Chapitre 1 : Comment tout a commencé

La nounou veillait sur les deux poupons qui dormaient profondément dans leur berceau. C'était des jumeaux : Arya et Ezequiel Potter. Ils étaient merveilleux, tellement beaux et innocents, totalement inconscients du mal qui les menaçait. Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom voulait leur mort, à eux, ces deux enfants si doux qui venaient à peine d'entrer dans la vie et n'avaient pas encore pu en profiter. Ils faisaient à peine leurs premiers pas et n'étaient pas encore capable de parler.

Soudain, la fenêtre s'ouvrit violemment et claqua, réveillant les bambins en sursaut. Ils se mirent tout de suite à pleurer, effrayés. La jeune femme alla rapidement la fermer avant que le vent violent ne s'engouffre trop et mette le souk dans la chambre et la refroidisse, puis elle alla rassurer les deux bouts de chou et fit de son mieux pour qu'ils se rendorment, sans remarquer la silhouette qui se dressait à l'ombre des arbres, devant le manoir Potter.

Dehors, le vent et la pluie faisaient rage. Un temps qui sied parfaitement à la nuit d'Halloween. C'était le 31 octobre 1981. Le Seigneur des Ténèbres était là, sous sa cape noire ensorcelée pour le protéger du froid et de la tempête. Il avait son regard de sang fixé sur la fenêtre qui venait d'être refermée et dans ses oreilles résonnaient encore les cris de ses futures victimes déjà apeurées. Il avait eu du mal à les retrouver mais le destin lui avait envoyé ces enfants en cadeau, en sacrifice, signe de sa future gloire, sa future victoire.

Il avait tellement accompli jusqu'à présent : il avait pour obsession l'immortalité et l'anéantissement des moldus qui les mettaient en danger par leur ignorance et leur refus de voir les choses telles qu'elles étaient. Pour eux, les sorciers et les créatures magiques étaient des monstres qu'ils ne comprenaient pas et qu'il fallait éliminer. Il était certes un Sang-Mêlé de par son père, mais il le cachait aux yeux de tous, surtout des Sangs-Purs. Il ne voulait pas que cela se sache, cela lui ferait perdre tout crédit qu'il avait auprès d'eux, il ne serait plus écouté. De plus, il ne voulait pas que le monde sorcier connaisse la vérité sur son passé douloureux. Personne ne devait savoir. Ces choses-là devaient rester cachées à jamais. Ces anciens camarades d'école, maintenant fidèles mangemorts, avaient tous fait un serment inviolable pour ne jamais le divulguer. Seul Dumbledore le savait et avait la possibilité de le révéler. C'est ce qu'il craignait le plus.

Du moins, jusqu'à présent. Il avait réussi à atteindre l'un de ses deux objectifs. Il était maintenant immortel. Il avait créé six horcruxes et il les avait soigneusement cachés. Il avait tué pour cela mais il s'en fichait. C'était un petit prix à payer pour la sauvegarde du monde sorcier. D'une certaine manière, il se sacrifiait aussi lui-même, la mutilation de son âme pour réaliser ses horcruxes l'ayant enlaidi : il n'avait que 55 ans, encore dans la fleur de l'âge pour un sorcier et il en faisait le double, son visage s'était ridé, ses yeux étaient injectés de sang, ses pupilles plus rouge que jamais – dû surtout à sa forte utilisation de la magie noire ces derniers temps – son teint blafard et presque cadavérique, son corps autrefois bien bâti était maintenant squelettique, ses cheveux soyeux étaient peu à peu tombés, le rendant chauve. Mais il faisait tout cela pour le monde sorcier. Ce sacrifice personnel lui permettrait d'accomplir son deuxième objectif, à savoir l'éradication des moldus et la survie, et même la renaissance du monde sorcier qui dépérissait.

La magie se vengeait, il y était fortement connecté. Avec les Nés-Moldus qui avaient négligés et, par la suite, bannis les anciens rituels, considérés comme païens et barbares, pour rapporter leur culture moldue et leurs célébrations, le monde magique se mourrait car Magia elle-même n'était plus honorée comme il le fallait. Bon nombre de créatures magiques mourraient, certaines espèces s'éteignaient toute seule sans l'aide directe de l'homme, du sorcier. Ils dépérissaient car la magie les quittait, trop faible pour pouvoir et les maintenir en vie et maintenir l'équilibre du monde. Bientôt, si on ne changeait pas les choses rapidement, ce serait la fin de la magie, la fin des sorciers, et quand il n'y aura plus un seul sorcier, plus aucune créature magique pour l'honorer, Magia rendra le monde stérile et ce sera la fin de toute vie sur la Terre. Fin qui ne serait qu'accélérée avec les moldus qui n'avaient aucun scrupule à détruire leur environnement avec leurs machines polluantes et leur technologie.

Il voulait éviter cela. A tout prix ! D'où ses sacrifices personnels. Mais les sorciers ne comprenaient pas. Les créatures magiques étaient considérées dorénavant comme inférieures alors qu'elles étaient égales voire supérieures aux sorciers car étaient plus connectées à Magia qu'eux.

Et maintenant, il avait peur que tout ce qu'il avait accompli jusqu'à présent s'écroule. Il y avait la prophétie. Il était devenu immortel mais il y avait cette prophétie. Magia l'avait mis en garde. Un enfant né en fin juillet de parents qui l'avaient par trois fois défié était destiné à le détruire et l'empêcher de sauver le monde. Un enfant qui aurait un pouvoir particulier et qu'il marquerait comme son égal. Il devait le tuer avant qu'il n'apprenne à se battre, il devait l'anéantir. C'était un autre sacrifice qu'il se devait de faire pour la survie du monde.

C'est pourquoi lors de ces deux dernières années, il n'avait eu de cesse de rechercher la mère de cet enfant, avant qu'elle ne le mette au monde, et ensuite l'enfant lui-même. Mais pendant tout ce temps, il n'avait jamais trouvé aucun indice sur son identité ou sa localisation. Il avait découvert récemment qu'il y avait en réalité trois enfants susceptibles de l'anéantir : les jumeaux Potter et le fils Londubat. Il avait envoyé Bellatrix s'occuper de ce dernier pendant qu'il se chargeait lui-même des Potter.

Trouver les Potter s'était trouvé être une tâche ardue : ils s'étaient cachés derrière le sortilège de Fidelitas et l'avaient plus d'une fois changé, à chaque fois qu'ils déménageaient. Le destin a voulu qu'ils choisissent comme gardien du secret un de ses mangemorts, Peter Pettigrow, qu'il avait récemment convaincu du bien fondé de son entreprise. Pettigrow avait été l'un des meilleurs amis de James Potter, c'était donc une chance inouïe qui se présentait au Mage Noir en cette veille de Samain. Il allait pouvoir tuer ces deux enfants et ainsi s'assurer que jamais personne n'aurait le pouvoir de le vaincre et par conséquent, de manière certes indirecte, détruire le monde.

Tout cela pour l'équilibre du monde !

Le mage noir soupira et, sortant sa baguette en bois d'if, marcha vers la porte d'entrée du manoir et monta rapidement à l'étage, vers la chambre des enfants, pour accomplir la sale besogne. La nounou, bien que cracmolle, ne manquait pas de courage et s'interposa entre lui et le berceau, faisant barrage de son corps. Il lui demanda de s'écarter et, devant son refus d'obtempérer, il fut obligé de la tuer également. Il s'approcha ensuite des enfants.

Ils pleuraient tous les deux. Cela lui fendit le cœur mais pas sa détermination. Il ne put toutefois pas les tuer alors qu'ils étaient en pareille détresse, effrayés. Il s'agenouilla devant eux et les regarda. Il leur chanta une petite chanson pour les apaiser et les ramener au pays des songes. Il devait certes les sacrifier mais autant qu'ils partent en paix. La situation était déjà assez horrible pour l'obliger à tuer ainsi deux bébés innocents, trois en comptant le jeune Neville Londubat.

Tout en les calmant, il grava les traits de ces enfants dans son esprit pour ne jamais les oublier. La jeune fille, qui portait le nom d'Arya, avait les yeux aussi brillants et d'un vert aussi profond et pur que l'émeraude, et des cheveux d'un noir d'encre. Le garçon, Ezequiel, avait les yeux chocolat et les cheveux couleur du bronze, cuivrés. Ils avaient tous deux le visage d'un angelot.

Une fois qu'ils se furent calmé, il se releva et, une larme coulant le long de sa joue pour l'acte abominable qu'il s'apprêtait de commettre, il pointa vers le garçon sa baguette et murmura l'incantation mortelle. Le rayon de lumière verte partit directement vers Ezequiel. Il ne s'attendait pas à ce que le sortilège soit dévié par un puissant bouclier d'Amour. Le rai mortel se retourna contre lui et il fut réduit en cendres, la dernière chose qu'il vit avant de sombrer dans le néant fut deux orbes émeraudes qui le fixaient intensément.

La toiture explosa sous la collision des deux magies et la charpente au-dessus de la chambre s'effondra. De loin, on pouvait entendre un bébé qui hurlait comme si sa vie en dépendait.

oOoOo

Lily et James Potter étaient partis à Poudlard. Dumbledore les avait convoqués dans la sécurité de l'école, au sein même de son bureau, pour leur parler des derniers agissements du groupe mangemort. Les deux Potter étaient deux aurors très respectés et talentueux et ils faisaient partie de l'Ordre du Phénix, groupe qui se défendaient contre la menace de Lord Voldemort.

Alors qu'ils discutaient vivement des prochaines actions à mener, une alarme se fit entendre, stridente, dans le bureau. Le manoir était attaqué. Quelqu'un les avait trahis. Ce quelqu'un, c'était ce rat de Peter Pettigrow ! James se promit de faire la peau à ce lâche tout en courant, suivi de près par sa femme et Albus Dumbledore, pour traverser rapidement le château, le parc et passer les grilles d'enceinte afin de transplaner chez lui. Malheureusement pour lui, le mauvais temps avait rendu le terrain glissant et plus d'une fois il tomba sur le chemin menant à Pré-au-Lard.

A peine eut-il passé les grilles qu'il se concentra sur sa destination et laissa le transplanage s'opérer et le pousser dans ce tuyau si fin le menant vers son foyer. Une fois sur place, devant son manoir, une vision de pure horreur se présenta à lui. Malgré la tempête et la noirceur de la nuit, le sorcier pouvait voir très clairement le toit de sa maison effondré sur la chambre de ses enfants, la charpente encore fumante. Toutefois son cœur se réchauffa un peu en entendant les cris d'un enfant qu'il reconnut comme sien pour l'avoir déjà maintes fois entendu. Il courut comme s'il avait le diable lui-même à ses trousses et fonça à l'étage pour retrouver la source des cris, son fils, son petit Ezequiel.

Il le retrouva au coté de sa sœur, dans son berceau, sous les décombres. De deux, trois coups de baguettes, il désintégra la charpente qui l'empêchait de rejoindre ses enfants et réchauffa ses derniers qui avaient la peau bleuie par le froid, le vent et la pluie qui leur étaient tombée dessus. Il remarqua qu'ils étaient tous deux blessés mais il s'agissait de blessures superficielles, bien qu'elles laisseraient à jamais une marque sur le peau. Ezequiel avait une étoile bizarre à la base du cou, sur sa clavicule droite, tandis qu'Arya avait un éclair sur le front.

Quand Lily et Albus arrivèrent, un peu plus tard – ils étaient moins rapides que le Lord pour ce qui était de courir –, ils observèrent l'état des lieux. Le vieux mage se dirigea vers le tas de cendres et de tissus fumants malgré la tempête pendant que la sorcière se dirigeait vers la jeune femme qu'ils avaient appelés pour garder les enfants. Elle prit son pouls. Rien. Même pas le moindre signe de vie. Ses yeux étaient éteints et son visage figé dans une expression à la fois effrayée et déterminée.

« Albus, » fit James. « Est-ce que vous pourriez voir s'ils vont bien, s'il vous plaît ? »

« Naturellement, mon garçon. »

Le vieil homme sortit sa baguette de sureau et fit des mouvements compliqués au-dessus des deux enfants alors qu'un parchemin apparaissait à coté de lui, se remplissant au fur et à mesure qu'il lançait les sorts de diagnostic. Il se pencha ensuite sur les parchemins.

« Ils vont très bien. Ils vont juste avoir un léger rhume pour le choc thermique qu'ils ont subi. »

Il resta pensif devant les résultats et observa tantôt le parchemin, tantôt les bambins, tantôt les cendres fumantes des restes de l'homme qu'il avait directement identifié comme étant Voldemort en personne.

« Votre fils a vaincu Voldemort, » dit-il.

« Vous êtes sûr, Albus ? » demanda Lily en s'approchant pour prendre sa fille dans ses bras tandis que son mari s'occupait de son fils. « Ils sont encore très jeunes. Ils n'ont même pas encore fait leur première magie. »

« Pourtant votre fils vient de le faire cette nuit. Et il a déjà un très grand potentiel pour son âge. »

« Et Arya ? » demanda James.

« Je n'ai vu malheureusement aucune trace de magie en elle, » répondit le vieil homme. « Il se pourrait qu'elle soit cracmolle. Mais comme vous l'avez dit, Lily, ils sont encore très jeunes. Arya pourra peut-être faire de la magie. Mais ce n'est pas encore le cas. »

« Donc, c'est Ezequiel qui a survécu et vaincu Voldemort, » répéta James, bien que son affirmation ressemblait plus à une question.

« En effet, mon garçon. Et il devra très certainement un jour recommencer. »

« Quoi ? » firent les parents.

« Je doute fort que Voldemort soit mort aussi simplement que cela. Il est un adepte de la magie noire. Il a très certainement trouvé un moyen pour contrer la possibilité d'être vaincu sur le plan physique. »

« Mais que devons-nous faire, Albus ? »

« Il ne serait pas bon pour Arya et Ezequiel de rester ensemble. Votre garçon deviendra très célèbre pour ce qu'il a accompli cette nuit. Il aura besoin de tout votre soutien et votre attention, ainsi que beaucoup d'aides et d'entraînements pour son prochain affrontement avec Voldemort. Cela posera des problèmes dans leurs relations, cassant le lien qui les unit de la pire des manières. Le mieux serait de le briser maintenant tant qu'ils sont encore trop jeunes pour s'en rendre compte et de le comprendre. »

Les Potter hésitèrent longuement avant de s'arrêter sur leur décision. Ils allaient abandonner Arya. Mais c'était trop pour Lily. Elle ne voulait pas la mettre dans un orphelinat. Alors elle décida dans la laisser dans la famille et elle irait la conduire dès le lendemain chez sa sœur, Pétunia. Les Potter leur fourniraient tout ce dont ils auront besoin pour élever leur fille à leur place. Elle ne manquera de rien, pas même d'amour. Pétunia avait un fils et pourrait très certainement s'occuper d'une fille, surtout que c'était une fille qu'elle voulait à la base, Lily en était certaine, elle en avait parlé dans l'une de ses lettres.

Pour le bien de sa fille qu'elle négligerait certainement si elle la gardait auprès d'elle, la privant de l'amour d'une mère dont elle aurait tant besoin, pour pouvoir s'attarder plus longuement sur Ezequiel, pour le bien de son fils qui aurait tant besoin d'elle dans les années à venir, pour le bien de la communauté sorcière et la survie du monde moldu dont elle était issue, Lily Potter prit avec son mari la décision de l'abandonner.

De plus, si les propos de Dumbledore s'avéraient exacts, Arya serait sûrement très bien placée chez Pétunia, directement ancrée dans le monde moldu s'il s'avérait qu'elle était Cracmolle. Les Cracmols étaient mal vus par la société sorcière. Ils en étaient un peu la honte. Si un enfant issu de deux parents moldus s'avéraient être un sorcier, il était accueilli à bras ouverts dans le monde magique. Mais si le contraire arrivait, si deux sorciers mettaient au monde un enfant sans pouvoir, leur réputation en était entachée à jamais et l'enfant vivait une vie malheureuse dans le monde sorcier, et s'il n'était pas très tôt intégré et adapté au monde moldu, il y serait malheureux également.

Là, pour Arya, tout ne serait que bénéfique. Si elle était Cracmolle, elle resterait chez les moldus. Si elle était une sorcière, elle recevrait sa lettre de Poudlard pour son onzième anniversaire et elle irait elle-même la chercher pour faire ses courses pour sa scolarité. Mais en attendant, il fallait se séparer d'elle. Pour Ezequiel. Cela lui fendit le cœur. Mais elle n'avait pas le choix.

Sauf que Dumbledore avait eu tort sur toute la ligne. Il n'avait pas de diplôme en médicomagie et même s'il connaissait les sortilèges de diagnostic, il en interprétait mal les résultats, surtout les plus précis. Si Arya n'avait aucune magie en elle, c'est parce qu'elle était dans un état d'épuisement magique pour avoir élevé, à son si jeune âge, un bouclier si puissant qu'il a contré le sortilège mortel qui était en théorie imparable. Arya était bel et bien une sorcière. Et c'était elle qui avait vaincu Voldemort cette nuit-là et non son frère.

C'est ainsi que le matin du 1er novembre 1981, Pétunia retrouva un bébé sur le pas de sa porte avec une lettre de sa maudite petite sœur. Dès les premières lignes, la moldue avait pincé les lèvres mais, après discussion – presque dispute – avec son mari, Vernon Dursley, ils avaient décidé de garder la fille. Et si jamais il s'avérait qu'elle était un monstre comme eux, ils feraient le nécessaire pour que sa monstruosité s'en aille et qu'elle soit une enfant normale comme tout le monde.