Merci à Neliia, Ptit bou (alias Trotop) et Ryopini pour la bêta lecture de ce chapitre.

Note :

*passe la tête timidement*

Bon voilà, je sais, je n'ai aucune excuse pour avoir mis huit mois à publier la suite de cette histoire. C'est bien trop long !

En huit mois, je ne me suis pourtant pas tournée les pouces… comme vous avez pu le constater, j'ai publié 11 fics Sterek et 3 traductions - j'espère par cette information vous passer un peu de pommade, haha.

Bonne lecture ! #youpilavie


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Chapitre 2

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Presque une semaine s'était écoulée depuis que le lieutenant Derek Hale était venu à l'atelier Stilinski. Comme prévu, le mardi après-midi suivant, l'ancien soldat revint pour la finalisation de son futur masque.

Lorsque l'homme d'armes pénétra dans l'atelier de sculpture, le bruit caractéristique de la clochette maintenue au-dessus de la porte retentit. Dans la verrière, assis sur une chaise, il distingua Stiles Stilinski qui terminait de discuter avec un homme installé face à lui.

Au son de tintement, le jeune sculpteur tourna sa tête vers la porte et aperçut le brun qui pénétrait dans l'espace.

"Lieutenant Hale." salua-t-il poliment, un sourire s'étirant sur son visage. "Je vous attendais. Je vous en prie, installez-vous pendant que je termine."

Le brun hocha doucement la tête. Il retira son manteau d'hiver, et le suspendit à l'accroche près de l'entrée, à côté d'un autre vêtement qui y pendait. Il s'installa sur une des chaises non loin, n'osant pas s'avancer davantage dans l'immense pièce.

L'homme assis face au sculpteur était assez bien bâti. Il devait avoir la vingtaine et avait les cheveux bruns, coupés très courts. Le sculpteur rigola légèrement face à lui et le lieutenant Hale s'autorisa à les détailler plus précisément. Le jeune inconnu revêtait un masque peint sur son visage, recouvrant une partie de son nez et l'entièreté de son œil droit. Stiles agrippa l'objet en plâtre et le retira doucement, dévoilant la peau brûlée mais cicatrisée cachée en dessous. L'homme resta droit et fixé sur sa chaise, ne baissant pas la tête. Il lui manquait un œil et il avait un trou à la place de l'endroit où avait dû jadis se trouver un globe oculaire. Le jeune Stilinski, assis face à lui, ne semblait pas le moins du monde perturbé par le visage ravagé auquel il faisait face.

"Hm oui, je crois que tu as définitivement grossi du visage Danny." déclara l'artiste, puis il se mit à rire doucement.

Ledit Danny sourit et laissa échapper un rire léger. Le sculpteur reprit la parole.

"Non, je suis sincère, tu as pris un peu des pommettes et des joues, ce qui est une bonne chose, mais le masque a maintenant tendance à remonter un peu. Il devient trop petit. Il faudrait qu'on le refasse pour que ce soit plus confortable."

Danny Mahealani était un soldat qui avait quitté le front huit mois auparavant. Il avait été hospitalisé durant sept semaines consécutives suite à la perte de son œil et avait perdu plus d'une vingtaine de kilos à ce moment-là. Aujourd'hui, il avait presque repris sa carrure d'avant l'accident : une musculature imposante et carrée. Le masque qu'il était venu réaliser à sa sortie d'hôpital semblait aujourd'hui ne plus convenir à sa morphologie plus qu'attrayante.

"J'imagine que maintenant tu ne peux pas ?" demanda le jeune Mahealani, puis il observa à la dérobée le lieutenant Derek Hale près de la porte. Les regards des deux hommes d'armes se croisèrent et le plus gradé détourna la tête par respect.

Le sculpteur grimaça légèrement.

"Non, je suis désolé. Il faudra que tu reviennes pour me supporter à nouveau." souffla-t-il, d'un ton taquin. Hale leur jeta à nouveau un coup d'œil discret, observant la scène de loin.

Stiles Stilinski attrapa le masque pour le repositionner sur le visage dudit Danny. Ce dernier posa sa main sur le genou de l'artiste quelques instants, main qui sembla s'y attarder un peu trop longuement.

"Quand est-ce que je pourrais repasser ?" demanda doucement le brun à la peau halée.

Le jeune châtain se recula dans sa chaise et le regarda, esquissant un sourire.

"Hm... voyons. Demain si tu veux ? En fin de matinée ? Et tu pourrais rester manger avec Scott et moi ensuite."

L'ancien soldat esquissa un sourire.

"Très bien."

Le sculpteur se releva doucement et Mahealani posa sa main sur son bras d'un geste amical.

"Dans ce cas, à demain Stiles."

"À demain." répondit poliment le châtain. Il sourit doucement alors que le soldat se relevait, laissant apparaître sa tenue des plus élégantes : un costume trois pièces foncé qui lui seyait à ravir. Mahealani s'avança jusqu'à l'entrée et Stiles le suivit. Le brun au teint hâlé y récupéra son chapeau et son manteau qu'il enfila rapidement. Son regard accrocha celui de Derek Hale et il le salua d'un geste ferme de la tête, la main sur son couvre-chef. Le lieutenant lui rendit son salut avec politesse alors que le sculpteur croisait les bras, regardant son client et visiblement ami, sortir enfin de la bâtisse. Une brise légère s'engouffra dans l'atelier, venant caresser le visage des deux hommes encore à l'intérieur et faire frémir quelques papiers posés sur la table. La porte se referma dans un bruit sourd, non sans réveiller le tintement plus léger de la clochette qui y était attachée.

Le châtain se tourna légèrement vers l'homme qui patientait. Ce dernier revêtait également un costume des plus habillés, se révélant aussi distingué que dans ses souvenirs.

"À nous deux, lieutenant Hale." déclara-t-il avant qu'un sourire n'étire ses lèvres rosées. Il fixa l'homme qui se tenait assis élégamment à quelques pas de lui.

Ce dernier pouvait ou non lui rendre son sourire, le sculpteur ne le sut pas. Le masque en tissu recouvrant la partie inférieure de son visage empêchait de lire quoi que ce soit sur ses traits camouflés.

"Suivez-moi." souffla l'artiste doucement.

Derek Hale se leva et le jeune propriétaire du lieu l'invita à s'installer à la place où s'était trouvé Danny Mahealani précédemment. Son regard vert sauge se posa sur le jeune Stilinski, le détaillant rapidement. Il portait un pantalon gris foncé avec des bretelles et une chemise blanche, toujours aussi froissée que la précédente. Son col était ouvert de quelques boutons, de manière négligée. Il paraissait tout aussi débraillé et décoiffé que la semaine passée, ce qui laissait à penser qu'il s'agissait bel et bien de sa dégaine habituelle.

"Voyons, votre masque..." marmonna le jeune Stilinski en dirigeant vers une des armoires contre le mur. Il fouilla quelques instants dedans.

Un chat, couleur fauve, qui semblait venir de la partie cuisine au fond à droite, pointa le bout de son museau. La bête tigrée avança d'un pas séducteur dans la pièce, comme si elle en était la maîtresse. Le lieutenant la regarda s'avancer vers lui d'un pas félin, gracieux, alors que sa queue ondulait en forme de point d'interrogation. Le greffier s'arrêta à quelques centimètres des boots noires de Hale et les renifla avec une sorte de curiosité retenue. La bête était charmeuse mais semblait prête à décamper à tout moment s'il le fallait. Le brun la regarda faire en haussant un sourcil, ne bougeant pas pour autant. Le sculpteur soupira, la tête toujours plongée dans son armoire quelque peu désordonnée.

"Le voilà !" s'exclama-t-il finalement. Il se retourna avec le masque dans les mains et fixa l'homme d'armes assis sur le banc. Ses yeux se posèrent rapidement sur le chat enroulant sa queue autour du pantalon noir, se frottant contre les tibias du soldat.

"Si vous avez de la nourriture sur vous, elle ne vous aimera que davantage." déclara-t-il, amusé, en se rapprochant.

"Mauvaise pioche." déclara le brun placidement, se penchant toutefois pour caresser le dos du chat qui se fit rond, appréciant la main qui se frottait le long de sa colonne vertébrale.

Stiles Stilinski s'assit en face de son client et l'animal à la robe tabby sauta sur ses cuisses, faisant mine de vouloir se coller au visage de son maître.

"Oui. Tu es très mignonne, mais tu descends." déclara le jeune sculpteur, ne se laissant pas attendrir comme à l'accoutumée. "Allez !" Il la poussa gentiment. La chatte trottina pour s'en aller et sauta sur un rebord de fenêtre un peu plus loin. Le jeune châtain soupira et esquissa un sourire en plongeant dans les yeux vert sauge de Derek Hale.

Il leva sa main dans laquelle se trouvait le masque en plâtre, recouvert d'une fine couche de cuivre.

"C'est donc ceci." présenta-t-il.

Il tendit la pièce à l'ancien militaire.

Le brun attrapa le masque doucement et le regarda d'un air presque désintéressé.

"Il est vraiment petit." murmura-t-il. Sa voix grave s'étouffa à moitié dans le bout de tissu qui recouvrait sa bouche.

"Il est à la bonne taille." répondit le sculpteur, un air sérieux plaqué sur le visage.

Le masque ne reprenait que la moitié gauche de la lèvre, la joue concernée ainsi qu'une zone du nez du même côté. Des lunettes étaient déjà incrustées en haut du plâtre, en permettant l'attache.

"Alors... Que dites-vous d'essayer ?" demanda doucement le châtain, toujours un sourire agréable étirant ses lèvres.

Le lieutenant soupira quelque peu. Malgré la délicatesse et la bonne humeur du jeune homme face à lui, cette manœuvre ne semblait guère l'enthousiasmer.

Il baissa légèrement la tête et retira son masque en tissu. Il déglutit nerveusement alors que le bandeau disparaissait progressivement, finissant enserré dans sa poigne.

Le jeune artiste le fixa sans rien dire alors que son regard se posait à nouveau sur cette peau rougeâtre laminée et cette bouche déformée, anormalement entrouverte sur la gauche. Il leva les bras doucement, tenant le masque dans une main en vue de le positionner sur le visage des plus masculins. Le soldat gardait sa tête légèrement inclinée vers le bas, penchée suffisamment pour ne pas que leurs regards puissent s'affronter.

Le sculpteur accompagna son geste en posant délicatement sa deuxième main sous le menton carré pour le relever avec douceur. Le lieutenant Hale redressa son visage, se laissant entraîner par le mouvement qu'il se savait obligé de suivre. Il croisa le regard ambré du jeune homme alors que ce dernier apposait le masque contre sa peau. Le morceau de plâtre cuivré se fondit automatiquement sur le visage pour en prendre les traits, se moulant à la perfection.

Stiles Stilinski esquissa un sourire. Il contempla le visage ainsi complet. Il apprécia de redécouvrir l'ossature de la mâchoire, la moitié des lèvres fines et du nez de l'homme face à lui. Comme il l'avait prévu, les petites lunettes rondes lui donnaient vraiment un air ingénieux.

"Et bien. Ma foi, c'est assez bien." déclara-t-il, son regard toujours plongé dans celui de l'homme, passant la barrière des lunettes qui l'habillaient.

"Je vous apporte un miroir." déclara-t-il calmement.

Il se leva pour récupérer l'objet rectangulaire posé sur le meuble contre le mur. Le miroir d'une vingtaine de centimètres était entouré de fer forgé noir et possédait quelques éclats de part et d'autre.

"Cela vous donne un air très intellectuel." s'amusa-t-il, un brin taquin.

Il approcha et tendit l'objet au soldat gradé. Ce dernier l'attrapa et croisa son reflet.

Son visage semblait comme reconstitué. Le masque, couleur cuivré, tranchait avec la carnation de sa peau et hormis ce détail, il semblait être la simple prolongation de son visage. La moitié intacte de sa bouche était découverte, libre, alors que l'autre était camouflée derrière le masque. Il portait pour la première fois des lunettes, mais elles étaient discrètes : très petites, fines et rondes, et cela ne l'incommoda pas autant qu'il l'aurait cru.

"Est-ce que vous êtes convaincu ?" demanda le sculpteur patiemment. Il restait debout aux côtés du brun, l'observant se contempler en silence.

Le lieutenant Hale fixait avec attention les parties couvertes et découvertes de sa figure. Le silence demeurait.

"Une fois peint, ce sera vraiment mieux." murmura l'artiste au bout de quelques secondes. Il tentait de ne pas montrer sa nervosité face à l'absence de réaction du brun, pourtant, sa voix s'était faite un peu plus faible.

Derek Hale finit par hocher la tête et ne s'attarda pas davantage. Il posa le miroir sur la table d'un geste désinvolte. Le sculpteur reprit la parole.

"Essayez de parler, pour voir si cela ne vous gêne pas trop ?" suggéra le jeune Stilinski qui continuait de le détailler.

"Hm, oui…. Je ne sais pas trop quoi dire..." souffla l'ancien soldat, puis il hocha la tête à nouveau de manière légère. "Je crois que cela a l'air bien."

Il pouvait parler sans être gêné par le masque qui couvrait à moitié sa bouche, cachant uniquement la partie disgracieuse. Il n'avait pas l'impression de cacher le trou qui s'étirait à la commissure gauche de ses lèvres, et pourtant, c'était bien le cas.

Le sculpteur expira nerveusement et sourit.

Il en avait vu passer des hommes dans sa boutique : des gueules cassées, toutes plus amochées les unes que les autres. Certains avaient cette flamme qui brillaient dans leurs yeux, comme l'expression d'une gratitude d'être toujours en vie. Scott et Danny l'avaient. D'autres, trop traumatisés, trop écœurés et meurtris, semblaient fragiles, prêts à succomber à tout instant. Pourtant, dans les deux cas, Stiles observait chez eux une réaction commune lors de l'essayage de leur masque pour la première fois : une sorte de délivrance. C'était parfois sous la forme d'un rire, d'un sourire ou d'un simple frémissement… mais c'était là, comme un signe de vie. Comme le signe d'une étape cruciale de leur reconstruction. Chez Derek Hale, il n'y avait que le silence et le vide. La lourdeur de ce constat serra la gorge de Stilinski. Ravalant la boule enserrant sa trachée, il se reprit.

"Parfait. Nous allons passer à la peinture dans ce cas."

À nouveau, le soldat hocha la tête, impassible. Sa voix grave s'éleva dans l'air, charismatique.

"Dois-je l'enlev - ." Il étouffa un grondement et porta sa main à son visage dans un réflexe rapide.

"Qu'y a-t-il ?" demanda précipitamment le jeune artiste en le fixant avec attention. Ses prunelles oscillèrent rapidement de droite à gauche alors qu'il examinait le visage du brun devant lui.

Le soldat releva les bords du masque légèrement, le décollant pour rompre tout contact avec son épiderme.

"Cela m'a pincé la peau." murmura-t-il à voix basse. Il retira le masque et remit celui en tissu d'une main, tendant le rigide de l'autre.

Le sculpteur fronça les sourcils et attrapa l'objet délicatement.

"Où ?" demanda-t-il, concerné. "Montrez-moi." souffla-t-il, un air désolé calqué sur le visage.

Le lieutenant appuya sur sa joue, par-dessus le tissu qui la recouvrait, indiquant la partie où il avait été éraflé un peu brusquement. L'artiste regarda l'intérieur du masque avec minutie, les sourcils toujours légèrement froncés, puis il souffla.

"Hm. Oui. Il y a un petit bout de cuivre qui rebique à cet endroit. C'est très infime, mais il est bien là. Il faudra le polir sinon vous allez vous faire mal. Je suis désolé." s'excusa-t-il doucement. "Scott n'est pas là, je ne saurais pas le faire aussi proprement que lui je dois dire." continua-t-il, agacé contre lui-même de ne pas avoir remarqué cette malfaçon.

Il jeta un regard ennuyé à son client, toujours assis devant lui.

Le lieutenant Hale fronça les sourcils à son tour et tourna la tête vers l'autre côté de la pièce.

"C'est sur cette machine ?" demanda-t-il, se rappelant avoir vu le dénommé McCall travailler dessus lors de sa venue précédente.

"Oui." souffla le sculpteur, passant une main nerveusement sur sa nuque.

"Je peux le faire." déclara le militaire simplement, fixant l'étal de métallurgie à plusieurs mètres de là. Il se leva, puis reporta son attention sur le propriétaire des lieux. "Enfin, si cela vous convient."

Le jeune châtain écarquilla les yeux, légèrement surpris.

"Oh ?" s'exclama-t-il. "Vraiment ?"

Le lieutenant Hale hocha la tête d'un geste discret et ferme.

"Mon père était maréchal ferrant. Je sais m'en servir." déclara-t-il, plongeant ses yeux verts dans les prunelles étonnées de l'artiste-sculpteur. Il tendit le bras pour récupérer le masque toujours dans les mains du jeune homme. Ce dernier regarda brièvement la main s'approcher et haussa les sourcils. Il allongea le bras à son tour, facilitant l'échange. L'objet en main, l'homme d'armes en regarda l'intérieur d'un air sévère, observant le bout de cuivre récalcitrant qui l'avait égratigné. Il souffla dans une expiration sèche. "En plus, il n'y a pas besoin de grand chose." affirma-t-il avec aplomb.

"Oui." murmura le jeune Stilinski. Cet homme semblait définitivement mieux s'y connaître que lui en métallurgie. "Et bien, je n'y vois pas d'inconvénient. Je veux dire, oui, bien sûr…" déclara-t-il doucement. "Allez-y." continua-t-il avec assurance en montrant le matériel à métal à l'autre bout de la pièce.

L'homme brun se leva et alla se positionner devant l'appareil à polir, sur lequel il déposa son futur visage. Il attrapa la paire de gants qui y était négligemment posée et l'enfila. Il enclencha la turbine à l'aide de son pied et apposa le bord du masque contre puis donna des à-coups minutieux contre la partie rebelle. Des petits bruits stridents retentirent à plusieurs reprises.

"Ne vous faites pas mal, hein." souffla Stiles qui s'était rapproché, même si l'ancien soldat semblait savoir faire ce qu'il faisait.

Quelques secondes plus tard, la machine s'arrêta et Hale retira ses gants. Il attrapa le masque et fit volte face au sculpteur, tendant l'objet d'un geste rapide.

"C'est terminé. " murmura-t-il simplement.

Le jeune Stilinski s'empara délicatement du masque et regarda minutieusement le métal à l'endroit qui venait d'être poli. Il esquissa un fin sourire.

"Parfait." souffla-t-il.

Son regard croisa celui vert sauge face à lui et il hocha légèrement la tête en signe de remerciement. Le brun le fixait sans ciller et le sculpteur reprit.

"Revenons à mon savoir-faire, voulez-vous ?" Et un petit rire cristallin franchit ses lèvres.

D'un geste souple du bras, il invita le lieutenant à venir se réinstaller sur sa place initiale. Ce dernier le suivit et s'assit sur le banc alors que l'artiste déposait son œuvre sur la table à côté d'eux.

"Vous devriez enlever votre veste, je ne voudrais pas la salir si jamais un peu de peinture tombe." déclara-t-il l'air de rien.

En vérité, ce n'était jamais arrivé qu'il tâche un client, mais il voulait surtout que l'homme se mette à l'aise.

Le lieutenant Hale retira sa veste, libérant ses épaules massives. Stiles contempla discrètement le corps. La chemise blanche était recouverte d'un veston sombre et l'homme portait des tours de bras noirs enserrant ses biceps. Le col de sa chemise était fermé jusqu'en haut et la cravate foncée s'enfouissait sous le veston de la même couleur. Il était diablement élégant dans ces vêtements qui avaient été probablement taillés sur-mesure.

"Installez-vous confortablement, cela prendra un peu de temps." souffla-t-il, esquissant un faible sourire.

Le soldat ne répondit rien et le jeune Stilinski alla récupérer l'ensemble de son matériel. Ce dernier était éparpillé un peu partout, aux quatres coins de la pièce, renforçant l'idée que l'artiste était quelqu'un de désordonné. Le lieutenant le regarda errer dans la pièce de manière incertaine pendant de longues minutes pour récupérer successivement palettes, pinceaux et peintures de couleur en tout genre. L'artiste disposa le tout minutieusement sur la table à côté d'eux et l'homme d'armes le regarda faire patiemment. C'était étrange de voir à quel point le jeune sculpteur était méthodique ensuite dans la manière de préparer ses peintures et ses outils. Il y avait soudainement une précision, une organisation dans ses gestes, dès lors qu'il commençait à se mettre au travail.

Le châtain, toujours debout, se pencha sur la table et commença à préparer ses peintures, mélangeant plusieurs couleurs entre elles alors qu'il regardait plusieurs fois le visage du lieutenant. Il lui sourit et continua sa tambouille méticuleuse, alors que ses prunelles faisaient divers allers-retours sur sa palette et la figure à moitié cachée du brun. Ce dernier haussa un sourcil alors que la palette commençait à se remplir de mélanges de couleurs variées aux teintes de sa carnation.

"Il faudrait que vous mettiez le masque." déclara doucement le jeune artiste, montrant du regard le morceau de plâtre cuivré.

Derek soupira à nouveau avec sérieux alors qu'il attrapait l'objet posé sur la table, non loin de la palette sur laquelle finissait de s'affairer le sculpteur. Il retira le tissu sur son visage et y déposa le masque, les lunettes rondes posées sur le haut de son nez.

Le châtain resta debout, concentré sur ses affaires et attendit de ne voir plus aucun mouvement du coin de l'œil pour se tourner enfin vers son homologue.

"Ça ne fait plus mal ?" demanda-t-il doucement.

Le brun posa sa main fermement contre le masque et appuya légèrement le bord qui l'avait pincé quelques minutes précédemment. Le contact contre sa peau ne sembla pas le gêner.

"Non, je pense que cela convient." déclara-t-il d'une voix placide. Il se redressa sur son siège d'un air suffisant et attendit que le jeune homme termine ses préparations.

L'artiste finalisa le mélange des différentes teintes sur la palette puis soupira d'un air satisfait. Il la leva et la porta devant le visage du brun, l'arrêtant à quelques centimètres.

"Désolé, cela va sentir la peinture assez fortement pendant un moment. Ce n'est pas très agréable à respirer." murmura-t-il, un brin désolé, faisant abstraction du fait que le lieutenant Hale avait vécu pire.

Le jeune artiste s'installa sur sa chaise et la tira pour s'asseoir devant l'homme brun. Cela leur rappela leur position d'il y a quelques jours, assis face à face l'un de l'autre. Le sculpteur attrapa un pinceau fin qu'il trempa dans une des teintes et le porta devant la joue droite pour voir si la couleur était en adéquation avec celle de la carnation de la peau. Il dut juger cela satisfaisant car il commença à poser le pinceau sur le masque, juste quelques centimètres en dessous des yeux du soldat. Il s'affaira en silence, minutieusement, peignant progressivement le masque sous le regard de l'homme qui le portait. Les yeux du jeune châtain restaient fixés sur le masque, alors que le regard du brun se faisait davantage fuyant, fixant tour à tour des points au-delà de l'épaule du sculpteur face à lui.

"Ce n'est pas trop difficile ?" demanda finalement le soldat, au bout de quelques minutes d'un silence religieux.

Le jeune Stilinski haussa les sourcils et releva le pinceau quelques instants. Son regard croisa les orbes vert pâle.

"Quoi donc ?" demanda-t-il simplement. Parlait-il de peindre ? De sculpter des visages ? De tenir cette boutique ? De fixer durant de longues minutes des visages détruits d'hommes malmenés par la guerre ?

"De peindre des visages." déclara la voix grave du militaire.

Leurs regards se croisèrent à nouveau puis le châtain déglutit et reprit sa tâche. Il pinça ses lèvres l'une contre l'autre, comme pour réfléchir à une réponse appropriée, puis répondit doucement.

"Non. Parfois, il faut être un peu plus créatif..." puis il capta le regard interloqué du brun et lui sourit. "Avec vous, c'est plutôt aisé." déclara-t-il comme une confidence. "Je peux me baser sur la partie droite de votre visage pour faire la gauche."

L'homme d'armes retint un soupir et le sculpteur continua.

"Je n'ai pas beaucoup le droit à la fantaisie." expliqua-t-il. Puis il sourit, s'affairant toujours à peindre le masque. "Hé !" s'exclama-t-il soudainement. "Je peux vous faire une moustache si vous voulez !"

Puis il se mit à rire. Face au regard perplexe du brun, il expliqua à nouveau.

"On utilise des vrais cheveux et du fil de fer pour les nouer. Cela rend vraiment bien vous savez... Alors, n'êtes-vous pas tenté ?"

Derek Hale esquissa un sourire pour la première fois. La partie droite de ses lèvres remonta légèrement en une moue amusée et le jeune sculpteur n'en rata pas une miette.

Le soldat soupira ensuite avant de répondre.

"Non. Laissons donc cela pour M. Hale." déclara-t-il simplement.

Le jeune Stilinski haussa un sourcil.

"Ce n'est pas vous ?"

"Mon père j'entends." répondit le brun.

"Le maréchal ferrant Hale." reprit l'artiste d'un ton mystérieux, comme s'il réfléchissait à quoi pouvait bien ressembler cet homme. Il reprit. "Vous savez, il paraît qu'on finit tous par devenir un jour comme nos parents."

Le soldat fronça les sourcils.

"Vraiment ?" répondit-il, dubitatif.

Le jeune Stilinski le regarda quelques instants et secoua la tête vivement de droite à gauche.

"Non. Bon sang. Je ne crois pas."

L'homme d'armes sembla soudainement bien intrigué.

"Que fait M. Stilinski senior ?" Sa voix grave semblait divertie et curieuse.

Le sculpteur mordilla sa lèvre inférieure alors que son pinceau venait se tremper à nouveau dans un peu de peinture. Il retint un sourire.

"Shérif de Beacon Hills, Californie, USA."

Le brun sembla surpris et releva la tête mais ne dit rien. Son haussement de sourcil parla pour lui.

Le sculpteur se mordit à nouveau la lèvre et continua de peindre en silence. Une vingtaine de minutes passa durant laquelle il s'affaira à coloriser le masque posé sur le visage de son client. L'objet était plus petit qu'à l'accoutumée, ne prenant qu'une infime partie de la figure du brun. Cependant, le jeune Stilinski s'appliqua minutieusement, prenant plus de temps que d'habitude. Il refaisait progressivement l'ensemble des détails de la peau : les petites tâches, les pores, les nuances de l'épiderme... Il reposa la palette et prit de nouvelles couleurs qu'il mélangea. Les nouvelles teintes semblaient un peu plus foncées, plus rosées que celles utilisées précédemment. Le lieutenant Hale fixa la main qui tenait le pinceau avec grâce. Il loucha quelques instants sur les ongles rongés du sculpteur, se demandant s'il l'avait déjà vu porter ses doigts à sa bouche pour les grignoter. Probablement.

"Ma partie préférée." murmura soudainement le châtain, coupant le brun dans sa rêverie. Il posa le pinceau sur le masque à nouveau, et attaqua ce qui semblait être la chair rosée de la bouche.

Le soldat baissa les yeux pour observer le pinceau qui effleurait doucement la zone de ses lèvres recouverte par le masque rigide. Cet homme était littéralement en train de dessiner sa bouche. Le regard du militaire se leva quelques secondes pour se poser sur le visage du sculpteur à quelques centimètres du sien. Il semblait diablement concentré, les yeux rivés sur sa tâche.

Le châtain avança quelque peu sa chaise pour se mettre plus près, si bien que ses genoux se frottèrent contre ceux du brun.

"Désolé, mais c'est une partie délicate." souffla-t-il pour se justifier d'un tel rapprochement. Le lieutenant Hale sentit le souffle léger du châtain caresser le bord droit de ses lèvres.

L'homme d'armes osa à peine respirer. Ses yeux oscillaient tantôt au-dessus de l'épaule du sculpteur, tantôt vers son visage bien trop proche de lui. Il l'entendait respirer, faire quelques bruits de bouche, preuve probable de sa concentration.

Au bout de ce qui sembla être une vingtaine de minutes supplémentaires, Stiles Stilinski se recula. Il fit grincer sa chaise violemment contre le sol et s'éloigna d'un bon mètre de distance. Il scruta le militaire avec sérieux, sans bouger.

Il cligna lentement des yeux, à plusieurs reprises, totalement absorbé par sa contemplation. Hale le fixait en retour, sans broncher. L'ancien soldat s'était rarement senti aussi épié de sa vie. Cela lui rappelait les médecins de l'hôpital qui s'étaient occupés du semblant de reconstitution de son visage démoli. Cependant, durant cette période désagréable, il avait été la plupart du temps drogué et endormi par les médicaments. Or, force était de constater que le sculpteur n'était pas docteur et que Hale était, cette fois, pleinement conscient. Le temps lui parut aussi incroyablement long.

Le jeune artiste avança sa chaise à nouveau et recommença son manège en silence, continuant de peindre minutieusement le bout de masque. Le poilu le revit passer un nombre incalculable de fois au même endroit. Il fallait dire que les pinceaux utilisés étaient extrêmement fins et les touches de peinture étaient déposées point par point, ce qui devait donner, il l'imaginait, un maximum de détails possibles.

Puis, quelques minutes plus tard, le peintre soupira un peu plus fortement qu'à l'accoutumée. Il regarda son client dans les yeux, captant son regard avant de prendre la parole avec sérieux.

"Allez. Une petite moustache ?"

Il fixait l'homme face à lui avec calme. Derek Hale fronça doucement les sourcils et les incisives du sculpteur vinrent pincer sa lèvre inférieure, l'empêchant visiblement de sourire. Il continua de peindre, l'air de rien. L'homme d'armes expira bruyamment sous la remarque qu'il jugea spirituelle. Quelques minutes supplémentaires s'écoulèrent pareillement, avant que le châtain n'arrête définitivement ses gestes. Il déposa sa palette et son pinceau sur la table.

"J'ai terminé." finit-il par dire comme une évidence.

Il se releva de sa chaise et étira son dos.

"Bon sang." gémit-il pendant qu'un de ses os craquait bruyamment. Il écarquilla les yeux alors que le lieutenant Hale le fixait, un sourcil relevé.

L'artiste se recula et fixa à nouveau son client, admirant son travail avec davantage de distance.

"Lieutenant Hale, sans moustache, vous êtes parfait." déclara-t-il très sérieusement.

L'homme baissa les yeux rapidement, semblant agacé par la remarque.

Stiles se gratta la tête nerveusement. Il attrapa le miroir posé sur la table et le tendit au militaire. Ce dernier s'en saisit et le leva devant lui, observant son visage dans le reflet. Il se figea quelques instants. C'était... Il ne s'était pas attendu à un tel rendu. C'était un simple bout de masque peint, et pourtant, cela donnait l'illusion que son visage était encore là, tout entier. Il devrait s'habituer aux lunettes, certes… Et sa lèvre, bien que correctement dessinée, semblait un peu figée en comparaison à la partie droite qui se mouvait au moindre mouvement… Mais...

Derek Hale entrouvrit la bouche, alors qu'il se fixait toujours via le miroir qu'il tenait.

"C'est très bien." déclara-t-il froidement. Il semblait néanmoins surpris de la déclaration qu'il venait de faire. Son expression se refit plus sévère et il posa le miroir sur la table d'un geste ferme. "Merci." déclara-t-il d'un ton placide, comme s'il s'en sentait obligé.

"Cela ne vous plaît pas trop ?" demanda prudemment Stiles. Il avait pour habitude de percevoir plus d'émotions ou de reconnaissance de la part des poilus qui venaient le voir. Clairement, le visage fermé de Hale signifiait qu'il n'était pas ravi.

"Si. Cela fera vaguement illusion. C'est bien ce pourquoi c'est là, non ?" déclara-t-il en fixant le sculpteur d'un regard froid et terne.

Le jeune Stilinski se figea. Ses yeux sondèrent quelques secondes les orbes vert pâle et il hocha doucement la tête, n'osant pas répondre quoi que ce soit.

Le lieutenant Hale se leva et l'artiste commença à ranger son matériel nerveusement.

"Il faudra quelques heures pour que ce soit vraiment sec vous savez, alors, si vous voulez vraiment repartir avec maintenant, je vous conseille de faire très attention en le transportant. Sinon vous pouvez le laisser ici et repasser le prendre plus tard… C'est comme cela vous arrange." murmura l'artiste qui s'affairait à rassembler ses affaires en quelques gestuelles mécaniques.

Le militaire hocha la tête. Il retira le masque avec prudence, ses doigts agrippant les lunettes pour ne pas toucher les parties teintes encore humides. Il le posa délicatement sur la table avant de glisser une main dans la poche de son pantalon pour récupérer son bandeau de tissu et l'enfiler.

Stiles Stilinski récupéra l'ensemble de ses pinceaux et sa palette et se dirigea vers le fond de la pièce. Il déposa l'ensemble dans un seau d'eau posé dans l'évier, regardant les objets se faire progressivement engloutir par le liquide pour tomber au fond du récipient. Il passa ses mains sous l'eau, nettoyant le peu de peinture qui avait tâché ses doigts. D'un geste rapide, il s'essuya négligemment contre un torchon et revint vers son client qui se tenait droit, visiblement prêt à partir.

"J'aimerais repartir avec." déclara le militaire d'une voix calme.

L'artiste hocha la tête. Il ouvrit la bouche, prêt à répondre, mais la porte de la verrière s'ouvrit à la volée, laissant Scott McCall apparaître dans l'entrebâillement. Le propriétaire du lieu fronça les sourcils en voyant son ami sur le pallier, l'air passablement épuisé.

"Hé !" souffla Stiles, se décalant pour observer davantage le brun essoufflé. "Scott ? Tout va bien ?" demanda-t-il, détaillant l'homme qui se tenait sur sa seule jambe valide et sa prothèse en bois qui ne faisait pas illusion.

McCall sortit un mouchoir en coton de sa poche de pantalon et essuya son front recouvert de sueur.

"'Suis m'ort." déclara-t-il en levant les yeux au ciel. Il souffla bruyamment avant de regarder le lieutenant Hale qui se tenait à quelques mètres de là. Il hocha la tête pour le saluer respectueusement et ce dernier lui rendit son geste tout aussi poliment.

McCall ouvrit en grand la porte de l'atelier, laissant un peu de vent s'engouffrer dans la verrière. L'ouverture laissa apparaître une charrette garée juste devant l'entrée. Elle contenait deux sacs, et au sol, non loin de là, se trouvait une pile d'une dizaine de sacs empilés les uns sur les autres.

"V'a f'alloir décharger." déclara Scott en étouffant un rire jaune et le visage de Stiles se décomposa en une grimace affreuse.

Le brun, invalide, se dirigea vers le gros charriot de sa démarche boiteuse. Il attrapa un des énormes sacs et le passa sur son épaule avec labeur. Il se traîna à l'intérieur, laissant glisser sa jambe en bois contre le parquet. Au bout de quelques pas, il manqua de trébucher alors que le bout de sa jambe factice tapait dans le sol d'une manière inconvenante.

Derek Hale et Stiles Stilinski amorcèrent un mouvement pour se précipiter vers le mutilé, mais ce dernier réussit à se rattraper de justesse. Dans sa presque chute, McCall avait toutefois laissé tomber son lourd fardeau. Le sac avait chu au sol dans un bruit sourd, non loin de son pied encore valide. Le tissu s'était légèrement déchiré, laissant s'échapper un peu de poudre blanche sur le parquet rustique.

"Faut la lever ta guibole en bois ! Espèce d'idiot." s'exclama Stiles, encore sous le coup de l'émotion. Il franchit les derniers pas qui le séparaient de son meilleur ami et lui tapota sur l'épaule avant de rigoler. Le brun se mit à renifler et le sculpteur reprit, calmement.

"Repose-toi donc. Il ne va plus bouger." déclara-t-il en lançant un regard mauvais au sac gisant sur le sol.

Scott McCall se traîna vers le banc pour s'y affaler. Il étouffa un soupir, signe de sa fatigue physique, et sortit à nouveau son mouchoir en tissu pour éponger sa sueur.

Le lieutenant Hale toisa l'énorme paquet échoué sur le plancher. Il fronça les sourcils à la vue du plâtre en poudre qui en sortait.

"Un coup de main ?" demanda-t-il d'une voix calme. Il voyant bien que le propriétaire des lieux n'avait pas la carrure pour porter à la suite une dizaine de sacs dont le poids devait faire trente kilos. Quant à Scott McCall, avec sa patte folle, il mettrait la journée… Et s'il ne se blessait pas davantage durant la manœuvre, il en serait bien chanceux.

Le sculpteur écarquilla les yeux de surprise et croisa le regard tout aussi étonné de son ami. Ce dernier haussa les épaules, avant de s'accouder à la table derrière lui pour s'y reposer.

"Oh… Et bien. Sincèrement, ce ne serait pas de refus." déclara le jeune Stilinski. "Non, parce que sinon... ces trucs vont rester devant la porte pendant un mois comme la dernière fois. Et on avait perdu deux sacs qui avaient fini par prendre l'eau, alors... Oui, on prend volontiers un peu d'aide."

Scott acquiesça, visiblement on ne peut plus d'accord.

"Ce serait b'ien aima'ble lieutenant." répondit-il.

Hale hocha la tête. Les deux jeunes hommes ne virent pas que derrière son masque en tissu, un sourire en coin étirait ses lèvres. L'ancien militaire déboutonna son veston et défit sa cravate avant de les enlever. Il fit glisser ses bretelles et élastiques de manche et entreprit de retirer sa chemise, dénouant un à un l'ensemble des boutons. En quelques secondes, il se retrouva vêtu d'un marcel blanc et déposa ses vêtements sur une des chaises.

Stiles Stilinski et Scott McCall échangèrent un regard entendu face à la musculature de l'homme. Même si ce dernier avait délaissé l'armée suite à ses blessures, il restait taillé comme un jeune soldat au meilleur de sa forme.

Hale se dirigea vers le sac qui était échoué au sol et empoigna la zone légèrement déchirée pour la fermer dans son poing. Il attrapa le paquet et le souleva pour le basculer sur son épaule en un geste ferme. Le jeune artiste haussa un sourcil et McCall étouffa un rire alors que l'homme leur faisait face, son fardeau porté avec aisance.

"Je vous le mets où ?" demanda ce dernier d'une voix grave.

L'artiste-sculpteur le fixait toujours avec un intérêt certain. Il se frotta l'arrière du crâne, d'un mouvement agité.

"Eh bien. Vous, vous ne faites pas semblant, pas vrai ? Vous savez qu'on aurait bien besoin d'atouts physiques comme les vôtres ici ?"

Ses prunelles couleur whisky croisèrent celles de Hale qui détourna le regard vers le sol, visiblement mal à l'aise. Le sculpteur émit un léger rire.

"Suivez-moi." reprit l'artiste, avant de se diriger dans un recoin de la pièce, près de la forge, où il y avait quelques sacs entreposés. "Il faudrait les mettre ici." continua-t-il, en montrant le stockage de fortune d'un geste de la main.

L'homme brun hocha la tête et balança le sac d'un mouvement rapide pour le poser sur le tas déjà formé.

"Vous devriez recoller le sac avant que tout son contenu ne se répande." annonça le militaire en voyant un peu de poudre blanche s'écouler sur les autres paquets.

Stiles Stilinski hocha la tête et le lieutenant tourna les talons pour se diriger dans l'entrée, en vue de récupérer un autre sac sur la charrette. Il agrippa fermement le bazar et le balança sur ses épaules comme précédemment.

L'artiste regarda son meilleur ami et lui fit de gros yeux. Ils ne pouvaient que silencieusement approuver la robustesse de l'homme qui les aidait. McCall tapa sur sa propre cuisse avec entrain avant de se relever pour se remettre également au travail. Il se dirigea à son tour vers les différents sacs pour en porter un, avec toutefois plus de difficultés que le haut gradé. Il n'était pas moins bien bâti, mais sa jambe instable ne lui permettait pas de se déplacer facilement avec un tel fardeau.

Les deux anciens soldats déchargèrent ainsi les sacs alors que le sculpteur rangeait son matériel précédemment utilisé. Le jeune artiste n'essaya même pas de les aider, se sachant tout bonnement incapable de soulever avec aisance des poids aussi lourds. Bien que musclé finement, ses épaules n'étaient pas taillées pour une telle besogne.

Quand ils eurent terminé, le châtain les remercia avec application.

McCall s'assit à nouveau pour souffler et Stiles vint leur tendre deux linges propres pour qu'ils puissent essuyer leur sueur. Hale se dirigea ensuite vers ses affaires qu'il avait déposé soigneusement sur une chaise. Il renfila sa chemise immaculée, l'ajustant proprement dans son pantalon, et repassa ses bretelles sur ses épaules. Il passa à nouveau ses élastiques aux bras, sa cravate et son veston dans des gestes mécaniques et précis.

Le sculpteur croisa à nouveau le regard de son meilleur ami qui lui fit un mouvement bref du menton. Suite à cet échange silencieux, Stiles Stilinski se dirigea vers le lieutenant qui finissait de se rhabiller et s'arrêta à une distance respectable de lui.

"Vous savez, j'aurais vraiment besoin de plus de main-d'œuvre ici. Comme vous l'avez vu, à nous deux…" Il montra McCall d'un geste vague. "C'est un peu juste. Et franchement, vous savez aussi toucher au cuivre, ce qui est idéal. J'ai une place ici, pour vous."

Le lieutenant Hale le dévisagea simplement. La position de son corps ne bougea pas, et seuls ses sourcils se froncèrent très légèrement.

"Hm, si ça vous intéresse." reprit le sculpteur d'un air intrigué.

Le militaire reboutonna les manches de sa chemise calmement, y concentrant toute son attention avant de porter à nouveau son regard vers le sculpteur, visiblement incertain. Ce dernier tourna la tête vers son ami, assis non loin de là.

"Qu'en penses-tu Scott ?" demanda-t-il d'un ton se voulant détaché.

L'interpellé était accoudé à la table derrière lui. Il lança un regard entendu à Hale.

"Di'tes oui je v'ous en p'rie. Que je ne sois p'lus le seul à être exp'loité ici." articula le brun, d'un ton amusé.

Le propriétaire de l'atelier attrapa un chiffon posé sur la table et le lui balança au visage d'un geste rapide.

Le lieutenant Hale enfila sa veste de costume et croisa le regard de l'artiste.

"Merci pour votre proposition, mais… Je ne sais pas." déclara-il, visiblement hésitant.

Le jeune châtain hocha la tête.

"Réfléchissez-y. Vous passerez me donner votre réponse."

L'homme acquiesça. Il s'avança vers l'entrée pour y récupérer son manteau et l'enfiler avec rapidité. Il revint vers Stilinski et sortit son portefeuille de sa poche intérieure. Le sculpteur tendit sa main devant lui pour couper court à son geste.

"Si vous dites oui, je ne vous fais pas payer le masque. Sinon, vous paierez quand vous repasserez, c'est d'accord ?"

Derek Hale hocha la tête. Le jeune châtain esquissa un fin sourire et l'ancien soldat détourna les yeux rapidement. Il alla récupérer son masque posé sur la table, le prenant avec soin, puis partit non sans saluer les deux hommes.

Stilinski et McCall échangèrent un regard perplexe. Ils n'avaient aucun doute sur le fait qu'Hale repasserait payer sa dette, toutefois, son choix de rejoindre ou non l'atelier paraissait incertain.

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Stiles Stilinski était en train de déposer les trois assiettes sales dans l'évier, pendant que son meilleur ami roulait le restant de pain dans un torchon, bien serré. McCall déposa la miche ainsi empaquetée sur le coin de la table et se leva, titubant jusqu'au plan de travail. Il y attrapa son masque avant de l'enfiler d'un geste mécanique, recouvrant ainsi la moitié de son visage détruit.

"Merci pour le fromage Danny. Il était vraiment très bon." déclara Stilinski. Il passa ses mains sous l'eau pour les nettoyer rapidement.

"Je le dirais à mon oncle. Au printemps il fait également de la tomme fraîche, car les pâturages le permettent."

"Oh…" s'exclama McCall en se tournant vers lui. "Et bien il f'audra que tu re'viennes en été alors."

Mahealani esquissa un sourire, ravi. Il était debout, les mains appuyées sur la chaise sur laquelle il avait été assis quelques minutes auparavant. Ses doigts encerclaient le bois avec fermeté. Il portait une chemise blanche, rentrée dans son pantalon noir, et des bretelles de la même couleur remontaient jusqu'à ses larges épaules. Le masque sur son visage n'en couvrait qu'une infime portion, centré autour de son œil droit. Ce dernier était totalement factice, peint sur la moulure avec un certain réalisme. Le masque était maintenu par des lunettes ovales et fines, qui n'avaient pas d'autre utilité que cette fixation. Il descendait jusqu'au bord droit du nez, le recouvrant légèrement.

"Si je suis invité à nouveau, c'est avec grand plaisir." déclara-t-il. Son regard couleur café se posa chaleureusement sur le sculpteur à quelques pas de là. Ce dernier le regarda également et sourit presque maladroitement. Il attrapa le torchon suspendu à côté de l'évier pour s'essuyer les mains, détournant les yeux.

McCall les regarda et étouffa un souffle amusé.

"Je retourne en b'outique." déclara-t-il et les deux autres hommes acquiescèrent. Il se dirigea vers la porte communicante à l'atelier et l'ouvrit pour s'engouffrer dans la pièce attenante.

"Je devrais probablement y aller aussi." enchaîna Mahealani. "Vous avez du travail." reprit-il respectueusement.

Stiles Stilinski hocha la tête.

"Je vais faire au plus vite pour ton nouveau masque."

"Je t'en prie… Je ne suis pas à quelques jours près." répondit le brun à la peau légèrement hâlée, avant de lui sourire franchement. "Je reviens sur Paris la semaine prochaine, je passerai pour vous saluer et si le masque est prêt tant mieux… Et sinon, j'aurais une autre opportunité de revenir vous voir." déclara-t-il, un brin malicieux.

Danny Mahealani avait ce côté absolument charmant. La volupté de sa voix, son sourire resplendissant faisaient de lui quelqu'un d'avenant. Il était difficile de ne pas l'apprécier dès la première rencontre.

Le sculpteur esquissa un sourire en coin qui lui fut retourné par Mahealani.

Scott McCall apparut à l'entrebâillement de la porte, les interrompant poliment.

"Hm… Désolé, m'ais, Stiles, le lieu'tenant Hale est là." articula-t-il.

Le châtain haussa les sourcils et cligna rapidement des yeux.

"Oh. Très bien. J'arrive." déclara-t-il rapidement.

McCall hocha la tête et tourna les talons pour disparaître à nouveau dans la verrière. Mahealani attrapa sa veste, déposée sur le bord d'une chaise, et l'enfila rapidement. Le vêtement lui apporta davantage d'élégance et le seyait à ravir. Les deux hommes se dirigèrent tous deux vers l'atelier, emboîtant le pas de McCall pour pénétrer dans la verrière.

Tout au bout de la salle, le lieutenant Hale se tenait proche de l'entrée, fier et droit. Il revêtait son masque, suspendu par de petites lunettes rondes posées sur son nez. Stilinski esquissa un faible sourire en le voyant avec tant de prestance. Il se dirigea vers lui, Mahealani sur ses talons.

"Lieutenant. Je ne vous attendais pas de sitôt." déclara l'artiste en s'arrêtant à quelques pas du militaire. Il tendit sa main pour serrer celle du client. Ce dernier l'attrapa et referma sa poigne sur la sienne brièvement. Leurs regards se croisèrent et le sculpteur laissa errer quelques secondes ses prunelles sur le masque, détaillant rapidement le visage ainsi présenté. Le gradé reporta son attention vers le troisième homme qu'il reconnaissait comme étant le client de la veille, celui dont il manquait un œil.

Le regard des deux anciens soldats se croisèrent et Mahealani inclina le menton, en un salut respectueux. Il s'arrêta au niveau du porte-manteau, près de la porte d'entrée de la verrière. Hale répondit pareillement alors que les deux hommes se considéraient avec un respect militaire certain. Le borgne récupéra son manteau et son chapeau qui étaient suspendus à côté de ceux déposés par Derek Hale quelques minutes auparavant. Il enfila son pardessus et son couvre-chef avant de s'adresser à son hôte.

"Merci pour le repas Stiles. Je repasserai la semaine prochaine."

"Passe une bonne journée Danny." salua le propriétaire poliment.

L'homme esquissa un fin sourire.

"Au revoir Scott." salua-t-il un peu plus fort, à l'attention du jeune unijambiste qui était devant sa forge. Ce dernier lui répondit brièvement. Le borgne lança un dernier regard à Derek Hale. "Lieutenant." déclara-t-il poliment. Il reçut un salut réservé et sortit de la verrière, s'engouffrant dans la cour extérieure.

Un léger vent frais pénétra dans la pièce et vint jusqu'aux deux hommes qui étaient à quelques pas de l'entrée. Stilinski regarda le brun face à lui avec intérêt, plongeant son regard dans le sien à travers les lunettes fines. Il déclara, non sans empressement.

"Alors, lieutenant Hale, est-ce que vous avez réfléchi à ma proposition ?"

Le susnommé resta de marbre. Il inclina légèrement le menton pour signifier son intérêt.

"Peut-être avez-vous la possibilité de m'en dire davantage ?" répondit-il avec flegme.

Stilinski esquissa un faible sourire.

"Évidemment." souffla-t-il. "Comme je vous l'ai dit, ce serait principalement pour suppléer au travail de Scott pour l'intendance de la boutique. Il s'agirait de s'occuper des livraisons, des achats de matériaux et approvisionnements."

Hale hocha faiblement la tête, montrant qu'il écoutait attentivement son homologue. Stilinski continua de parler.

"Le plâtre, en livraison, cela nous coûte une fortune… En général nous nous faisons livrer chez un voisin, deux rues plus loin, qui travaille dans le bâtiment. Nous mutualisons ainsi les frais. Le problème, c'est ensuite pour ramener et porter les sacs… Bref, vous avez vu hier." Stiles soupira. Il passa nerveusement une main dans ses cheveux en bataille.

"Je vois." répondit Hale.

"Hm. Il y aurait également la partie métallurgie que vous me semblez déjà maîtriser très bien." continua le sculpteur lui lançant un regard entendu. Hale avait déjà fait ses preuves là-dessus. "Et puis, il y a toujours des visites à faire directement en hôpitaux, dans les dispensaires... Si c'est quelque chose qui vous intéresse, je ne vous cache pas que ce serait vraiment bien. Je pense que beaucoup ne nous connaissent pas encore ou n'osent pas venir à la boutique."

Derek Hale hocha la tête.

Stiles Stilinski le dévisagea quelques instants et leva son pouce à sa bouche pour le ronger rapidement puis reprit :

"Hm. Bon. Ensuite, je ne vais pas vous mentir, ce n'est pas très bien payé…" Il grimaça légèrement et n'osa pas regarder le lieutenant dans les yeux. "C'est 20 francs la journée, avec ou sans heure supplémentaire, ça ne changera rien, parce qu'on ne peut pas se le permettre. On tient majoritairement grâce aux aides de la Croix Rouge. La plupart des soldats qui viennent ne sont pas gradés, ils ont la pension la plus simple et bien souvent peu de ressources. Et, hm… nous ne sommes pas trop du genre grippe-sous vous voyez, alors parfois, il arrive qu'on prenne juste ce qu'ils peuvent donner." Stiles ricana doucement. "Mais je peux vous proposer une chambre ici, à l'étage de la maison attenante. Scott et moi habitons sur place… Alors oui le salaire est misérable, mais avec le gîte et le couvert, c'est déjà pas si mal."

Le jeune sculpteur haussa les épaules, d'un geste désinvolte. Il regarda l'ancien militaire et esquissa un sourire faible. Ce dernier acquiesça poliment mais ne s'exprima pas pour autant. Le châtain passa à nouveau une main nerveuse dans ses cheveux.

"Peut-être qu'on peut vous faire visiter." déclara-t-il, pensif. Puis il se tourna vers son meilleur ami. "Scott, tu peux montrer l'ensemble de l'atelier au lieutenant ?" demanda-t-il aimablement. Ce dernier tourna la tête vers eux et la hocha rapidement.

Les deux militaires passèrent une demi-heure à faire le tour de la boutique. McCall expliqua rapidement quelques éléments clés du travail de la forge, présenta les rangements, le matériel à disposition, puis ils sortirent dans la cour extérieure. Le jeune unijambiste présenta la grange où se trouvait une remise de stockage en tout genre. Il y avait également un préau où se trouvaient une charrette et plusieurs outils divers.

Scott McCall emmena également le lieutenant dans la maison attenante pour lui montrer les parties communes de la résidence. Ils pénétrèrent par l'extérieur, depuis la cour. L'entrée de la maison débouchait sur un long couloir qui desservait plusieurs portes et un escalier en bois menant aux étages. La première porte à gauche menait sur le salon. Ce dernier était de taille modeste, composé d'une cheminée murale qui avait l'air de fonctionner très régulièrement, ainsi que deux canapés et un vieux fauteuil dont le tissu était un peu usé. Un grand tapis s'étendait sur le sol et il y avait une table basse en bois massif ainsi que plusieurs bibliothèques de livres. Le salon donnait accès à une autre porte, au fond, qui débouchait sur un couloir rejoignant ensuite la cuisine.

McCall ne détailla pas vraiment la partie à droite des escaliers, mentionnant simplement un accès à sa chambre, une buanderie et une salle d'eau que Hale ne vit pas. Ils entrèrent directement dans la cuisine, où McCall et Stilinski avaient mangé avec Mahealani un peu avant. La pièce était claire, carrelée au sol et assez spacieuse. Il y avait une table rectangulaire en bois au milieu, entourée de chaises. Contre le mur, une ribambelle de placards prenaient place, ainsi qu'un four et une cuisinière en fonte. Il y avait également un évier rectangulaire en céramique avec un peu de vaisselle sale dedans. Une porte-fenêtre donnait sur un petit extérieur vert.

"C'est un p'tit jardin d'une quarantaine de m'ètres carrés. On a m'is un p'etit p'otager dont on s'occupe égale'ment. Ça fait le tour de la b'âtisse, rejoignant la cour principale de l'autre côté." expliqua McCall. Le son de sa voix était légèrement étouffé par le masque rigide qui couvrait ce qui lui servait de bouche.

La propriété n'était pas énorme mais faisait une belle surface en tout et pour tout, sachant que l'atelier occupait l'entièreté de la verrière, elle-même déjà très grande.

Hale observa l'extérieur au travers des carreaux de la cuisine. Il pouvait y voir quelques blocs de bois au sol et des plantes qui y étaient effectivement cultivées. Il fronça les yeux en apercevant un chat qui se promenait à l'extérieur, entre les plants de potager. L'animal releva la tête et le fixa quelques instants avant de trottiner rapidement vers la porte-fenêtre. Il gratta aux carreaux et McCall tituba jusqu'à l'accès pour l'ouvrir et laisser le chat pénétrer.

La créature se précipita vers la table de la cuisine et y sauta pour s'asseoir dessus et faire sa toilette. McCall soupira, se dirigea vers l'animal pour le faire descendre d'un geste vague et un peu abrupt.

"Et ça, c'est M'dame Rodin." pesta-t-il. "Elle est agréable, p'arfois. M'ais la p'lu'part du temps, c'est une di'va." déclara-t-il. "Elle attra'pe les rats de la grange." confia-t-il, comme si cela justifiait tout de même sa présence.

"Nous nous sommes déjà rencontrés." déclara l'ancien lieutenant avec un semblant d'amusement.

La chatte à la robe tabby trottina pour sortir de la cuisine et se diriger plus loin dans le couloir. Hale la regarda quitter la pièce, un sourire en coin.

"Comme Stiles v'ous a dit, on gagne pas b'eaucoup ici. J'i'magine que v'ous avez une p'ension militaire. Vous êtes gradé, vous gagnez sûrem'ent plus que m'oi… Mais c'est pas grand chose quand même pour toute la merde qu'on a vécue, hein ?" soupira McCall, avant de se gratter l'arrière du crâne. Il sembla renifler bruyamment sous son masque qui restait rigide. "Trav'ailler ici, ça donne un sens." reprit-il sérieusement. Son regard cacaoté se plongea dans celui vert pâle du lieutenant. "On v'oit des ho'mmes co'mme nous défiler tous les jours ici. M'ais j'vais être franc avec v'ous lieutenant Hale… Si v'ous êtes du genre à tirer un trait sur le p'assé, alors vous ne devriez pas accepter."

Le militaire hocha la tête, signifiant qu'il avait bien compris le message. Ils se regardèrent un peu sérieusement et McCall leva les bras d'un geste décontracté.

"Voilà ! J'crois b'ien que c'est tout." On pouvait entendre dans l'intonation de sa voix qu'il souriait. Il désigna une porte à gauche, contre le mur de la cuisine. "C'est le seul endroit à l'intérieur qui co'mmunique avec l'atelier." Puis il ouvrit ladite porte, s'engouffrant dans la verrière attenante alors que Hale lui emboîtait le pas.

Stilinski était assis sur une chaise face à la grande table de l'atelier. Il travaillait visiblement sur un masque avec concentration. Il releva la tête en les entendant pénétrer dans l'espace et reporta son attention sur eux avec un grand sourire. Il lâcha ce sur quoi il travaillait et se dirigea vers les deux hommes. S'arrêtant à quelques pas d'eux, il croisa les bras contre son torse.

"Alors lieutenant ? Qu'est-ce que vous en dites ?" demanda-t-il avec appréhension.

Derek Hale hocha la tête sobrement.

"J'accepte votre proposition." déclara-t-il et McCall claqua ses propres mains entre elles d'un signe enthousiaste.

L'artiste-sculpteur plongea ses yeux dans ceux de son nouvel employé et sourit, l'air ravi.

"C'est une très bonne nouvelle." confia-t-il. "Quand pouvez-vous commencer ?" demanda-t-il.

"Quand avez-vous besoin de moi ?" répondit Hale, pragmatique.

Stilinski lança un regard interrogateur à McCall. Ce dernier haussa les épaules, avant de prendre la parole.

"Dès de'main, pour sûr !" s'exclama-t-il.

"Très bien." répondit le lieutenant. "Dans ce cas, demain." confirma-t-il avec flegme.

Stilinski arborait une mine réjouie.

"Venez le matin alors. Vous aurez le temps de vous installer tranquillement, je ne vous embêterai pas trop avant l'après-midi."

Derek Hale hocha la tête sobrement.

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À suivre…

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Note :

J'espère que vous apprécierez la suite de cette fic, et je m'attelle en ce moment même au chapitre 3 et j'avoue avoir bien besoin de vos encouragements !

J'espère pouvoir publier 1 chapitre par mois, mais je ne suis sûre de rien.

Bisous ! :)