Auteur : felli46
Bêta : Cha28499
Résumé : Après la guerre, Draco doit se contenter d'une vie misérable, traité en paria par la société, bonne à tout faire du ministère et, qui plus est, gardant un amour secret pour le Sauveur du monde sorcier. À la mort de son fils unique il n'en peut plus et craque, et avec l'aide de Harry Potter, lui aussi lassé de sa vie, ils trouvent un moyen de changer les choses et espèrent d'enfin vivre leur amour. Bashing Dumbledore (pas evil), Ron, Ginny et Molly.
Disclamer : Rien est à moi, tout à J.K Rowling, à part la fanfiction remanié à ma sauce et les personnages OC.
Notes : Là, la guerre ne finit pas quand ils ont 17, mais 19 ans. Luna a le même âge que Harry et ses amis. Je le dis tout de suite, Hermione ne sera pas proche de Harry, mais pas de bashing pour elle.
Draco retourne dans le temps chapitre 1
Tragédie et Voyage
Draco parcourut les couloirs austères de son manoir à grands pas, aucune émotion ne transparaissant sur son visage comme toujours impassible et froid, distant. Il entra rapidement dans son bureau et referma la porte derrière lui. Une fois la porte fermée, il perdit son masque de glace et, tout en se dirigeant vers la cheminée où était exposée la bouteille de bourbon, il reprit son air las qu'il avait en absence de public. Se détendant enfin, il s'effondra dans son fauteuil en cuir noir et se servit un verre.
Appuyant sa tête contre le dossier, il prit une gorgée d'alcool et soupira. Il avait trente-sept ans depuis presque deux mois, mais il se sentait plus vieux et usé que ça. Il se demandait vraiment à quoi rimait sa vie, pourquoi se sentait-il toujours aussi désespéré et perdu que durant sa sixième année à Poudlard, alors même que la guerre était finie depuis presque vingt ans. Il avait cette impression au fond de ses tripes que la guerre, ou plutôt SA guerre, n'était, elle, pas finie. Bien que Voldemort soit mort, ainsi que sa mère après avoir passé deux ans en prison et son père un an après elle, pendu dans sa cellule, il avait toujours l'impression d'être enfermé dans la cage que son père avait créé pour lui. Lucius… qu'il le détestait ce bâtard égoïste et lâche. C'était peut-être triste à dire, mais lorsqu'il était mort, Draco n'en avait ressenti que du soulagement et un semblant de liberté. Lorsqu'il était jeune, il avait toujours désespéré de plaire à son père, jouant au parfait Malfoy arrogant et fier. Mais durant sa fatidique sixième année, ou même avant s'il était honnête avec lui-même, il avait vite déchanté et avait vu son père pour ce qu'il était réellement : un lâche, un faible, incapable de protéger même sa propre famille. Il avait vendu son fils à Voldemort et Draco l'avait détesté pour ça. Il avait été dégoûté de voir le si fier Lucius Malfoy trembler et courber l'échine devant Voldemort. Lui qui depuis son enfance lui répétait sans cesse que les Malfoy étaient supérieurs aux autres de par leur sang pur, qu'ils ne s'inclinaient devant personne. Il avait été désabusé et dégoûté par celui qui se disait son père. Il avait énormément souffert et perdu à cause de lui et encore aujourd'hui, pensa-t-il amèrement en reprenant une gorgée de bourbon, il payait pour les erreurs de son paternel.
À la fin de la guerre, qui s'était terminée pas la victoire du Survivant, que l'on appelait le Sauveur aujourd'hui, il avait été envoyé à Azkaban pendant une durée d'un an, le juge reconnaissant qu'il était jeune et avait juste cherché à protéger sa famille. Les procès avaient été rapidement expédiés, ils n'avaient pas vraiment eu le temps de se défendre. Narcissa Malfoy avait pris quinze ans, son père avait été condamné à perpétuité et lui s'en sortait avec un an. En plus de cela, le ministère les avait dépossédés de plus de la moitié de la fortune qui faisait la fierté des Malfoy, confisquant les demeures secondaires, ne leur laissant que le manoir. Et ça ne s'était pas arrêté là. Draco avait eu l'obligation de travailler pour le ministère. Draco devait à présent courir entre chaque département qui avait besoin de mains. Il était devenu la bonne du ministère et était payé une misère. Le noble héritier des Malfoy était désormais traité comme le pire des roturiers, mais il avait ravalé sa fierté et fait ce qu'on lui demandait, il n'avait pas le choix de toute façon. Dans son fauteuil, Draco ricana. Il pouvait bien blâmer son père d'obéir au moindre commandement de Voldemort, il était devenu comme lui, à la différence que pour lui il s'agissait du ministère.
On lui avait même interdit de quitter le sol anglais. Enfin, il avait de la chance, on lui avait accordé le « droit » de se marier et d'obtenir une descendance. Il s'en était fallu de peu, certains arguant que le monde se porterait bien mieux si la lignée Malfoy s'éteignait avec lui. Et voilà à quoi en était réduite la prestigieuse maison Malfoy à cause des conneries de son père.
Il détestait cet homme qui avait été son père, il détestait Voldemort, il détestait sa femme, il détestait sa vie. Seul son fils était une petite lueur dans l'obscurité de ce monde qui l'empêchait de le quitter. Mais à cause de la mauvaise réputation des Malfoy, Scorpius était malmené à l'école, sa mère reportait sur lui toute sa frustration et sa rancœur d'avoir dû épouser Draco à cause d'un contrat que leurs pères avaient signés avant la fin de la guerre, et les absences trop nombreuses de Draco à cause de son travail d'esclave du ministère n'arrangeaient rien. Son fils était triste, sombre, il ne souriait ni ne riait jamais, il pleurait le soir dans son lit et cela brisait le cœur de Draco. Scorpius était un gentil garçon, il ne méritait pas ça.
D'autant plus que Draco avait découvert que son fils était amoureux d'un certain Albus, qui n'était nul autre que le fils cadet de Harry Potter, et que celui-ci, avec son frère aîné James, le malmenait, l'insultait, le rabaissait plus bas que terre. Draco savait ce que cela faisait lorsque la personne que l'on aimait nous détestait et son cœur pleurait pour son fils. Car, bien que marié, lui aussi était amoureux, amoureux fou d'un homme qui n'avait toujours témoigné que de l'animosité à son égard, Harry Potter. Tel père, tel fils dit-on, ironique n'est-ce pas? Et désespérant. Il avait compris il y avait environ vingt ans que la première fois qu'il avait vu Harry, ce petit garçon perdu aux grands yeux émeraudes dans la boutique de Madame Guipure, si son cœur avait accéléré et qu'il l'avait trouvé vraiment très mignon, ça n'était pas pour s'en faire un ami. Il avait tout simplement eu le coup de foudre. Mais il avait tout foiré, il avait voulu l'impressionner et avait réagit selon la manière dont il avait été éduqué, comme il le faisait toujours lorsqu'il était nerveux. Bien entendu, cela n'avait pas eu l'effet escompté et Harry s'était mis à le détester d'autant plus lorsqu'il avait dit ses quatre vérités à la belette et puis Draco avait été vexé et dévasté quand il avait refusé son amitié. À partir de là, il s'était dit que la seule manière de capter son attention était de devenir son ennemi et de lui faire subir les pires crasses possibles.
Draco avait cru que son cœur avait déjà été brisé par Harry, par toutes les horreurs qu'il avait vécues à cause de Voldemort, par les humiliations du ministère, mais il avait vite compris qu'il n'avait pas encore expérimenté la vraie douleur, celle qui peut briser une personne à jamais. Une larme, puis une autre roula sur ses joues alors qu'il éclatait en lourds sanglots déchirants. Son fils, son petit garçon, était mort. Il y avait trois mois, il avait été appelé en urgence à Poudlard pour y découvrir le corps sans vie de son fils sur un lit de l'infirmerie, les poignets lacérés. Son fils s'était suicidé. Draco était resté choqué, les yeux écarquillés, le souffle coupé à quelques mètres du corps inerte de Scorpius, les gens autour de lui le regardant avec angoisse et tristesse. Pour la première fois de sa vie, il n'avait pas fait attention à la présence de Harry non loin de lui, celui-ci ayant été appelé en tant qu'auror et aussi car c'était Albus qui avait trouvé son camarade dans une salle de classe vide où lui-même avait l'habitude d'aller pour être tranquille. Scorpius le savait certainement et avait voulu se sentir proche de celui qu'il aimait avant de se trancher les veines.
Draco avait eu l'impression que son cerveau s'était saturé l'espace d'une minute, n'entendant même plus les sanglots d'Albus dans les bras de son père. Il avait ensuite soufflé un « non » douloureux, puis un autre plus fort alors qu'il se précipitait vers son enfant, le serrant contre lui et éclatant en sanglots, continuant à répéter ce petit mot, essayant d'échapper à la réalité de ce petit corps froid contre lui. Son fils de seize ans était mort, parti pour toujours. Après cela, tout avait parut flou. Il avait écouté le directeur Londubat et les professeurs lui offrir leurs condoléances, s'excuser de ne pas avoir vu le mal-être de Scorpius, puis Harry lui dire combien il était désolé. Il n'avait même pas réagit lorsque le brun avait posé une main sur son épaule et l'avait regardé avec des yeux tristes et douloureux. Puis on lui avait apporté les affaires de son fils qu'il n'avait osé regarder que plusieurs jours plus tard lorsque l'enterrement eut été terminé. Il y avait trouvé une lettre adressée à Albus. Enfin, ça n'était pas vraiment une lettre, plutôt un moyen de coucher par écrit ce qu'il avait sur le cœur. Il relatait son amour quasi immédiat pour le garçon, sa douleur de le voir le détester pour la simple raison qu'il était un Malfoy, son désespoir, son envie de lâcher prise, de disparaître. Un autre parchemin racontait les sentiments de Scorpius envers Draco et son père en avait eu la gorge nouée et le coeur gonflé d'émotion. Car il n'y avait aucune rancœur dans ses mots, seulement de l'amour, de la compréhension et du pardon. Son fils était si gentil, si intelligent, si bon et plein de sollicitude. Il n'avait pas mérité le comportement que la société avait eu envers lui. Draco n'avait pas su le protéger et il ne se le pardonnerait jamais. Mais ce dont pourquoi il s'en voulait le plus était que s'il lui avait parlé plus tôt de son plan, Scorpius serait peut-être toujours en vie. Draco s'était battu bec et ongles pour permettre à son fils de pouvoir quitter le sol anglais à sa majorité, d'aller quelque part où le nom des Malfoy n'était pas sali et de pouvoir y faire des études supérieures, se faire des amis et trouver un travail, fonder une famille. Si seulement il lui en avait parlé, si seulement il n'avait pas attendu les vacances pour en discuter tranquillement avec lui. La réponse positive du ministère était tombée en février, i mois, après trois ans de bataille acharnée, d'heures supplémentaires exigées. Quelques jours après avoir découvert les lettres de son fils il avait rendu visite aux Potter, heureusement quand l'autre belette femelle n'était pas là. Il avait été un peu surpris de voir Albus chez lui au lieu de Poudlard, mais Harry lui avait expliqué qu'il avait été traumatisé par la mort de Scorpius et qu'il le gardait à la maison pour le moment, en attendant un rendez-vous avec un psychomage. Draco n'avait pas bien saisit au début pourquoi le jeune Potter était si choqué et dépressif par la mort de son fils puisqu'aux dernières nouvelles il détestait Scorpius et le lui faisait bien savoir. Draco voulait juste informer les Potter qu'il avait une lettre de Scorpius à donner à Albus et Harry l'avait invité à prendre un café chez lui. Sur le pas de la demeure familiale, le blond avait hésité, ses yeux vides et fatigués démontrant toute la douleur d'un père qui avait perdu son fils. Alors qu'ils étaient dans le salon, Albus était descendu, l'air d'un fantôme, des cernes sous ses yeux bouffis et rouges, le teint aussi blanc qu'un cachet d'aspirine. Draco lui avait alors donné la lettre, ses yeux si semblables à ceux de son père s'éclairant l'espace d'une minute, puis il l'avait lu sans un mot, son visage passant par la tristesse, la douleur, la confusion, puis le regret et de nouveau une tristesse sans nom. Sa réaction avait tellement surpris Draco et Harry qu'ils en étaient restés bouche bée. Albus avait commencé à pleurer, puis à rire comme un hystérique et enfin il avait hurlé, se tirant les cheveux et déballant la dure vérité. Il avait crié qu'il avait tué Scorpius, que tout était de sa faute, que c'était de la faute de Harry, de sa mère, de son frère, de sa sœur, des Weasley… Il avait hurlé qu'il aimait Scorpius depuis le début, mais qu'il avait eu peur de perdre sa famille, que tout le monde autour de lui, notamment les Weasley, disaient tout un tas de mauvaises choses sur les Malfoy. Harry avait été horrifié par la douleur de son fils, par cette nouvelle tragédie. Après les morts de la guerre, puis ensuite George qui avait dû être interné en psychiatrie à Ste Mangouste, la perte de son jumeau l'ayant rendu fou de douleur, de Bill et Charlie qui s'étaient distancés de leur famille, il devait maintenant affronter cette nouvelle souffrance. Il avait pleuré, il avait serré son fils dans ses bras, s'excusant de n'avoir rien vu, de ne pas avoir été là pour lui. Et Draco était juste resté figé, s'identifiant à la douleur de Harry. Albus s'était endormi, épuisé, et Harry l'avait porté jusqu'à sa chambre. Le brun s'était ensuite assis lourdement sur une chaise en face de Draco, le regard dans le vide, dévasté, des traces de larmes sur ses joues. Ils étaient restés silencieux un moment avant que finalement Draco ne souffle :
- J'en ai marre… J'en ai marre de toutes ses tragédies, de ses destins incompris, des morts, des souffrances injustes... Severus, Blaise, Théo, Millicent… Ton parrain, les Lupins, Arthur Weasley, les jumeaux, Granger, Londubat et Lovegood, et tellement d'autres…
Et Harry avait répondu la voix tremblante en retour :
-Moi aussi...
-J'aimerais juste… J'aimerais remonter le temps… J'aimerais avoir eu le courage de défier mon père, de sauver mon parrain, de ne pas avoir fait tous ces mauvais choix… Ainsi… Ainsi peut-être que tout aurait changé, qu'on serait heureux, que mon fils n'aurait pas vécu cette vie ingrate et ne serait pas mort si… si…
Incapable d'en dire plus, le blond avait enfouit son visage dans ses mains.
-Peut-être… Peut-être que ce n'est pas impossible, avait alors murmuré Harry.
Après cela, quelque chose d'incroyable avait alors commencé. Ils avaient fait des recherches, Harry avait trouvé d'anciens carnets vieux de plusieurs siècles écrits de la main d'un spécialiste en magie du temps et de l'espace, lors d'une de ses missions et les avait subtilisés. Ils avaient alors étudiés les écrits en secret et avaient découvert qu'il existait un ancien rituel pour remonter le temps de façon permanente. Cependant, une seule personne pouvait repartir. La différence exceptionnelle avec les retourneurs de temps, ou d'autres magies du temps interdites car jugées trop dangereuses, était que ce rituel ne permettait pas de ramener le corps actuel en arrière, mais uniquement l'esprit et la magie qui étaient alors intégrés au corps d'origine et empêchant ainsi de rencontrer « son double ».
Ils avaient alors fomenté un plan. Harry avait été catégorique, ça serait Draco qui allait retourner dans le passé. Les raisons du brun avaient été claires : Draco était plus intelligent, plus rusé, moins transparent dans ses émotions, il avait plus de connaissances en magie de toutes sortes, en politique, manipulations et autres. Il avait aussi dit que même s'il était « l'élu » et qu'il avait plus de pouvoir brut que lui, Draco était celui qui savait le mieux manier la magie, les mots et la stratégie. Harry lui avait alors raconté sa vie d et lui avait demandé un certain nombre de choses à rectifier. Tout d'abord, Harry voulait qu'il l'éloigne de Ron, Ginny, Molly et Dumbledore, qu'il devienne son ami et qu'il l'empêche de faire des imbécillités, de se mettre en danger. Puis, dans la mesure du possible, il souhaitait qu'il empêche la mort des personnes qui pouvaient être sauvées, comme Sirius, Cédric, Hermione, Neville, Fred, Remus, Severus, les amis de Draco injustement accusés d'être mangemort. Il était conscient que Draco ne pourrait sans doute pas tous les sauver, mais il voulait au moins qu'il essaie. Draco le lui avait donc promis. Pour faire tout ça, ils avaient décidés que le mieux était que Draco remonte au jour où ils s'étaient rencontrés chez Madame Guipure. Le véritable problème du rituel était qu'il nécessitait beaucoup de magie et Harry avait décidé de se sacrifier. Draco avait eu beau tempêter, le brun avait tenu bon et n'avait pas cédé.
Draco sortit de ses pensées lorsque la cheminée de son bureau s'enflamma de vert et que Harry en sortit.
- Salut, dit doucement le brun.
- Salut, répondit Draco en se levant de son fauteuil.
- C'est prêt ? Demanda Harry avec appréhension.
- Oui, au sous-sol.
Ils s'y dirigèrent sans un mot, puis arrivèrent dans une grande salle vide de marbre blanc. Au centre, un large cercle de rune avait été tracé avec le sang de Draco et deux fioles de potions, une violette et une turquoise étaient posées à côté. Draco expira en un souffle un peu tremblant et se tourna vers le brun les sourcils froncé par l'inquiétude.
- Tu es sûr de vouloir faire ça ?
Harry le regarda et lui fit un doux sourire. Draco avait toujours été fasciné par la douceur de Harry, tout était si délicat chez lui, de sa petite taille, ses traits fins, ses yeux, sa voix, ses gestes, même ses émotions. Le brun se rapprocha de lui, posa sa main sur son torse à l'endroit de son cœur et fit une chose à laquelle Draco ne s'attendait pas du tout. Il approcha son visage et l'embrassa. Ce fut juste une pression des lèvres durant quelques secondes, mais le baiser était à l'image de Harry, incroyablement doux, et Draco savoura ce court instant avec délice, puis Harry se recula, le regardant avec tendresse.
- Je suis sûr. Pour nous, pour nos morts, pour la cette société qui part en vrille, pour nos enfants. Pour Scorpius et Albus, pour qu'ils ne vivent pas cette vie. Ils ne vivront jamais, « là-bas », ce qui me déchire le cœur, c'est peut-être égoïste, mais je ne veux pas de cette vie pour eux. Albus… il ne se remettra pas de ce qui est arrivé à Scorpius, tout comme toi, tout comme moi qui me sent si coupable. Il y a eu trop de souffrances dans nos familles. James n'est qu'un arrogant petit con, Lily est une peste capricieuse comme sa mère. Je t'en prie Draco, empêche moi de faire la pire erreur de ma vie en me mariant avec elle, empêche moi de faire toutes les erreurs que j'ai commises en faisant confiance aux mauvaises personnes. Pour une fois dans ma vie j'ai envie d'envoyer le monde balader, j'ai envie d'être égoïste. Alors quand « là-bas » tu auras gagné ma confiance totale, quand j'aurai mûri, dis moi toute la vérité, dis à mon moi plus jeune tout ce que tu as fait pour nous, dis moi combien je te dois beaucoup. Tu n'as pas à t'inquiéter, termina-t-il en essuyant du pouce une larme qui coulait sur la joue de Draco, je ne mourrais pas longtemps.
Draco ferma les yeux quelques secondes, puis attira le petit brun dans une forte étreinte. Il passa sa main dans les cheveux en bataille et embrassa légèrement son front. Harry sourit tendrement, lui rendant son étreinte et enfonçant son visage contre son torse. Ils se séparèrent finalement et Draco entra dans le cercle. Après un dernier long regard échangé avec Harry, il but le contenu des deux fioles, l'une des potions était pour accrocher sa magie à son esprit et l'autre pour que son esprit et sa magie intègre correctement son corps de onze ans, puis il ferma les yeux et commença à réciter la formule pendant que Harry posait la main sur les symboles runiques, relâchant sa magie.
Le sang s'illumina et commença à absorber la magie de Harry et la sienne. D'après leurs calculs, le rituel allait consommer toute la magie du brun jusqu'à le tuer et environ la moitié de celle de Draco. C'était une autre des raisons pour laquelle Draco était le mieux placé pour être au centre du rituel. Autrement, dès que Draco aurait été vidé de sa magie, le rituel aurait plus vite puisé dans celle de Harry et celui-ci aurait été davantage vidé de sa propre magie ce qui aurait entraîné la mort du jeune Harry, car il fallait conserver une certaine quantité de puissance pour pouvoir faire le voyage sans que l'esprit ne soit détruit avant d'arriver à destination. Le rituel se déroula très vite, leur magie se fit pomper rapidement et à la fin de la formule, qui contenait l'heure et la date précise à laquelle il voulait revenir traduite en latin, Draco rouvrit les yeux sur le visage blafard et exténué de son amour de toujours. Harry lui fit un sourire épuisé, ses magnifiques yeux émeraudes s'éteignant lentement.
-On se revoit vite, murmura l'ancien gryffondor tandis qu'une larme roulait sur la joue du blond alors qu'il regardait, impuissant, son amour s'effondrer, sans vie.
Le rituel pris fin, et Draco dû fermer les yeux devant la vive lumière blanche et rougeâtre qui illumina brusquement la pièce. Il sentit tous ses membres compressés comme jamais, puis il y eut comme une déchirure à l'intérieur de lui, suivie d'une douleur intense comme il n'en avait jamais ressentis, même un doloris du Lord noir ne semblait pas comparable. Il comprit qu'il s'agissait de son esprit et de sa magie quittant son corps d'homme de trente-sept ans. Puis, tout aussi soudainement qu'elle était venue, elle s'arrêta, le temps sembla se figer autour de lui et il la sentit. La magie. Comme… la conscience de la magie de toute chose qui sondait son esprit, son cœur, ses souvenirs et ses intentions. Cela ne dura qu'une ou deux secondes, mais Draco sentit comme une caresse d'approbation, puis une bulle réconfortante et protectrice entoura son esprit et sa magie et le temps reprit son cours.
Lorsqu'il put à nouveau sentir son corps, il ouvrit les yeux, clignant plusieurs fois des paupières pour permettre à sa vue floue de s'ajuster. Il se redressa avec précaution, sa tête tournant horriblement. Il referma les yeux, attendant que ça passe, puis les rouvrit. Il était dans sa chambre « d'héritier » du manoir Malfoy, sa vieille chambre où il avait passé son enfance et son adolescence, son refuge jusqu'à ce qu'elle se transforme presque en prison lorsque Voldemort avait investit le manoir. Il n'y avait plus mit les pieds depuis. Elle était exactement comme il se le rappelait avant d'entrer à Poudlard. Il se leva de son grand lit à baldaquin et se posta devant son miroir à pied. Il sourit un peu de se revoir à onze ans, mais le perdit bien vite en se rappelant qu'ici son père et sa mère étaient toujours là. Il allait devoir se distancer d'eux, devenir indépendant subtilement, ou peut-être un peu brutalement sur certains sujets. En fermant de nouveau les yeux il revit les émeraudes éteintes de son amour, son corps qui s'effondrait, et des larmes s'échappèrent alors de ses yeux. Mais cette vision ne dura pas longtemps, et, lorsqu'il releva ses paupières, son regard mercure était déterminé : il allait offrir une nouvelle vie à Harry, afin qu'ils soient tous les deux plus heureux que ce que Draco avait déjà vécu. Il sécha ses joues et ses yeux devenus humides, puis alla dans son dressing. Si le rituel s'était déroulé correctement, aujourd'hui était le jour où il devait aller au chemin de traverse avec sa mère et aussi où il rencontrerait Harry pour la première fois. Il attrapa une robe noire pas trop ample, mais pas stricte non plus, les coutures, boutons, col et revers de manches étaient bleu clair. Pour aller sous sa robe, il se choisit un simple pantalon en toile noire et une chemise blanche. Pour finir, il prit une paire de chaussure assez simple noire, cirée, et une gourmette en argent au poignet. Oui, il voulait faire bonne impression devant Harry, et alors ? Mais il n'en fit pas trop non plus, car Harry lui avait avoué que son arrogance et son étalage de richesse l'avait rebuté dès la première seconde.
Draco se dirigea ensuite vers sa salle de bain attenante à sa chambre pour se laver. Après une bonne douche relaxante, il s'habilla, puis entreprit de se coiffer. Cependant, il décida de ne pas se faire la coiffure habituelle qu'il avait à cet âge. Il ne ramena pas ses cheveux en arrière sous une tonne de gel et les arrangea pour que ses mèches retombent élégamment sur son front. Harry lui avait aussi avoué en rougissant qu'il le préférait les cheveux lâchés, et Draco avait décidé d'appliquer les désirs de son amour. Il sortit ensuite de sa chambre après avoir vérifié l'heure : il n'était même pas en retard pour le petit-déjeuner.
Il parcourut les interminables couloirs du manoir qui lui parurent encore plus longs que dans son « futur ». Car dans son temps d'origine il avait plutôt prit l'habitude de transplaner d'une pièce à une autre, ce qui faisait toujours bien rire Scorpius qui le traitait de fainéant. Le souvenir de son fils le fit sourire tristement, Scorpius ne vivait pas dans cette vie et il ne vivrait jamais. Draco arriva au bout d'un couloir et emprunta l'escalier pour se rendre dans la large salle à manger. Ses parents étaient déjà installés, son père lisant le journal et sa mère l'attendant patiemment tout en dégustant un thé Earl Grey.
- Bonjour père, mère, salua poliment, mais froidement Draco.
L'homme, ou plutôt le jeune garçon désormais, s'installa à droite de son père, de telle manière qu'il se retrouvait en face de sa mère, froide comme à son habitude. Non pas qu'il n'aimât pas sa mère, au contraire, après tout, il avait accepté de devenir mangemort pour la protéger et sa mort l'avait beaucoup peiné. Mais c'était une mère froide et hautaine, bien qu'elle n'ait pas de sang Malfoy elle restait une Black, et les seuls moments d'affection qu'elle lui témoignait étaient lorsqu'elle lui achetait des vêtements ou lui donnait des friandises derrière le dos de son mari. Néanmoins elle restait une mère, qui avait voulu protéger son fils en obligeant Severus à faire un inviolable pour qu'il termine sa mission si jamais il n'y arrivait pas afin de le protéger. De plus, elle avait mentit à Voldemort en déclarant Harry Potter mort, ce dernier lui ayant affirmé que Draco était vivant, en gage de reconnaissance. Mais Draco gardait tout de même une certaine rancœur envers elle. Elle ne l'avait jamais protégé elle-même, elle n'avait jamais défié son mari pour lui, elle avait juste laissé faire, regardant de loin.
- Bonjour Draco, le gratifia Narcissa avec un doux hochement de tête.
- Bonjour Draco, dit durement Lucius en posant le journal pour le regarder de ses yeux de glace.
Draco ne leva pas les yeux vers lui, se contentant de se servir un verre de jus de fruit et un thé à la menthe.
- Avez-vous bien dormi ? demanda-t-il alors poliment et il vit du coin de l'œil que ses parents étaient surpris par sa politesse et son stoïcisme.
Et pour cause, Draco se rappela qu'à cette époque il n'était qu'un petit garçon de onze ans prétentieux et égocentrique, mais maintenant il était, certes dans son corps de jeune garçon, un homme mûr et réfléchi au fond de lui.
-Très bien, je te remercie Draco, répondit sa mère avec un doux sourire, un des rares qu'elle lui offrait.
- Bien, merci, dit lentement Lucius en le regardant curieusement.
Draco hocha la tête et ils mangèrent un moment en silence avant que Lucius ne reprenne la parole brusquement.
- Qu'as-tu fait à tes cheveux ? demanda-t-il en fronçant les sourcils. Ça n'est pas ta coiffure habituelle.
Draco ne lui jeta même pas un coup d'œil, se resservant du thé, et répondit distraitement d'un air ennuyé :
- Non, si je n'arrête pas de les coller à mon crâne avec une tonne de gel j'ai l'impression que je vais finir chauve avant mes trente ans.
Narcissa cacha un rire soudain par une toux discrète, ce qui choqua quelque peu Draco et Lucius haussa un sourcil bien haut.
- Je vois… fit l'adulte blond lentement.
Draco changea de sujet.
- Nous partons à quelle heure ? dit-il en se tournant vers sa mère puisque son père ne venait pas avec eux.
- À neuf heure, répondit-elle. J'ai rendez-vous avec des amies au Café de Merlin, il se pourrait que ça dure quelques temps.
- Ne vous inquiétez pas mère, je saurais m'occuper. Si jamais il le faut, ça ne me dérange pas de manger en ville.
Narcissa lui offrit un sourire contrit, mais Draco ne le lui rendit pas, après tout, elle préférait papoter avec des amies plutôt que l'aider à acheter ses fournitures alors que c'était sa première année à Poudlard. Il se souvenait avoir eu des difficultés la première fois. Alors que lui, dans son futur passé il avait réussi à se libérer de son travail d'esclave pour Scorpius, le sachant nerveux et combien il souhaitait que son père soit là. Ils s'étaient bien amusés ce jour là, malgré les regards hostiles qui les suivaient. Parfois, il y avait des choses qui étaient plus importantes que tout pour les enfants, même si ça ne semblait pas être le cas pour leurs parents. Draco n'avait pas voulu décevoir son fils comme ses parents l'avaient déçu.
- Bien, dit Narcissa le sortant de ses pensées, je te donnerais plus d'argent au cas où. Quelque chose te ferait plaisir en plus de tes fournitures?
Draco pianota des doigts sur la table, ses yeux se détournant de sa mère alors qu'il réfléchissait.
- Oui, répondit-il finalement, j'aimerais un nouveau livre ou…
Ses parents haussèrent les sourcils, s'attendant à un jouet ou autre, mais certainement pas à un livre. Il se tourna vers son père.
- J'ai lu que porter un étuis à baguette à l'avant bras est très pratique, ça permet de ne pas la perdre ou de l'abîmer stupidement, de plus on peut l'atteindre plus rapidement que si on la mettait dans sa poche ou une couture du pantalon. Dans le magazine ils disaient aussi qu'il était préférable de s'y habituer dès qu'on obtient sa baguette. Donc, pourriez-vous me donner l'argent nécessaire pour en acheter un ou peut-être devrais-je attendre noël ?
Draco fut très satisfait de l'air un peu choqué et impressionné de son paternel.
- Eh bien… Se reprit Lucius. Je suis… content de toi Draco. C'est une très bonne idée et ça t'aidera certainement dans le futur afin de devenir un grand sorcier. Je te donnerai de l'argent tout à l'heure pour le étuis et aussi pour un livre de ton choix.
Draco haussa un sourcil surpris et lui fit un sourire froid, très malfoyen.
- Merci père, dit-il simplement.
Il retourna à son croissant en se demandant s'il n'avait pas atterri dans une dimension parallèle au lieu de juste remonter le temps. C'était bien la première fois que son père exauçait une de ses requêtes ainsi et une des très rares fois où il lui disait à demi mot qu'il était fier de lui. En même temps, se dit-il, ce qu'il avait demandé était quelque chose d'utile et d'intelligent, et non pas un jouet quelconque. Il avouait volontiers qu'avant la guerre il avait été un gamin capricieux et arrogant qui demandait plutôt des jouets ou un balai pour « grand », des bijoux ou autres. Mais la guerre l'avait changé, sa vie était devenue difficile et être père l'avait fait mûrir. Peut-être était-ce cela que Lucius avait attendu de lui toutes ses années? Mûrir? Utiliser son intelligence pour autre chose que toutes ces choses futiles ou jouer des mauvais tours aux Griffondors ? Mais comment aurait-il pu alors que son père passait son temps à le rendre insupportablement arrogant, à lui offrir les meilleures choses pour étaler sa fortune aux yeux du monde ?
Après avoir fini son petit déjeuner en compagnie de ses charmants géniteurs, il se dirigea vers la bibliothèque, s'occuper jusqu'à neuf heure. Il se choisit un livre sur l'histoire des familles sorcières et lut particulièrement le chapitre concernant la famille Potter. Il fallait absolument que Harry lise ce livre. Draco lança un tempus d'un signe de la main. Il arrivait à faire de la magie sans baguette, mais juste pour les sorts simples et un sort de copie était assez difficile, en tout cas un rapide. De plus sa magie n'était pas encore revenue totalement. Il lui restait une heure et demie avant neuf heure, ça serait peut-être suffisant. Il amena à lui un bloc de parchemin, une plume et de l'encre, puis jeta le sort afin que la plume copie les pages du livre. Il fit en sorte de d'abord recopier le chapitre sur les Potter au cas où il n'aurait pas le temps de le faire pour tout le livre. Transpirant et le souffle un peu plus rapide à cause de l'effort demandé à son corps de onze ans, il prit un autre livre et se blottit dans un fauteuil.
L'heure et demie passa vite et le repos accumulé lui permit de régénérer un peu de sa magie déjà malmenée par le rituel. Lucius vint le voir peu après qu'il ait fini de ranger les parchemins recopiés dans un sac et lui tendit une bourse.
- Tiens Draco, ça devrait couvrir les frais pour tes fournitures, ton étuis et ton livre. S'il te reste des galions tu peux les garder. Mais attention, continua son père en fronçant les sourcils, pas de gaspillage pour des frivolités, je vérifierais.
- Bien père, merci.
Lucius hocha sèchement la tête et sortit. Draco comprenait désormais une chose sur son père qu'il ignorait auparavant. Lucius était strict avec lui, même s'il lui offrait toujours les meilleurs jouets et vêtements pour faire pavaner son fils et montrer sa fortune devant le beau monde, c'était uniquement pour cette raison qu'il accédait parfois aux jérémiades de Draco, mais seulement lorsqu'il y avait une réception. Mais dès qu'il s'agissait de choses utiles et intelligentes comme des livres ou un étuis à baguette, il était plus enclin à lui donner ce qu'il voulait. Et Draco ne l'avait jamais remarqué, car il n'avait jamais demandé de telles choses avant cela. Cela lui montrait une face de son père qu'il ignorait et sa haine pour lui diminuait un peu, juste un peu. En fait, son paternel était contradictoire. D'un côté, il voulait que Draco soit sa copie conforme, qu'il lui obéisse au doigt et à l'œil, et de l'autre il souhaitait qu'il pense par lui-même. Il s'agissait de deux choses opposées, mais Draco voulait bien relever le défi. Cependant, il devait le faire subtilement pour ne pas rendre ses parents suspicieux. Ça ne serait pas bon pour lui si Lucius remarquait que son fils n'était plus sous son joug, il pourrait prendre des mesures drastiques afin de le remettre dans le « droit chemin ». Son père n'avait jamais été violent avec lui, mais Draco le connaissait, et il savait qu'il ferait tout pour que son fils fasse ce qu'il attendait de lui.
Draco soupira et rejoignit sa mère qui l'attendait devant la cheminée du salon. Elle lui donna une autre bourse pour un repas au cas où elle n'aurait pas fini avec ses amies avant midi, plus un petit supplément comme argent de poche ou pour s'acheter ce qui lui ferait plaisir. Le jeune homme devait reconnaître que même si ses parents n'étaient pas affectueux, mais plutôt froids, lâches, mesquins et pleins de préjugés, ils étaient aussi généreux question argent avec lui, même si son père contrôlait ses dépenses pour le responsabiliser. Peut-être, juste peut-être, il pourrait profiter d'être revenu dans le passé afin de changer leur futur en améliorant ses relations avec eux et éventuellement il essaierait de convaincre son paternel de ne pas se tourner de nouveau vers Voldemort, ou au moins d'épargner cela à sa femme et son fils. Lorsqu'il arriva devant sa mère, celle-ci lui fit un compliment sur le choix de sa tenue bien qu'elle l'ait déjà vue au petit déjeuner, c'était dire qu'elle prêtait beaucoup d'attention à son fils, puis il entra dans la cheminée à sa suite et annonça sa destination : Gringotts.
To be continued...

321