Salutations camarades !
Je sais que j'ai mis un temps fou à poster après le premier chapitre mais j'avais perdu l'inspiration pour certaines histoires que je comptais revisiter. J'avais aussi prévu de publier sur le conte de l'Astucieuse fille du paysan ou bien du Vaillant petit tailleur mais aucun de mes écrits ne me satisfaisait. Puis il y a quelques temps j'ai revu un film qui a bercé mon enfance et j'ai décidé de m'en inspirer pour écrire une chapitre.
Nous retrouvons ici Peter Pan et le Pays Imaginaire, mais aussi le monde du Livre de la Jungle. J'avoue m'être surtout inspirée du Disney pour écrire n'ayant pas lu le livre. Cela dit je n'évoque que les personnages apparaissant dans les deux oeuvres, seuls le personnage de Shanti est une création de Disney, il me semble, ainsi que de quelques autres personnages secondaire qui sont de mon invention. Je ne dévoile pas tout de suite le nom du film, je vous laisse deviner au fil de la lecture.
Bonne lecture et rendez-vous plus bas pour plus d'explications !
Le feu s'était propagé à une telle vitesse que le village avait entièrement brûlé en l'espace de quelques heures seulement. Le nombre de survivants se contait sur les doigts des mains et parmi eux, un petit groupe d'enfants dont le plus âgé allait sur ses dix-sept ans. Et il n'avait jamais été réellement un enfant.
Après avoir échappé à l'incendie qui réduisait en cendres ce qui avait toujours été leur maison, les enfants avaient suivis le plus âgé dans l'épaisse jungle qui entourait le village. Sa maison. Il espérait juste que le feu se bornerait au village et n'irait pas détruire la splendide jungle qui l'avait recueilli et qui l'avait vu grandir.
Ils avaient erré pendant des jours à la recherche d'un endroit sûr, se contentant d'appliquer les conseils de survie de leur aîné. Même si les plus jeunes étaient les plus aptes à se plaindre, ils n'en comprenaient pas moins qu'ils devaient survivre malgré tout, même si cela impliquait de devoir dormir dans un arbre ou de manger des insectes trouvés sous un rocher.
Un jour, un petit garçon osa briser le silence qui s'était installé entre eux.
« Que cherches-tu exactement Mowgli dans la jungle ? Il n'y a rien pour nous ici. »
Le plus âgé tourna la tête et la fixa de son étrange regard, un peu sauvage, distant, mais où brillait aussi une étincelle de bienveillance.
« Ma famille. »
oOo
Sa famille, il ne l'avait pas trouvée. Alors que les plus jeunes dormaient enfin, il se risquait à appeler doucement dans le noir de la nuit les noms de Baloo, de Bagheera et même de Kaa. Personne ne lui avait répondu. Il se sentait tellement abandonné, à tel point qu'il aurait explosé de joie si il avait vu Shere Khaan. Mais personne n'était venu. Etait-il partit depuis si longtemps que les animaux de la jungle ne pouvait plus le comprendre ? Il l'ignorait. Pour seule réponse lui parvenait les sanglots étouffés du groupe d'enfant qu'il avait pris en charge. Ils étaient tous orphelins désormais. Des enfants perdus au beau milieu d'une jungle qui finirait bientôt par les dévorer.
oOo
Alors que tous dormaient sous le regard vigilant de Mowgli et de Shanti, la seule fille du groupe et plus âgée après Mowgli, une détonation de fusil retentit, réveillant les autres. Une autre les firent prendre leurs jambes à leur cou. Après plusieurs minutes de course, ils déboulèrent dans une petite clairière où ils stoppèrent net. Contemplant l'affreux spectacle, Mowgli se laissa tomber à terre et hurla. Il avait retrouvé sa famille. Mais pas comme il l'aurait souhaité. Dans des cages se trouvaient les corps de son père, sa mère et ses frères loups, celui de Bagheera, de Baloo et même de Kaa.
Morts. Ils étaient tous mort.
Ils seraient morts si Shanti n'avait pas eu l'idée de secouer l'enfant de la jungle, puis de lui crier dessus pour le ramener à la réalité.
« Debout ! Si tu restes tu es mort. Et si tu meurs, nous le serons aussi. Je compte sur toi. Tous. Lève-toi. Tu auras tout le temps de pleurer ta famille plus tard. »
Mowgli resta sans bouger, alors que le chasseur se rapprochait de plus en plus, à la plus grande peur des autres garçons.
« N'abandonne pas. Je t'en prie. Si tu restes en vie, tu pourras les venger plus tard. »
Alors doucement, tel un automate Mowgli se releva et suivit celle qui avait été sa première amie à son arrivée au village, s'enfonçant encore plus dans la jungle.
oOo
« Je veux rentrer à la maison. »
Le petit Suresh pleurait, inconsolable. Cela faisait des jours qu'ils avaient fuit et malheureusement pour eux, trouver de quoi se nourrir devenait de plus en plus difficile.
A leur plus grand étonnement, après l'histoire du chasseur, c'était Shanti qui avait pris la tête du groupe. Elle avait assez observé Mowgli et appris pour se débrouiller un minimum et survivre. Mais pour le moment ce qui l'inquiétait, ce n'était pas le fait qu'ils ne trouvaient pas de quoi manger, à croire que le chasseur avait tué tous les animaux de la jungle pour sa collection personnelle, ni le fait qu'il ne semblait pas avoir de point d'eau aux alentours. Non ce qui inquiétait la jeune indienne c'était que Mowgli s'était muré dans un silence inquiétant. Il semblait être ailleurs. Et ne pas vouloir revenir parmi eux.
« Mowgli ?
- …
- Je suis désolée pour ta famille. Vraiment. »
Seul le silence lui répondit.
Elle ne pouvait pas comprendre. Elle ne pouvait pas comprendre ce que c'était de voir des membres de sa famille morts, de savoir qui était le responsable, mais être impuissant fasse à tout cela. Tout ce qui avait fait sa jeunesse, tout ce qui avait fait de lui ce qu'il était à présent était partit, envolé et il n'en connaissait même pas la véritable raison. Pourquoi eux ? Pourquoi les avoir tous tués ? Et que faisait-il ici ? Comment un homme blanc avait-il pu venir ici et tout détruire sur son passage, avec juste un fusil et quelques cartouches ? Non elle ne pouvait pas comprendre. Il était un orphelin désormais.
« Nous sommes tous des orphelins. Nous avons aussi perdu notre famille. »
Shanti se leva pour le laisser vaquer à ses sombres pensées, qu'elle avait pu deviner. Mais il la retint.
« Reste avec moi ».
Et elle resta, chantonnant tout en passant sa main dans les cheveux de son ami, qui finit par s'endormir la tête sur ses genoux. La nuit était tombée, mais elle continuait de chanter.
Ma maison sous le chaume
Ma maison, mon royaume
Dans les bois, chasse mon père
Chez nous, maman cuit le pain
Moi je vais à la rivière
En chantant ce doux refrain
Ce refrain, ce refrain
Je m'en vais à la rivière
En chantant ce doux refrain
Un jour, mon mari pour me plaire
Me fera une maison
Et notre fille, à la rivière,
Reprendra cette chanson
Et moi, comme le fait ma mère
Je serai dans ma maison.
Elle n'avait plus de maison. Mais elle avait une petite famille sur laquelle veiller et elle le ferait, coûte que coûte.
oOo
Deux jours plus tard, alors qu'ils commençaient tous à se faire à l'idée de mourir ici, ils avaient entendu une étrange musique, le son étrange d'une flûte et tous, sans exception s'étaient levés, comme envoûtés et avaient suivi l'étrange son, indifférents aux dangers de la jungle. Et près d'un cour d'eau ils l'avaient vu. Un gamin pas plus âgé qu'eux, jouant d'une étrange flûte et qui leur souriait. Il s'était levé et avait tendu la main et tous l'avaient suivit, sentant une étrange connexion entre eux. Tout ce qu'ils voulaient, c'était quitter cette jungle, trouver un nouveau foyer. Ils avaient besoin d'être rassurés. Cet étrange garçon leur promettait tout cela. Alors ils le suivirent, faute de mieux, parce qu'ils n'en pouvaient plus, parce qu'ils avaient peur et que ce garçon leur semblait être leur sauveur avec ses promesses d'amour, de famille et de foyer. Ils ignoraient à quel point il se trompaient.
oOo
« Bienvenue au Pays Imaginaire ! »
Les enfants furent déçus. Ils ne s'étaient pas attendus à encore une fois, avoir affaire à une jungle, qui leur sembla hostile dès le premier instant. Ils furent confrontés au regard méfiant des enfants perdus déjà présents, surtout Shanti. Elle était une nouvelle fois la seule fille. Les garçons la regardait avec curiosité. Et elle n'aimait pas la façon dont le grand blond louchait vers elle.
Mais en attendant on leur offrait l'hospitalité et il valait mieux ne pas les froisser. Il y avait quelque chose d'inquiétant dans les yeux du leader. Et puis avec un peu de chance, ils reprendraient des forces et s'en iraient loin, loin d'ici, ils trouveraient un nouveau village à construire. Une nouvelle vie à bâtir.
Alors qu'elle s'allongeait pour se coucher, elle sentit le regard de Félix sur elle et elle ne put s'empêcher de frissonner. Elle se promit de ne jamais rester seule avec lui.
oOo
« Il a tué ma famille… j'aimerais…
- Le voir mourir aussi ? Lui faire la même chose ?
- Oui »
Peter Pan était compréhensif. Mowgli était heureux de pouvoir se confier à quelqu'un qui le comprenait.
« Tu pourrais le faire tu sais. Je pourrais le trouver pour toi, l'emmener ici et tu pourrais le faire souffrir comme il t'a fait souffrir. »
Pan s'éloigna, laissant l'enfant de la jungle méditer et savourer la possibilité d'une vengeance. Elle ne lui ramènerait pas sa famille mais au moins il obtiendrait une revanche, une forme de justice.
Ce que Mowgli ne savait pas, c'était que cette promesse serait accompagnée de multiples conséquences. Pan sourit cruellement à cette idée.
oOo
Les jours passaient et les jeunes indiens restaient toujours en retrait. Ils ne se mélangeaient que très rarement aux autres. Il y avait un fossé beaucoup trop important pour eux. Et tandis que Pan les observaient, observait les disputes qui la plupart du temps étaient réglées par Shanti, il sentit que quelque chose lui échappait. Il mit plusieurs jours à comprendre ce qui l'agaçait. Ils ne lui obéissaient pas. Quand il les avaient recueillis, il comptait en faire de parfaits petites marionnettes. Ils avaient tous perdu, leurs parents, leurs maisons, leur village. Ils étaient brisés et auraient du, en toute logique voir en lui un Sauveur, un maître auquel ils obéiraient sans poser de questions. Mais il n'en était rien. Ils ne restaient que parce qu'ils n'avaient nul part où aller. Il n'était pas leur chef. Et ça Pan ne pouvait le supporter. Les enfants avait un autre leader. Un ennemi. Il l'observa veiller sur les enfants avec hargne, puis se tourna vers Félix qui était occupé à tailler de nouvelles pointes de flèches.
« Charge toi d'elle Félix. Détruit-la. »
Le blond se leva, ravi. Cette petite peste allait apprendre qu'il ne pouvait avoir qu'un seul maître ici.
Il n'aima pas savoir que son second puisse toucher quelqu'un d'autre que lui mais c'était pour la bonne cause. Il pouvait faire ce sacrifice.
oOo
« Tu nous as menti. Il n'y a rien pour nous ici. Laisse nous repartir. »
Pan et Mowgli se dévisageaient. Le premier essayait tant bien que mal de cacher un rictus amusé, mais ses yeux parlaient pour lui. Le deuxième ne cachait pas son dégoût.
Pan le dégoûtait et il se dégoûtait lui même. Parce qu'il était resté trop longtemps dans son chagrin, parce qu'il s'était laissé morfondre dans une peine qu'il aurait pu partager avec les autres et embobiné par une promesse de vengeance personnelle qu'il en avait oublié les autres, Shanti, Suresh, Ajay, Rajan… tous avaient placé leur confiance en lui et il les avaient abandonnés. Il avait été à la fois soulagé de voir qu'ils avaient pu compter sur Shanti mais aussi honteux d'avoir laissé pesé sur elle la charge des enfants.
« Ce n'est pas grave Mowgli. Tu… tu avais perdu beaucoup. Beaucoup trop.
- Vous aussi. Je suis désolé. J'aurai du…
- Non. Ne t'en veux pas pour ça. Tu n'y pouvais rien. Nous sommes vivants. Et nous sommes ensemble. C'est tout ce qui compte. »
Puis il l'avait prise dans ses bras, elle son amie, celle pour qui il avait quitté la jungle, celle pour qui il avait eu des sentiments amoureux avant de se rendre compte qu'ils ne seraient jamais rien de plus que des amis et que cela le rendait tout aussi heureux. Celle qui l'avait défendu maintes et maintes fois alors que son attitude parfois sauvage avait faillit le faire chasser du village, qui lui avait appris à lire alors qu'elle même en tant que fille n'était pas censée savoir le faire.
Elle tressaillit.
« Quelque chose ne vas pas ? Je t'ai fait mal ?
- Non… rien du tout. Ce n'est rien. »
Mais quelque chose n'allait pas. Alors il remarqua ses yeux cernés, rougis. Son air fatigué, sa silhouette voûtée. Ses lèvres qui tremblaient légèrement et ses mains qui tiraient sur les manches de sa tunique. Où était passé la jeune fille forte malgré toutes les épreuves. Leur véritable leader ?
Il n'eu pas le temps de poser plus de questions que Shanti s'était enfuie, comme si elle fuyait quelque chose. Ou quelqu'un.
Alors après le dîner, alors que tout le monde partait pour jouer ou aller dormir pour les plus jeunes, il avait vu Shanti s'isoler et l'avait suivit. Il l'avait trouvée non loin d'un point d'eau, sanglotant et à moitié dévêtue.
« Shanti ? Tout va bien ? »
Cette dernière sursauta et essaya de remettre en place sa tunique le plus vite possible. Mais rien n'échappait à Mowgli. Pas quand on avait passé des heures à chasser.
Un énorme bleu ornait son épaule, ainsi qu'une étrange marque dans son cou.
« Shanti ? »
Cette dernière baissa les yeux.
« Qui t'a fait du mal ? Tu peux tout me dire tu sais. »
Mais elle ne répondit pas. Elle se contenta de pleurer. C'est là qu'il comprit qu'ils s'étaient fait bernés. Qu'il s'était fait berné.
oOo
Il avait fallu trois jours pour que Mowgli apprenne la vérité. Il n'avait pas quitté Shanti, ni aucun des autres enfants du regard. Puis quand Shanti était partie pour aller se laver, Félix l'avait suivie presque immédiatement et Mowgli avait fait de même.
Et il avait bien fait.
En arrivant près du point d'eau où elle avait pris l'habitude de se laver, il y avait aussi Félix, qui se tenait bien trop proche d'elle, enfermant son poignet dans une étreinte ferme et qui posait son autre main sur sa poitrine dénudé.
« Arrête…
- Laisse toi faire… tu verras, ce sera beaucoup mieux et tu aimeras ça. »
Mais Shanti se débattait tandis que Felix essayait de l'embrasser.
Mowgli avait fait quelques pas puis bondit sur Félix et son poing s'était abattu sur son nez. Un craquement avait suivit et Mowgli en avait retiré une étrange satisfaction.
« Laisse la tranquille ! Elle a dit non. »
Félix ne lui répondit pas, trop occupé à tenir son nez qui saignait abondamment, mais le regardait avec haine. Shanti s'était enfuie. Mowgli leva le point encore une fois, puis une autre, ne laissant pas le temps à Félix de se défendre. Mais bientôt Mowgli se sentit stoppé dans son élan par une étrange force.
Pan.
« Ça suffit. »
Il fit un geste en direction de Félix et ce dernier disparu dans un nuage de fumée. Puis un autre geste et Mowgli se sentit libéré.
« Il le méritait. Il a fait du mal à Shanti.
- Ce n'était qu'un jeu… si elle ne sait pas s'amuser, elle n'a rien à faire ici.
- Ce n'était pas un jeu et tu le sais très bien.
- Si c'est ce que tu penses. Mais je te préviens, ne t'avise plus de lever la main sur mon second, où je t'arrache le coeur et je l'écrase sous tes yeux.
- Bien. Ça ne sera plus un problème. Nous partons.
- Pardon ?
- Nous partons. Moi et les autres. Nous allons trouver un autre endroit. Meilleur que celui-ci.
- Tu penses vraiment pouvoir partir ? »
oOo
Ils avaient été faits prisonniers, tous. Reliés les uns aux autres par une corde et encerclés par les autres enfants perdus qui pointaient leurs armes sur eux, ils n'avaient plus aucune chance. Pan marchait de long en large le long de la plage, les regardant avec un rictus amusé, s'attardant un moment sur Shanti. Elle ne baissa pas le regard.
« Personne ne s'échappe du Pays Imaginaire sans mon autorisation. Vous êtes sous mon autorité. Quiconque me défiera sera puni de mort. Toutefois je veux bien me montrer clément et vous pardonner, si vous me jurez fidélité et que vous jurez de m'obéir. »
Silence. Même Rajan, le plus petit, semblait comprendre la situation. Tous les garçons tournèrent la tête vers Shanti pour voir sa réaction. Elle se contentait de fixer Pan sans rien dire. Mowgli ne put s'empêcher d'admirer son courage et sa force. Elle ne plierait pas.
Quand à Peter, il abandonna très vite son air faussement doux pour laisser place à un visage froid. Ils ne les auraient jamais. Pas tant qu'elle serait en vie. Elle était son obstacle.
« C'est votre dernière chance. »
Le silence dut sa réponse.
« Bien. »
Et alors tous sentirent que quelque chose d'horrible aller se passer. Félix se pencha sur Shanti, défit ses liens et la poussa sans ménagement vers Pan. Se dernier la fixa sans rien dire pendant un moment avant de plonger sa main dans sa poitrine et d'en ressortir son cœur.
« Jurez ou elle meurt.
- Ne faites pas ça. Ne pliez pas devant lui. »
Tous se murèrent dans le silence, le défiant du regard. Pan serra le cœur un bref instant et Shanti se plia en deux. Elle avait mal, si mal. Mais ce n'était rien en comparaison de ce que Félix lui avait fait. Rien du tout.
« Allons ma jolie. Tu vois bien que c'est inutile. Jure et personne ne viendra plus jamais t'embêter. Je te le promet. »
Shanti lui cracha au visage.
Un instant plus tard Pan, le visage rouge de colère, pressait le cœur, jusqu'à ce qu'il n'en reste plus que de la poussière. Le corps de Shanti chuta au sol. Un long moment de silence s'ensuivit.
Morte. Elle était morte et ils n'avaient rien pu faire. Plusieurs paires d'yeux se levèrent vers le garçon qui refusait de grandir, des yeux où brillait la tristesse et la haine.
Mais Pan n'en n'avait que faire. En fait il avait longtemps compris que jamais il n'aurait la soumission des enfants venus d'Inde et surtout pas de Shanti. Jamais. Ils étaient bien trop attachés à leur monde, bien trop loyal à la jeune fille pour se soumettre à lui. Shanti était leur chef. Et tant qu'elle était en vie, ils ne se soumettraient pas. Et le problème, c'est qu'il ne pouvait y avoir qu'un seul chef ici. Il était hors de question pour lui de partager le Pays Imaginaire. Oh, il aurait très bien pu la renvoyer chez elle et les laisser se débrouiller tous seuls dans la jungle, les laisser se faire dévorer par ce tigre dont Mowgli lui avait une fois parlé ou bien laissé la nature s'occuper d'eux, elle était aussi meurtrière qu'un couteau. Mais cette décision aurait été une preuve de faiblesse. Non, il fallait qu'il montre à quel point il était puissant et que personne ne se mettait en travers de son chemin. Et même désormais qu'elle était morte, ils lui serait toujours fidèle. Même Mowgli dont il avait presque réussi à se faire un allié s'était retourné contre lui. Le plus dangereux après Shanti.
De toutes les façons ils ne lui seraient jamais utiles. Ils n'étaient que des enfants qui avaient grandit trop vite. Ils n'avaient pas encore eu l'occasion de s'amuser.
S'amuser.
Un plan cruel se forma alors dans son esprit.
« Emmenez les. Je m'occuperait d'eux plus tard. »
Pour le moment, il avait un jeu à construire.
oOo
Quelques jours plus tard, lui et Félix les conduisirent, toujours attachés, au Vallon Noir. L'espace de quelques instants, Mowgli pensa qu'il allait les tuer.
Après quelques instants de silence l'Ombre apparut, tenant dans ses mains une grande boîte de bois assez plate qu'elle tendit à Peter qui l'ouvrit.
« Je comptait vous tuer. Vous arracher votre Ombre. Vous seriez morts dans d'atroces douleurs pour m'avoir défié. Mais j'ai pensé à autre chose. Puisque vous sembliez tant aimer votre jungle je vais vous y emmener. Mais j'y ai apporté quelques modifications. Il faut bien s'amuser un peu quand on est un enfant, non ? »
Il ouvrit la boite. A l'intérieur se trouvait un globe noir qui occupait le centre et tout autour, ce qui ressemblait à différents chemins dallés, qui tous, menait vers le globe.
Une lueur de folie malsaine brillait dans les yeux de Pan tandis qu'ils se posaient sur Mowgli qui ne pu réprimer un tremblement.
« J'ai même honoré ma promesse. Tu t'en souviens ? »
Les enfants ne comprirent pas tout de suite ce qu'il en retournait. Puis Pan et Félix mirent les prisonniers en cercle autour de la boite. L'Ombre se mit à leur tourner autour à toute vitesse tandis que Pan levait les mains et se mettait à réciter une formule en une étrange langue. Félix observait la scène d'un air satisfait.
Bientôt une aura de lumière verte entoura les enfants et la boîte, qui devint de plus en plus forte. Il y eu des cris de panique, un grand éclat vert et puis le silence.
oOo
Ils étaient revenus dans la jungle. Ils auraient du être heureux mais Mowgli avait aussitôt deviné que ce n'était qu'un piège. Quelque chose clochait. Déjà il était seul. Où étaient passés les autres ? Et ensuite la jungle...Ce n'était pas sa jungle. Elle semblait… hostile. Comme si chaque chose était susceptible de les tuer. Et il n'avait pas tord.
Après avoir erré quelques heures, Mowgli fut surpris par une détonation de fusil. Il se retourna pour y voir avec horreur le visage du chasseur qui avait tué sa famille camouflé dans un buisson. Une autre détonation le fit se coucher à terre pour éviter la balle, avant de se relever et de se mettre à courir, n'importe où, mais ailleurs.
Quand il eu enfin trouvé un abri, il constata avec horreur que Pan avait tenu sa promesse. Mais il était le chassé. Et il le serait tant que le chasseur ne l'aurait pas eu. Et chaque jours lui offrait son lot de mauvaises surprises. Plusieurs fois il faillit être étranglé par des lianes, avalé par une fleur géante, piqué par des moustiques géants ou tout simplement piétiné par un troupeau de bêtes sauvages, tout en étant régulièrement poursuivit par le chasseur. Et aucune trace des enfants…
Ce fut un jour qu'il tomba sur eux. Où ce qu'il restait d'eux. Ils portaient de grands masques étranges et parlaient une langue que Mowgli ne comprenait pas. Ils étaient devenus les pions de Pan. Et lui aussi.
Et quelque chose lui soufflait qu'ils ne seraient pas les seuls prisonniers de cette jungle, bien au contraire.
Mais pour le moment il était le prisonnier de cette jungle, de cette boite, qu'avait inventée Peter Pan et il redoutait le moment où quelqu'un l'ouvrirait et serait lui aussi prisonnier de ce jeu tordu.
oOo
Pan ramassa la boîte et observa l'inscription sur la boite en souriant puis la tendit à l'Ombre qui se chargerait de le déposer dans un autre monde.
Il fallait bien que Mowgli aie de la compagnie après tout.
L'Ombre s'envola dans les airs au son des battements de tam-tams.
Bientôt les enfants découvriraient le monde impitoyable de Jumanji.
Alors, avez vous deviner de quel film je parlais ?
Jumanji fait partit de ces films qui ont bercé mon enfance. D'ailleurs, Robin Williams qui interprête Alan Parrish, l'enfant enfermé dans le Jumanji dans le film est joué par le regretté Robin Williams, qui a également joué Peter Pan dans le film Hook, un autre film de mon enfance. Pour informations, Jumanji signifie "Multiples conséquences" en langue Zoulou.
Je me suis aussi inspirée de la série animée Jumanji en transformant les enfants en Manji et en m'inspirant aussi de théorie autour du film que l'on peut retrouver sur internet. Le chasseur n'est autre que Van Pelt.
Voilà, j'espère que ça vous a plus, à bientôt !