Salut à tous ! :)
Je suis heureuse de vous retrouver pour ce nouveau chapitre !
Quelque mot sur ce chapitre : C'est le retour du POV d'Anya ! Ça faisait longtemps ! 6 chapitres loin de ses pensées, c'est long... je suis trop contente ! (N'importe quoi...!) XD
Les personnages de la série The 100 ne m'appartiennent pas, seule l'histoire est à moi.
Je remercie tout particulièrement MaraCapucin d'avoir accepté d'être ma bêta et de relire chaque chapitre de cette fiction pour que la lecture vous soit plus agréable.
Je vous souhaite une bonne lecture et je vous retrouve en bas ! :)
Ne me regarde pas
Partie n° 3 : Première à mourir
Et si on savait tout
Si on ne craignait rien
Si l'on pouvait d'un coup de crayon
Dessiner nos lendemains
Si, l'on avait tout
Si seulement on savait tout
De nous
Shy'm - Et Si
Chapitre 53 : Certitude
Il y a ce que l'on peut voir, sentir, toucher, goûter ou entendre et…
… et il y a le reste, ce que l'on comprend avec le cœur.
Il avance, ses longues et lourdes ailes traînant derrière lui. Il s'arrête, ses magnifiques plumes noires se stabilisent, s'étendant bien au-delà de ses talons. Il observe, une ombre se trouve en face de lui. Il écoute, des mots qu'il savait devoir entendre un jour. Il sent, cette odeur âcre de la mort qui plane autour d'eux. Il perçoit un goût étrange sur ses lèvres, quelque chose de métallique comme du sange. Il tend sa main, attend qu'elle s'avance dans la lumière, le rejoigne. Et alors qu'elle refuse obstinément de s'approcher, il parle avec son cœur.
Tu n'es pas prête.
Et elle disparaît.
Je me réveille brusquement alors que Raven hurle à côté de moi. Je ne perds pas une seconde pour me glisser dans son dos. Je la serre aussi fort que possible, cherchant à la rassurer, murmurant des mots apaisants. Je caresse ses cheveux, les décollant en douceur de sa peau en sueur. J'embrasse délicatement sa joue, espérant la rattacher à l'instant présent. Je ne fais pas attention à la magie qui s'est émancipée de son corps.
Raven sanglote en accrochant fermement ses mains à ses épaules, se balançant désespérément d'avant en arrière pour éloigner les images qui se sont imprégnées dans son esprit. Je la soutiens du mieux que je peux. Je ne supporte pas de me sentir à ce point inutile. Je ne peux pas tout à fait l'atteindre quand elle est dans cet état de transe, entre notre monde et tous les autres. Je la pousse à se raccrocher à ce qui a la plus d'importance, notre lien.
Parfois, il lui faut des heures pour s'extirper de ces songes prémonitoires. Alors, je m'accroche, jusqu'à ce que je sente qu'elle émerge de cette transe étrange. Pour rien au monde je ne la lâcherai. Je suis avec elle, maintenant et à jamais. Quand je sens qu'elle est de nouveau bien ancrée avec moi, je souffle ces mots à son oreille :
- Où es-tu en ce moment ?
Raven ne répond pas toujours, se contentant seulement de m'inciter à resserrer encore mes bras sur elle, c'est le cas aujourd'hui. Son corps tremble, elle est frigorifiée. J'embrasse délicatement ses cheveux avant d'attraper la couverture pour nous couvrir. Elle appuie un peu plus sa tête contre mon épaule en repliant sa jambe valide, ouvrant difficilement les paupières. Ses iris sont écarlates, plus rouge encore que le sang. Sa respiration est toujours difficile, mais elle devient plus régulière.
J'essuie lentement ses larmes en caressant son ventre. Je déteste cette situation, ses visions sont de plus en plus violentes et je ne peux rien faire pour l'apaiser. Je sais ce que leur brutalité et leur étrange régularité signifie, nous nous approchons du moment fatidique. Il nous reste peu de temps, les combats se rapprochent. Une attaque dont nous ne nous relèverons peut-être pas va bientôt s'abattre sur l'île.
Je sais que nous avons peu de chance de survivre, nous nous dressons contre des dieux, l'essence même de l'Obscurité et pourtant, je ne perds pas espoir. Il est inimaginable que je puisse perdre Raven. Il ne s'agit plus d'une simple guerre, mais de la survie de tout ce qui a un jour compter pour moi. Je ne suis pas prête à abandonner. Jamais.
- Anya, souffle Raven difficilement.
- Je suis là Rae, j'embrasse sa tempe. Je suis là ma belle. Reprend tes esprits tranquillement, tu es en sécurité. Je suis là, je ne bouge pas.
- J'étais à l'exécution de ma mère, sanglote-t-elle, j'étais ma mère.
- Je suis tellement désolée, je souffle impuissante.
- C'était horrible, elle se retourne pour retrouver mon regard, tu as vu, me demande-t-elle avec fragilité, tu étais là ?
- Pas cette fois, je caresse sa joue. Je suis désolée.
- J'ai sentie que tu étais dans mon rêve.
- Je crois que j'étais avec ton père.
- Passé ou futur, demande-t-elle en fronçant les sourcils.
- Je ne sais pas Raven. Je ne suis même pas sûre que c'était lui. Je ne devrais pas avoir accès à tes rêves.
- Tu as accès à ce que je ne suis pas prête à voir. Nous sommes plus fortes, ensemble.
- Tu es effrayée par ton père ?
- Effrayée, elle souffle, oui, de devoir un jour le découvrir aux côtés des autres dieux de l'Obscurité et d'être obligé de l'affronter.
- Tu crois que c'est une possibilité, que ça pourrait arriver ?
- Je ne sais pas, m'avoue-t-elle. Il s'est toujours tenu à l'écart des choix des autres Dieux mais personne ne l'a vu depuis… l'exécution de ma mère. Alors pour ce que j'en sais, il pourrait aussi bien avec eux.
Je m'apprête à lui poser plus de questions. Il est rare que Raven s'étende sur son père. Je sais qu'elle souffre de son absence. Alors je suis attentive à chacune de ses interventions qui le concerne. Encore plus depuis qu'elle m'a parlé de ce manque qu'elle pouvait ressentir pour les Cieux. Je sais que je ne pourrai pas jamais combler entièrement ce vide, c'est quelque chose qui nous dépasse toute les deux pourtant, je veux qu'elle puisse s'appuyer sur moi. Toujours.
Seulement des éclats de voix attirent mon regard vers la fenêtre de notre chambre restée ouverte pour la nuit. Je reconnais sans mal la voix de Jaliah. Je fronce les sourcils en comprenant que les reproches hurlés sont certainement adressés à Melina. J'échange un regard avec Raven qui m'incite en un signe de tête à aller voir ce qui se passe. Je n'ai pas envie de la quitter pourtant je suis inquiète. Depuis quelques jours, la sorcière et la faucheuse semblent en perpétuel conflit.
J'embrasse les lèvres de Raven avant de me lever et de rejoindre la fenêtre. Je me penche légèrement observant cette dispute silencieusement. La magie de Jaliah s'accumule dans ses mains, débordant largement. Je grimace en pliant mes doigts ne supportant pas l'idée même de la douleur qui doit se propager dans ses mains. En face d'elle, Melina fait preuve d'un calme olympien, elle ne sourcille pas, pas même un peu.
- C'est beaucoup trop dangereux Melina, s'agace-t-elle. Tu dois arrêter d'aller là-bas. Tu ne peux pas protéger tout le monde. Tu n'as plus aucune obligation envers eux. Ici les gens ont besoin de toi pour qui tu es vraiment, tu n'es pas une espèce de… de… putain de trophée !
- Tu as fini ? Soupire Melina.
- Non ! Qu'est-ce que tu me caches Melina ?
- Tu devrais mieux le savoir que n'importe qui d'autre Jaliah, un sourire étrange étire les lèvres de la faucheuse, mes secrets ont des secrets.
Et sur ces mots, Melina disparaît au milieu de cette lumière incroyable qui se reflète en des millions de faisceaux arc-en-ciel. L'énervement se devine sans mal sur le visage de Jaliah qui hurle insulte sur insulte avant de faire volte-face pour retourner furax vers son école, continuant de ruminer entre ses dents. C'est seulement quand elle disparaît que je remarque que Scarlet observait aussi la scène.
Nos regards se croisent, son calme m'étonne. Je lui fais un signe de la main auquel elle répond par un signe de la tête accentué d'un sourire. Je suis surprise qu'elle n'ait pas cherché à retenir Melina, sauf si évidemment, elle en sait plus que nous sur ses étranges allers-retours entre l'extérieur et l'île. Je n'en serais pas étonnée, leurs échanges se sont énormément améliorés depuis quelque temps. J'en suis heureuse.
- Alors, demande Raven.
- Melina est encore partie.
- C'est pas vrai, elle soupire, où elle va ? Ces sorties deviennent quotidienne. Je n'aime pas savoir qu'elle passe la barrière à tout va.
- Si nous savions où elle se rend, nous serions moins inquiets, je conçois.
- Ou plus !
- Raven, je ris en la rejoignant sur le lit. Tu te sens mieux, je m'informe en l'embrassant délicatement sur les lèvres. Je n'aime pas te savoir dans cet état.
- Je vais bien, elle baisse les yeux. J'ai simplement du mal à voir les personnes que j'aime souffrir c'est… ma mère ne méritait pas un tel traitement. Les Prima Vera sont des monstres.
- Je ne laisserai pas ces monstres t'approcher, jamais.
- Tu sais, elle prend doucement mes mains entre les siennes, je n'ai jamais compris pourquoi mon père a permis que cette exécution aille jusqu'au bout. Je n'arrive pas à m'expliquer qu'il n'ait pas tout fait pour la sauver. Ne pas avoir de réponses, des larmes lui échappe, ça me tue.
- Peut-être que Morgane ne voulait pas qu'il intervienne.
- Foutaise ! Tu me laisserais faire quelque chose d'aussi stupide toi ?
Parfait… j'admets que Raven marque un point. Je préfèrerai mourir que de la laisser se faire tuer d'autant plus si j'ai l'occasion et l'opportunité de l'en empêcher. Je suppose que Morgane n'a pas pu faire le coup du "je t'endors pendant que je me fais assassiner" à un Dieu.
Et pendant que je grimace en repensant à cet horrible souvenir, un étrange flash me ramène dans le rêve que j'ai fait en même temps que Raven. Un homme qui se faufile à travers la foule, bousculant tous ceux qui ont le malheur de se trouver sur son passage, courant dès qu'il le peut pour l'atteindre. Je ferme les yeux essayant de chasser ces images mais je comprends vite que ce ne sont pas elles qui me mettent mal à l'aise. Non, c'est le sentiment qui s'empare de moi alors qu'il ne parvient pas à s'approcher ne serait-ce qu'un peu de son objectif. Il est anéanti. Qu'est-ce que je dis ? Plutôt complètement désespéré, ce sentiment à un drôle d'écho dans mon propre cœur, c'est douloureux.
- Anya, souffle Raven.
- Je crois qu'il était là, je réponds alors que je continue d'être plongée dans cet étrange souvenir. Il était là.
Une ombre s'impose devant lui. Il s'arrête net. Je ne sais pas pourquoi je ne parviens pas à savoir de qui il s'agit. Il paraît hésiter avant d'ordonner à cet étrange personnage de s'écarter. Il ou elle n'obtempère pas. Alors le dieu tente une autre approche qui échoue, encore et encore. Une colère sourde nait dans ses yeux, une quantité d'Obscurité tel que je n'en ai jamais vu s'accumule autour de lui, faisant vriller l'air, fissurant les murs près de lui, ses ailes s'agitent faisant tanguer tous ceux qui l'entourent mais pas l'ombre.
Il s'empare de son arme, une magnifique et grande épée qui a été forgé dans son monde, au sein même des Cieux. La lame est sur la carotide de son vis-à-vis pourtant ce dernier ne sourcille toujours pas, s'opposant toujours à ce que le père de Raven puisse avancer plus, pire encore l'empêchant de sauver son grand amour.
- Quelqu'un d'autre était là, je souffle. Cette personne a empêché ton père d'intervenir, je passe mes doigts sur mes temps, sentant une migraine pointer.
- Qui ? Demande Raven hors d'elle.
- Je ne sais pas, je grimace, plus j'essaye de voir son visage, plus, un grondement m'échappe alors que la douleur s'intensifie. Tes visions craignent un max !
- Je sais, elle sourit en venant m'embrasser, n'insiste pas. Préviens-moi si tu vois autre chose.
- Et toi, je caresse sa joue, si tu as besoin de parler de quoi que ce soit. Je ne sais que trop bien à quel point la mort de Morgane t'a affectée.
- Je n'étais pas là, dit-elle tristement. Quand je l'ai sentie mourir c'était… je n'ai pas de mots. Quand les autres Sorcière de Sang sont mortes c'était douloureux mais ma mère…
- Je m'en veux d'avoir pu la détester, j'avoue à demi-mot en venant perdre mes doigts dans ses magnifiques cheveux. Morgane a laissé le bon rôle à ma mère qui elle ne le méritait pas. Morgane était incroyable, elle n'était pas seulement ta mère mais aussi ta gardienne. Sérieusement, avec un instinct de protection comme le sien, elle fait passer certains lycanthropes pour des amateurs.
- Il faut croire qu'elle voulait m'entraîner à partager ma vie avec une emmerdeuse comme toi, s'amuse Raven.
- Hey !
- Je t'aime, elle vient s'emparer de mes lèvres, tu as toujours les mots. Merci. Nous sommes obligées de retourner dans le vrai monde ?
Un grognement m'échappe alors que je m'éloigne, ce qui fait doucement rire Raven. Je passe une main dans mes cheveux en soupirant. Je lui lance un regard quelque peu boudeur en demandant avec l'intonation d'une vraie gamine :
- Quel vrai monde ?
- Tu as promis de t'entrainer avec Lexa aujourd'hui, me rappelle Raven.
- Argh, je me laisse tomber sur le dos, ce vrai monde-là ? Je l'avais presque oublié.
- Anya, quelque chose dans l'intonation de Rae m'alerte.
- Hum, je me tourne pour la regarder en fronçant légèrement les sourcils.
- Je suis là, avec toi, elle souffle.
Je souris malgré moi, c'est quelque chose qu'elle a pris l'habitude de me dire quotidiennement, parfois plus souvent depuis qu'elle s'est réveillée des trois M. Nous évitons de trop en parler, mais quelque chose a changé entre nous depuis. Notre lien s'est encore renforcé, être loin l'une de l'autre est devenu insupportable, même quelques heures semblent insurmontable. Je me redresse, ouvre mes bras dans lesquels Raven se glisse sans la moindre hésitation.
Ce foutue maléfice a bien faillit m'arracher mon cœur, ma seule raison de vivre. Je ferme les yeux, profitant de la présence de ma belle sorcière. Je souris en sentant sa magie parcourir mon corps pour s'assurer que je me porte bien. J'inspire profondément, gorgeant mes narines de son odeur si rassurante. Je détaille la longue cascade de ses cheveux qui tombent magnifiquement bien sur ses hanches, grimaçant à l'idée qu'elle les attache bientôt. Je ferme les yeux me concentrant sur nos battements de cœurs, c'est la plus belle mélodie qui soit. Et quand je sens qu'elle est assez rassurée, je viens goûter ses lèvres dans un tendre baiser.
- Comment tu imagines notre avenir ? Me demande-t-elle en se noyant dans mes yeux.
- Avec toi, chaque jour.
- Tu mens, elle fronce les sourcils, tu n'as toujours pas abandonné cette idée stupide.
- Et je ne l'abandonnerai pas, je souris. Jamais, j'ajoute en lui volant un baiser.
- Ça n'arrivera pas ! Je m'y opposerais fermement, jusqu'à mon dernier souffle !
- Hum-hum, je m'amuse en embrassant sa joue. Crois ce que tu veux, je murmure à son oreille avant de m'extirper du lit.
- Anya, elle aboie.
- Le vrai monde nous attend, j'élude amusée.
- Anya, hurle-t-elle alors que je fais claquer la porte de la salle de bain pour me préparer. Je ne le permettrais pas, s'agace-t-elle en essayant de me rejoindre. Tu as fermé à clef ?! Ouvre-moi tout de suite, cette discussion n'est pas terminée ! Anya ! Ne m'oblige pas à faire exploser cette porte !
J'éclate de rire en passant un tee-shirt. La réaction de Raven ne se fait pas attendre, chose promise, chose dû, la planche de bois explose en mille morceaux. Je secoue la tête amusée. Elle s'approche de moi, clairement menaçante. J'attrape ma brosse à dents, ne me sentant pas le moins du monde en danger et la cale dans ma bouche en m'installant sur le lavabo pour l'observer m'énumérer les nombreuses raisons qui justifient que nous n'aurons jamais, ô grand jamais, d'enfants.
Raven se fait un vrai monologue, calant tous ses contres en imaginant aussitôt ma réponse pour la réfuter sans perdre une seconde. J'assiste à un véritable débat. Je recrache le dentifrice, m'essuie la bouche en souriant. Je descends de mon perchoir, terriblement amusé par la situation. Cette scène se répète de plus en plus souvent et Raven est à chaque fois bien plus déterminé à vouloir me faire renoncer. Je crois qu'en vérité, depuis peu, celle qu'elle cherche vraiment à convaincre c'est elle-même.
- Raven, je tente.
- Je n'ai pas fini ! C'est complètement absurde de vouloir des enfants dans un monde comme le nôtre ! Nous n'avons pas besoin de ce genre de… choses pour être heureuse ! T'avoir est amplement suffisant, elle me menace de son indexe, je ne saisis pas en quoi vouloir être mère peut être si important.
- Okay, je laisse trainer en saisissant mon pantalon pour l'enfiler, tu n'as pas fini.
- Absolument pas !
Et elle recommence, hurlant, se révoltant contre mon idée ridicule de vouloir construire une famille avec elle. Aucun de ses mots ne m'échappent. Son acharnement m'amuse parce que je ne parviens pas à m'en empêcher : plus elle essaye de me convaincre de renoncer, plus je me laisse à imaginer cette magnifique famille qui nous attend quelque part dans le futur.
Je brosse mes cheveux alors qu'elle exécute des allers-retours furax vers notre lit pour revenir jusqu'à moi. Sa voix atteint des octaves inédites. Je tente de revenir dans la chambre, mais elle me fait barrage. Je soupire comprenant qu'elle n'en a de toute évidence, toujours pas fini.
- De toute façon, assène-t-elle, il est absolument hors de question que quoi que ce soit d'autre que moi et ma magie te touche !
- Possessive, je la nargue.
- Tu te fous de moi ?!
- Je pensais seulement que j'étais la plus possessive des deux, je continue de la taquine. Tu ne sais que trop bien à quel point je peux être, je réfléchis, comment tu as dit déjà, je souris, ah oui, une emmerdeuse.
- Ne déforme pas mes mots Anya, il y a une menace sous-jacente. Rien, elle me saisit par les épaules alors que sa magie efface complètement ses iris chocolat, je dis bien : rien, ne te touchera à part moi.
- Nous vivons dans un monde remplie de magie, je lui rappelle. Il doit bien y avoir un moyen de contourner les règles.
- Pas ce genre de règles !
- Donc, je reprends joueuse, c'est impossible.
- Putain de… tu fais chier Anya !
- Je t'aime, je réponds en riant avant de lui voler un baiser.
- Je ne veux toujours pas d'enfant, s'acharne-t-elle en croisant les bras.
- Pour le moment, je lui fais un clin d'œil.
- Jamais, précise-t-elle.
- Nous verrons bien, je lui souris. En attendant, il faut que j'y ailles ma belle. Tu sais… le vrai monde.
- Le vrai monde craint, elle soupire.
- Je sais, j'embrasse sa joue. Je vais demander à Gaïa de veiller sur toi aujourd'hui. Fais-moi le plaisir de ne pas la renvoyer cette fois.
- Seulement si Bellamy reste avec toi, des résidus de visions peuvent venir te déstabiliser.
- Protectrice, je m'amuse tout de même attendrit.
- Je suis loin de t'égaler, toi et ton foutu loup ! Les sorcières sont censées faire ce que bon leurs semble à leurs bon vouloir ! Je suis libre et…
- … je sais Rae. Je t'ai déjà dit de me prévenir si tu sentais que je t'étouffais. C'est le cas ?
- Non, soupire-t-elle.
- Alors, tu n'as pas besoin de me faire ton discours moralisateur.
- C'est pour être certaine que je suis encore capable de l'énoncer sans que tu me déstabilises.
J'éclate de rire, ce qui me vaut une petite tape sur l'épaule accompagné d'un air bougon. Son attaque ne coupe pas court à mon amusement, bien au contraire. Je sens son regard sur moi, elle me déshabille des yeux sans la moindre maîtrise. Subitement, elle vient s'emparer de mes lèvres me faisant oublier tout le reste. Elle domine largement cet échange, un gémissement m'échappent quand mon dos percute un des murs.
- Tu me perturbes beaucoup trop Anya Lucas-Reyes, elle mordille ma lèvre inférieure. Tu fragilises toutes mes convictions et ça m'agace.
- Désolée, je tente incertaine de ce qu'elle veut entendre.
- N'arrête jamais de me désorienter comme tu le fais. Continue d'ébranler mon cœur chaque jour. Ne me laisse pas oublier pour quelles raisons je t'aime.
- Jamais, je lui assure.
- Parfait, elle murmure avant de m'embrasser avec beaucoup plus de délicatesse.
Et sans que je ne comprenne vraiment la suite logique des choses, Raven me fait l'amour avec une tendresse qui me submerge et pourrait bien me hanter des jours durant. Il y a des moments où je ne parviens pas à comprendre ce qui lui passe par la tête. C'est un de ceux-là.
Je suis dans ses bras, complètement à sa merci, gémissant de plaisir et d'envie. Mon corps est sur le point de me lâcher alors que cet amour infini qu'elle me porte se manifeste sous des caresses et des baisers qui me font perdre toute conscience. Mon cœur percute ma cage-thoracique, voulant la repousser pour rejoindre celui de Raven. Je m'essouffle, m'effondre, m'abandonne au désir passionnel de ma femme. Et quand un long cri fini par me libérer de cette douce et envoûtante torture, je tombe dans ses bras. Ses lèvres s'évadent sur ma nuque, elle me soutient alors que je m'abandonne complètement et c'est après coup que je réalise que pour la première fois, ma belle sorcière n'a pas utilisé la magie.
Quand je reprends une certaine constance après cette déflagration d'affection, je me perds dans ses yeux. Je n'arrive pas à comprendre tout ce que je lis dans ses magnifiques iris. Qu'est-ce qu'il vient de se passer ? Raven s'approche embrassant avec une pureté infinie mes lèvres.
- Je t'aime, murmure-t-elle avec une certaine pudeur.
- Raven, je prononce son prénom avec une transparence total, lui faisant comprendre mon incompréhension devant son incroyable moment de perdition.
- Pas maintenant, elle souffle, le vrai monde t'attend.
- Tu es mon monde.
- Et toi le mien, elle sourit. Mais, elle s'écarte, il faut vraiment que tu y ailles.
Un soupire m'échappe alors qu'elle s'éloigne pour se déshabiller devant moi ce qui ne m'aide pas du tout pour me décider à rejoindre Lexa. Elle entre sous la douche sans aucun autre préambule ce qui me fait rouler des yeux. Alors que ma première envie est de me glisser sous la douche avec ma belle sorcière, je me décide à enfiler mes vêtements.
Je repasse dans la chambre et remarque que deux des arceaux sont restés sur la table de nuit. Raven devait être bien plus énervée que ce que je pensais si elle a stabilisé sa jambe qu'avec la moitié de son mécanisme. Ou alors, la douleur devient moindre et la vie y renaît. Je les saisis tout de même et les dépose près du miroir en évidence pour qu'elle les voit immédiatement en sortant de la douche.
Je laisse mon regard s'attarder encore un peu sur son corps à demi caché derrière une vitre légèrement teintée qui me laisse plus deviner que voir ses courbes. Je pourrai rester à l'observer pendant des heures, sans ne jamais me lasser du spectacle. Pourtant, je la quitte à contre cœur parce qu'elle a raison, le vrai monde m'attend. Je ne peux pas vivre que de notre amour, pas encore du moins… après cette foutue guerre, je compte bien passer chaque seconde de mon temps avec elle.
Je passe par la cuisine pour remplir les poches de ma veste de nourriture. Je croque dans une pomme en me servant un verre de lait que j'engloutis rapidement. Je finis le fruit, en prends un second avant de passer la porte d'entrée où je découvre que Bellamy et Gaïa m'attendent. Je fini de croquer mon morceau de fruit, m'essuie la bouche et d'énoncer un petit salut amusé.
- Tu es en retard, me fait remarquer Bellamy malicieux.
- Raven a eu une nouvelle vision, j'élude en continuant de manger.
- Tu as bien conscience que ce n'est pas parce que ta sorcière a entouré votre chambre d'un sort d'insonorisation que nous ne doutons pas de ce qu'il s'y passe, rit doucement Gaïa.
- Raven a vraiment eu une nouvelle vision, j'insiste. D'ailleurs j'aimerai que tu restes avec elle aujourd'hui, elle était vraiment chamboulée. Avant que tu refuses, je reprends rapidement voyant Gaïa faire la moue, elle m'a promis qu'elle n'essayerai pas de te fausser compagnie.
- Raven est ta compagne, soupire la fille d'Indra, tu es mon alpha, si tu me demandes de veiller sur elle, je le ferai mais il faut que tu saches que cette sorcière est une vraie plaie qui n'écoute rien, ni personne.
- Je sais, je souris en jetant le trognon de pomme et en ouvrant un sachet de cookies, c'est une des nombreuses raisons pour lesquelles je l'aime. Rae ne se laisse pas marcher sur les pieds.
- C'est pour cette raison que vous passez tout votre temps libre à vous disputer, s'amuse Bellamy.
- La ferme Blake ! Allons-y, Lexa m'attend.
Je me dirige immédiatement vers la plage où j'ai rendez-vous avec ma sœur, Bellamy sur les talons. Parfois, j'ai encore du mal à croire que je puisse autant avoir confiance en un mâle alpha mais la présence du meilleur ami de Raven me rassure, d'autant plus quand elle n'est pas dans les parages. Il garde toujours une distance respectueuse avec moi et ne me traite pas comme une alpha lambda. J'apprécie son attitude et sa compagnie.
- Comment se porte Echo ? Je demande alors que nous marchons en silence depuis un moment.
- Beaucoup mieux depuis que nous avons trouvé un moyen pour qu'elle vole. Je te remercie de m'avoir aidé pour convaincre les autres.
- C'est normal, j'assure. Elle aurait dû nous prévenir plus tôt que voler aidait son corps à se renforcer. Les blessures que lui a infligé Octavia ne devrait plus l'affecter après tout ce temps. Je suis désolée de ne pas avoir compris plus tôt.
- Anya, il soupire, tu ne peux pas te reprocher de ne pas savoir comment gérer un dragon.
- Il est de ma responsabilité de la protéger.
- Et la mienne, dit-il en bombant légèrement le torse, c'est ma compagne, mon empreinte.
Je souris amusée par son comportement avant de lui frapper gentiment l'épaule. Il s'offusque en exagérant une douleur inexistante. Il rit avec moi avant de souligner un simple :
- Aïe.
- Chochotte.
- Brute.
- Petit nature.
- Barbare.
- Femmelette.
- Chieuse.
Nous rions de plus belle. J'apprécie particulièrement ce jeu entre nous. C'est dans ces moments là que je réalise que j'ai fais le bon choix en l'acceptant dans ma meute. Je sais que malgré l'immense respect qu'il éprouve pour moi, il me traitera toujours d'égal à égal. Il ne cherche pas à être dominer, ce qui me mettrait profondément mal à l'aise, simplement à être guidé.
Sans oublier que j'ai une confiance aveugle envers lui, il me protégera, nous tous, sans la moindre hésitation si c'est nécessaire.
- Il faudrait que nous parlions de Scarlet, reprend-il plus sérieusement. Quand tu auras du temps, évidemment ?
- Laquelle, je demande aussitôt, la notre ou celle du futur ?
- La notre, il grimace, tu penses que nous devrions commencer à l'appeler par son deuxième prénom pour éviter ce genre de confusion ?
- Je ne pense pas que ce soit nécessaire mais c'est à Echo et toi de décider. Vous êtes ses parents. Qu'est-ce qui se passe avec la petite ?
- Promets-moi de ne pas t'énerver.
- Je n'aime pas vraiment quand une conversation commence de cette façon, je soupire.
- Tu étais très occupée, Rae a besoin de toi et nous contrôlons la situation mais je pense que tu dois savoir.
- Bellamy, la menace est à peine voilée.
- Elle… Scarlet se transforme presque tous les jours soit en loup, soit en dragon et la magie a tendance à nous jouer des tours.
- Elle se transforme, je m'étrangle presque. Tu aurais dû m'en parler !
- Tu as promis de ne pas t'énerver…
- Je n'ai rien promis du tout !
- Anya, il soupire, elle redevient humaine à chaque fois. Les transformations ne sont peut-être pas dangereuses pour elle, comme c'est, il se gratte nerveusement l'oreille, une hybride. Echo m'a assurée que les dragons changeaient de peau dès le plus jeune âge.
- Tu en as discuté avec Scarlet ?
- Hum… elle ne se souvient pas de ce genre de transformations, Thomas non plus. Melina ne paraît pas inquiète mais je la trouve étrange depuis peu donc je ne sais pas quoi en penser.
- J'en parlerai à Raven. Il y a peut-être un lien avec la magie.
- Ou avec ce qu'à dû faire Melina pour la maintenir en vie.
Je me stoppe net, Bellamy fait quelque pas de plus que moi avant de se retourner. Il esquisse un sourire triste. Je passe une main dans mes cheveux en réalisant que je ne me suis jamais interrogée sur ce qu'a bien pu faire la faucheuse pour garder Scarlet en vie ce jour-là.
- Je dois beaucoup à Melina, reprend-il. Je lui suis sincèrement reconnaissant d'avoir sauvé ma petite fille. Mais ce qu'elle a fait, il hésite, ce n'est pas dans l'ordre des choses. J'ai vu, il baisse les yeux, je ne suis pas certain de ce que j'ai vu mais ce n'était pas… normal.
- Je lui parlerai, j'assure.
- Tu veux dire quand elle se décidera à passer un peu de temps sur l'île ? Elle est de plus en plus absente. Qu'est-ce qu'elle fait de ses journées ? Elle n'a jamais été aussi absente, il soupire, tu crois qu'elle va fuir ?
- C'est le père qui parle, je souris attendrit par son attitude protectrice.
- Tu sais ce qu'elle fait quand elle sort ?
- Pas la moindre idée, je réponds honnêtement, et j'ai du mal à ronger mon frein pour en savoir plus. Sérieusement, elle mériterait que je la prenne entre quatre yeux pour qu'elle me donne des réponses.
Bellamy fronce légèrement les sourcils avant de s'approcher. Il penche la tête sur le côté. Il s'avance encore sans me quitter des yeux.
- Tu veux qu'elle fasse partie de la meute.
Ce n'est pas une question. J'en ai bien conscience. Je suis surprise qu'il soit à ce point attentif. Je l'ai été aussi quand Raven a compris mes intentions. En vérité, je crois même que la sorcière a saisi mes intentions envers Melina avant moi. Je soupire. Je détourne le regard. Je réfléchis à mes prochains mots.
- Je crois que dans cette histoire, ce que je souhaite à peu d'importance.
- Anya je… elle est dangereuse.
- Je veux la protéger, je tranche.
- Anya…
- Pour ce que j'en sais, personne n'a jamais prit soin d'elle. Et pourtant, c'est devenu la personne la plus altruiste qui m'ait été donné de rencontrer. Elle mérite d'avoir une famille.
- C'est pour cette raison que tu as risqué ta vie en la touchant ?
- Non. Je l'ai fait pour Scar.
- Je ne comprends pas.
- Sérieusement ? Elles sont clairement liées l'une à l'autre. Scar n'aurait pas supporté de vivre avec une personne qu'elle ne peut pas toucher, c'est un loup. Entre autres choses, je précise. Je l'ai fait parce que je sais ce que nous pouvons éprouver quand la personne que nous aimons est inaccessible.
- Il n'y a pas d'empreinte entre Scarlet et Melina.
- Il n'y en a pas non plus entre Raven et moi.
Bellamy se retrouve bouche bée. Je le vois réfléchir à toute vitesse. Je lui souris pour le rassurer. Je comprends parfaitement qu'il puisse avoir du mal à accepter qu'il ne soit déjà plus le grand amour de sa petite fille. J'avance assez pour saisir son épaule. J'attends que ses yeux se stabilisent dans mes iris et j'ajoute :
- Je protègerai toujours les miens. Salut Lexa, je souris un peu plus alors qu'elle s'avance vers moi, désolée pour le retard. Bellamy avait besoin de me parler.
- Deux heures, elle me montre son poignet nu de montre, ce n'est plus vraiment du retard An'. Raven va bien, me demande-t-elle sincèrement inquiète, j'ai senti que sa magie n'était pas comme d'habitude.
- Une nouvelle vision, je réponds, assez violente, je ne peux m'empêcher de préciser, mais elle va bien. Je crois, j'ajoute en repensant à cet excès de tendresse, je crois…
- Si tu préfères être avec elle, je peux m'entraîner avec Indra.
- Ouais, je grimace, non, elle m'a viré donc je suis tout à toi.
- Elle t'a viré, s'amuse Lexa. Et tu l'as laissé faire ?
- Apparemment, il y a un vrai monde en dehors de Raven et je dois m'y balader de temps en temps.
- Je n'arrive pas à le croire, soupire Bellamy, heureusement que cette chambre est insonorisée !
- Tu sais qui n'a pas de chambre insonorisée, je m'amuse, Lexa et Clarke.
- Anya !
- Okay, okay, je n'ai rien dit. Je voulais juste te motiver pour que tu essayes de me foutre une raclée.
- Je vais t'arracher la tête, me menace Lexa non sans un sourire.
- Je ne sais pas comment vous faites pour vivre dans la même maison toutes les quatre. Tu veux que je te laisse Anya ?
- Non, je me frotte les yeux, j'ai promis à Raven que tu resterais avec moi aujourd'hui.
- C'était à ce point, demande Lexa de nouveau inquiète.
- Nous allons bien.
- C'est quand même super bizarre ces visions que vous vous partagez, ne peut s'empêcher de constater Bellamy. Tu n'es pas censée pouvoir assimiler des présages Anya, une sorcière aussi puissante que Raven a déjà du mal à le supporter alors que son corps et sa magie sont fait pour ça donc, il s'arrête devant mon regard noir, je crois que je vais me taire. Mais ta sorcière et toi, vous êtes vraiment hors normes.
- Il n'a pas totalement tord Anya.
- Nous ne devions pas nous entraîner ?
Malgré que je sente qu'argumenter plus longtemps la démange, Lexa n'insiste pas. À la place, elle m'invite à la suivre d'un signe de tête. Nous nous déplaçons en silence jusqu'à la plage. Je ne sais pas ce qui a convaincu ma sœur de déplacer ses entraînements de cette salle austère et grise en pleine air mais je suis heureuse qu'elle l'ait fait. J'inspire profondément en quittant ma veste que je dépose sur un rocher. Je me laisse bercer une minute ou deux par le bruit des vagues avant de demander à Lexa ce qu'elle veut travailler.
J'écarquille les yeux au possible quant au lieu de me répondre, elle fonce sur moi, son poing serré, près à me frapper en plein visage. Je l'esquive de justesse alors qu'elle enchaîne sans la moindre hésitation ses coups. Lexa est plus rapide que d'habitude, elle ne se retient pas et je peine à éviter toutes ses attaques. Je finis par faire un bond pour m'éloigner assez et reprendre un peu de constante. Je secoue la tête en crispant la mâchoire, lui demandant :
- Je peux savoir ce qui te prend ?
- J'ai toujours envie de t'arracher la tête !
- Génial, je ris.
- Cette fois, c'est moi qui gagne !
Et avant même que je ne puisse penser à une répartie digne de ce nom, Lexa se rue sur moi, se transformant au passage. Je me baisse pour éviter la collision avec le véritable molosse qu'elle vient de devenir. Je continue de rire en me relevant, épousant mon pantalon alors qu'elle fonce de nouveau vers moi. Au dernier moment, elle me surprend en redevenant humaine, m'attaquant d'un coup de genoux diriger à une vitesse folle vers mon abdomen. Je peine à le bloquer convenablement, mes appuies s'enfoncent dans le sable quand je vois ma sœur sourire, je secoue la tête.
Si Lexa veut un vrai combat et bien soit !
Ses iris sont clairement celles de son loup. Je me racle la gorge, cherchant un moyen de relâcher la pression sans me prendre son pied en plein visage. Raven détesterait. Ma sœur continue de me prendre de haut, persuadée que je vais me faire avoir. Je commence à croire que je l'ai trop bien entraîné. Je repousse assez sa jambe pour m'écarter, sans surprise elle file comme le vent vers le haut de mon corps. Je ne peux pas reculer plus sans risquer de tomber, mes pieds étant beaucoup trop enfoncés dans le sable alors je me contente de me baisser. J'ai à peine le temps de me redresser qu'elle m'impose un nouveau corps à corps intensif.
Lexa se transforme avec une facilité déconcertante, passant d'humaine à loup en un battement de cils. Je prends conscience que depuis le début, elle a largement l'avantage et ça ne lui plait pas du tout. Il gronde pour que je le laisse sortir, que Lexa et moi puissions nous battre à arme égale mais je lui refuse ce caprice. Ce n'est qu'un entraînement et je ne suis pas du genre à refuser de perdre un combat. J'apprends beaucoup alors même que je perds l'avantage. Les déplacements de Lexa sont plus fluides seulement elle a encore tendance à oublier de protéger son flanc droit. Ses coups sont plus violents et précis mais elle ne prend pas le temps de bien respirer. Elle va s'épuiser.
Peut-être pas assez vite, je grimace en évitant de justesse un coup de poing diriger vers mon nez. Je m'éloigne d'un bon mètre en un bond. Je passe ma main sur mes lèvres alors que ma respiration est complètement désordonnée. C'est sans surprise que du sang s'étale sur ma peau, Lexa est parvenue à me toucher violemment à plusieurs reprises mais je ne suis pas en reste. D'ailleurs, je crois que j'y suis allée un peu fort, son arcade est éclatée. Je grimace en sentant plusieurs côtes cassées se rebeller contre mon acharnement à vouloir rester debout.
- Tu abandonnes ? Me demande Lexa en serrant les poings.
- Pas mon genre, je réponds en crachant du sang dans le sable, quand tu veux petite sœur.
- Tu devrais abandonner, me suggère-t-elle sûre d'elle, tu tiens à peine debout.
- Je ne te permets pas, je me renfrogne, sale gosse !
- Je suis une alpha, pas une "sale gosse" ! Tu te souviens de toutes ces fois où tu m'as brisé les jambes ? Je crois bien que c'est le moment de prendre ma revanche.
- Je vois, je souris en levant mon pied droit pour retirer ma chaussure, avant d'en faire de même avec la seconde, viens un peu pour voir petite.
C'est sans la moindre hésitation qu'elle fonce à toute vitesse vers moi. Je ris de plus en plus amusée par son comportement. Je confirme que je l'ai rarement vu aussi déterminée. J'aurai peut-être dû éviter d'aborder le sujet Clarke sans trop réfléchir. Je soupire et alors qu'elle n'ait plus qu'à quelques mètres de moi et que je suis certaine de ne pas pouvoir la loupe, je lui balance ma chaussure qui s'abat violemment en plein milieu de son front. J'éclate de rire en la voyant se stopper net et se décomposer. Je maintiens mes côtes qui me font un mal de chien quand elle explose :
- Tu es sérieuse ? Une putain de chaussure ? Tu viens de me balancer une chaussure en plein visage ?
- Ouais, je passe ma main sur mes cervicale endolorie, je l'avoue ce n'était pas très fairplay mais si tu étais vraiment concentrée, tu l'aurais évité.
- Comment j'aurai pu éviter ça, s'agace-t-elle, qui balance une chaussure en plein combat ?
- Marcus, je souris. Tu crois que je suis un tyran ? N'oublie pas qui m'a tout appris.
- Putain ! C'est bien un truc d'humain !
- Je crois que ton loup avait oublié que c'était un simple entrainement. Il s'en souvient maintenant ?
- Il en a assez de perdre contre toi, Lexa grince des dents.
- Il ne perd pas contre moi, il se renforce.
- Il le prendrait peut-être moins mal si tu te transformais, tranche-t-elle passablement agacé. Une chaussure… n'importe quoi !
- Si tu es plus calme, je veux bien reprendre le combat.
- Qu'est-ce qui te fait croire que je suis plus calme ?
- A défaut, j'ai une deuxième chaussure, je m'amuse en la brandissant.
- Tu es une vrai plaie An' !
Lexa fait craquer ses doigts en s'avançant vers moi, m'ordonnant de lâcher ma chaussure gauche. Je m'exécute, la faisant tomber dans un bruit sourd. Elle secoue la tête avant de s'abattre de nouveau sur moi. Je n'aurai peut-être pas dû tout faire pour la calmer, elle a largement gagné en concentration et recommence à prendre le dessus mais c'est un beau combat. Je ne m'étais pas amusée de cette façon depuis bien longtemps.
Alors que je commence tout juste à trouver le bon rythme pour déjouer comme il se doit les assauts de Lexa, l'ombre apparaît de nouveau devant moi. Je suis si surprise que je recule brusquement sans réfléchir, trébuchant et ne parvenant pas à éviter les phalanges de Lexa qui s'écrase douloureusement en plein milieu de mon visage. Je tombe violemment. Le choc me coupe la respiration alors qu'au même instant, le père de Raven s'effondre. Ses longues et lourdes ailes s'écrasant contre le sol. Il se tord de douleur, se débat, hurle. Il se bat contre un mal invisible et l'ombre se dresse devant lui, moi sans la moindre émotion en prononçant ses mots.
Un jour tu comprendras pourquoi tu ne peux pas sauver Morgane.
Cette voix, un cri m'échappe, ma tête est sur le point d'exploser. Cette voix… je la connais. Merde. Je me redresse, agrippant mes cheveux, me balançant d'avant en arrière. Pourquoi c'est aussi douloureux ? C'est insupportable ! J'ai la sensation que quelqu'un m'enfonce des milliers d'aiguilles dans le crâne.
- Anya, hurle Lexa affolée.
Je suis incapable de répondre à ma sœur de cœur. Je suis piégée dans la vision et les sensations. Il… il est en train de suffoquer, c'est invivable. Comment fait-il pour encore résister ? Pour essayer de se relever ? Je n'en peux plus ! Je veux que cette torture s'arrête, que ça s'arrête maintenant !
L'ombre ramasse l'épée, je me tords de douleur. C'est comme si ce geste arrachait un bras à Misaël. Pire, j'ai la terrible sensation que quelqu'un m'arrache les ailes alors même que je n'en possède pas. Il se laisse tomber au sol, n'ayant plus assez de force pour résister. Son assaillant toujours tapi dans les ténèbres s'accroupit devant lui, il prend la main du Dieu du Chaos pour qu'il puisse saisir son arme. Je ressens un profond soulagement en même temps que lui en retrouvant le pommeau de l'épée. La douleur disparaît, pas la mort.
Les ieux s'éteignent aussi Misik'ilik'ili quand ils meurent, quand ils meurent vraiment. Ils sont sans deuil et sans souvenir. L'idée du Chaos ne s'effacera pas si tu mourais, les idées sont bien plus difficiles à tuer que les gens. Mais finalement, avec le temps elles peuvent aussi être tuées.
Cette voix, de nouveau elle écartèle mon crâne. Pourquoi est-ce qu'essayer de comprendre à qui elle appartient me fait à ce point souffrir ? Je l'ai déjà entendu. Je la connais et plus je me rapproche de la vérité, plus le mal se propage. Je serre les poings alors que je tente encore d'en savoir plus seulement la douleur s'étend, de ma tête, elle se propage dans tout mon corps, faisant trembler, non… convulser mon corps.
- Anya, cette fois, c'est Raven.
- C'est, à défaut de trouver un meilleur qualitatif, en train de le tuer !
- Anya, je sens les mains de ma sorcière sur mes joues, il faut que tu lâches prise, maintenant !
- Il meurt Rae !
- J'ai compris mais il faut que tu arrêtes de vouloir comprendre. Laisse juste les images passer. Anya concentre-toi, sur moi.
- Ton père…
- C'est pas vrai, les lèvres de Raven s'écrasent sur les miennes, produisant un véritable électrochoc.
C'est n'est pas suffisant pour éloigner définitivement les images, mais les maux de mon corps s'effacent. Alors que le baiser de Raven s'imprègne sur mes lèvres, l'ombre se redresse. Je crois déceler une sorte d'affection de sa part pour le père de Raven. Elle se retourne, part laissant le corps presque sans vie de Misaël derrière elle mais avant de disparaître, elle ajoute.
Mais tu ne vas pas mourir, pas aujourd'hui.
Et tout s'arrête pour moi. Je retrouve la réalité. J'éloigne Raven pour prendre une inspiration digne de ce nom. Je sens son pouce glisser sous mes yeux, je comprends rapidement que mon visage est baigné de larmes. Ma belle sorcière vient embrasser délicatement mon front en murmurant des excuses que je peine à comprendre. Je papillonne des paupières peinant à complètement sortir de ce que j'ai pu ressentir ces dernières minutes.
- Elle va bien ? S'informe Lexa inquiète.
- Je crois que oui, réponde Raven en cherchant mon regard. Je ne pensais pas que ce serait aussi violent pour elle aussi.
- Qu'est-ce qui s'est passé ?
- Vous les loups, vous êtes des putains de maniaques du contrôle, voilà ce qui s'est passé ! Les visions sont faites pour être observées, pas comprises. Anya, regarde-moi.
- Je vais bien, je prononce difficilement en massant mon front.
- Quand je te dis de lâcher prise, tu lâches prise et puis c'est tout, s'agace-t-elle.
- Ne hurle pas, je grimace.
- Qu'est-ce qui te fait mal ? Les céphalées ou ton visage, elle continue de crier, comment tu peux avoir le visage aussi amoché ? C'est un entraînement ! Tu ne devrais pas revenir en sang !
- Les céphalées, je grogne, clairement les céphalées.
- Oh… désolée.
- Anya va bien, je suis surprise d'entendre Melina, je me tourne vers elle et découvre qu'elle est essoufflée. Je suis rassurée, elle soupire. J'ai senti que tu étais en détresse.
- Où est-ce que tu étais encore passée, la colère de Raven se transfère de toute évidence sur la faucheuse. Si j'ai mis une barrière, ce n'est pas pour faire jolie.
- Je n'aime pas ça, Melina fronce les sourcils, s'approchant ignorant complètement Rae, la mort rôde autour de toi. Qu'est-il arrivé ?
- Une vision, j'explique. Je crois que j'ai vu Misaël se faire tuer, je continue de masser mes tempes douloureuses.
- Le père de Raven n'est pas mort, répond-elle immédiatement.
- Il pourrait l'être, répond tristement Raven, personne ne l'a vu depuis l'exécution de ma mère, pas même Jeda. Je lui ai demandé.
- Il n'est pas mort, insiste Melina.
- Parce qu'il t'envoie une carte postale depuis les Cieux peut-être, rit jaune la sorcière, et bien à l'occasion dit lui que sa fille apprécierait qu'il s'intéresse à elle.
- Rae, je soupire, ne t'en prend pas à elle. Je vais bien. Je t'assure.
Melina s'approche sous le regard noir de Raven. Elle s'accroupit devant moi, ses iris se sont mutées en un véritable cataclysme. Je ne les ai jamais vu dans cet état. Les couleurs défilent si vite que je pourrais croire y déceler un véritable court-métrage, représentant le cycle de la vie. Elle ne me regarde pas en particulier, je l'ai souvent observé fixer son regard légèrement au-dessus de gens. Je ne sais pas ce qu'elle voit mais cette fois, je crois que ce qu'elle découvre ne lui plait pas. Elle est impassible, les émotions ont disparues de son visage pour la première fois depuis que je la connais, elle m'intimide.
Elle marmonne des mots incompréhensibles, pas parce qu'elle ne les prononce pas bien. C'est simplement une langue qui m'est inconnue. Elle parait franchement contrariée.
- Je peux, elle me demande la voix dénuée de vie en me tendant la main.
- Je ne suis pas sûre…
- Raven, la coupe-t-elle aussitôt, je ne lui ferai jamais de mal.
J'échange un regard avec la brune. Je ressens son hésitation et je suis presque sûre qu'elle a accès à mon angoisse injustifiée. Je ne sais pas d'où me vient cette incertitude concernant Melina parce que j'ai confiance en elle. Raven soupire avant de faire un signe de la tête pour que j'accepte l'aide de la faucheuse. Je glisse donc ma main dans celle de Melina je manque de la retirer immédiatement, sa peau est glaciale mais elle me retient.
Je grogne alors qu'une étrange sensation se propage sous et sur ma peau. Melina ne semble pas se soucier de mon inconfort, sa concentration est telle que j'en suis impressionnée. Ses cheveux brillent un peu plus qu'à l'accoutumée. Le nacrée se reflète sur son visage pâle et fatiguée. Pourquoi je n'avais pas remarqué qu'elle était lasse avant cet instant ? J'écarquille les yeux en ne sentant pas les mêmes sensations que d'habitude quand elle me touche et que la mort essaye de se propager. C'est… de la magie ?
Je suis subjuguée alors qu'une magie qui est de toute évidence encore plus ancestrale que celle de Raven se propage du corps de Melina au miens. L'étonnement se lit sans mal sur le visage de ma sorcière. Jamais… jamais, je ne n'aurais cru la faucheuse capable de pratiquer la magie. Son pouvoir est incroyable et de ce que je ressens aux antipodes même de la mort, de la destruction ou de tout ce que je croyais connaître d'elle.
La magie se diffuse d'une étrange manière, elle se propage au-delà de mon humanité, de la malédiction, de mon lien avec Raven, elle voit tout. Absolument tout ce que je suis, franchissant les barrières protectrices de Morgane, mon identité, mes souvenirs, lui appartiennent. Elle s'étant, sans le moindre contrôle accèdent à des parts de moi dont j'ignorais même l'existence. Je devrais me rebeller contre cette violation nette de ma personne mais d'une certaine manière je comprends que la magie ne fait qu'effleurer tout ces choses, elle ne s'impose pas mais voyage et au milieu de cette odyssée étrange, elle trouve la vision.
Melina relâche brusquement ma main, elle est complètement essoufflée, à bout de force. Elle se redresse. Je crois distinguer Scarlet dans son dos. Je l'entends demander à la faucheuse si tout va bien, l'absence de réponse m'inquiète. J'arrive enfin à me concentrer et je suis choquée en découvrant la colère déformer les traits du visage de Melina d'ordinaire souriante.
- Il y a un problème avec Anya ? S'informe aussitôt Raven.
- Melina, Scarlet s'approche, je croyais que tu évitais d'utiliser la magie.
- Ne me touche pas, l'arrête-t-elle aussitôt.
- Je ne vais pas te toucher mais, l'inquiétude marque la voix de la rousse, tu trembles.
- Il a compris, Melina bégaie.
Elle réfléchit tellement vite que j'imagine sans mal les rouages s'activer. Je demande silencieusement à Raven de m'aider à me lever.
Je continue de fixer Melina en essayant de comprendre qui est ce qui l'inquiète. Une part de moi espère que ce n'est pas son père malheureusement, je crois que les chances avoisinent zéro.
- Dis-nous ce qui se passe Melina, demande Raven avec douceur.
- Si nous devons faire quelque chose pour améliorer la sécurité, tu dois nous le dire, ajoute Lexa.
- Melina, souffle Scarlet en s'approchant un peu plus.
- J'espère que tu n'es pas en train de provoquer ton père inutilement, c'est plus fort que moi, je m'inquiète encore pour elle.
- Je, elle est hésitante, perdue, je dois y aller.
- Je viens avec toi, intervient aussitôt la rousse.
- Hors de question !
- Mais…
- Tu ne peux pas y aller, jamais.
- Calme toi, essaye de l'apaiser Lexa, parle-nous. Où vas-tu ? Et pourquoi ?
- Melina, tente de l'arrêter Raven, qu'est-ce que tu fais ?
- Quelque chose de stupide, répond-elle avant de disparaître.
Je reste complètement interdite devant ce départ précipité. Qu'est-ce qu'elle a vu qui ait pu l'affecter à ce point ? Qu'a-t-elle compris de plus ? Sait-elle qui est l'ombre ? Je déteste ne pas savoir. Je me tourne vers Scarlet qui est sans nulle doute encore plus inquiète que moi.
- Tu sais où elle est partie ? Je demande quand même.
- Oui et non.
- Ça ne veut absolument rien dire, s'agace Raven.
- Calme-toi Rae, s'il te plait.
- Mais c'est vrai !
- Je suis d'accord avec ta sorcière, la soutiens Lexa.
- Derrière la porte, répond Scarlet. Elle prépare tout pour le après si la situation tourne au vinaigre mais, elle se pince l'arrête du nez, je ne sais pas du tout où ça se trouve.
- Melina a dit que la porte menait à un endroit sûr, tique Lexa.
- C'est vrai, de ce que je sais. Autant dire… pas grand-chose. J'ai cru comprendre que même Jaliah ignorait où c'était mais que des "gens" vivaient là-bas, où que ce soit. Apparemment, ils ne sont pas super "heureux" de partager leur havre de paix avec nous au besoin.
- N'insistons pas dans ce cas, je tranche, nous trouverons un autre endroit.
- Il n'y a pas d'autre endroit, la voix de Jaliah me fait sursauter. Je déteste que Melina aille là-bas parce que je répugne cette façon qu'ils ont de la traiter. Pourtant, elle soupire, il n'y a nulle part ailleurs dans ce monde que son père ne puisse pas atteindre. Quand nous nous sommes rencontrés, nous avons vécu un temps là-bas. Il n'y a nulle part ailleurs où je me sois sentie à ce point en sécurité.
- Il y a vraiment un endroit dans ce monde que la mort elle-même ne puisse pas atteindre, demande Raven septique.
- J'ai mieux, suggère Lexa, nous passons cette porte tout de suite et nous plaidons notre cause.
- En fait, Scarlet grimace, la porte ne s'activera que si les boucliers d'Hélys tombent tous.
- Pourquoi elle ne nous en a pas parlé avant ? Je m'inquiète.
- Melina veut aussi protéger les gens qui vivent là-bas.
- Ouais, grogne Jaliah, elle se fait surtout bouffer ! Elle ne sait pas dire non, cette idiote. Elle leur sauve la vie une fois et maintenant ils attendent tous qu'elle continue de les protéger. Plus, plus, toujours plus. Putain ce n'est pas une machine !
- Tu ne sembles pas les apprécier, souligne Lexa.
- Je n'apprécie jamais ceux qui use et abuse de la gentillesse de Melina. Et, ils en font clairement partie même s'ils sont loin d'avoir un mauvais fond.
- Depuis combien de temps, je reprends alors que mes idées sont de plus en plus claires, elle cache cet endroit à son père exactement ?
Jaliah se tourne vers Scarlet, elles échangent un regard étrange. La sorcière soupire avant de hocher les épaules. Elle me jette une œillade désolée avant de reprendre :
- Je ne sais pas trop. C'est un des seuls points pour lesquels elle brouille les pistes, elle tapote son front, elle ne me laisse pas voir grand-chose à ce sujet, seulement l'essentiel. Mais je crois que c'était bien avant notre rencontre.
- Scar, j'insiste.
- Je ne sais pas.
- Tu ne me mentirais pas, n'est-ce pas ?
- Bien sûr que non.
- Tu savais pour la magie ?
- Sa mère est une sorcière, elle confirme.
- Melina t'a parlé de sa mère, s'étonne Jaliah. Je n'ai jamais eu ce privilège. Là aussi, elle frappe de nouveau son front de son index et son majeur, elle me bloque.
- Quelle genre de sorcière ? Interroge Raven. Je ne connaissais pas cette magie.
Scarlet hoche les épaules en grimaçant. Elle veut nous faire comprendre qu'elle n'en sait pas plus mais comme elle ne dit rien, je comprends sans mal que c'est pour éviter d'avoir à nous mentir. J'insiste du regard, elle passe nerveusement une main dans ses cheveux avant de reprendre en baissant les yeux :
- Ne me regarde pas de cette façon Anya, ça me rend fragile. Melina m'a parlé de son passé oui, mais c'était une conversation personnelle et j'aimerai éviter de trahir sa confiance.
- Je comprends.
- Nous comprenons, s'offusque d'une même voix Raven et Lexa.
- Tu voudrais aborder un sujet personnel qui concerne Clarke ?
- Absolument pas !
- C'est ridicule, s'acharne Raven toujours profondément inquiète pour moi.
- Dans ce cas, est-ce que nous n'abordions pas notre dispute de ce matin devant tout le monde ?
- Ça ne va pas la tête, s'offusque-t-elle aussitôt, plutôt perdre mes mains !
- Wow, rit Lexa, c'est extrême ! Vous vous êtes disputées, une vraie dispute. Je n'arrive pas à croire que vous admettez enfin que vous vous disputez !
- Ce n'était pas une dispute, grogne Raven, une simple mise au point.
- Nous avons une petite divergence.
- Petite, tique ma sorcière, qu'est-ce que tu n'as pas compris exactement dans : jamais.
- Tout le mot, je la taquine.
- Anya, tu es, elle élève la voix avant d'inspirer profondément, je ne veux plus en parler. Un point c'est tout. La conversation est close. Nous allons rentrer à la maison, tu vas te poser dans le lit et ne plus bouger jusqu'à ce que tes os brisés se ressoudent. Et, je ne veux plus entendre un mot à ce sujet, plus un, elle part comme une furie.
- Et bien, Lexa grimace, on dirait que c'est sérieux. Tu vas bien ? Pourquoi tu souris comme ça ?
- Parce que je vais la faire changer d'avis, je réponds confiante.
- Je t'entends Anya, hurle la principale concernée, et ça n'arrivera pas ! Ramène tes fesses !
- Je trouve que ça ressemble vraiment à une dispute, souligne Lexa.
- Tout va bien, ne t'inquiète pas, je commence à avancer doucement. Scar préviens-moi quand Melina sera rentrée. Je serai rassurée.
Je rejoins la maison en suivant Raven et Gaïa sous sa forme de loup. Ni l'une, ni l'autre ne se retourne pour s'assurer que je les suis. Je frotte mes paupières en passant la porte d'entrée, je congédie gentiment Bellamy qui hésite à me laisser seule alors que je suis blessée. Je lui assure que je suis en sécurité et que Raven va prendre soin de moi.
Je passe la porte d'entrée, monte difficilement les escaliers, fait un signe de tête à Gaïa et l'invite gentiment à rentrer chez elle. Elle me fait part de ses inquiétudes à propos de Raven et je lui fais comprendre que je vais très bien gérer ma femme. J'entre dans notre chambre.
Un soupire m'échappe quand je découvre ma belle sorcière droite comme un I, devant la fenêtre, immobile et sa magie qui semble sur le point de partir en vrille. Je referme doucement la porte derrière moi et sans aucun autre préambule, je me laisse lourdement tomber dans le lit. Je passe une main dans mes cheveux en fixant le plafond. Je penche un peu plus la tête en arrière pour apercevoir Raven. Elle n'a pas bougé.
- Je suis désolée.
- Tu m'as fait peur, répond-elle sans esquisser un seul mouvement.
- J'ai une petite idée de ce que tu as pu ressentir mais ce n'est pas pour ça que je suis désolée.
- Il faut vraiment que tu arrêtes avec cette histoire d'enfant.
- Voilà, c'est pour cette raison que je suis désolée.
- Alors, elle se retourne, juste arrête.
- Je ne peux pas, je souffle en calant ma tête sous un oreiller. Tu veux venir, je demande en tendant ma main vers elle, je suis exténuée. J'aimerai t'avoir près de moi.
Je sens le matelas s'affaisser légèrement près de ma tête. Je replis mes doigts en comprenant qu'elle ne va pas saisir ma main. Je ferme les yeux en me promettant que ce n'est pas pour plus d'une seconde ou deux. Je suis surprise en sentant les doigts de Raven glisser sur mon cuire chevelue. Je me sens tellement apaisée.
Raven s'allonge près de moi, une main toujours dans mes cheveux, l'autre soulève mon haut pour caresser mon ventre. Je me tourne légèrement vers elle en ouvrant les yeux. Elle me sourit avant d'installer sa tête sur mon épaule, sa magie parcourt mon corps et soulage les maux de mon corps. J'embrasse doucement son front avant de fermer de nouveau les paupières.
Je sens que Raven se détend. Elle est tellement apaisée que je pourrai croire qu'elle s'est finalement endormie. Ses mains se sont immobilisées et sa respiration régulière est si apaisante que je me laisse bercée. Je pourrai rester dans ses bras pour toujours. Je m'y sens à ma place, en sécurité et tellement heureuse que s'en est presque risible. Je ne crois pas avoir un jour pensé que je pourrai atteindre un tel bonheur, une si grande accalmie du cœur.
Ce monde a tout fait pour nous séparer mais envers et contre tout, nous nous sommes trouvées, apprivoisées et finalement aimées. Parfois j'essaye d'imaginer ma vie sans elle… à dire la vérité, ce n'est pas difficile. Je me souviens parfaitement de ce vide qui m'habitait. Raven est ma raison de vivre, ni plus, ni moins.
- Rae, je souffle.
- Je croyais que tu étais exténuée, elle serre un peu plus son bras gauche sur mon abdomen, repose-toi.
- Pourquoi tu ne veux pas d'enfant ? La vraie raison.
- Anya, elle soupire.
- La vraie raison, j'insiste, s'il te plaît.
- Je t'ai déjà épousé, répond-elle en se lovant un peu plus contre moi, tu devrais t'en contenter.
Je devrais peut-être elle a raison, mais je ne parviens pas à m'y résoudre. Parce qu'à chaque fois que j'imagine le futur, je ne peux m'empêcher d'espérer plus que juste elle et moi. J'ai une vision assez précise de ce que nous pourrions être et je sais qu'il y aura bien plus d'amour qu'il n'en faut pour ces petits êtres qui un jour agrandissent notre famille.
Je ne sais pas comment mais je parviendrais à la convaincre. A défaut, je comprendrais pour quelle raison, elle s'y oppose aussi fermement. Je sens que comme bien souvent avec Raven, il y a une profonde douleur qui justifie son refus catégorique. Une blessure invisible qui scarifie son si beau cœur.
Je vais lui faire croire à cet avenir que je vois pour nous, lui prendre la main et l'emmener dans mon rêve pour nous deux. Un songe gorgé d'amour, de rires et de possibilité infinie. Une utopie où la guerre n'aura plus aucune place.
Juste nous deux.
Voilà pour ce nouveau chapitre. J'espère qu'il vous a inspiré et qu'il vous a plu ! J'ai hâte de savoir ce que vous avez pensé de ce chapitre. Je ne sais pas pour vous niveau lecture mais personnellement j'ai adoré écrire ce chapitre. Anya et Raven sont en pleins "conflit" sur leur avenir, à votre avis qui va gagner cette bataille ? Est-ce qu'il y aura un bébé Ranya d'ici peu ? Anya s'impose de plus en plus comme alpha, Lexa progresse. Seront-elles prêtes pour le combat inévitable qui se profile ? Qui est cette ombre qui vient troubler les visions d'Anya ? Pourquoi Melina est partie précipitamment ?
Je suis évidemment ouverte à toutes les critiques, qu'elles soient positives ou négatives, à condition que le commentaire soit constructif.
Le confinement se termine... vous êtes dans la team ENFIN ou dans celle "J'en aurai voulu plus" ? Personnellement, je suis dans la team très certainement unique du : "J'attends mercredi 13 mai pour savoir si je peux reprendre une vie normal".
Bref... je vais garder la publication du lundi pour When I See You Tomorrow (Il est possible qu'il y ait du retard mais je vous préviendrais sur Facebook), pour Les amis ne s'embrassent pas sous la neige je vais publier le mercredi, vendredi et dimanche jusqu'au dernier chapitre.
En ce qui concerne Ne Me Regarde Pas, je garde sans surprise la publication le vendredi entre midi et deux. J'ai quatre chapitres d'avance dans l'écriture, une première depuis très longtemps, donc tout devrait bien se passer et il ne devrait pas y avoir de retard. Pour information, la fin de la Partie n°3 devrait arriver au niveau du chapitre 60, je ferais surement à ce moment là une petite pause pour vous préparer le trailer de la Partie n°4.
Voilà, j'espère que cet aménagement vous convient. Prenez soin de vous !
En espérant vous retrouvez pour le prochain chapitre !
GeekGirlG