Nanda Parbat
Bonjour à toutes. Je suis heureuse de vous retrouver pour une nouvelle histoire un peu plus sombre que ce que j'ai pu faire précédemment.
J'en profite pour remercier celles qui ont laissé un commentaire sur "A bad day". Je suis heureuse de l'accueil que vous avez réservé à cette histoire et j'espère que celle-ci trouvera aussi ses lectrices.
Un dernier mot pour ma Delicity-Unicorn, toujours à mes côtés pour cette nouvelle histoire et celles qui suivront j'espère ;) Je t'embrasse fort ma beta adorée.
Bonne lecture...
Chapitre 1
Felicity fut emmenée dans une grande salle sombre, éclairée à l'aide de torches disposées aux murs. Elle regardait autour d'elle en cherchant désespérément un moyen de s'enfuir. Son regard sautait d'un point à l'autre le plus rapidement possible pour analyser tout ce qu'elle pouvait apercevoir. Elle était retenue prisonnière depuis quelques mois mais elle n'avait pas abandonné l'idée de s'échapper. Accompagnée de deux autres femmes, elles avaient été escortées à travers une série de couloirs aux plafonds hauts et restaient maintenant sous bonne garde. Sous ses pieds nus, le sol en dalles de pierres était froid et elle frissonna. On les avait disposées à un mètre de distance les unes des autres face à un trône sombre au fond de la pièce.
Disposé était le bon terme, elles étaient considérées seulement comme des objets à des fins sexuelles. Elle tourna la tête à droite, une belle femme métisse à l'allure athlétique se tenait dans la même position qu'elle. Debout, la tête penchée en avant pour éviter de croiser les regards des hommes qui les encadraient. Elle avait les cheveux frisés d'un noir sombre à la hauteur de ses épaules. Elle ne connaissait pas son nom, leurs gardes n'utilisaient jamais leur prénom, encore un moyen de les dépersonnaliser.
Un bruit sourd résonna, elle sursauta et détacha son regard de sa voisine. Son cœur s'était mis à battre avec force sous l'effet de la peur et tous ses sens étaient en éveil pour distinguer le moindre bruit qui pourrait lui donner une indication de ce qui allait se passer. Elle attendit mais rien ne vint alors elle osa tourner la tête vers la gauche cette fois-ci.
Elle vit une jeune femme aux traits asiatiques, vêtue d'une sorte de sari comme elle et la femme métisse. Ses cheveux noirs de jais et raides étaient attachés dans son dos et descendaient jusqu'à sa taille. Elle était fine et avait les traits doux. Son regard se porta plus loin et elle inspecta la salle des yeux. Une ouverture donnait sur un couloir sombre qui ressemblait à celui qu'elles avaient pris pour venir ici. Même si elle arrivait à s'enfuir de cette salle, elle serait incapable de savoir se repérer, ce n'était que des murs en pierres sans détails pour les distinguer les uns des autres et leurs gardes avaient fait attention à prendre des chemins détournés pour les désorienter.
Un nouveau bruit et cette fois elle l'entendit s'amplifier. Plusieurs hommes se déplaçaient au pas militaire et ils s'approchaient. Elle baissa la tête à nouveau et tenta de garder son calme quand le bruit s'intensifia encore. Un homme passa près d'elles, s'approcha du trône pour y jeter quelques affaires alors que sa garde restait au fond de la salle. Elle lui jeta un coup d'œil rapide, il était brun et fort à voir sa carrure et son aura de chef était accentué par l'obéissance de ses hommes. Leur garde, qui les accompagnait et qui attendait avec elles depuis le début, répondit quand le nouveau venu s'adressa à lui et elle frémit à entendre la voix grave et pernicieuse. Felicity ne réussit à comprendre que quelques mots dont elle avait fini par comprendre la signification à force de les entendre parler, pas suffisamment pour comprendre le sens de leur conversation mais elle n'en avait pas besoin. La situation parlait d'elle-même. Le nouveau venu, Ra's al Ghul, allait choisir celle dont il avait envie.
Jusqu'à maintenant aucun homme n'avait levé la main sur elle ou ne l'avait touchée et elle s'était jurée que ça continuerait. Elle avait fait ce qu'il fallait pour ne pas se faire remarquer, elle n'avait pas résisté plus que nécessaire, n'avait pas tenté de fuir alors qu'il n'y avait aucune chance de leur échapper. Elle avait réfléchi, tenté de cartographier mentalement les lieux où elle était, avait échafaudé des plans d'évasion et si cet homme posait la main sur elle, elle ne se laisserait pas faire.
Elle sentit la main de leur garde se poser sur son épaule et exercer une pression, elle s'agenouilla comme les deux autres femmes en gardant la tête baissée. Elle entendit l'homme s'avancer vers elles et il se posta devant la femme à sa gauche, il l'inspecta, leur garde lui parla et il l'écouta en silence. Au bout d'un moment il vint se placer face à elle. Elle retint sa respiration alors que son cœur s'affolait, elle tentait de se faire invisible et elle priait de toutes ses forces qu'il ne s'intéresse pas à elle. Ce moment sembla durer une éternité jusqu'à ce qu'il fasse encore quelques pas pour se diriger vers sa droite et alors elle respira un peu plus facilement. Il inspecta la troisième femme comme il l'avait fait avec elle puis revint sur ses pas. Felicity se figea, elle l'entendit parler, sa voix toujours aussi grave avait pris un accent qui lui semblait encore plus sinistre. Il savait inspirer la peur pour régner d'une main de maître sur ce lieu et sur ses hommes.
Felicity sentit une main glisser dans ses cheveux et son instinct de protection se réveilla avec force. Elle rejeta cette main étrangère loin d'elle d'un mouvement brusque. Elle ne ressentait pas la peur, étouffée par son instinct et la colère. L'ambiance sembla se figer, tous les hommes retenant leur respiration à attendre la réaction de leur chef. Elle allait sans doute mourir pour ce geste, elle allait être exécutée pour s'être défendu mais contre toute attente elle l'entendit rire doucement.
- « Je ne sais pas si tu es inconsciente ou très courageuse », lui dit-il dans sa langue. Elle resta un moment figée, surprise de comprendre ses paroles et resta sans voix. « Mais ça me plait ».
Il continua à parler dans cette langue étrangère et elle sentit une main enserrer sa nuque pour la redresser. Elle se mit sur ses pieds sous la force du geste et releva les yeux pour comprendre ce qu'il se passait. Elle découvrit face à elle un homme brun avec une barbe, des yeux noirs comme l'enfer et un sourire perfide sur les lèvres. Elle donna des coups de coudes et de pieds pour tenter de se défendre en criant.
- « Non ne me touchez pas ! Non… Non laissez-moi ! », en criant avec toujours plus de force, ses bras et ses jambes battant l'air alors que des mains la maintenaient.
En se défendant son regard balaya la pièce, elle devait s'enfuir et son cœur battait à tout rompre pour lui donner le maximum de chance dans sa course. Elle devait trouver une solution, elle ne pouvait pas les laisser faire et toutes ses peurs tournoyaient dans sa tête. Il y avait une dizaine d'hommes présents dans la pièce, tous habillés d'un costume noir identique, et leur visage couvert d'une cagoule ne laissant apparaître que leurs yeux ne permettant pas de les distinguer les uns des autres. Rien ne les distinguait jusqu'à ce qu'elle rencontre un regard bleu intense. Un seul petit détail qui la frappa et elle le perdit quand elle se défendit avec encore plus de force jusqu'à ce qu'elle soit maîtrisée par deux hommes sans grandes difficultés.
Elle eut beau se défendre, en quelques minutes elle était conduite dans une chambre et jetée au sol, la porte claquant derrière elle. Elle se releva sans attendre et se jeta sur la porte en tapant des poings contre le bois, tira sur la poignée, cria qu'ils n'avaient pas le droit de la traiter de cette façon les yeux remplis de larmes. Elle se tut d'un coup en se raisonnant, elle ne devait pas céder à la panique. Elle fit demi-tour et observa les lieux. Une table, accompagnée de deux chaises et chargée de nourriture, elle se précipita vers elle et trouva ce qu'elle cherchait. Elle attrapa le couteau et le serra dans son poing. Elle avait au moins un moyen de se défendre quand cet homme viendrait la rejoindre… ou un moyen d'échapper définitivement à ce qui l'attendait. Elle se plaqua dans un coin de la pièce, son arme en main et attendit.
Le rythme des battements de son cœur s'était ralenti mais l'adrénaline se déversait toujours dans ses veines et son corps et son esprit étaient prêts à se battre. Elle resserra la main autour du couteau pour calmer ses tremblements et tenter de garder un semblant de contrôle sur son corps. Quand elle entendit du bruit dans le couloir, son regard se focalisa sur la porte. Elle avait eu le temps de repérer les lieux et de répertorier ce qui pouvait lui servir d'arme. Elle avait essayé de voir si elle pouvait s'enfuir par la fenêtre mais il n'y avait aucune prise sur les murs et la hauteur l'avait presque paralysé. Elle n'avait qu'un seul moyen de s'en sortir vivante, passer par la porte et traverser les couloirs jusqu'à l'entrée de ce château. Elle resserra ses doigts sur le manche du couteau et retint sa respiration en voyant la porte s'ouvrir.
L'homme entra dans sa chambre et déposa sa cape épaisse sur le dossier d'une chaise avant d'attraper une pomme et de croquer dedans. Il s'adossa contre le mur et releva les yeux sur elle. Elle restait adossée au mur le plus éloigné de lui et cachait dans son dos son arme. Elle le vit sourire et sa colère se réveilla à nouveau.
- « Tu sais pourquoi je t'ai choisie ? » Felicity n'avait aucune envie de le savoir ni de lui faire la conversation et il reprit de lui-même. « Au début tes cheveux blonds… il y a longtemps que je n'avais pas vu cette couleur, c'est rare par ici. Mais ce qui m'a vraiment plu c'est ton caractère… une esclave à dresser ce sera intéressant », en s'approchant d'elle son sourire toujours aussi venimeux.
- « Ne m'approchez pas », d'une voix froide que la colère contenue faisait vibrer.
Elle avait commencé à retirer sa main de derrière son dos pour attaquer mais il devait se tenir plus près d'elle pour être sûre de pouvoir le toucher. Elle devait viser une artère pour avoir le plus de chance de lui faire du mal. Il nota son geste et sourit en coin à son entêtement de se défendre.
- « Ce que tu tiens à la main est un tanto… une sorte de poignard », en posant la pomme sur la table avant de s'approcher encore un peu.
Felicity bougea rapidement et planta l'arme le plus profondément possible dans le corps de l'homme. Elle visa le flanc pour avoir le temps de le toucher avant qu'il ne réagisse. Elle sentit une résistance mais y mit toutes ses forces pour enfoncer la lame jusqu'à la garde. L'homme esquissa à peine une grimace, elle retira la lame avec l'intention de la planter de nouveau mais il lui attrapa la main et lui retira le tanto. Elle recula de plusieurs pas et trouva un autre mur contre lequel elle se plaqua.
- « Une lame à double tranchant et une arme de jet ». Elle eut à peine le temps de le voir lancer la lame qu'elle se plantait dans le meuble près de sa tête.
Elle écarquilla les yeux, elle venait de le poignarder et il semblait ne rien avoir senti. Elle voyait pourtant le sang sur la lame, son vêtement imbibé et pourtant il continuait à se tenir droit sans montrer aucun signe de douleur. Elle releva son regard sur son visage et retrouva son sourire.
- « Je suis la tête du démon, j'ai près de deux-cents ans… et ce n'est pas un poignard qui pourra me tuer », en riant doucement.
Cet homme était un monstre et il venait de lui enlever une part importante de son espoir. Si elle ne pouvait pas le tuer, elle allait devoir lui échapper d'une autre façon. Ra's al Ghul fit un pas pour se rapprocher d'elle, elle se resserra contre le mur comme si elle pouvait se fondre en lui et disparaître. Il leva la main et elle se recroquevilla légèrement s'attendant à recevoir un coup.
- « Ici on ne frappe pas les femmes, murmura-t-il presque tendrement.
- Non mais vous les enlevez pour les violer, d'une voix à peine tremblante.
- Il faut bien qu'elles servent à quelque chose », en souriant et en caressant sa joue.
Tout le corps de Felicity se contracta à ce geste. Tout en cet homme la dégoûtait, sa façon de parler des femmes, ses gestes, son regard. Sa main se dirigea vers le couteau planté dans le mur et un coup à la porte l'interrompit avant qu'il ne l'attrape. La porte s'ouvrit mais il ne la quitta pas des yeux tout comme elle pour le surveiller. Elle sentait son regard noir s'infiltrer dans son âme mais elle ne baisserait pas les yeux, elle ne lui ferait pas ce plaisir. Un homme entra sans attendre et se tint de façon rigide dans l'embrasure. Le brun lui tourna le dos pour rejoindre la porte, elle les entendit parler dans cette langue étrangère et en profita pour observer le nouveau venu.
Habillé comme tous les autres, il se tenait de trois quarts et elle distinguait à peine son profil. Elle jeta un regard sur le côté pour vérifier l'emplacement de l'arme plantée dans le mur puis reporta son regard sur les hommes pour les surveiller. Elle leva la main, attrapa le manche et tira dessus pour le récupérer mais il résista. Elle jeta un regard rapide encore une fois au couteau, elle se retourna pour utiliser sa main droite. La prise lâcha brusquement, elle faillit faire tomber son arme mais resserra ses doigts dessus, se plaqua contre le mur et reposa son regard sur la porte.
Felicity se figea, Ra's al Ghul se tenait de dos mais l'autre homme avait tourné la tête vers elle et l'avait vu retirer le couteau. Elle tomba dans son regard, le même que celui qu'elle avait croisé dans la grande salle, ces yeux bleus qui détonnaient dans ce lieu sombre. Elle resta immobile, la respiration bloquée, le rythme de son cœur effréné. Elle se sentait happée, la peur la tenaillait. Ils étaient tous aux ordres de cet homme et il allait dire à son tortionnaire ce qu'elle avait fait. Elle devait faire quelque chose, abandonner l'arme peut-être mais plus le temps passait, plus elle pensait qu'il ne dirait rien. Elle restait immobile, incapable de savoir pourquoi il ne parlait pas.
L'homme brisa leur contact quand son chef lui parla, il baissa la tête et sembla s'excuser. Le brun se tourna vers elle et lui ordonna de rester ici alors qu'il devait régler un problème en lui signifiant qu'un homme monterait la garde devant la porte pour lui enlever toute envie de s'enfuir. Elle le regarda fermer la porte et se détendit en se retrouvant seule.
Al Sah-Him déambulait dans les couloirs, son mentor et maître venait de reprendre le chemin de sa chambre pour retrouver sa nouvelle maîtresse. Il l'avait remarquée dès qu'il était entré dans la pièce en revenant de leur entrainement du soir. Il savait que Ra's Al Ghul désirait une nouvelle femme et l'homme qui se chargeait de l'intendance lui avait donné le choix entre trois femmes superbes mais cette blonde avait en plus un caractère bien trempé. C'était la première femme qu'il voyait résister à la tête du démon.
Quand il avait croisé son regard, il s'était rendu compte de sa terreur et de son angoisse, mais aussi de sa détermination et de son courage. Elle ne se laisserait pas faire et il eu pitié d'elle. Ra's Al Ghul arriverait à la briser et ses yeux vifs seraient remplis seulement d'ombres à ce moment-là. Il n'était pas du genre à s'inquiéter de ce qui arrivait aux femmes qui étaient amenées pour servir de distraction à son maître, mais celle-ci était différente.
Il avait été jusqu'à le déranger dans sa chambre pour statuer sur le devenir d'un de ses hommes, une affaire qui aurait pu attendre le lendemain mais il avait ainsi pu vérifier l'état de cette femme. Ra's Al Ghul n'avait pas encore posé la main sur elle, mais quand il la vit avec le poignard à la main sa crainte reprit le dessus. Il avait été rassuré seulement l'espace d'un moment, en principe son maître se désintéressait assez rapidement des femmes qui partageaient son lit mais si elle se montrait trop résistante, il prendrait plaisir à lui ôter tout espoir de fuite et à la rendre impuissante.
Leurs regards s'étaient croisés une fois encore et c'était son mentor qui l'avait rappelé à l'ordre en lui signifiant bien que cette femme lui appartenait et qu'il n'avait pas le droit de poser la main sur elle. Il n'avait pas besoin de préciser ce genre de chose, aucun homme vivant dans ces lieux ne serait assez fou pour convoiter la femme appartenant à la tête du démon. Cette phrase avait eu pour seul but de lui rappeler sa place, lui rappeler qu'il le surveillait et que même s'il était son héritier, il n'était pas encore prêt à prendre sa place.
Il ne pouvait peut-être pas s'approcher d'elle, mais ça ne l'empêchait pas de se sentir révulsé de ce qu'elle allait subir cette nuit et toutes les autres qui suivraient. Il s'arrêta devant la porte de la chambre et entendit des cris étouffés. Un homme arriva en sens inverse dans le couloir et il reprit son chemin pour s'enfermer dans la chambre voisine de celle où la tête du démon découvrait le corps de celle qui serait sa distraction pour les prochaines semaines.
Felicity tremblait dans un coin de la pièce, recroquevillée sur elle, elle revivait encore et encore ces dernières heures. Ses larmes avaient fini par se tarir mais son effroi était toujours aussi présent. Elle s'était défendue de toutes ses forces, elle avait fait tout ce qu'elle pouvait pour le tenir à distance mais il avait eu ce qu'il voulait. Il avait posé les mains sur elle et l'avait salie. Quand ses assauts s'étaient arrêtés au milieu de la nuit, elle était restée un moment dans le lit sans bouger de peur de le réveiller. Elle s'était ensuite laissée glisser au sol pour se traîner dans un coin et elle avait resserré ses genoux contre elle, enveloppée dans une couverture. Elle sentait encore ses mains sur elle, ses gestes violents et son corps se pressant contre le sien. L'odeur de sa transpiration l'entêtait et les gémissements de plaisirs raisonnaient encore dans ses oreilles. Il avait pris plaisir à la maintenir pour s'imposer à elle et depuis elle se sentait souillée.
L'aurore se levait et elle n'avait pas fermé les yeux de la nuit. Dès que ses paupières se baissaient, elle revivait avec encore plus d'intensité le viol dont elle avait été victime et elle ne pouvait pas le supporter. Elle était hébétée, toujours immobile dans le coin de la pièce qu'elle avait rejoint essayant de se concentrer sur ses pensées et ses possibilités d'évasion. Elle tentait de se concentrer mais elle avait l'impression que ça lui demandait un effort presque surhumain. Son esprit avait fini par occulter la nuit, il se protégeait de ses souvenirs mais sa concentration était trop perturbée par les sentiments qu'elle ressentait encore.
Elle se recroquevilla encore plus sur elle quand elle entendit bouger son bourreau. Il se leva sans lui prêter la moindre attention, s'habilla et sortit de la chambre. Elle se leva lentement en testant la résistance de ses jambes, resserra la couverture autour d'elle, ses doigts s'accrochant tel des serres sur le tissu et s'approcha de la porte pour écouter ce qu'il se passait dans le couloir où tout semblait calme. Elle devait tenter sa chance le plus rapidement possible.
Elle n'avait que ce semblant de robe colorée et s'habilla de celle-ci avant de poser la couverture sur ses épaules. Elle se plaqua à nouveau contre la porte et écouta encore un instant. Elle tourna la poignée et entrouvrit la porte. Aucun bruit et aucun homme ne semblait monter la garde. Elle ouvrit un peu plus la porte et passa la tête pour vérifier le couloir. Elle prit une direction au hasard, fit quelques pas en surveillant derrière elle tout en longeant les murs. Elle avança ainsi pendant un moment son espoir grandissant à chaque pas. Elle arriva à l'intersection de deux couloirs et se pencha pour vérifier la présence de gardes. Elle entendit la démarche de l'un d'entre eux et se plaqua contre le mur en essayant de maîtriser sa respiration qui s'emballait. Elle resta immobile un moment jusqu'à ce que le bruit s'éloigne puis vérifia à nouveau le couloir. Elle avança lentement mais cette fois sa chance l'abandonna. Un homme venait en sens inverse et s'adressa à elle dès qu'il l'aperçut. Elle se figea quelques secondes puis fit demi-tour pour se mettre à courir et tenter de lui échapper dans ces dédales.
Elle revint sur ses pas en courant et percuta de plein fouet un torse. Elle le repoussa de ses deux mains pour s'échapper mais l'homme glissa un bras sur ses épaules et la tint serrée contre lui. Elle se mit à trembler de se sentir encore une fois maintenue et se débattit comme elle put pour le faire lâcher prise mais l'homme la resserra contre lui. Le garde qui la poursuivait arriva à leur hauteur, les deux hommes échangèrent quelques mots. Celui qui la maintenait avait une voix grave et implacable et le garde s'adressait à lui avec respect, il n'osait pas s'approcher et il les laissa seuls dans le couloir.
Felicity sentit la prise sur son corps s'alléger et elle s'éloigna de l'homme rapidement tout en surveillant ses gestes et tomba dans son regard. Il s'agissait du même qui avait fait irruption dans la chambre la veille, reconnaissant ces yeux bleus que lui seul avait.
- « Tout va bien ? » Felicity resta muette à le regarder, il venait de parler dans sa langue et ceci la soulagea un peu, quelqu'un pouvait la comprendre. « Tu ne devrais pas déambuler dans les couloirs seule.
- Je ne déambulais pas, je tentais de m'échapper, cracha-t-elle avec indignation.
- Tu risques de te faire tuer…
- Je le supporterai mieux que de me faire violer encore une fois ».
Al Sah-Him sentit la bile gagner sa gorge en voyant son regard blessé et resta silencieux devant l'aplomb de cette femme. Elle venait de lui avouer vouloir s'enfuir et préférer la mort à ses conditions de détention. Il s'inquiétait pour elle mais il sentit l'agacement le gagner, si elle ne faisait pas plus attention son vœux allait être exaucé rapidement.
- « Ne dis pas ça, il n'hésitera pas. Tu as eu de la chance que je sois là…, d'une voix calme pour lui faire entendre raison.
- Non je n'ai pas de chance… tu vas aller rapporter mon évasion pour que cette ordure soit fier de toi…, avec dégoût.
- Je ne vais rien lui dire, je vais te raccompagner à sa chambre…
- Pour me livrer à une nouvelle séance de torture. Je préfère mourir, en criant et en s'élançant pour lui échapper. Il lui attrapa le poignet et la retint sans difficulté.
- Ne fais pas ça, tu n'arriveras pas à sortir d'ici ». Felicity dégagea son poignet de sa main et fit un pas en arrière sans baisser les yeux.
- Laisse-moi passer où je lui dirai que tu as voulu me toucher. Il pensera que tu as voulu défier son autorité et il te tuera ».
Felicity vit son regard marquer la surprise, mais ce sentiment disparu bien vite quand à nouveau du bruit se fit entendre. Il lui attrapa le bras et la conduisit jusqu'à la chambre qu'elle venait de quitter sans ménagement. Elle se dégagea de sa prise et s'éloigna de lui. Ils se regardaient en silence, se jaugeant l'un et l'autre jusqu'à ce que Ra's al Ghul arrive.
- « Qu'est-ce que tu fais là Al Sah-Him ?
- Je l'ai entendu crier et je suis venu voir ce qu'il se passait », en baissant la tête en signe de respect.
Le regard noir se posa sur Felicity et elle frissonna, son corps se souvenant de tout ce qu'il lui avait fait subir. Il l'avait abîmée mais elle n'était pas encore brisée, elle tenterait par tous les moyens de fuir, se défendrait jusqu'à la mort.
- « Tu as tenté de fuir ?
- Bien sûr, je n'allais pas attendre là votre retour », sans baisser le regard, la colère brûlant dans ses iris.
Al Sah-Him redressa la tête pour la regarder, elle était inconsciente des répercussions que pouvaient avoir ses mots. Le brun se retourna vers lui et il baissa à nouveau les yeux.
- « Tu as menti Al Sah-Him ?
- Je… non, je l'ai entendu crier. Elle s'est retrouvée face à un garde et je l'ai ramenée ici. Il ne bougeait pas et attendait avec anxiété la réaction de son maître.
- Tu me déçois…, tu vas recevoir la punition que tu mérites pour avoir menti. Et toi tu vas assister à la correction ».
Felicity les regardait sans comprendre, c'est elle qui tentait de fuir et il punissait son protégé. Les deux hommes sortirent de la chambre et elle fut escortée par deux gardes pour la forcer à les suivre. Ils descendirent un escalier étroit et se retrouvèrent dans un lieu sans fenêtres, des cellules les unes à la suite des autres et au fond de ce couloir un espace un peu plus grand. Un homme habillé comme les autres s'était levé en voyant leur groupe arriver.
Elle vit l'homme qui lui avait évité la mort retirer la protection en cuir souple qu'il portait puis sa chemise. Elle vit apparaître son corps musclé et nota sa peau zébrée de nombreuses cicatrices. Dans un silence lourd, il s'approcha du mur du fond, posa ses mains dessus à la hauteur de sa tête alors que l'homme qui les avait accueillis se positionnait dans son dos à trois mètres de distance. Un coup de fouet claqua et Felicity sursauta en étouffant un cri.
- « Trente coups de fouet », annonça la tête du démon et l'homme se mit à l'œuvre.
Felicity entendait les bruits résonner dans cet espace confiné. D'abord le bruit du fouet qui fendait l'air, puis le bruit du cuir qui claquait sur la peau de l'homme. Celui-ci étouffa un premier cri et elle le vit planter ses ongles dans le mur pour se retenir aux pierres apparentes. Les coups s'enchaînèrent et Felicity se mit à pleurer de voir la souffrance que cet homme faisait endurer à celui qui avait menti pour la protéger. C'était à cause d'elle s'il subissait tout ça.
- « Arrêtez, il n'a rien fait…, d'une voix étouffée de sanglots. C'est moi qui mérite cette punition…, murmura-t-elle.
- Il a menti pour te protéger… il savait ce qu'il risquait en faisant ça. Il se tourna vers elle, la prochaine fois, il réfléchira avant de mentir ».
Felicity lui jeta un regard rempli de haine avant de reposer son regard sur l'homme qui recevait les coups de fouet en geignant de douleur. Ses jambes commençaient à faiblir et il tomba à genoux, sa tête reposant contre le mur mais les coups ne cessèrent pas. Elle ne supportait pas cette vision, il subissait ça à cause d'elle mais elle se força à regarder chaque coup, à entendre chaque plainte. C'était sa punition à elle.
Au bout d'un moment qui lui parut interminable, les coups cessèrent. Al Sah-Him respira lentement et se voûta alors que la tension dans ses muscles s'apaisait sans disparaître totalement Il avait l'impression que son corps n'était qu'une plaie géante palpitante. Il sentait le sang s'écouler de la plupart de ses blessures, une brûlure l'irradiait et il ressentait encore avec une douleur lancinante chaque coup qui lui avait été porté. Il gardait les yeux fermés pour résister et ne pas perdre connaissance mais il était à bout de force. Il sentit son maître s'approcher de lui et ouvrit les yeux difficilement.
- « A partir de maintenant, tu es responsable de ses faits et gestes. Si elle tente encore une fois de s'enfuir, tu seras puni.
- Ça ne m'empêchera pas d'essayer à nouveau…, cracha Felicity dans leurs dos.
- Et tu recevras la même punition », ajouta Ra's al Ghul en se tournant vers elle.
Al Sah-Him lui jeta un regard et vit la détermination briller avec toujours autant de force dans son regard. Elle tenterait sans aucun doute de s'échapper mais elle ne supporterait pas une telle punition tout comme lui. Il allait devoir la surveiller à chaque instant et il finit par perdre connaissance à cette idée.
Voilà pour ce premier chapitre qui donne le ton... je vous avez dis que ça allait être difficile.
J'attends avec impatience vos avis. A mercredi pour la suite, je vous embrasse.