Bonjour les gens ! Petite publication d'une vieille fanfic Dramione commencée il y a un bon moment. Je l'avais déjà publiée mais jamais finie et là je l'ai entièrement retravaillée. J'avais promis à mes lecteurs de la terminer et je m'en veux beaucoup d'avoir mis autant de temps à la republier même si j'avais des raisons personnelles. A tout hasard, s'ils passent par là, je m'excuse profondément et j'espère que cette nouvelle version vous plaira :)
Il y a déjà plus d'une trentaine de chapitres écrits. Les premiers sont assez courts mais ils deviennent vite beaucoup plus longs !
Enjoy and review ! :D
Chapitre 1
Des nuages se profilaient à l'horizon, écumant le ciel comme une mer sombre et intraitable. De sa fenêtre, un jeune homme fronçait les sourcils en observant à travers les vitres le jardin obscur, balayé par le vent froid. Les mains derrière le dos, il était perdu dans des pensées qui le ramenaient sans cesse vers un château dont il avait un jour été le prince. Prince des Serpentard.
Mais désormais, il était exilé dans le manoir familial et en était prisonnier aussi sûrement que si de solides barreaux de fer l'entouraient. Une gêne lancinante dans son avant-bras gauche, fut-elle réelle ou psychologique, lui rappelait à chaque seconde qu'il n'était à présent plus maître de sa vie. Mais l'avait-il jamais été ? Il se sentait comme un jouet pris entre des mains cruelles. Trop lâche et trop épuisé pour s'en défaire.
- Drago !
Le jeune homme ne put s'empêcher de frissonner en entendant la voix sifflante de son père provenir d'en bas. Rien de bon n'arrivait lorsqu'il l'interpellait de cette façon.
- Oui, père ! cria-t-il en retour.
Il sortit à contrecœur de sa chambre. Arrivé sur le palier des larges escaliers qui se déroulaient en colimaçon, il commença à percevoir un tumulte provenant du grand salon, à l'étage en dessous. On s'agitait, on parlait, on gémissait. Des bribes de voix lui parvenaient mais trop étouffées pour qu'il en saisisse précisément le sens. Il était désormais habitué à ce genre de choses mais poussa tout de même un profond soupir avant de descendre les marches sans grande conviction.
- Dépêche-toi ! rugit son père en le voyant enfin apparaître.
D'un seul coup d'œil, Drago embrassa et analysa rapidement la scène. Lucius Malefoy, ses longs cheveux blonds encadrant son visage durci, tendait vers lui un bras fébrile, prêt à le saisir. Quant à sa mère, Narcissa, elle se tenait en retrait dans un coin de la pièce, avec son air habituellement pincé. Il remarqua aussi la présence de sa tante Bellatrix qui trônait fiévreusement au milieu de la pièce, le regard entravé par ce qu'il avait toujours considéré comme une sorte de folie. Le jeune homme constata rapidement qu'elle maintenait les bras d'une personne dans son dos et lui plantait sauvagement sa baguette pointue dans le cou. Une personne qui lui parut étrangement familière.
Son père l'agrippa dès qu'il fut près de lui et le tira violemment vers la victime en question.
- Tu la reconnais, non ? demanda-t-il avec empressement.
C'était plus un ordre qu'une véritable question et Drago trembla nerveusement au ton hystérique de son père. Il s'avança vers sa tante et la personne qu'elle retenait prisonnière. A sa vue, son sang ne fit qu'un tour :
- Granger ! ne put-il s'empêcher de s'exclamer sous le coup de la surprise.
La jeune fille releva alors la tête. A travers des mèches sales de cheveux qui lui tombaient devant les yeux, elle lui lança un regard méprisant dans lequel perçait une note de désespoir involontaire. Drago n'eut besoin que de quelques secondes pour se rendre compte de son état. Elle semblait à peine tenir debout et se serait probablement écroulée si Bellatrix ne la maintenait pas de force. Ses vêtements étaient couverts de boue, à moitié déchirés et ses bras étaient parsemés de coupures et de sang encore rouge et humide.
- C'est elle ! triompha le maître de maison.
Bellatrix se mit à rire comme une démente et jeta la jeune fille au sol avec violence. Le corps de cette dernière émit un bruit sourd en s'écrasant lamentablement sur le tapis épais qui recouvrait le sol.
- Merci pour ton aide, mon cher Drago, murmura sa tante d'une voix de petite fille à qui l'on viendrait de confier la poupée dont elle rêvait. Tu peux te retirer.
Le blond l'observa, puis son regard dévia de nouveau sur Hermione. Une peur muette, familière, s'empara de lui. Il savait ce qu'elle allait bientôt subir. Comme toutes les autres personnes indésirables ayant eu l'infortune d'être capturée par les Mangemorts. Une main se posa alors délicatement sur son bras.
- Remonte dans ta chambre, Drago, lui intima calmement sa mère.
Il redressa les épaules et, encouragé par son ton tranquille, fit demi-tour et remonta les escaliers sans se retourner. Une fois hors de leur champ de vision, il se boucha les oreilles et courut jusqu'à sa chambre où il s'enferma rapidement.
Cependant, toutes les portes du monde n'auraient pas suffi à couvrir le hurlement qui déchira soudainement les entrailles du manoir. Drago retourna se coller à la fenêtre, dans l'espoir vain que quelque chose attirerait son attention et lui ferait oublier où il se trouvait et ce qu'il entendait. Mais une nouvelle fois, un cri perçant et inhumain retentit. Il se mit à trembler, suivant désespérément des yeux le vol d'un oiseau. Il tâchait de se répéter mentalement qu'elle le méritait. Mais au fond de lui, rien ne s'éveillait. Il n'éprouvait aucun plaisir à penser au sort de la jeune Gryffondor. En fait, il en était totalement indifférent. Il souhaitait juste ne plus entendre les bruits des meurtres qui se perpétuaient sous son toit.
- Elle va bientôt mourir, se murmura-t-il. Elle ne pourra pas supporter les traitements de Bellatrix.
Cela faisait bien longtemps que le jeune homme n'éprouvait plus de plaisir face à la souffrance d'autrui. Il ne parvenait même plus à se souvenir de la dernière fois qu'il se croyait heureux de sa condition. Il se sentait à présent comme un enfant jouant dans la neige et se rendant compte trop tard à quel point elle est glaciale. Certes, il avait durant des années brimé Hermione Granger. Mais sans jamais réaliser qu'il serait en fait probablement incapable de la tuer si l'occasion s'en présentait. Il avait paradé dans le château de Poudlard sans jamais se rendre compte qu'il n'avait pas l'âme d'un véritable meurtrier. Il avait profité de la puissance de son père, persuadé qu'en suivant simplement ses traces, il recevrait toute la gloire qui lui était naturellement due. Après tout ce temps, il était désormais conscient de sa naïveté et de sa jeune et vaine impertinence.
- Pauvre idiote ! Impureté !
La voix de sa tante résonna comme un châtiment. Elle avait probablement dû hurler ces insultes pour qu'elles parviennent jusqu'à lui. Tout était terminé. Hermione Granger était forcément morte.
- Drago !
Le jeune homme tressaillit. Allait-il à présent devoir se débarrasser du cadavre ? Il était accoutumé malgré lui à se charger des tâches les plus viles. Tout le monde avait pris cette habitude depuis que Voldemort se servait de lui de cette façon. Il se dirigea presque comme un automate vers la porte et sortit dans le couloir. Cette fois-ci, son père l'attendait en haut des escaliers.
- Si tu ne te presses pas… menaça-t-il.
Drago accéléra le pas, bien que tout son corps voulût s'enfuir dans la direction opposée. Lucius lui prit violemment le poignet et le traîna dans les escaliers. Lorsqu'ils arrivèrent en bas, le jeune homme ne mit pas longtemps à apercevoir la silhouette informe de la Gryffondor sur le tapis sombre. Il s'attendait tellement à la voir morte qu'il tressaillit en la voyant cligner des yeux.
- Elle ne veut rien dire ! s'exclama Bellatrix en voyant Drago arriver.
Il se planta devant sa tante et la jaugea d'un air dédaigneux.
- Je ne vois pas ce que je peux faire de plus que toi, répliqua-t-il.
- Je compte bien sur toi pour nous aider quand même, lui susurra-t-elle en s'approchant de lui.
Elle le contourna dangereusement et lui planta sa baguette dans le dos pour le pousser vers la jeune fille.
- Tu la connais, n'est-ce pas ? s'excita-t-elle. Tu dois savoir quel est son point faible !
- J'ai passé six ans à l'insulter, avoua-t-il, mais je n'ai rien à voir avec cette fille. Tout ce que je sais, c'est que c'est une Sang de Bourbe et une sale Miss Je Sais Tout. Et qu'elle passe sa vie à traîner derrière Potter. C'est sa meilleure amie. Elle était toujours collée à lui, à Poudlard, comme un Niffleur à un Gallion.
- Elle doit forcément savoir où il est !
Drago se retourna vers Bellatrix et ne put se retenir de la considérer avec amusement :
- Si c'est ce que tu essayes d'obtenir, tu perds ton temps. Elle ne trahira jamais Potter. Elle est tellement stupide qu'elle préférerait y laisser la vie.
- C'est ce qu'on va voir ! hurla sa tante en brandissant sa baguette. Endoloris !
La jeune fille fut prise de convulsions, mais demeura étonnement silencieuse, comme si elle n'avait plus la force de hurler sa douleur. Visiblement frustrée, Bellatrix mit rapidement fin au sort et s'approcha d'elle. Elle lui attrapa une mèche de cheveux et lui souleva la tête en la secouant comme un vieux chiffon crasseux :
- Parle, monstre !
Mais aucune réponse ne lui parvint.
- Appelle-le ! rugit-elle alors en regardant sa sœur.
- Aurais-tu oublié les ordres ? demanda Narcissa, le regard surpris malgré sa dureté. Uniquement si nous avons le garçon.
- Nous pourrions nous servir d'elle, intervint Lucius. Potter fera tout pour la sauver, n'est-ce pas Drago ? Il préférera se rendre plutôt que de la voir se faire tuer sous ses yeux !
L'interpellé acquiesça silencieusement, d'un hochement de tête. Oui, il était peu probable qu'Harry Potter sacrifiât son amie. D'autant moins qu'elle se trouvait probablement dans cette situation par sa faute.
- Très bien, déclara impérieusement Bellatrix en observant son neveu de ses petits yeux sournois. Emmène-la en bas.
- Si on la met au cachot, elle se laissera mourir, déclara le jeune homme.
- Ce que tu peux être agaçant ! s'emporta Bellatrix. A t'entendre on pourrait la croire infaillible, mais ce n'est qu'une sale fille de Moldus.
- C'est une sale Gryffondor avant tout et très rusée par-dessus le marché. Ne la sous-estime pas. Tu ne sais pas de quoi elle est capable.
A ce moment, la jeune sorcière remua légèrement et ouvrit les paupières. Son regard croisa alors celui de Drago. Ses yeux sombres le défièrent avec dédain, malgré les larmes ruisselantes qui lui dévoraient le visage. En dépit du mépris qu'il ressentait lui aussi à son égard, il ne put s'empêcher de se demander par quel miracle elle pouvait encore faire montre de courage et de fierté après ce qu'elle venait de subir, même si cela ne se reflétait que de manière infime dans son regard. Drago se sentit submergé par ses souvenirs. Des souvenirs de querelles dérisoires mais amusantes, haineuses mais chaleureuses. Au détour des couloirs de Poudlard. Oui, ils s'étaient détestés du plus profond de leur cœur, mais ils n'étaient alors que des enfants. Le Serpentard était certain que la jeune sorcière aurait également donné n'importe quoi pour revivre tout cela. Car à présent, ce qu'ils enduraient dépassait leur entendement. Ils n'avaient plus le moindre contrôle sur ce qu'ils vivaient et avaient ça de commun qu'ils étaient tous deux à la merci de cette fatale impuissance. De cette guerre que ni l'un ni l'autre n'avait souhaitée et dont ils étaient pourtant devenus deux fragiles soldats, risquant la mort à tout instant.
Bellatrix avança d'un pas et Drago put de nouveau déceler la folie dans ses yeux noirs :
- Très bien, tu l'auras voulu ! Avada...
Le jeune homme, sans vraiment prendre conscience de ses gestes, s'interposa brusquement entre sa tante et l'adolescente.
- Tu le regretterais, murmura-t-il.
Bellatrix le fixa un moment puis finit par détendre lentement son bras, comme démangée par son envie meurtrière.
- Très bien ! cracha-t-elle. Occupe-toi de cette chose dans ce cas. Assure-toi qu'elle reste vivante le temps que nous mettions la main sur son petit ami Potter !
Drago se forgea un visage impassible et se dirigea vers Hermione. Il n'avait pas sa baguette sur lui et il la souleva donc dans ses bras pour la porter jusqu'aux escaliers en colimaçon. Mais au lieu de remonter vers les chambres, il emprunta cette fois ceux de gauche qui descendaient dans les sous-sols. Peu à peu, il commençait à se rendre compte de ce qu'il venait de faire. Il aurait pu laisser agir sa tante et en finir avec cette histoire. Mais comme poussé par une volonté insoupçonnée, il avait sauvé la seule chose qui lui restait à présent de Poudlard. Il avait sauvé Hermione Granger.

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