Ce genre de texte est une première pour moi. Mais j'ai eu soudain envie d'un truc léger, léger, au point d'en être absurde. L'idée m'en est venue après La mort n'est qu'un autre chemin, qui atteignait des tréfonds de noirceur. Il m'a seulement fallu un bon moment pour que ça se mette plus ou moins en place.
Il est probable que le texte suivant n'a ni queue ni tête. Inutile de chercher la logique, la cohérence ou la moindre chronologie par rapport aux événements dans ce texte : il n'y en a pas.
J'ajoute que le texte est publié dans la catégorie "orphelins" du collectif Noname. J'avais proposé à tout hasard ce thème pour le challenge de septembre. Bon, il n'a pas été retenu, pas grave. Le voilà quand même, en "hors concours".
Alors par contre, contrairement à mes habitudes j'écris cette fic un peu au fur et à mesure et je ne promets aucune publication régulière. Je ne sais pas combien il y aura de chapitres ni quels personnages seront concernés, ce sera en fonction de l'inspiration (et au cas où quelqu'un en douterait : je suis très fan de la Terre du Milieu vue par Peter Jackson et de ses personnages. Alors non, je ne cherche pas à me moquer d'eux. Promis. Vous savez, c'est comme quand on plaisante avec de bons amis. Il n'y a aucune intention malveillante derrière et chacun sait qu'il faut le prendre à la rigolade). Et comme je ne sais pas faire autrement, je me suis efforcée de conserver à chacun son caractère et tout ce qui va avec et... bref, voilà, vous savez tout et vous êtes prévenus. Alors si la loufoquerie vous tente, je vous dis : bonne lecture. Et n'hésitez pas à laisser un commentaire, ça fait toujours plaisir.
OOOOOOO
Le docteur Gandalf Le Gris fit du regard le tour de sa salle de thérapie, accordant un coup d'œil appuyé à chacun des patients réunis là en ce jour. Tous paraissaient mal à l'aise (classique), certains étaient tendus, comme prêts à bondir de leurs sièges pour s'en aller au plus vite, d'autres semblaient hésitants, comme s'ils n'étaient pas vraiment certains d'avoir pris la bonne décision en venant. Gandalf s'éclaircit la voix et prit la parole d'une voix calme et persuasive :
- Bonjour à vous tous. Vous savez déjà qui je suis, donc je ne vais pas me présenter. Quant à vous, rien ne vous oblige à donner vos noms tout de suite. Si vous êtes ici, tous autant que vous êtes, c'est parce que vous estimez que quelque chose ne va plus très bien chez vous, ou pour vous, et que vous souhaitez retrouver la paix de l'âme.
Quelqu'un marmonna quelque chose.
- Je vous demande pardon ? s'enquit aimablement Gandalf.
- J'ai dit : nous nous connaissons déjà tous, je ne vois donc pas l'intérêt de devoir redire nos noms.
- Vous voudrez bien faire l'effort de dire vos noms et de vous présenter en quelques mots, chacun votre tour : cela fait partie de la thérapie.
Le psychologue marqua une pause, tirailla un peu sa longue barbe grise (geste compulsif qu'il avait adopté chaque fois que sa pipe lui manquait), fit à nouveau le tour des visages qui formaient cercle autour de lui, enfin poursuivit :
- Voilà comment les choses vont se passer. Chacun, tour à tour, vous allez prendre la parole pour expliquer ce qui vous gêne. Ne cherchez pas à faire de belles phrases, ne réfléchissez pas trop, dites les choses comme vous les ressentez et comme elles viendront. Personne ne vous interrompra. Surtout, rejetez toute gêne et tout embarras : vous êtes tous ici dans le même cas, il n'y a donc pas de quoi avoir honte.
Un toussotement irrité l'interrompit et un elfe à la haute stature et au visage empreint d'une dignité hautaine demanda abruptement :
- Faut-il vraiment que nous devions étaler toutes nos hontes, puisque vous en parlez, et tous nos regrets devant témoin ? L'humiliation fait-elle partie de votre « thérapie », puisque c'est le mot que vous avez employé ?
Plusieurs autres personnes, dont un nain aux cheveux noirs, parurent approuver, fixant Gandalf avec des yeux étincelants et des regards durs.
- Avez-vous écouté ce que je viens de dire ? demanda Gandalf, légèrement irrité. Tout le monde ici est logé à la même enseigne. Et pouvoir parler en public de ses inhibitions fait tout l'intérêt et la force des thérapies de groupe. Ne serait-ce qu'en plaçant chacun de vous devant cette simple évidence : vous n'êtes pas le seul à souffrir et à ne plus savoir où vous en êtes. Alors... ne perdons pas plus de temps. Qui veut commencer ?
Il y eut un très long silence. Certains jetaient autour d'eux des coups d'œil furtifs, comme s'ils espéraient voir quelqu'un se désigner lui-même, d'autres fixaient ostensiblement le plafond ou le vide, manifestement déterminés à ignorer la question.
Gandalf, rompu à ce genre de gêne commune à tout début de session, attendit patiemment. Il laissait toujours beaucoup de temps à ses patients. Si vraiment personne ne prenait la parole, il lui faudrait intervenir et désigner lui-même quelqu'un, mais cela ne devait pas se faire à la légère et, s'il pouvait l'éviter, ce serait encore mieux.
Au bout d'un long temps de silence, une main se leva timidement :
- Moi, je... je veux bien commencer.
- Monsieur Sacquet, fit Gandalf avec une satisfaction non dissimulée. Ah, cela ne m'étonne pas. Une fois encore s'il en était besoin, vous nous faites la démonstration du courage des hobbits.
- En vérité ? intervint à nouveau Thranduil, roi de la Forêt Noire, qui était déjà intervenu précédemment. Quel genre de problème psychologique peut bien rencontrer un semi homme ? Il y a une étagère vide dans son garde-manger ?
Bilbon Sacquet rougit violemment et se tassa sur son siège. Gandalf quant à lui foudroya l'elfe du regard :
- Est-ce là la sagesse légendaire des elfes ? riposta-t-il avec colère. Monsieur Sacquet n'ayant encore rien dit, je ne vois pas comment nous pourrions préjuger de ce qui l'amène. Et de toute manière, il est bien facile de juger la souffrance des autres comme insignifiante, n'est-ce pas ?
Puis, regardant à nouveau Bilbon, il ajouta :
- Parlez sans crainte. Vous êtes là pour ça. Je vous remercie d'avoir bien voulu commencer. N'oubliez pas que chacun ici est dans le même cas que vous : quelque chose qui coince aux entournures.
Faisant à nouveau des yeux le tour des participants, Le Gris ajouta :
- Je vais vous demander de ne pas interrompre Monsieur Sacquet tant qu'il n'aura pas terminé. Si vous avez des questions, notez-les, vous les poserez quand son exposé sera fini. Vous comprenez facilement combien parler ainsi de soi est difficile, alors ne le coupez pas, je vous remercie. Bilbon, je vous demanderais de faire l'effort de répondre aux questions qui pourront vous être posées. C'est dur, je le sais, mais vous verrez que cela vous sera salutaire. Au travers de ces questions vous pourrez vous en poser d'autres qui peut-être vous permettront de bien cibler votre mal-être. Comme on le dit si bien, un problème connu se résout plus facilement qu'un autre. Toutefois, si vous vous sentez vraiment incapable de donner une réponse, dites-le franchement et nous aviserons. Mon ami, nous vous écoutons.
Bien que nul ne lui ait demandé de se lever, le hobbit quitta son siège et se mit à marcher de long en large, sourcils froncés, cherchant comment commencer.
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Note de l'auteur :
Tous les chapitres se "chevauchent". Vous avez ici le début de ce qui sera le premier chapitre, et à la fin du premier ce qui sera le début du second, et ainsi de suite.
P.S. : Evidemment, vous vous doutez bien que TOUS les personnages de la trilogie « Le hobbit » ne seront pas traités –c'est le cas de le dire- au cours des prochains chapitres. En fait, deux chapitres encore sont déjà écrits. Après, ça va devenir aléatoire.