Cet OS est écrit pour un jeu du FoF, il fallait le rédiger sur le thème "Étrangler" en une heure. Pour plus de précisions, vous pouvez m'envoyer un mp.


La sortie du métro n'est pas loin. Tess l'a confirmé il y a quelques minutes à peine. C'est pour ça que devoir progresser aussi lentement m'agace d'autant plus. Mais l'écho des bruits caractéristiques des claqueurs semble venir de partout à la fois. Accroupi à l'angle d'un mur, je n'ai aucune garantie d'être à couvert là où je suis. Je sais que ma partenaire est là, quelque part dans l'obscurité, à moins d'une demi-douzaine de mètres derrière moi. Mais son flingue ne lui sera pas utile si on ne rallume pas nos lampes. Et on ne peut pas se permettre de les garder allumées pour le moment. On ne sait pas ce qu'il y a devant nous. Des claqueurs, c'est sûr, mais seulement des claqueurs ? Tous les infectés ne sont pas aveugles, et vu le nombre comme le rythme des pas que je perçois, il y doit y avoir des coureurs. Deux, peut-être trois. Mais ça suffit pour alerter les claqueurs, et si ça arrive… On rejoindra les nombreux cadavres qu'on a vu pendant notre parcours.

"J'ai pas fait tout ce chemin pour ça. Je n'ai pas tenu toutes ces années pour crever ici. On passera. Il me faut juste un peu de calme et de patience."

Suivant les ordres de Tess, la gamine ne me lâche pas d'une semelle. Au moins un truc qu'elle ne fait pas de travers. Alors que je ferme les yeux pour me focaliser sur ce que j'entends, c'est sa respiration que je perçois le plus. "Ferme la bouche, Ellie !" j'ai envie de lui dire, mais le discret chuintement d'une semelle usée à moins deux mètres de nous m'arrête. Je rouvre les yeux pour risquer un regard au-delà du mur. Dans la pénombre, je perçois la silhouette d'un homme à quatre pattes au-dessus d'un corps. Il ne me faut pas longtemps pour discerner un bruit de mastication. "Bien, il est occupé." Je tâtonne le sol devant moi ; je ne vois pas grand-chose, mais le peu de lumière qui se reflète sur le sol carrelé et poussiéreux me signale qu'il y a des débris. J'en ramasse un. Vu la taille et le poids, se doit être une brique. Peu m'importe, tant que ça me permet de défoncer l'infecté qu'il y a là… Je me ravise rapidement. Un claqueur n'est pas loin.

Ces machins ont l'ouïe fine ; éclater une tête ne fait pas beaucoup de bruit – un bruit spongieux auquel je me suis habitué depuis longtemps – mais c'est assez pour lui. Et ces choses-là, comme si le champignon qui leur dévorait la face renforçait aussi leurs dents, sont trop dangereuses pour se les faire au corps à corps. Je ne veux pas me faire arracher la gorge à coups d'incisives, comme j'en ai déjà été témoin.

Je marche en crabe, m'éloignant du claqueur et me rapprochant du coureur en plein repas. Le cliquetis du champignon sur pattes me paraît soudain plus net. Il s'est tourné vers moi, j'en suis sûr. Je m'immobilise immédiatement ; des sueurs froides humidifient mon front. "Si le coureur a la mauvaise idée de se retourner…"

Le coeur battant, je patiente d'interminables secondes, le temps qu'il se détourne et reprenne sa ronde. Heureusement pour nous tous.

Je m'approche du mangeur, à demi redressé, les mains tendues vers lui. D'un coup, je le saisit à la nuque, postant mon bras sous sa mâchoire pour l'empêcher de crier et serrant de toutes mes forces. La créature tente de se défendre, essaye de me griffer, de s'agripper à mes bras, à ma veste. Je maintiens ma prise, les dents serrées pour retenir les quelques geignements d'efforts qui m'échappent. Le corps du coureur se relâche peu à peu, avant de devenir mou dans mes bras. Avec autant de délicatesse possible – ça fait longtemps que je n'ai plus de considération pour ces choses, ce n'est que pour éviter de faire du bruit – je le pose à terre.

C'est fini pour celui-ci, mais on est encore loin d'être tirés d'affaire.