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Edward s'empêche de regarder sa montre ou l'horloge toutes les deux ou trois minutes, ne sachant s'il veut que son service se termine rapidement ou au contraire qu'il ne s'arrête jamais. Mais la question ne se pose pas. Le temps passe et précisément sept minutes avant six heures, alors qu'il est en train de nettoyer une table juste à côté du comptoir, que des clients viennent de quitter, l'étudiant voit Mustang pénétrer dans le café.
Cette fois il n'y a pas de file d'attente mais le professeur ne le quitte pas des yeux pour autant... jusqu'à ce qu'il arrive à la caisse. Là, il commande un chai latte à Winry, un sourire ravageur aux lèvres. Furieux qu'il recommence le même manège, Ed se rapproche du comptoir, arrache presque des mains le gobelet que Winry est en train de préparer, raye le Roy avec le petit coeur que Winry a dessiné dessus et écrit Bâtard à la place. Il pose le gobelet tout aussi violemment que la première fois devant son professeur, le regard glacial.
L'étudiant voit clairement une lueur d'hésitation dans le regard onyx – Bordel, pourquoi a-t-il de si beaux yeux ? – lorsque Mustang prend le gobelet. Il regarde ce que Ed a écrit et relève vers l'étudiant un visage parfaitement inexpressif. Plus de regard de braise, ou de sourire ravageur. Juste la neutralité.
Une pensée terrible s'infiltre dans l'esprit de l'étudiant. Et s'il venait de tout faire foirer ? Parce que s'il n'a pas envie de passer du temps avec son professeur trop sexy pour son propre bien, il a tout de même très envie de profiter de ce qu'il lui a proposé à la fin des cours, un peu plus tôt. Mais il est Edward Elric. Alors il ne détourne pas le regard, dans une attitude purement provocante, et Mustang finit par céder, avant de faire demi-tour. Ed le voit se diriger vers la sortie avec une angoisse bien trop forte pour être simplement liée à ses études. Il comprend brusquement qu'il veut connaître cet homme, pas seulement le professeur.
Sans vraiment s'en rendre compte, il commence à faire le tour du comptoir pour le rattraper mais Mustang se retourne et le regarde, un sourire goguenard aux lèvres. Ed se rend compte que l'autre vient juste de le tester et la colère remplace l'angoisse en un instant. Il regarde l'homme se diriger vers le fond de la salle pour s'asseoir à la table la plus reculée.
Il tente de se calmer – c'est incroyable, même Al n'arrive pas à le faire tourner en bourrique aussi facilement – mais croise le regard de Winry qui se retient d'éclater de rire.
« Tu te rends compte que tu viens de me piquer une crise de jalousie pour un mec qui n'a d'yeux que pour toi, n'est-ce pas ? »
« C'est ça. C'était quoi ce petit coeur ? Et tu as vu la manière dont il te regarde ? » siffle-t-il.
L'étudiante secoue la tête.
« C'était pour te faire réagir que je l'ai dessiné, idiot. D'ailleurs, c'est quoi l'expression avec les aveugles et ceux qui ne veulent pas voir ? » répond-elle, un sourire ironique aux lèvres.
Il va pour lui répondre mais une légère sonnerie retentit dans la réserve, prévenant les concernés – Ed et un autre serveur, en l'occurrence – de la fin de leur service.
« Allez, file retrouver ton... »
« Ne finis pas cette phrase, » la menace-t-il.
Pas impressionnée pour deux sous, elle se contente de le toiser d'un air indéfinissable, quelque part entre l'hilarité et la supériorité de ceux qui pensent savoir mieux que les autres. Il secoue la tête, agacé, et va ranger son tablier dans son casier, avant de retourner dans la salle... mais il reste bloqué devant la porte séparant le café de la réserve. Il ne sait pas quoi faire. Il ne sait pas pourquoi son professeur est là. Ouais, ok, cette histoire d'article, de copies à corriger, de maîtrise. Mais pourquoi ces regards, à lui, puis à Winry ? Pourquoi lui faire croire qu'il l'a blessé juste pour voir s'il va le retenir ?
Il sursaute lorsque Winry ouvre la porte.
« J'aurais dû parier, » ricane-t-elle en entrant, le tirant à l'intérieur de la réserve.
Elle les emmène dans les étagères du fond et se plante face à lui.
« Je ne l'aime pas, » déclare-t-elle sérieusement. « Il a au moins dix ans de plus que toi, il a l'air prétentieux, puissant, dangereux. Mais la manière dont il te regarde, et celle dont tu le regardes, » elle soupire et secoue doucement la tête. « J'ai l'impression de me voir en regardant Al, » avoue-t-elle à mi-voix en baissant le visage vers le sol.
Les mots mettent quelques secondes à arriver au cerveau de Ed. Sa bouche s'ouvre dans un "o" muet de stupeur. Elle... elle... Winry est amoureuse de Al ?!
Mais cette révélation passe au second plan soudainement. Son cerveau fait lentement le chemin. Petit un, Winry lui dit qu'elle regarde Al comme lui regarde Mustang. Petit deux, il en déduit que Winry est amoureuse de Al. Amoureuse. Cela voudrait dire qu'il est... Il secoue violemment la tête. Non, absolument pas. C'est simplement qu'il pensait que Winry était amoureuse de lui et qu'il a appliqué ces sentiments à ce qu'elle ressent pour son petit frère... N'est-ce pas ?
Quelque part, malgré tout, il est immensément soulagé de ne pas causer de chagrin à Winry, mais le reste submerge vite l'agréable sensation. Il relève vers l'étudiante un regard perdu mais celle-ci se contente de rire allègrement.
« Tu n'as aucune compassion, » marmonne-t-il.
« Tu ne veux jamais de la compassion des autres, tête de pioche, » réplique-t-elle avec un grand sourire.
Il grimace mais ne peut nier, alors il hausse les épaules.
« Va, maintenant, sinon il risque de s'en aller. »
L'angoisse revient brièvement, mais il refuse de la laisser gagner. Il ne va pas se laisser impressionner par ce mec, bon sang. D'un pas – presque – décidé, il ouvre vivement la porte de la réserve, ne retenant pas un sourire lorsqu'il voit Mustang sursauter avant de se reprendre et de le regarder de ce nouveau regard neutre. Ed décide qu'il déteste ce regard. Il préfère encore la colère à laquelle il a eu droit après l'avoir trempé. D'ailleurs, c'est peut-être un bon angle d'attaque, pour essayer de reprendre la main. Parce qu'il ne faut pas se leurrer, c'est Mustang qui a mené le jeu dès la première seconde.
Il passe par le comptoir, prépare un autre chai latte, se fait couler un café, noir, exempt de tout additif lacté, merci bien, et retourne à la table de Mustang. Il s'assoit face à celui-ci et pousse le gobelet de thé aux épices.
« Merci, » répond le professeur avec un visage inexpressif.
Edward hésite. Doit-il vraiment chercher à agacer le mec en face de lui alors qu'il semble déjà sur la défensive ? Non, il doit s'excuser. Essayer.
« Je– je voulais– je– » marmonne-t-il avant de détourner le regard.
« Je t'écoute Elric, » répond-il.
« Eh bien, c'est à dire que– tout à l'heure, j'ai– enfin– » balbutie-t-il sans arriver à finir sa phrase.
« Tu veux peut-être l'écrire, si tu ne sais pas encore bien parler ? » questionne le professeur.
Ed relève brusquement la tête pour découvrir Mustang, le regard pétillant de malice et un sourire ironique aux lèvres. Il s'étrangle presque tant il est outré.
« Vous vous foutez de moi en plus espèce de bâtard ! » s'exclame-t-il à voix basse.
Il se fige une seconde mais les yeux onyx sont toujours amusé alors il se détend. Ils se jaugent du regard, et Ed décide de jouer avec ses règles désormais. Il ne changera pas sa manière d'agir pour Mustang. Autant que le professeur sache dès le départ à qui il va avoir à faire.
« Vos gants sont toujours en train de sécher ? » demande-t-il avec un sourire railleur en désignant du menton les mains nues de l'alchimiste.
Mustang penche légèrement la tête sur le côté, son sourire s'agrandissant.
« Tu as conscience que tu fais tout ce que tu peux pour tuer dans l'œuf toute collaboration dont tu pourrais profiter avec moi ? » demande-t-il.
« C'est vous qui avez besoin de moi pour corriger vos copies et écrire votre article, » réplique l'étudiant.
De nouveau, l'onyx et le doré s'affrontent. La supériorité paisible contre l'arrogance amusée.
« Si un jour je t'entraîne, je te jure que tu vas t'en mordre les doigts, » finit par déclarer Mustang.
« Seulement si vous arrivez à avoir le dessus, » rétorque le jeune homme avec un sourire tranquille.
Il manque de s'étouffer devant l'image que son cerveau renvoie avec lui "ayant le dessus" sur Mustang mais arrive à conserver son air amusé.
« À ton âge non plus je ne doutais de rien, » répond l'aîné en ricanant.
« Ben voyons. Ne vous la jouez pas vieux sage. Y'a pas si longtemps, vous étiez encore étudiant. Ça fait quoi ? Huit ans ? Neuf ? » demande Ed, tentant d'apprendre l'âge de son professeur.
Mais Mustang secoue la tête, l'air navré.
« Allons, Elric. Tu ne crois pas que je vais tomber dans ce stratagème malhabile, non ? » demande-t-il en croisant les bras et se calant contre le dossier de sa chaise. « D'où viennent tes automails ? » demande-t-il, redevenant sérieux
Ed sent la panique monter d'un coup. Et comme souvent, elle se traduit par une colère violente et sourde.
« Est-ce que je vous demande les erreurs que vous avez faites ? Vos regrets les plus importants ? Ou combien d'innocents vous avez tué à la guerre ? » gronde-t-il en tapant du poing sur la table, faisant se retourner certains clients.
Edward les ignore royalement et se demande s'il n'a pas tapé particulièrement juste en voyant les yeux presque noir se troubler. En d'autres circonstances, il aurait songé à s'excuser, mais là, Mustang ne récoltait que ce qu'il avait semé. Il voit son professeur serrer le poing à son tour mais ne baisse pas le regard.
« Très bien, je garde la question pour plus tard, » finit par déclarer le professeur d'une voix légèrement altérée. « Peut-on aborder le sujet de ma présence ici ? » propose-t-il sans laisser le temps à Ed de répondre qu'il ne lui dirait jamais.
L'étudiant a envie de l'envoyer balader mais il y a quelque chose dans le regard, une douleur, qu'il n'y avait pas avant, alors il se décide d'arrêter d'être l'ado capricieux qu'il aime faire croire qu'il est.
« Très bien, je vous écoute, » répond-il d'une voix posée.
Il met un point d'honneur à ne pas réagir au regard surpris.
« Avant de commencer, j'ai besoin de connaître ton niveau réel, » commence-t-il en s'avançant, posant ses coudes sur la table et son menton sur ses doigts croisés. « Je vais te poser toutes sortes de questions. De la première à la dernière année. »
L'étudiant se redresse, prêt à répondre.
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Mustang est impressionné par Edward. Vraiment. Il a emmagasiné une somme folle de connaissances, surtout pour son âge. Il suppose que cette soif d'apprendre est en rapport avec la cause de la perte de ses membres, mais il n'a pas toutes les informations. Il a tenté d'en apprendre plus mais a vite compris qu'il ne saurait pas. Pas tout de suite.
Au bout de presque une heure à lui poser des questions des plus pointues, il est obligé de se rendre à l'évidence. Le mec en face de lui est un génie. Un génie désespérément sexy. Un génie qui n'a pas l'air insensible à son charme – heureusement, sinon il n'aurait eu qu'à aller se pendre – même s'il n'hésite pas à être désagréable. Et Roy doit admettre qu'il aime ça.
Finalement, plus que satisfait, Mustang s'étire, étendant ses jambes, touchant par inadvertance celles d'Edward. Il croise les jambes au niveau des chevilles, emprisonnant une de celles de l'étudiant entre ses mollets.
« Ne vous gênez pas surtout, » grogne Edward à voix basse en l'incendiant du regard.
« Oh, tu peux bien me laisser un peu de place, avec ta taille, tu ne sentiras pas de différence, » ricane-t-il.
« QUI EST SI PETIT QUE SES PIEDS NE TOUCHENT PAS LE SOL QUAND IL EST ASSIS ?! » fulmine l'étudiant, faisant éclater de rire Mustang et de nouveau se retourner quelques clients.
Ed essaie de récupérer sa jambe et le professeur hésite une demie seconde. Continuer ou arrêter ? Un coup d'oeil au regard doré agacé mais pas gêné ou inquiet le décide. Il décroise les jambes et laisse Edward récupérer la sienne, avant de se caler plus confortablement dans sa chaise, de lever ses jambes et de croiser les pieds sur les genoux de l'étudiant.
Le plus jeune écarte les jambes immédiatement pour que celles de Mustang tombent à terre mais le professeur a anticipé la réaction et laisse glisser lentement son pied du genou à la cheville d'Edward, qui ne bouge plus. Mustang ne le quitte pas des yeux, regardant l'air outré totalement contradictoire avec les pupilles qui se dilatent, faisant disparaître un peu des iris dorés.
« Je ne suis pas sûr que Winry apprécie votre manège, » marmonne-t-il.
Le professeur fronce légèrement les sourcils.
« Qui est Winry ? »
« La serveuse ? » répond Edward avec un regard incrédule.
Mustang finit par comprendre.
« J'aurais bien du mal à m'intéresser à une fille, Elric, » répond-il en haussant un sourcil. « Trop de poitrine, pas assez– »
« Oui, merci, je crois que j'ai saisi, » répond le plus jeune en lui lançant un regard blasé. « Juste, c'est ma meilleure amie, alors si vous pouviez ne pas faire de réflexions de connard irrespectueux, ça m'arrangerait. »
Le professeur ne retient pas un sourire amusé. Une lueur dangereuse passe dans le regard d'Elric. Mustang en frémit, mais ce n'est ni le lieu ni le moment. Il sera bien temps de tester leurs compatibilité au combat plus tard. Et pas seulement au combat d'ailleurs, ajoute-t-il pour lui-même, son sourire s'agrandissant.
« Je te déconseille de tenter quoi que ce soit ici et maintenant, Elric. Tu es sur ton lieu de travail. Et je te rappelle que tu n'as pas encore le droit d'utiliser l'alchimie en dehors de la fac. »
« Bâtard, » siffle Edward entre ses dents, mais Mustang voit parfaitement qu'il est plus amusé qu'agacé. Peut-être même excité, mais il n'en est pas certain.
« Fais attention, je vais finir par croire que c'est un terme affectueux, » rétorque-t-il, son sourire se faisant charmeur.
Il repense à la remarque de l'étudiant concernant son attitude de dragueur. Certes, ses manières avec Edward ne sont pas des plus subtiles, pourtant il n'est pas ce genre de mec habituellement.
Comme pour se faire mentir, il laisse son pied repartir à l'assaut de la jambe de chair de l'étudiant.
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Edward n'en peut plus. Il a écouté Mustang lui parler alchimie et lui poser des questions compliquées, l'obligeant à réfléchir réellement, lui faisant passer un des moments les plus passionnants de sa vie. Il commence à comprendre à quel point travailler avec le professeur pourrait être intéressant. Le gars est passionné par l'alchimie, au moins autant que lui, et Ed a l'impression qu'ils pourraient discuter des heures durant et ne pas s'ennuyer une seule seconde.
Et puis il a fallu que l'autre bâtard commence à lui... faire du pied. Putain. Son cerveau lui hurle de se barrer mais son corps est de l'avis contraire. Il n'arrive pas à faire face. Trop compliqué, trop de colère, d'agacement, de frustration, de désir.
« Si vous n'avez plus rien à ajouter, je vais y aller, » déclare-t-il en se levant.
Mustang le regarde et une fois de plus, Ed a l'impression de voir une lueur d'inquiétude dans les yeux sombres.
« Puis-je avoir un questionnaire de satisfaction ? » demande-t-il avec un sourire neutre.
Ed lève un sourcil moqueur mais ne peut pas lui refuser alors il va en chercher un derrière le comptoir et le lui apporte. Mustang ne prend pas la peine de le remplir, va directement à l'encadré "Remarques" et griffonne quelques mots, le plie en quatre, avant de se lever à son tour et de le rendre au serveur. Ed le prend en résistant à l'envie de lire immédiatement.
« Quatorze ans, » déclare brusquement Mustang.
« Pardon ? »
« Quatorze ans, entre toi et moi, » précise-t-il. « Mais tu sais ce qui est bien ? » ajoute-t-il en s'approchant de son oreille. « C'est qu'en quatorze ans, on a le temps d'accumuler une certaine... expérience, » murmure-t-il en insistant sur le dernier mot.
Le professeur se recule à peine et s'il pouvait rester le moindre doute quant au sens de sa phrase, Ed est assez près pour distinguer les iris onyx des pupilles dilatées à l'extrême et le regard rempli de désir de l'alchimiste, qui se redresse complètement avant de tourner les talons sans un mot de plus, laissant derrière lui un Edward baffouillant et rouge comme une tomate. En passant devant Winry, qui est en train de servir une cliente, il lui fait un clin d'oeil et un sourire en coin auquel elle répond en rosissant.
Ed n'a qu'une envie, lire ce que Mustang a écrit. Mais il en est empêché par sa meilleure amie qui s'approche.
« Alors ? » demande-t-elle.
Il la regarde, ne sachant que dire. Prenant son courage à deux mains, il ouvre la bouche.
« Je dois y aller, je commence à huit heures demain matin et j'ai encore du boulot à faire, » explique-t-il vaillamment avant de filer sans demander son reste, laissant derrière lui une Winry qu'il entend éclater de rire.
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Il résiste à la tentation de s'arrêter sous un lampadaire pour lire le papier et retourne chez lui presque au pas de course. L'appartement est vide. Alphonse lui a laissé un mot l'informant qu'il allait rester à la bibliothèque jusqu'à la fermeture et enchaîner avec un film au ciné.
Ed pose le mot de son frère et sort celui qui est dans sa poche. Il l'ouvre avec une lenteur insupportable mais ne se sent pas capable d'aller plus vite. Il a autant envie de savoir ce que Mustang a écrit que de le brûler. Finalement, il découvre l'écriture fine et serrée de son professeur.
Ce chai est bien trop sucré, je suis déçu par la qualité de la boisson. De plus, le service brutal laisse à désirer. Cependant, j'ai de quoi en faire chez moi, c'est pourquoi je demande à ce que le serveur se déplace à mon appartement, n°520, sur le campus, afin de pouvoir profiter de la qualité que je suis en droit d'attendre dans votre café.
De plus, il me semble que je n'ai pas pu te donner dans le détail ce que tu auras à faire si tu acceptes de collaborer avec moi. Je te propose donc de me retrouver le plus rapidement possible chez moi, une fois que tu auras fini ton boulot.
Il serait peut-être sage que tu apportes ton sac et des affaires pour demain ?
À ton aise, bien évidemment.
Roy.
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Edward relit les quelques phrases jusqu'à ce que les mots soient flous. Il a l'impression que plus les minutes passent, moins il sait ce qu'il doit faire. Il essaie de réfléchir, de penser rationnellement, mais le regard que Mustang lui a lancé juste avant de partir... il en a des frissons rien que de s'en rappeler.
Oh et puis merde.
Il se relève d'un bond du canapé dans lequel il s'était avachi, fait son sac à la va-vite, prend des sous-vêtements et un T-shirt de rechange – en essayant de se persuader que ce n'est qu'une précaution, que c'est hors de question qu'il... qu'ils... bref ! – attrape sa veste posée en vrac sur le dossier et ressort au pas de course de chez lui. Il se perd deux fois avant de trouver l'appartement 520 et sonne avant de se poser plus de questions.
Lorsque la porte s'ouvre, une chape de plomb lui tombe sur l'estomac. Le professeur a enlevé sa veste de costume et son gilet, les deux premiers boutons de la chemise ouverts, et s'il a gardé son pantalon, il est pieds nus. Lorsqu'enfin leurs regards se croisent, assez bizarrement, celui du professeur est juste content, voire soulagé. Pas de désir, pas d'avidité, et pour la première fois en sa présence, Ed se sent totalement à l'aise.
Ce qui est peut-être la raison pour laquelle il entre sans attendre d'invitation, referme la porte en la poussant du pied tout en laissant glisser son sac, puis enroule ses bras autour du cou de Mustang avant de déposer ses lèvres sur les siennes. Roy réagit immédiatement, embrassant Edward avec passion, le faisant reculer jusqu'à ce que son dos touche le mur. Il glisse ses mains sous les fesses de l'étudiant avant de le soulever, l'appuyant contre la cloison. Edward enroule ses jambes autour de son bassin, les faisant gémir tous les deux.
Ed sent le questionnaire glisser de sa main pour tomber au sol avec un sourire.
Mustang n'aura certainement pas son chai maison ce soir-là.
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