Ceci est un conte de Noël, écrit dans le cadre du « Secret Santa » du collectif Noname. De très bonnes fêtes à Alena Aeterna, à qui cette histoire est destinée.
Alena, je me suis efforcée de tirer parti au mieux de ta fiche. Ça commence comme un conte, ça se poursuit avec de l'aventure et du danger et ça finit... ma foi, je ne vais pas révéler comment finit l'histoire mais disons que je me suis efforcée de glisser ici ou là un esprit "noëlisant".
Comme je ne savais pas quels sont les personnages que tu aimes le mieux, j'ai tâché de faire un mix.
Et joyeux Noël encore à tous ceux et toutes celles qui passeront par ici, à commencer par StillMyself, sans qui je me sentirais souvent bien seule sur le site, et Chiara Cadrich.
Plein de bonnes choses !
Pour info : comme toujours, je n'y connais rien en comparaison d'âge humain, nain, elfe, etc. Quand je dis que Legolas a 14 ans, cela signifie qu'il s'agit d'un adolescent. Je suppose que pour un elfe cela signifie qu'il a environ 800 ou 900 ans, ou plus, ou moins... Jamais rien compris à tout ça. Idem, pour les nains. Je donne un équivalent en années humaines, je ne sais pas faire mieux.
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Un voyageur qui défiant les rigueurs de l'hiver aurait mis le pied en Comté en ce mois de décembre aurait vu un étonnant tableaux s'offrir à ses yeux. La "verte" Comté n'était plus verte du tout. Elle était presque uniformément blanche, tant la neige était tombée drue cette année là. Tout était blanc, les routes, les talus, les toits, les arbres. Toute cette blancheur cependant était trouée de ci de là par des taches de couleur vive, parfaitement rondes : les portes des trous de hobbit. Enfin, au-dessus de tout cela flottaient les panaches de fumée qui sortaient de toutes les cheminées. Assurément, cela constituait un étonnant et pittoresque tableau.
Tableau dont les hobbits eux-mêmes ne profitaient guère : les chutes de neige étaient aussi abondantes que fréquentes, il ne se passait pas un jour sans qu'il neige à nouveau et, emmitouflés jusqu'aux nez dans d'épaisse écharpes, les habitants de la Comté se contentaient chaque matin et parfois une fois ou deux le jour de déblayer la neige devant leur porte ronde, histoire de ne pas finir totalement ensevelis dessous et d'avoir accès au moins à leurs puits. Les enfants, eux, étaient ravis. Ils sortaient jouer, faire de la luge (les talus de manquent pas dans la Comté) et faire des batailles de boules de neige. Ils n'avaient pas le temps d'admirer le paysage. Ils étaient à peu près les seuls à sortir ou du moins, à s'attarder à l'extérieur. Ici ou là on voyait bien quelqu'un couper du bois ou aller tirer un seau du puits, mais la plupart des adultes demeuraient au chaud et mettaient à profit ces jours d'hiver pour bricoler paisiblement à l'intérieur, effectuer quelques réparations, façonner de nouveaux meubles ou des jouets pour les enfants.
Le jeune Frodon avait comme les autres petits hobbits été jouer dans la neige cet après-midi là et il était rentré enchanté, les joues rouges comme des pommes, mais trempé et transi. Ses cheveux étaient mouillés, de la neige avait fondu dans son cou, dégoulinant ensuite jusque dans son dos et collant sa chemise à sa peau. Le pantalon et la veste ne valaient guère mieux. Même les poils de ses pieds étaient couverts de glaçons.
A présent, tandis que ses vêtements séchaient devant le feu, le jeune garçon se blottissaient dans un fauteuil au chaud tout en observant d'un œil inquiet son oncle Bilbon, debout immobile devant la fenêtre. Il n'y avait pourtant pas grand-chose à voir. De la neige et du blanc, du blanc et de la neige, laquelle par ailleurs s'était remise à tomber à gros flocons. Mais Bilbon ne regardait pas le paysage. Ses pensées l'avaient emporté très, très loin de son trou et de la Comté et les souvenirs affluaient. Bilbon était toujours assez nostalgique quand arrivait l'hiver. Car immanquablement il repensait à ceux qu'il avait perdu, justement au début de l'hiver, quelques années plus tôt, à l'autre bout de la Terre du Milieu. Il revoyait des visages et des endroits demeurés vivaces dans sa mémoire. Et toujours, il se demandait si tout cela avait été inéluctable ou s'il y aurait eu moyen de voir tourner les choses autrement.
Frodon avait deviné depuis longtemps que quand son oncle restait ainsi trop longtemps à ruminer, ce n'était pas des pensées heureuses. Il s'ingéniait alors à l'arracher à ses sombres souvenirs et à lui changer les idées.
- Oncle Bilbon, vous me racontez une histoire ?
Bilbon parut sortir d'un rêve qu'il faisait tout éveillé, mit quelques secondes à revenir au présent et se tourna en souriant vers l'enfant :
- Encore ? dit-il gentiment. Tu sais, tu peux aussi lire une histoire, pour changer.
Frodon fit la moue.
- Je n'ai pas envie de lire, protesta-t-il. Je préfère vos histoires.
Bilbon sourit à nouveau, sans répondre. Il commença par préparer du thé, sans plus paraître se soucier de l'enfant. Mais ce dernier connaissait le rituel et souriait aussi, de toutes ses fossettes, en attendant que son oncle soit prêt.
Sa tasse à la main, le respectable hobbit finit par s'installer dans le fauteuil voisin de celui de son neveu, alluma sa pipe et étendit ses pieds vers la chaleur de la cheminée. Que l'on était bien chez soi, par ce temps surtout ! Il aspira une bouffée de fumée, la savoura et finalement demanda :
- Tu veux quel genre d'histoire, cette fois ?
Cela aussi faisait partie du rituel et Frodon aurait été déçu s'il n'avait pas été respecté. Du reste, Bilbon en connaissait tellement, des histoires, qu'il fallait bien faire un tri.
- Une histoire que vous inventez, décida l'enfant après avoir réfléchi.
- Tu veux que j'invente une histoire ? Tu es bien exigeant !
- Oui, avec les gens que vous avez connus dans vos aventures.
- Ah, une histoire vraie, alors ?
- Non. Une histoire inventée mais avec des vrais gens.
Ce fut au tour de Bilbon de réfléchir. Des personnages réels mais des faits imaginaires, rien que ça. Ah, les enfants sont parfois de vrais tyrans, se dit-il non sans éprouver un élan de tendresse pour le petit hobbit qui attendait patiemment le récit demandé. Oh et puis pourquoi pas ? Il jeta un rapide coup d'œil vers la fenêtre, derrière laquelle la neige tombait toujours, but une gorgée de thé et commença :
- Il était une fois…