Titre : À la ville et à la scène
Auteur : ylg/malurette
Base : Coraline
Couple : Miss Spink & Miss Forcible
Genre : un peu doux-amer ?
Gradation : PG / K-plus
Légalité : propriété de Neil Gaiman, je ne cherche ni à tirer profit ni à manquer de respect.
Prompt : 50 ans de Pride – un couple de vieilles lesbiennes !
Nombre de mots : 500
oOo
Ça semble difficile à imaginer pour une enfant née longtemps après l'époque dont elles parlent, mais Miss Spink et Miss Forcible ont été jeunes et belles et célèbres… autrefois. Elles ont encore les affiches de leurs spectacles en souvenir et, non, les artistes ont à peine exagéré en les peignant.
C'était peut-être plus facile dans le milieu du spectacle que dans d'autres strates de la société de l'époque, de briser les codes, de ne pas prendre de mari, d'avoir sa partenaire… d'être des gougnottes. C'était peut-être même presque attendu, de la part d'artistes, d'être « spéciales ». Sulfureuses.
Mais elles n'avaient pas l'impression de spécialement transgresser. Elles s'aimaient, voilà tout.
Et tout n'a pas toujours été rose, il y a eu des disputes au fil des ans, des décennies ; à propos de leur numéro, pour jouer, pour de vrai, à propos de leurs attentes dans la vie. Elles ont toujours mis les choses à plat, trouvé un terrain d'entente et se sont toujours réconciliées.
Elles sont toujours Miss Spink et Miss Forcible. Elles ont chacune gardé leur identité. Il n'y a pas de Mistress, pas de nom composé, pas d'autre nom que ceux sous lesquels elles ont fait leurs scènes.
Elles ont été jeunes et belles et célèbres et puis elles sont devenues des dames entre deux âges, des dames d'un certain âge, jamais mariées, ah, et pas d'enfants. Une ribambelle de chiens, d'abord un, puis deux, puis des portées…
C'était aussi plus facile pour elles de louer à deux que pour deux hommes ou que un autre type de couple pas marié : les gens ne voient toujours pas, ne veulent pas voir, pas reconnaître, le couple qu'elles forment. Elles passent sous le radar de la bien-pensance. Elles sont tranquilles, et en même temps, oubliées, négligées, un peu déçues de ne pas exister.
On s'imagine qu'elles restent ensemble par solidarité, parce qu'elles sont bonnes amies (oh, oui, des amies de cœur, si vous saviez…) et qu'elles n'ont pas de retraite à proprement parler, qu'elles doivent s'aider pour joindre les deux bouts.
Et bien sûr qu'elles s'aident, puisqu'elles s'aiment, même sans s'être mariées, elles sont partenaires en tout. Peut-être qu'elles aident aussi les voisins à ne pas comprendre leur relation en continuant, après des décennies, de toujours s'adresser l'une à l'autre de manière formelle, Miss Spink, Miss Forcible, en public, de manière très respectable, et de ne garder leurs prénoms que pour le privé, pour l'intimité.
Elles se comporteraient presque comme d'éternelles fiancées et c'est un de leurs petits secrets pour s'aimer toujours. Et les voisins qui n'entendent pas les différentes nuances d'affection qu'elles mettent dans les deux appellations !
Oh, c'en est presque risible, comme si elles leurs jouaient un bon tour, alors que leur relation n'est ni une blague ni un secret, ou, comme si elles jouaient encore un numéro dans un autre registre, comme si la vraie vie était une scène ou tenir un rôle…
Mais mieux vaut en rire qu'en pleurer, n'est-ce pas ?

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