Bonsoir ! Avec un petit retard, je vous propose mon Coup de soleil à Numenor. Et non pas coup de chaud n'importe où comme j'ai failli l'écrire ! J'espère qu'il vous plaira avec ce temps caniculaire !
L'officier défonça la porte d'un coup de sa botte renforcée. Il commençait à avoir la technique, d'autant que les constructions n'étaient pas faites pour résister à pareil traitement. Il fit signe à deux de ses hommes d'entrer pour fouiller l'endroit. Lui-même passait à l'habitation suivante pour lui faire subir le même traitement, tandis que les soldats en quittaient une autre, les bras chargés de livres et de parchemins. C'était une bonne pioche semblait-il ! Le vieil homme qui vivait là semblait totalement désemparé. Son épouse l'agrippait, pressentant qu'il pourrait faire quelque chose qu'ils regretteraient tous les deux. Alors ils se prirent dans les bras, c'était tout ce qui leur restait.
Partout dans la ville, les hommes armés entraient violemment et ressortaient avec toutes les traces d'écrits qu'ils avaient pu trouver. Et nul n'en réchappaient, les habitants, les commerçants et mêmes les lieux de culte, tout était fouillé. Dépouillé. Ordre de sa majesté.
Ceux qui tentaient de résister étaient systématiquement embarqués vers la cellule la plus proche sans aucune délicatesse, et tant pis si celle-ci était déjà pleine à craquer.
Les documents, eux, rejoignaient tout les autres. Un gros tas sur la place, déposé à même le sol.
Peu importait s'il s'agissait de livres de comptes, de registres des naissances, de textes sacrés, de recueils de poésie ou de lettres d'amour. Tout devait disparaître.
Lorsque tout eut été rassemblé, dans ce village comme dans tous les lieux habités de l'île de Númenor, le plus haut gradé, qu'il fût capitaine de la garde ou simple grouillot dans les endroits reculés, approcha sa torche.
Le papier s'embrasa immédiatement à son contact. La chaleur de l'été était déjà insupportable mais le brasier rendait l'air tout bonnement irrespirable. Malgré les quelques précautions grossièrement prises, le vent porta l'incendie jusqu'à certaines demeures qui prirent feu en un instant. Une bonne chose selon les membres des forces de l'ordre, car les habitants se précipitèrent pour tenter de sauver ce qu'ils pouvaient, délaissant les manuscrits qui étaient d'ores et déjà partis en fumée et oubliant les gardes qui avaient commencé à subir leur ire.
Ils pouvaient bien les prendre à partie, les soldats n'y pouvaient rien. Ils ne faisaient que suivre les ordres de leur souverain, Ar-Gimilzôr.
N'ayant pu trouver un remède pour le coup de soleil sur son royal séant, il avait décrété que chacun de ces inutiles écrits de l'île brûlerait comme son auguste postérieur. Ordre de sa majesté.