Star Wars ne m'appartient pas. L'histoire de fond et les personnages sortent de l'imagination (géniale) de Georges Lucas.
Ce qui suivra est à considérer comme quelques projections d'écume au sommet de la vague. Juste un peu d'écume…


Note liminaire : Ce qui va suivre est la suite de «La bataille de Dvar», dont la lecture est chaudement recommandée pour une présentation plus approfondie des enjeux et personnages.


Frégate d'assaut républicaine «Hoth's Revenge II», allée principale.

Ce furent les bruits ambiants qui la réveillèrent. Les sons devinrent des mots, les mots devinrent des phrases, et elle finit par percer la surface des songes.

Ses yeux s'ouvrirent et ne virent d'abord qu'un plancher malpropre. Elle tourna lentement la tête et comprit qu'elle était couchée sur le coté le long de la paroi d'un couloir. Une poche de transfusion raccordée à son bras gauche avait simplement été fixée à la cloison par un bout de bande adhésive.

Sa vue s'élargit et elle se rendit compte qu'elle était nue. Et sale. Le sang dont elle était couverte avait coagulé et lui dessinait un pelage aléatoire.

Elle détestait être nue, même toute seule. La carrière militaire lui avait apportée la protection de l'uniforme et de la hiérarchie et elle se sentit trahie de se trouver ainsi écorchée vive.

Elle avait chaud, ce qui la surprit un peu. La température dans les parties communes des vaisseaux militaire était en général assez basse, à la fois pour économiser l'énergie et pour éviter l'apparition de germes, toujours dangereux dans un espace confiné. Des dispositions exceptionnelles avaient due être prises.

La voix qui l'avait réveillée se fit entendre à nouveau.

Elle en chercha l'origine et vit qu'il s'agissait d'un caporal qui passait la serpillière sur le sol antidérapant. Il discutait avec un blessé, allongé comme elle un peu plus loin.

«Il est bien temps de nettoyer !»

Elle se mit sur ses genoux, décrocha sa poche de la cloison et se leva lentement. La tête lui tourna et elle dut s'appuyer un moment sur la paroi.

-Soldat ! dit-elle d'une voix qu'elle voulut forte.

Le caporal tourna la tête.

-Vous avez besoin de quelque chose ? demanda-il d'un ton affable.

Elle se concentra et réussit à se rapprocher de lui sans trop vaciller.

-Pour commencer on salue un supérieur avant de répondre !
-Mais c'est quoi votre grade ?

Elle regarda alors ses épaules pour se rendre compte que son pansement et le sang coagulé masquaient ses tatouages hiérarchiques.

-Hum… Effectivement vous ne pouviez pas le savoir. Je suis le colonel Youlia Ashrod, de la sécurité intérieure de l'«Emancipator».

Le caporal changea de main pour tenir son balai et effectua un salut passable.

-Où sont les médecins ?
-Au bout du couloir, à l'infirmerie. Ils se reposent.

«C'est sûr que de la façon dont ils s'occupent des blessés, ils doivent avoir des loisirs !»

Il ne restait plus qu'à le leur faire savoir.

-Caporal, votre serpillière.
-Ma serpillière colonel ? Mais pour quoi faire ? répondit le soldat éberlué.
-Ça ne vous regarde pas. Exécution !

Le caporal soupira, tordit le chiffon épais au-dessus du seau et le tendit à Youlia.

Celle-ci le prit, le déplia et l'enroula autour de sa taille à la manière d'un pagne rudimentaire. Elle serra sa poche entre ses dents pour pouvoir faire un nœud. Ceci fait, elle reprit sa transfusion en main et dit :

-Maintenant, allons à la consultation.

Le caporal la suivit, passablement intrigué.


Trois médecins se trouvaient à l'infirmerie. Deux appartenaient à l'équipage de la frégate, le troisième, une femme, était l'un des volontaires impériaux resté sur le «Destiny Blade» pour s'occuper des blessés. Du fait de sa fonction, elle n'avait pas rejoint les prisonniers mais avait été intégrée directement à l'équipe médicale.

Les heures précédentes avaient été rudes, car il avait fallu d'abord soigner les blessés de l'équipage suite à la collision, puis récupérer ceux du «Destiny Blade» qu'il avait fallu répartir entre les différentes frégates. En contradiction avec les ordres de l'amiral, tous avaient été pris en charge sans distinction d'appartenance. Pour sauver les apparences, on avait juste revêtu les impériaux avec des pièces d'uniforme républicain prélevées sur les prisonniers.

Ce subterfuge avait permis de respecter les règles non écrites du combat spatial mais cela avait entraîné une saturation des zones médicales imposant le déplacement des moins touchés dans tous les couloirs et surfaces disponibles.

Le médecin-chef de la frégate était assis sur une table d'opération. Son chirurgien en second et l'impériale se tenaient debout face à lui. Tous étaient une tasse à la main. Il soupira puis prit la parole :

-Foutue journée ! J'en ai passé plus qu'à Hoth !
-Oui chef, répondit le chirurgien. C'est la première fois que j'appelle l'équipage pour les transfusions…
-Et vous docteur… Comment vous appelez-vous au fait ? demanda le médecin chef à l'impériale.
-Mei Cantor.
-Et bien Mei, vous avez déjà vu ça ?
-Oui. A Endor.

Un ange passa.

-Vous étiez volontaire ?
-Oui. De toute façon les régiments ont leur propre personnel médical. Ça ne servait à rien de rester.

« Tiens, tiens, ils avaient donc embarqué des unités planétaires », nota le chirurgien. Il ajouta :

-La Force seule sait où ils sont maintenant…
-Pas moi en tout cas. Tout s'est passé si vite…

A ce moment, le rideau de lamelles flexibles de l'entrée fut écarté. Le médecin chef tourna distraitement la tête. Puis se figea.

Les bandes souples retombèrent.

Ce qui venait de surgir devant le chef du poste était totalement déplacé dans un vaisseau spatial, fruit raffiné de plusieurs siècles de génie humain.

Une sauvage tenait poitrine nue devant lui, comme il en existait encore sur des systèmes isolés sans ressource à exploiter. La primitive ne manquait néanmoins pas d'allure et son maintient inspirait instinctivement le respect. Quelques instants s'écoulèrent, puis, à sa quasi-surprise, l'apparition s'exprima de façon intelligible.

-Je suis le colonel Youlia Ashrod et je viens écouter vos explications sur votre manière de soigner les blessés.

Les trois médecins restèrent figés un moment sans répondre, puis le chirurgien prit la parole :

-Colonel, nécessité a fait loi. Le nombre de blessés était tel que nous avons du mettre les moins graves dans les couloirs. La surveillance a quand même été assurée.

La sauvage tourna la tête

-Que s'est-il passé ?
-Nous sommes entré en collision avec le destroyer. Nous avons du prendre en charges nos blessés ainsi que ceux que nous ont laissé les impériaux.
-Il y a combien de temps ?

Le médecin chef regarda la pendule et fit un rapide calcul de tête.

-Treize heures.

La colonelle fixa à son tour l'afficheur et vit sans joie son image se réfléchir dans la glace.

-On peut se laver ?
-Oui, il y a une douche sonique à l'intérieur du poste. Mais faites attention à bien couvrir votre pansement…
-Il est bien question de pansement ! Les impériaux nous ont filé entre les doigts !
-Si vous ne cicatrisez pas correctement vous ne pourrez pas les attraper ! Répliqua le chef de poste.
-Hum… Ou sont mes vêtements ?

Un silence gêné s'établit. Le médecin chef se racla la gorge et annonça :

-Découpés et détruits… la blanchisserie a été détruite dans la collision… On ne pouvait pas conserver tous ces mètres cube de tissus souillés…

Youlia se cabra.

-Vous plaisantez ? Je vais reprendre mon poste en pagne ?

«Ça remonterai sûrement le moral de la troupe…» ne put s'empêcher de penser le caporal.

-Et bien…
-On peut vous fournir une tenue d'infirmière, dit très vite le chirurgien. En attendant qu'un membre de l'équipage ne vous prête un de ses uniformes…

Un silence s'établit. La sauvage réfléchit et finit par dire :

-Ou est la douche ?