- Je ne te crois pas et je ne te fais pas confiance, même si je disais oui, tu n'hésiterais pas une seconde à dévorer un des membres de ma famille qui se trouverait sur ton chemin, même sous mes yeux, tu me l'as déjà prouvé. Non ! Je refuse, je ne peux pas faire ça ! Même au prix de ma liberté, je ne te donnerais pas la vie d'un innocent ! Hurla Arya
Le clown afficha un sourire sardonique en voyant l'expression ferme et déterminée sur le visage de Arya.
- Ton choix est fait, il n'y aura aucun autre échappatoire, tu es à moi pour toujours.
Il serra sa prise autour de sa gorge. Arya gémit.
- Jouons à un petit jeu. Sourit-il narquoisement
Et sous les yeux exorbités de la brune, le clown prit son apparence. Elle suffoqua en voyant un double d'elle avec un sourire diabolique sur son visage.
- Tu es toute pâle, petite fille. J'arrive à deviner que tu es morte de soif...Railla t-il
Une lueur malveillante brillait dans les iris du monstre.
- J'ai justement quelque chose de rafraîchissant. Reprit-il
Il tourna Arya dos à lui et la colla contre son corps, il cachait dans sa main quelque chose. Son sourire fou et inquiétant ne quittant jamais ses lèvres même avec l'apparence de Arya. La jeune femme était offusquée de voir ça sur son visage !
- Ouvre grand la bouche. Ordonna t-il
- Non ! Je ne veux pas ! Protesta Arya
- Ouvre-la ou je ramène une autre proie vivante et t'oblige à découper ses membres. Menaça son double
Arya, alors, s'exécuta lentement. Son menton trembla puis elle ouvrit sa bouche, tout en évitant les yeux excités de son double.
- Savoure, ce délicieux nectar.
Avec horreur, Arya s'aperçut qu'il pressait un cœur ensanglanté, qui devait certainement appartenir à Nolan, au-dessus de sa bouche. Le sang s'échappa de l'organe percé et coula abondamment dans la bouche de Arya.
La jeune femme se baîllonna avec ce sang, elle tenta de le recracher cependant le clown tira les cheveux d'Arya en arrière pour qu'elle finisse par l'avaler.
Il s'empressa d'ajouter du sang jusqu'à que ça déborde.
- Arrête ! Arrête ! S'étouffait Arya avec tout ce qu'il versait dans sa bouche
Le clown ricana en voyant la détresse de Arya.
Ses yeux lui piquèrent, menaçant de verser des sanglots. Arya, dégoûtée au plus haut point se débattait vainement contre la prise qu'avait son double sur elle.
- Tu vois, Arya, tu comprends maintenant, pourquoi j'aime autant le goût du sang ? Se moqua t-il ouvertement d'elle
Il lui souffla au creux de l'oreille :
- Je sens que tu vas adorer aussi la chair humaine, tu verras c'est si tendre, si appétissant. J'adore racler les os et les lécher. Quel délice...
Il voulait la forcer à manger de la viande humaine !
Arya réfléchit à toute vitesse, c'était alors qu'elle supposa quelque chose, si le clown avait pris son apparence, il devait répondre aux lois de la physique, il avait les mêmes faiblesses qu'elle, désormais !
Tant pis, elle n'avait plus rien à perdre !
Arya s'empressa de lui donner un violent coup de pied dans le genou avant qu'il ne presse un bras arraché contre sa bouche. Poussant un cri de douleur il lâcha sa prise autour de sa gorge.
Le cœur battant à tout rompre, Arya se précipita vers la sortie, quand elle arriva face à la porte qui menait tout droit à la liberté, elle découvrit avec effarement qu'elle était verrouillée !
Son regard se posa vers la cuisine. Elle y entra et essaya de casser la fenêtre avec une chaise quand subitement des ronces se mirent à pousser bloquant toutes les ouvertures !
Arya, sous le choc, laissa tomber la chaise qui se fracassa dans un bruit sourd par terre. Un long frisson parcourut sa colonne vertébrale quand elle entendit un sifflement moqueur résonnait comme un écho dans toute la maison délabrée !
- Petite proie, qui essaye de fuir pour ne pas mourir, mourir ! Chantonna sarcastiquement le clown
Arya ne voulant pas être à nouveau entre les griffes de ce monstre, décida de trouver un endroit où se cachait. Elle courait du mieux qu'elle pouvait pour fuir cette horrible créature.
Elle entra dans une chambre et se cacha dans l'armoire, elle se recroquevillait sur elle-même tout en tentant de respirer le moins fort possible.
- Tu veux jouer à cache-cache Arya, je te préviens que je suis très fort à ce jeu ! Entendit-elle avec effroi sa propre voix
Arya tentait vainement de ne pas paniquer. Elle se mordit la lèvre inférieure pour ne pas se laisser envahir par la terreur !
- Où te caches-tu, petite fille ? Demanda le monstre
Les bruits de pas du monstre assoiffé de sang, faisait craquer le plancher.
Arya, qui sut qu'il était tout près d'elle, mit avec force une main contre sa bouche pour empêcher n'importe quel bruit d'en sortir.
Ce silence de mort, ne la rassurait pas du tout, la jeune femme n'entendait plus que ses sons intérieurs qui étaient bruyants tant elle était agitée et effrayée !
Finalement, les pas s'éloignèrent de l'armoire. Arya entrouvrit légèrement la porte de l'armoire tout en espérant qu'elle n'allait pas grincer. Elle approcha son visage de l'entrouverture, regardant de droite à gauche pour vérifier qu'il ne s'était pas caché dans la pièce.
La chambre était vide.
Soudainement elle sentit un souffle contre son cou, se retournant elle fit face à son double maléfique ! Ses yeux jaune ambre qui luisaient dans le noir, scrutaient cruellement les iris brillantes de larmes de Arya.
- Je t'ai manquée ? Se moqua son double
Arya poussa un cri perçant et ouvrit brutalement les portes de l'armoire, tombant à la renverse. Elle resta par terre, paralysée par la peur en regardant le démon sortir à son tour brusquement. Ce dernier esquissa un sourire narquois.
- Comment tu m'as trouvé ?! S'exclama Arya
Il éclata d'un rire fou. Puis sans prévenir il saisit violemment le col de sa chemise :
- J'ai entendu les battements frénétiques de ton petit cœur. Ils m'appelaient. Ton souffle m'appelait, ton odeur m'appelait...
Avec horreur, son double plongea son nez dans ses cheveux et la renifla.
- Ne me touche pas ! Protesta Arya
Elle se vit grogner puis le clown reprit ses traits et son apparence pour redevenir complètement lui-même.
- Tu préfères le clown dansant ? Ironisa le monstre
Il la souleva hors du sol et la jeta brutalement, la faisant basculer sur le lit qui était derrière eux !
Arya retint une plainte de douleur de franchir ses lèvres, son dos avait frotté brutalement les planches qui se trouvaient sous le maigre matelas.
Le démon se retrouva sur Arya et il posa chacune de ses jambes de chaque côté des hanches de sa proie.
- C'est à mon tour de te dominer, petite fille. Souffla t-il en caressant la joue d'Arya
Le clown se lamentait faussement :
- Ton petit corps est si faible, je ne compte pas reprendre ton apparence de sitôt.
Il gloussa, Arya essayait de repousser le clown mais elle n'y parvint pas, le poids de ce dernier l'écrasait littéralement.
Elle essaya de se mettre sur le côté, elle n'y arrivait pas non plus. La main gantée du clown se positionna sous le menton tremblant de Arya, il exigea avec un sourire provocateur :
- Dis-moi que je suis le plus fort.
- Non ! Refusa Arya
Il gifla violemment sa proie, essuyant ainsi un peu le sang sur le visage de la jeune fille. Grippe-Sou lécha dans un geste moqueur le sang sur son gant tout en ayant un regard posé sur Arya.
La jeune femme jeta un regard dégoûté et rempli de colère au clown.
Ce dernier en retour, lui répondit avec un large sourire :
- Pauvre idiote, tu vas regretter de ne pas t'être exécutée.
Brusquement, il posa sa main gantée sur la bouche de Arya, elle sentit le goût métallique du sang pénétrait à nouveau dans sa bouche !
Sa main était tellement massive qu'elle recouvrait aussi le nez de la brune, empêchant qu'elle inspire de l'oxygène.
Arya se mit à paniquer, elle poussa des cris qui furent aussitôt étouffés contre la main du clown ! Son cœur cognait dans sa poitrine, elle avait la phobie de mourir d'asphyxie !
- Respire, ne te laisse pas mourir, idiote ! Se moqua t-il ouvertement
La jeune femme se débattait désespérément, seulement le corps du clown était trop lourd pour qu'elle puisse le déplacer !
Arya pleura alors nerveusement sous les rires du clown !
- Allez Arya, dis-le. Dis que je suis le plus fort, que je suis ton maître et que tu m'appartiens !
- Tu es...Tu es le plus fort...Dit Arya d'une voix hésitante
- Je n'ai rien entendu. Redis-le ! Ordonna t-il
- Tu es le plus fort, tu es mon maître, je t'appartiens...Sanglota Arya
Il s'esclaffa longuement. Puis il entoura la taille de Arya de son autre main, couvrant toujours sa bouche, il réussit d'une main à la relever et la faire asseoir sur ses genoux.
Arya continuait à pleurer, suppliant qu'il libère sa bouche. Il découvrit seulement son nez pour qu'elle puisse respirer.
Seulement Arya l'implora à nouveau même si sa main ne couvrait que sa bouche, elle se sentait tout de même suffoquer.
Pas le moins du monde pressé, Grippe-Sou se mit à caresser les cheveux de Arya tout en fredonnant. Il déclara d'une voix mesquine :
- J'ai attendu ce moment, attendu, attendu, depuis si longtemps. Et il est enfin arrivé. Oh oui, que je savoure cet instant...
- S'il te plaît...Implora Arya
- S'il te plaît, s'il te plaît. Ricana t-il
Arya commença à voir son champ de vision se brouillait à cause de toutes ces émotions. Seulement, elle finit par faire cesser ses larmes, si son destin était de mourir tuée par ce monstre, elle voulait partir avec dignité.
Elle dit contre la main gantée du clown :
- Tu crois que tu as gagné, mais c'est faux...Tu ne me fais pas peur ! Tu m'inspires que du dégoût et de la colère ! Tu n'es qu'un monstre horrible.
Elle disait sincèrement ces mots, le clown lui-même ne l'effrayait pas, il réussissait à la faire paniquer à cause de ces phobies, seulement elle ne se laissait pas totalement submerger par elles.
Le clown grogna, avec rage il repoussa brutalement Arya la faisant tomber par terre à plat ventre, la jeune femme toussa bruyamment et s'empressa d'inspirer de l'air.
Elle resta dos à lui, elle pensait qu'il allait la laisser tranquille, grave erreur.
Arya tenta de se relever, ses jambes tremblaient ne supportant pas de porter le poids de son corps actuellement, il était trop fatigué.
Elle se mit alors à ramper pour se diriger vers la porte. Mais elle sentit les mains gantées du clown se posaient sur ses hanches et la soulever hors du sol.
Il entoura à nouveau sa main autour de sa gorge tout en plantant son regard cruel dans le sien.
Arya ne se laissa pas abattre, elle gesticula et poussa des cris perçants.
- Chut, chut, ferme ta petite bouche ou je te promets de coudre tes lèvres ensemble.
Cette menace eut effet de calmer Arya aussitôt.
Sudainement, il lui vint une idée horriblement cruelle pour torturer la jeune femme. Elle devait regretter de lui avoir résisté depuis toujours.
Il caressa de son pouce le cou d'Arya.
- Que se passe-t-il, tu n'as pas l'air bien. J'arrive à sentir une souffrance dévastatrice en toi. Confie-toi à ton meilleur ami, dis-moi tout ce qui ne va pas. Je t'écoute. Sourit-il sadiquement
Arya comprit alors ce qu'il attendait d'entendre, non, elle ne lui ferait pas ce plaisir.
Elle voulut détourner le regard mais il appuya avec force sur sa trachée provoquant chez la jeune fille une douleur lancinante.
À contrecœur elle plongea ses yeux dans ceux du clown. Arya se mordit la lèvre inférieure, elle se débattait contre elle-même pour ne laisser aucune phrase franchir ses lèvres.
- Confie-toi, ça te soulagera, ma toute belle.
Arya sentit ses yeux lui brûlaient, ils déversèrent incessamment des larmes, son cœur se serrait à l'intérieur de sa poitrine.
- Dis-moi ce qui te fait aussi mal.
Elle voulut baisser la tête, cruellement il attrapa de son autre main sa mâchoire pour qu'elle ne puisse pas fuire son regard.
Les larmes dévalèrent le long de ses joues. Arya, contre sa volonté, commença à dire tout ce qu'elle avait enfoui au plus profond d'elle :
- Pourquoi je suis née ? Je ne méritais pas le don de la vie, on me l'a fait comprendre durant toute mon existence, je ne suis pas comme les autres, je suis différente, je ne ressemble à personne. On a peur de moi, on me fuit, ou on se moque de moi, on veut que tous me haïssent, on veut me faire éprouver le sentiment que je ne sers à rien, que je suis inutile pour les autres et que c'était une erreur que je suis ici. Je me déteste, je déteste l'être humain, pourquoi j'en suis un ?! Pourquoi ?! Pourquoi ?! L'homme est un monstre, cruel et sans cœur, au lieu d'aider celui qui souffre il continue à lui infliger plus de peine et de douleur. Il se sent obliger de vivre entouré des autres, de ses semblables, s'il se retrouve seul, il n'a plus goût à la vie. Il n'accepte pas la solitude, il la craint, la rejette.
Le clown s'était esclaffé durant tous les aveux qu'avaient prononcé Arya. Il approcha son visage de la jeune femme qui était en pleurs.
- Si les humains s'en prennent à ceux qui sont différents c'est parce qu'ils sont lâches, ils ont peur de tout ce qui pourrait dépasser leur contrôle, leurs capacités, alors ils veulent les détruire.
La rage remplaça bien vite la douleur et la tristesse que ressentait Arya. Comment avait-il pu l'obliger à lui faire avouer tout ce qu'elle ressentait, elle souhaitait ardemment le garder au fond d'elle, l'enfouir pour ne jamais montrer à qui que ce soit cet immense chagrin qu'elle éprouvait.
Si elle avait décidé de tout dire, ça serait à un de ses proches pas à ce démon.
La jeune femme hoqueta d'une voix rauque :
- Pourquoi tu aimes tant que ça de me faire souffrir ?
- Parce que tu deviens si faible, si fragile que je peux entrer facilement dans ton cœur, dans ton âme et faire de toi mienne.