Fili, Kili, Ori et Legolas s'étaient tous réfugiés dans la grotte et surveillaient attentivement l'extérieur. Ils se sentaient un peu plus en sécurité ici bien qu'en réalité le terme même de "grotte" soit exagéré. Ce n'était qu'une niche irrégulière, peu profonde et peu étendue, qui en somme n'offrait guère qu'un abri contre le vent et la neige.
- Je pense qu'il vaut mieux ne pas bouger d'ici, expliqua Legolas. Et attendre que les miens nous retrouvent. Ici au moins, nous sommes couverts par l'arrière. Et si quelque chose apparaît, avec mon arc je peux défendre l'entrée.
Tout en disant cela, le garçon se demandait avec inquiétude s'il pourrait vraiment se servir de son arme en cas de besoin. Ses côtes continuaient à l'élancer, c'était comme si il avait tout le côté raide et enflammé.
Les quatre garçons n'avaient pas grand-chose à se dire. Les jeunes nains étaient partagés : rester ici jusqu'à ce que les elfes les trouvent ne leur paraissait pas une si bonne idée. En fait cette perspective les effrayait. En d'autres circonstances ils auraient tout fait pour que cela n'arrive pas, car qui pouvait savoir ce qui se passerait alors ? C'était pour échapper aux elfes qu'ils avaient sauté du traîneau. D'un autre côté, repartir à l'aventure dans la forêt, au risque de perdre encore l'un d'entre eux au détour d'un buisson ou d'être attaqué par ce quelque chose qui les avait suivis... Cela paraissait encore plus dangereux. Depuis le moment où ils s'étaient perdus sous le couvert il s'était passé bien des choses. Ils savaient les elfes dangereux mais ils commençaient à penser qu'il y avait pire.
Tout au fond de la grotte minuscule dans laquelle ils avaient trouvé refuge coulait une petite source limpide. La voir donna à Kili le sentiment qu'il avait soif et il s'approcha, mettant sa main en coupe pour recueillir de quoi se désaltérer. Legolas tourna brusquement la tête vers lui :
- Ne bois pas ça.
- Pourquoi ? le défia Kili, la main à mi chemin des lèvres.
Le jeune elfe secoua la tête :
- Ce n'est pas prudent. Nous sommes trop près.
- Près de quoi ?
- De ce que j'ai découvert. On ne sait jamais, l'eau pourrait être... contaminée. Mieux vaut ne pas la boire.
Kili hésita.
- Laisse, Kili, intervint Fili à mi-voix. Il a peut-être raison. On ne connaît pas les dangers de cette forêt. Si tu as soif, tu n'as qu'à sucer de la neige.
Kili fit la moue mais abaissa sa main, laissant l'eau ruisseler sur le sol.
- Pourquoi tu veux faire ce qu'il dit ? souffla-t-il néanmoins à l'intention de son frère aîné, le regard lourd de reproche. C'est un elfe !
- Oui, répondit Fili sur le même ton, et il connaît la forêt. Nous pas.
Comme Kili paraissait sceptique, il ajouta :
- On ne sait rien de cet endroit, Kili.
Kili le regarda un instant sans rien dire puis approuva lentement. Oui, Fili avait raison. Du coup, par acquis de conscience, le jeune garçon secoua sa main afin de la débarrasser des dernières gouttes d'eau. Au cas où.
Legolas avait tout entendu, bien qu'ils aient parlé très bas, et il sourit. Ces nains n'étaient pas si bêtes, songea-t-il. En outre, l'adolescent se sentait flatté qu'ils considèrent son expérience de la forêt comme précieuse. Décidément, les nains n'étaient peut-être pas si rustres qu'on le prétendait.
La neige continuait à tomber et sous le ciel bas la pénombre s'installait sous les arbres millénaires de VertBois. Fili, Kili et Ori étaient glacés. Cela faisait des heures qu'ils étaient dehors dans la neige et à présent qu'ils ne bougeaient plus, ou presque, leur sang ne circulait plus suffisamment pour leur permettre de lutter contre le froid. Au loin ils entendaient toujours résonner les cors mais ils auraient été bien en peine de dire si le son se rapprochait ou non. Kili, qui ne tenait jamais en place bien longtemps, commença à s'agiter et pour finir, n'y tenant plus, décida qu'il allait grimper au sommet de l'un des pins qui poussaient sur le monticule rocheux qui leur servait d'abri, afin de voir s'il apercevait quelque chose. Les pins ont souvent des branches très basses, ce qui aidait à l'escalade. Justement il y en avait un, à mi-pente, qui offrait de très bonnes prises, à portée d'un petit bonhomme comme lui.
- Tu ne devrais pas choisir celui-là, observa Legolas. Cet arbre est déjà presque mort, regarde. Le bois est sec. Il risque de se briser sous ton poids.
Kili fit la sourde oreille. Cet elfe commençait à lui taper sur le système, avec ses conseils ! Comme s'il avait besoin d'une "oreille pointue" pour savoir ce qu'il devait faire ! Il commença à grimper, heureux de pouvoir bouger un peu. Au pied du monticule, Legolas secoua sa tête blonde :
- C'est une mauvaise idée.
- Kili, fais attention ! appela Fili. Tu devrais descendre.
Cela l'ennuyait un peu de paraître à nouveau suivre le conseil de leur étrange compagnon mais celui-ci après tout n'était pas si désagréable. En fait il était presque sympathique. Et puis les "Oreilles Pointues" connaissent leurs arbres comme les nains leurs montagnes, non ? Malheureusement, Kili était têtu et il estimait avoir fait suffisamment de concessions. Il ne se donna même pas la peine de répondre.
L'enfant grimpa lestement mais, lorsqu'il parvint au sommet, il ne vit rien d'autre que des arbres enneigés et des flocons emportés par le vent dans un ciel de plus en plus menaçant. Des branches et de la neige, à perte de vue. A cause du temps il ne parvint même pas à repérer la Montagne Solitaire, qui pourtant se voyait de loin.
- Tu vois quelque chose ? cria Fili d'en bas.
- Non, marmonna Kili.
Il entreprit de redescendre, le moral en berne. Il ruminait des pensées amères et ne prêtait pas très attention à ce qu'il faisait. Il entendit soudain un craquement sec qui claqua dans le silence avec un bruit énorme. La branche sur laquelle il venait de poser son pied s'était brisée d'un seul coup.
- Aaaaaah ! hurla le jeune garçon en se sentant tomber.
- Kili ?!
- Kili !
Deux cris s'élevèrent au-dessous de lui. Kili sentit quelque chose (tronc, ramure, autre ? Il ne devait jamais le savoir) lui écorcher vilainement le dos au passage puis, étendant les mains, parvint à se rattraper à d'autres branches, qui craquèrent de manière sinistre. Elles tinrent bon malgré tout mais plusieurs échardes s'enfoncèrent dans les mains du garçon. Ce dernier, en se cramponnant de toutes ses forces, les enfonça profondément sous sa peau et dans sa chair. Ce qui à tout prendre valait certainement mieux qu'aller s'écraser sur le sol.
- Kili ? appela encore Fili. Kili, ça va ? Tu vas bien ?
- Oui, répondit le jeune garçon, qui n'en menait cependant pas large, ça va...
Il parvint à regagner le sol, plutôt meurtri et en grimaçant de douleur chaque fois qu'il refermait ses mains sur une nouvelle prise.
- Tu n'es pas blessé ?
- J'ai... je me suis râpé le dos et...
Il sentait le sang couler le long de son échine et pensait qu'il avait dû s'arracher un bon morceau de peau. Le pire toutefois était ses mains : les échardes enfoncées dans ses paumes lui faisaient très mal.
- Oh là là ! dit Fili. Je ne sais pas comment on va t'enlever ça. Il faudra attendre d'être rentré.
Rentré ! Il aurait donné n'importe quoi ou presque pour ça. Hélas, ils étaient pris au piège de la forêt, comment savoir s'ils parviendraient à rentrer chez eux ? Et si oui, quand ? Fili se sentit tout près de flancher et se hâta de chasser ces pensées déprimantes de sa tête. Il n'allait quand même pas s'effondrer maintenant, devant un elfe en plus !
- Tu as eu de la chance, observa Legolas au même instant, s'adressant à Kili. Tu aurais pu te faire plus mal que ça. Je t'avais prévenu.
Les deux frères lui lancèrent un regard noir. Soudain, l'adolescent redressa brusquement la tête. Son visage arbora une expression inquiète :
- Silence, taisez-vous. Vous n'avez rien entendu ?
Durant quelques secondes, la seule chose que l'on entendit fut le bruit tout doux des flocons de neige touchant le sol ou les arbres. Mais le jeune elfe était certain d'avoir perçu autre chose. Il avait une ouïe plus développée que celle des nains. Sa vue était plus aiguisée et surtout plus accoutumée à percer la pénombre du sous-bois.
- Retournons dans la grotte, chuchota-t-il. Il y a quelque chose tout près.
- Quoi ? murmura Fili.
- Je ne suis pas sûr. Venez.
Ils atteignaient à peine l'ouverture triangulaire du roc qu'ils l'entendirent tous : un grognement rauque, très, très peu engageant.
- Il y a une bête tout près, murmura Fili. Une grosse, je dirais.
- Ce n'est pas une bête, fit Legolas d'une voix blanche, en tirant une flèche de son carquois.
- C'est quoi, alors ?
Fili, Kili et Ori se sentaient glacés jusqu'aux os et pourtant inondés de sueur. Son arc prêt, Legolas attendait que l'ennemi se débusque. Il avait toujours aussi mal au côté mais il allait bien falloir faire avec. Soudain, il le vit. Et son sang se figea.
Une créature lourde, difforme mais énorme et puissamment armée s'avançait vers eux, fantomatique dans la forêt enneigée.
- Un troll, murmura le jeune elfe. Un troll des forêts.
La créature massive, énorme, s'avançait lentement, mais ses petits yeux de brute demeuraient fixés sur l'ouverture de la grotte. Legolas comprit que c'était la créature qu'il avait aperçue dans la brume plus tôt dans la journée. Les quatre garçons déglutirent presque en même temps. La plupart des trolls, tous le savaient, ne supportent pas la lumière du jour, qui les renvoient à la pierre avec laquelle ils ont été créés. La demi pénombre du sous-bois suffisait toutefois à leur permettre de se déplacer en toute sécurité.
Tous savaient également que les trolls détestent toutes les autres créatures et sont toujours dangereux. En outre ils sont voraces et constamment affamés. Certes ils sont aussi lents que stupides mais, malheureusement, leur puissance et leur appétit toujours en éveil compensent ce défaut.
Les trois jeunes nains étaient tétanisés. Le jeune elfe sentit lui aussi son cœur broyé par un étau de glace. Ses compagnons étaient désarmés, ils ne pourraient l'aider. Quant à lui, il pouvait à peine tendre son arc et il avait en face de lui un adversaire aussi coriace que difficile à abattre. Il lâcha sa première flèche mais il savait que ça ne servirait à rien. Il n'avait pas tendu son arc assez fort. Il n'y arrivait pas.
- Tu as mal ? s'inquiéta Kili.
- Non, ça va.
La sueur au front, l'adolescent tenta d'encocher une autre flèche.
- Tu es tout pâle, observa Fili.
- Fichez-moi la paix !
- Greeuuhh ! rugit le troll.
Il lança sa massue en avant et elle heurta le roc juste au-dessus de leurs têtes. Quelques cailloux se détachèrent. Le jeune elfe tira une seconde flèche. Il eut l'impression que son flanc se déchirait. Mais cette fois, il avait visé la face. Même si son trait manquait de force, c'était une zone sensible. Sa victime beugla, sauta sur place, se frotta furieusement le "visage" (si tant est que l'on puisse appeler ça un visage), finalement parvint à arracher la fine hampe de bois. Il n'était pas sérieusement blessé mais cela lui avait fait perdre du temps. Là, Legolas commit une erreur. Il était en train d'encocher une troisième flèche, comptant qu'avec la lenteur proverbiale de sa race, l'adversaire ne serait pas tout de suite sur eux. Sauf que oui, il était lent, mais il était grand. Il faisait de grands pas. Et tout à coup il fut là. Juste là. Le fils du roi des elfes sauta en arrière, trop tard. L'énorme pogne se referma sur son bras et le tira en avant. Le mastodonte n'aurait pas pu glisser son corps dans la faille mais une main, oui. Legolas parvint à s'accrocher au rocher de sa seule main libre et il s'y cramponna. Il aurait bien dégainé son couteau pour se défendre, mais hélas ! S'il lâchait le rocher pour le faire, alors le troll le tirerait hors de la grotte et le tuerait. Ce n'était d'ailleurs qu'une question de secondes car il ne faisait nul doute, étant donné la force de l'adversaire, que le jeune prince ne tarderait pas à lâcher prise. Déjà, ses doigts glissaient. Il n'avait aucune chance de vaincre un troll et il le savait. Les siens arriveraient trop tard, songea-t-il, ils ne trouveraient plus que son cadavre. C'est alors qu'à sa plus grande surprise l'adolescent reçut soudain une aide inattendue. Car tout cela n'avait duré que quelques secondes, durant lesquelles les trois nains semblèrent revenir à la vie. Ils avaient rapidement échangé un bref regard. Ensuite, ils se ruèrent :
- Non ! Sûrement pas ! cria Fili.
- Lâche-le ! vociféra Kili.
- Sale brute ! renchérit Ori.
Tous pour un ! Et honnies soient les créatures de Morgoth ! A coups de pierres ramassées sur le sol, les trois enfants entreprirent de marteler de toutes leurs forces les doigts épais. Puis Fili eut une idée. Il dégaina le couteau que l'elfe portait à sa ceinture et l'enfonça dans l'énorme main :
- Pas question ! asséna-t-il. Laisse-le !
Une clameur furieuse retentit, la pogne géante s'ouvrit. Momentanément. Suffisamment pour que Légolas se dégage.
- Au fond ! cria-t-il.
Les quatre garçons se rencognèrent de leur mieux, le plus loin possible de l'entrée, le dos collé à la paroi, les yeux écarquillés et le souffle court.
- RRROUMMPHHH ! fit le troll en enfonçant à nouveau sa main, aussi large qu'un bouclier, dans le creux de rocher.
- On est morts ! pensèrent simultanément les trois nains et l'elfe.
La brute farfouillait à l'aveugle, tâtonnant pour les trouver. Les garçons se jetèrent au sol. Au même instant les cors retentirent, tout proches. Legolas en oublia sa fierté :
- A l'aide ! hurla-t-il.
Fili, Kili et Ori ne raisonnaient plus. Ils ne cherchèrent pas à comprendre et reprirent l'appel à pleine voix. Oui, de l'aide, vite, n'importe d'où elle viendrait ! Durant quelques secondes encore, rien ne se produisit, sinon que les gros doigts du troll les effleurèrent plusieurs fois. Il n'avait pas encore pensé à fouiller le sol mais, si stupide qu'il soit, il allait y venir. Alors tout serait très vite terminé. Aucun des garçons n'avait envie de voir dévorer les autres. Pas plus que d'être dévoré lui-même. En cet instant, la solidarité entre eux était totale.
Leur mort pourtant aurait été inéluctable si tout à coup une pluie de flèches ne s'était abattue sur la brute. Durant quelques instants, tout devint très confus. Une troupe de cavaliers surgit, leurs montures piaffant d'énervement, des épées jaillirent. Cela dura quelques instants, puis l'énorme masse du troll s'abattit tandis que des silhouettes élancées bondissaient de leurs selles pour s'assurer qu'ils étaient bien mort et ne présentait plus aucun danger. Lentement, les quatre rescapés relevèrent le nez. Legolas poussa un profond soupir et se remit sur ses pieds en grimaçant, car ce mouvement tira sur ses côtes douloureuses.
Fili, Kili et Ori ne pouvaient pas reculer davantage alors ils demeurèrent où ils se trouvaient, partagés entre soulagement et embarras, espérant peut-être disparaître dans la pierre ou dans la terre : un danger était écarté, un autre venait de surgir. Du moins à leurs yeux. Legolas était maintenant l'un des leurs. Ils avaient affronté le même danger et s'étaient mutuellement aidés. Ces nouveaux venus par contre... Les trois jeunes nains se regardèrent, ne sachant plus très bien s'ils devaient se réjouir de la mort du troll ou s'inquiéter de la présence des ennemis héréditaires de leur peuple.
La grotte n'était pas assez profonde pour que, de là où ils se trouvaient, ils ne voient pas une partie de ce qui se passait. Un animal gigantesque apparut soudain. Jamais les trois petits nains n'avaient rien vu de pareil. Ce n'était pas un cheval mais un cervidé, d'une espèce inconnue pour eux jusqu'alors. Rien que son immense ramure paraissait aussi large que le tronc du plus gros arbre de la forêt. L'animal portait un cavalier. Les trois garçons comprirent qui il était quand Legolas parla :
- Père ! Vous êtes arrivé juste à temps. A une seconde près, il aurait été trop tard.
- Voilà ce qui arrive, laisse tomber Thranduil, glacial, quand on s'en va seul dans la forêt. A plus forte raison quand on n'avertit personne.
Devant l'air sévère de son père, Legolas se tint coi. Il espérait avant toute chose que Thranduil ne le réprimanderait pas devant les trois jeunes nains. D'accord, ils avaient euh... non, pas sympathisé, peut-être pas quand même. Disons qu'ils s'étaient un peu rapprochés. Et oui, ces garçons l'avaient aidé, de même qu'il les avait aidés. Legolas n'était pas ingrat, il savait qu'ils lui avaient sauvé la vie. De même qu'en leur proposant de rester avec lui, il avait sans doute sauvé la leur. Mais tout de même. Déjà qu'il était un peu embarrassé d'être retrouvé en leur compagnie, le garçon n'avait aucune envie de discuter, surtout si le débat devait s'avérer houleux, en leur présence. Oh, Legolas avait des réponses toutes prêtes aux reproches que pourrait lui faire Thranduil, mais quand même il préférait le faire à huis clos.
Fili, Kili et Ori étaient loin de penser à ça. Le roi sous la forêt était terriblement impressionnant avec sa haute stature et son port de tête hautain, juché sur sa formidable monture (elle-même immense et effrayante aux yeux des jeunes nains). Et puis quoi ? Jamais ils n'avaient entendu parler de lui autrement que comme d'un individu peu recommandable dont il fallait absolument se méfier. Ils se recroquevillèrent dans leur coin, espérant contre toute logique passer inaperçus.
- Fili, chuchota Kili, effrayé, à l'oreille de son frère. Ce sont des elfes...
- Je sais.
Ce fut tout ce que l'aîné trouva à dire. Fili avait fait de son mieux jusqu'à présent mais après tant d'épreuves, tant d'heures de terreur et d'angoisse, il ne sentait vidé, à bout de ressources. Ses nerfs commençaient à donner des signes de faiblesse. Il était en somme encore bien jeune pour supporter tant d'avanies. Les elfes, essayait de raisonner son cerveau épuisé, valaient sans aucun doute mieux qu'un troll. En tous les cas, eux ne les mangeraient pas. Ça il en était sûr. Il n'y avait que les orcs pour dévorer la chair de leurs ennemis. Enfin, les trolls passent pour manger tout ce qu'ils trouvent, bien sûr, mais ce sont quasiment des animaux, alors ça ne compte pas. Un bras protecteur enroulé autour des épaules de son frère cadet pendant qu'Ori se faisait tout petit à leurs côtés, Fili fit appel à tout ce qui lui restait de logique pour décider que les elfes ne les tueraient sans doute pas non plus. Pourquoi feraient-ils ça ? Leurs peuples n'avaient jamais été amis, sans doute, mais en même temps, ils n'étaient pas en guerre. Pas actuellement du moins. Restait cependant nombre de possibilités effrayantes. Après tout, le jeune nain avait été mis en garde durant toute sa jeune vie contre ces gens.
- Et s'ils veulent nous emmener ? pensa Fili.
Il se demanda ce qui valait mieux : être emmenés par des elfes ou rester à errer dans la forêt, avec tous ses dangers ? Et s'ils les emmenaient, que feraient-ils d'eux ? Des images de chaînes, de prisons obscures, de cachots humides traversèrent l'esprit du jeune nain. D'un autre côté, s'ils les laissaient là, alors eux que feraient-ils et que deviendraient-ils ? Il savait à présent que le couvert de la forêt était un piège mortel. Il semblait n'y avoir aucune bonne option. Le péril était partout. Reverraient-ils jamais Erebor et leurs familles ?
Cependant, Thranduil avait entendu le bref échange entre les deux frères. Les elfes entendent le moindre frôlement à des mètres à la ronde. Il mit pied à terre et jeta un coup d'œil dans la petite grotte, vers les trois garçons qui, spontanément, se blottirent les uns contre les autres.
- Ne craignez rien, enfants, dit calmement le seigneur de VertBois. Tout va bien. Les vôtres sont à votre recherche et ne doivent pas être très loin. Tout va rentrer dans l'ordre.
Puis il se tourna vers sa troupe :
- Allumez un feu. Ces enfants sont frigorifiés. Et sonnez du cor. Il faut avertir les nains.
En quelques minutes, un grand feu se mit à pétiller et à dispenser chaleur et lumière dans la demi pénombre du sous-bois. Comment les elfes avaient-ils réussi à faire ça, aussi vite et malgré la neige, avec du bois forcément humide, sinon mouillé, Fili, Kili et Ori se le demandaient bien.
Quoiqu'encore intimidés, ils s'approchèrent comme hypnotisés. Le feu les attirait comme la lumière attire les phalènes en été. C'était vrai, ils avaient très froid. Autour d'eux, les cors des elfes sonnaient, à la fois profonds et clairs. Régulièrement, ils lançaient le signal convenu afin de guider les nains vers eux.
Fili, Kili et Ori n'étaient certes pas à l'aise. Pourtant, la proximité de tous ces guerriers, si d'un côté elle les inquiétait, les rassurait également. Ils n'étaient plus seuls et les dangers de la forêt semblaient reculer loin du cercle formé par la lumière des flammes et la présence des elfes. De plus, leur roi avait parlé des nains. Restait à savoir ce que les nains en question penseraient lorsqu'ils les trouveraient au milieu des "Oreilles Pointues"... Ça risquait d'être difficile à expliquer. Les trois garçons étaient trop préoccupés pour se rendre compte que les elfes, autour d'eux semblait de leur côté plutôt soucieux.
A quelques kilomètres de là, la petite troupe conduite par Thorin avait perçu le signal. Dwalin raccourcit les rênes et retint sa monture.
- Thorin, écoute !
Au loin, le son des cors s'élevait de manière régulière. Le signal était aisément reconnaissable.
- Il les ont trouvés, commenta l'elfe qui les accompagnait d'une voix calme. Je vais les avertir que nous avons entendus.
Il souffla deux fois dans sa trompe. Il n'avait pas été spécialement content quand Thranduil l'avait désigné pour accompagner les nains. Enfin, il devait le reconnaître, ça n'avait pas été aussi pénible qu'il l'avait craint.
- Suivez-moi, ajouta-t-il. Allons les rejoindre.
Il y eut quelques grincements de dents mais finalement le groupe le laissa prendre la tête. Somme toute, il était le plus habilité à se diriger dans ces fichus bois. Et plus tôt on en aurait fini mieux cela vaudrait. Les nains demeuraient sur le qui-vive mais l'éventualité d'en finir et de rentrer chez eux compensait leur agacement.
O0O
- Seigneur, venez voir. J'aimerais vous montrer quelque chose.
L'elfe qui avait parlé se dirigea vers le cadavre du troll. Horrible créature ! pensa Fili en lui jetant un coup d'œil. C'était le premier qu'il voyait et il le trouvait encore pires que ce qu'on lui en avait raconté.
Legolas, qui se chauffait les mains devant le feu, emboîta le pas à son père lorsque celui-ci s'approcha du cadavre.
- Regardez.
Non sans répugnance, les guerriers avaient brièvement inspecté la besace que le troll portait en bandoulière. Ils y avaient trouvé la dépouille d'un jeune blaireau. Or, cette dernière présentait un aspect anormal. Elle portait d'étranges plaies aux pattes et sur le corps, comme si la chair était nécrosée. Même le sang, qui avait taché le poil, avait un drôle d'aspect.
- Je n'ai jamais rien vu de tel, conclut l'elfe qui avait attiré l'attention de Thranduil sur le phénomène.
Legolas pensa que c'était le bon moment pour parler.
- J'ai vu des arbres et des animaux morts qui avaient des traces semblables, émit-il à demi voix. Sauf que ça c'était étendu à tout leur corps. A l'entièreté des arbres.
Thranduil l'avait écouté sans mot dire. Quand l'adolescent se tut, il affichait un air tellement soucieux que le jeune elfe osa l'interroger :
- Vous savez de quoi il s'agit, Père ?
- Je ne t'en ai encore jamais parlé, Legolas, mais il y a un mal qui a commencé à se répandre dans la forêt. Et je crains que cela n'empire. J'ignore ce qui a provoqué la mort des arbres et des animaux dont tu parles, mais j'ai déjà reçu des rapports sur ce phénomène. Ça ne me plait pas du tout. Nous devons...
Il fut interrompu par l'arrivée des nains, conduits par leur éclaireur elfe. Le regard de Fili et Kili s'éclaira de manière significative.
- Thorin ! s'écrièrent-ils en chœur.
Les yeux du roi des nains avaient en premier lieu cherché les enfants. Après quoi, ils tombèrent sur le cadavre du troll et il eut un frisson de peur rétrospective. Un troll ! Rien que ça ! Par tous les Valars !
Il mit pied à terre tandis que ses neveux couraient vers lui. Thorin ne souhaitait pas, devant des elfes, manifester quoi que ce soit. Ni soulagement ni rien d'autre d'ailleurs. Et pourtant ! Soulagé il l'était, oh que oui ! Presque instinctivement, il ouvrit les bras et laissa Fili et Kili s'y précipiter et l'enlacer tandis qu'Ori, transfiguré et bondissant comme un cabri, se ruait vers ses frères.
Thorin ne prononça pas un mot. Simplement il posa une main protectrice, peut-être légèrement possessive, sur les épaules des enfants. C'était un geste inconscient, destiné autant à rassurer ses neveux qu'à signifier aux elfes et au monde entier qu'ils lui appartenaient. Il était même possible, sinon probable, qu'une pointe de fierté se mêlait au reste.
- Vous allez bien ? demanda-t-il en tâchant de conserver un ton égal.
A présent oui, ils se sentaient bien. Ô combien rassurés ! Le cauchemar allait prendre fin.
A quelques pas d'eux, Nori venait lui aussi de serrer son jeune frère entre ses bras. Puis il le saisit par les épaules et le secoua avec une certaine rudesse :
- Comment es-tu arrivé ici ? Qu'est-ce qui t'a pris ?
- On-on-s-s-s-est pe-perdu, articula l'enfant tant bien que mal tandis que son frère le secouait de plus belle.
- Nori ! intervint l'aîné.
Nori asséna une légère tape à son jeune frère à l'arrière de la tête (suffisamment légère pour que l'épaisseur de ses cheveux roux amortisse parfaitement l'impact) avant de le serrer à nouveau dans ses bras, de le soulever, le serrer contre son cœur et enfin le passer comme un paquet à Dori qui l'écrasa à son tour contre sa poitrine. Nori était ainsi : il lui fallait exprimer tout ce qu'il avait sur le cœur. Ori y était accoutumé et ne s'en formalisait pas car si son frère puîné était brusque, il n'était jamais brutal. Le visage de l'enfant avait rosi de soulagement en retrouvant les siens.
Thranduil et Legolas avaient suivi ces différentes scènes avec des sentiments convergents. Le jeune prince était presque étonné de se sentir heureux pour les trois petits nains qui avaient partagé sa compagnie. Il avait eu raison, pensa-t-il, de leur proposer de rester avec lui. Il était content de penser qu'ils avaient retrouvé leur famille et qu'ils étaient hors de danger. Et ce n'était pas parce qu'ils lui avaient apporté leur aide quand le besoin s'en était fait sentir. Il était content pour eux, simplement. Lui-même allait à présent retrouver la sécurité du palais. Il était sincèrement heureux de penser que les trois jeunes nains, de leur côté, allaient retrouver la sécurité de leur montagne. Il aurait été très mal à l'aise s'il avait dû les imaginer errant toujours dans la forêt, exposé à tous les périls. Ça n'aurait pas été bien. Oui c'était ça. Ç'aurait été... une mauvaise chose. Une mauvaise action.
Un indéfinissable sourire errait sur les lèvres de Thranduil. Ainsi donc, les nains éprouvaient bien des sentiments. C'était indéniable, s'il devait en juger par ce qu'il avait sous les yeux. Même Thorin avait du mal à paraître impassible. Rien que la manière dont les gosses s'étaient jetés dans ses bras et dont il les gardait à présent près de lui, contre lui, était éloquente. L'espace d'un bref (trop bref) instant, Thranduil se dit que peut-être les nains et les elfes n'étaient pas SI différents qu'il l'avait toujours cru.
Soulagé d'avoir retrouvé son fils, surtout après avoir entendu ses révélations un instant plus tôt, le roi des elfes éprouvait une certaine empathie pour d'autres parents qui avaient été, à juste titre, inquiets pour leur progéniture. Ce sentiment se dissiperait sans doute très vite mais pour le moment, il était bien présent. Au même instant un elfe poussa un cri d'alerte, rompant le charme :
- Seigneur ! Regardez !
Tout le monde tourna la tête. Ori poussa un cri : il avait trouvé impressionnant l'élan que montait le roi des elfes, certes, mais au moins la bête n'avait rien de répugnant. Elle pouvait certainement s'avérer dangereuse, mais moins que... ça, ce qui arrivait à présent. Est-ce que tout ce qui vivait sous cette forêt était atteint de gigantisme ? se demanda le garçon, affolé. Car les créatures qui à présent convergeaient vers eux étaient monstrueuses. Pattes interminables, mandibules cliquetantes assez grandes pour sectionner un bras, gros ventre mou couvert de poils… elles étaient plus grandes qu'un cheval !
- Des araignées géantes !
- Voilà autre chose ! fit Dwalin.
Sans le savoir, le guerrier partageait peu ou prou l'état d'esprit d'Ori. Il commençait à trouver qu'il y avait un peu beaucoup de monstres dans cette fichue forêt. Il repoussa néanmoins ces considérations pour se concentrer sur le danger présent. Immédiatement, il n'y eut plus ni de part ni d'autre de parents heureux de retrouver leurs enfants mais uniquement des guerriers prêts à livrer bataille.
- Fili ! Kili ! A couvert ! ordonna Thorin en écartant de lui ses neveux et en dégainant son épée. Dans la grotte !
- Tu vas avec eux ! cria Dori en déposant à terre son jeune frère. Vite !
- Legolas !
Thranduil désigna à son tour la grotte d'un coup d'œil impérieux avant de bondir lestement sur sa monture.
- Mais Père, je peux me battre ! protesta le jeune elfe, indigné.
- Sûrement pas ! Pas dans ton état.
Il avait bien remarqué l'étrange raideur de son fils et la façon dont il avait tendance à comprimer ses côtes. Il avait vu les deux flèches que le garçon avait tiré sur le troll. Jamais Legolas n'avait si mal visé, depuis ses tous premiers essais d'archer. Preuve s'il en était besoin que ses mouvements étaient gênés par une blessure quelconque.
Les nains se disposèrent ensuite en ligne, presque coude à coude, formant barrage devant la grotte qui abritait les plus jeunes, épées et haches de guerre prêts à servir. Les elfes de leur côté étaient remontés en selle. Le combat fut violent mais redoutablement efficace : les elfes tournaient autour des araignées et les lardaient de leurs traits. Les nains leur tailladaient les pattes et le bas du corps, évitant les redoutables mandibules sans jamais laisser les monstres franchir leur ligne défensive. Prises entre deux feux, les araignées semblaient presque indécises, comme si elles ne savaient pas quels adversaires affronter. Les elfes à cheval paraissaient insaisissables, volant, tourbillonnant autour d'elles, décochant flèche sur flèche. Les nains étaient moins rapides mais opposaient aux assaillantes un barrage d'acier, tout en frappant juste et avec efficacité. L'un dans l'autre, l'association des deux groupes fit merveille et fut d'une redoutable efficacité : sans les nains pour défendre la grotte, les elfes auraient perdu de leur mobilité car ils auraient dû le faire eux-mêmes. Sans les elfes qui attaquaient les monstres de toutes parts, les nains auraient eu infiniment plus de mal à ajuster leurs coups.
Tant et si bien que globalement, malgré la violence de l'affrontement, ce dernier fut rapide. Haletants, Fili, Kili, Ori et Legolas y avaient assisté depuis leur abri de roche, rêvant de s'y mêler tout en admirant la maîtrise de leurs aînés. Par recoupements, Fili et Kili pensaient que c'était ces horribles araignées qui les suivaient depuis un certain temps et qui faisaient bouger les branches des taillis. Le cliquètement qu'ils avaient entendu par deux fois, c'était soit leurs mandibules soit leur espèce d'étrange langage.
Quoi qu'il en soit, lorsque le dernier arachnide, pattes sectionnées, ne fut plus qu'une masse inerte sur le sol de la forêt, il y eut un moment un peu étrange, comme si le temps lui-même suspendait son cours. Elfes et nains firent le compte de leurs blessures, apportèrent les premiers soins à ceux qui étaient le plus sérieusement atteints et, comme la fureur du combat coulaient encore dans leur veine et que n'importe quel guerrier se trouvera toujours en étroite communion d'esprit avec celui qui a combattu à ses côtés, que le sang versé en commun crée des liens inconnus du commun des mortels, durant un instant toute inimitié disparut. Chacun apporta son aide là où elle était nécessaire, il y eut des sourires rapides, vites ravalés, quelques mots échangés sans la moindre acrimonie puis, finalement, tout le monde se retrouva, pour tout dire, un peu bête. Chacun redevint lui-même, une distance, à nouveau, écarta les uns des autres, ceux qui durant quelques minutes n'avaient plus formé qu'une seule troupe de combattants unis contre un ennemi commun et dans un même but redevinrent deux groupes distincts.
- Bien, fit enfin Thranduil. Feldïr va vous reconduite à la lisière de la forêt. Vous ne pourriez pas retrouver votre chemin d'ici.
- Entendu, répondit Thorin.
C'était vrai, tous deux ne s'aimaient pas et cela ne changerait jamais. Mais ils avaient collaboré pour retrouver et protéger leurs enfants respectifs, ils s'étaient battus ensemble, et même si ce souvenir ne tarderait sans doute pas à s'estomper, pour le moment il demeurait vif dans leur esprit.
Legolas et les trois jeunes nains le ressentirent parfaitement. Ils en éprouvèrent tous quatre le même soulagement : tous appréhendaient un peu les commentaires de leurs parents respectifs quant au fait qu'on les ait retrouvés tous ensemble. Ils étaient prêts à dire la vérité, bien sûr : "Il nous a aidés" / "Ils m'ont aidé", mais enfin... Ils se regardèrent, chacun esquissant un sourire un peu timide, puis ils parlèrent tous ensemble :
- Merci.
Thranduil haussa les sourcils pendant que Thorin fronçait les siens.
- Bonne chance, ajouta Legolas.
- Soigne-toi bien, renchérit Kili.
- Oui, ajouta Fili, prends soin de toi.
- Au revoir, conclut Ori.
- On rentre, grognèrent ensemble les deux rois.
O0O
- Ils ont été grondés ? demanda Frodon.
Bilbon sourit.
- Un peu. Pas tellement, parce que leurs familles étaient trop contentes de les retrouver tous sains et saufs après avoir vu à quels dangers ils avaient échappé. Le lendemain, Kili n'eut pas la permission de sortir, car il était blessé et outre son dos écorché il ne pouvait pas se servir de ses mains : il avait fallu inciser ses paumes pour en retirer les échardes. Alors Fili et Ori restèrent avec lui pour lui tenir compagnie. D'ailleurs, après toutes les émotions de la veille, passer une journée paisible à l'intérieur n'avait rien de désagréable. Un jour de repos ne pouvait pas leur faire de mal, bien au contraire. Quant à Legolas, son père lui fit jurer de ne plus s'aventurer seul dans la forêt, pas avant d'être devenu grand et fort et capable de se défendre contre tous les périls. Cela l'agaça un peu mais en même temps, il dut reconnaître que Thranduil n'avait pas tout à fait tort.
Il y eut un moment de silence.
- J'aurais eu très peur, dans la forêt, dit Frodon.
- Moi aussi j'ai eu peur, dans cette forêt.
- Vous y avez été ? Vous ne me l'avez jamais raconté.
- C'est une histoire effrayante. Et contrairement à celle que je viens de te raconter, elle est vraie. Tu as le temps de l'entendre, plus tard.
- Celle-là elle était belle, d'histoire. Même si elle n'était pas vraie.
Oui, pensa Bilbon. Dans son conte, il avait inventé un sort plus doux à ses amis. Moins d'épreuve, aussi. Il avait même été jusqu'à imaginer une sorte de rapprochement entre les elfes et les nains. Car s'il restait pour jamais le cambrioleur de la Compagnie de Thorin, il serait également toujours très proche d'un elfe comme Elrond. Pour ne citer que lui.
Heureusement, pensa Bilbon, que l'on peut inventer des histoires. D'ailleurs tous les peuples ont leurs propres contes, leur propre folklore. Ce n'est sûrement pas pour rien. En cela toutes les races se ressemblent.
Rêveur, Bilbon resta longtemps ce soir-là à regarder le feu et à essayer d'imaginer les multiples types de récits des différents peuples de la Terre du Milieu. Il aurait aimé les connaître. Pour lui-même bien sûr, mais également pour les raconter à son tour.
Il y avait peut-être moyen d'en collecter quelques uns ici et là et d'en faire un recueil. Frodon pourrait même l'y aider, cela l'amuserait certainement.
Bilbon se promit de réfléchir très sérieusement à cette idée.
FIN
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Comme vous l'aurez compris, il se pourrait que je rajoute des contes de toutes sortes à la suite.
Laissons faire l'inspiration, en espérant qu'elle soit au rendez-vous.