Boom baby! Voilà la version clean est soignée par Titou Douh, avec beaucoup, beaucoup moins de fautes.J'espère que vous verrez la différence (si certains d'entre vous viennent la relire) et pour ceux qui découvre l'histoire et bien enjoy quoi XD !
BIENVENUE
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Godric's Hollow fut le quartier que choisit Astoria Malfoy, née Greengrass, pour installer sa petite famille.
C'était un de ces quartiers huppés où toutes les maisons au style outrageusement colonial abritaient de riches familles insupportables ; de par leur rang, leur argent ou même leur sang. Il faisait partie de la petite ville de Merlin's Sake, ville qui brillait par deux choses importantes : sa concentration de familles aristocratiques et son école extrêmement réputée qui suivait la scolarité des enfants de leurs onze ans jusqu'à leurs vingt-et-unième année pour ceux qui le désiraient ; et la plupart du temps, beaucoup de famille le désiraient.
C'était une lubie d'Astoria de vouloir vivre comme une aristocrate anglaise, de même que l'envie de quitter sa Russie natale pour un meilleur climat. Bien sûr, le fait que son mari ait étudié à Oxford pesait tout aussi lourd dans la balance.
Astoria et Draco Malfoy ne faisaient pas partie des nouveaux riches.
La famille Malfoy était une très ancienne et riche famille qui avait fait fortune, d'abord avec le charbon puis les mines d'or en Afrique. Sa réputation ne s'était pas construite sur une richesse faite de dur labeur mais plutôt sur l'esclavage et l'opportunisme. Pourtant, l'empire avait prospéré sans mal, et ce n'était que depuis Abraxas que la compagnie Malfoy avait décidé de redorer son blason. Finie, la prospection des énergies fociles : les Malfoy étaient à présent à la pointe de la technologie et des énergies renouvelables.
Cependant, toutes ces histoires d'argent ne concernaient pas vraiment Astoria. C'était l'affaire de son mari. En somme, ils ne manquaient strictement de rien et elle pouvait largement se permettre de choisir où elle désirait vivre. La famille Greengrass était aussi une famille d'aristocrates mais leur fortune avait fini par s'amoindrir seule restait leur réputation. C'était officieusement une des raisons de son mariage avec Draco Malfoy. Astoria n'y trouvait rien à redire : son mari avait été l'un des célibataires les plus en vue du moment et elle n'était qu'une parmi des centaines qui avait caressé l'espoir de l'épouser. Elle avait fait des efforts incroyables pour attirer son attention, avait multiplié les soirées mondaines pour se faire bien voir et tout son manège avait fini par fonctionner.
Si Draco Malfoy était un homme charmant en société, toujours poli et souriant, la jeune femme avait vite déchanté une fois mariée : Draco était un être insensible et glacial, qui ne l'honorait que par devoir marital et cédait à ses caprices de riche uniquement pour avoir la paix. C'était un homme fermé qui semblait ne s'amuser de rien. La jeune femme avait fini par comprendre que la beauté froide qui lui servait de mari était un homme bien triste et blasé de tout. Elle mettait son attitude sur le compte de son statut d'enfant unique : Draco avait été élevé comme un petit prince, il n'avait manqué de rien et pouvait absolument tout avoir. Quand on avait la possibilité de tout avoir, on finissait par n'avoir envie de rien.
Draco n'avait envie de rien. C'était une sorte de robot qui exécutait les taches qu'on lui donnait. Pourtant, il y avait bien une chose qui prenait une place importante dans le cœur de son estimé mari : sa mère.
Astoria avait vite compris qu'elle ne la surpasserait jamais et qu'aucune autre femme n'aurait plus d'importance que Narcissa Malfoy. C'était une personne douce qui jouissait de la même beauté froide que Draco, mais qui posait un regard si aimant sur son fils que, par moments, Astoria se sentait dévorée par la jalousie.
Elle préférait largement passer du temps avec Lucius Malfoy : lui, au moins, ne l'ignorait jamais. Elle avait même fini par se dire qu'elle avait épousé le mauvais Malfoy. Pourtant, quelque chose avait fini par faire changer l'attitude de Draco à son encontre.
Et ce quelque chose se résumait à ce qui s'était mis à pousser dans son ventre.
Quand la nouvelle de sa grossesse était tombée, la première réaction de Draco avait été d'hausser un sourcil, comme s'il venait soudain de se souvenir qu'il avait une femme. La surprise passée, il l'avait embrassée tellement chaleureusement qu'Astoria savait senti une pointe de fierté naître dans son cœur. Elle était tombée amoureuse de Draco Malfoy au premier regard mais avait fini par laisser son amour pour lui se ternir face au peu de considération qu'il avait pour elle. Mais une fois enceinte, Draco avait été si prévenant, si doux, si tendre, si aimant que son amour oublié avait afflué comme une vague de pure satisfaction.
Ainsi Scorpius Malfoy naquit, baigné dans l'amour de son père.
Scorpius avait éveillé l'intérêt de Draco. Il l'avait éveillé tout court, en fait. Astoria avait découvert un autre homme à la naissance de son fils. Draco riait, s'amusait aussi parfois et, quelques fois, il regardait Scorpius avec tellement d'amour qu'Astoria se sentait terriblement mal.
Elle n'était pas idiote, Draco se comportait avec elle comme il se comportait avec des invités ou des amis proches : poliment, lui parlant de sa voix basse et traînante, comme à une visiteuse. Ils partageaient toujours le même lit, dînaient toujours ensemble à heure fixe, mettaient un point d'honneur à faire des sorties en couple. Mais jamais Draco ne la regardait comme il regardait son fils.
Et entre elle et lui, elle s'était rendue compte que sa place venait après. En plus ce dette jalousie malsaine qu'elle éprouvait pour Narcissa, elle commença à en éprouver une plus effroyable encore pour son propre fils. Astoria se comportait comme une mère normale. Elle aimait Scorpius de tout son cœur ce qu'elle n'aimait pas, c'était sa relation presque en osmose avec son père. Ils étaient soudés et perdus dans leur monde à eux et, dans ces moments-là, elle avait l'impression de ne pas exister.
Pourtant, elle était sûre que son fils l'aimait autant. C'était elle qu'il appelait quand il avait faim, c'était elle qu'il appelait quand il avait mal au ventre, c'était elle qu'il appelait quand il se faisait mal, c'était sa main qu'il tenait quand ils se promenaient.
Scorpius ne l'ignorait pas, il avait besoin d'elle.
Cependant, son comportement vis-à-vis de son père était tout autre : il le regardait avec une forme de fascination intense, comme si Draco était une sort d'être divin prêchant la bonne parole. Il avait toujours peu de mots pour Scorpius, parce que ce dernier hésitait toujours à s'adresser à lui, et Draco ne faisait jamais le premier pas. Mais quand Scorpius trouvait du courage pour lui demander quelque chose, son père ne le repoussait jamais.
Astoria pensait alors que Scorpius était du genre à n'avoir d'yeux que pour les choses inaccessibles et elle était beaucoup trop accessible. Son besoin de se faire aimer et de se faire voir la faisait se comporter comme une personne envahissante. Elle n'y pouvait rien : elle détestait se sentir mise à l'écart.
C'était pourtant cette attitude qu'avait parfois Narcissa.
C'était une chose étrange qu'elle avait remarquée. La mère de Draco ne se levait jamais pour saluer son fils, c'était toujours lui qui se présentait à elle. Au départ, Astoria avait juste pensé que c'était une femme faible et fatiguée mais, au fil du temps et après la naissance de son fils, elle avait fini par comprendre son manège.
Narcissa se faisait désirer.
Et Draco faisait la même chose. Ils étaient des êtres patients. Ils pouvaient attendre longtemps, figés dans un coin sans jamais venir vous voir. Il fallait toujours faire le premier pas, avec eux. Il était rare qu'ils se jettent sur quelqu'un pour le saluer. En fait, ça n'était jamais arrivé. Mais Astoria n'était pas comme ça : elle devait montrer à tout le monde sa présence, elle devait parler, bavasser. Elle ne voulait pas juste être une poupée. Elle était incapable d'avoir la même stature et la passivité de Narcissa. C'était impossible, et elle savait que son caractère ne faisait pas l'unanimité chez son mari.
Elle avait eu la crainte qu'en grandissant, Scorpius devienne comme son père, mais Draco avait une manière particulière de l'élever. Il refusait de céder à ses caprices, lui apprenant que pour obtenir quelque chose il fallait se battre, travailler ou le mériter.
Astoria l'aimait pour ça. Elle se disait que Draco avait parfaitement conscience de sa nature nonchalante et qu'il ne souhaitait pas la même chose pour son fils. Par chance, Scorpius avait pris le coté enjoué et bavard de sa mère. Ce que Draco tolérait difficilement chez elle, il le passait avec amour chez Scorpius. De ce fait, elle était toujours partagée entre la fierté que son fils soit un peu comme elle et la tristesse qu'il ne soit pas comme Draco, parce qu'alors il l'aurait peut-être un peu moins aimé. Il n'aurait pas apprécié de voir son propre reflet dans son fils.
Sa façon de penser était dangereuse et elle le savait, mais elle n'y pouvait rien. Astoria était coincée dans une union qu'elle voulait parfaite mais qui n'avait de parfait que le mot. C'était aussi pour cette raison qu'elle avait décidé de déménager, avec l'envie secrète d'éloigner Draco de sa famille.
S'ils n'étaient que tous les trois, elle pourrait faire le point sur sa relation et tout reprendre depuis le début, reconquérir son mari sans la présence pesante de Narcissa. Elle avait eu peur que Draco refuse sèchement mais, contre toute attente, il avait approuvé son projet. Sans rechigner, il avait fait toutes les démarches pour quitter Saint-Pétersbourg et venir se perdre à Merlin's Sake.
Draco parcourut leur nouveau salon des yeux. Pour lui, ça ressemblait en tout point à la maison d'Allan Parish dans Jumanji, un film qu'il avait dû supporter de regarder avec Scorpius. Son fils était mordu de ce genre de film. Même s'il avait passé deux nuits à faire des cauchemars à propos de singes et de plantes carnivores, il avait trouvé la force de le regarder encore et encore jusqu'à le connaître par cœur.
Astoria passa à coté de lui, le sourire aux lèvres. En ce début de mois de juillet, elle ne portait qu'un débardeur et une robe en flanelle à motifs floraux. Elle avait tout d'une princesse moderne. C'était une femme cruellement jolie. Draco s'était laissé piéger par sa beauté. La première fois qu'il l'avait croisée, il s'était dit qu'elle ressemblait à sa mère. Mais une fois le mariage consommé, il avait révisé rapidement son jugement : elle n'avait strictement rien de Narcissa.
C'était une femme encombrante qui mettait son nez partout. Toujours avide de ragots, de potins et de son envie de les faire partager. Draco était fatigué de son babillage intempestif et des choses frivoles qu'elle avait à raconter. Astoria n'était pas sotte : elle pouvait très bien tenir une conversation intelligente, mais ça ne l'amusait jamais. Elle lisait peu, n'avait aucun intérêt pour la musique, et elle fuyait l'opéra et le théâtre comme la peste.
Elle aimait danser, les soirées mondaines, dépenser son argent en futilités.
En fin de compte, ils n'avaient strictement aucun point commun. Ils ne partageaient pas les mêmes goûts et la seule raison pour laquelle ils semblaient bien assortis résidait dans leur beauté. Si Draco s'était résigné à rester avec Astoria, c'était uniquement parce qu'il avait la certitude que toutes les femmes étaient comme elle.
Peu de femmes avaient attiré son attention. Elles se comptaient même sur les doigts d'une main.
La première avait été son amie d'enfance, Pansy Parkinson. Une jeune fille à la langue bien pendue, qui n'hésitait jamais à dire ce qu'elle pensait, et surtout à Draco. Il avait nourri pendant un temps le secret espoir de l'épouser. Elle avait été sa première fois, son premier amour, et il avait cru qu'ils passeraient leurs vies ensemble. Mais Pansy lui avait ri au nez. Elle n'avait aucune intention de se marier, et passer sa vie accrochée à un seul homme ne la faisait absolument pas rêver. Draco avait été subjugué par sa soif de liberté même s'il avait essayé de lui faire entendre raison. Il avait été jaloux de sa faculté à sortir des sentiers battus. Pansy avait eu raison. Elle avait fini par tout quitter pour vivre comme elle l'entendait : argent, famille et patrie. Il avait toujours des nouvelles d'elle, elle restait sa meilleure amie. Mais Pansy vivait dans un autre monde. Elle n'avait pas de toit fixe, bougeait au gré de ses envies. Draco lui avait demandé, une fois, si elle n'avait pas peur de mourir seule, entourée de personne. Pansy lui avait répondu en riant qu'elle ne mourrait pas seule, mais entourée de tout ce qu'elle aimait : elle et le monde. Elle aurait pu être la femme de sa vie. Mais, finalement, c'était peut-être mieux ainsi : il aimait la Pansy libre et téméraire, celle qu'il ne voyait que quelques jours par an.
Ensuite, il y avait eu Angelina Johnson, une actrice talentueuse et belle à se damner. Sa peau sombre et ses yeux noirs avaient fait tourner la tête de Draco sans même qu'il ne s'en rende compte. Angelina était brillante et Draco s'était demandé comment une femme comme elle avait fini par devenir actrice. Angelina lui avait répondu que c'était facile, son seul travail consistait à se déguiser. Il l'avait réellement aimée, mais c'était ce genre de passion brève et courte qui ne se finissait jamais bien. Angelina était une femme impétueuse, indomptable, qui ne parlait jamais pour ne rien dire, à la différence d'Astoria. Elle avait très vite vu dans le jeu de Draco. Elle avait accepté sa demande en mariage, et Draco avait refusé au dernier moment de l'épouser. Il avait vu ce que deviendrait Angelina en devenant sa femme. Il s'était douté qu'elle cesserait de briller tôt ou tard, et qu'elle aurait la décence de lui dire que c'était entièrement de sa faute. Ils avaient longuement discuté derrière l'église et Angelina avait compris les raisons de son refus. Parfois, quand un de ses films sortait, il se rendait seul au cinéma et se félicitait de ne pas l'avoir épousée : Angelina était beaucoup trop belle pour qu'il glace sa beauté par son attitude. Au final, Astoria lui convenait bien mieux. Elle ne demandait rien, vivait dans son monde pendant qu'il vivait dans le sien, et c'était tout. Ça avait été tout jusqu'à la naissance de Scorpius.
Il fallait à présent qu'il partage leurs mondes.
Scorpius avait été une bouée de secours dans l'océan de sa vie morne. C'était un ange tombé du ciel. Sa bonne humeur, son enthousiasme, sa curiosité faisaient gonfler le cœur de Draco.
Il n'avait rien à voir avec lui, si ce n'était le physique. Scorpius s'intéressait à tout et surtout à lui. Astoria avait longtemps fait semblant de s'intéresser à lui mais Draco avait abandonné l'idée de lui parler de ce qu'il aimait quand elle avait oublié plus d'une fois quel était son opéra favori. Scorpius, lui, le regardait comme s'il était une sorte de dictionnaire ambulant, et quand Draco lui expliquait quelque chose, il pointait le bout de sa langue au coin de ses lèvres dans une mimique de réflexion intense.
Draco adorait ça. Ça lui donnait l'impression que Scorpius imprimait mentalement ses paroles. Avec son fils, il se sentait écouté et important, comme lorsqu'il s'asseyait prés de sa mère et que celle-ci cessait toute activité pour l'écouter d'une oreille attentive même si ce qu'il disait n'avait aucun sens. Scorpius faisait toutes ces choses qu'il ne faisait pas quand il était petit. Il ne disait jamais non, ne boudait pas, n'était pas colérique ; même quand Draco lui refusait certaines choses. Il le regardait de ses grands yeux qui disaient qu'il comprenait pourquoi il n'y avait pas le droit. Draco faisait tout pour ne pas en faire un garçon capricieux comme lui. Il ne voulait pas le pourrir, il voulait en faire quelqu'un de bien. Pas une personne fade et désabusée comme lui. Et il avait plutôt réussi. Scorpius était un garçon charmant et adorable, et Draco l'aimait plus que tout.
- Père ?
Draco baissa les yeux vers son fils. Scorpius regardait en direction du salon. Il venait de retirer son chapeau, qu'Astoria avait vissé sa tête pour le protéger du soleil. Il portait un short bleu et une chemise blanche.
- Oui, mon grand ?
Scorpius leva la tête vers son père et lui fit un immense sourire.
- Est-ce que je peux aller dehors ?
- Tu ne veux pas voir ta chambre d'abord ?
- Je suis sûr que maman a déjà choisi pour moi. Je veux marcher dans l'herbe avant que le jardinier ne tonde la pelouse à cause du comité de voisinage.
- Le comité de voisinage ?
- Oui.
Scorpius fronça les sourcils.
- Tu n'as pas écouté un traître mot de ce que mère à dit.
- Je plaide coupable, fils.
Scorpius se mit à rire.
- Vas donc jouer dehors, mais reste à un mètre de la route.
- Merci papa !
Draco regarda son fils repartir en direction de la porte d'entrée. Il savait parfaitement ce qu'il allait faire : Scorpius allait étudier d'un œil perçant tout le voisinage. En vérité, lui non plus n'avait aucune envie de visiter. Il voulait juste s'allonger et dormir un peu. Quelque part dans la maison, il entendait la voix d'Astoria qui s'extasiait sur les meubles qu'elle avait choisis. Draco grimpa l'immense escalier et se dirigea vers le seul endroit qu'il avait pu retirer de la frénésie décorative de sa femme. Son bureau.
La pièce était décorée le plus sobrement possible. Tous les meubles étaient en acajou massif. Les murs étaient tous longés d'une immense bibliothèque, sauf celui qui se trouvait derrière le bureau. Une immense fenêtre qui commençait au sol et finissait presque par toucher le plafond mangeait le mur. Sur le coté se trouvaient un canapé et une petite table. Draco s'avança vers la fenêtre et constata qu'elle donnait sur une partie de la maison voisine. Il pouvait nettement voir une fenêtre semblable à la sienne mais de lourds rideaux avaient été tirés. Il soupira et s'allongea dans son canapé, bien décidé à grappiller quelques minutes de sommeil.
Scorpius piétina l'herbe du jardin puis se tourna pour observer sa nouvelle maison. Il n'arrivait pas à croire que sa mère ait décidé de tout quitter pour l'Angleterre sur un coup de tête sans même lui demander son avis. Il n'arrivait pas non plus à croire que son père ait accepté si facilement. Scorpius avait fait de tels efforts pour se faire des amis... Et tout partait en fumée. Il n'était même pas sûr de pouvoir s'en refaire. Ses parents le pensaient joyeux, sociable et bout-en-train, mais Scorpius manquait en vérité cruellement de confiance en lui. Autour de lui, il n'y avait jamais eu que des adultes et il avait appris très vite à composer avec eux. Mais se faire apprécier des enfants de son âge...
Ça, il en était incapable.
Il ne comprenait rien à leurs jeux, leurs plaisanteries, leurs discussions. Il avait l'impression de débarquer d'une autre planète. A présent il allait de nouveau se retrouver seul.
Scorpius soupira et observa les alentours. Il se sentait fatigué mais il n'avait aucune envie de dormir. En face de leur maison, de l'autre coté de la rue, se trouvait une énorme bâtisse. Plus grande que la leur, mais pas plus grande que celle qu'ils avaient en Russie. A droite de leur manoir, il y avait une maison entourée de haies qui devaient attendre les deux mètres. Ces voisins ne risquaient pas de se faire pincer par le comité du voisinage si leur pelouse n'était pas tondue. Dans son observation, Scorpius avait gardé le meilleur pour la fin : la maison de gauche était sublime.
La pelouse était parfaitement taillée et, sur les bords, se dressaient des hortensias bleus. Scorpius avait vu que beaucoup de jardins étaient savamment décorés. Le sien possédait sur le coté un énorme cerisier et il se doutait que sa mère y ferait mettre des crocus ou du buis. Le jardin d'à coté était joli parce que simple. Le chemin qui menait à la porte d'entrée était fait d'ardoise, et les deux colonnes principales qui tenaient le porche avaient été taillées pour donner la forme de deux cerfs se tenant sur leurs pattes arrière.
Scorpius remarqua alors qu'excepté la maison de droite, tous les jardins de devant étaient ouverts. Les haies ou les grilles qui séparaient les propriétés commençaient au niveau de la maison en elle-même. Il s'avança vers la maison aux cerfs quand une voix lui fit faire demi tour.
- Bonjour, mon garçon.
Scorpius observa le couple qui se tenait debout devant lui, un immense panier rempli de plein de choses à la main. La femme avait un immense sourire aux lèvres. Ses deux dents de devant étaient un peu trop avancées et ses cheveux bruns, qui ressemblaient plus à une crinière qu'autre chose, tenaient miraculeusement en un chignon haut. A coté d'elle se trouvait un homme aussi grand que son père. Ses cheveux roux taillés en brosse, il affichait un sourire en coin et semblait amusé par quelque chose. Scorpius s'approcha d'eux et les salua poliment.
- Comment t'appelles-tu ?
- Scorpius, madame.
- Oh ! Appelle-moi Hermione. Voici Ron. Dis-moi, Scorpius, tes parents sont présents ?
- Oui, vous pouvez sonner.
- Merci beaucoup.
Scorpius suivit le couple, qui se dirigeait vers l'entrée, du regard. Sa première impression fut de les trouver gentils. Il reporta son attention sur le jardin d'à coté. Ses yeux s'écarquillèrent. Un garçon s'approchait de lui. Il portait une tenue de marin. Il avait des cheveux noirs et lisses et Scorpius pouvait voir qu'il faisait sa taille. Le garçon s'approchait en trottinant, un sourire aux lèvres. Quand il fut presque proche de lui, il distingua enfin la couleur de ses yeux : un vert incroyable, scintillant comme les boucles d'oreille en émeraude de sa mère. Scorpius fit un pas en arrière, comme percé par ces yeux qui brillaient trop pour être vrais.
- Bonj…
Le garçon s'écrasa au sol, tête la première, sous le regard stupéfait de Scorpius. Le jeune Malfoy resta immobile un moment et, quand il vit que l'autre garçon ne se relevait pas, il se précipita sur lui. Scorpius tourna le garçon sur le dos précipitamment.
- Hey ! Hey, est-ce que ça va ?
Il frappa doucement ses joues mais le garçon ne se réveillait toujours pas. Scorpius écarta les paupières du jeune homme, ses yeux étaient révulsés. Le blond se mit à paniquer. Il posa sa tête contre le torse du garçon.
Rien, pas de battement.
Il posa sa main au-dessus de ses lèvres et dut se rendre à l'évidence : le garçon était mort. Ses yeux s'écarquillèrent d'effroi. Il fonça droit en direction de chez lui et ouvrit la porte comme un fou. Sa mère, son père et le couple se trouvaient dans le vestibule, discutant tranquillement. Draco fut le premier à poser un regard sur son fils en haussant un sourcil.
- Scorpius ?
- Il… Un…Mort.
- Plus lentement. Articule. Respire, veux-tu ?
Scorpius obéit.
- Il y a un garçon mort dans notre jardin !
Il avait prononcé sa phrase d'une traite.
- Scorpius, chéri…, commença sa mère.
Mais déjà Draco se dirigeait vers le jardin, suivi du couple. Scorpius remercia intérieurement son père de le prendre au sérieux. Il suivit le couple à l'extérieur et avala difficilement sa salive quand il vit le garçon debout, les mains derrière le dos, un sourire mutin aux lèvres. Draco se tourna vers son fils et le fusilla du regard.
- Ce genre de plaisanterie n'est pas drôle, Scorpius.
- Mais, père, je vous promets que…
- Il suffit, Scorpius. Tu as passé l'âge de ce genre d'enfantillage, non ?
Scorpius se tût, frustré qu'on le prenne pour un menteur. Il fusilla du regard le garçon qui s'avançait vers eux.
- Bonjour, je suis Albus Severus Potter. J'habite la maison d'à côté.
Albus Severus Potter fit une petite révérence et Scorpius vit avec horreur que son père et sa mère souriaient.
- Bonjour, Albus.
- Bonjour, Mr et Mme Weasley. Et vous devez être Mr et Mme Malfoy.
- Oui, mon trésor. Tu es bien poli, dis-moi. Scorpius, dis bonjour et présente toi, s'il te plaît.
Scorpius scella ses lèvres en une grimace de mécontentement. Il jeta un coup d'œil à son père qui le regardait froidement. Il était en train de leur faire honte, mais ce n'était pas un menteur. Celui qui avait fait une blague stupide, c'était cet Albus. Scorpius allait ouvrir la bouche quand une autre silhouette fit son apparition au bout du jardin.
- Albus !
Albus ne prit même pas la peine de se tourner, il fixait toujours Scorpius. L'autre garçon arriva presque en courant. Il dépassait Albus et Scorpius d'une bonne tête. Il avait les cheveux noirs et lisses mais ses yeux avaient la couleur du miel. Il ressemblait légèrement à Albus. Le jeune homme prit le bras d'Albus et le tira.
- Tu es vraiment trop curieux, comme garçon. Veuillez pardonner mon frère.
- Quoi ? Je faisais juste connaissance. Tu connais le mot politesse, James ?
- Oui, je le connais, et je suis sûr que tu n'as rien fait de tel.
Albus renifla de façon dédaigneuse et Scorpius crut voir son père un bref instant.
- Qui est le plus malpoli ? Celui qui se présente ou celui qui ne se présente pas ?
James lâcha son frère et rougit jusqu'à la racine de ses cheveux. Il se tourna vers les adultes.
- Je suis désolé. Je me nomme James Sirius Potter.
- Enchantée, James, s'amusa Astoria.
James sourit de façon aimable et tendit sa main en direction de celle de Draco.
- Bon, et bien, nous allons vous laisser. Au plaisir de vous revoir. J'espère que vous vous plairez, ici.
Les Malfoy et les Potter laissèrent les Weasley disparaître. James observa Scorpius, qui n'avait pas desserré les lèvres et fixait furieusement Albus. Le plus âgé attrapa les épaules de son frère.
- Excuse-toi.
- Pardon ?
- Albus Severus Potter, présente tes excuses maintenant ou je te promets que tu passeras un sale quart d'heure.
Le visage de Scorpius se détendit. Il fixa son père, qui semblait partagé entre incompréhension et ennui profond. Albus baissa les yeux.
- C'était juste pour plaisanter. Ce n'est pas de ma faute s'il est tombé dans le panneau !
- Tu avais cessé de respirer !
La voix de Scorpius avait frôlé les aigus. Albus afficha un sourire ravi.
- Tu as vu ? Je suis un champion en apnée !
- J'ai cru que tu étais mort !
- Je suis doué pour ça aussi, faire le mort.
- Mon garçon, as-tu déjà entendu parler de Pierre qui criait au loup ?
Albus leva le nez en direction de Draco.
- Oui…
- Bien, parce que le jour où tu cesseras de respirer pour de vrai, il se peut que mon fils n'ait pas la présence d'esprit de se faire avoir une seconde fois.
Draco avait employé son ton froid qui ne plaisait jamais à Scorpius. Le blond était sûr qu'Albus allait s'agenouiller pour présenter toutes les excuses du monde, mais au lieu de ça, le sourire du brun s'agrandit encore plus.
- Et il sera accusé de non-assistance a personne en danger !
James le frappa derrière la tête.
- Albus, si tu m'obliges à faire sortir papa…
Les mots de James semblèrent faire beaucoup plus d'effet que ceux de Draco. Albus s'avança vers Scorpius et prit sa main dans la sienne. Ce n'était pas habituel, comme façon de faire.
- Je suis désolé. Scorpius, c'est ça ?
- Oui. Scorpius Hyperion Malfoy…
- Oh, comme le titan ? Un nom de titan et un nom de constellation, ça fait de toi un garçon de l'univers, comme James.
Albus lui souriait franchement et Scorpius se demanda alors comment il avait fait pour le détester même un peu. James leva les yeux au ciel.
- Excuse-moi de t'avoir fait une blague, Scorpius. Je m'ennuyais un peu et ça avait l'air sympa de t'embêter. Je ne recommencerai plus. Je serai ton ami le plus sincère à partir d'aujourd'hui.
Albus ferma les yeux et posa sa main sur son cœur en signe de serment. Scorpius rigola doucement, et s'empêcha de rougir sous le mot « ami ».
- Ne t'inquiète pas, c'était un peu drôle.
- Tu dis ça pour flatter mon ego, mais je vois bien que tu n'aimes pas ce genre d'humour. Mais merci de ta bonté.
Scorpius rigola plus franchement, Albus avait vraiment le sens du drame. James ramena son petit frère derrière lui et s'adressa à sa mère et à son père.
- Excusez-nous de vous avoir dérangés alors que vous venez juste d'arriver. N'en voulez pas à mon frère, il est un peu bizarre. Scorpius, ce fut un plaisir de faire ta rencontre, peut-être que plus tard tu pourras venir jouer avec nous. Si tes parents le veulent bien, évidement.
James fit un clin d'œil à Scorpius et, cette fois-ci, il n'arriva pas à retenir le rouge qui lui montait aux joues.
- C'est une très bonne idée. Ne vous en faites pas, vous êtes vraiment charmants, les enfants, dit Astoria.
James inclina la tête et Albus en fit de même. Tout en tournant les talons, Scorpius les vit rigoler entre eux. Cette simple image lui donna envie de courir vers eux pour rigoler aussi. Astoria retourna à l'intérieur de la maison en s'amusant du voisinage si plaisant. Draco posa une main sur l'épaule de son fils.
- Je suis désolé, Scorpius.
- Non, c'est bon. C'est vrai que j'ai réagi un peu trop rapidement.
Draco sourit face à l'égard qu'avait son fils pour lui.
- Donc... Qu'en dis-tu ?
- Pardon ?
- Tu veux t'en faire des amis ?
Scorpius leva les yeux vers son père en souriant.
- Ils ont l'air vraiment drôles !
- Ce n'est pas le mot que j'aurais choisi, mais si c'est ce que tu penses...
Draco fit rentrer son fils chez eux. Il jeta un coup d'œil à la maison voisine et se demanda qui, de la mère ou du père, avait les yeux aussi verts.
Le reste de la journée se passa comme la matinée. D'autres nouveaux voisins vinrent les voir, apportant bouteilles et aliments en tout genre dans des paniers. Astoria rangea les bouteilles mais se débarrassa du reste. La seule chose que Draco remarqua fut qu'aucun d'entre eux n'était monsieur ou madame Potter. Pourtant, quand il remonta dans son bureau dans la soirée, il se rendit compte que les rideaux de la maison voisine avaient été rabattus et qu'il y avait de la lumière.
A SUIVRE...