Précédemment dans TA: Après le dîner de famille au Terrier, Charlie et Harry sont allés déjeuner chez Andromeda à Brighton. Harry s'apprête à rencontrer son filleul.
(Désolée pour le retard, Vénus retrograde est en train d'avoir ma peau)
Toute pensée rationnelle s'arrêta lorsqu'il poussa la porte de la chambre et qu'il le vit, son filleul, les yeux grands ouverts, les cheveux châtain et la bouche rieuse, dans le lit à barreaux peint en violet. Andromeda avait raison ; ce n'était ni Remus, ni Tonks, et encore moins Harry, quand bien même leur situation était une sinistre répétition à dix-sept ans d'écart. Teddy était sa propre personne, et il aurait la chance de grandir dans un monde en paix, avec une grand-mère dévouée.
Et un parrain.
Sans même jeter un coup d'œil à la pièce, Harry s'approcha du lit et s'agenouilla pour être nez à nez avec Teddy. Bien loin d'être impressionné par cet adulte inconnu qui surgissait sur son territoire, il passa sa petite main à travers les barreaux du lit pour toucher le nez de Harry, et éclata de rire, un son léger et spontané qui résonna dans la chambre colorée.
« Bonjour, Teddy. »
Teddy le regarda avec attention.
« Je suis Harry, ton parrain. »
Comme sentant l'importance de cette phrase et l'émotion qu'elle suscitait pour Harry, ou voulant simplement le découvrir de plus près, Teddy tendit les bras vers lui. Après un instant de panique extrême, Harry se releva et se pencha sur le lit pour prendre l'enfant dans ses bras. Il le tint contre sa poitrine, à la fois ému et inquiet de le faire tomber.
« On va descendre voir ta grand-mère, d'accord ? »
Harry n'avait aucune idée de la manière dont Teddy appelait Andromeda, s'il en était déjà là dans le langage, mais vu la tournure des événements, il le découvrirait sans doute bientôt.
« Et je vais te présenter quelqu'un d'autre, » souffla-t-il.
Teddy applaudit à l'idée et Harry sourit, un peu incrédule. Il tint Teddy serré contre lui en sortant de la chambre et en descendant l'escalier. Une fois au rez-de-chaussée, il suivit le bruit de la conversation et arriva dans la cuisine. Petite mais lumineuse et décorée avec goût, comme le peu qu'Harry avait vu du salon, elle donnait sur un jardin en pleine floraison – et la magie n'y était certainement pas pour rien, vu la météo maussade. Charlie et Andromeda étaient assis à la table et s'arrêtèrent de parler quand Harry entra.
« Oh, » laissa échapper Andromeda en regardant son petit-fils.
Un instant effrayé d'avoir fait quelque chose de mal, Harry baissa les yeux vers Teddy, pour se rendre compte que ses cheveux étaient devenus aussi noirs que les siens. Andromeda avait précisé qu'il était capable de changer leur couleur pour exprimer ses émotions, mais Harry ne s'était pas attendu à une telle manifestation.
« C'est bien ce que je pensais, » approuva Andromeda.
Ne sachant pas quoi répondre, Harry se tourna alors vers Charlie. Teddy se montra tout aussi curieux et joua même un instant avec la grande main pleine de cicatrices de brûlures d'un air fasciné, mais resta bien accroché au t-shirt de Harry et ne demanda pas à changer de bras.
Harry finit par s'asseoir entre les deux autres adultes et accepta le verre de citronnade que lui proposa Andromeda.
« Charlie était en train de me raconter votre rencontre en Roumanie, » expliqua Andromeda, et Harry plissa les yeux.
Charlie leva les mains en signe de défense.
« Mais j'étais aussi curieuse de savoir ce qui t'avait mené sur la route. »
« Un drôle de hasard, en fait, » commença Harry. « Je suis parti pour ne plus voir personne qui me connaissait, et à peine deux semaines après, je rencontrais Luna, une amie de Poudlard, à Paris, la même qui m'a ensuite emmené à la réserve. Où j'ai effectivement retrouvé Charlie, et où j'ai décidé de rester. » Il prononça les derniers mots en regardant l'intéressé dans les yeux, pour lui faire comprendre que la décision n'appartenait définitivement pas au passé.
« Ce sont souvent les personnes les plus improbables qui nous font découvrir des chemins qu'on n'aurait su trouver seuls. Et de mon expérience, il ne faut pas les ignorer. »
Cette remarque, associée avec le premier sourire qu'Harry voyait sur les lèvres de leur hôtesse, lui fit se souvenir qu'elle était allée à Serpentard et il soupira intérieurement. Tout le monde semblait décidé à être cryptique autour de lui.
« La vie serait moins intéressante si tout était prévu d'avance, » approuva Charlie sur le même ton.
Teddy commença à remuer dans les bras d'Harry et il lança un regard paniqué à Andromeda.
« Tu peux le poser, il a probablement envie d'aller jouer. »
Elle avait vu juste. Une fois libéré, Teddy partit dans le salon d'un pas vacillant mais décidé, les regards des trois adultes dans son dos. Andromeda se leva à son tour et débarrassa la carafe vide.
« Vous êtes prêts à déjeuner ? » demanda-t-elle.
« Quand tu veux, » répondit Charlie. « On peut t'aider à quelque chose ? »
Elle désigna le vaisselier contre le mur du salon et Charlie s'arma de sa baguette pour mettre le couvert pendant qu'Harry s'écartait du passage, un peu impressionné par leur relative familiarité. Il jeta un coup d'œil dans le salon. Teddy était assis sous la fenêtre qui donnait sur le rue et jouait avec des cubes enchantés qui projetaient une pluie d'étoiles dorées quand il réussissait à les empiler.
Andromeda posa un plat de lentilles sur la table, et Harry retint une exclamation de surprise. Même s'il pouvait reconnaître un dahl depuis son séjour à Paris, il ne s'était pas attendu à en manger chez elle.
« La mère de Ted était originaire du Pendjab et très fière de sa culture, » expliqua Andromeda, croisant son regard avant de commencer à servir les assiettes. « Tu vois Harry, mes parents ne manquaient pas de raisons de me déshériter. Mais plutôt que d'annoncer qu'une partie de la famille de mon mari était Desi, ou même que je n'avais pas attendu le mariage pour concevoir une descendance, ils ont choisi l'option qui leur attirerait la compassion du reste de la haute société. » Ironisa-t-elle.
« Et dire que je pensais que c'était Sirius qui avait mit le pied dans la fourmilière avec le plus d'éclat, » remarqua Harry après avoir goûté le plat. « C'est délicieux, Andromeda. »
Charlie approuva avec ferveur et Harry vit que seules ses manières l'empêchaient de dévorer le reste sans attendre.
« Merci. » Andromeda porta son verre d'eau à ses lèvres. « Il est vrai que Sirius avait un talent certain pour les sorties théâtrales. Il n'avait que douze ans quand j'ai annoncé à mes parents que j'attendais Dora et que je ne comptais pour rien au monde les abandonner Ted et elle pour des valeurs d'un autre temps, et je ne l'ai pas revu jusqu'à ce qu'il quitte la famille à son tour. J'étais plus soulagée que surprise, à vrai dire, et en plus tes grands-parents paternels étaient tout à fait disposés à l'aider jusqu'à sa majorité. »
« Comment étaient-ils ? Mes grands-parents. » Harry ne put s'empêcher de demander. S'il les avait vus dans le miroir d'Erised avec le reste de ses ascendants, il ne pouvait se rappeler de quiconque lui ayant un jour réellement parlé d'eux, Sirius lui-même portant encore leur deuil à sa libération d'Azkaban.
« Fleamont incarnait l'idée que l'on pouvait se faire d'un Potter : ancien Gryffondor, habile en affaires et très proche de sa famille. Lorsqu'il a appris que j'étais la seule Black que Sirius souhaitait revoir, il m'a tout de suite écrit pour m'assurer que Ted, Dora et moi étions les bienvenus chez eux, ce qui, tu peux me croire, a été une véritable prise de position politique dans les années soixante-dix. Mais il a été suffisamment malin pour ne pas laisser cette décision impacter ses affaires commerciales. Euphemia, elle, était née Zabini, une riche famille italienne émigrée depuis deux générations. Elle avait longtemps craint de ne pouvoir avoir d'enfant, elle avait déjà une cinquantaine d'années à la naissance de ton père, et couvait absolument tout le monde, ton grand-père y compris. »
Harry était suspendu à ses lèvres et en oubliait de manger. Vu son air intrigué, Charlie ne connaissait pas cette partie de l'histoire, mais ça ne l'avait pas empêché de terminer son assiette.
« Dora et elle se sont tout de suite adorées. Là où Druella, ma propre mère, avait refusé de jouer son rôle, Euphemia, la mère adoptive de mon cousin, fut parfaite. »
« On continue le cercle, alors, » remarqua Harry, et Andromeda haussa un sourcil, intriguée. « Mes grands-parents se sont occupés de votre fille, et je vais m'occuper de votre petit-fils. »
Le regard d'Andromeda brilla. « C'est une belle manière de ne pas les oublier. » Elle resta ensuite longuement sans rien dire avant de reprendre le cours de l'histoire.
« Sirius a finit par hériter de notre oncle Alphard, qui a été déshérité post mortem pour cet affront, et il s'est installé dans un appartement à Londres. Ta mère a commencé à fréquenter de plus en plus souvent la maison des Potter. Et tout s'est accéléré. Une fois majeurs, Sirius, Remus, Peter et tes parents ont rejoint l'Ordre, et Ted et moi avons proposé notre aide seulement en cas d'urgence, puisque nous vivions déjà à l'écart du monde magique. Nous avons perdu de nombreux amis dans la lutte, puis tes grands-parents ont été emportés par la Dragoncelle quelques mois avant ta naissance, et... »
Et la suite, Harry la connaissait.
« Personne ne m'a jamais raconté ce qu'il s'était passé avant ma naissance, à part quelques anecdotes sur mes parents à Poudlard. Ce n'est pas un reproche, mais je suis content de savoir quelque chose en plus. Tout le monde dit qu'ils étaient des héros, mais je crois que je voulais juste savoir s'ils avaient eu le temps d'être heureux. »
Charlie prit alors sa main sur la table et Harry s'y accrocha comme à une corde de sauvetage sans se poser de questions.
« Je crois sincèrement que tes parents ont été heureux, » Confia-t-elle à Harry. « Et tes oncles, et tous les proches que nous avons perdus, » ajouta-t-elle en regardant Charlie, qui hocha la tête gravement et serra un peu plus fort les doigts de Harry.
« Vivre sans Ted n'est pas quelque chose que j'avais un jour envisagé, sans même parler de Dora, » souffla Andromeda, sa voix faiblissant un instant. « Mais Teddy est là, et ma sœur et mon neveu aussi. »
« Teddy grandira bien entouré, Andromeda. Et vous ne serez pas seule non plus, » promit Harry, et Charlie hocha vigoureusement la tête à ses côtés.
Andromeda les gratifia d'un sourire prolongé, puis baissa les yeux sur la table. Seul Charlie avait terminé son assiette.
« Amandeep Tonks serait bien capable de nous maudire depuis sa nouvelle réincarnation si nous ne finissons pas son plat, » remarqua Andromeda, reprenant son ton pince-sans-pire habituel avant de lancer un sort pour réchauffer le dahl. Harry et elle purent alors finir leur assiette, et Charlie se resservir, une fois qu'il eut libéré la main de son voisin.
Ils terminèrent le repas dans un silence confortable, puis Charlie fit du thé et Harry débarrassa la table pendant qu'Andromeda allait voir Teddy dans le salon. Elle le trouva endormi, tenant un de ses cubes serré dans son petit poing, et le prit dans ses bras pour l'emmener dans sa chambre.
Lorsqu'elle redescendit, Charlie et Harry s'étaient installés sur le canapé du salon et elle prit place sur le fauteuil en face d'eux.
« Teddy est toujours aussi calme ? Parce que je n'avais pas l'impression que c'était quelque chose que les enfants respectaient. »
Ceux qu'on n'enfermait pas dans des placards, en tous cas.
« Il doit tenir de son père, parce qu'à cet âge-là, Dora n'était calme que lorsqu'elle dormait, » reconnut Andromeda. « Il est très curieux, et je pense que quand il commencera à pouvoir parler pour de vrai, il nous étonnera. »
En prenant le thé, ils continuèrent à discuter de Teddy, de ce qu'Andromeda avait prévu pour quand viendrait le temps de l'école, de l'aspect financier d'élever un enfant et d'une foule d'autres questions qu'Harry n'aurait pas pensé à poser sans Charlie et son expérience.
Ils prirent congé de leur hôtesse vers quinze heures, ne voulant pas abuser de son hospitalité, et sentant qu'ils avaient tous besoin de digérer ce qui avait été discuté pendant le repas. Mais Harry n'avait pas envie de rentrer à Londres pour le moment, surtout parce qu'il ne savait pas comment garder Charlie avec lui encore un peu, ni quoi lui dire, aussi proposa-t-il d'aller visiter Brighton, tant qu'à être venus jusque-là. Andromeda leur conseilla de se promener le long du front de mer jusqu'au Pier et ses attractions, et les raccompagna jusqu'à la porte d'entrée.
« Merci encore, Andromeda. J'étais très heureux de vous voir avec Teddy aujourd'hui. »
Andromeda serra brièvement mais chaleureusement les deux mains d'Harry dans les siennes, puis fit de même avec Charlie.
« Harry et moi avons peu d'occasions de quitter la réserve hors des vacances, mais Teddy et toi êtes bien sûr les bienvenus là-bas. »
Harry fut chamboulé par l'implication, ce que ça disait de Charlie et lui, même s'il savait que Charlie avait son propre lien avec Andromeda.
Andromeda sembla d'ailleurs en arriver à la même conclusion car son regard se fit amusé alors qu'elle ouvrait la porte d'entrée pour les laisser sortir.
Ils lui firent signe de la main en s'éloignant dans la direction qu'elle leur avait indiquée et se retrouvèrent seuls, dans l'air venteux du bord de mer en avril. Harry expira tout l'air de ses poumons et inspira une grande goulée d'air iodé.
« Merci de m'avoir accompagné, » dit-il enfin.
« Tu t'en es très bien sorti tout seul. »
Harry fronça les sourcils, cette remarque lui ouvrant plusieurs possibilités de réponse à la fois.
« Je ne savais pas que tu connaissais bien Andromeda, » décida-t-il de dire en premier, peu importe que son image mentale de Ginny menaçait de le frapper sur la tête s'il continuait à éviter l'autre sujet.
« Tonks était de mon année à Poudlard. On est entrés ensemble à l'Ordre dès qu'on a eu dix-sept ans, en 1990, et c'est grâce à ça que j'ai rencontré Andromeda et Ted. »
Harry se tut, méditant l'information, et comprenant mieux leur comportement. Puis une autre question lui vint.
« Et les fleurs ? »
« Le langage des fleurs est un moyen de communication très prisé dans le monde sorcier, » Charlie remarqua avec détachement, comme s'il voulait repousser la question.
« Que voulaient-elles dire ? » Demanda-t-il, plus doucement, résistant à l'envie de prendre la main de Charlie.
Charlie soupira. Il marchait en regardant droit devant lui.
« Des soucis pour le deuil, des anémones pour soigner la peine, et des marguerites pour la sincérité. » Finit-il par avouer, sa voix à peine plus haute qu'un murmure.
Harry jura intérieurement et lui prit la main. C'était sans doute une des premières fois que Charlie évoquait devant lui son deuil des proches perdus pendant la guerre.
Charlie esquissa un sourire, qu'Harry ne pouvait qualifier que de douloureux.
« C'est plus difficile que ce que je pensais, de revenir, » avoua-t-il. « A la maison, ils ont pris l'habitude de vivre avec le vide. Mais moi... »
« Tu veux venir dormir au Square ce soir ? » proposa Harry sans réfléchir.
Il voulut se frapper pour sa légèreté quand Charlie s'arrêta net et le regarda en fronçant les sourcils.
« Harry, écoute, je... » Il retira doucement sa main de celle de Harry. « Ce n'est pas une bonne idée, d'accord ? »
Il fit un pas sur le côté mais Harry l'interrompit.
« C'est à cause d'hier soir, c'est ça ? »
Plusieurs émotions passèrent sur son visage, et Harry en retint surtout qu'il n'avait jamais vu Charlie aussi troublé.
« C'est plus compliqué que ça, et je ne suis pas sûr que ce soit le moment. »
Plus inquiet que blessé par ce deuxième rejet, Harry insista. Charlie n'était pas dans son état normal, et il avait peur que, s'ils rentraient chacun de leur côté sans discuter, leur relation ne soit plus jamais la même.
« Rentre avec moi au Square, s'il-te-plaît ? »
Charlie dû sentir qu'Harry était sincère, car il finit par acquiescer sans le regarder.
Harry soupira de soulagement. Il regarda autour de lui et vit qu'il y avait un cabanon à l'abri des regards sur la plage de galet en contrebas. Charlie l'y suivit sans piper mot, et quelques minutes plus tard, ils Transplanaient à Londres.
En touchant le sol de sa maison, Harry songea qu'ils n'étaient même pas allés jusqu'au Pier et retint un rire nerveux. Toute envie de légèreté s'arrêta bien vite quand il vit Charlie, planté au milieu du couloir, toujours silencieux.
« Allez, viens. »
Harry lui prit le bras et l'emmena sans résistance jusqu'à la cuisine. Il ne prit pas la peine d'appeler Kreattur et fit du thé lui-même, jetant un coup d'œil par-dessus son épaule pour vérifier que Charlie s'était assis à la table.
Harry amena à table le plateau à thé et servit deux tasses avant d'en pousser une vers Charlie avec un peu plus de force que nécessaire et de s'asseoir à sa diagonale.
L'espace d'une minute, le silence fut si lourd qu'Harry crut qu'on lui avait lancé un sort d'étouffement. Puis sa conscience – qui avait curieusement adopté la voix d'Elia à la place de celle de Ginny – lui souffla que c'était sans doute le poids des secrets, et qu'il avait plutôt intérêt à ne pas se planter, cette fois-ci.
Harry ne savait même pas par où commencer. Il entoura sa tasse de ses doigts pour les réchauffer après le passage au bord de mer, et prit une grande inspiration.
« Je suis désolé, » commença-t-il, et cela eu le mérite de suffisamment interloquer Charlie pour qu'il cesse de fixer le contenu de sa propre tasse et qu'il tourne la tête vers lui.
« De tout ce que tu aurais pu dire, » lâcha Charlie. « Ce n'est pas à ça que je m'attendais. »
Harry tenta un sourire en coin.
« Au moins tu as arrêté de fixer la table. »
Charlie s'appuya contre le dossier de sa chaise et croisa les bras.
« Pourquoi es-tu désolé ? »
« Je ne sais pas ce que j'ai fait, » avoua Harry. « Mais visiblement, tu as un problème avec moi. »
« C'est pas... » Commença Charlie, et d'habitude il avait moins de mal à finir ses phrases. « C'est pas toi le problème. »
« Ah bon ? » Harry nota avec détachement qu'il sonnait plus railleur qu'intrigué.
Charlie jeta un bref coup d'œil à sa tasse mais n'amorça aucun geste pour la prendre.
« C'est moi, d'accord ? Tu n'as rien fait de mal, et tu n'as pas à t'excuser. »
« Alors quoi ? »
« Alors quoi, quoi ? »
« Il y a quand même un problème, Charlie. Si ça ne vient pas de moi, qu'est-ce qu'il se passe ? »
« Rien de plus que ce que je t'ai dit tout à l'heure. C'est pas facile d'être à la maison avec les autres. » Il soupira. « Je comprends pourquoi tu as voulu partir en septembre. »
« Je veux bien te croire, » remarqua Harry, pas convaincu par la tentative d'évitement. « Mais il y a autre chose. Hier, tu allais bien pendant le match, et à partir du moment où tu nous as appelés à table, tu ne m'as plus adressé un mot. Il s'est passé quelque chose en bas pendant que j'étais avec ta sœur ? »
Charlie sembla sur le point de dire quelque chose sans réfléchir, puis il ferma la bouche et s'empara agressivement de sa pauvre tasse de thé. Par Merlin, si Harry était au moins aussi têtu que lui, il comprenait maintenant pourquoi Elia perdait patience à lui faire entendre raison.
« Il s'est passé quelque chose, » pressa-t-il.
Charlie reposa sa tasse vide.
« Quelqu'un t'a fait une réflexion, ou... ? »
« Elle te voulait quoi, ma sœur ? » L'interrompit Charlie.
S'il n'était pas strictement agacé, il ne semblait pas non plus serein. Harry ne s'était pas attendu à ce que la conversation revienne sur lui comme un boomerang à cet instant et il se passa la main dans les cheveux d'un air peu inspiré.
« Me donner un gage parce qu'on a perdu le match. »
« Un gage ? »
« Oui, visiblement c'est quelque chose que vous faites dans la famille. Non ? »
« Si, » confirma Charlie, et Harry fut soulagé que Ginny n'ait pas inventé toute l'histoire – même si ça ne changeait rien à son problème. « Et je m'attendais bien à ce que Ron et elle le fassent. Mais je ne comprend pas pourquoi elle t'en a seulement donné un à toi. »
Harry sentit une légère rougeur monter sur ses joues mais se força à ne pas détourner le regard. Charlie plissa les yeux, et, semblant voir dans ceux de Harry quelque chose qui ne lui plaisait pas, décroisa les bras pour poser ses mains sur ses cuisses.
« Merci pour le thé, » lâcha-t-il, et fit un mouvement pour se lever.
Harry paniqua. Et parce que son cerveau lui laissa penser que c'était la meilleure réaction, il se pencha sur le coin de la table, prit le visage de Charlie entre ses mains, et colla ses lèvres contre les siennes.
Contrairement aux deux fois précédentes, et même s'il avait encore quelque chose à prouver, Harry savait pourquoi il le faisait. Restait à en convaincre Charlie, et à croiser les doigts pour qu'il ne se soit pas lassé d'attendre.
Mais visiblement, à la manière dont il fit un pas en avant et enroula ses bras autour de la taille d'Harry avant de lui répondre, ce n'était pas le cas. Harry se laissa aller à sourire contre ses lèvres, l'angoisse de la discussion momentanément oubliée, et glissa une de ses mains de la joue de Charlie à sa nuque pour pouvoir passer ses doigts dans ses cheveux. Plus qu'à Noël, où il avait voulu prouver à Charlie qu'il comptait pour lui, et plus qu'en février, où ils avaient pris conscience de l'inéluctabilité de la séparation, Harry profita de l'instant en pleine conscience. Puis il libéra ses lèvres, sans pour autant briser l'étreinte.
« Le gage de ta sœur, » commença-t-il, et Charlie fronça à nouveaux les sourcils. « Ah, arrête. Laisse-moi t'expliquer. Elle a vu comment tu me regardais pendant le match, et visiblement tu parles de moi dans tes lettres, et elle a aussi discuté avec Elia, qui lui a dit que je ne regardais que toi le reste du temps, et que je parlais de toi dans mes lettres. »
Harry se mordit la lèvre face à sa propre incompétence à s'expliquer et à l'empressement de Charlie à sauter aux conclusions.
« Et donc elle s'est servie de sa victoire au Quidditch pour s'assurer que je n'attendrai pas ton départ pour te dire que... »
« Que ? »
Harry prit une grande inspiration.
« Que c'est pas pour les dragons que je veux revenir habiter chez toi ! » s'écria-t-il.
Charlie écarquilla les yeux, et la seconde suivante, il laissa tomber sa tête sur l'épaule d'Harry et fut secoué d'un rire qui résonna entre eux.
« C'est la pire déclaration qu'on m'ait jamais faite, » lâcha-t-il contre son t-shirt, son corps secoué par l'hilarité, avant qu'il relève la tête. « Ou la meilleure, j'arrive pas à me décider. »
Et Charlie l'embrassa avec ferveur, comme pour sceller sa réponse, avant de le serrer plus fort contre lui. Harry sentit un poids considérable se déloger de sa poitrine.
« Pourquoi tu as attendu tout ce temps, idiot ? »
« C'est à moi que tu poses la question ? » rétorqua Harry, et sentit le rire secouer à nouveau la poitrine de Charlie. « Je pourrais dire la même chose. Comment j'étais censé savoir que je n'étais pas juste le meilleur pote de ton frère ? »
« Parce que si tu étais juste le meilleur pote de mon frère, je ne t'aurais pas embrassé quand tu es parti. »
« Oui, mais je t'ai embrassé d'abord ! Et ça n'a rien changé ! »
« Parce que tu as fui dans ta chambre après ça et que tu n'en as plus jamais parlé. »
Harry regarda Charlie comme s'il faisait exprès de ne pas voir l'évidence.
« Je suis parti dans ma chambre pour te laisser tranquille ! J'ai agit sans réfléchir et j'ai eu l'impression d'avoir profité de toi. Dans ton propre salon. »
« Merlin, Circé, et tous les autres. » Jura Charlie. « Tu rigoles ? C'est moi qui avait peur de profiter de toi. Tu n'étais là que pour les dragons, après tout. »
Harry nota le sarcasme et leva les yeux au ciel.
« On est tous les deux des idiots, » reconnut-il. « Ça fait des mois qu'Elia me harcèle pour que je te parle. Et puis hier, Ginny ne m'a plus franchement laissé le choix, mais tu as décidé de rendre les choses encore plus compliquées. »
« J'étais jaloux, » révéla-t-il, et Harry n'avait jamais vu quelqu'un aussi prompt à révéler ses fautes. « Je savais qu'elle pensait au gage, c'est elle qui a proposé un match avant que tu arrives, et elle y tenait trop pour que ce ne soit qu'une simple envie de jouer. Et du coup, quand j'ai vu que tu étais dans sa chambre, j'ai cru que c'était ça. »
« Hé, » protesta Harry pour la forme. « Rappelle-moi à qui j'ai raconté notre rupture ? En détails ? »
« J'ai pas réfléchi, OK? »
« Donc laisse-moi résumer. Tu m'as ignoré toute la soirée, me forçant à écouter Hermione et Fleur réprouver ce que le mariage en tant qu'institution faisait aux femmes, et tu as voulu me planter sur la plage tout à l'heure, tout ça parce que tu pensais que j'avais fricoté avec ta sœur dans sa chambre pendant que tu m'attendais en haut? »
« N'utilise plus jamais cette image mentale contre moi, je t'en supplie. Mais oui. J'ai cru que tu t'étais lassé de traîner avec moi. »
« Et moi j'ai pensé que je m'étais trompé sur toute la ligne. Que maintenant que tu avais retrouvé ta famille, tu ne voulais plus qu'on soit tous les deux. »
« Oh, » souffla Charlie en embrassant ses cheveux. « On est vraiment nuls pour communiquer, hein ? »
« Tu m'étonnes. Et surtout quand c'est important. »
« Donc je vais dire les choses clairement. » Charlie fit un sourire en coin, amusé et presque tendre. « Harry, tu me plais. J'ai arrêté de te voir comme le meilleur pote de mon frère depuis littéralement ton deuxième jour à la réserve, et quand je t'ai invité à venir vivre chez moi, c'était un peu plus qu'intéressé, même si je te l'aurais quand même proposé dans tous les cas. »
« Elia avait raison, tu es vraiment un mec bien, et je vais en entendre parler jusqu'à la fin des temps. » Soupira Harry pour ne pas affronter directement ce que la déclaration de Charlie provoquait en lui.
« Mihaela aussi. La première fois qu'on est allés prendre un verre, elle a vu comment je te regardais. Et maintenant que j'y repense, à en croire les têtes de Bill et Hermione hier soir, il y a de l'argent qui va changer de main dans les prochains jours. »
« Génial, donc en gros, tout le monde était au courant avant nous ? Ginny a dit qu'elle voulait voir la tête des autres quand ils réaliseraient que c'est avec toi que je rentrerais dans la famille. »
Charlie sembla trouver l'idée parfaite, si son soudain éclat de rire était une indication.
« Tu me plais aussi, Charlie. Sans doute depuis que je suis arrivé à la réserve, inconsciemment, et c'est devenu vraiment difficile à ignorer après Noël. Surtout quand tu te baladais à moitié nu dans le salon. »
« Content de voir qu'au moins une de mes stratégie a fonctionné. »
« Très drôle. Ça l'était moins de résister à l'envie de... »
« De ? »
Charlie avait l'air trop amusé pour son propre bien.
« De te plaquer contre le mur. »
« Je t'aurais laissé faire, » souffla Charlie contre son oreille.
Harry frissonna, de manière aussi soudaine que radicale.
« Et on aurait loupé le réveillon avec les autres ? »
« Question de priorité. Et personne n'aurait été surpris. »
« Et là, tu me laisserais faire ? »
« Peut-être bien. Essaye pour voir ? »
Harry ne s'arrêta pas pour contempler le soudain revirement de la conversation ; c'était toujours comme ça avec Charlie – entre eux, en tous cas. A la place, il referma ses doigts sur les hanches de Charlie et, lentement, sans jamais cesser de le regarder dans les yeux, le fit reculer pour le pousser contre le mur le plus proche. Charlie s'y adossa confortablement et écarta les jambes, invitant silencieusement Harry à venir encore plus près en posant ses mains dans le creux de son dos. Harry ne se fit pas prier et passa ses bras autour du cou de Charlie, étudiant un instant les traits de son visage – les pommettes couvertes de tâches de rousseur, les yeux sombres et brillants, les lèvres toujours prêtes à sourire. Il avait déjà passé des heures à le regarder, mais cette fois, il en avait le droit, et il comptait bien en profiter.
« Et maintenant que tu m'as plaqué contre ce mur, tu vas faire quoi? »
La voix de Charlie n'était plus qu'un murmure et il semblait complètement à son aise, mais Harry sentait bien que son rythme cardiaque était au moins aussi élevé que le sien, et ce fut cet infime détail qui lui donna l'élan nécessaire pour continuer sur ce terrain inconnu.
« Tu aimerais bien le savoir ? » ne put-il s'empêcher de souffler contre sa peau, avant d'embrasser sa mâchoire, le coin de ses lèvres, la peau tendre en-dessous de son oreille, et l'artère palpitante le long de son cou. Charlie laissa échapper un soupir, et Harry n'eut pas le temps de s'interroger sur sa signification – plaisir ou impatience – qu'il reprenait ses lèvres en un baiser authentique, langues et respirations mêlées. Elles devinrent bien vite erratique, encore plus quand Harry se rendit compte qu'il ne pouvaient pas être plus proches, et il mordilla la lèvre inférieure de Charlie pendant qu'une main baladeuse glissait de sa taille pour descendre plus bas.
« C'est ce que tu attendais ? » demanda-t-il avec un détachement de façade, se reculant juste assez pour voir l'expression sur le visage de Charlie.
« C'est un bon début, » reconnut-il, et Harry ne put s'empêcher de sourire.
« Ma chambre ? » Proposa-t-il, et Charlie le serra contre lui, rendant impossible d'ignorer à quel point la proposition l'intéressait.
« Je n'y croyais plus. »
Pour la première fois, Harry jugea utile de Transplaner à l'intérieur de la maison.
[...]
Tiré du sommeil pour une raison sur laquelle il ne voulait pas s'appesantir, Harry ouvrit les yeux sur la présence familière du ciel-de-lit rouge et or de sa chambre au Square Grimmaurd. Il n'était pas d'origine, mais il avait trouvé rassurant de l'ajouter, parce que ça lui rappelait le dortoir de Poudlard et sa sécurité.
De la tenture au dessus de sa tête, son regard glissa sur l'épaule nue qui émergeait des couvertures de l'autre côté du lit. Harry eut un drôle d'instant d'incompréhension avant que les événements de la nuit passée lui reviennent en mémoire. La respiration régulière, Charlie semblait dormir du sommeil du juste, et Harry ne pouvait lui en vouloir. N'importe qui aurait été à plat après la journée qu'ils avaient eue et son impact émotionnel, et ils avaient en plus poussé le vice jusqu'à discuter une bonne partie de la nuit, soulagés de leur proximité retrouvée.
(Harry devait l'avouer, ils avaient aussi eu un peu de mal à garder leurs mains pour eux, ce qui n'avait rien arrangé.)
Se réveiller ainsi dans le même lit que l'homme qu'il admirait depuis des mois était à la fois singulièrement approprié, et injustement inquiétant.
Qu'allaient-ils faire, maintenant ?
Comme troublé par son revirement d'humeur, Charlie poussa un grognement et se retourna dans le lit pour lui faire face, les yeux encore lourds de sommeil.
« Chuuut, » souffla-t-il, clignant vainement des paupières pour y voir plus clair. « Je ne vais nulle part. » Promit-il en attirant Harry en-dessous des couvertures et contre lui.
Harry poussa un long soupir, expirant la tension qu'il n'avait pas eu conscience de retenir. S'ils avaient enfin admis leurs sentiments l'un pour l'autre la veille, ils n'étaient pas allés jusqu'à parler de ce que ça voudrait dire pour eux dans le futur, et Harry n'avait pas pu s'empêcher de s'inquiéter.
Mais d'un seul coup, pressé contre la poitrine nue de son compagnon de lit, il était bien plus difficile de s'en faire pour ce qui adviendrait plus tard, et Harry se concentra sur l'instant.
Il avait la tête dans le creux du cou de Charlie et sentait son souffle sur son épaule droite, ainsi que sa main dans ses cheveux, à l'arrière de sa nuque. Dans d'autres circonstances, la perspective de se rendormir dans un tel confort aurait été extrêmement tentante, mais sa vieille amie l'insomnie ne le laisserait jamais se rendormir en plein jour, peu importe qu'il ne soit même pas six heures du matin.
Charlie sembla en venir à la même conclusion car il grogna à nouveau.
« Il est trop tôt pour ça, » soupira-t-il, et Harry devait admettre qu'il y avait quelque chose d'attirant à le voir ainsi grincheux au réveil, quelque chose de plus intime que lorsqu'ils vivaient ensemble au village.
Harry fit un son d'acquiescement évasif et fit glisser sa main contre le corps de Charlie, jusqu'à la poser sur la peau tiède du bas de son dos.
Les minutes passèrent sans qu'ils ne bougent, sauf pour changer de position et soulager les muscles qui s'engourdissaient trop vite puis Charlie, les yeux maintenant bien ouverts, embrassa Harry au coin des lèvres et se redressa sur ses coudes pour s'adosser à la tête de lit.
« Alors, dis-moi ce qui t'a tellement fait peur que ça m'a réveillé ? »
Il avait prononcé sa phrase avec suffisamment d'ironie pour que Harry ne se sente attaqué d'aucune manière, et il pencha la tête sur le côté, réfléchissait à la manière d'ordonner ses angoisses.
« Comment on va faire à partir de maintenant ? » Lâcha-t-il finalement.
« Je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas continuer comme avant ? » Remarqua Charlie, perplexe. « Si ce n'est qu'on va cesser de s'ignorer pour des raisons futiles, rien ne va vraiment changer. A condition que tu veuilles revenir à Creastamică, bien sûr. »
« Évidemment, idiot, » souffla Harry, levant les yeux au ciel. « Je croyais avoir été clair la nuit dernière. »
Charlie esquissa un sourire amusé.
« Tu as effectivement été clair sur beaucoup de choses. Mais qu'est-ce qui te pose question, alors ? »
« Qu'est-ce qu'on va dire aux autres ? »
« Oh, ça. »
Ils restèrent silencieux un instant, digérant le poids de cette réalisation. Visiblement, Charlie ne s'était pas encore donné la peine d'y réfléchir.
« Pour ce qui est du village, ça ne posera aucun problème, qu'on veuille s'afficher ou non. La plupart de nos amis sont déjà persuadés qu'on est ensemble depuis longtemps. »
« Depuis la nuit où Evelien t'a ramené à la maison, » lâcha Harry.
« Quoi ? »
« Juste avant que je commence mon apprentissage avec Anan. Tu es parti faire le recensement, il y a eu la tempête, et Evelien m'a fait confiance, juste comme ça, pour prendre soin de toi à votre retour. Il y a avait quelque chose dans ses yeux, » se rappela-t-il, sidéré de cette soudaine épiphanie.
Charlie fit une grimace-sourire.
« Ça explique beaucoup de choses, si c'est le cas. Sven n'est pas dupe non plus, et Mihaela encore moins. Je te le dis, tout se passera bien de ce côté-là. »
« Mais de l'autre... »
L'expression de Charlie pencha soudainement du côté de la contrariété.
« De l'autre il y a ma mère. »
« Tu ne crois pas qu'elle a pu... changer, et s'y faire, depuis l'histoire avec Eric et toi ? »
Charlie se passa la main dans les cheveux et fit ensuite courir son doigt sur la clavicule de Harry, comme pour gagner du temps avant de répondre.
« Je ne sais pas, » avoua-t-il. « Si tout le monde nous accepte, elle finira par le faire aussi. Mais j'ai peur qu'elle cherche à m'accuser de t'avoir détourné de Ginny. »
« Pas qu'elle m'accuse de vouloir te laisser tomber comme elle ? » Ironisa Harry, ce qui arracha au moins un sourire à Charlie.
« Dans tous les cas, je ne sais pas si j'ai envie de le découvrir tout de suite. C'est peut-être de la lâcheté, mais je me dis que quand on sera tous les deux de retour à la maison, sa colère ne pourra pas nous atteindre de la même manière. »
Harry n'avait rien à y redire.
« Ce n'est pas moi qui pourrait te traiter de lâche, de toute manière. »
« Idiot, » souffla Charlie en réponse. « Qu'est-ce que je t'ai déjà dit ? »
« Ce n'était pas une absence de courage mais plutôt une preuve d'auto-préservation que d'avoir quitté le pays l'année dernière, » imita Harry avec la voix de Charlie, jusqu'à ce que celui-ci soit satisfait. « C'est quand ça t'arrange. »
« Toujours. »
« Bon, on va déjeuner maintenant ? Quoiqu'on dise à ta famille, on a intérêt à être bien réveillés pour le faire. »
Le rire de Charlie résonna dans la pièce et Harry songea que, tant qu'ils seraient tous les deux, les choses ne pourraient que bien se passer.
(Enfin! J'espère que ce chapitre vous a plu, depuis qu'on l'attendait.)
Il reste encore quelques chapitres, et le prochain sera pour le 14.
Merci de votre soutien, c'est énorme.