Petit mot de l'auteure : Nouveau recueil, 100 % Braime, qui répond à la question qui me hante depuis le 8x04 : et si Jaime était resté à Winterfell ?
Ce recueil n'est pas destiné à être mis à jour régulièrement, il répondra sûrement aux défis de Bibliothèque de fiction et aux nuits du FoF. Il sera constitué de textes indépendants, mais prenant la même base : Jaime est resté à Winterfell avec Brienne, tout le reste demeure à l'identique que ce que la série a proposé (Cersei et Daenerys meurent, Bran est roi, Sansa est reine du Nord etc). Après avoir mis au monde un premier garçon dans le Nord, Jaime et Brienne s'installent à Castral Roc où ils vivent leur vie de famille. La famille c'est Wylan, premier né et héritier du Roc, petit garçon timide, curieux, plus porté sur les livres que sur les épées. Ensuite vient Eléa, la "petite étoile" tels que se plaisent à la surnommer ses parents, et qui est à l'identique de sa mère : bagarreuse, aimante des combats, franche. Et enfin le petit dernier, Renly, qui commence à faire ses pas dans le monde.
Ce texte a été écrit en une heure pour la 117e nuit du FoF sur le thème "Simplicité". Il répond également au défi 715 du Mille Prompt (genre - Famille), au Pick a card (five of hearts - écrire sur l'amour familial) et au 248e du si tu l'oses (Adulte). Et pour ce quatrième moment de vie, on se penche (enfin) un peu sur Brienne.
Merci à Marina, Angelica, Kael Kaerlan, Destrange et Wizzette pour leurs reviews sur le chapitre précédent !
La vie de Brienne de Tarth n'avait jamais été simple. Malgré une enfance heureuse dans un foyer aimant, elle avait vite compris que les choses seraient plus difficiles pour elle que pour toutes les autres jeunes filles – et ce, pour une raison aussi prosaïque que sa beauté.
Ou, pour être plus exact, son absence de beauté.
Sa Septa lui avait fait clairement comprendre qu'elle en était complètement dépourvue et avait pointé du doigt ses cheveux de paille sèche, ses tâches de rousseurs continuellement brûlées par le soleil, ses grandes dents écartées et son allure terriblement gauche. Les critiques avaient meurtries son cœur mais Brienne ne se demandait si sa gouvernante n'avait pas ainsi essayé de la protéger, ou du moins, de la préparer à la dureté du monde extérieur. Nombreux seraient qui se riraient de sa laideur et s'amuseraient à la tourmenter par ce biais, autant l'avertir dès son plus jeune âge.
C'était une pensée peut-être louable – très tordue, certes, mais qui se voulait protectrice – mais qui n'avait eu malheureusement aucune utilité. Chaque énième moquerie lui faisait autant mal que la première, la blessait dans son amour propre et sa confiance en elle qui s'était peu à peu inévitablement et complètement étiolée. Ce mal-être avait atteint son point culminant lorsque son nouveau prétendant, Ronnet Connington, avait rompu immédiatement ses fiançailles en découvrant son visage.
Pour l'héritière d'une maison noble et riche, trouver un mari aurait dû être une formalité simplissime – mais dans son cas, cela avait été tout le contraire.
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Si son enfance n'avait pas été simple, ses pas de jeune adulte l'avaient été encore moins. Même son père ayant renoncé à chercher à la marier, Brienne avait finit par quitter son île natale pour explorer le monde et pour rejoindre l'appel aux armes lancé par Renly Baratheon.
Si elle avait pu accomplir son rêve, à savoir de le servir en tant que garde royale et qu'elle avait la reconnaissance de son souverain de cœur, les choses n'en avaient pas été simplifiées pour autant. Cette fois-ci, ce n'était plus sa beauté en tant que telle qui posait problème, mais le seul fait qu'elle soit née femme. Qu'importe qu'elle ait remporté le tournoi, battant par ce fait le redouté chevalier des fleurs, tous ne voyaient que son genre, ce dernier déterminant par principe qu'elle n'avait rien à faire l'épée à la main. Cela la scandalisait – elle n'avait jamais aimé les activités « de dames » et était réellement douée au combat, alors pourquoi le monde s'échinait-il à lui dire de retourner broder au coin du feu ? C'était tellement injuste...
Mais Brienne avait appris à ne pas tenir compte des médisances des uns et des autres, et avaient continué sa fonction – jusqu'à ce que Renly ne soit lâchement assassiné sans qu'elle ne puisse rien y faire. Alors que lady Catelyn, témoin de la scène également, la tirait vers elle pour la pousser à la fuite, Brienne avait pensé fugacement que les choses n'allaient pas s'arranger.
Elle ne s'était pas trompé.
Elle avait longtemps cru que sa vie n'avait pas été simple jusqu'ici – mais ce n'était rien comparé aux moments qui suivirent sa rencontre avec Jaime Lannister. Bien sûr, ce n'était pas simplement dû au fait qu'ils avaient été capturés et malmenés pendant des semaines, ou qu'elle se soit retrouvée face à un ours avec une épée de bois pour seule défense, ou bien qu'elle ait finit par se retrouver à Port-Réal à subir les foudres de Cersei Lannister sans qu'elle ne comprenne réellement pourquoi. Certes, cet enchaînement d'événements avaient été difficiles à suivre et à vivre. Mais la complexité de cette période était surtout dû à l'homme en lui-même.
Jaime Lannister était... atrocement agaçant. Provocateur également – du genre à pointer du doigt les faiblesses des gens et à bien les écraser pour faire mal où il fallait, juste pour le plaisir de se sentir supérieur. Il n'avait aussi aucune morale, était terriblement narcissique et orgueilleux, bref, tout ce que Brienne détestait au plus au point. Et pourtant... et pourtant il cachait une facette plus profonde, plus noble et plus torturée, celle d'un homme qui avait sauvé des milliers de vies et n'avait jamais cherché à s'en couvrir de gloire.
C'était Jaime Lannister qui lui avait fait comprendre que sa vision manichéenne n'était pas d'actualité – qualifier le blond de bon ou mauvais était impossible, pour la simple et bonne raison qu'il était autant l'un que l'autre. Et ce fut cette réalisation qui lui permit de le défendre à Winterfell et d'assurer de son honnêteté.
Et ce fut ce moment qui lui permit de comprendre qu'elle était amoureuse de lui – ce qui était totalement délirant. Comment pourrait-elle aimer un homme aussi difficile à comprendre ?
Mais peut-être aimait-elle tout simplement la difficulté – après tout, si elle aimait la simplicité, elle serait restée chez elle à manier l'aiguille et ne se serait jamais retrouvée sur les remparts de Winterfell l'épée à la main, à repousser des hordes de Marcheurs Blancs.
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- Tu peux entrer, annonça Jaime de l'autre côté de la porte.
Cette dernière s'ouvrit brusquement sur la figure joyeuse de Wylan qui courut vers le lit, faisant fi des recommandations de son père qui l'exhorter de se calmer :
- Fait attention, Wylan ! Maman est encore fatiguée.
Son père s'approcha de lui et le leva d'une main pour le déposer sur le lit, près de sa mère. Le sein de cette dernière était actuellement occupé par une petite forme rose dont les joues étaient encore marquées de larmes.
- Voici ta petite sœur, murmura Jaime. Dit bonjour à Eléa.
Mais le petit garçon était trop fasciné par la nouvelle arrivante qu'il ne parvint pas à parler et se contenta de la regarder avec des yeux émerveillés. N'osant interrompre l'instant chacun demeura silencieux, un sourire béat (et quelque peu fatigué pour Brienne) sur les lèvres.
Serrant sa fille dans ses bras, sentant son époux et son aîné près d'elle, Brienne profita de ce moment. En cet instant, les choses lui semblaient si simples – il n'y avait que leur famille et l'amour qu'ils se portaient. Tout le reste n'avait guère d'importance, et c'était étrangement reposant. Brienne se surprit alors à penser que tout compte fait, la simplicité lui convenait parfaitement.