Cet OS a été écrit pendant la 111ème nuit d'écriture du FoF. Il fallait le rédiger sur le thème "susceptible" en une heure. Pour plus de précisions vous pouvez m'envoyer un MP.
Ça faisait un moment que je voulais écrire sur le patron. J'avais bien quelques idées mais rien de plus. Finalement je me suis lancé.
Bonne lecture !
Une invitation surprenante :
L'inspecteur Ganimard rentra passablement épuisé. La journée avait été longue. Des toiles de maître étaient apparues sur le marché. Des copies d'excellente qualité, trop pour douter de leur provenance. Arsène Lupin avait encore frappé.
Le brigadier arrêta son bolide qui roulait à la terrifiante vitesse trente-cinq kilomètres heure. Le dérapage du brigadier fut accueilli avec un sourire crispé et Ganimard descendit la main sur le cœur, jurant qu'il ne reprendrait jamais ce terrible moyen de transport.
Comme d'habitude, la veuve Martin était à sa fenêtre et commentait sans vergogne les agissements des uns des autres, surtout sur la curieuse d'en face.
« Inspecteur ? souffla fort peu discrètement l'adorable voisine. Je dois vous faire part d'informations très importantes.
— Est-ce que cela ne peut pas attendre demain, chère madame ?
— J'en doute. Votre épouse reçoit actuellement un séduisant jeune homme. Parfaitement vêtu, une belle moustache. »
Le vieil inspecteur haussa un sourcil interrogateur. Que préparait encore Virginie ? Ganimard remercia chaleureusement la commère pour ses informations. Il ne prit pas la peine de lui demander la discrétion. La moitié du quartier devait déjà être au courant, la seconde le serait bientôt.
Ganimard gravit les deux volées d'escalier qui le séparait de son palier avec un petit doute. Il est vrai qu'il revenait souvent tard mais Virginie était une honnête chrétienne. L'inspecteur ouvrit la porte le plus doucement possible et fut assailli par une délicieuse odeur de pâtisserie.
« Ah madame, je crois que votre époux vient d'arriver, s'exclama une voix chaleureuse.
— Croyez-vous ? Je n'ai rien entendu, claironna Virginie. Je vais voir.
— Bonsoir Virginie, avons-nous de la visite ? demanda Ganimard légèrement soupçonneux.
— Effectivement. L'un de tes agents est venu te porter un message et je l'ai invité à prendre le thé en attendant ton retour.
— Mais cette odeur ?
— De fil en aiguille, nous avons commencé à échanger nos recettes. Cet agent est un homme charmant. Puis-je vous laisser gagner le salon. Je vous y apporte le thé.
Ganimard obéit à sa femme. Qui était donc cet agent ? L'inspecteur prit place dans son fauteuil et se figea en voyant l'agent franchir la porte à sa suite. Ce regard, cette posture, ce sourire moqueur. Il n'y avait qu'un seul homme pour les réunir.
« Lupin, murmura Ganimard atterré. Que faites-vous ici ?
— Je prépare des biscuits avec votre charmante épouse. En voilà une question !
— Ne jouez pas avec moi Lupin. C'est mon épouse. Je ne vous laisserai pas lui faire du mal, gronda l'inspecteur.
— Ne soyez pas aussi susceptible mon ami. Votre épouse est une femme respectable et honnête. Elle n'a rien à craindre de ma part.
— Vous êtes un bandit, objecta Ganimard avec méfiance.
— Vous avez raison, s'exclama joyeusement Lupin.
— Messieurs ? Puis-je vous servir le thé ? proposa Virginie Ganimard en revenant joyeusement de la cuisine.
— Avec plaisir madame Ganimard, accepta aussitôt Lupin.
— Avez-vous pu délivrer votre message, agent Lefebvre ?
— Pas encore. Nous allions y venir.
— Je vais vous laisser dans ce cas.
— N'en faites rien madame. Il n'y a point de secrets. Prenez place également. »
Madame Ganimard s'installa fort mal à l'aise. Elle assura tout de même son rôle d'hôtesse et proposa du sucre et du lait. L'agent Lefebvre accepta avec un grand sourire mais son époux déclina. On entendit bientôt plus que le bruit de la cuillère de Lupin qui dissolvait amoureusement le sucre dans son breuvage.
« Je vous écoute, jeune homme, commença Ganimard les dents serrées.
— Nous avons reçu un message de monsieur Lupin à la préfecture de police.
— Ce hors-la-loi est décidément bien audacieux, commenta madame Ganimard. J'en viens à le jalouser. Vous vous occupez plus de lui que de moi.
— Virginie » la rabroua Ganimard.
Un éclair amusé traversa le regard de Lupin alors que madame Ganimard se confondait en excuses.
« Monsieur Lupin s'excuse justement de tous les désagréments causés à son grand ami l'inspecteur Ganimard. L'escroc a annoncé par télégramme qu'il se rendait en province dans une petite station thermale. Monsieur Lupin souhaite y acquérir une collection de toiles de maîtres sur place et vous invite à l'y rejoindre pour prendre quelque repos.
— Ce cambrioleur doit avoir perdu l'esprit, s'étonna madame Ganimard.
— Je partage votre avis, répondit aussitôt le faux agent. Voici une copie du télégramme en question monsieur l'inspecteur.
— Allez-vous y aller ? demanda Virginie. Le grand air vous ferait du bien.
— N'est-ce pas une odeur de brûlé ? demanda brusquement Lupin.
— Ciel nos biscuits ! s'exclama madame Ganimard horrifiée.
— Je m'en charge » répondit aussitôt Lupin d'un ton rassurant.
L'escroc se leva et se dirigea d'un pas sûr vers les fourneaux. Ganimard sursauta en voyant son adversaire quitter la pièce. Le vieil inspecteur bondit mais se heurta à une porte verrouillée en voulant suivre le bandit.
Il se précipita vers un petit secrétaire, ouvrit son tiroir et revint à la porte avec le trousseau sous le regard éberlué de son épouse. Lorsqu'il déverrouilla la porte, il découvrit une fournée de biscuit encore chauds et une fenêtre ouverte. Lupin avait filé !
Brave Ganimard ! Il peut encore se consoler en dévorant les biscuits :D

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