BONSOIR FFNET. Oui c'est bien la suite de ma fic Sense8 (on ne l'attendait plus, n'est ce pas – enfin j'espère que si un peu quand même) et pour me faire pardonner ce chapitre est plus long que les autres heehhehe (dit elle comme si c'était intentionnel)
Si vous voulez toujours savoir à quelle sauce les 8 persos principaux de cette fic vont être mangés, voici le menu du jour :
Entrée : salade de Hinata Shouyou ne mérite pas ça et vous pouvez déposer une plainte devant le tribunal contre aeli en vous adressant à son avocate Bymeha
Plat principal : Côtelette de Ne faites pas comme Bokuto et n'acceptez jamais un verre d'un inconnu même s'il est blond et que vous êtes homosexuel
Fromage : Bleu d'auvergne accompagné du comment partir en croisière avec yaku le vieux loup de mer qui mange du poisson bio pour oublier que l'amour de votre vie a failli mourir par votre faute, un guide par kozume kenma qui ne sortira au grand public qu'à la rentrée littéraire 2019
Dessert : Tarte au COMMENT JE PEUX FUIR MON MARIAGE ET MES RESPONSABILITES SANS ALLER EN TAULE SVP ? un commentaire posté par sugawaralefragiledu83 sur doctissimo
Est-ce que je me cache derrière mon humour à 3 centimes pour vous distraire de l'angst qui arrive ? oui
remerciements bien baveux à : ma waifu bymeha et son chien shiro pour leur lecture et commentaire avisé, elliada my girl pour avoir WW avec moi et m'avoir écouté me plaindre, et enfin thalilitwen et sherma8 pour leur soutien moral à toute épreuve.
ALLEZ BONNE LECTURE LES LOULOUS ON SE RETROUVE EN BAS DE PAGE POUR UN TEASER DE LA SUITE (et toute réclamation ou menace de mort bien entendu, ma secrétaire thalilitwen prendra toutes vos demandes en compte et vous rappellera dans un délai de 2589 jours c'est promis)
CHAPITRE 9 – APPARITION
« Always said I was a good kid
Always said I had a way with words
Never knew I could be speechless
Don't know how I'll ever break this curse »
Burn it Down, Daughter.
TOKYO
Les parents de Natsu et Shouyou avaient été surpris de trouver leur fils déjà au chevet de sa sœur à leur arrivée à l'hôpital, mais l'air grave d'Iwaizumi leur avait fait ravaler la moindre remontrance qu'ils avaient pu avoir à l'esprit.
Les explications qu'il avait pu leur fournir s'étaient déroulées comme dans un rêve dont Iwaizumi aurait été a peine conscient, tant la situation lui semblait surréaliste. Jamais il n'aurait pu imaginer que la santé de Natsu se dégraderait à une telle vitesse après une période de calme aussi longue que celle qu'elle avait connue ces derniers mois.
Hinata était resté silencieux pendant l'entièreté de leur entretien, ce qui avait été aussi douloureux à voir que l'air catastrophé de ses parents au fil de ses explications. Muré dans le silence au milieu des questions de son père et des gestes affolés de sa mère, il n'était qu'un fantôme superposé à ce tableau paniqué.
Iwaizumi n'aurait pas dû se laisser toucher par cette patiente en particulier, il aurait dû être capable de garder ses distances comme cela avait toujours été le cas. Pourtant, à cet instant précis, il se sentait submergé par l'impuissance.
Les maladies emportaient les gens sur leur passage de la même manière que les tempêtes, et Iwaizumi avait l'impression d'être balayé par celle-ci comme s'il avait lui-même fait partie du naufrage.
Après avoir posé des questions qu'Iwaizumi avait entendu un millier de fois auparavant, les parents de Natsu avaient fini par quitter la pièce.
« Ce n'est pas totalement perdu, mais il ne pourrait lui rester qu'une ou deux semaines à vivre. »
Iwaizumi s'était entendu prononcer ces mots avec une froideur qui lui aurait fait horreur s'il n'avait pas été certain que l'inverse aurait rendu les choses encore pires.
- Merci de m'avoir appelé, finit par murmurer Hinata, au milieu du silence de la chambre.
Iwaizumi aquiesça silencieusement. Ca n'était ni professionnel, ni même autorisé, mais il avait fait une promesse.
Le médecin leva les yeux vers la grande baie vitrée derrière laquelle le soleil disparaissait lentement, enflammant les arbres du parc d'un orange éclatant. Natsu avait l'une des chambres les plus agréables de l'hôpital, Iwaizumi s'en était assuré.
« À quoi bon, lui murmura une voix dans sa tête, elle ne peut même pas en profiter. »
Les dessins que Shouyou avait punaisés au-dessus de son lit avaient perdu de leur éclat à cause de la réverbération directe du soleil sur leur encre, mais on distinguait encore la crinière des lions de l'un deux, ainsi que les cheveux roux de tous les personnages représentés sur le portrait de leur famille.
Iwaizumi ne s'était jamais fait la réflexion que les dessins dans les chambres des malades les plus malchanceux ne perdaient jamais leur couleur.
- J'ai vécu plus de dix ans avant sa naissance, vous savez, finit par dire Shouyou. Quand mes parents m'ont annoncé que j'allais avoir une sœur, j'étais tellement content…
Une larme roula sur la joue droite d'Hinata.
- Beaucoup de mes amis n'ont pas un tel écart d'âge avec leurs frères et sœurs, ils me disaient souvent qu'ils ne pouvaient pas se souvenir de leur vie avant leur arrivée. Mais moi je peux.
Iwaizumi n'avait ni frère ni sœur, il était incapable d'imaginer ce que Shouyou pouvait ressentir. Pourtant, une voix qui n'était pas la sienne s'exprima à sa place.
- J'ai un frère, moi aussi, dit Saeko en posant une main sur l'épaule de Shouyou. Je suis sûre que si j'étais à ta place, il serait venu me voir aussi souvent. Et il se moquerait que ce soit difficile, il me dirait de me relever.
Jamais une scène n'avait paru si surréaliste à Iwaizumi, alors qu'il voyait de ses propres yeux Saeko regarder Shouyou avec toute la compassion du monde dans les yeux. Elle n'était pas là. Elle se trouvait à des milliers de kilomètres de Tokyo, probablement sous un soleil de plomb et au milieu d'une foule qui contrastait sans doute violemment avec le silence irrespirable de cette chambre.
Et pourtant elle parvenait à trouver les mots qu'il cherchait désespérément depuis le début de la journée.
Shouyou releva les yeux vers Iwaizumi.
- Vous ne me l'aviez jamais dit.
Iwaizumi grinça des dents. Il n'avait rien dit pour la simple et bonne raison qu'il n'était pas celui qui venait de parler, mais il se dispenserait d'expliquer cela à Shouyou. Debout en face de lui, Saeko haussa les épaules avec un sourire navré. S'il avait eu la force de bouger, il lui aurait fait signe de ne pas s'en faire.
- Je sais que je devrais me préparer a l'éventualité qu'elle meure. murmura Shouyou. Je sais que vous faites sûrement tout ce qui est possible pour la sauver, mais…
Iwaizumi compta cinq bips du respirateur de Natsu avant que Shouyou ne termine sa phrase.
- Je sais pas si j'arriverai à revivre comme avant si elle nous quitte.
Iwaizumi ne lui répondit pas qu'il n'était pas certain de pouvoir se le pardonner si les choses se terminaient de cette façon.
Il ne prononça pas un mot de plus, mais il resta assis dans le fauteuil à droit de celui de Shouyou jusqu'à ce que la nuit complète tombe sur l'hôpital, aussi silencieusement que le cancer avait décidé de frapper cette famille.
LONDRES
Bokuto tentait désespérément de calmer les pulsations frénétiques de son cœur alors qu'il suivait Terushima hors de la boîte où la fête battait encore son plein. Son instinct avait beau lui hurler de fuir, il n'avait pas d'autre choix que de le suivre pour comprendre pour quelle raison il ne pouvait plus entendre Akaashi ni aucun autre membre de son cercle.
Les murs de la rue qui se trouvait derrière la boîte étaient recouverts de tags de diverses couleurs qui étaient sans doute criardes en pleine journée, mais sous l'éclairage monochrome des lampadaires, ils n'évoquaient à Bokuto qu'un fouillis d'arabesques grises et bleues.
Une fois à l'extérieur, Terushima alluma une cigarette avec un calme qui fit fulminer Bokuto.
- Qu'est-ce que tu me veux ? murmura-t-il après avoir jeté un regard circulaire à la rue sombre dans laquelle ils se tenaient.
Hormis le bruit désormais étouffé de la boîte, les seuls sons qu'ils entendaient étaient les rares voitures et les bus de nuit qui passaient de temps à autre dans la rue principale à quelques mètres.
Les trottoirs encore détrempés par une averse récente reflétaient la lumière blafarde des réverbères allumés de part et d'autre de la ruelle déserte. Bokuto essuya ses mains moites sur son pantalon, le souffle court.
Terushima se décida enfin à lui répondre, non sans avoir exhalé un nuage de nicotine dans l'air glacial.
- Relax, Bokuto. Je suis pas là pour te tuer.
- Tu me rassures, marmonna ce dernier. Pourquoi tu m'as fait boire ce truc bizarre, alors ?
- Ce que j'ai mis dans ton verre s'appelle un psychobloquant. Ça détruit momentanément ta connexion aux autres membres de ton cercle.
- Ça va s'arrêter, hein ? implora Bokuto. Parce que sinon, je te jure que –
Terushima esquissa un sourire en expirant un nouveau nuage de fumée.
- Sinon quoi ? Tu vas me tuer, comme Futakuchi Kenji ?
Le sang de Bokuto se glaça dans ses veines alors que la scène se rejouait d'elle-même devant ses yeux. Konoha écrasant ce vase sur la tête de Fukakuchi, Akaashi tirant sur Aone à sa place, le sang sur ses mains.
Il blêmit et la nausée manquait de l'envahir comme à chaque fois qu'il avait le malheur d'y repenser.
- C'est lui qui a voulu me tuer, murmura Bokuto. On voulait pas…Je voulais pas –
- C'est quelqu'un de ton cercle qui l'a tué, pas vrai ? Je t'imagine mal en avoir le cran…
Bokuto croisa les bras. Il était hors de question qu'il lui dise quoi que ce soit sur Akaashi ou sur n'importe quel autre membre de son cercle.
- Bien sûr que c'était moi. Je n'ai pas eu le choix.
Le DJ réfléchit à toute vitesse à ce qu'il pouvait faire pour s'enfuir si les choses s'envenimaient. Il n'avait pas d'autre arme sur lui qu'un couteau suisse que Shirofuku l'avait forcé à garder. Il se savait aussi incapable de s'en servir contre qui que ce soit.
Terushima n'avait pas l'air d'envisager de le tuer. Pas pour le moment. Il finit par écraser sa cigarette sur le bitume.
- Tu fais partie du cercle de Futakuchi ? finit par demander Bokuto. Parce que si c'est le cas, tu sais forcément que c'est lui qui a voulu me tuer.
À la surprise de Bokuto, Terushima éclata de rire.
- Alors là, pas de risque. Toi et ton cercle vous avez l'air pas mal largués alors je vais te parler un peu de ce cercle en question. Celui de Futakuchi Kenji. Mais avant ça tu dois savoir une chose. Il n'est pas mort.
Bokuto se figea, paralysé par la peur de ce qui pouvait lui arriver s'il se remettait à le traquer.
- T'inquiètes, il est dans le coma. Mais le reste de son cercle, par contre…Ils te feront pas de cadeau. Vous êtes dans le pétrin.
- Qu'est-ce qu'ils nous veulent, à la fin ?
- À la base ça n'avait sans doute rien de personnel, ces enfoirés sont un cercle d'assassins à la solde du BPO. Des sensitifs qui tuent d'autres sensitifs, de vraies ordures. Mais quand ça ne s'est pas passé comme prévu et que tu as failli envoyer leur chef au cimetière, ils ont décidé de concentrer leurs efforts sur vous.
Bokuto se passa une main sur le visage, incapable de savoir comment il devait réagir à cette révélation.
- Et…et toi, dans tout ça ? Qu'est-ce que tu me veux ?
Terushima s'avança vers lui pour lui tapoter l'épaule d'un geste qui se voulait compatissant.
- Ça fait des années que mon cercle et moi, on veut leur mettre la main dessus et par la même occasion faire tomber le BPO. Et vous êtes l'occasion parfaite pour atteindre cet objectif.
- Oh là, attends une seconde. Vous êtes quoi, exactement ? Une espèce de résistance ?
- Ouais, tu peux le voir comme ça. La plupart des sensitifs se cachent de ce cercle. Pas nous. On a décidé de se battre.
Bokuto regrettait plus que jamais d'avoir accepté ce verre. Si seulement Akaashi avait été là pour lui donner son point de vue sur la situation, si seulement Kiyoko avait pu lui prêter son calme olympien…
- Vous…vous voulez qu'on se joigne à vous, c'est ça ?
Terushima haussa les épaules.
- Vous serez tous exterminés sans aide de notre part. Ce serait plutôt stupide de refuser, si tu veux mon avis.
- Attends, je dois quand même en parler avec eux, je peux pas prendre cette décision tout seul…
- Est-ce que t'as vraiment besoin d'y réfléchir cent ans ? Vous vous faites tous traquer à l'heure qu'il est. Je donne pas cher de votre peau dans une semaine sans l'aide de quelqu'un de plus expérimenté….
- On a rien demandé à personne ! protesta Bokuto. C'est pas juste, je voulais juste…je voulais pas mourir.
- Beaucoup d'autres sensitifs se sont fait tuer par ce cercle. Vous avez choisi votre camp en manquant de tuer Futakuchi. C'est trop tard pour faire marche arrière.
Bokuto déglutit. Une fois de plus, il avait attiré les pires ennuis aux sept membres de son cercle.
- D'accord, d'accord, capitula-t-il. Mais avant, tu connais quelqu'un qui s'appelle Ukai ?
Terushima croisa les bras.
- Jamais entendu parler. Je devrais ?
- Oublie, murmura Bokuto.
Terushima le jaugea d'un regard empli de doute, mais il n'insista pas.
- Et maintenant que j'ai accepté, il se passe quoi ?
- Vous attendez qu'on revienne vers vous. Et surtout, vous restez tranquilles.
- Comment ça, que vous veniez vers nous ? Tu sais qui sont les autres membres de mon cercle, en plus ?
Terushima passa une main dans ses cheveux blonds, l'ombre d'un sourire sur les lèvres.
- Bien entendu.
Sur ces mots, il tourna les talons comme pour s'en aller et Bokuto le retint par la manche de son blouson.
- Attends. Ce truc que tu m'as fait boire, quand est-ce qu'il cessera de faire effet ?
Terushima le reluqua de la tête aux pieds.
- Dans une heure ou deux. Il n'était pas particulièrement puissant. Allez, a la prochaine !
- Attends ! En l'honneur de notre nouvelle alliance, on peut quand même se faire un câlin non ?
Terushima le dévisagea comme s'il était tombé sur la tête.
- Euh, non ?
Sourd à ses protestations, Bokuto l'étreignit. Terushima soupira et lui tapota maladroitement l'épaule.
- Écoute, on se voit plus tard, hein…
- C'est ça, a plus !
Bokuto referma son poing sur la boîte de pilules qu'il venait de lui subtiliser.
CHICAGO
Akaashi fulminait. Comment Bokuto pouvait-il être aussi inconscient ? Et surtout, comment avait-il survécu jusqu'ici avec une attitude pareille ?
Même s'il aurait préféré ne ressentir qu'une simple rage à son égard, Akaashi ne pouvait se défaire de cette anxiété insupportable qui lui glaçait le sang. Il ne pouvait rien faire pour aider Bokuto. Leur connexion était comme coupée, il ne ressentait plus rien, n'avait plus aucune idée de l'endroit où il pouvait se trouver.
- Qu'est-ce qui se passe ?
Trop occupé à faire les cent pas sur la t'errasse de son appartement, Akaashi n'avait pas remarqué Oikawa, appuyé contre sa balustrade.
- Je n'arrive pas a savoir où est Bokuto. C'est comme si le lien était rompu.
Oikawa arqua un sourcil devant l'air grave d'Akaashi.
- Il s'est passé quelque chose, pas vrai ?
Akaashi acquiesça et entreprit de lui faire un rapide résumé des faits. Oikawa lâcha un juron avant de se pincer l'arrête du nez.
- Il est vraiment pas possible. C'est quand même un truc que n'importe quel ado de quinze ans sait ! On n'accepte pas un verre d'un inconnu !
- Et ce type était un sensitif. Pour ce que j'en sais, il pourrait très bien faire partie du cercle de Futakuchi.
Le décor changea soudainement et Akaashi reconnut la chambre d'hôtel d'Oikawa. Ce dernier se laissa tomber dans son fauteuil avec un soupir d'exaspération.
- Il a un de ces dons pour se mettre dans le pétrin, je vais finir par croire qu'il a des tendances suicidaires…
- Il faut qu'on réveille Kenma. Peut-être qu'il pourra le pister et –
Oikawa l'arrêta d'un geste.
- Tu as vu le nom de l'endroit où il était ?
Akaashi secoua la tête. Il n'avait vu aucune enseigne à l'intérieur de la boîte, et avait été trop occupé à tenter de raisonner Bokuto pour s'en préoccuper.
- Alors Kenma peut rien faire. Après la soirée qu'il a passée, je pense qu'on peut le laisser se reposer et s'en charger nous-mêmes.
Il était difficile de donner tort à Oikawa. Akaashi lui-même avait à peine dormi après ce qui s'était passé à Tokyo la veille. Qui serait le prochain ? Kiyoko ? Sugawara ? Akaashi lui-même ?
- Oui, mais on fait quoi, en attendant ? On laisse Bokuto se faire tuer ?
Oikawa croisa les bras.
- Qu'est-ce que tu veux qu'on y fasse, d'ici ? Sans notre lien avec lui, on peut pas l'aider !
Agacé par ce manque évident de coopération, Akaashi leva les yeux au ciel.
- Ça veut pas dire qu'on doit rester là sans rien faire. Il pourrait être mort à l'heure qu'il est.
Oikawa plissa les yeux d'un air peu convaincu.
- Tu crois pas qu'on l'aurait senti, si il était mort ?
- On n'en sait rien ! s'exclama Akaashi. On sait pas ce qu'il y avait dans ce verre, ça aurait pu être n'importe quoi !
Akaashi et Oikawa auraient sans doute passé une demi-heure de plus à se disputer si Bokuto n'avait pas brusquement fait irruption dans leur champ de vision.
- Hey. Je suis là. Désolé pour tout à l'heure Akaashi.
Le policier ne répondit rien, mais il se précipita vers lui pour l'examiner de la tête au pied pour vérifier qu'il n'était pas blessé. Au terme de cette observation, Akaashi prit une profonde inspiration avant de lui planter un index accusateur au milieu du torse.
- Refais ça une seule fois, le menaça-t-il, refais ça, Bokuto -
- Écoute, Akaashi, je –
Le policier lui fit signe de se taire.
- Tu peux pas continuer à être aussi imprudent. T'es pas seul dans cette histoire, tu te rends pas compte…
- Je suis désolé, Akaashi. J'ai pas voulu vous attirer d'ennuis, je sais que j'aurai dû penser à vous, je –
- C'est pas ce que j'ai voulu dire, le coupa Akaashi. Je m'en fous de ce que ce type peut savoir sur nous par ta faute. Je te dis de faire attention à toi.
Bokuto en resta muet de stupeur, et Akaashi soupira alors que les mots d'Ukai résonnaient à nouveau dans son esprit.
« Je m'en cogne si t'en as marre de les voir chialer. Leurs problèmes sont tes problèmes, maintenant. »
Après tout ce qui avait pu leur arriver ces dernières semaines, Akaashi s'étonnait presque de ne prendre conscience de la véracité de ces mots qu'à cet instant. Il commençait tout juste à se rendre compte qu'il était possible que Bokuto ait l'habitude que personne ne se pose de questions à sa place et cette idée le rendait furieux.
Lui-même n'arrivait plus à se souvenir de ce que sa vie avait pu être avant que des visages se mettent à apparaître dans les reflets des fenêtres, qu'il s'agisse d'un moment où il en avait désespérément besoin où au contraire lorsqu'il désirait plus que tout qu'on le laisse seul.
Il savait seulement que s'il fallait qu'il traverse la moitié de la planète pour s'assurer que Bokuto ne finisse pas au fond d'un caniveau, il était prêt à l'envisager.
- Promets-le, Bokuto. dit Oikawa.
Akaashi avait presque oublié sa présence,
Un sourire timide étira enfin les lèvres de Bokuto.
- Euh, OK. C'est promis. Je ferai attention.
- T'as intérêt.
- Sur une échelle de un à dix, a quel point t'es énervé contre moi ? demanda Bokuto à Akaashi.
- Onze.
- Tout ça !
- Bon, tout ça était très touchant, ronchonna Oikawa, mais tu peux peut-être nous expliquer ce que Terushima te voulait, maintenant.
- On t'écoute, Bokuto. approuva Akaashi.
Une fois le récit de Bokuto achevé, le policier se passa une main sur le visage d'un air à mi-chemin entre fatigué et catastrophé.
- Futakuchi n'est pas mort, murmura-t-il. Son cercle est formé d'assassins qui veulent notre peau.
- N'oublions pas que Bokuto a accepté qu'on fasse équipe avec un cercle de pseudo justiciers qui veut les faire tomber. grogna Oikawa en s'asseyant sur son lit, le menton dans ses paumes.
- Et qu'ils savent qui on est tous les huit, acheva Kenma.
Akaashi se tourna vers lui, trop ébahi par le récit de Bokuto pour s'étonner de sa présence.
- T'es là depuis longtemps ?
- Assez pour entendre l'essentiel.
La chambre d'hôtel d'Oikawa s'effaça progressivement pour laisser place à une l'étendue scintillante du lac sur lequel le bateau de l'ami de Kenma se trouvait.
- Content de te savoir en sécurité Kenma, dit Bokuto.
Kenma passa une main dans ses cheveux et détourna le regard comme s'il avait hâte qu'ils trouvent un autre sujet de conversation que sa situation actuelle.
- Merci Bokuto. Et je suis peut-être le seul à penser ça, mais je trouve que tu as bien fait d'accepter. On a besoin d'aide. Et qu'est-ce qu'on peut faire d'autre ? On va pas se cacher toute notre vie.
Akaashi croisa les bras.
- Tu te rends compte de ce que ça implique ? De se jeter dans la gueule du loup sans même savoir avec qui on fait équipe ? Et si Terushima t'avait menti ? S'il faisait partie de leur cercle ?
- On en sait rien. Et on est pas obligés de leur déballer notre vie à notre première rencontre. Je pense qu'on devrait prendre le temps de voir à qui on a affaire plutôt que de se braquer.
Le regard d'Akaashi passa de Kenma, assis en tailleur sur le toit de la cabine du bateau, à Bokuto, qui observait le paysage avec un émerveillement mal contenu.
- De toute façon il a dit oui, leur rappela Oikawa. Qui que les autres sensitifs de ce cercle soient, ils vont finir par venir nous trouver. Autant s'y préparer.
Akaashi finit par acquiescer. Oikawa n'avait pas tort. Bokuto les avait mis devant le fait accompli et à ce stade, il ne leur restait plus qu'à attendre.
TOKYO
Assis à table sur le pont du bateau de Yaku, Kuroo songea avait rarement connu des soirées aussi chargées en émotion que celle de la veille. Premièrement, il avait manqué de se faire tuer par des hommes armés qui recherchaient activement Kenma. Deuxièmement, il avait passé la soirée à regarder son meilleur ami se renfermer sur lui-même, la culpabilité parfaitement visible sur son visage. Et enfin, il avait fini par faire comprendre à Kenma qu'il était hors de question qu'il aille ou que ce soit sans lui. Et Kenma l'avait embrassé.
Cette seule pensée suffisait à lui faire douter de la réalité de cette situation. Après avoir cherché des années le courage d'avouer ses sentiments à Kenma, c'était lui qui avait fini par l'embrasser.
S'il n'avait pas adoré chaque minute qui s'était écoulée depuis ce moment, Kuroo se serait traité de lâche.
- Qu'est-ce qu'il y a Kuroo, il est pas bon mon poisson ? Tu fais une tête bizarre. lui lança Yaku.
- Si, si, le rassura Kuroo. Il est parfait. J'étais dans mes pensées, désolé.
- En parlant d'être dans ses pensées, tu peux me réexpliquer comment Kenma établit son espèce de connexion psychique avec ses amis bizarres à l'autre bout de la planète ?
Kuroo leva les yeux vers Kenma, qui parlait tout seul, assis sur le toit de la cabine. Il savait pertinemment qu'il n'était seul qu'en apparence.
- Il discute avec eux comme s'il était en face d'eux. Et ils ont pas mal de trucs à mettre au clair, y'a un membre du cercle qui se fait attaquer tous les deux jours ces derniers temps…
- Et hier c'était lui, j'imagine ?
- Ouais. soupira Kuroo. C'est pas passé loin. Mais on doit tirer ça au clair. Je supporterai pas qu'on traque Kenma comme ça bien longtemps.
Yaku planta violemment son couteau dans sa tranche de poisson, éclaboussant la table avec la sauce qui se trouvait dans son assiette.
- Bien dit ! Et vous pouvez rester ici aussi longtemps que vous voulez.
- Merci, Yaku.
Kuroo jeta un nouveau coup d'œil vers Kenma, cherchant à comprendre s'il écoutait l'un des membres de son cercle parler, où s'il avait simplement les yeux perdus dans le paysage du fleuve autour d'eux. Il eut sa réponse quelques secondes plus tard lorsque Kenma se laissa tomber du rebord du toit jusqu'au pont pour les rejoindre.
- Désolé, c'était assez important.
- Pas grave, le poisson va pas s'échapper ! lança joyeusement Yaku en poussant une assiette pleine vers lui. Alors, c'était comment cette visioconférence psychique ?
Kenma laissa échapper un ricanement en prenant une bouchée de son plat.
- Écoute c'était pas super drôle, sauf quand la diva du cercle s'est mise à beugler sur son garde du corps.
- Sacré Oikawa, soupira Kuroo.
- Attends, lui c'est l'acteur, c'est ça ? J'arrive plus à suivre, marmonna Yaku.
- Lui-même, répondit Kenma. Mais peu importe.
Il se tourna vers Kuroo d'un air grave et ce dernier se prépara au pire.
- Bokuto a rencontré un autre sensitif hier soir. Et même s'il s'est comporté comme le dernier des crétins, on a appris deux choses : on peut rendre visite à un sentifif même sans faire partie de son cercle.
- Attends, et aussi prendre possession de son corps ?
Kenma secoua la tête.
- Non, ça m'étonnerait. Mais ça veut dire que Bokuto est connecté à ce type – Terushima – maintenant. Et la deuxième chose qu'il lui a apprise, c'est qu'il existe des substances qui coupent momentanément la connexion entre les différents membres d'un cercle.
Kuroo croisa les bras. Tout cela lui semblait toujours aussi nébuleux. Il ne parvenait pas à s'imaginer ce que Kenma pouvait bien ressentir en possédant une connexion pareille avec sept personnes qui étaient des inconnus jusqu'à il y a peu de temps.
Il songeait parfois qu'il aurait voulu pouvoir partager cela avec lui, qu'il aurait été capable de mieux le comprendre s'il avait lui-même fait partie du cercle.
Kuroo l'avait avoué à Kenma il y a quelques heures à peine, alors que le soleil n'avait pas encore réchauffé les berges du lac et que les vagues les berçaient dans un demi-sommeil. Kenma lui avait murmuré qu'il n'échangerait pour rien au monde leurs années de souvenirs contre l'idée qu'il puisse entendre Oikawa piailler à deux heures du matin.
- Ça pourrait être dangereux pour vous, ce genre de truc. murmura Kuroo. Ça vous isolerait de ceux qui peuvent se battre à votre place …
- Exactement. Et Bokuto a beau avoir été assez stupide pour laisser Terushima lui en faire boire, il a réussi à lui piquer une boîte de ces trucs. Sugawara se chargera d'en analyser la composition.
- Ça m'a l'air d'être une fine équipe, ton cercle ! dit Yaku. Vous avez pas un boxeur professionnel, par hasard ?
Kenma haussa les épaules après avoir avalé un autre morceau de poisson.
- On a une experte des arts martiaux. Mais on recrute, visiblement. Bokuto nous a inscrits pour aller détruire l'organisation qui nous traque avec un autre cercle. J'ai hâte.
Kuroo l'invita à développer ses propos d'un regard confus. Kenma reposa sa fourchette et croisa les bras comme s'il s'apprêtait à leur conter une longue histoire.
- Selon les dires de Terushima, son cercle va bientôt entrer en contact avec nous…
OSAKA
Oikawa allait rentrer chez lui après une longue journée de tournage lorsqu'il passa devant la loge de Misaki. Elle parlait d'une voix feutrée, mais l'inquiétude y transparaissait vivement.
- Oui, tiens-moi au courant s'il te plaît, murmura-t-elle. Oui, a plus tard.
Incertain de ce qu'il était censé faire, Oikawa toqua à la porte pour lui signifier sa présence.
- Oh, c'est toi.
- Tout va bien ? s'enquit-il.
Oikawa ne savait pas pourquoi il lui posait la question. La dernière chose dont il avait envie était qu'elle s'attache trop à lui, mais il ne pouvait pas nier qu'il s'inquiétait un tant soit peu de l'entendre si inquiète.
Misaki hocha la tête.
- Oui, j'ai juste quelques soucis dans mon appartement, quelqu'un a décidé de défoncer mon mur, il était sûrement ivre…enfin bref, plus de peur que de mal. Mais tu sais comment sont les compagnies d'assurance, toujours à chipoter.
- Je vois, répondit Oikawa, soulagé. Du moment que personne n'a été blessé, c'est le principal.
- Tu as bien raison ! Allez, à demain.
- À demain.
Oikawa n'avait pas fait deux pas dans le couloir qu'il aperçut Ushijima.
- T'es encore là, toi ?
- Je suis censé rester avec toi vingt-quatre heures sur vingt-quatre, répondit son garde du corps sans se départir de son expression neutre. Et c'est ce que je vais faire.
- Très bien, eh bah suis moi, on rentre.
Ushijima acquiesça avant de lui emboîter le pas. Oikawa avait beau savoir que Yahaba l'avait engagé pour sa sécurité, il ne supportait pas de l'avoir sur le dos toute la journée. S'il avait remarqué qu'Oikawa parlait tout seul au moins trois fois par jour, il ne lui en avait jamais parlé, excepté les fois où il avait pensé qu'Oikawa s'adressait à lui.
Le studio où la majorité des scènes du film étaient tournées se trouvait dans un immense complexe à la bordure de la ville. L'hôtel d'Oikawa n'était pas très loin en voiture, situé dans les beaux quartiers de la ville. Ushijima n'amorçait jamais la conversation, que ce soit dans la voiture où pendant la courte marche qui séparait le parking de l'hôtel.
Oikawa ne lui adressa pas non plus la parole ce soir là, préférant se concentrer sur les détails de la vie nocturne d'Osaka qu'il pouvait voir depuis l'ascenseur de verre de l'hôtel, qui faisait défiler les cinquante étages à une vitesse assez lente pour qu'il puisse apprécier le spectacle. Un hélicoptère passa près des vitres d'une immense tour de bureaux avant de disparaître dans la nuit – Oikawa le suivit des yeux, sans manquer les intervalles auxquels ses néons rouges clignotaient.
Après avoir marmonné un « bonne nuit » à Ushijima et claqué sa porte, il se débarrassa de son manteau et sortit s'appuyer à la balustrade du balcon de sa chambre. Une centaine de mètres au-dessus du sol d'Osaka, il laissa son esprit vagabonder vers les évènements de la semaine et un frisson d'angoisse le saisit en repensant à ce qui était arrivé à Kuroo. Il préféra ne pas imaginer ce qu'il ferait si on venait à s'en prendre à Yahaba ou même à Misaki.
Bokuto avait eu raison d'accepter la proposition de Terushima. Ils n'allaient pas se cacher toute leur vie.
Oikawa appréciait la vue des lumières de la ville, bien plus apaisantes de là où il les voyait au sommet de sa tour que les flashs des photographes qui l'aveuglaient au quotidien. À un moment donné durant sa contemplation des minuscules néons qui brillaient en contrebas, Oikawa se demanda comment allait Iwaizumi.
Il espéra silencieusement qu'il allait bien, où qu'il se trouve à cet instant. Le temps de fermer les yeux, une demi-seconde, les lumières d'Osaka et le calme de son balcon avaient disparu.
La première chose qui le frappa en ouvrant les yeux à nouveau fut le bruit assourdissant d'une foule en délire. Au milieu d'une salle sous-terraine immense, des néons bleus balayaient une scène surélevée. Il fallut quelques secondes au cerveau désorienté d'Oikawa pour identifier la nature du spectacle qui avait lieu sous ces flashs de lumière et cette musique électronique beaucoup trop forte.
Des combats illégaux. Il en avait entendu parler à plusieurs reprises et tout le monde savait qu'ils avaient lieu dans de nombreuses villes de Corée, mais jamais il n'aurait songé une seconde à assister à l'un d'eux. Il se fraya un chemin jusqu'à la scène pour mieux voir les combattants, cherchant la silhouette longiligne de Kiyoko. Il n'avait aucun doute quant à sa victoire, mais quitte à se retrouver dans son monde, il allait au moins profiter du spectacle.
Pourtant, au même moment où il se rendit compte que les cris scandés par la foule n'étaient pas formulés en coréen, mais en japonais, il grimpa sur la scène et fit face au vainqueur du combat, qui n'était nul autre qu'Iwaizumi. Ce dernier, torse nu et luisant de sueur sur le ring, observant son adversaire qui gisait vaincu sur le sol comme s'il se moquait d'avoir gagné.
Oikawa ressentit soudain son adrénaline comme s'il s'agissait de la sienne et il se massa la tempe comme s'il avait reçu le bleu qu'il voyait sur le visage d'Iwaizumi à sa place. Ce dernier laissa échapper une exclamation de surprise, devant laquelle Oikawa se contenta de hausser les épaules d'un air ébahi.
Iwaizumi détourna vivement le regard en voyant le présentateur s'approcher de lui pour le féliciter de sa victoire et lui indiquer les vestiaires. Il jeta un regard derrière son épaule en descendant du ring comme pour faire signe à Oikawa de le suivre.
- Qu'est-ce que tu fais là ? finit-il par lui demander, une fois seul dans le vestiaire crasseux.
Oikawa prit place à côté de lui sur le banc.
- Comment tu vas ? lança-t-il sans répondre à sa question.
Il ne savait pas comment formuler ce qu'il avait en tête, à savoir « Tu m'inquiètes ces derniers temps parce que j'avais l'habitude de te voir au hasard tous les jours et maintenant j'apprends par les autres que ta patiente va mal » Oikawa avait fini par se faire à l'idée qu'il finirait une fois par jour dans l'hôpital où travaillait Iwaizumi, qu'il s'agisse de l'embêter alors qu'il triait sa paperasse ou pour faire des commentaires sur les patients qu'il examinait pendant ses consultations du matin. Certaines fois, c'était le médecin qui lui apparaissait alors qu'il répétait ses lignes dans sa chambre – et il s'était même mis à lui donner son avis. Cependant, cela faisait quelques jours qu'Oikawa ne le voyait que rarement. Et pour une raison à laquelle il préférait éviter de trop penser, cette idée le rendait triste.
Iwaizumi essuya la sueur qui perlait à son front.
- Ce serait mentir que de te dire que ça va très bien. La santé de Natsu ne tient plus qu'à un fil et je ne pourrai pas être plus énervé contre moi-même de me laisser atteindre à ce point par l'état d'une patiente.
Oikawa acquiesça. Il l'avait bien remarqué.
- T'es humain, Iwa-chan. T'y peux rien.
- J'ai pas tellement cette impression depuis qu'on se connaît. Dommage que ça nous donne pas le pouvoir de plus rien ressentir.
Sans savoir ce qui lui prenait, Oikawa posa une main sur celle d'Iwaizumi.
- C'est vrai que c'est plutôt l'inverse, ce qui nous arrive. Mais après tout ce qu'on a vécu en aussi peu de temps, je crois que je pèterais les plombs si je me retrouvais tout seul à nouveau.
Iwaizumi releva les yeux vers lui et finit par hocher la tête avec une expression indéchiffrable.
- Ça t'aide, ces combats ? finit par lancer Oikawa.
- Je dois avoir l'air d'un médecin bien étrange, à taper sur des gens pour évacuer la pression.
- C'est pas moi qui te jugerai, tu m'as déjà vu chanter du ABBA quand je suis stressé…
Iwaizumi hocha la tête avec le fantôme d'un sourire sur les lèvres.
- Toujours un plaisir d'être réveillé par une diva qui chante comme une casserole.
- La ferme, je suis un excellent chanteur. C'est ce que me disait ma mère quand j'étais petit.
- Elle t'a menti. Désolé, mais c'est comme le père Noël.
Oikawa lui allongea un coup de coude et ils restèrent là en silence pendant un moment. L'acteur se félicita d'avoir toute de même pu lui remonter ne serais-ce qu'un tout petit peu le moral.
- Pourquoi tu nous as pas parlé de ce hobby ?
Iwaizumi haussa les épaules.
- J'en parle à personne en règle générale. Hanamaki et Matsukawa le savent, c'est tout. Je crois pas que ça plairait à mes patients. Et peut-être que j'aime bien avoir mes secrets.
- On était pas dupes. On savait que c'était pas possible que tu sois aussi musclé sans raison.
- Ah ouais ? Aussi loin que je me souvienne les autres débarquent pas dans ma salle de bain.
- Oh ! s'exclama Oikawa, outré. Tu dis ça comme si je choisissais de…(Il croisa les bras avec un grognement) Et de toute façon on t'a vu te battre deux fois.
- On dirait que le cercle a trouvé son garde du corps personnel.
- Je t'engagerai volontiers à la place qu'Ushiwaka.
Iwaizumi esquissa un sourire.
- Ne rêve pas trop.
LONDRES
Akaashi n'était pas assis à son bureau au poste de police de Chicago.
Au lieu de cela, il lui semblait qu'il fixait un panneau publicitaire pour une agence immobilière anglaise depuis des heures. Bokuto était assis sur ce banc sans but apparent, et par conséquent Akaashi respirait l'air étouffant de la station Tottenham Court Road de Londres depuis une bonne trentaine de minutes.
Il ne comprendrait jamais ce qui retenait Bokuto dans cette ville.
Akaashi détestait tout ce qu'il voyait à chacune de ses visites dans son univers. Il détestait ses longues marches sur les ponts surplombant la Tamise, la couleur repoussante des eaux brunâtres, le chant rauque des oiseaux qui survolaient ses côtes sablonneuses.
Il détestait voir les mêmes publicités pour les forfaits téléphoniques, les feux tricolores qui semblaient prendre des heures avant d'allumer leurs néons verts, chaque recoin des tunnels blancs du métro et ses escalators interminables qui s'enfonçaient des dizaines de mètres sous la surface, il haïssait la grisaille et les pierres oranges des bâtiments, les gares bondées et leurs panneaux lumineux incompréhensibles tant les informations s'y bousculaient rapidement.
Il détestait cette ville sans âme et ça n'avait absolument rien à voir avec Bokuto, qui était l'opposé de tout ce qu'Akaashi pouvait bien reprocher à Londres.
- Qu'est-ce que tu fais là ? finit-il par lâcher.
Bokuto enleva l'un de ses écouteurs comme s'il ne l'avait pas bien entendu. Il finit néanmoins par répondre.
- J'en sais rien. Je réfléchissais.
- À quoi ?
Bokuto soupira longuement.
- À ce que tu m'as dit l'autre jour.
- Et ?
- Je suis désolé que ça soit tombé sur vous. Que vous n'ayez pas quelqu'un de plus utile dans votre cercle, quelqu'un qui prendrait pas des risques inutiles et qui manquerait pas de se faire tuer tous les deux jours. Je crois que je préférais encore quand mes actions n'affectaient que moi.
Bokuto ouvrit sa paume pour révéler les pilules qu'il avait subtilisées a Futakuchi et Akaashi écarquilla les yeux comme si un abîme venait de s'ouvrir en lui.
- Repose ces saloperies immédiatement, murmura Akaashi.
- Ça serait peut-être une bonne alternative, pourtant, protesta Bokuto.
Le sang d'Akaashi ne fit qu'un tour.
- Et tu comptes faire quoi, prendre ces saletés jusqu'à la fin de ta vie et faire comme si on existait plus ?
- J'en sais rien ! Peut-être que ça serait plus simple !
Akaashi regretta de ne pas pouvoir être là en chair et en os pour les lui arracher des mains et les jeter sur la voie ferrée de ce maudit métro.
- Ah, donc ça serait plus simple de te gaver de ces trucs qui, au passage, viennent d'un type très louche et dont on ne connaît pas les composants, plutôt que de faire attention à toi ?
- Tu comprends pas, Akaashi…Tôt ou tard, les gens finissent toujours par me laisser tomber. Et peut-être bien qu'ils ont raison. Mais vous tous…on vous a pas laissé le choix.
Akaashi croisa les bras.
- Je ne vois pas ce qui peut te faire penser qu'on aurait la moindre envie que tu t'en ailles.
- C'est pas à propos de vous, c'est juste –
- Peut-être que ça devrait, rétorqua calmement Akaashi. Peut-être que ça devrait nous concerner justement, et qu'avant de partir du principe qu'on serait mieux sans toi tu devrais nous demander notre avis.
- Je vous sers à rien. Je vous ai attiré que des ennuis depuis le début.
Akaashi haussa les sourcils d'un air peu convaincu.
- Et cette fois où tu m'as aidé à trouver où ces drogués cachaient leur came ?
- C'était rien, ça ! Je peux pas me battre comme Kiyoko ou hacker quoi que ce soit comme Kenma…Je passe juste des disques à des gens bourrés, protesta Bokuto. Je sais même pas pourquoi les gens viennent encore me voir mixer.
- Je ne vais pas prétendre que j'apprécie toutes les chansons que tu passes à tes concerts, mais si les gens viennent te voir, c'est qu'ils se sentent bien. Et c'est quelque chose dont tu devrais être fier.
- Merci, Akaashi.
Le policier détourna le regard et fit signe à Bokuto de se lever de son banc.
- On va aller un peu à la surface, tu vas pas pourrir dans ces sous-sols toute la journée.
Bokuto lui sourit et se releva à son tour. Akaashi songea qu'il le préférait nettement avec ce sourire-là plutôt que comme il l'avait trouvé près d'une heure plus tôt.
Après avoir pris des escalators qui montaient vers le ciel à une vitesse exaspérante, ils débouchèrent dans le hall de la station, où les murs blancs et les entrées laissaient se déverser la lumière d'un rare soleil. Akaashi aperçut un piano près de la borne de rechargement des cartes de transport et il l'indiqua à Bokuto, sans vraiment savoir pourquoi.
- Tu sais en jouer ?
Bokuto croisa les bras en haussant les sourcils d'un air de défi.
- Bien évidemment. C'est pas parce que je passe ma vie à mixer que j'ai jamais touché à autre chose ! Tu veux voir ?
Akaashi lui fit signe de s'asseoir au piano.
- Fais-toi plaisir.
Bokuto prit place sur le tabouret et se gratta le menton quelques secondes, comme s'il cherchait une chanson à jouer. Il finit par se décider et releva le couvercle pour révéler les touches du piano. Akaashi s'adossa contre l'instrument, qu'il ne risquait pas d'abîmer, car il se trouvait à des milliers de kilomètres de là où Bokuto venait d'entamer les premières notes de la chanson « Nine to Five » de Dolly Parton.
Les bras croisés, Akaashi l'observa s'interrompre pour s'étirer les doigts comme pour se remémorer comment jouer. Il n'avait manifestement pas touché un piano depuis un bon moment, mais il ne suffit que de quelques minutes pour qu'un petit groupe de curieux s'approche de lui. Akaashi nota qu'il avait l'air tout aussi concentré – et heureux - que lorsqu'il mixait devant une foule entière.
- Des gens viennent de loin pour te voir. finit-il par lancer. Tu devrais pas dire que tu fais que passer des disques à des gens bourrés.
- Comment tu le sais ?
Akaashi soupira.
- Parce que la première fois que je t'ai vu à ce concert, j'ai cherché partout la réponse à ce qui m'arrivait. Je pensais être en train de devenir fou.
Bokuto laissa échapper un rire.
- Peut-être bien qu'on l'est tous un peu.
- Ouais, admit Akaashi. Peut-être bien.
Et alors que les notes du piano et le fredonnement occasionnel de Bokuto emplissaient le hall de la station comme pour la réchauffer, Akaashi songea qu'il pouvait peut-être faire une exception concernant toutes les choses qu'il détestait à Londres.
PÉKIN
Après tous les incidents qui avaient secoué son cercle ces derniers jours, Sugawara avait toutes les peines du monde à se concentrer sur la cérémonie de son mariage qui approchait.
Il songea avec un pincement au cœur que malgré les évènements funestes qu'ils avaient vécus, tout ça avait été une distraction bienvenue face à ce qui l'attendait. Il chassa le souvenir de sa séance de judo improvisée avec Kiyoko de ses pensées et fit rouler sa valise jusqu'à la porte d'entrée de son appartement.
Sugawara jeta un dernier regard au salon qu'il avait occupé pendant plus de trois ans, à cette table où il avait pris son petit déjeuner tous les matins à la même heure, à cette vitre qu'il avait beau nettoyer régulièrement, mais qui se salissait toujours aussi rapidement à cause de la pollution. Rien n'aurait changé lorsqu'il reviendrait une semaine plus tard, excepté un anneau qu'il porterait à son annulaire.
Après avoir passé des mois à redouter ce jour, après tous ces moments de panique involontaires, il ne ressentait plus qu'un sentiment de calme douloureux. Il n'y avait plus rien à faire. Il allait épouser Yui, il n'avait pas d'autre alternative, et il devrait se tenir à ce vœu pour le reste de sa vie.
Il monta dans son taxi et résista à l'envie de se laisser aller à visiter l'un des membres de son cercle. Éviter son propre monde était une échappatoire qui allait lui retomber dessus un jour où l'autre. Il regarda le paysage défiler et répondit au message de Yui lui demandant s'il serait à l'heure.
Son trajet passa bien plus vite que ce qu'il avait anticipé, et après un dîner éprouvant où il dût feindre un enthousiasme qu'il ne ressentait aucunement, il apprécia quelques minutes de paix, adossé à la balustrade de la chambre qu'il partageait avec Yui.
Toute sa famille et celle de sa future femme seraient réunies pendant près de quatre jours dans l'hôtel qui se trouvait à proximité du temple où la cérémonie aurait lui. Sugawara n'avait jamais eu aussi peu envie de voir ses propres parents.
- C'est passé vite, hein ? Dire que ça fait un an depuis qu'on sait qu'on va se marier…
Sugawara n'aurait pas pu être plus d'accord avec elle.
- C'est vrai, murmura-t-il. D'un autre côté, ça fait un moment qu'on prépare cette cérémonie.
- Exactement ! Après ça, je veux plus jamais à avoir à envoyer de cartons d'invitations, plaisanta-t-elle.
- Je suis bien d'accord. Surtout à tous ces gens que ni toi ni moi n'avons vraiment envie de voir…
- Ah, ne m'en parle pas. On ne choisit pas sa famille...
Ils contemplèrent le paysage depuis le balcon sans un mot de plus pendant ce qui sembla être un long moment à Sugawara. Il se demanda brièvement à quoi pensait Yui, en observant les montagnes qui les entouraient. Était-elle sincèrement heureuse de voir le jour de leur mariage arriver, ou simplement soulagée que les préparatifs touchent à leur fin ?
Comme si elle avait lu dans ses pensées, Yui se tourna vers lui.
- Dis, tu penses qu'on a fait le bon choix ?
Sugawara haussa les sourcils, surpris par sa question. Ils n'évoquaient quasiment jamais le sujet, contournant habilement la question à chaque fois où elle finissait par s'imposer.
Quel intérêt pouvait-il bien y avoir à lui répondre qu'il n'en était plus si certain ?
- Pourquoi ? Tu regrettes ?
Yui secoua vigoureusement la tête, le visage écarlate.
- Non, c'est pas du tout ce que j'ai dit ! C'est juste que…On va se marier ! On n'est jamais sortis ensemble avant ça, et maintenant on va se marier. Enfin, ça te fait pas bizarre ?
Sugawara en resta bouche bée.
- C'est maintenant que tu te fais la réflexion ? s'étonna-t-il. Ça fait un moment qu'on le sait, quand même…
« Et ça fait aussi un moment que j'ai accepté l'idée que nous n'avions pas le choix. »
- Je sais, je sais, c'est stupide. Ça doit être parce que le mariage approche, ça me rend nerveuse. Désolée de t'embêter avec ça, je vais rentrer…
Elle amorça un geste pour ouvrir la baie vitrée de la chambre, mais Sugawara la retint par le bras.
- Attends, Yui.
Elle releva les yeux vers lui et il esquissa un faible sourire.
- Je comprends ce que tu ressens. Et ça n'a rien de stupide. En fait…je crois que je préférai garder ça pour moi, mais comme tu dis, on va se marier dans deux jours donc…
Il aurait voulu pouvoir lui assurer que tout se passerait pour le mieux et qu'ils n'avaient rien à regretter, mais il n'en savait rien. La seule chose dont il était encore certain était que Yui était son amie, qu'elle l'avait été depuis aussi longtemps qu'il pouvait s'en souvenir. Et ce n'était peut-être pas avec elle qu'il avait envie de passer le restant de ses jours, ce n'était peut-être pas à elle qu'il lui arrivait de songer lorsqu'il avait désespérément besoin de quelque chose à quoi se raccrocher, mais elle ne méritait pas qu'il lui mente.
- Suga, l'interrompit Yui. Tu veux bien m'embrasser ?
Totalement pris au dépourvu, Sugawara écarquilla les yeux, puis les ferma aussitôt que Yui se levait sur la pointe des pieds pour l'embrasser sans attendre sa réponse.
Sugawara n'avait pas la moindre idée de ce qu'il était en train de faire.
Il aimait Yui de la même façon qu'il aimait Asahi ou Daichi. Et peut-être que c'était exactement pour cette raison qu'il manquait quelque chose de fondamental à ce baiser – parce qu'il n'était pas censé embrasser sa meilleure amie de cette façon.
Et lorsque les yeux de Sugawara s'ouvrirent à nouveau pour chercher ceux de Yui et qu'il fut accueilli par la nuit sans étoiles de Séoul, son cœur s'effondra dans sa poitrine.
Assise en tailleur sur un transat, seule sur sa terrasse à l'exception d'un chien sur ses genoux, Kiyoko sursauta en l'apercevant.
- Hein ? bredouilla Sugawara.
Ça n'était pas sa ville. Ça n'était pas la femme qu'il venait d'embrasser, et pourtant à cet instant précis, il lui sembla évident qu'il savait exactement ce qu'il faisait là.
Et pour cette raison précise, ce mariage allait se révéler bien plus compliqué qu'il ne l'avait anticipé.
« Someone will love you, Someone will love you,
Someone will love you, but someone isn't me. »
Halsey, Sorry.
X
Rebonjour ! On se marre bien dans cette fic hein ? Si vous voulez souscrire à une assurance contre les maux de cœur après l'angst, eh bien vous pouvez contacter AsterRealm, la vraie pro.
Pour en venir aux choses intéressantes, le chapitre suivant sera du point de vue d'un autre cercle. Je vous laisse deviner qui en fera partie (et si vous avez des hypothèses hésitez pas à les mettre en review HeheHEHEH)
J'ai bien bien envie d'écrire le prochain chapitre (QUI CONTIENT DES PERSOS DE QUALITE) donc je vous rassure vous attendRez (probablement) pas six mois pour le lire. Ceci dit dans les jours qui viennent je vais me concentrer sur mon chapitre de Corps et Âmes, ma fic war avec Thalilitwen (parce que je dois me venger au centuple) et ma fic fake dating Kuroshou, Article 4.
also vous pouvez venir me crier dessus publiquement à whovianofshield sur twitter où je meme quotidiennement
1 review = un cri dans mon oreille de me bouger pour écrire la suite rapidement
JVOUS AIME A BIENTOT
Aeli

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