Bonjour à tous !
Comme dit dans le résumé, cette fic sera un recueil d'OS directement liés à la fic "Enchaîner une étoile" (qu'il vaut mieux avoir lue pour comprendre ces OS, donc). Je préciserai en début d'OS vers quel(s) chapitre(s) d'Enchaîner une étoile se situe le texte qui suit. Ça faisait un moment que j'avais décidé que j'avais encore trop de choses à dire sur le sujet et que je n'avais pas pu mettre dans la fic, j'espère que ces textes vous plairont.
Pour ceux qui veulent une explication de "Pourquoi ce titre ?", vous pouvez me le demander par MP (c'est un peu long, trop pour être imposé sans accord préalable :p).
La plupart des OS seront écrits au fil des Nuits du FoF, quand un thème s'y prêtera. Là encore, pour plus d'explications, vous pouvez m'envoyer un MP.
Cette fic est écrite dans le cadre de la 105ème nuit écriture du FoF (Forum Francophone) pour le thème "Hurler". Le FoF est un forum regroupant tous les francophones de ffnet où l'on peut discuter, demander de l'aide ou s'amuser entre nous. Le lien se trouve dans mes favoris. Rejoignez-nous !
Situation : Entre les chapitres 4 et 8.
C'était comme une sensation de pression inexplicable, de tension sans raison d'être. Si Victor avait dû choisir une image pour définir son quotidien, il aurait parlé d'une prison sans murs. Il ne savait pas d'où lui venait cette impression, il ne savait même pas pourquoi elle lui paraissait aussi justifiée. Il avait choisi d'être ici, de mener cette vie-là. Il avait choisi d'être patineur professionnel parce qu'il aimait la glace, qu'il aimait patiner et qu'il aimait trop ça pour vouloir faire quoi que ce soit d'autre de sa vie. Il avait choisi de vivre avec Boris parce qu'il l'aimait, qu'il était fou amoureux de lui, beaucoup trop pour vouloir vivre avec qui que ce soit d'autre. Il aurait dû être heureux, il le savait, et pourtant, plus les jours passaient et plus il avait la sensation d'étouffer.
Il était habitué aux règles de vie dictées par son entraînement, il les connaissait longtemps avant que Boris ne les lui répète trois fois par jour et ne veille strictement à ce qu'il les respecte. Il était habitué à contrôler avec attention chaque mot et chaque geste qu'il adressait à ses fans dans les compétitions ou les aéroports. Il était habitué à la sensation des journalistes qui guettaient chaque chose insignifiante de sa part et qui l'empêchaient d'être lui-même dans tout ce qu'il disait ou faisait. Alors pourquoi est-ce que tout ça devenait de plus en plus étouffant, de plus en plus insupportable ? A cause de ses échecs qui l'obligeaient à mettre les bouchées doubles sur son entraînement ? A cause de son arrivée chez les séniors qui avait largement augmenté la difficulté des compétitions et du quotidien ? Ou à cause de tout le reste, tout son quotidien qui avait changé drastiquement depuis qu'il vivait avec Boris ? Peut-être. Mais alors, pourquoi ?
Car c'était le plus insupportable, dans tout ça, cette incapacité à voir ce qui n'allait pas. Quand il épuisait la liste des raisons de se sentir enfermé et à bout de forces, son quotidien avec son petit-ami était l'hypothèse qui lui paraissait la moins improbable. Pour autant, il n'arrivait pas à situer quel aspect exact de leur vie de couple le mettait dans cet état. Les rappels de son petit-ami sur la façon dont il devait se comporter ? Ils étaient légitimes. Boris avait été patineur avant lui et était à présent l'assistant de son coach, il savait mieux que lui ce qu'il pouvait se permettre ou non pour sa carrière, et il était la personne la mieux placée pour le lui rappeler. Les reproches sur ses écarts, sur son escapade au trophée de France ou son échec aux mondiaux ? Légitimes aussi, et mérités qui plus est. Ses erreurs auraient pu lui coûter sa carrière, Boris n'avait fait que le lui rappeler. Le fait que Boris insiste pour promener lui-même Makkachin matin et soir ? C'est vrai que ses promenades avec son chien lui manquaient, mais il ne se voyait pas insister auprès de Boris pour pouvoir recommencer à le faire lui-même. Après tout, cela partait d'une bonne intention de sa part, d'une volonté de le laisser se reposer et se concentrer sur sa carrière sans rien d'autre pour troubler son esprit ou sa tranquillité. Il serait sacrément ingrat de lui reprocher de s'acquitter systématiquement de cette corvée sans jamais lui demander de contrepartie. Le fait d'être en froid avec sa famille et de voir sa sœur de moins en moins souvent ? Boris n'avait strictement rien changé à ça, leur situation aurait continué à se glacer de toute façon.
Plusieurs fois, les mots de Yakov avaient hanté son esprit, cette phrase qu'il avait lancée lorsque la conversation avait dérivé sur son couple. Je sais reconnaître des violences conjugales quand j'en vois. Mais ces deux mots étaient les plus inappropriés possibles, justement parce qu'il n'y avait pas de violences à voir. Boris n'avait jamais levé la main sur lui, il ne le ferait jamais, Victor le savait pertinemment. Il n'aurait jamais de bleus, d'hématomes ou de blessures à cause de son petit-ami, et il ne serait pas culotté au point de prétendre souffrir autant que ces personnes qui finissaient à l'hôpital une fois par semaine, ou dont les noms noircissaient la rubrique nécrologique des journaux. Leurs disputes étaient ce qu'elles étaient, des disputes que tous les couples connaissaient probablement. Les reproches de Boris et ses réprimandes sur son comportement n'étaient rien d'autre que les rappels qu'un assistant-coach était obligé de faire lorsqu'un patineur se comportait mal. Alors… Pourquoi ?
Il n'avait jamais trouvé de réponse à cette question. Pourtant, plus le temps passait et plus c'était une certitude. Il n'était pas battu, il n'était pas maltraité, il n'était pas malheureux. Il était angoissé, épuisé par l'entraînement, stressé par ses résultats en chute libre, mais rien de tout ça n'avait de rapport avec son couple. Alors pourquoi, chaque matin et chaque soir, lorsque Boris partait promener son chien, avait-il cette impression de voir des barreaux à la baie vitrée de son appartement et une boule le gênant pour respirer au travers de la gorge ? Pourquoi, à chaque fois qu'il se retrouvait seul chez lui, dans le silence, ressentait-il cette envie de hurler de toutes ses forces en priant pour que quelqu'un l'entende ?
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