

Salazar Serpentard marmonne à voix basse mais ne répond pas.


Les jeux de rôles

Les Fondateurs sont réunis dans une pièce sombre remplie de torches, autour d'une table ronde sur laquelle sont posés de nombreux papiers, de quoi écrire et des dés en bois.

Godric Gryffondor — Vous pénétrez donc dans le fond de la grotte et là, surprise ! Un dragon vous y attend ! Il vous regarde, sa gueule remplie de flammes, prêt à vous rôtir. Que faites-vous ?

Salazar Serpentard — Hé bien je le pourfends, évidemment !

Godric Gryffondor — Ha, non ! Vous ne pouvez pas faire cela. Je vous rappelle que même avec tous vos points de dégâts magiques, ce dragon est immunisé à la magie. Votre sort n'a donc aucun effet sur lui.

Salazar Serpentard — Dans ce cas, je prends mon épée pour le tuer, bon sang !

Godric Gryffondor — Vous ne pouvez pas : vous êtes un magicien et ne pouvez pas porter d'armes.

Salazar Serpentard — Parce que les magiciens sont manchots et aveugles maintenant ?

Godric Gryffondor — Euh… non, mais ce sont les règles du jeu.

Salazar Serpentard jure et s'affale dans son siège, croisant les bras.

Salazar Serpentard — Soyez maudit, Godric. Vous et votre jeu futile qui m'empêchent de tuer un dragon si le désir m'y prend !

Helga Poufsouffle — Hé bien, c'est tant mieux que vous ne puissiez pas le tuer ! Qu'est-ce que ce pauvre dragon vous a fait pour mériter votre courroux, Salazar ?

Salazar Serpentard — Rien de particulier mais c'est comme vous : vous ne faites rien de spécial pour m'agacer et pourtant vous m'insupporter au plus haut point. Vous et ce dragon devez être cousins, sans doute.

Helga Poufsouffle — Ce dragon n'est même pas réel !

Salazar Serpentard — Alors pourquoi vous souciez-vous de son sort ? Laissez-moi le tuer en paix !

Godric Gryffondor — Euh… Peut-on revenir au jeu ? Parce que sinon, le dragon va vous attaquer sans que vous ne puissiez rien faire…

Salazar Serpentard — Arg, ne commencez pas à nous fatiguer avec votre jeu, Godric !

Rowena Serdaigle — Calmez-vous, mon cher. Dois-je vous rappeler que c'est vous qui avez accepté de jouer à ce que notre ami Godric appelle un jeu de rôle papier ?

Salazar Serpentard — Vous n'avez pas besoin de me le rappeler. Non seulement je m'en souviens mais en plus, je le regrette énormément. Si j'avais su à quel point ce jeu de rôle papier était une perte de temps, j'aurais refusé. Je pensais que Godric était devenu quelqu'un d'intelligent et que ce… « jeu » était en fait une manière d'améliorer quelques stratégies militaires pour contrer les moldus mais il n'en fut rien. Quelle déception !

Helga Poufsouffle — Hé bien moi je trouve que ce jeu est très divertissant et amusant.

Salazar Serpentard — Cela, on l'aurait deviné. Vous et Godric êtes de la même espèce de cas désespérés et désespérants donc votre avis n'a aucune importance.

Rowena Serdaigle — Je suis de votre avis, ma chère amie.

Salazar Serpentard — Pardon ?

Helga Poufsouffle — Vraiment ?

Rowena Serdaigle — Vraiment. Ce… jeu de rôle, bien qu'imparfait, offre beaucoup de possibilités. Avec un peu de travail dessus, cela pourrait être très intéressant.

Godric Gryffondor — Merci, ma dame ! Voyez, Salazar ! Vous êtes le seul de très mauvaise foi à critiquer ainsi mon jeu de rôle.

Salazar Serpentard — Oh, foutez moi la paix et aller crever dans le Tartare…

Godric Gryffondor ne répond pas, le fixant longuement.

Salazar Serpentard — Quoi ? Pour votre gouverne, nous ne sommes pas tous chrétiens comme vous, Godric. Déjà je vous dis que votre religion bizarre, elle ne va jamais durer dans ce royaume.

Godric Gryffondor — Et moi, je vous répète que vos dieux romains barbares sont en train de perdre l'influence qu'ils ont sur les gens de ce royaume et de ceux alentours.

Helga Poufsouffle — Pitié, vous n'allez pas recommencer avec ça, tous les deux ? Ce débat n'en fini jamais !

Rowena Serdaigle — Godric, notre royaume n'est pas sous l'influence romaine alors il est très improbable que les gens d'ici prient des dieux romains. Nous nous référons plus à des dieux celtes.

Godric Gryffondor — Dans ce cas, pourquoi Salazar parle-t-il du Tartare ?

Salazar Serpentard — Parce que je suis quelqu'un de cultivé qui a beaucoup voyagé, voilà tout.

Godric Gryffondor — Oh, je vous en prie ! Depuis quand la culture romaine est-elle sophistiquée et raffinée ?

Salazar Serpentard — Ce n'est pas ce que j'ai dit.

Godric Gryffondor — Mais c'est ce que vous sous-entendez.

Helga Poufsouffle — Euh… et sinon, qu'est-ce qu'on fait pour le dragon ?

Salazar Serpentard — Le dragon ? Pourquoi parlez-vous de dragon, vous ?

Helga Poufsouffle — Peut-être parce qu'à la base, nous sommes en pleine partie d'un jeu de rôle. Godric, vous êtes le maître du jeu… ne devriez-vous pas, je ne sais pas, nous inciter à jouer ?

Godric Gryffondor — Oh oui ! Vous dites vrai. J'avais complètement oublié cela.

Salazar Serpentard — Méfiez-vous, Godric. Apparemment l'amnésie vous guette. Cela doit être la vieillesse.

Godric Gryffondor — De quoi parlez-vous, Salazar ? Je suis plus jeune que vous.

Helga Poufsouffle — Messieurs, un peu de concentration, je vous prie ! Le jeu ! N'oubliez pas le jeu !

Godric Gryffondor — Ah oui ! Donc, le dragon… Hé bien, comme Salazar ne peut pas user de sa magie sur cet être ailé…

Salazar Serpentard — Encore une fois, cela est idiot. Autant que le fait de m'avoir donné la classe de magicien. Je suis un sorcier, Godric ! Pas un magicien. Déjà, les magiciens, cela n'existe pas. Pourquoi ne pas avoir créé la classe des sorciers plutôt ?

Helga Poufsouffle — Avez-vous vraiment besoin de vous plaindre de cela. Pour votre gouverne, je vous rappelle que j'ai obtenu la classe de marchand gnome. Vous pensez vraiment être mal loti ?

Salazar Serpentard — De plus, à quoi cela me sert-il d'être un magicien extrêmement puissant si je ne peux même pas user de mes pouvoirs contre un dragon ? Et depuis quand les dragons sont-ils immunisés contre la magie ?

Godric Gryffondor — Depuis que je l'ai décidé ! Je vous rappelle que je suis le maître du jeu de cette histoire et…

Salazar Serpentard — On se demande bien pourquoi d'ailleurs ! La prochaine fois, laissez ce rôle à ma chère Rowena, cela vaudra mieux pour tout le monde.

Godric Gryffondor — Ne me fatiguez pas, Salazar ! Il est bien plus difficile que l'on croit d'être maître du jeu, surtout avec des gens comme vous à guider.

Salazar Serpentard — Pardon ? Je vous ferai remarquer que, jusqu'à présent, je guide beaucoup mieux ce jeu que vous ! Déjà que vous avez voulu qu'on commence à jouer en allant dans une taverne écouter des ivrognes parler…

Godric Gryffondor — Je vous ai déjà dit que c'est une manière classique de commencer un jeu de rôle ! Cette taverne devait vous donner de précieux renseignements, notamment sur le dragon contre lequel vous faites face. Si vous étiez restés dans cette taverne pour écouter les conversations, vous le sauriez.

Salazar Serpentard — La seule chose que j'ai appris dans cette taverne, c'est que vous deviez être soûl pour avoir l'idée d'y faire s'y rencontre des fées, des loups-garous et des centaures !

Godric Gryffondor — Laissez l'univers de mon histoire tranquille !

Salazar Serpentard — Je le ferai quand tout cela aura du sens. Ce qui n'est pas près d'arriver !

Godric Gryffondor — C'est vous qui êtes trop étroit d'esprit pour comprendre un jeu de rôle !

Salazar Serpentard — Étroit d'esprit, moi ? Ne me faites pas rire. Je n'ai juste pas abusé de champignons étranges comme vous ! Arrêtez de voler sur vos balais magiques étranges, cela vous fait planer !

Godric Gryffondor — Ne commencez pas à critiquer le Kwidditch, Salazar !

Salazar Serpentard — Comment ça, ne pas commencer ? Je n'ai jamais cessé de la critiquer, votre invention sans queue ni tête faite pour suicidaires et demeurés !

Helga Poufsouffle — Messieurs, pourrions-nous revenir à la partie ?

Godric Gryffondor — COMMENT ? Je ne vous permet pas, Salazar ! Continuez et nous terminerons cette conversation par un duel !

Salazar Serpentard — Quand vous voulez, Godric ! Cela finira comme la dernière fois, avec ma victoire !

Godric Gryffondor — Vous n'avez pas gagné notre dernier duel, vous avez triché !

Salazar Serpentard — Je n'ai jamais dit que je jouerai loyalement comme vous alors ce n'est pas de la triche ! Admettez votre défaite, Godric !

Godric Gryffondor — Jamais ! Pas face à un perfide serpent comme vous !

Helga Poufsouffle — Et voilà, ils recommencent… que faisons-nous avec la partie en cours ?

Rowena Serdaigle — Laissez tomber, mon amie. Godric et Salazar ne font plus du tout attention à leur entourage.

Helga Poufsouffle soupire.

Helga Poufsouffle — Je pense que cette partie est loin d'être finie avec ces deux là…


Des visiteurs incongrus

Salazar Serpentard entre dans la Grande Salle d'un air confus. Les Fondateurs, restés à table après le souper, le regardent, intrigués.

Rowena Serdaigle — Que se passe-t-il, mon cher ? Vous pensez perplexe.

Salazar Serpentard — Je pense avoir fait les plus étranges des rencontres ce soir.

Helga Poufsouffle — Que voulez-vous dire ? Quelles rencontres ? Vous voulez dire que vous parvenez à croiser des gens sans que ceux-ci ne s'enfuient en vous voyant ?

Salazar Serpentard — Taisez-vous, persifleuse ! Qu'est-ce que cela signifie ?

Helga Poufsouffle — Hé ! Ne m'agressez pas parce que vous avez l'allure d'un vampire ! Ce n'est pas ma faute si de loin, en pleine soirée, on peut vous prendre pour un monstre. Après tout, c'est vous qui avez des habitudes des plus étranges, vous et votre manie d'aller vous promenez dans la Forêt Interdite sous la lune. Que faites-vous là-bas ? Un élevage secret de monstres ?

Salazar Serpentard — Mes affaires ne vous regardent pas.

Helga Poufsouffle — Vous avez raison. Je crois que je préfère ne pas en savoir plus.

Salazar Serpentard — Merci bien.

Rowena Serdaigle — Mon cher, revenons à ce que vous disiez.

Godric Gryffondor — Absolument ! Qu'entendez-vous par étranges rencontres ? Vous avez croisé des fées ?

Salazar Serpentard — Pourquoi pensez-vous toujours que j'ai fais la rencontre de fées, vous ? Ce n'est nullement le cas !

Godric Gryffondor — Oh, on ne sait jamais…

Helga Poufsouffle — Enfin, Godric ! Il est impossible que des fées aillent volontairement vers Salazar. Des lutins, à la rigueur, cela se comprendrait, mais des fées ? Elles sont bien trop pures pour cela.

Godric Gryffondor — Je n'avais jamais vu cela sous cet angle mais vous dites sans doute vraie, Helga…

Salazar Serpentard — Vous avez bientôt fini, tous les deux ?

Rowena Serdaigle — Ils ont fini, mon cher. Je vous en prie, continuez votre récit.

Salazar Serpentard — Je vous remercie, ma chère ! Je me promenais donc aux abords du château en début de soirée, veillant au passage à ce qu'aucun élève ne veuille jouer les Robin des bois quand…

Godric Gryffondor — Robin des bois ? Qui est-ce ? Un ami à vous ?

Salazar Serpentard — Arrêtez de m'interrompre !

Godric Gryffondor — D'accord, d'accord ! Nullement besoin de s'énerver pour si peu, voyons…

Salazar Serpentard — Je disais donc surveiller les alentours de la Forêt Interdite pour qu'aucun petit malin n'ait l'audace de s'y aventurer quand une petite silhouette a surgie de l'orée de la forêt.

Helga Poufsouffle — Ne me dites pas que c'était une fée ? Je n'y croirais pas.

Salazar Serpentard — Ah mais ne racontez pas n'importe quoi ! Une fée ? Et puis quoi encore ? Bien sûr que ce n'était pas une fée, voyons. Non, c'était un elfe. Un petit elfe. Enfin, je crois.

Rowena Serdaigle — Vous n'en n'êtes pas certain ?

Salazar Serpentard — Pas vraiment. Je sais que les elfes sont des êtres étranges mais… celui là l'était plus que les autres.

Helga Poufsouffle — Bizarre ? C'est à dire ?

Salazar Serpentard — Hé bien, déjà, il ne parlait pas.

Helga Poufsouffle — Il était muet ? En quoi est-ce étrange ?

Salazar Serpentard — Non, il n'était pas muet mais… il ne formulait pas de phrases et ne prononçait mot. En fait… il hurlait. Pas comme Godric quand celui-ci se dit qu'il veut tous nous rendre sourd à hurler dans nos oreilles. Je crois qu'il tentait de communiquer avec moi par cette façon, avec des… onomatopées ? Il disait : « hé ! ha ! yyya ! »

Helga Poufsouffle — Euh… Vous êtes sûr de ce que vous racontez, Salazar ? Vous êtes certains que ce n'est pas un lutin qui vous jouait un mauvais tour ?

Salazar Serpentard — Bon, il est vrai qu'il était assez court pour un elfe mais il avait des oreilles pointues ! Et portait un ridicule costume vert. Bon, certes, ce n'était pas une robe mais c'était une tenue assez ridicule pour que seul un elfe puisse porter ça, voyons ! Puis il avait des cheveux blonds, et un visage aux traits fins.

Godric Gryffondor — Votre manière de définir un elfe est… particulière, Salazar.

Salazar Serpentard — Oh ça va, vous n'allez pas commencer à me fatiguer. En plus, cet elfe était vraiment étrange.

Helga Poufsouffle — Vous voulez dire en plus de ne pas parler ?

Rowena Serdaigle — Peut-être que cette façon unique de communiquer indiquait que c'était un elfe d'une autre contrée que la notre ?

Salazar Serpentard — Cela, je n'en doute pas une seule seconde. J'ignore de quel royaume ou empire il vint, mais ce n'est pas d'ici, c'est certain ! Nous, nous ne parlons pas aux arbres à ce que je sache. Ce malpoli, au lieu de me répondre correctement quand je lui ai demandé de décliner son identité et de m'expliquer ce qu'il faisait là, s'est empressé d'aller vers le Saule Cogneur. Vous auriez dû voir ça : l'arbre avait beau vouloir le réduire en bouillie, cet idiot d'elfe s'en approchait de plus en plus. Je crois qu'il tentait de trouver un passage secret près du tronc d'arbre.

Godric Gryffondor — Même moi doit reconnaître que cet elfe semble… particulier.

Salazar Serpentard — Et encore ! Ce n'était pas le pire ! À un moment, par je ne sais par quel mystère, il s'est mis à sortir d'étranges objets d'une espèce de poche magique invisible. Il en a sorti un grappin, ainsi que…

Godric Gryffondor — Un grappin ? Qu'est-ce que ça ?

Salazar Serpentard — Oh, allez regarder le futur au lieu de me poser la question ! Apprenez à vous renseignez un peu. Je disais donc que cet elfe miniature a sorti un grappin, sauf que cela s'est révélé une idée des plus idiotes quand son grappin s'est accroché à une branche qui bougeait dans tous les sens et que l'elfe s'est mis à voler – en même temps, vu sa taille cela n'avait rien de surprenant. Donc à la place, une fois de nouveau sur la terre ferme, il a sorti une masse géante, probablement faite en plastique puisque…

Godric Gryffondor — Plastique ?

Salazar Serpentard — Qu'est-ce que je viens de vous dire, à vous ?

Godric Gryffondor — C'est bon, je me tais ! Je me renseignerai sur cet étrange métal qu'est le plastique plus tard.

Salazar Serpentard — Donc, cette masse devait être à base de plastique puisqu'il la soulevait sans problème mais elle n'a tout de même servi à rien contre le tronc d'arbre. Alors là, il a sorti des bombes et a tenté de faire exploser le tronc d'arbre.

Rowena Serdaigle — La logique de cet elfe est de plus en plus fascinante…

Salazar Serpentard — Je ne vous le fait pas dire. Bon, cela n'a encore une fois pas servi à grand-chose – cet arbre doit être fait à base des mêmes métaux qu'Excalibur. Ensuite…

Godric Gryffondor — Excali… ?

Salazar Serpentard — Bouclez-là ! Qu'est-ce que vous ne comprenez pas dans le fait de ne pas m'interrompre, Godric ? À croire que vous êtes encore plus affligeant que cet elfe !

Rowena Serdaigle — Mon cher, calmez-vous et poursuivez je vous prie. Qu'a fait cet elfe ensuite ?

Salazar Serpentard — Justement ! C'est là où il me semble voir une ressemblance entre cet elfe et Godric parce qu'en dernier recourt, cet elfe s'est équipé de bottes avec des ailes comme s'il se prenait pour Hermès – c'est la version grecque de Mercure – et il a tenté de voler vers le sommet de l'arbre.

Helga Poufsouffle — Et il y est parvenu ?

Salazar Serpentard — Non. Il s'est prit un coup du Saule Cogneur et s'est envolé dans l'astre nocturne. Je ne l'ai plus revu par la suite.

Godric Gryffondor — Je ne vois pas le rapport avec moi.

Salazar Serpentard — Il voulait voler, c'est ça le lien entre vous et cet hurluberlu. Voilà ce qui vous arrivera si vous ne cessez de vous prendrez pour un piaf, Godric. Non pas que cela me dérangerait que vous vous preniez un coup de cet arbre tueur et disparaissiez à jamais…

Helga Poufsouffle — Pensez-vous que cet elfe venait de la Forêt Interdite ?

Salazar Serpentard — Quoi ? Pourquoi serait-ce le cas ?

Helga Poufsouffle — Vous avez dit qu'il sortait de là lorsque vous l'avez croisé. Alors j'en ai déduis que…

Salazar Serpentard — Oh que non ! Il est hors de question qu'il vienne de la Forêt Interdit. Il y a déjà assez de bizarreries là-bas pour qu'on rajoute des elfes de la taille d'un cailloux avec des poches magiques et des envies suicidaires. Cela suffit comme ça !

Tous se taisent face à l'explosion de Salazar Serpentard. Puis…

Godric Gryffondor — De la taille d'un cailloux ?

Salazar Serpentard — C'est la seule chose qui m'est venue à l'esprit. Faites la moindre remarque à ce sujet et vous finirez comme l'elfe vert, je vous en fait la promesse.

Quelques jours plus tard, Godric Gryffondor retrouve ses collègues, confus mais amusé.

Salazar Serpentard — Tiens, pourquoi souriez-vous béatement, vous ? Qu'est-ce que vous avez encore eu comme idée abracadabrante ?

Godric Gryffondor — Aucune ! Je viens simplement de faire la plus étrange des rencontres.

Helga Poufsouffle — Plus étrange que celle de Salazar avec l'elfe vert miniature ?

Godric Gryffondor — Je pense, oui ! Il s'agissait d'un groupe de neuf compagnons en quête pour jeter un anneau dans un volcan en évitant d'ignobles monstres à la peau verte ignobles qu'un groupe de cavaliers fantomatiques et un étrange œil rouge géant au sommet d'une tour. Ils m'ont dit former la communauté de l'anneau.

Tous les Fondateurs sont muets de surprise, jusqu'à ce que Helga Poufsouffle s'esclaffe de rire.

Helga Poufsouffle — Je reconnais que vous battez haut la main Salazar sur ce coup là ! Il ne manque plus qu'un elfe se trouva dans ce groupe pour que cela soit un comble.

Godric Gryffondor — Oh, mais justement il y en avait un ! Bon, c'était un grand elfe mais il y avait aussi d'étranges petits hommes aux grands pieds, de même taille que le nain qui les accompagnait.

Salazar Serpentard — De mieux en mieux… Et ensuite, vous me direz que Merlin les accompagnait.

Godric Gryffondor — Non mais un vieux magicien au chapeau pointu était avec eux.

Helga Poufsouffle — Oh ! Vous pensez qu'il s'agissait d'un sorcier ?

Godric Gryffondor — Je le crois, oui ! Mais il ne se servait pas d'une baguette magique mais d'un grand bâton en bois taillé. Il criait beaucoup auprès d'un des petits hommes, marmonnant quelque chose à propos d'un Touque stupide.

Helga Poufsouffle — Un Touque ? Qu'est-ce que c'est ?

Godric Gryffondor — Je l'ignore mais peut-être ai-je mal entendu. Peut-être parlait-il d'une tourte ?

Helga Poufsouffle — Bien que cela m'ouvre l'appétit, cela me semble encore moins cohérent…

Godric Gryffondor — Ah, vous aussi avez faim ? Alors qu'attendons-nous pour manger ?

Alors que Godric Gryffondor et Helga Poufsouffle se mettent à parler de nourriture , Rowena Serdaigle est perplexe.

Rowena Serdaigle — Tout cela est vraiment des plus étranges…

Salazar Serpentard croise les bras.

Salazar Serpentard — Je ne vous le fait pas dire. Peut-on savoir pourquoi tous les clowns de foire viennent ici ?


Je crois que j'ai un peu trop regardé le Seigneur des Anneaux et joué à Zelda récemment. Sinon, j'aime rendre à César ce qui est à César et donc : la scène du jeu de rôle est très fortement inspirée d'une espèce de podcast de Noob – la web-série – où quelques personnes essayent de jouer à un jeu de rôle papier – le mot-clé c'est essayer. Il est vraiment drôle : à chaque fois que je le revois, alors que je sais ce qui va se passer, j'en ris de bon coeur.