Petit mot de l'auteure : ce texte a été écrit pour la 118e nuit du FoF sur le thème "mine". Bon le lien avec thème est devenu tout à fait inexistant, mais je suis contente du texte. En fait je suis partie de la définition botanique de la "mine", à savoir : galerie creusée dans les tissus internes d'une feuille par une larve mineuse de lépidoptère, de diptère ou de coléoptère. Un lépidoptère, c'est un papillon, et voilà comment je me suis retrouvée à faire un Braime UA où les personnages sont des papillons.

Bon j'ai eu l'idée de ce truc à 23h30, donc faut pas trop chercher à comprendre.

Sinon ça répond aussi à des défis de la Gazette : Si tu l'oses 402 (punaises), mille pormpt 727 (Titre – gloire à celui qui a de l'espoir), citations contes des royaumes 51 (Les choses vont peut-être s'arranger) et 100 façons de rencontrer son partenaire.

Merci à Angelica, Marina, Leptiloir, Ahelya et Elayan pour leurs reviews sur les chapitres précédents !


Le jour venait de poindre, éclairant la feuille reculée où Brienne s'était installée pour la nuit, et retint un juron. Sa patte arrière était coincée sur une lourde brindille, l'empêchant de s'enfuir. Elle agita ses ailes afin d'essayer de se dégager tout en tâchant comme toujours de se faire la plus petite possible, et ce pour deux raisons.

La première, était un triste héritage de ses années d'enfant, où elle n'était encore qu'une petite larve à peine née. Dès cette époque, on lui avait dit qu'elle serait laide. Ces mots durs, adressés tant par sa gouvernante que par les autres larves de son entourage, avait détruit son jeune cœur, sans toutefois briser tous ces espoirs. Elle était une petite larve laide, oui. Mais cela ne voulait pas dire qu'elle ne pouvait pas devenir papillon magnifique ?

Là où ses camarades redoutaient le moment de chrysalide, Brienne l'avait attendu avec impatience, priant pour se réveiller avec deux sublimes ailes à son dos.

Mais lorsqu'elle était sortie de sa mue et qu'elle s'était regardée dans la goutte d'eau la plus proche, elle avait eu la cruelle déception de constater que les prévisions de ses proches étaient vérifiées. Elle était toujours aussi laide.

Elle avait alors développé l'habitude de se faire petite, pour éviter de se faire remarquer et ainsi s'attirer les moqueries de ses congénères. Et encore maintenant, ce réflexe ne l'avait pas quitté.

Mais aujourd'hui, sa laideur n'était plus le seul facteur de sa discrétion. Elle n'en était même devenu qu'une raison secondaire.

La principale était la survie.

.

Elle ne se savait pas comment tout avait commencé.

En revanche, elle se rappelait la première fois où elle y avait été confrontée.

Un jour elle volait joyeusement avec son frère sous l'œil attentif de leur père, et l'instant d'après, son frère s'effondrait et Selwyn la prenait dans ses pattes, volant à tire d'ailes le plus loin possible. Elle criait, se débattait, ne comprenant pas ce qui se passait, si ce n'est une fait qu'elle se refusait à assimiler : son frère venait de mourir sous ses yeux. Et en plus de cela, son père l'éloignait de son corps. Elle savait que Sewlyn de Tarth était un papillon sévère, mais tout de même, de là à abandonner son fils sans un regard en arrière ? C'était... horrible.

Mais alors qu'elle se cambrait une dernière fois pour échapper à l'emprise de son père et qu'elle se retournait vers l'arrière, elle les vit. Cette armée qui faisait frémir tout le royaume.

Les Marcheurs Blancs.

Brienne, encore jeune et donc naïve, pensait que les Marcheurs Blancs n'étaient qu'une légende que les parents racontaient à leurs enfants pour leur faire peur. « Termine ta fleur ou les Marcheurs Blancs viendront te chercher ». Mais alors que cette armée blanche s'avançait implacablement vers eux, elle était obligée de se rendre à l'évidence. Les Marcheurs Blancs étaient bel et bien réels. Et ils étaient nombreux – de là où elle était, elle pouvait voir des milliers et des milliers d'entre eux, comme autant de gouttes blanches mortelles.

Constatant que sa fille avait cessé de se débattre, Selwyn l'avait lâché, et Brienne avait volé à ses côtés, pleurant de tout son corps alors que la réalité s'imposait petit à petit à elle. Les Marcheurs Blancs avaient tué son frère. Plus jamais il se volerait à ses côtés. Plus jamais il ne joueraient à cache cache derrière les pétales de roses.

Plus jamais elle le verrait déployer ses ailes.

.

- Pourquoi ?

S'était tout ce qu'elle avait pu murmurer alors que son père et elle étaient posés sur une branche, entourés d'autres réfugiés de l'attaque, mais elle n'avait pas eu besoin de développer. Selwyn avait compris ce qui se cachait derrière ce pourquoi.

Sûrement parce qu'il se posait la même question.

- Parce que certains sont plus forts, finit-il par expliquer. Et plus ils sont puissants, plus ils tiennent à le montrer. Ils exterminent ceux qui sont différents, simplement pour prouver qu'ils peuvent le faire. Et aussi parce que... ils sont faibles. Ils préfèrent tout balayer sur leur passage plutôt que de vivre avec les autres.

Il va sans dire que ce discours n'avait pas réconforté le moins du monde Brienne. Mais il lui avait fait comprendre une chose : la vie était impitoyable.

- Écoute moi bien, Brienne, l'avait alors regardé profondément son père. À partir de maintenant, il va falloir être discrets. Très discrets. Les Marcheurs Blancs ont décidé de nous exterminer, alors si nous voulons survivre, il va falloir se débrouiller pour devenir invisible.

- Mais comment allons nous survivre ? avait-elle murmuré.

- Nous allons chercher une nouvelle terre. Il doit bien y avoir un endroit où nous serons en sécurité.

Mais lorsque son père était mort dans une attaque, un an après ces faits, Brienne dû se rendre compte à l'évidence.

Ils n'étaient en sécurité nulle part.

oOoOo

Un bruissement se fit entendre et Brienne se retourna du mieux qu'elle le pouvait avec sa patte coincée, les pattes avant en position de combat. L'intrus était un papillon de son âge, et il était tout simplement sublime.

Enfin, ce n'était pas quelque chose qui l'importait vraiment.

Ce qui était impératif, c'était de savoir qu'elles étaient ses intentions. Et celles-ci n'étaient manifestement pas cordiales, puisqu'il s'exclama sitôt après l'avoir vu :

- Wouah... est-ce que quelqu'un vous a déjà dit que vous êtes aussi ennuyeuse que laide ?

Elle ne releva pas, trop habituée dans sa jeunesse à ces méchancetés. Elle se contenta de demander fermement :

- Qui es-tu ?

- Jaime Lannister, se présenta l'inconnu. Et toi ?

Brienne ne répondit pas, sonnée par l'identité de l'autre. Tout le monde connaissait Jaime Lannister.

C'était un ancien garde du roi Aerys Targaryen et il l'avait assassiné. Ce fait avait profondément choqué tout le royaume, Brienne y comprit. C'était deux mois après la mort de son père – accompagnée de Renly Baratheon et Catelyn Stark, tous deux maintenant décédés, elle était montée vers Port-Réal, espérant trouver un refuge chez le roi. Mais alors qu'elle gagnait le chêne royal, la nouvelle de l'assassinat s'était répandue comme une traînée de poudre, marquant pour chacun la fin d'un espoir, celui de trouver dans leur souverain de l'aide.

Et tout cela, à cause du papillon qui lui faisait face.

Celui-ci la regardait, manifestement en attente d'une réponse à sa question. Mais Brienne ne voulait pas lui répondre à ce... à ce traître, qui avait rompu son serment, mais également les espoirs de toute une nation. Elle se mura alors dans un silence digne, qui ne conduit l'autre qu'à soupirer.

- Très bien, puisque je n'ai pas le prénom, je vais partir pour un surnom. Larvette, ça vous va ?

- Pardon ? s'indigna Brienne.

- Ah, vous avez retrouvé la parole. Donc Larvette, un accord ça vous dit ?

- Je ne m'appelle pas Larvette, Régicide !

- Je m'appelle Jaime.

- Niez-vous avoir tué votre roi ?

- Non. Niez-vous votre origine ?

Elle ne répondit rien à cela, laissant à Jaime l'occasion de compléter sa pensée :

- Je vous libère de votre position délicate pour qu'ensuite nous puissions former une équipe.

- Pourquoi auriez-vous besoin de mon aide ? demanda-t-elle, méfiante.

Il ne répondit pas, ce contentant de bouger légèrement ses ailes. Lorsqu'elle Brienne les avait vu pour la première fois, elle avait été immédiatement frappée par leur beauté et leur éclat doré. Elle n'avait en revanche pas remarqué l'état dans lequel était l'aile droite : brisée à son extrémité, elle était désormais atrophiée.

Brienne déglutit. Cela devait être terriblement handicapant – surtout en cette période où une seconde de ralentissement pouvait vous condamner à succomber sous les attaques des Marcheurs Blancs. Il devait vraiment, vraiment avoir besoin d'une aide extérieure.

Mais cela ne voulait pas dire que Brienne était prête à lui apporter la sienne.

- Qu'est-ce qui vous fait croire que je ne m'envolerais pas à tire d'aile sitôt m'avoir libérée ?

- Parce que vous allez me donner votre parole. Et que je pense que vous êtes le genre de personne à tenir parole.

- Pas comme vous, c'est ça ?

- Pas comme moi, confirma-t-il en haussant les épaules.

Brienne le regarda longuement. Il avait sûrement dit ça au hasard, mais le fait était qu'il ne se trompait pas.

Elle était le genre à tenir parole, à faire tenir ses serments plus qu'à sa propre vie.

Alors elle soupira, et dit :

- Très bien, vous avez ma parole.

Et sur ce fut ainsi que Brienne en vint à former équipe avec Jaime Lannister.

oOoOo

Jaime Lannister était insupportable.

Il était hautain, moqueur, et terriblement inconscient. Il passait ses journées à babiller et dire des inepties.

- Mais taisez-vous enfin ! avait-elle finit par s'écrier après qu'il lui ai une fois de plus briser les oreilles avec une énième interprétation de The rains of Castamere.

Évidement, cela ne l'avait fait que rire d'avantage et dans un élan de colère, Brienne l'avait saisi à pattes le corps pour le plaquer contre une branche.

- Maintenant fermez là ! Vous nous mettez en danger avec vos bêtises ! Vous n'avez toujours pas compris que s'ils nous repères, les Marcheurs Blancs vont s'abattre sur nous ?

- Parce que vous croyez encore pouvoir leur échapper ? rit-il jaunement.

De choc, Brienne l'avait lâché.

- Au cas où vous ne l'auriez pas encore compris, nous sommes condamnés. Nous pouvons nous enfuir aussi loin que possible, aucun endroit en ce monde ne pourra nous apporter de la sécurité. Les Marcheurs Blancs sont partout.

- Si ce monde ne veut plus de nous, il nous suffit d'aller en dehors de ce monde, avait répondu Brienne, butée. Les choses vont peut-être s'arranger.

Elle s'était envolée, et tant bien que mal, Jaime l'avait rattrapé et murmuré :

- Gloire à celui qui a l'espoir, hein ?

oOoOo

- Que se passe-t-il, larvette ? Je peux sentir d'ici vos pensées tourbillonner.

L'aube venait de se lever. Ils avaient trouvés refuge dans une feuille de chêne d'où perlaient quelques gouttes de rosées et s'y étaient arrêtés afin de se désaltérer. Cela faisait maintenant plusieurs minutes, et Brienne n'avait pas dit un mot. Non pas qu'elle soit très bavarde en temps normal, mais après six mois en sa compagnie, Jaime avait appris à différencier ses types de silences. Et celui-ci était soucieux.

- Ce n'est rien, répondit-elle.

- Mais bien sûr. Et moi je suis un cloporte. Je répète : que se passe-t-il ?

- C'est simplement... Je ne vous ai jamais demandé... pourquoi l'avoir tué ?

Aerys.

Tout revenait toujours à Aerys.

Si Jaime avait eu autant de mal à trouver un compagnon de route, c'était bien à cause de lui. Ou plutôt de ce qu'il avait été obligé de faire.

- Je volais en direction du grand chêne royal lorsque j'ai appris... la nouvelle. Et je me demandais... pourquoi l'avoir tué ?

- Brûle les tous.

- Pardon ?

- C'est la dernière chose qu'Aerys a dit. Lorsqu'est monté à la capitale la nouvelle des attaques de plus en répétées des Marcheurs Blancs et que de milliers de réfugiés venaient, Aerys a... il m'a demandé de brûler tous ceux qui s'approcherait de Port-Réal.

- Mais... pourquoi ? demanda Brienne, estomaquée.

- Les Marcheurs Blancs... vous avez sûrement dû vous en rendre compte maintenant. Ils ne touchent pas que les papillons, mais tous les insectes. Punaises, abeilles, libellules, tout y passe. Mais aussi les plantes. Et qui dit moins de plantes, dit moins de nourriture. Aerys voulait tuer tout le monde pour... et bien pour avoir moins de « concurrence » sur les denrées.

- C'est... horrible, fut tout ce que Brienne fut en mesure d'articuler.

Ainsi, même leur roi, celui censé les protéger, avait voulu les abandonner ? Jaime avait-il finalement raison ? N'y avait-il vraiment aucun espoir ?

Sentant son bouleversement, Jaime la prit dans ses pattes, et murmura :

- Courage... les choses vont peut-être s'arranger.

Mais il n'y croyait pas vraiment.

Et Brienne en était aussi cruellement consciente.

oOoOo

Et l'autre grande nouvelle de ce journal de 20 heures, c'est l'interdiction de glyphosate ! Monsieur Philippe s'est en effet engagé à ce que le glyphosate soit entièrement interdit en France d'ici 2022. C'est un grand progrès pour l'environnement et...

Ce que le présentateur ne précisait pas, c'est que le glyphosate ne représentait qu'une partie du problème.

Et surtout, ce qu'il ne disait pas, c'est qu'entre les deux ans marquant l'interdiction définitive du désherbant, celui-ci aurait été projeté sur la parcelle de terre où Jaime et Brienne avait finit par s'assoupir, ne se réveillant que pour voir arriver sur eux les terribles Marcheurs Blancs sans avoir le temps pour rien d'autre que de se regarder une dernière fois, avant de sombrer.

De toute manière, ce n'était pas comme si le sort de deux papillons anonymes intéressait en quoi que ce soit les hommes lorsqu'il était question d'argent.


Petit mot (de fin) : écrire un UA Braime papillon où les Marcheurs blancs sont les pesticides et autres produits chimiques : fait.