- Attends, t'es sérieuse là ?
- Et si je l'étais ?
- Je te détesterais de l'être, et même si j'étais potentiellement d'accord, je serais capable de te dire non pour m'avoir mise au pied du mur.
- Te mettre au pied du mur ? D'avoir ou non le choix de passer le reste de tes jours avec moi ?
- Quelle est la différence ? J'ai déjà cette intention, bout de papier ou non !
Tout s'était joué. Les deux, apeurées de se perdre.
- Tu me laisserais partir parce que je refuse ? Demanda Emma, le regard plongé dans les yeux noisette. Regard qu'elle vit se défiler à chaque seconde qui passait, regard qui fixait le sol.
Elle ne répondait pas.
- Donc j'en conclue que oui ?
- Non.
Emma la regardait, interdite, toujours debout devant le sofa, attendant, espérant que sa Reine comblerait l'espace entre elles pour venir la rassurer. Comment tout avait pu leur échapper comme ça ? Elles s'aimaient, c'était indéniable. Jamais personne n'en avait douté. Les regards qu'elles partageaient n'avaient l'once d'une ombre. Les réveils qu'elles partageaient depuis tous ces jours étaient la preuve que rien ne pouvait leur résister.
- Non, je ne veux pas que tu partes. J'en crèverais.
Elle lui avait dit ça, d'une voix tremblante. Comme si cette bombe lâchée pouvait tout arranger.
- C'est pourtant toi qui me demande de faire un choix. Lui dit Emma en s'avançant, petit à petit, vers Régina.
- Pour te mettre la vérité en face. Dès que tout se complique, tu fuis.
- Et tu t'es dit que forcer pouvait m'aider ?
Regina resta interdite.
- Je n'accepterai pas cette demande en mariage et jamais je n'accepterai non plus que nous soyons réduites à un chantage. Qu'est-ce que ça changera ? Hein ? Parce qu'on signer un fichu bout de papier, nos réveils seront-ils plus beaux qu'ils ne le sont déjà ? Est-ce que tes lasagnes auront meilleures saveurs ?
- Ne sois pas stupide, Emma, il ne s'agit pas de ça.
- Alors quoi ? Elle criait presque, faisant sursauter la Brune, perdue dans les larmes qui se versaient le long de ses joues. La tête baissée, les yeux clos.
- Tu ne comprends pas. Tu as peur de tout, tu as aussi peur de me voir te demander de me faire un enfant un jour que de me laisser partir avec Robin à Boston !
- Parce que j'ai eu tort d'avoir peur ? On a bien vu comment ça avait terminé !
- Emma, arrête de crier, je ne suis pas sourde ! Tu le sais très bien que je n'ai rien fait. Ce n'est pas comme si c'était avec lui que j'avais fini dans cette chambre d'hôtel !
- Parce que tu crois sincèrement que si je n'avais pas été là, il ne se serait rien passé ?
- Tout n'est qu'une histoire de confiance ! Le son de sa voix devenait incontrôlable, aussi incontrôlable que la brûlure qui montait au fond de ses tripes. Perdue entre l'envie de lui dire de partir, apeurée de la voir partir et la colère de la voir rester. Tu ne me fais pas confiance ! Tu es là à crier au loup alors que tu y vas directement, toi, dès que tout se complique ! J'ai pourtant tout fait pour la gagner cette confiance ! Qu'est-ce qu'il te faut de plus ? Dis-moi ! Quelle est cette chose si terrible qui manque en moi pour que tu n'aies plus peur à l'idée d'être tellement encrée en moi que de respirer devient impossible quand tu ne partages pas le même air que moi ? Je n'ai absolument pas le besoin vital de t'épouser Emma Swan ! Je n'ai aucune envie de perdre le moindre équilibre de ce que nous vivons ! Mais je n'ai pas non plus envie que tu refuses de te donner à moi sans concessions !
- Je suis à toi, tu le sais.
- Non, je ne le sais pas ! Elle tremblait, erratique et statique devant la beauté de la blonde.
- Je n'ai jamais eu l'idée d'aller voir ailleurs.
- Je ne te parle pas de ça, Emma, être à quelqu'un n'est pas une question de fidélité ! Je donnerais ma vie pour toi ! Je retournerais te chercher en Enfer si tu avais le malheur d'y aller ! Je me marierais avec toi si tu pensais que tu ne pourrais plus respirer sans ça ! J'accepterais de passer ma vie dans l'ombre pour que ton sourire respire la lumière ! J'accepterais que ma vie soit un cauchemar permanant pour que tes nuits soient paisibles ! Inconditionnellement ! Parce que vivre sans toi et avoir le cœur arraché revient à la même chose !
C'est là, à ce moment-là, qu'Emma comprit. Toute la sincérité, toute la force, toute l'indicible beauté de tout ce qu'elles partageaient. Toute l'infinie blessure de ce qu'elle pourrait vivre si tout s'arrêtait, là, maintenant.
- Ca, c'est être à quelqu'un. JE suis à toi. TU n'es pas à moi. Tu es perdue entre la peur de me perdre et la peur de me voir à tes côtés pour la fin de tes jours. Tu es…Les larmes coulaient, à flot, ses yeux noyés et noircis par son maquillage ruisselant. Tu as tellement été bafouée et laissée tombée qu'avant même d'essayer, tu es persuadée que je ferai avec toi la même chose. JE n'ai pas l'intention de te laisser tomber ! JE n'ai pas l'intention de partir !
Emma se taisait. Qu'il y avait-il à redire à tout ça ?
Tout se bousculait dans sa tête, Neal, ses 28 années de solitude, Graham, August…
792 jours et ses angoisses.
Et combien d'autres avant qu'elle ne parte ?
Et si elle ne partait pas ?
Et si elle partait ?
Mais, si elle ne partait pas ?
Régina cessa de trembler, cessa de respirer devant la bataille que menait sa compagne.
- Mais si tu ne sens pas capable d'être un jour à moi, entière et sans retenue, libre à toi de t'en aller. Vivre avec toi en faisant preuve de figuration, non. Je t'aime plus que ces mots eux-mêmes en aient leur sens. Et tout ce que j'ai à t'offrir, c'est ça. Juste ça. Sans artifices. Juste mes yeux dans les tiens. Juste mon souffle contre le tien. Juste nous. Juste nous…
Régina regardait Emma, la tête baissée, encore.
Elle suppliait toutes les ondes et tous les Dieux qui existaient en ce monde, ici ou ailleurs.
Elle suppliait ses entrailles de ne pas céder, elle suppliait ses sanglots de ne pas sortir. Elle aurait pu cesser des respirer. Mais Emma ne réagissait pas.
A son tour, elle baissa la tête, elle était en train de perdre la bataille.
Elle prit son courage à bras le corps puis s'élança.
Elle fit quelques pas et avança vers les escaliers.
Ne pas céder.
Ne pas pleurer.
Être une Reine.
Ne pas s'avouer vaincue.
Même si…
Est-ce qu'elle l'avait perdue ?
Est-ce qu'Emma ne serait jamais capable de gravir la montagne qui la séparait d'elle ?
« Véritable Amour, mon cul ». Pensait-elle.
« Ils avaient tort, j'avais raison »
Arrivée en bas de l'escalier, elle crut défaillir. Elle crut ne jamais être capable de les monter sans s'effondrer.
Et puis…
- Régina, attends…
Inespéré.
Tant que ça ?
Elle se retourna vers Emma.
La blonde soutenait son regard puis elle s'élança dans une course effrénée.
Elle réduisait l'écart qui les séparait. En même temps que ses peurs qu'elle domptait.
Elle s'écrasa sur Régina et la prit dans ses bras dans un élan désespéré.
Elle posa ses lèvres sur les siennes dans une brutalité sans nom.
Et pourtant, chacune des deux l'appréciait.
Emma plaqua sa Reine contre le mur puis s'acharna à lui faire comprendre l'ineffable. Dans la douce brutalité de ses baisers. Elle étouffa Régina de son cœur brisé. Puis s'arrêta. Elle la regarda, bien plus épuisée à l'idée de se battre que de l'aimer.
- Juste nous ?
Régina sombrait de plus en plus dans ses yeux. Ses larmes redoublèrent.
- Juste nous, Emma.
Alors elle reprit là où avaient cessé ses douces tortures.
Elle l'embrassait, tout y passait, sa bouche, sa mâchoire, son cou… Les lèvres entrouvertes, les langues dansèrent au rythme de leur propre frénésie. Indomptable ? Elle avait bien compris que c'était trop tard. Elle avait baissé la garde entre le 358ème et le 432ème jour. Ou peut-être avant. Ou peut-être après…
Emma déshabillait Régina, fiévreusement. Elle voulait la faire sienne. Pour de vrai ? Pour de bon ? Là, en bas de l'escalier. La brune voulait faire la même chose mais Emma l'en empêchait. Comme une mise à l'épreuve. Elle en était capable.
Nue.
Elle était nue.
Régina physiquement, Emma mentalement.
Emma la caressait, passait ses mains partout. Régina suffoquait difficilement. Emma prenait en bouche un de ses seins, caressant le deuxième, le faisant rouler sous ses doigts. Lentement. Surement. Puis elle leva la tête, regarda Régina droit dans les yeux et lui prit la main.
Sans poser de questions, elle se laissa guider par Emma, jusqu'en haut des escaliers. Jusque dans leur chambre. Jusque dans leur lit. Elle allongea Régina et vint la surplomber de sa récente certitude.
Elle se redressa et enleva son pull puis son t-shirt… puis son soutien-gorge. Sous le regard avide de sa brune. Noir de désir.
Régina gémit quand elle sentit la poitrine d'Emma contre la sienne quand elle se rabaissa pour capturer ses lèvres. Leurs lèvres valsaient dans une passion ardente. La brune passait ses mains sur toute la longueur du dos de la blonde. Puis Emma cessa le baiser.
- J'aimerais terminer ce que j'ai commencé l'autre jour.
Régina esquissa un sourire quand elle comprit.
Alors Emma embrassa tout son corps, traçant une ligne imaginaire jusqu'à son mont de venus. Elle leva les yeux pour la regarder et aperçut une supplication. Toujours droit dans les yeux, elle posa un baiser sur son sexe. Puis un deuxième. Régina gémit doucement. Toujours en la regardant, elle passa sa langue sur toute la longueur de son intimité. Puis une deuxième fois. C'est à ce moment-là que Régina perdit pied, ferma les yeux, mit sa lèvre inferieur entre ses dents et empoigna les boucles blondes, comme pour la sommer d'accélérer.
Ce que fit Emma.
Elle emprisonna le clitoris gonflé de sa Reine et le malmena vertueusement. De sa main droite, elle alla jouer avec ses tétons et de sa gauche, elle maintenait les hanches qui ondulaient.
L'air se réchauffait. A la limite de la combustion. Elles en étaient donc là ? Après des heures, des jours de guerre. Emma dévorait, Régina gémissait. L'humidité entre ses jambes surgissait.
Régina ne put tenir longtemps avant d'être ravagée par son orgasme dans un cri désespéré.
Emma accompagna l'orgasme le plus loin possible… Jusqu'à ce qu'épuisée, Régina retomba sur le lit. Essoufflée. Toujours les yeux fermés. Elle passa sa langue sur toute la longueur de ses lèvres. Comme pour donner un sens tangible à ce qui venait de se passer.
Emma remonta en parsemant le corps de Régina de baisers. Jusqu'à emprisonner ses lèvres puis posa tout le poids de son corps sur le sien, son visage niché sans cou. La brune l'enferma dans ses bras.
C'est à ce moment-là qu'Emma leva un peu son corps et passa sa main le long des courbes de la brune. Plus bas, encore plus bas. Frôla le clitoris sensible de brune qui sursauta en ouvrant en grand les yeux et qui laissa passer un râle lorsque deux des doigts d'Emma finirent par la pénétrer.
- Même pas cinq secondes pour respirer ?
- Même pas une. Lui répondit-elle tout en commençant des vas-et-viens lentement. Toujours emprisonnée dans les bras de sa Reine.
Emma la regardait perdre pied.
Le regard suppliant d'accélérer. Jusqu'à ce qu'elle les ferme comme pour mieux sentir les assauts qui étaient toujours aussi lents.
Régina aurait pu jouir, là, maintenant, tellement la sensation électrisait tout son être.
Emma accéléra.
Régina griffait le dos d'Emma, comme pour s'y accrocher.
Régina haletait, ses parois se rapprochaient. Emma se sentait prisonnière.
Puis Régina cria. Se libéra de la tension accumulée. Emma prit d'assaut ses lèvres pour vivre au plus près l'orgasme de sa brune.
Et plus le corps de la brune se détendait, plus les baisers de la blonde s'adoucissaient.
Régina répondait, haletante…Les yeux fermés.
Des larmes coulaient. Et si elle l'avait vraiment perdue ?
Elle ouvrit les yeux, Emma cessa de l'embrasser. Les yeux dans les yeux. Le bleu dans le marron.
Elles firent l'amour un long moment encore. Sans un mot. Juste pour faire ressentir à l'autre toute la passion qu'elles pouvaient représenter l'une pour l'autre. Puis s'endormirent, toujours sans un mot.
Dans les bras l'une de l'autre. Comme pour sceller toutes leurs promesses inexprimables.
C'est dans la même position qu'elles se réveillèrent.
A l'aube du 793ème jour.
Et elles allaient aimer ça.
Indéniablement.
Ça leur était toujours autant vital, indispensable.
Elles gardaient leur petit rituel, celui de se réveiller l'une contre l'autre, une main perdue sur le corps de l'autre, une jambe sur une autre, le visage blotti dans des cheveux. Jamais l'une sans l'autre, aucun réveil ne devait plus y échapper.
Juste elles deux.
Pour les 793 jours d'après… Et d'après…
THE END