Cette fic a été rédigée « en miroir » avec Nanthana14 dans le cadre du challenge « juin à 4 mains » du collectif Noname.

Je pense que le résumé est assez explicite quant au sujet et aux personnages traités. Pour Tauriel d'abord, pour Arwen ensuite, vous aurez nos deux versions l'une à la suite de l'autre.

Et pour ceux qui lisent également des fics sur le seigneur des anneaux, ne vous étonnez pas de retrouver exactement la même histoire sur la page consacrée, mais publiée cette fois sous le nom de Nanthana.

N'hésitez pas à laisser vos commentaires sur l'un ou l'autre des deux fandoms et sur les 4 parties, l'auteur concerné vous répondra personnellement dans tous les cas.

Bonne lecture.

Syrène

000000000

PREMIERE PARTIE : TAURIEL, par NANTHANA

C'était étrange comme les certitudes pouvaient voler en éclat sans même que nous soyons capables de nous en rendre compte. C'était étrange et douloureux, bien trop douloureux. Couverte de sang, en larmes, la jeune elfe en était arrivée à appeler la mort de ses vœux, pourtant elle savait qu'elle allait survivre et cela la terrifiait. Elle ne voulait pas survivre à ça ! Elle ne voulait pas survivre à la mort de celui qu'elle aimait et qu'elle tenait dans ses bras. Elle n'avait pas pu le protéger, pas pu l'aider et elle l'avait perdu avant même de lui dire à quel point elle l'aimait. C'était si injuste et si étrange aussi, parce que cet amour n'aurait jamais dû exister.

Tauriel se revoyait enfant. Elle avait l'impression de regarder cette toute petite elfe qui n'avait pas dix ans et qui venait de voir ses parents se faire massacrer par des araignées géantes. Des monstres hideux qui l'auraient sans doute dévorée elle aussi si un groupe d'elfes n'était pas intervenu pour la sauver. Elle ne savait pas à l'époque que l'impressionnant guerrier qui s'était alors approché d'elle, l'avait prise dans ses bras et réconfortée, était le Roi des Elfes Sylvains en personne. Elle ne l'avait jamais vu avant. Pour elle, il était grand, fort, puissant et rassurant. Elle se rappela s'être blottie aux creux de ses bras, n'acceptant de parler à aucun autre pendant des jours.

Thranduil avait été prévenant et patient, aidant la petite elfe à surmonter ses cauchemars et l'accueillant comme une fille adoptive. Oui, c'était réellement ça. Il lui avait donné une éducation littéraire et militaire. Il avait fait d'elle l'un de ses capitaines les plus proches et la jeune elfe avait trouvé sa place dans un monde violent qui avait voulu la tuer avant même qu'elle ne commence réellement à vivre.

Pour tout ça, pour tout ce qu'il lui avait donné, Tauriel ne le remercierait jamais assez. En plus, elle savait pertinemment qu'elle occupait une place particulière. Elle lui devait obéissance et respect, mais elle savait aussi qu'elle avait sans doute plus de droits que d'autres de ses capitaines, à part son fils naturellement.

Legolas avait aidé à son entraînement. Lui qui était un peu plus vieux qu'elle, ils avaient l'impression de se connaître par cœur. Ils avaient combattu et souffert ensemble. Il avait ri et, au fil des ans, elle avait bien vu qu'il ne la regardait plus comme une sœur adoptive.

Tauriel était troublée parce qu'elle devait bien reconnaître qu'elle se sentait subitement toute étrange lorsqu'il rentrait dans la pièce et encore plus quand il lui souriait. Toutefois, la jeune elfe n'était pas dupe. Elle était proche du prince, mais dans la cour de Thranduil chacun avait sa place et la sienne n'était pas à ses côtés de la manière dont il le voudrait. Il était un Sinda et elle, une elfe des bois… Une de ces elfes que les autres grandes races elfiques voyaient comme barbares, sauvages et peu dignes d'intérêt… Oropher ne partageait pas cette vision et il s'était écarté du chemin tracé pour lui, aidant les elfes des bois à s'établir et à prospérer. Thranduil gouvernait avec tout autant de bienveillance que son père et les Sylvains étaient les plus nombreux des elfes, mais ils n'étaient que des Sylvains. Un membre de la famille royale ne pouvait épouser l'une des leurs. Alors Tauriel avait fait une croix sur ses sentiments. Aimer c'était souffrir et elle ne voulait pas souffrir. Elle n'aimerait donc pas.

C'était ce qu'elle pensait jusqu'à ce jour étrange où ils firent prisonniers une compagnie de Nains qui voulait gagner Erebor. Dans un premier temps, Tauriel se rappela des récits du roi lors de ses cours d'histoire. Elle se souvint de la chute de Doriath et du massacre des Elfes par des Nains avides et barbares. La mise à mort de Thingol, la mort de la mère de Thranduil, tout ça lui passa bien évidement par la tête, mais la jeune elfe avait un défaut. Elle était curieuse.

Et cette curiosité la poussa à se rapprocher des prisons. Elle n'avait jamais vraiment vu de Nains de près. C'était l'occasion. En plus, il y en avait un qu'elle trouva à la fois particulièrement irritant et intriguant. Il semblait être le plus jeune et son regard l'attira presque dès la première seconde. Elle ne savait pas comment l'expliquer à part qu'elle se sentait troublée par son air malicieux et rusé. Il y avait réellement quelque chose qu'elle ne s'expliquait pas, quelque chose qui faisait ressortir son côté espiègle et aventureux même si ses mots et sa proposition plus que vulgaire la braqua immédiatement. Est-ce qu'il aurait demandé à un homme de fouiller dans son pantalon ? Toutefois, elle choisit de ne pas tourner les talons. Elle voulait comprendre. Tauriel trouvait les autres elfes sylvains tristes et renfermés. Ils étaient retranchés dans leur forteresse à la porte envoûtée se moquant du monde. Un temps, elle avait pensé que Legolas était différent, plus comme elle, mais il voyait les Nains comme des monstres, Tauriel les regardait comme une curiosité. Alors, elle le laissa parler, ne disant rien quand il lui glissa le talisman runique dans la main, rien à part un étrange frisson qui remonta le long de son échine.

L'évasion un peu folle de la compagnie de Nains la fit sourire, même si elle savait que le roi risquait de ne pas apprécier, leur audace était rafraîchissante et elle n'hésita pas à les suivre.

Pire, au fil du temps, elle n'hésita pas à détruire ce qui était le plus important pour tout elfe : l'honneur… La seule chose que leurs ennemis ne peuvent leur enlever, même sous la torture et pourtant… Pourtant pour le regard transperçant du jeune Nain, pour son humour et son courage, elle n'avait pas hésité. Elle avait oublié l'honneur et la fidélité des Elfes, désobéissant sans remords aux ordres de son roi et entraînant Legolas avec elle. Le jeune prince tenait à elle, elle le savait et même seul, il la suivrait… Il la suivrait pour qu'elle retrouve ce Nain, pour qu'elle le protège, pour qu'elle le sauve et qu'elle sache enfin pourquoi son cœur battait plus fort quand elle s'approchait de lui.

Au fil des pièges et des combats, elle finit par comprendre… Elle l'aimait. Pas comme Legolas en qui elle voyait un frère, mais comme un amant pour lequel elle brûlait de désir. Elle était prête à tout, à toutes les trahisons, même à mourir par amour. C'était bien ce qu'elle avait hurlé à Thranduil dans les ruines de Dale, le poignardant plus durement qu'un orc alors qu'il était horrifié par le nombre de cadavres d'elfes jonchant le sol. Des elfes qu'il aimait et qu'il avait menés à la mort. Il avait brisé son arc. Elle avait cru qu'il allait même la tuer sous l'emprise de la colère… Les colères de son roi étant rares mais destructrices, mais Legolas était encore intervenu et ils avaient repris le combat.

C'était devenu bien plus qu'un simple affrontement contre les orcs. C'était devenu la bataille de toute une vie. Elle devait le retrouver. Elle devait le rejoindre et elle devait lui dire… Lui dire qu'elle l'aimait, qu'elle était prête à tout quitter pour vivre avec lui, à renier son passé et sa famille pour en créer une nouvelle, unique et magnifique à ses côtés.

Alors, elle avait combattu avec toute la rage qui pouvait l'animer. Elle avait mis toutes ses forces, toute sa passion, toute son envie de le revoir et de le prendre dans ses bras, détruisant d'un coup tous les préjugés entre deux races qui se voulaient ennemies, mais elle avait échoué. De la pire des façons, de manière lamentable, elle avait échoué… Quand l'orc l'empala avec cruauté alors qu'elle luttait encore pour le rejoindre, elle eut juste le temps de croiser son regard, juste le temps de tenter de lui faire comprendre qu'elle l'aimait et puis c'était fini. Son corps avait heurté le sol et elle avait compris… Elle avait compris que tout ce qu'elle avait fait, tout ce qu'elle avait dit, tout ce qu'elle avait perdu et renié, tout cela n'avait servi à rien parce qu'elle n'aurait jamais le bonheur de le prendre dans ses bras, de lui dire qu'elle l'aimait et d'unir ses lèvres aux siennes.

Pourtant, elle refusait de l'abandonner, alors, elle avait couru le rejoindre, ignorant ses propres douleurs et elle s'était mise à genoux sur le sol, le prenant dans ses bras tout en se mettant à pleurer et à hurler sa douleur. C'était injuste, si injuste… Elle voulait mourir elle aussi… Elle ne voulait pas lui survivre. Elle voulait mourir et le rejoindre. Elle refusait d'avoir aussi mal… Elle voulait la mort. Les Elfes pouvaient bien périr de chagrin. Alors, elle voulait mourir tout de suite… là… Maintenant !