Rating : K

Genre : Humour, Crack!fic

Disclaimer : L'univers et les personnages de One Piece appartiennent à Eiichiro Oda.

Note : J'ai récemment été très marquée par une fanfiction, qui m'a tellement remuée et chamboulée que, pour me remonter le moral, je suis allée déterrer ce vieux recueil de crack!fic, qui date de la fac (et non, je ne compterais pas les années que cela représente, merci bien). Du coup, j'ai eu envie de republier ce délire, dans la foulée. (Oui, Grise, c'est complètement à cause de toi que je dépoussière ce recueil !)

Ces textes ont déjà été publiés sur fanfic-fr (et y sont toujours, en théorie). Ce recueil avait même (à cette époque lointaine et reculée) été sélectionné par le Grimoire et par le forum Fic Is Not The Enemy.


Traumatisme

- Sanji, tu pourrais faire frire l'escargophone ? J'ai faim ...

- Hum... Non, le faire frire lui ferait perdre sa saveur. Il faut le cuire doucement à la vapeur pour qu'il conserve son moelleux, puis le faire rapidement revenir dans du beurre, pour le croustillant. Accompagné d'une poêlée de champignons pour relever le goût, et ce sera un délice ...

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Le Den Den Mushi se réveilla en sursaut, tellement fort qu'il se cogna les antennes à l'intérieur de sa coquille.

Son pauvre cœur battant la chamade, il se recroquevilla dans le recoin le plus profond de sa carapace, recherchant la forme rassurante des spirales de son enveloppe protectrice. Il entendait encore les voix, terribles et diaboliques, résonner dans son esprit. Ou bien ricochaient-elles contre les parois de sa cuirasse défensive, tel un écho aux airs de requiem ? Les humanoïdes étaient-ils là, à quelques pas, prêts à l'extraire de sa précieuse coquille à l'aide d'une fourchette aux dents acérées ?

Un frisson convulsif parcourut le mollusque qui se ratatina un peu plus sur lui-même.

Le souffle court, haletant comme s'il venait de courir un cinquante centimètres, l'escargophone tendit l'oreille, dans la crainte que les voix redoutées ne s'élèvent encore une fois dans le silence de cette nuit qui serait peut-être sa dernière. Il attendit, haletant et terrorisé, que sonne le glas sur sa morne vie de gastéropode, que résonne le chant de la mort à ses antennes tremblantes.

Mais rien ne vint.

Nul gargouillis d'un ventre affamé que rien ne peut combler, nul gémissement impatient empreint d'une gloutonnerie insatiable, nulle plainte quémandant de la friture de mollusque. Aucune voix exposant d'un ton détaché une recette de cuisine aux allures de rubriques nécrologiques dans le journal du soir, aucun tintement d'instruments de tortures maquillés en ustensiles de cuisine, aucun crépitement de gazinière transformée pour l'occasion en bûcher funéraire.

Ni glas, ni requiem.

Juste le silence.

À la fois terrifiant et rassurant. Terrifiant car c'est dans le mutisme que se fait à chasse à l'escargophone, dans la furtivité que la main du chasseur se referme sur sa proie. Rassurant car il connaissait suffisamment bien les humanoïdes pour savoir qu'ils ne pouvaient pas tenir très longtemps sans faire du bruit, en particulier le glouton éhonté qui voulait le faire frire.

Après ce qui lui parut être une éternité, le Den Den Mushi trouva enfin le courage de sortir une antenne de sa coquille.

Craintivement, l'appendice explora les alentours et finit par reconnaître les contours de l'infirmerie du Service Grands Traumatismes du Centre Psychiatrique pour Escargophones Défectueux. Le gastéropode lâcha un soupir de soulagement. Ce n'était qu'un mauvais rêve, un affreux cauchemar à présent disparu dans les brumes de la nuit.

Apaisé, le mollusque retourna se blottir dans sa confortable carapace, rassuré à l'idée que ces affreux pirates étaient loin, et qu'il ne les reverrait jamais plus. Rasséréné, il ferma les yeux et laissa Morphée l'accueillir dans ses bras.

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- Sanjiii ! J'ai faiiiim !

L'escargophone ouvrit des yeux exorbités et se réfugia, tremblotant, dans les tréfonds de sa coquille.

Parce que le sommeil, si propice aux résurgences du passé, était devenu son pire ennemi. Parce que ses rêves n'étaient plus que le reflet de ces terribles souvenirs qu'il aurait tant voulu effacer de sa mémoire. Parce que les ténèbres ne résonnaient plus que de ces voix craintes et redoutées.

Parce que la nuit était devenue son fléau.